Avant-propos
Le Centre existe-t-il?
Se demander, en avant-propos d’un ouvrage sur le Centre, si celui-ci
existe semble relever d’une provocation! Pourtant, encore aujourd’hui et malgré
les victoires de Barack Obama aux Etats-Unis en 2008 et d’Emmanuel Macron en
France en 2017, nombre de professionnels de la politique (politologues,
professeurs de sciences politiques et hommes politiques) nient l’existence d’un
courant centriste autonome et indépendant, ayant une pensée originale. On se
rappellera de cette boutade de François Mitterrand servie jusqu’à plus soif par
les adversaires des centristes et des journalistes sans imagination, affirmant
que le «Centre n’est ni de gauche, ni de gauche» et qui a fait florès dans le
landerneau politique. Ce à quoi on pourrait lui répondre par une autre boutade:
les amitiés d’extrême-droite de monsieur Mitterrand permettent de situer le
Centre à sa gauche…
Plus sérieusement et sans entrer dans une polémique plus
politicienne que scientifique, le Centre existe ainsi que les centristes. De
même que le Centrisme. Comme l’écrit l’historienne Sylvie Guillaume dans
l’ouvrage collectif publié sous sa direction «Le centrisme en France aux XIX°
et XX° siècles: un échec?» (éditions Maison des Sciences de l’Homme
d’Aquitaine), «le centrisme a une identité propre dans sa vision de la société,
et dans ses références culturelle et idéologiques» et parle «des ‘moments
centristes’ qui se succèdent au fil de l’histoire politique française».
Et depuis la Révolution française, ce Centre, avec ses centristes
et son Centrisme, s’est bâti petit à petit aux côtés d’une Gauche et d’une
Droite qu’il n’a jamais voulu rejoindre, développant une vision de la société,
une pensée politique et une pratique du pouvoir propres. Plus, à côté d’un
Centre politique, il a toujours existé un Centre sociologique composé de
groupes divers, allant des gens se disant modérés à ceux qui épousent les thèses
libérales en passant par des chrétiens engagés en tant que tels dans la politique
ou certains tenants du radicalisme français, voire certains sociaux-démocrates
qui ont refusé les alliances du socialisme avec des extrêmes-gauches
antidémocratiques, notamment après la signature du Programme commun entre le PS
et le PC en 1972.
La V° République, en instituant une élection présidentielle à deux
tours et un scrutin majoritaire à deux tours pour l’élection des députés a
voulu, au nom de l’efficacité, diviser la politique française en deux camps, un
de droite et un de gauche. Pourtant, depuis 1958 (et 1962 pour l’élection
présidentielle au suffrage universel), le Centre n’a jamais cessé d’exister et
a fait mentir tous ceux qui pensaient (et, souvent, voulaient) sa disparition. Et
la volonté de n’en faire qu’une fiction a été fort justement contredite par
cette réalité que nous enseigne les historiens. Ainsi, dans l’introduction à
son livre «Les centristes: de Mirabeau à Bayrou» (éditions Fayard), l’historien
Jean-Pierre Rioux parle d’«une part de notre histoire qu’on ne nous conte guère
tant elle est tenue pour anecdotique, inopportune ou marécageuse par tous ceux
qui ont avantage à propager le simplisme binaire. Cette histoire répudiée, raillée
et pourtant singulière, c’est celle qu’ont pétrie des explorateurs d’autres
voies que celles du duopole gauche-droite pour faire progresser la démocratie
et donner à la vie politique une force d’attraction et de rassemblement: celle
des centristes comme traits d’union et aiguillon. C’est aussi celle du
centrisme comme souci de renouveau dans la continuité, comme assurance de ‘bon
gouvernement’, de ‘réformation’ en continu et de meilleure intelligence des
situations. Comme fidélité, somme toute, au sens du bien commun partagé ‘par
raison et par justice’, comme disait déjà Aristote. Comme promesse de
réconciliation, de liberté, d’équité et de solidarité».
Table des matières
Avant propos
Le Centre existe-t-il une histoire?
Première Partie
Qu’est-ce que le Centre et le Centrisme
Chapitre 1
Le Centre et le Centrisme
Le
Centrisme, humanisme intégral du juste équilibre
Le
Centre et la juste mesure
Chapitre 2
Le Centrisme est un libéralisme social progressiste
Le
Centrisme est un libéralisme social
Le Centrisme est un progressisme
Chapitre 3
Une vision centriste de la société vieille de plus de 2500 ans et partagée
dans le monde entier
Le Juste Milieu de Confucius
La «médiété» d’Aristote
Milieu, harmonie, modération au cœur des réflexions philosophiques
et politiques
Chapitre 4
Le Centre, ses racines et origines
au cœur de l’histoire politique
Les racines modérantistes
Les racines libérales
Les racines démocrate-chrétiennes
Les racines radicales
Les racines socialistes
Deuxième Partie
Histoire du Centre
Chapitre 1
De la Révolution au II° empire
1791: Naissance du Centre
Un centrisme orléaniste
Les centristes «bleus»
Chapitre 2
La III° République
Les véritables débuts du centrisme républicain
1871: Le «Centre gauche» soutien de la république modérée
1880-1900: La république au centre
1901-1940: L’Alliance républicaine démocratique
1906-1932: Aristide Briand et le «briandisme»
Chapitre 3
La IV° République
La Troisième force avec le MRP
Chapitre 4
La V° République
1971: Du Centre démocrate au CDS en passant par le Mouvement réformateur
L’UDF au pouvoir puis marginalisé
2007-2014: Mouvement démocrate, Nouveau centre et UDI
Troisième Partie
Le Centre aujourd’hui
Chapitre 1
Le
Centre contemporain à l’aune de la victoire
d’Emmanuel Macron
Le
Mouvement démocrate ressuscite
L’UDI
évite le pire mais se retrouve en
déshérence idéologique
L’Alliance
centriste toujours aussi groupusculaire
La
République en marche (En marche!)
Chapitre 2
Le macronisme et un centrisme
Macron, facteur de bouleversement du Centre
Chapitre 3
Le Centre dans le monde
Le
Centre aux Etats-Unis
Le
Centre en Europe
Le
Centre dans le monde: mêmes mots pour
des réalités différentes
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