Introduction
Ici, je ne parle pas de ce
qu’est le Centrisme ou de ce qu’il pourrait être mais de ce qu’il doit être.
Penser le Centrisme et le Centre,
c’est aller au-delà du positionnement central et d’un milieu entouré d’extrêmes
qui renvoie à des «modérés» assez flous dans leurs idées politiques et au
portrait assez fuyant. Car, le Centre n’est pas milieu mais équilibre. Un juste
équilibre, c’est ce qui définit sa politique, c’est-à-dire cette recherche
constante de cette ligne où tel un fil-de-fériste, le Centrisme tangue avant
d’avancer en ayant trouvé la bonne balance.
De même, le Centrisme n’est pas une idéologie molle «au centre» mais au contraire
une profonde et exigeante pensée politique «du Centre», cet humanisme intégral
basé sur le respect de la dignité humaine qui impose et suppose des individus
libres et responsables.
Cette vision dynamique et
au-delà d’un simple partage des extrêmes – puisque définissant positivement un
courant de pensée – ne fait pourtant pas fi de l’histoire politique, ni des
hommes qui se sont positionnés au centre ou comme étant du Centre. Ainsi, cette
volonté constante de ne pas tomber dans la démagogie d’une idéologie promettant
tout et n’importe quoi à ses «clientèles», cette vision d’une société apaisée
où tout le monde trouverait sa place, cette revendication de la liberté comme
fondement essentiel de la personne humaine mais aussi le rappel de la solidarité
nécessaire dans une société qui unit les êtres humains sont des héritages que
le Centre de l’humanisme respectueux et du juste équilibre revendique, les
succès comme les échecs qui ont jalonné depuis plus de deux cent vingt ans le
parcours du Centre politique en France mais aussi dans le monde. On pense ici à
des personnalités comme Aristide Briand – qui commença son parcours à gauche –,
comme Simone Veil, comme Robert Schuman, comme Abraham Lincoln, comme Theodore
Roosevelt comme Bill Clinton, comme Barack Obama et bien d’autres. Sans oublier
les «penseurs» du Centre, ceux qui font partie du corpus qui a façonné une
pensée centriste comme Charles Louis de Secondat, baron de Montesquieu, Alexis
de Tocqueville, James Madison, Emmanuel-Joseph Sieyès, Nicolas de Condorcet,
Benjamin Constant, William James, Marc Sangnier, Emmanuel Mounier, Léon
Bourgeois, sans oublier Aristote, Kong Qiu (Confucius), Emmanuel Kant, Friedrich
Hegel, Emile Durkheim ou John Dewey, voire John Stuart Mill ou John Rawls.
Le but de cet ouvrage n’est
pas de présenter un programme politique au sens électoral du terme. Il définit le
Centrisme de l’humanisme respectueux et du juste équilibre, celui qui doit
mettre en place la nouvelle démocratie républicaine. C’est aux partis
politiques se définissant comme centristes qu’il revient d’élaborer un
programme sur des bases concrètes en regard de la situation politique,
économique et social du moment.
Mais, avant de présenter le
Centrisme, il est important de définir le modèle sur lequel il cherche à
établir sa politique. Ce modèle d’organisation politique et celle que j’appelle
la «Métapolis», à la fois le modèle de cité bonne et le socle organique
impératif sur lequel s’édifie toute communauté humaine équilibrée et
respectueuse de ses membres. Ainsi, le Centrisme est la politique qui doit, à
la fois, travailler à permettre l’établissement de l’«optimum de l’organisation
de la société réelle», organisation de la «Métapolis», puis d’être cette «métapolitique»
qui la fera fonctionner correctement dans le quotidien. Cette «Métapolis» a une
«métavaleur» (la liberté), une «métarègle» (l’égalité), une «métavertu» (le
respect) et un «métaprincipe» (le juste équilibre) ainsi que deux valeurs associées,
la tolérance et la solidarité, des références évidentes du Centre et du
Centrisme. (Pour ceux que cela intéresse, ils peuvent lire mon ouvrage sur le
sujet).
I
Centrisme & réel
Comme toute pensée politique,
le Centrisme est, à la fois, un lieu politique – le Centre –, une structure
cadre – le(s) parti(s) centriste(s) –, des valeurs – fondant sa localisation
politique et découlant de cette géographie – qui légitiment et construisent une
action politique autour de principes éthiques, définie par un programme
émanation de ses valeurs. Une action basée sur une politique poursuivant un but
de transformation et d’adaptation de la société afin de la rendre la meilleure
possible. Cette politique du Centre, c’est aujourd’hui le Centrisme de
l’humanisme respectueux et du juste équilibre. Une politique centriste de
l’humanisme respectueux et du juste équilibre qui doit être édifiée par des
femmes et des hommes – les centristes – qui se reconnaissent dans ces valeurs
et dans leur traduction politique et qui se réunissent afin de conquérir démocratiquement
le pouvoir en vue d’appliquer leur idéal programmatique.
Construire l’organisation optimum de la
société réelle
Le but politique que
s’assigne le Centre est clairement défini: construire l’organisation optimum de
la société réelle – c’est-à-dire la meilleure organisation possible par rapport
à l’état de la société – en regard du monde qui nous entoure et avec lucidité,
c’est-à-dire avec pragmatisme, responsabilité et humanisme, dans la liberté, le
respect, la solidarité et la tolérance, afin de donner à chacun le maximum de
ce qu’il puisse obtenir tout en respectant les choix des autres dans le cadre
d’un lien social où tout ce qui enrichit l’un, enrichit l’autre et inversement.
En de XXI° siècle, il s’agit de bâtir la nouvelle démocratie républicaine,
celle qui va approfondir la démocratie et la république dans un monde qu’il
s’agit de stabiliser et où de multiples défis peuvent remettre en cause notre
civilisation de liberté. Bien évidemment, ce but est ambitieux et aucun centriste
n’affirme que cela sera facile, à la fois, d’y parvenir et, surtout ensuite,
d’y demeurer. Si l’on veut parler d’un objectif plus modeste, il s’agit de
bâtir patiemment et avec opiniâtreté tout le parcours qui mène à cette
organisation optimum de la société réelle par une politique de changement dans
la réforme et le progressisme.
Cette organisation optimum
prend en compte les deux réalités de la vie auxquelles est confrontée toute
politique. La première, immuable, est la réalité incontournable de la vie sur
Terre («Ne prétendons pas changer la nature des choses» disait Epictète). La
seconde, modifiable s’il en est besoin, est la réalité de la société dans
laquelle on vit, l’environnement sociétal que nous avons créé (changer la
société et non de société comme l’évoquait Clément Rosset). Le Centrisme ne
vise pas le chamboulement révolutionnaire mais l’adaptation continuelle de la
société par la réforme, tâche plus ingrate sans doute mais qui donne beaucoup
plus de résultats concrets. Toute femme, tout homme politique responsable doit
donc se donner pour mission d’agir sur cette seconde réalité modifiable.
Prétendre que la première réalité
est modifiable, que l’on peut tout changer dans la seconde, qu’en une formule
lapidaire «tout est possible, tout de suite», c’est leurrer les citoyens, c’est
pratiquer une démagogie au plus haut degré du cynisme politique, c’est
considérer l’électeur comme un client que l’on doit appâter en lui promettant
tout et n’importe quoi pour qu’il achète votre babiole soi-disant magique mais
qui ne marchera jamais. En revanche, tout mettre en œuvre pour modifier et
faire évoluer la seconde réalité vers l’organisation optimum de la société
réelle tout en prenant en compte la réalité immuable et en considérant
l’électeur comme un citoyen à part entière, mieux, comme une personne, voilà la
mission des politiques. Et la tâche est immense. Et c’est là que seront jugées
leurs capacités et l’efficacité de leur action.
C’est, bien évidemment, la
tâche de toute femme, de tout homme qui adhère au Centrisme. Car les Centristes
en tant que personnes humanistes et pragmatiques doivent constamment prendre en
compte cette réalité de la société pour la modifier sans relâche afin de
l’adapter au monde qui nous entoure pour pouvoir offrir à chacun la vie la plus
heureuse possible qu’il puisse avoir. Et l’évolution de la société impose des
ajustements continuels. Une politique globale de transformation de la société,
quels que soient ses buts, n’est jamais terminée.
Dans un monde en perpétuel
mouvement, le politique doit constamment s’adapter sans pour autant sacrifier
les bases philosophiques de son action. Car, quels que soient les bouleversements
sociétaux, l’être humain demeure l’être humain. Etre du Centre, c’est ainsi
refuser le fatalisme du conservatisme de droite, où une autonomisation débridée
et sauvage de l’individu impose que s’il y a des gagnants c’est parce qu’il y a
aussi des perdants. Une société civilisée doit se donner comme tâche de ne
comporter que des «gagnants», que des femmes et des hommes qui trouvent la
place qui leur convient le mieux dans la communauté et qui ont une maîtrise de
leur existence dans des relations avec les autres basées autour du principe
«gagnant-gagnant», qui sont capables d’élaborer un projet de vie et de le
réaliser du mieux possible de leurs capacités. Mais, à l’inverse du
conservatisme de gauche, cela ne signifie pas qu’il faille créer un
collectivisme, un constructivisme où l’égalité n’est qu’un égalitarisme qui ne
se conçoit que dans l’uniformisation et la contrainte et où il n’y a plus aucun
gagnant mais des individus assistés. Il n’y a que dans la diversité, que dans
l’initiative individuelle que se trouve la dynamique essentielle de la
meilleure société possible. Le Centrisme, plus que toute autre idée politique,
se bat pour une société apaisée où chacun trouve sa place en tant que personne
dans le respect de l’autre. C’est ça, le juste équilibre en politique.
Adhérer au Centrisme n’est
certainement pas une sinécure, contrairement à ce que prétendent ses
détracteurs. C’est une entreprise essentielle d’autant plus difficile à mener
qu’il faut organiser la société de manière à ce que tous y trouvent leur
contentement. Cette entreprise dépasse par sa grandeur le clientélisme affiché
par les partis de Droite et de Gauche.
Table des matières
Avant propos
Introduction
I. Centrisme & réel
Construire l’organisation optimum de la société réelle
II. Centrisme & humanisme
Le Centrisme, humanisme intégral du juste équilibre
Le Centre et la juste mesure
III. Centrisme &
pragmatisme démocrate et républicain
Centrisme et régime politique
Le Centre de la vie politique
Une dynamique politique
La clé de la bonne gouvernance
Le Centrisme, pragmatisme politique
L’internationalisme centriste
Une véritable écologie pour protéger l’être humain
L'alternative n'est pas entre république et démocratie
IV. Centrisme &
démocratie républicaine
Approfondir la démocratie républicaine sans la
détruire
V. Centrisme & démocratie
représentative
VI. Centrisme, peuple,
populace & populisme
VII. Centrisme &
civilisation
VIII. Centrisme & juste
équilibre
Centrisme du juste équilibre
Juste équilibre n’est pas juste milieu
Juste équilibre n’est pas «gouverner au centre»
Juste équilibre et populisme
Primat du politique et mondialisation des sociétés
Juste équilibre et organisation optimum de la société
réelle
Juste équilibre et meilleure manière de gouverner
IX. Centrisme & valeurs
Primauté
de l’être humain
Réunir
et unir
Liberté
et solidarité
Respect
et tolérance
Responsabilité
Individualisme
et lien social
Mise
en commun
X. Centrisme, fraternité, redistribution
& dignité humaine
XI. Centrisme & respect
XII. Centrisme &
bioéthique
XIII. Centrisme & intelligence artificielle
XIV. Centrisme & liberté
XV. Centrisme & éthique
de responsabilité
XVI. Centrisme & égalité
Les trois égalités et le Centrisme
En démocratie républicaine, il y a une évidence
politique: tous les nouveaux nés naissent égaux en droits.
Ne pas confondre inégalité et injustice ainsi que
l’égalité des chances avec l’égalité de résultat.
Les sociétés montrent leur incapacité à être juste en
donnant un revenu décent à tout le monde et à récompenser mieux la méritocratie
L’injustice sociale, c’est l’inégalité de condition et
des chances à la naissance mais ce n’est pas l’inégalité sociale
L’ordre juste permet à tous d’avoir les mêmes chances
au
départ
Le Centrisme rejette les solutions extrêmes
Pour que l’égalité d’opportunité existe vraiment,
faut-il qu’il y ait un continuel réajustement des conditions et doit-on mettre
en place un revenu universel?
XVII. Centrisme, licence
& égalitarisme
XVIII. Centrisme &
personnalisme politique
Pour le Centrisme, personnalisme et individualisme
sont complémentaires
XIX. Centrisme & sécurité
Prévention plutôt que précaution
XX. Centrisme &
méritocratie
XXI. Centrisme &
libéralisme
XXII. Centrisme &
libéralisme social
Libéral par nature et par raison
Social par nature, par éthique et par respect
XXIII. Centrisme &
progressisme
Qu’est-ce que le progrès et le progressisme?
Le Centrisme est un progressisme positif par la
réforme
Il faut se méfier des étiquettes.
Le débat entre conservatisme et progressisme permet une clarification nécessaire
XXIV. Centrisme, révolution
& réforme
XXV. Centrisme, réforme &
régulation du système
Démocratique
XXVI. Centrisme & réforme
juste
L’indispensable rôle du Centrisme dans les réformes essentielles
Réformer et être réélu ne sont pas forcément contradictoire
XXVII. Centrisme, le «plus»
& le «mieux»
XXVIII. Centrisme &
innovation
Le Centrisme, pensée du possible et de l’innovation
La nécessaire innovation
XIX. Centrisme & liberté
d’entreprendre
Le faux déterminisme de l’économique
Le marché avant tout
L’essentielle liberté d’entreprendre
Economie sociale de marché
Le pragmatisme comme mode d’action
Une économie de marché régulée et contrôlée
Une croissance positive et respectueuse
Des organismes mondiaux d’interdépendances économiques
XXX. Centrisme &
solidarité
Les six accès sociaux prioritaires
Le juste équilibre apporte la cohésion sociale
Le progrès social est une ambition politique
La sécurité n’est pas l’hyperprotection
Le savoir permet l’égalité des chances
Garantir un accès de base à la santé
Le plein emploi, puissant moteur social mais aussi
économique
XXXI. Centrisme, autonomie,
intérêt, altruisme
& empathie
XXXII. Centrisme & Etat
L’Etat est un outil au service de la communauté
Gestion et champ d’intervention de l’Etat
Le rôle sécuritaire de l’Etat
Le rôle économique de l’Etat: un interventionnisme public ciblé et limité
Finances
publiques: l’équilibre budgétaire comme référence
Impôts: une ventilation plus adaptée
L’Etat et le social
XXXIII. Centrisme &
écologie
XXXIV. Centrisme &
mondialisation
Mondialisation, définition
Les phénomènes de mondialisation
La mondialisation humaniste
Une mondialisation gérée par le politique
Une gouvernance mondiale et une mondialisation
politique
Conclusion
Le Centrisme du consensus
Le Centrisme de la résistance
En résumé
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