Voici une sélection, ce 29 avril 2025, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la République)
> Cher Mark Carney, toutes
mes félicitations pour ta victoire. Tu incarnes un Canada fort face aux grands
défis de notre temps. La France se réjouit de renforcer encore l’amitié qui
unit nos pays. Hâte d’œuvrer à tes côtés, de nous serrer les coudes !
► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est
dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de
reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité
d’un Président de la République et d’un Premier ministre
centristes/centraux ; néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un
côté les ministres centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un
gouvernement de coalition du fait que le Président de la République et le
Premier ministre ne disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]
●
Ministres centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> [Intervention à l’Assemblée / Souveraineté énergétique de la France]
Le 3 mars dernier, à l’occasion d’un débat semblable organisé suivant l’article
50-1 de notre Constitution sur la situation en Ukraine et la sécurité en
Europe, j’évoquais devant vous le basculement du monde que nous sommes en train
de vivre, la situation historique qui est la nôtre, et qui nous oblige à poser
la question urgente de notre défense. Les orateurs issus des bancs de la gauche
comme de la droite de cet hémicycle étaient alors nombreux à parler d’autonomie
stratégique, de puissance, d’indépendance nationale, de souveraineté.
Il n’est pas de souveraineté sans souveraineté énergétique.
Cette question est devenue brûlante, lorsque, au plus fort de la crise
ukrainienne, notre pays a connu une multiplication par 10 du prix du gaz
naturel. Et encore, nous nous en sortions mieux que nos voisins allemands, qui
importaient environ la moitié de leur gaz de Russie en 2020, quand nous n’en
importions qu’un peu moins du quart. Lorsque le coût de notre énergie est dicté
par le contexte international et devient aussi sensible à des chocs exogènes,
c’est que nous avons un problème de dépendance énergétique.
L’énergie, c’est étymologiquement la force en action. Elle fait donc partie,
avec l’alimentation et les produits de santé, des secteurs stratégiques,
d’importance vitale. L’énergie est le sang de notre système productif : sans
elle, le pouls de la nation ralentit, notre tissu productif dépérit, la vie de
la nation n’est plus garantie.
L’énergie est la question au cœur du combat existentiel que mène aujourd’hui
notre pays, mais que mène aussi notre continent européen : voulons-nous encore
nous faire entendre dans le concert des nations ?
Voulons-nous être une puissance économique, industrielle, commerciale, capable
de s’affirmer et de sortir de la tenaille sino-américaine ? Voulons-nous
résister d’une part à l’offensive commerciale provoquée par le 47e président
des Etats-Unis et d‘autre part à l’offensive de production chinoise qui menace
des pans entiers de notre économie ? Si oui, il y a urgence à agir pour notre
souveraineté.
Il y a urgence car aujourd’hui notre consommation finale d’énergie est composée
à près de 60% de combustibles fossiles, principalement des hydrocarbures que
nous importons. Ce chiffre pose un triple problème.
Un problème géopolitique, d’abord : nous nous retrouvons dans une situation de
dépendance et de vulnérabilité stratégique vis-à-vis de pays producteurs de
pétrole et de gaz, comme les États-Unis, l’Arabie Saoudite, ou la Russie. La
gravité de notre déficit commercial est d’ailleurs révélatrice de notre
dépendance : près de la moitié de notre déficit commercial total de 2024 est
due à notre déficit en matière d’hydrocarbures (45 milliards).
Un problème écologique, ensuite : ces quelque 900 milliards de kilowattheure
deviennent, une fois consommés, du dioxyde de carbone que nous rejetons dans
l’atmosphère. Nous ne pouvons accepter cela, car la France se doit de respecter
les engagements qu’elle a pris en termes de réduction de gaz à effet de serre
pour atteindre la neutralité carbone en 2050, c’est-à-dire atteindre
l’équilibre entre les émissions de CO2 sur notre territoire national et
l’absorption de carbone par la nature et les technologies de capture de
carbone.
Enfin, un problème financier : j’exposais il y a 15 jours aux Français l’état
très grave de nos finances publiques. Cette contrainte nous oblige à avoir un
discours de vérité, à peser chaque denier public. Je l’affirme : nous ne
pouvons plus nous permettre de faire de mauvais placements. Les choix
d’investissement de la puissance publique doivent être réfléchis, ils doivent
s’inscrire dans une stratégie claire et durable et doivent être réalisés en
fonction de critères essentiels.
Ces critères, qui correspondent à des objectifs, ont été exposés par le
Président de la République lors de son discours de Belfort en février 2022 :
nous devons disposer d’une énergie abondante, compétitive, décarbonée, et
souveraine, c’est-à-dire dont nous maîtrisons sur notre sol la production.
Face à l’état d’urgence énergétique qui est le nôtre, nous avons donc un
objectif clair, et, je crois, largement partagé sur ces bancs.
La question qui fait débat aujourd’hui est celle des moyens pour y parvenir.
Ces moyens sont définis, selon la loi, par une programmation pluriannuelle de
l’énergie qui détermine, tous les cinq ans, les grandes orientations à dix ans
de notre politique énergétique. Les investissements nécessaires à la production
et à l’acheminement de l’énergie sont si considérables que ni les acteurs
publics, ni les acteurs privés ne peuvent s’engager à les fournir sans la
visibilité suffisante. Il est de la responsabilité du gouvernement de leur
donner cette visibilité. Deux maîtres mots guident notre démarche : prospective
et perspective, car il s’agit de voir les choses en profondeur, dans l’espace
et dans le temps.
La dernière programmation pluriannuelle de l’énergie date d’avril 2020 : le
temps que la loi fixe pour sa révision est donc venu.
Mais, au-delà même de la loi, ce sont les faits qui nous imposent de la
réviser. La dernière planification de notre politique énergétique est obsolète,
inadaptée, elle date d’un autre monde : les travaux qui ont conduit à sa
définition se sont déroulés dans un contexte totalement différent de celui dans
lequel nous sommes entrés. Notre monde a basculé, et notre politique
énergétique ne peut s’abstraire de cette donnée. Elle doit justement être un
des principaux outils pour que nous fassions face au déséquilibre du monde en
assurant notre propre équilibre énergétique.
Cet équilibre doit être défini par le gouvernement, éclairé par les avis de
l’Autorité environnementale, du Haut conseil pour le climat, du Conseil
national de la transition écologique, du Conseil supérieur de l’énergie, du
Haut-commissaire à l’énergie atomique, du Comité de gestion des charges de
service public de l’électricité et du Comité du système de distribution
publique d’électricité. Et bien entendu, je tiendrai particulièrement compte de
l’avis de l’Académie des sciences.
Mais cet équilibre doit être également défini en concertation avec les forces
politiques, sociales et économiques de notre pays. La charge du choix
démocratique, dans cette matière comme dans toutes les autres, doit être
partagée. La concertation a déjà largement présidé aux travaux préparatoires à
la révision de notre programmation énergétique, avec deux concertations en 2023
et 2024, une consultation début 2025, et elle se poursuivra. Le débat qui se
tient aujourd’hui en est la preuve.
Dans ce débat, le gouvernement n’a rien à vendre, aucune thèse à faire
triompher coûte-que-coûte, aucun adversaire à écraser. Nous ne sommes sous
l’emprise d’aucun prêt-à-penser, d’aucun dogmatisme, d’aucune idéologie. Le
gouvernement n’est sous la coupe d’aucun intérêt particulier. Nous voulons
qu’un débat se tienne, un débat au sens plein du terme, sincère et honnête.
Notre seule boussole sera l’intérêt général et, pour l’identifier, nous nous
appuierons sur la méthodologie scientifique, sur les faits, sur la
raison.
La volonté du gouvernement dans la tenue de ce débat est de formuler les
interrogations qui lui semblent légitimes sur les moyens à mettre en oeuvre
pour atteindre la souveraineté énergétique, et de présenter aux citoyens et à
leurs représentants le raisonnement le plus objectif possible, fondé sur les
faits, de façon à faire émerger des orientations mûrement réfléchies. Au terme
de ce débat, la responsabilité du gouvernement sera alors de prendre des
décisions.
En particulier, je veux assurer chacun des intervenants, chacun des
participants au débat, que son avis sera pris en compte. Cette Programmation
pluriannuelle de l’énergie n’est pas écrite à l’avance. Toutes les analyses
seront prises en compte avant sa rédaction finale.
Repartons donc d’un fait clair : nous sommes, hélas, dépendants des énergies
fossiles. Pour sortir de cette dépendance, trois moyens se présentent à
nous.
Premièrement, partout où c’est possible, nous devons encourager l’efficacité et
la sobriété énergétiques. C’est parce que l’énergie est essentielle au bon
fonctionnement et au développement de notre société qu’il faut l’utiliser avec
soin et ingéniosité. Les économies d’énergie ont pris de plus en plus de poids
dans la discussion sur les termes de notre équation énergétique. À juste titre
! Car le kilowattheure le moins émetteur de gaz à effet de serre, mais aussi le
moins cher, est le kilowattheure économisé. C’est pourquoi nous soutenons les
politiques qui incitent à la maîtrise de notre consommation, notamment en
matière d’isolation des bâtiments.
Deuxièmement, il y a des domaines que nous n’explorons pas ou pas assez. Par
exemple, nous devons nous rendre compte de l’atout puissant que représente la
chaleur renouvelable. Je pense d’abord à la géothermie, cette technologie, que
je soutiens parfois en solitaire depuis des années. Nous sommes assis, ou
plutôt debout, sur un trésor inépuisable, et nous ne le savons pas. Nous avons
littéralement sous nos pieds, dans notre sous-sol, un gisement potentiellement
gratuit, quasi‑inépuisable d'énergie.
Un gisement gratuit, permettant de répondre largement à nos besoins en matière
de chauffage mais également à nos besoins croissants en matière de
rafraîchissement ou de climatisation, puisqu’elle permet de réaliser 80% d’économie
d’énergie pour le chauffage, et même 90% pour la climatisation.
Le gouvernement proposera d’accélérer le déploiement de ce mode de production
non-polluant, afin de réduire la consommation d’énergies fossiles dans les
bâtiments. À ce jour en France métropolitaine, la géothermie de surface fournit
seulement 1 % de la chaleur finale consommée en France. Le Bureau de recherches
géologiques et minières estime à 100 TWh annuels le potentiel d’économie de gaz
accessible en 15 à 20 ans grâce à la géothermie de surface, soit environ le
quart de la production de nos centrales nucléaires. Dans les conclusions de la
mission flash consacrée l’an dernier à la géothermie profonde, les députés
Vincent Thiébaut et Gérard Leseul soulignaient d’ailleurs les atouts de cette
énergie disponible en continu, sans problème d’intermittence, et appelaient à
en accélérer le déploiement.
Pour assurer le développement massif et intégrer pleinement le potentiel de la
géothermie, nous devrons seulement trouver des modèles de financement
efficaces, des emprunts plus légers pour les foyers, parce qu’étalés dans le
temps, pour faciliter l’installation de pompes à chaleur, et moderniser la
règlementation. Il nous faudra aussi veiller, en parallèle, à ce que la filière
française de production, de forage et d’installation de pompes à chaleur
accompagne ce mouvement. Le gouvernement formulera au mois de juin des
propositions.
Au titre de la chaleur décarbonée, la biomasse, c’est-à-dire la transformation
en énergie de matière organique, peut également être citée. L’essor des
chaufferies à bois a notamment permis d’augmenter la part de la chaleur
décarbonée dans les réseaux de chaleur.
Enfin et surtout, troisième grand levier pour réduire notre consommation
d’énergies fossiles : l’électrification de nos usages. Nous devons remplacer la
consommation d’énergies fossiles, de gaz, de pétrole, par de la consommation en
électricité décarbonée.
En France, la consommation d’électricité a certes triplé de 1973 à 2010, mais
elle ne représente aujourd’hui que 27% de l’énergie finale consommée. Et depuis
2010, comme l’a justement noté l’Académie des sciences, on observe une
stagnation de notre consommation d’électricité, autour de 450 térawatts heure.
Nous ne pouvons nous résigner à cette stagnation.
L’électrification des usages n’est pas un phénomène indépendant de notre
volonté, que nous devrions simplement observer : c’est un objectif que le
gouvernement poursuit. Des trajectoires sont déjà engagées dans le domaine de
la production industrielle, notamment pour décarboner les 50 sites les plus
émetteurs de dioxyde de carbone, avec un soutien public fort via France 2030.
La révolution de l’intelligence artificielle va en outre conduire à des
demandes très importantes : la France connaît un engouement fort de la part des
projets de data centers, comme nous l’avons vu à l’occasion du sommet mondial
de l’IA organisé au Grand Palais. Or un data center de 100 MW (100 000 KW)
consomme l’équivalent d’une ville de 100 000 habitants.
La France est l’un des rares pays au monde à pouvoir proposer une électricité
abondante, compétitive et décarbonée et des sites clés en main : 35 nouveaux
sites ont été identifiés à proximité de son réseau de transport d’électricité.
Il est dans l’intérêt des industriels de disposer d’une électricité
compétitive, reflétant les coûts du nucléaire existant, mais il est aussi dans
l’intérêt d’EDF d’encourager cette demande d’électricité en base
particulièrement adaptée à son outil de production nucléaire. C’est tout notre
pays qui bénéficiera de ce grand accord gagnant/gagnant, essentiel pour notre
stratégie de réindustrialisation.
Au-delà de l’industrie, le gouvernement soutient l’électrification des
transports, avec le bonus et le leasing social pour stimuler la demande de
véhicules électriques fabriqués en Europe. Les flottes d’entreprises sont
également incitées financièrement à s’électrifier, ce qui stimulera le marché
de l’occasion pour les véhicules électriques.
Dans le domaine du bâtiment, le gouvernement encourage partout où cela est
techniquement possible le passage aux pompes à chaleur fabriquées en France,
grâce aux aides de MaPrimeRenov’ et aux Certificats d’Economies d’Energie.
Qu’elle soit géothermique ou aérothermique, la pompe à chaleur doit devenir la
solution de référence en matière de chauffage et de climatisation pour les
bâtiments, afin de sortir progressivement de notre dépendance au gaz et au
fioul.
Nous mettons donc en œuvre des politiques publiques en faveur de
l’électrification qui doivent conduire à une augmentation de la consommation
finale d’électricité dans notre pays, mettant ainsi fin à la stagnation que
nous observons depuis 2010.
Si toutefois le développement de la production devait être plus rapide que
celui de la demande française, alors l’exportation continuera à fournir un
débouché à l’énergie produite. Nous ne cherchons pas à surproduire ; mais la
surproduction est un mal moindre que la sous-production et la menace du
black-out, surtout pour un pays qui connaît une balance commerciale très
déficitaire comme le nôtre.
Mais l’électrification des usages ne servira pas notre souveraineté
énergétique, si nous ne sommes pas capables de produire suffisamment
d’électricité sur notre sol.
Nous avons sous nos pieds et au-dessus de nos têtes plusieurs gisements,
plusieurs sources possibles. Chaque source doit être jugée à l’aune des
critères énoncés, en toute transparence et en toute objectivité : l’énergie
produite est-elle souveraine, est-elle abondante, est-elle compétitive,
est-elle décarbonée ? Si oui, nous devons investir. Si non, nous n’hésiterons
pas à garder et à réorienter notre argent.
Décarbonée, souveraine, abondante, compétitive, l’énergie nucléaire remplit
tous les critères énoncés. C’est donc elle qui constitue le socle de notre mix
énergétique : l’énergie nucléaire assure aujourd’hui 67% de notre production
électrique.
Il s’agit assurément d’une énergie décarbonée. C’est parce que nous disposons
du nucléaire que notre système électrique actuel a l’un des taux de CO2 par
kilowattheure d’électricité les plus bas au monde : 21,3 g par kWh
d’électricité, contre 350 g par kWh pour nos voisins allemands, qui se sont
privés de cet atout nucléaire.
Il s’agit d’une énergie souveraine : la France a développé́ dans le domaine du
nucléaire une filière industrielle nationale complète qui lui permet de
maîtriser la conception et la construction de ses propres installations de
production d’électricité́, d’enrichissement d’uranium et de fabrication du
combustible, en passant par le recyclage. Le nucléaire permet à la France
d’être indépendante, c’est une force considérable pour notre souveraineté
énergétique. Certes, nous n’avons plus de mines actives sur notre sol et
dépendons d’autres pays, tels le Kazakhstan, le Canada, l’Australie,
l’Ouzbékistan, ou encore la Namibie. Néanmoins, nous disposons de stocks
importants d’uranium sur notre sol, nous garantissant plusieurs années de
combustible. Le Conseil de politique nucléaire présidé mi-mars par le Président
de la République a validé une stratégie de développement des activités minières
d’Orano.
Il s’agit enfin d’une énergie compétitive : nos centrales existantes ont été
construites de façon remarquable, pour l’essentiel sur une période de 15 ans,
et sont aujourd’hui largement amorties.
Le coût complet de l’électricité nucléaire a été estimé par la Commission de
Régulation de l’Énergie autour de 60€/MWh, ce qui est particulièrement
compétitif par rapport aux autres moyens de production et qui explique que
l’électricité soit moins chère en France qu’ailleurs en Europe. Le nucléaire
existant ne nous coûte rien en termes de finances publiques.
Mais nous devons aussi être lucides : notre parc nucléaire vieillit et doit
faire face à des aléas techniques, comme en 2021 et en 2022 avec la crise de la
corrosion sous contrainte. Il nous faut donc à la fois tout mettre en œuvre
pour amener ce parc nucléaire existant à 60 ans et si possible au-delà en
respectant les exigences de sûreté, mais aussi préparer dès à présent la
construction de nouveaux réacteurs nucléaires pour prévenir l’effet falaise,
pour éviter de voir notre production chuter drastiquement, et d’être pris de
vertige à la vue de l’abîme qui se creuserait sous nos pieds.
Au regard de ces caractéristiques, il est juste que nous investissions dans
cette filière. Il est juste que nous fassions le choix d’une véritable relance
du nucléaire déterminée et continue.
Le gouvernement soutient donc fermement la prolongation de la durée de vie des
centrales existantes et le développement du programme EPR 2, qui vise à
construire six nouveaux réacteurs de forte puissance, à Penly, Gravelines et
Bugey, pour une première mise en service d’ici 2038. Ces réacteurs seront plus
coûteux que les réacteurs existants déjà amortis, mais ils devront permettre de
produire une électricité à un prix maximal de 100€/MWh. Ce programme est la
priorité d’EDF pour les années à venir, qui doit démontrer sa maîtrise
industrielle, afin d’envisager d’autres constructions de nouveaux réacteurs (au
moins 14 au total d’ici 2050), dont le coût unitaire devra baisser grâce à
l’effet de série. C’est une illustration éloquente de la nécessité et de
l’urgence d’une nouvelle Programmation pluriannuelle de l’énergie. La PPE de
2020 prévoyait la fermeture de 14 réacteurs. Chacun pourra mesurer le
changement que les temps imposent.
Nous devons également repousser la frontière technologique du nucléaire, en
encourageant le développement des projets français de petits réacteurs
nucléaires : grâce au programme France 2030, plusieurs sont en bonne place dans
la course mondiale et l’on peut espérer que le premier soit en service dès
2030. Il nous faut également progresser dans la fermeture du cycle nucléaire,
ce qui passe notamment par le développement d’installations de
traitement-recyclage et de réacteurs de 4ème génération à neutrons rapides,
ainsi que l’a décidé le dernier Conseil de politique nucléaire.
Selon certains, nous pourrions nous arrêter à cette première source, qui paraît
suffisamment abondante pour répondre à nos besoins. En chercher une autre, ce
serait provoquer volontairement une inondation, une surproduction destructrice
pour notre équilibre énergétique.
Alors, certes, nous ne manquerons sans doute pas d’électricité à court terme.
Mais une politique énergétique est une responsabilité de long terme, elle exige
de se projeter dans le temps : l’augmentation de la demande liée à la politique
volontariste d’électrification des usages, et la diminution inéluctable de la
production d’électricité de nos centrales nucléaires existantes qui ne sont pas
éternelles, constituent un double défi considérable. 20
Nous ne pourrons pas nous réveiller au dernier moment, en constatant que nous
n’avons rien fait pour entretenir et construire le parc de production
d’électricité de 2050 et au-delà. Ne sacrifions pas le long terme au court
terme, en nous reposant sur nos lauriers ou plutôt sur les efforts de nos
prédécesseurs, en particulier le fabuleux Plan Messmer.
Nous devons donc penser notre équilibre énergétique de manière dynamique, en
continuant de diversifier les sources de production d’électricité. Le mix
électrique qui nous paraît le plus à même d’assurer à la France une
indépendance énergétique suppose d’associer à cette première orientation
pro-nucléaire, une deuxième : le soutien raisonné aux énergies renouvelables. «
Raisonné », ici, veut dire que ce soutien doit se faire progressivement,
suivant certaines conditions, qui correspondent aux quatre critères
précédemment énoncés : les énergies renouvelables garantissent-elles une
énergie décarbonée ? Oui.
Une énergie abondante ? La question qui se pose est plutôt celle de la
disponibilité de ces énergies, qui sont intermittentes et donc non pilotables.
Pour certaines énergies renouvelables comme le solaire, les pics de production
ne correspondent pas aux pics de consommation : le solaire produit surtout à la
mi-journée, à une période où la consommation est plus faible. Pour traiter ce
problème, il faut tout d’abord accentuer la flexibilité de nos usages, déplacer
la demande vers les heures méridiennes, ce que permettra l’évolution prochaine
des heures creuses. Il faut également développer les capacités de stockage.
Les énergies renouvelables sont-elles souveraines et compétitives ? J’aimerais
ici soulever toutes les questions qui demeurent, et auxquelles notre débat
doit, je crois, apporter des réponses.
Tout d’abord, le solaire. Force est de constater que nous ne maîtrisons pas la
filière photovoltaïque. Nous importons aujourd’hui la quasi-totalité des
panneaux photovoltaïques, à 85% en provenance de Chine, et notre déficit commercial
dans ce domaine est de 1,1 Md€ en 2024. Le gouvernement souhaite accompagner
les projets de gigafactories pour localiser en France la production d’une
partie des panneaux solaires que nous installons.
Ces projets doivent encore être consolidés mais ils sont essentiels pour que
notre politique énergétique aille de pair avec notre politique industrielle.
En ce qui concerne la compétitivité, l’énergie photovoltaïque nous revient à
environ 100 €/MWh quand elle est installée sur toitures aujourd’hui, mais peut
être très compétitive avec de grandes installations au sol dans des endroits
très ensoleillés comme nous le montre l’exemple de l’Espagne, où cette énergie
atteint un prix de 40 €/MWh. Se pose cependant la question : sommes-nous prêts
à accepter l’artificialisation de nos sols afin de développer une production
massive d’énergie solaire très bon marché ?
L’autre grande source d’électricité renouvelable intermittente est l’éolien.
L’éolien terrestre est doté d’équipements qui sont principalement importés. Il
se révèle assez compétitif (entre 80 et 90€/MWh), mais son acceptabilité
diminue à mesure que le nombre d’éoliennes augmente. C’est pourquoi son
développement ne peut être que mesuré, en privilégiant l’augmentation de
puissance des champs éoliens existants.
L’éolien en mer est une filière pour laquelle la France a été en retard par
rapport à nos voisins de la mer du Nord, ce qui nous offre l’avantage de ne pas
essuyer les plâtres pour cette technologie. Aujourd’hui, une filière
industrielle est en train de se développer, avec la fabrication de turbines,
notamment au Havre, de pales d’éoliennes à Cherbourg, de sous-stations
électriques à Saint-Nazaire, un projet d’usine de câble sous-marin porté par
RTE et des investissements importants dans plusieurs ports français.
Est-elle compétitive ? Oui, si on parle d’éolien en mer posé, avec un coût
total entre 70 et 80€/MWh, en intégrant le coût du raccordement. Mais cette
technologie, très adaptée à la mer du Nord, peu profonde, l’est beaucoup moins
pour nos autres façades maritimes, surtout s’il est souhaité d’éloigner les
éoliennes de la côte pour des raisons d’acceptabilité. Dans ce cas, c’est la
technologie de l’éolien flottant, plus risquée et plus coûteuse (de l’ordre de
150€/MWh raccordement compris) qui peut être envisagée, domaine dans lequel la
France se situe à la frontière technologique et où nous avons besoin d’avancer
avec mesure.
Le coût complet de l’électricité renouvelable intégrant le coût du soutien
public, doit être un élément déterminant dans chacune de nos décisions. Il ne
peut s’apprécier qu’à l’échelle du système énergétique dans son ensemble. Nous
devons déployer les filières les plus compétitives, tout en poursuivant les
développements sur les filières en devenir afin de rester à la frontière
technologique.
µC’est donc au regard de l’ensemble de ces critères, précisément et pas-à-pas,
que seront prises nos décisions de soutien aux énergies renouvelables
électriques. Nous souhaitons apporter de la visibilité pour créer les
conditions de développement de véritables filières industrielles, sans nous
précipiter.
Je l’ai dit, je souhaite que dans ce débat aucune question ne soit écartée, que
nous disions la vérité. Nous n’écartons pas d’un revers de main la coexistence
à long terme des énergies renouvelables et du nucléaire dans notre mix
électrique.
Le développement des énergies renouvelables va-t-il conduire à ajuster à la
baisse la production électro-nucléaire, s’écartant ainsi de l’usage optimal de
la capacité installée ? En raison de la part importante du nucléaire dans notre
mix électrique à partir des années 1980, la modulation du nucléaire est une
réalité déjà ancienne, afin de suivre les variations de la consommation au sein
d’une même journée.
Mais dans un scénario où la consommation d’énergie resterait atone et où la
production bas-carbone augmenterait, alors nous ne savons pas encore quelles
seraient les conséquences précises, relève RTE (Réseau de transport
d’électricité), qui doit rendre à l’automne une étude sur le sujet.
En revanche nous savons que si nous arrivons à électrifier massivement nos
usages, et à réussir notre réindustrialisation, alors le nucléaire devra
beaucoup moins moduler à la baisse. Le sujet est complexe. Des analyses
techniques précises doivent être conduites, prenant en compte les
interconnexions avec nos voisins européens.
Ce qui est certain, c’est que l’enjeu est de réussir l’électrification de nos
usages pour augmenter la demande électrique et limiter les effets de
concurrence entre les énergies renouvelables et le nucléaire, de sorte qu’il
n’y ait plus de « guerre des énergies décarbonées », qui opposerait le
nucléaire aux énergies renouvelables, comme le rappelait le Président de la
République dans le discours de Belfort de février 2022. La véritable priorité
est de réduire notre dépendance aux énergies fossiles importées qui sont encore
majoritaires dans notre consommation énergétique.
Je n’oublie pas dans ce mix d’énergies renouvelables nos barrages
hydroélectriques, source - au sens littéral - d’énergie, qui nous permettent de
produire rapidement de grandes quantités d’électricité. Il est nécessaire de
relancer les investissements dans cette énergie particulièrement vertueuse, ce
qui suppose de sortir du contentieux qui nous paralyse avec la Commission
européenne depuis plus de 15 ans. Je salue à ce titre les députés Marie-Noëlle
Battistel et Philippe Bolo qui mènent une mission parlementaire sur le sujet
dont les conclusions seront rendues dans les prochains jours.
L’hydroélectricité est à ce jour le moyen le plus efficace pour stocker de
grandes quantités d’électricité, grâce à ce que l’on appelle des STEP (stations
de transfert d’eau par pompage), qui permettent par exemple de remonter l’eau
la nuit grâce à l’électricité nucléaire et de la turbiner le jour quand la
demande est plus importante. L’hydroélectricité est une énergie souveraine, qui
permet d’assurer entre 10 et 15% de notre production électrique, en fonction
des années et de la météo et dont la flexibilité est essentielle au bon fonctionnement
de notre système électrique.
Enfin, viendra un jour où nous n’aurons plus à en parler, mais nous devons
regarder avec lucidité la situation actuelle : la dernière source d’électricité
dont nous disposons, ce sont les énergies fossiles, bien qu’elles soient
marginales dans notre mix électrique (3,7% de notre production totale
d’électricité). La France est engagée dans l’arrêt de l’ensemble de ses
centrales à charbon d’ici 2027, conformément à l’engagement pris par le
Président de la République de sortir de notre pays de la dépendance aux
énergies fossiles d’ici 2050.
À ce titre, le gouvernement a soutenu la proposition de loi permettant la
conversion au gaz de la centrale à charbon de Saint-Avold et il convient
désormais de traduire cela dans la prochaine PPE. En effet, le gaz émet 2 à 3
fois moins de CO2 que le charbon pour produire la même quantité d’électricité,
et encore moins en ayant recours au biogaz issu de la biomasse. Les centrales à
gaz dont nous disposons n’ont pas vocation à fonctionner beaucoup dans l’année
mais constituent des moyens de production très flexibles, très utiles en
complément des barrages hydroélectriques pour absorber les variations de la
demande ou de l’offre d’électricité.
Pour finir le panorama de notre politique énergétique, il convient de traiter
les usages qui ne pourront être décarbonés par l’électricité ou par la chaleur
renouvelable. Il s’agit notamment de certains usages industriels ou du
transport lourd. Nous nous appuierons sur le biogaz, les biocarburants, les
carburants de synthèse et l’hydrogène, méthode de stockage direct de
l’électricité non dépendante des réseaux, en veillant à maintenir notre
souveraineté et notre capacité industrielle.
Le développement de ces énergies doit se poursuivre dans nos territoires,
tandis que leur usage sera prioritairement orienté vers ces secteurs dans
lesquels elles sont la seule alternative viable aux fossiles.
Telles sont, dans le débat qui s’ouvre, les orientations du gouvernement et les
questions qui demeurent. Je veux réaffirmer ici qu’il s’agit d’un débat, et que
nous serons très attentifs aux arguments avancés par ceux qui y participeront.
Car c’est d’arguments, fondés sur des faits et des données objectives, que nous
avons besoin. Si des faits, des arguments fondés nous ont échappé, alors nous
les intégrerons à notre raisonnement sans mauvaise grâce ni hésitation.
Le débat parlementaire qui s’ouvre permettra, nous le croyons, de parvenir à
une vision plus complète et plus sûre de cette question difficile.
Mais le gouvernement souhaite également qu’un groupe de travail soit missionné
pour mener des auditions et des études complémentaires sur notre avenir
énergétique. Ce groupe de travail rendra ses conclusions à la fin du mois de
mai.
Ses conclusions nous permettront d’avancer dans la définition de notre
politique énergétique. Elles permettront à cette Assemblée d’examiner dans les
meilleures conditions la proposition de loi dès le mois de juin. Elles
permettront également au gouvernement de proposer une version améliorée et
corrigée de notre prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie. Après
l’examen de la proposition de loi, le décret sera publié d’ici la fin de l’été,
afin d’apporter la visibilité nécessaire aux différentes filières industrielles
de l’énergie.
Les choix que nous prendrons, parlement et gouvernement en coresponsabilité,
engageront pour des décennies l’avenir de notre pays. Ils l’engageront sur l’un
des principaux socles de notre équilibre économique, écologique et social. Ces
décisions lourdes méritent d’être éclairées par un débat honnête et exigeant,
guidé par la raison et le sens de l’intérêt général. C’est ce débat que nous
ouvrons aujourd’hui.
Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education
nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Face aux violences à l'École, deux priorités :
- L’École doit rester un sanctuaire où la violence n'a pas sa place. C'est tout
le sens des mesures de sécurisation des établissements en lien avec les
collectivités.
- Nous devons aussi mieux repérer et prendre en charge les jeunes qui ont des
problèmes psychiques.
Je tiendrai mi-mai des Assises de la santé scolaire pour avancer sur le sujet
de la santé mentale.
> [Adolescente tuée dans un lycée à Nantes, fidèle tué dans une mosquée du Gard] Ce sont des actes d'une violence inouïe, on est tous sous le choc. Ça appelle des réponses en termes de sécurité, mais aussi de santé mentale.
> Il faut sensibiliser aux risques des réseaux sociaux, dont on voit qu’ils peuvent induire des comportements parfois violents.
> [Portiques à l’entrée des établissements scolaires] Il faut regarder établissement par établissement, ce sont des réponses qui se construisent localement.
> J’ai décidé de faire appel du jugement du tribunal administratif de Lille qui rétablit le contrat d’association avec le lycée Averroès. Il est inacceptable qu’un établissement financé à 75 % par de l’argent public refuse l’accès à des inspecteurs de l’Éducation nationale venus exercer leur mission de contrôle. Ce manquement grave remet en cause la confiance indispensable entre l’État et tout établissement sous contrat.
> [Faire payer aux détenus des frais d’incarcération] Une décision de bon sens.
Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires
étrangères)
> Le service de renseignement militaire russe (GRU) déploie depuis
plusieurs années contre la France un mode opératoire cyber-offensif appelé
APT28. Il a ciblé une dizaine d’entités françaises depuis 2021. Dans le
cyberespace, la France observe, bloque et combat ses adversaires.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la
Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> Il y a 80 ans jour pour jour, les femmes françaises faisaient usage de
leur droit de vote pour la première fois. Le résultat d’un long combat qui nous
inspire encore aujourd’hui. Victoires après victoires, combattons !
> Nous avons fortement renforcé la lutte contre les pollutions dans l’ensemble de nos espaces maritimes. Pourquoi sanctionner durement ? Parce que la mer est un bien commun. Nos pêcheurs sont les premiers touchés : ils ne peuvent plus pêcher tant que la pollution n’est pas terminée. La mer nous procure de l’oxygène, absorbe du carbone, régule le climat et nourrit des millions de personnes. La protéger c’est nous protéger. Ne l'oublions pas.
> La France doit pouvoir s’appuyer sur sa flotte stratégique : disposer d’un maximum de bateaux sous pavillon français et d’un maximum de marins Français que l’on puisse mobiliser en cas de tensions géopolitiques. Je souhaite que l’on double le nombre d’élèves formés à l’École nationale supérieure maritime située au Havre. Mon objectif est d’atteindre 430 élèves formés d’ici 2027, contre 220 en 2020.
Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier
ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte
contre les discriminations)
> La République ne trie pas, la République ne hiérarchise pas. La
République combat toutes les formes de haine, sans distinction.
L'universalisme, c'est un bloc. C'est combattre avec la même intransigeance l'antisémitisme,
le racisme, la haine anti religieuse.
> Je veux rendre hommage à Aboubakar C. À sa famille et à ses proches, aux Français musulmans, la Nation exprime son soutien et sa solidarité. Haine anti-musulmane, anti-juive ou anti-chrétienne, aucune haine n'a sa place en France. Ni aujourd'hui, ni demain. Notre réponse est claire et elle tient en un mot : intransigeance. Intransigeance contre toutes les haines, sans exception, sans hiérarchie.
> Le 29 avril 1945, les femmes votaient en France pour la première fois. Après avoir arraché ce droit fondamental à participer pleinement à la vie démocratique. Et l'histoire nous l'enseigne, les droits des femmes ne progressent jamais seuls et ils ne progressent pas toujours en ligne droite. Ils avancent quand nous les défendons. Ils tiennent quand nous refusons de plier. Alors ensemble, nous tiendrons.
> [Discours lors de la remise du rapport des groupes de
travail des Assises de lutte contre l’antisémitisme]
Je veux saluer le travail remarquable des deux groupes de travail, ainsi que l’engagement
de toutes celles et ceux qui ont contribué à ces Assises. Ce que vous nous avez
livré ce matin, c’est un appel à la responsabilité. Le 7 octobre 2023, 50
Français ont été assassinés parmi plus de 1 200 hommes, femmes, enfants dans
les attentats terroristes perpétrés par le Hamas en Israël. Le Président de la
République l’a dit avec clarté : ce fut le plus grand massacre antisémite de
notre siècle. Toutes les démocraties ont eu à affronter un regain massif
d’antisémitisme et la France n’a pas été épargnée.
Ce qui se dresse devant nous, ce n’est pas une vague, c’est une lame de fond. Ce
qui nous menace, ce n’est pas une convulsion, c’est un réenracinement profond
et durable. Il y a l’antisémitisme qui frappe : celui qui taggue, qui insulte,
qui crache, qui attaque, qui incendie, qui blesse, qui viole, qui tue. Il y a
aussi l’antisémitisme d’atmosphère : celui qui s’installe au quotidien, qui invite
à ne pas faire de vagues, qui impose aux victimes de disparaître. L’antisémitisme
enferme nos concitoyens juifs dans des sentiments de peur, de solitude et
d’abandon. Et face à lui, il n’y a pas d’ambiguïté possible. L’antisémitisme ne
se débat pas, il ne se comprend pas, il se combat. La réponse de la République
est un refus en bloc, total, absolu.
Et elle doit s’incarner, concrètement, à travers trois boussoles claires :
- La fidélité absolue à nos principes et à nos valeurs universalistes.
- La lucidité face à toutes les formes de haine anti-juive.
- La transmission, comme rempart durable contre la haine.
Trois boussoles pour tenir dans la tempête.
L’universalisme d’abord. L’esprit de ce rapport est résolument universaliste et
profondément républicain : ce choix fait sens. Car le débat existe. Faudrait-il
découper en tranches la lutte contre les haines ? Faudrait-il déléguer un
monopole de la lutte antiraciste à untel, de la lutte contre l’antisémitisme à
untel ? Je ne le crois pas. Je suis même convaincue du contraire : Dans un
moment de l’Histoire où tant de forces nous poussent à nous séparer, nous
fragmenter, nous opposer, rien ne serait pire que d’accréditer l’idée d’une compétition
entre les luttes et entre les victimes. Ce serait un aveu d’échec et une source
de grand danger.
La République lutte contre toutes les haines, puissamment et en même temps. Elle
ne reconnaît aucune communauté. Elle n’en connaît qu’une seule : la communauté
nationale au sein de laquelle chacun de nos compatriotes doit pouvoir vivre
l’identité qu’il choisit ou non de se donner. Car ce que nous défendons, c’est
une idée exigeante de la France. Celle de la Déclaration des droits de l’homme
et du citoyen de 1789. Celle de la loi de 1905, qui établit la laïcité comme le
socle garant de la liberté de conscience et de l’égalité de tous devant la loi.
Lutter contre l’antisémitisme, c’est défendre la liberté de vivre dans tous les
territoires de la République, d’être reconnu, d’être protégé, sans peur pour
soi, pour ses enfants, pour ceux qu’on aime. C’est défendre l’égalité de tous
nos concitoyens, dans leur dignité et leurs droits, dans leurs mémoires et leur
histoire.
C’est défendre la fraternité, cette responsabilité collective qui nous relie,
qui nous oblige, qui affirme que la haine de l’autre est toujours la défaite de
tous. Et c’est défendre la laïcité, non comme une interdiction, mais comme une
protection, un bouclier commun, une liberté, un espace où chacun peut croire ou
ne pas croire, sans jamais avoir à se justifier.
C’est pourquoi aucune forme de haine ne peut être tolérée. Je veux rendre
hommage à Aboubakar C., assassiné la semaine dernière dans une mosquée, lieu de
paix et de prière. L’effroi est immense, l’émotion totale. A sa famille et à
ses proches, à nos compatriotes musulmans, la Nation toute entière adresse son
soutien, sa peine, sa solidarité. Qu’elles prennent la forme de la haine
anti-musulmane, de la haine anti-juive ou anti-chrétienne, les haines
anti-religieuses, comme toutes les formes de haine, n’auront jamais leur place
en France.
La réponse de notre République est claire et elle tient en un mot : intransigeance.
Intransigeance contre toutes les formes de haine, Intransigeance sans
exception, Intransigeance sans hiérarchie. Car chaque fois qu’en France on est
ciblé pour son identité, réelle ou supposée, son nom, son apparence, c’est
toute la République qui vacille. Et nous ne laisserons jamais la République
vaciller. Être républicain, c’est être acteur. C’est refuser l’indifférence, ce
poison qui gangrène notre société et permet aux injustices de prospérer. C’est
s’engager, clairement et sans ambiguïté, pour défendre notre démocratie et
réaffirmer ses valeurs.
Car si nous cédons à l’essentialisation, si nous cédons au piège du repli, si
nous laissons s’installer l’idée que seul celui qui souffre est légitime à se
battre, alors nous avons déjà cédé quelque chose de fondamental : le sens même
de notre République. Depuis quand faut-il être juif pour dénoncer
l’antisémitisme ? Depuis quand faut-il être victime pour s’indigner ? Depuis
quand faut-il être soi-même concerné pour agir ? La lutte contre la haine,
c’est un combat universel. Et rappeler cela, c’est notre première boussole.
Notre deuxième boussole, c’est la lucidité. C’est regarder le réel en face. Et
voilà le deuxième grand mérite de ce rapport : il dit les choses. Scientifiquement,
sereinement, il pose des chiffres et des mots sur le réel.
Et le réel, ce sont d’abord des chiffres alarmants :
- 1570 actes antisémites recensés en 2024 dont deux-tiers sont des atteintes
aux personnes.
- 62% des actes antireligieux dirigés sur moins de 1% de la population : les
Français juifs.
La maison brûle ; nous ne regarderons pas ailleurs. Et chacun ici connaît la
grande vigilance de Bruno Retailleau à la tête du ministère de l’Intérieur.
Le réel, c’est la prévalence d’un antisémitisme d’extrême droite et l’explosion
d’un antisémitisme d’extrême gauche selon une courbe en U que vous décrivez avec
beaucoup de pertinence. Le réel, c’est une fracture générationnelle qui risque
de devenir un fossé si nous ne nous dressons pas. Le réel, c’est un
antisémitisme plus prégnant chez nos compatriotes de confession musulmane que
dans aucun autre groupe.
Cela est terriblement difficile à dire pour tout républicain attaché à l’idée
de citoyenneté. Mais c’est un fait qu’il faut courageusement regarder dans les
yeux pour mieux le faire refluer. Le réel, ce sont les ravages du complotisme
et de la caisse de résonance que lui offrent les réseaux sociaux, faisant de la
lutte contre la haine en ligne une exigence de notre siècle. Le réel c’est une
véritable « alya scolaire » à l’œuvre depuis plusieurs décennies de même qu’une
« alya territoriale » qui voit les juifs quitter certains quartiers pour en
préférer d’autres, plus sûrs. Au fond, le réel c’est cette capacité redoutable
de l’antisémitisme : il mute, il s’adapte, il épouse les codes de son époque. Aujourd’hui,
il prend le plus souvent la forme de l’antisionisme, de la haine décomplexée
d’Israël, seul Etat au monde ainsi visé par une telle obsession.
Critiquer la politique d’un Gouvernement est un droit. Personne ne le remet en
cause. Mais diaboliser, essentialiser nos compatriotes juifs en les rendant
coupables par procuration d’un conflit se situant à 4 000 kilomètres d’ici,
c’est leur planter une cible dans le dos. Et cela, il faut le dire clairement :
ça suffit. L’antisémitisme d’aujourd’hui ne se cache plus, il parade même. Il
s’exprime, il se revendique. Il cherche à se rendre fréquentable, légitime,
cool. Mais la haine n’est jamais cool. Et je vais le dire très clairement : la
responsabilité historique de l’extrême gauche dans le ré-enracinement de
l’antisémitisme est écrasante, accablante. Je l’ai dit, je le répète et je
l’assume : depuis le 7 octobre 2023, cette responsabilité tient en 3 lettres :
L-F-I. Un parti politique qui a fait de la haine d’Israël non pas un dérapage,
mais une stratégie électorale.
Des parlementaires de la Nation qui s’improvisent géopoliticiens, appellent à je
ne sais quelle libération du fleuve à la mer, mais qui au fond ne connaissent du
Jourdain que la station de la ligne 11 du métro parisien. Des élus de la
République qui ont choisi la compromission avec l’islamisme politique,
culturel, identitaire. En 2025, il n’y a pas de combat contre l’antisémitisme
sans combat contre l’islamisme qui porte la haine du juif dans son code
génétique. Cela aussi, il faut le nommer. Le courage, ce n’est pas le vacarme ;
le courage, c’est dire les choses. Calmement, lucidement, fermement et sans
reculer. Ce n’est pas stigmatiser une religion qui a autant de place que les
autres dans notre République, ni plus, ni moins. C’est nommer une idéologie ;
et une idéologie n’a pas de droits. Oui, l’antisionisme est devenu le cheval de
Troie de l’antisémitisme.
C’est pourquoi vos travaux sont si précieux. Vous proposez notamment la
création d’un nouveau délit relatif à la provocation à la destruction ou à la
négation d’un État internationalement reconnu, comme le prévoit la proposition
de loi visant à lutter contre les formes renouvelées de l’antisémitisme portée
par Caroline Yadan ; je soutiens cette proposition. Vous recommandez, par la
voie d’une circulaire générale de politique pénale, de reprendre la définition
de l’antisémitisme adoptée par l’alliance internationale pour la mémoire de
l’Holocauste (IHRA), et plus encore de s’inspirer des exemples qui
l’accompagnent : j’y suis favorable, pleinement. Parce que cette définition
permet de traquer la haine là où elle se cache, dans les ambiguïtés de langage,
dans les insinuations, dans les discours pseudo- politiques. Chaque acte, chaque
insulte, chaque menace, chaque haine camouflée doit être identifiée, reconnue,
caractérisée, sanctionnée. Implacablement.
Aujourd’hui, des contenus antisémites ou racistes circulent librement sur des sites
hébergés à l’étranger, sous couvert d’anonymat, d’opacité, ou de frontières
numériques. La France ne peut pas devenir un marché libre pour la haine
importée. Je suis donc favorable à ce que les responsables de ces organes de
presse ou plateformes numériques, même étrangers, puissent être poursuivis. Vous
posez également le débat de la loi de 1881. Cette question de la sortie des 5
infractions à caractère raciste et antisémite du droit de la presse pour les
intégrer dans le droit pénal général ne fait pas consensus. Mais ce n’est pas
le consensus que je recherche, mais l’efficacité face au fléau sous nos yeux.
Alors pour ma part - et je ne doute pas qu’il y aura débat aussi au sein du Gouvernement
- j’y suis extrêmement favorable. Notre arsenal doit évoluer : en 2025, qui
peut comprendre que l’on traite des propos racistes et antisémites comme des
opinions, en lieu et place de délits ?
Enfin, il n’y a pas de lutte durable contre l’antisémitisme sans transmission. Et
ce doit être notre troisième boussole. Transmettre, c’est armer l’esprit contre
les falsifications, contre les manipulations, contre la haine qui avance
masquée. C’est donner à chaque enfant de France les repères nécessaires pour comprendre,
pour décrypter, pour résister. Et l’éducation, oui, est notre première ligne de
défense. Mais aujourd’hui, le risque est grand que ce pilier vacille. Le
constat est clair : nos enfants sont à la fois victimes et parfois auteurs. Victimes
de l’ignorance, de la banalisation, des replis identitaires. Auteurs aussi, par
mimétisme, par provocation, sous l’influence d’un climat numérique qui préfère
le clash à la nuance.
Ce fossé générationnel, c’est un fait et ce serait une erreur majeure de le
taire ou de le minimiser. Mais ce n’est pas une fatalité et je refuse l’idée
d’une génération perdue. Pour cela, il faut lui parler, il faut lui
transmettre. C’est pourquoi, lutter contre l’antisémitisme, c’est une mission
éducative avant tout. Ce n’est pas seulement sanctionner les actes ; c’est
prévenir les dérives, avant qu’elles ne s’enracinent. C’est enseigner à
distinguer la vérité historique du mensonge numérique. C’est replacer nos
valeurs comme des remparts vivants, pas des slogans vides.
C’est le temps des professeurs. Et pour cela, nous devons plus que jamais -
comme le fait Elisabeth Borne avec beaucoup de force et de courage - soutenir
et accompagner nos enseignants et l’ensemble des professionnels de l’éducation
nationale et de l’enseignement supérieur. Nous devons aussi leur donner les
outils adéquats. A ce titre, vous avez formulé de nombreuses propositions en
matière de formation initiale et continue, que j’accueille très favorablement. Je
pense par exemple à cette proposition d’inclure, dans les concours de recrutement
des enseignants, des épreuves spécifiques sur la lutte contre l’antisémitisme
et tous les racismes car l’éducation contre les haines est au cœur de la
mission de l’école. Je pense également à cette idée forte : la création d’un
institut national de formation et de recherche sur le racisme et l’antisémitisme
avec des postes dédiés, comme cela existe déjà au Royaume-Uni et en Allemagne.
La France ne peut rester en retrait : aujourd’hui, les rares recherches
existantes reposent trop souvent sur la seule énergie de personnes engagées,
passionnées mais isolées. Nous devons assumer pleinement ce devoir de
connaissance, de veille et d’analyse.
Mais la bataille de la transmission ne se limite pas à l’école, elle se mène
aussi dans l’enseignement supérieur. L’université, c’est le lieu du débat et de
la nuance, de la confrontation d’idées, de la liberté intellectuelle. Pas celui
de l’intimidation et de la peur. Ce climat n’est pas une opinion, c’est une
menace et nous devons y faire face. Je dois dire que les images de cet
enseignant de Lyon 2 menacé dans son amphithéâtre sont absolument
insoutenables. Elles disent tout de ce nouvel antisémitisme qui intimide, qui
censure, qui pourchasse pas simplement les juifs, mais tous ceux qui, en
républicains, refusent de se soumettre au narratif idéologique des nouveaux
antisémites. Je veux dire tout mon soutien à Fabrice Balanche: la place de
l’Etat est aux côtés des enseignants qui transmettent, pas des individus
encagoulés qui menacent.
Car oui, dans la France de 2025, des agents publics sont menacés, insultés, attaqués
pour ce qu’ils incarnent – l’Etat – et pour ce qu’ils exercent – une mission de
service public. C’est pourquoi je soutiens pleinement votre proposition de
permettre à l’administration de déposer plainte en lieu et place de l’agent,
lorsqu’il est victime d’une agression raciste ou antisémite. De la même
manière, et je le dis avec force : la protection fonctionnelle ne peut plus
être une faveur discrétionnaire. Elle doit devenir un droit, clair, automatique,
obligatoire. On ne laisse pas seuls ceux qui enseignent, protègent, qui
soignent, qui rendent justice. Enfin, il nous faut le dire avec lucidité : le
devoir de mémoire ne suffit plus. Il demeure essentiel mais il ne suffit plus à
lui seul pour parler à des générations qui ne seront plus en contact avec les
témoins directs de la Shoah. Il ne suffit plus face à ceux qui
instrumentalisent la Shoah pour en relativiser la portée.
Il ne suffit plus face aux récits concurrents qui installent le soupçon, la confusion,
le brouillage. Le devoir de mémoire est indispensable. Mais il doit se doubler
d’un devoir de compréhension, d’un devoir de vigilance, d’un devoir
d’intelligence, en élevant les consciences, en posant des repères. C’est cela,
la transmission. Et c’est cela, notre responsabilité.
L’heure est à la décision, l’action, à la fermeté. Le Gouvernement sera au
rendez-vous. Nous allons former, pour éclairer. Nous allons transmettre, pour
armer les consciences. Nous allons sanctionner, pour protéger. Nous allons
soutenir, pour ne laisser aucun citoyen seul face à la haine. Et surtout, nous
allons tenir : tenir notre ligne, tenir notre parole, tenir la République. Oui,
nous pouvons gagner le combat contre l’antisémitisme si notre Nation tout
entière se réveille. Si notre société comprend que ce combat n’est pas celui
des juifs, mais celui des justes. De tous ceux qui refusent que la haine gagne
et que la République se couche.
Oui il est minuit moins le quart. Mais moins le quart, ça n’est pas trop tard,
alors : Réveillons-nous ! Pour que vive la République et que vive la France !
Astrid
Panosyan-Bouvet (ministre
déléguée auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des
Familles, chargée du Travail et de l’Emploi)
> À l’occasion de la Journée mondiale de la santé et de la sécurité au
travail, une conférence s’est tenue au ministère du Travail avec chercheurs,
partenaires sociaux, acteurs de la prévention et entreprises. La santé au
travail reste un défi majeur : prévenir l’usure professionnelle, anticiper les
nouveaux risques liés à l’intensification du travail et à l’essor de l’IA ou à
la chaleur, mieux protéger la santé des femmes au travail… Travailler plus,
travailler plus longtemps : cela ne sera possible que si nous travaillons
mieux.
> Depuis plusieurs années, des incertitudes juridiques subsistent concernant la possibilité, pour certains secteurs, notamment les boulangeries, d'ouvrir et de faire travailler leurs salariés le 1er mai. Cette situation génère des difficultés et un besoin de clarification. Afin d'y répondre, une proposition de loi a été déposée. Elle vise à permettre aux salariés qui le souhaitent de travailler le 1er mai, sur la base exclusive du volontariat, en assurant une sécurité juridique pour les employeurs et les salariés. Je salue cette initiative parlementaire, que je soutiendrai pleinement. Elle répond à une demande légitime d'adaptation de notre droit du travail et apporte des solutions concrètes à de nombreuses professions dont l’activité est essentielle, le 1er mai comme le dimanche. Le Gouvernement reste engagé aux côtés de ceux qui souhaitent travailler et de tous ceux qui, par leur engagement quotidien, constituent les premières lignes dans notre pays.
Amélie de Montchalin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargée des Comptes publics)
> [Intervention au Sénat / Lutte contre le narcotrafic] La lutte contre le narcotrafic et la
criminalité organisée est une priorité absolue du Gouvernement. Le Premier
ministre l'avait souligné lors de sa déclaration de politique générale. Chaque
jour, l'actualité nous rappelle l'ampleur de la menace.
Ministre chargée des comptes publics, je ne tolère pas la perte de
recettes fiscales ni le détournement d'argent public liés à cette criminalité.
Je suis également ministre des douanes. Or les douanes, et plus précisément la
direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED),
Tracfin et la direction générale du Trésor luttent activement contre le
narcotrafic.
Merci d'avoir pris l'initiative de cette proposition de loi. Par un
travail collaboratif, nous avons pu identifier les besoins et penser un corpus
législatif adapté à cette menace. Cela accompagne le travail considérable
accompli par Bercy et je salue la mobilisation sans relâche de la douane, de
Tracfin et de la direction générale du Trésor, qui collaborent avec la police
judiciaire et l'autorité judiciaire dans le cadre du plan national de lutte
contre les stupéfiants.
La proposition de loi renforce considérablement les moyens de mon
ministère pour entraver les flux, la logistique et l'enrichissement des
trafiquants : gel administratif des avoirs des narcotrafiquants, le
Gaban ; interdiction aux fournisseurs de services sur actifs numériques de
proposer des comptes anonymes ou des mixeurs de cryptoactifs, vecteurs de
blanchiment ; accès de Tracfin au système d'immatriculation des véhicules
(SIV) ; extension de la présomption de blanchiment douanier aux
cryptomonnaies ; possibilité pour les lanceurs d'alerte d'adresser des
signalements à Tracfin.
Toutefois, je regrette que certaines mesures très importantes pour les
douanes n'aient pas été retenues en CMP, sur l'accès aux données de certains
opérateurs privés de la logistique et des transports et les visites
domiciliaires après 21 heures. J'espère que nous pourrons en discuter de
nouveau, car l'implication des douaniers - qui saisissent 70 % des
stupéfiants - est déterminante.
Les progrès sont indéniables, mais nous avons encore du travail devant
nous. Notre mobilisation est nationale et nous combattons inlassablement ce
fléau.
Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargé de l’Industrie et de l’Energie)
> [Chômage] Mon rôle, se battre sur chaque dossier pour faire en sorte
que les emplois soient maintenus.
> [Intervention à l’Assemblée / Souveraineté énergétique de la France] Notre ambition est claire : sortir de la dépendance aux énergies fossiles, soutenir notre compétitivité industrielle et nous engager vers la neutralité carbone à l’horizon 2050. J'ai répondu cet après-midi aux députés dans le cadre des échanges sur notre stratégie énergétique, après l'intervention du Premier ministre sur notre objectif de souveraineté énergétique de la France. J’ai rappelé que notre stratégie n’est pas un projet de décroissance, mais un plan d’investissement massif pour une énergie décarbonée, compétitive et souveraine, fondé sur le renouveau du nucléaire et le développement des énergies renouvelables. De nombreuses questions légitimes ont été soulevées : nous poursuivrons le travail de transparence et publierons dans les prochaines semaines des réponses précises à l’ensemble des points abordés. La transition énergétique française doit être une réussite collective, au service de notre industrie et de notre souveraineté.
> [Nationalisation d'ArcelorMittal] Aujourd'hui, ce n'est pas à l'ordre du jour.
Nathalie Delattre (ministre déléguée auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargée du Tourisme)
> Le tourisme se porte très bien en France avec une hausse des
réservations en 2025. Les annonces de Donald Trump sont une opportunité pour la
France qui bénéficie de l'évitement des Etats-Unis par les touristes Canadiens,
Japonais, Brésiliens et Mexicains par exemple.
Patricia Mirallès (ministre déléguée auprès du ministre
des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants)
> Il y a 80 ans, le 29 avril 1945, les femmes votaient pour la première
fois aux élections municipales. Un droit acquis, un droit conquis. Aujourd’hui,
je m’adresse particulièrement aux jeunes femmes : osez vous engager, osez
prendre votre place. La politique a besoin de vous.
> Le 21 février dernier, j’avais promis aux familles de harkis de revenir leur apporter des réponses. Ce matin, à Rivesaltes, j’ai tenu parole.J’ai présenté aux familles une synthèse historique et des documents d’archives sur l’opération de transfert des sépultures de 1986. Chaque famille a reçu un fascicule personnalisé, fruit d’un long travail de recherche. Ce moment marque une étape essentielle. Mais ce combat n’est pas terminé. Les recherches se poursuivent. À Rivesaltes, la découverte récente d’un caveau contenant des ossuaires a relancé les investigations. Les analyses scientifiques sont en cours à Marseille. Elles doivent permettre de vérifier la concordance entre ces ossuaires et les sépultures transférées en 1986. Les résultats sont attendus dans les prochaines semaines. Je le dis clairement : rien ne sera plus jamais caché. C’est le sens de cette journée d’étude au cours de laquelle le rapport des fouilles archéologiques m’a été remis. Rivesaltes n’est plus un angle mort de notre histoire. Il deviendra un lieu de mémoire, un lieu de vérité, un lieu d’hommage.
> Soulagement après l’arrestation du suspect du meurtre à la mosquée de Grand-Combe. Toutes mes pensées vont à la famille, aux proches de la victime, ainsi qu’à tous nos compatriotes de confession musulmane. La France ne tolérera jamais les actes de haine ou de violence contre une religion. Je salue les mesures de protection autour des mosquées annoncées par Bruno Retailleau: il est essentiel que chacun puisse pratiquer sa foi en sécurité.
> Il y a 80 ans, les premiers déportés libérés des camps arrivaient ici, à l’hôtel Lutetia, à Paris. Aujourd’hui, aux côtés de ceux qui restent, les derniers témoins de l’indicible, nous avons marché jusqu’au Lutetia pour nous souvenir. D’avril à août 1945, ce fleuron de l’art de vivre à la française avait été réquisitionné pour accueillir les rescapés d’un long cortège de douleurs. Parmi plus de 166 000 déportés de France, seuls 60 000 reviendront. Mais le retour n’était pas la fin de la douleur. On ne dira jamais assez le courage qu’il leur fallut pour tenter de vivre à nouveau après l’irrévocable, l’irréversible, l’imprescriptible. On ne dira jamais assez, surtout, l’héroïsme que demanda le témoignage porté par les survivants. Le souvenir des victimes et des héros de la déportation oriente notre vie et notre destin communs. Il en livre le sens le plus profond : ne l’oublions jamais. Leur histoire est aussi la nôtre. Nous sommes, avec eux, les gardiens de cette vérité vertigineuse.
Juliette Méadel (ministre déléguée auprès du ministre
de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation chargée de la Ville)
> Je veux mettre en place un cocon protecteur pour les petits (de 0 à 10
ans) pour détecter un trouble chez un enfant.
> [Attaque au couteau dans un lycée à Nantes] Le plus efficace c'est de prévenir ! Prenons garde à ne pas creuser la souffrance psychique.
> La concurrence victimaire c'est le ferment de la division et de la haine
> [Fidèle tué dans une mosquée dans le Gard] C'est un acte de haine anti-musulman. Il y a des groupes qui cherchent à surfer sur la division aujourd'hui en France.
● Autres
ministres
Gérald Darmanin (ministre d’Etat, Garde des sceaux, ministre de la Justice)
> [Intervention au Sénat / Lutte contre le narcotrafic] Nous rompons ainsi avec la tradition
pénitentiaire française qui catégorisait les détenus selon leur statut devant
la justice - détention provisoire, condamnation pour peine - et non
selon leur dangerosité. C'est ainsi que 70 % des détenus incarcérés à
Vendin-le-Vieil seront en détention provisoire.
Nous isolons les narcotrafiquants du reste de la société pour les
empêcher de continuer de gérer leurs points de deal, de blanchir leur argent,
de commanditer des assassinats, de menacer les uns ou les autres, etc. Il faut
couper le lien social entre les détenus et l'extérieur.
Ce régime carcéral extrêmement original et difficile pose des questions.
J'ai donc souhaité mener ce travail avec MM. Durain et Vicot, pour la
gauche. J'ai également souhaité que le Conseil d'État soit saisi, et nous avons
suivi son avis positif à la virgule près pour passer les fourches caudines du
Conseil constitutionnel. Dans un esprit de compromis, nous avons limité ce
régime carcéral à un an renouvelable, afin de recueillir l'assentiment du
groupe socialiste. C'est un bon compromis républicain.
Ce nouveau régime carcéral stressera les narcotrafiquants. Nous le
voyons avec les récentes prises à partie de l'administration carcérale. En
attaquant les centres de détention, mais aussi les domiciles des agents, les
narcotrafiquants ont espéré déclencher une grève, mais les agents ont été
courageux et ont tenu. Merci aux parlementaires, qui les ont soutenus. Je
remercie les forces de l'ordre d'avoir interpellé une partie des responsables
de ces menaces.
Dès que le Conseil constitutionnel aura rendu son avis - il
semblerait qu'il sera saisi par le groupe LFI -, nous préparerons les
décrets, que nous soumettrons à la présidente de la commission des lois, pour
que ce nouveau régime carcéral s'applique dès le 31 juillet, faisant de
Vendin-le-Vieil la première prison de haute sécurité de notre pays, alors que
nous commémorerons le 14 mai prochain le massacre d'Incarville.
L'anonymisation des agents pénitentiaires a été supprimée par erreur en
CMP. Je proposerai donc deux amendements pour y remédier. Lorsqu'ils découvrent
un téléphone portable ou décident d'une mise en cellule disciplinaire, les
agents doivent indiquer leur nom, ce qui les expose à des menaces à l'extérieur
et crée un climat d'insécurité. Depuis longtemps, ils demandaient que leur nom
soit remplacé par leur numéro de matricule, comme c'est le cas depuis 2021
pour les officiers de police judiciaire. Cette anonymisation pourrait être
rétablie pour Condé-sur-Sarthe et Vendin-le-Vieil, mais également étendue à
toutes les prisons.
L'administration pourrait ainsi retrouver la personne qui a fait usage
de son pouvoir administratif, sans que son nom soit jeté en pâture. Ces
amendements de bon sens sont un signe d'encouragement pour notre administration
pénitentiaire.
Bruno Retailleau (ministre d’Etat, ministre de
l’Intérieur)
> [Intervention au Sénat / Lutte contre le narcotrafic] Peu de textes ont cette force. Je l'ai déjà
dit le 4 février, ce texte n'a rien de banal : c'est un texte
régalien puissant qui émane du Parlement, ce qui est très rare -
particulièrement du Sénat.
Je me souviens de la commission d'enquête, du vote à l'unanimité du
Sénat le 4 février, et de celui, très large, à l'Assemblée nationale -
une bonne surprise !
Il est tout aussi rare, par les temps qui courent, qu'un texte soit
adopté par une telle majorité. Signe que les clivages peuvent être transcendés
quand il s'agit des intérêts fondamentaux de la nation. Le narcotrafic est à la
racine de nombreux homicides et engendre une corruption qui ébranle nos
institutions.
Il y aura un avant et un après. Ce matin, nos forces de sécurité
intérieure ont interpellé une trentaine des narcoracailles qui ont visé des
établissements pénitentiaires et des domiciles d'agents. Preuve que ce texte
dérange le milieu du narcotrafic, auquel nous avons déclaré la guerre.
Avec ce texte, nous avons un arsenal qui va tout changer.
Dans quelques semaines, j'installerai l'état-major qui se chargera de la
lutte contre cette criminalité. Un même plateau regroupera les services de
renseignement de quatre ministères : l'intérieur, l'économie, la justice,
les armées - comme nous l'avons fait contre le terrorisme. Nous
décloisonnons l'État, l'information circulera. Face à ces réseaux très
coordonnés, l'État sera donc beaucoup plus agile.
Nous nous mobilisons aussi contre le blanchiment d'argent et la
corruption. Nous n'avons voulu désigner aucune profession en particulier, mais
vous savez bien que certaines, publiques ou privées, sont particulièrement
concernées. Il nous fallait, là aussi, un réarmement régalien, tant la
criminalité organisée charrie de milliards d'euros.
Il faut aussi adapter le renseignement aux nouvelles technologies
d'interception. Nous ferons un pas décisif avec de nouveaux outils, car les
narcotrafiquants sont extrêmement dangereux.
Les élus seront satisfaits que les préfets disposent désormais d'un
pouvoir d'interdiction de paraître sur un point de deal et de substitution au
bailleur pour expulser de son logement social la narcoracaille qui pourrit la
vie de l'immeuble. Les pouvoirs du préfet en matière de fermeture de commerce
seront également étendus, pour fermer les blanchisseuses. Le maire de Belfort
m'expliquait avoir dû acheter pas moins de trente commerces pour éviter ce
phénomène.
Merci de l'initiative de la commission en faveur de nos agents qui
posent les appareils de renseignement. Nous avons affiné le dossier coffre,
désormais dénommé procès-verbal distinct, et le Conseil d'État a validé nos
choix : protéger notre personnel et sauver des vies, sans remettre en
cause nos équilibres constitutionnels.
Un immense merci à celles et ceux qui ont participé à ce parcours
parlementaire, dont Jérôme Durain et Étienne Blanc. J'espère un nouveau vote
unanime.
Nous avons un nouvel arsenal, mais plus encore, une volonté. Je n'ai
jamais dit que le combat contre la criminalité organisée serait facile, que
nous l'éradiquerions en quelques mois. Ce sera long, mais nous avons désormais
les armes et la volonté nationale d'y parvenir. Cela donne une force à la
République et à la France. Merci de l'avoir compris. Par votre vote, donnez le
maximum de force à ce texte.
Catherine Vautrin (ministre du Travail, de la Santé, des
Solidarités et des Familles)
> Le sujet majeur des finances publiques dans notre pays, c’est celui
des économies.
> [Proposition de loi pour travailler le 1er Mai] C'est le seul jour férié et chômé de l'année. L'idée est de permettre, sur la base du volontariat, à des salariés de travailler ; ils sont bien sûr payés double.
> [Déserts médicaux] L'objectif est que nous soyons opérationnels début septembre. Nous n'obligerons pas à l'installation, nous demandons une solidarité.
> [Déserts médicaux] Au moment où nous nous parlons, il y a des Français qui n'arrivent pas à avoir un médecin (...) On leur demandera d’aller au maximum 2 jours par mois dans ces zones
Benjamin Haddad (ministre délégué auprès du ministre de
l’Europe et des Affaires étrangères, chargé de l’Europe)
> Je crois qu'on est à un moment
de bascule historique pour notre continent. Et il faut tirer les conclusions,
les conséquences de ce qu'on est en train de voir. Déjà, on a, depuis trois
ans, la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine à nos portes, qui a un
impact évidemment sur la liberté, la démocratie et la souveraineté des
Ukrainiens, mais plus profondément sur notre sécurité à nous, Européens,
puisque les Ukrainiens se battent aussi pour la sécurité de l'Europe. Et c'est
pour ça qu'on les soutient. Et puis, bien sûr, il y a les questions qui se
posent sur les relations transatlantiques, l'avenir de la garantie de sécurité
américaine. Mais je dirais, au-delà de la simple présidence et personnalité de
Donald Trump, la vérité, c'est que l'on voit une tendance depuis plus d'une
dizaine d'années des Etats-Unis qui se tournent vers l'Asie. Rappelez-vous déjà
les tendances protectionnistes qu'on a vu aussi bien avec Barack Obama, bien
sûr, avec Joe Biden, qui a continué, voire amplifié, celles de l'administration
Trump avec l'Inflation Reduction Act, ce plan massif de subvention, de soutien
à l'industrie américaine, sans coordination avec les alliés européens. Le
retrait unilatéral d'Afghanistan, là aussi sans dialogue avec les Européens qui
étaient encore sur le terrain, comme les Britanniques ou les Allemands. Et
puis, les débats depuis longtemps déjà sur le partage de fardeaux, sur les
dépenses de défense de l'Europe. Fondamentalement, tout cela nous dit quoi ?
Cela nous dit que c'est le moment pour les Européens de prendre leur destin en
main, d'investir massivement dans leur défense, dans leur autonomie stratégique
et leur coopération industrielle sur les questions de défense, dans leur
compétitivité et leur innovation aussi. En 30 ans, les Etats-Unis ont généré
deux fois plus de PIB par habitant.
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] La vérité,
c'est que le président Zelensky, il y a plus d'un mois déjà, a dit qu'il
souhaitait une trêve inconditionnelle, qu'il y était prêt. La Russie n'a pas
répondu. Puis nous avons eu un dialogue diplomatique pour proposer une trêve
sur les frappes contre les infrastructures énergétiques et les frappes en mer
Noire. Là aussi, la Russie s'est dérobée, a fait des demandes qui étaient
inacceptables comme la levée des sanctions, et a continué de frapper les
civils, de frapper les infrastructures, de frapper les militaires ukrainiens
sur le sol ukrainien. Et puis, la Russie continue d'avoir des visées
maximalistes et inacceptables : la neutralisation de l'Ukraine, la
démilitarisation de l'Ukraine, le renversement du président Zelensky qui a été
démocratiquement élu par son peuple. Fondamentalement, ce que la Russie cherche
depuis le début, c'est d'effacer l'Ukraine en tant qu'Etat-nation, en tant que
nation souveraine et indépendante. Et ça, c'est inacceptable. C'est pour ça que
les Ukrainiens se battent et c'est aussi quelque chose que les Européens ne
peuvent pas accepter.
Le président Trump dit qu'il souhaite la paix. C'est notre cas à nous aussi.
C'est pour ça que nous dialoguons en permanence avec nos alliés américains sur
ce sujet. Vous le savez, les représentants américains, le secrétaire d'Etat, le
négociateur Witkoff étaient à Paris. C'était la première fois qu'on avait
autour de la table les Ukrainiens, les Européens et les Américains, pour dire
que nous souhaitions un cessez-le-feu. Ce n'est pas juste les armes qui se
taisent un instant. Si c'est une trêve qui serait utilisée par la Russie pour
réarmer et pour réattaquer, ça nous mettrait tous en danger. Et donc la
question qui se posera, c'est évidemment de pouvoir dissuader aussi la Russie
de réattaquer. Pourquoi ? Parce qu'on connaît notre histoire. (…)
Alors dissuader, ça passera par des garanties de sécurité. Les garanties de
sécurité, la première, c'est quand même d'avoir une armée ukrainienne forte,
robuste, indépendante. C'est pour ça que le soutien européen à l'armée
ukrainienne continuera, bien sûr, dans le temps long. Et puis, ça peut passer,
c'est ce qu'a indiqué le Président de la République lorsque nous avons eu ces
échanges avec nos partenaires, à commencer par les Britanniques et d'autres, la
coalition des volontaires, ça peut passer par des contingents européens dans
des points stratégiques, qui ne seraient pas combattants, qui ne seraient pas
sur la ligne de front, naturellement, mais dans des points stratégiques comme
des troupes de réassurance. C'est le cas aujourd'hui dans un certain nombre de
pays européens, que ce soit les pays baltes, la Pologne ou encore la Roumanie,
où la France est la nation-cadre, il y a ces troupes de réassurance. L'enjeu,
encore une fois, c'est de permettre la sécurité du continent sur le long terme.
Parce qu'on a eu, après l'annexion de la Crimée et les premières attaques
contre le Donbass, l'accord de cessez-le-feu de Minsk, dont la France et
l'Allemagne étaient garants. Il a été violé et bafoué par la Russie des dizaines
de fois. La Russie s'est préparée à réarmer et à attaquer après l'invasion à
grande échelle.
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] La France n'a
pas attendu cette guerre pour augmenter ses dépenses de défense. Et vous le
savez, sur les deux mandats d'Emmanuel Macron, nous aurons doublé le budget
français de la défense. Vous avez vu, lors du Conseil extraordinaire du 6 mars,
la Commission européenne, largement sous impulsion des Etats membres comme la
France, a annoncé des mesures pour pouvoir faciliter l'investissement des Etats
membres dans la défense. Que ce soit exclure certaines dépenses de défense des
calculs de déficit de la Commission européenne, un prêt de 150 milliards pour
pouvoir aider les Etats membres qui souhaitent coopérer entre eux pour investir
dans des capacités dans lesquelles aujourd'hui on est dépendants. (…)
Et on va travailler avec nos partenaires dans les domaines dans lesquels on est
dépendants aujourd'hui des Etats-Unis : cyber, drones, frappes en profondeur,
munitions, satellites, quand on pense au rôle, évidemment, que joue Starlink en
Ukraine. Voilà autant de domaines dans lesquels nous devons avancer ensemble,
en Européens, et avoir des coopérations industrielles pour soutenir notre
industrie de défense, naturellement, parce qu'on ne va pas aller utiliser des
fonds européens pour aller soutenir l'industrie américaine ou coréenne. (…)
Parce que c'est non seulement pour donner de la visibilité à nos industriels
qui en ont besoin pour monter en capacité, mais je le dis, c'est aussi un enjeu
pour garder la souveraineté sur l'usage, sur la technologie, sur l'exportation
aussi de ces armements. Donc cette question de la préférence européenne, elle
est absolument clé si on veut, justement, la souveraineté de l'Europe sur le
plan militaire. Et puis après, vous parlez de la situation budgétaire de la
France. Nous aurons à la rentrée de septembre un nouveau budget, mais on a fait
le choix, là, de travailler dès maintenant avec les forces politiques pour
construire ce budget. Nous devons trouver dans ce budget 40 milliards
d'économies. Et le Premier ministre a vraiment tenu un discours de vérité. Aujourd'hui,
nous sommes plus endettés que nos voisins, nous sommes plus imposés que nos
voisins. Donc ce n'est pas en augmentant les impôts qu'on va pouvoir trouver
des économies et donc des recettes. Et nous travaillons moins.
> Souvent on a l'impression que le débat c'est juste augmenter les impôts ou baisser les dépenses. On peut aussi réformer et créer de la croissance. Générer des recettes par la croissance. C'est ce que nous avons fait ces dernières années en France en réformant le pays. C'est pour ça qu'on a aujourd'hui en France le chômage le plus faible en 40 ans, c'est pour ça qu'on a fait de la France le pays le plus attractif pour les investissements étrangers en Europe. Et nous devrons continuer à réformer.
> Le président des Etats-Unis a annoncé des droits de douane de 10% sur tous les biens et de 25% sur l'acier et l'aluminium. Ces droits de douane sont complètement injustifiés et ne correspondent pas du tout à la réalité des relations économiques entre l'Union européenne et les Etats-Unis. Les Etats-Unis disent que l'Union européenne impose des droits de douane de 39% aux Etats-Unis parce qu'il y a 39% à peu près de déficit commercial. Ça n'a pas de sens. Déjà, ça n'inclut pas les relations sur les services, et vous savez que les Européens sont importateurs de services, en particulier de services numériques américains. On y compte des taxes qui sont imposées à toutes les entreprises, y compris européennes, comme la TVA, la taxe sur la valeur ajoutée. Donc tout ça n'a pas de sens. Ce que l'on constate aussi, c'est que cette guerre commerciale n'est dans l'intérêt de personne, et à commencer par l'intérêt des entreprises américaines ou des consommateurs américains. Elle va avoir un impact inflationniste sur les Etats-Unis. On voit aujourd'hui les entreprises américaines qui tirent la langue, les marchés boursiers qui sont en train de dévisser. On a déjà eu ces débats lors des années 30, quand on a eu des spirales protectionnistes...
> On est pour le libre-échange. Mais à un moment, il ne
faut pas non plus être naïf ou les dindons de la farce. Fondamentalement, avec
les Etats-Unis, aujourd'hui, la Commission européenne mène une négociation pour
mener à la désescalade avec les Etats-Unis. Nous la soutenons. Ce que nous
avons dit aussi, c'est que nous devons être prêts à utiliser des instruments de
réponses, que nous avons développés ces dernières années. Je pense par exemple
à l'instrument anti-coercition, qui permettrait d'élargir la palette
d'instruments dont dispose l'Union Européenne pour répondre, la taxation sur
les services numériques. (…)
Je dis que nous avons des instruments qui ont été développés précisément pour
faire face à ce type de situation. Donc mettons-les sur la table. Encore une
fois, il y a aujourd'hui une négociation. La présidente de la commission
elle-même a dit que la taxation des services numériques était une possibilité.
L'interdiction d'accès à certains marchés publics, la possibilité de saisir la
propriété intellectuelle. Je dis juste que nous avons des instruments et
l'Europe n'est pas faible. L'Europe, c'est 450 millions d'individus. C'est un
grand marché intégré. C'est le premier partenaire commercial des Etats-Unis.
Donc nous avons les moyens d'imposer un rapport de force et de défendre nos
intérêts, mais encore une fois, une spirale protectionniste n'est dans
l'intérêt de personne. Sur le Mercosur, je vais vous dire la même chose. La
question, c'est encore une fois la réciprocité, la défense de nos intérêts. Ce
n'est pas parce qu'on est sous pression douanière des Etats-Unis qu'on doit
aller se précipiter, aller accepter des mauvais accords. Si vous avez là des
accords dans lesquels on va importer des produits dont on interdit la
production en Europe, parce qu'on a imposé des normes, des standards particuliers
à nos agriculteurs, mais que nous n'avons pas de réciprocité, nous n'avons pas
de clause miroir, ça n'a pas de sens. (…)
On a toujours dit qu'on était opposé à cet accord en l'état, qu'on soutenait
les accords avec le Chili, avec la Nouvelle-Zélande, ce qu'on appelle les
accords de nouvelle génération. Précisément, il y a des clauses miroirs, des
clauses de sauvegarde, de la réciprocité commerciale. Il y a cet accord avec le
Canada, le CETA, qui fonctionne très bien. Donc faisons en sorte là, encore une
fois, de ne pas nous mettre dans des situations de concurrence déloyale, de
nous tirer des balles dans le pied.
> Sur la question de l'immigration, il y a dans tous nos pays une exigence normale, naturelle de maîtriser nos frontières, d'avoir des politiques migratoires démocratiques, de pouvoir faire respecter la loi. Mais ce qu'il nous a rappelé, c'est que derrière ces principes, il y a des individus, il y a des parcours de vie, il y a des femmes, des hommes, des enfants. On a vu les drames humains en Méditerranée, avec des centaines de morts dans la Méditerranée, dans des conditions absolument atroces. Et donc, on a, encore une fois, l'exigence en tant que dirigeants politiques, de faire respecter le droit, de faire respecter la loi et de le faire avec humanité, et de travailler, au-delà de cette question migratoire, bien sûr, à un partenariat beaucoup plus ambitieux, un partenariat économique, un partenariat profond avec les pays de la rive sud de la Méditerranée. Voilà des sujets qui ne doivent pas être des sujets de division.
> J'étais en Roumanie il y a quelques semaines. De quoi
parlons-nous ? Vous avez là la Russie, qui s'est ingérée de façon massive dans
une élection via TikTok pour soutenir la candidature de M. Georgescu, un
populiste complotiste d'extrême-droite. TikTok est un réseau social qui est
utilisé quotidiennement par des millions de Roumains. À un moment, Georgescu
s'est retrouvé le nom le plus partagé, numéro 8 en tendance dans le monde, sur
TikTok. On voit la dimension complètement artificielle de l'amplification. Le
réseau TikTok a lui-même révélé qu'il y a eu plus de 100.000 bots, donc des
faux comptes, qui ont été désactivés par le réseau social. Oui, nous devons
collectivement nous défendre face à ces manipulations et face à ces ingérences
via les plateformes de réseaux sociaux. C'est pour ça que l'Union européenne
s'est dotée d'instruments comme le Digital Service Act pour pouvoir lutter
contre la désinformation, la haine en ligne, les ingérences, la manipulation
des algorithmes. Maintenant, nous devons utiliser ces outils. Je le dis, non
seulement utiliser, parce qu'il y a des enquêtes en cours contre des acteurs
comme X et TikTok, donc faire respecter notre droit, notre Etat de droit. (…)
Fondamentalement, il s'agit de faire respecter notre Etat de droit européen. On
parlait tout à l'heure de nos dépendances sur le plan militaire, mais on voit
aussi nos dépendances sur le plan technologique. Fondamentalement, l'enjeu,
c'est de faire en sorte que demain, les grands acteurs technologiques dans
l'intelligence artificielle, dans le quantique, il soit européen, il soit
souverain et qu'on soit plus dépendants des Américains ou des Chinois. Et pour
cela, ça ne passe pas que par des barrières de régulation, ça passe aussi par
l'investissement.
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Un droit acquis, un droit conquis. Le 29 avril 1945, aux élections
municipales, les femmes votaient pour la première fois. 80 ans après, la parité
est devenue réalité à toutes les élections municipales, grâce à la loi votée le
7 avril dernier. Oui, plus que jamais, les femmes sont à leur place en
politique.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Gabriel Attal (député, secrétaire
général de Renaissance, président du groupe Ensemble pour la république à
l’Assemblée nationale)
> Après plus d'un siècle de luttes, le 29 avril 1945, les femmes de
France ont pu voter pour la première fois. Engagées dans la Résistance,
personne ne pouvait encore s'opposer à ce que les femmes puissent participer à
la vie politique d'un pays pour lequel elles ont pu donner leur vie. 80 ans
plus tard, le combat pour que les femmes prennent toute leur place n'est pas
terminé. Et nous sommes en première ligne pour le mener.
Roland Lescure (député)
> Félicitations pour cette victoire, Mark Carney! Hâte de pouvoir
travailler et compter sur un allié historique et fiable, le Canada.
Pieyre-Alexandre Anglade (député)
> Le 29 avril 1945 les Françaises obtenaient enfin le droit de vote. 80
ans plus tard, le combat pour l’égalité dans notre pays et partout dans le
monde est loin d’être achevé. Nous continuerons à le mener résolument !
> Toutes nos pensées pour le jeune Aboubakar lâchement assassiné ainsi pour pour sa famille et ses proches ! Ils ont tout notre soutien.
Jean-Luc Fugit (député)
> [Intervention à l’Assemblée / Souveraineté énergétique de la France]
Le défi qui se présente à nous – la sortie progressive de notre dépendance aux énergies
fossiles – est peut-être le plus grand défi de la France et de l’Europe dans les prochaines décennies. Ce défi, nous devons le relever collectivement. Il nous concerne
tous, il transcende les intérêts partisans et les divergences
politiques. II correspond à une
nécessité écologique et à un impératif économique,
à une dette que nous ne voulons
pas laisser aux générations futures. Ce défi est aussi celui de notre
souveraineté énergétique, qu’il nous faut construire dans un contexte mondial
bouleversé et incertain, où l’intégrité territoriale de certains pays est
menacée, où les crises mettent en lumière nos multiples dépendances et nos
vulnérabilités, notamment sur le plan énergétique.
Construire notre souveraineté énergétique ne sera pas facile, mais un tel
sursaut est plus que nécessaire au regard de l’état du monde, si notre pays
veut maîtriser son destin. Au moment des replis sur soi et des guerres
économiques sans perspectives, alors que l’Europe est menacée à sa frontière,
il est urgent d’agir. Parce que nous ne transigeons pas avec nos valeurs, nous
ne transigerons pas non plus avec la souveraineté de la France. C’est pourquoi
le groupe Ensemble pour la République propose de s’entendre sur un constat
simple, à savoir que la souveraineté énergétique dépend de trois enjeux
majeurs : la capacité à produire de l’énergie bas-carbone dans le
pays ; à développer un écosystème industriel compétitif afin d’accélérer
le développement de nos filières énergétiques ; à accompagner nos
concitoyens, appelés à transformer leurs modes de consommation, selon une
logique d’équité sociale et territoriale.
S’agissant tout d’abord de notre capacité à produire de l’énergie bas-carbone,
nous restons aujourd’hui drogués aux énergies fossiles. Nous avons certes la
chance d’avoir un mix électrique décarboné à 95 %, grâce au nucléaire pour
un peu plus des deux tiers, et aux renouvelables pour près du tiers – c’est une chance et une fierté. Cependant, notre mix énergétique reste quant à lui
majoritairement composé d’énergies fossiles, lesquelles représentent toujours
60 % de la consommation totale d’énergie, générant des émissions de CO2
encore trop importantes.
Pourtant, la science le dit, le climat n’attend pas. La baisse des émissions de
gaz à effet de serre engagée ces dernières années doit se poursuivre ;
c’est la seule urgence qui doit guider nos politiques publiques – la seule ! Pour y parvenir, nous n’avons ni le luxe ni le temps d’opposer les solutions entre elles, que ce soit le nucléaire aux renouvelables, ou même les énergies renouvelables entre elles. Nous avons plutôt l’occasion de nous appuyer à
la fois sur l’énergie nucléaire et sur les énergies
renouvelables – électriques et thermiques – pour construire un mix pluriel, dans un système où toutes les technologies concourent à la résilience
de l’ensemble. Ce modèle, établi par discours de Belfort, s’est concrétisé en 2023 dans la loi d’accélération de la
production d’énergies
renouvelables, dite Aper, et la loi d’accélération du nucléaire ; il traduit une vision pour la
France, déclinée dans la stratégie française pour l’énergie
et le climat (SFEC) ; ce
modèle sert également de fondement à la
planification écologique et énergétique comme à la stratégie nationale
bas-carbone (SNBC), au plan national d’adaptation au changement climatique
(Pnacc) ou encore à cette PPE qui fait tant parler aujourd’hui – autant de feuilles de route qui
constituent le socle d’une
action cohérente, intégrée et ambitieuse.
La PPE n’est pas sortie du chapeau. Elle est le résultat d’une concertation
entre une multitude d’acteurs durant près de quatre ans. Est-elle
perfectible ? Sans doute, mais les filières ont besoin de visibilité et de
stabilité : le stop and go est plus que jamais préjudiciable aux
industries du temps long. Or cette PPE permet de développer les énergies
renouvelables et le nucléaire de manière complémentaire dans le mix énergétique
français. Elle repose également sur la sobriété et l’efficacité énergétique,
afin d’accompagner la décarbonation de nos usages. Les orientations retenues ne
correspondent peut-être pas à la doxa de certains groupes politiques, mais elles
résultent d’un travail approfondi mené depuis plusieurs années avec toutes les
parties prenantes concernées par la politique énergétique du pays ; elles
témoignent d’un véritable processus de gouvernance démocratique de la politique
publique de l’énergie, dont nous pouvons être fiers. Au terme des débats
parlementaires, la PPE doit être publiée afin que tous les acteurs puissent
avancer et sécuriser leurs investissements. Si elle n’est qu’une étape de la
transformation de notre système énergétique, elle est une étape décisive sur la
route de la neutralité carbone. Le gouvernement l’a annoncé : viendra
aussi le temps d’une loi prospective, à même de projeter le pays dans les
prochaines décennies, au lieu de l’affaiblir en l’enfermant dans un débat
stérile « nucléaire contre renouvelables » – les enjeux sont bien plus
importants.
Pour favoriser la résilience du
système énergétique, il
faudra mieux accompagner l’électrification
des usages au moyen de dispositifs plus incitatifs, développer la flexibilité
de l’offre – grâce
notamment aux stockages –
mais aussi celle de la demande, et enfin s’assurer de développer
sur notre sol une offre énergétique compétitive et décarbonée. Il y va de notre autonomie stratégique : depuis cinq ans, de multiples crises nous ont rappelé que
les énergies fossiles que nous importons massivement constituent notre talon
d’Achille.
Nous avons heureusement un potentiel unique et disposons d’un écosystème de
recherche et de compétences particulièrement innovant, à l’instar de l’Institut
français du pétrole et des énergies nouvelles (Ifpen), du Commissariat à
l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) ou du Centre national de
la recherche scientifique (CNRS), qui inventent les solutions de demain, et que
nous devons soutenir.
Bien que nous devions atteindre l’équilibre budgétaire, la France ne peut donc
pas choisir de réduire son soutien aux énergies renouvelables et au nucléaire
sans mettre en péril ses objectifs climatiques et sa souveraineté énergétique.
Produire en France, c’est soutenir le développement des énergies renouvelables
électriques, mais aussi les gaz renouvelables, qui apportent de la flexibilité
à notre système énergétique ; c’est aussi créer des boucles locales
d’énergie, particulièrement propices à l’attractivité des territoires,
notamment ruraux.
La révision de la stratégie nationale en matière d’hydrogène, récemment
présentée par le ministre chargé de l’industrie et de l’énergie, était
attendue. Elle envoie un signal fort : la France veut être au rendez-vous
de l’hydrogène bas-carbone. La priorité donnée à la décarbonation de
l’industrie, à la mobilité lourde, notamment dans les secteurs aérien et
maritime, constitue un choix stratégique, même si je regrette, à titre
personnel, que la mobilité routière ne soit pas suffisamment considérée. Si la
maturité technologique et la compétitivité de la filière hydrogène restent
encore à construire, les avancées de ces dernières années prouvent que nous
sommes sur la bonne voie. Vous l’avez compris, notre modèle énergétique vise à
réduire nos dépendances en s’appuyant sur la diversité de notre mix afin
d’accompagner l’électrification des usages tout en défendant une pluralité de
solutions.
Enfin, notre souveraineté dépend aussi de notre capacité à transformer les
modes de consommation et à accompagner l’outil industriel et nos concitoyens
dans cette perspective. La transition aura bien un coût, mais pas celui avancé
par le Rassemblement national, qui évoque un montant de 300 milliards
d’euros d’ici à 2040, confondant notamment le coût d’entretien et de
renouvellement du réseau électrique – auquel il faudra procéder quoi qu’il
arrive pour l’adapter au parc
de production nucléaire et
renouvelable, ainsi qu’au
changement climatique. Nos collègues
oublient aussi de dire qu’aucune nouvelle centrale nucléaire ne sera
opérationnelle avant 2038, ce qui risque d’accentuer notre dépendance à l’égard
de pays fournisseurs d’énergies fossiles, tels que la Russie. Pour éviter ce
risque, nous devons impérativement poursuivre et massifier le développement des
énergies renouvelables.
Montrons-nous également vigilants à l’égard de la compétitivité de notre
appareil productif, en particulier celle de nos entreprises énergo-intensives,
qui subissent depuis 2022 un choc historique du fait du prix de l’électricité
et du gaz : leur compétitivité en est lourdement grevée, ce qui fragilise
des filières industrielles entières, telles que la sidérurgie ou la chimie. Le
groupe EPR appelle donc le gouvernement à établir un dialogue constructif avec
EDF pour trouver rapidement un accord sur le prix de l’électricité qui permette
à la fois de préserver la compétitivité des industriels et qui offre à
l’entreprise une trajectoire financière soutenable pour ses investissements
futurs. Nous avons aussi la responsabilité de garantir à nos concitoyens une énergie
accessible et décarbonée, quel que soit le territoire où ils vivent ou leur
niveau de vie : telles sont les conditions d’une transition socialement
juste.
Notre pays fait donc face à un triple impératif : affirmer sa
souveraineté, renforcer sa compétitivité et accélérer la lutte contre le
changement climatique. Ces défis exigent des investissements lourds, mais le
coût de l’inaction serait infiniment plus élevé. Monsieur le premier ministre,
notre groupe est prêt à accompagner l’action de votre gouvernement pour bâtir
le récit d’une nation souveraine, résiliente et décarbonée.
Olga Givernet (députée)
> [Intervention à l’Assemblée / Souveraineté énergétique
de la France] Il est essentiel d’avoir à l’esprit que l’Assemblée tient le
destin des prochaines générations entre ses mains. Les discussions présentes
auront un impact sur notre avenir et celui de nos enfants. Et ce n’est pas
qu’une question technologique ou budgétaire, c’est aussi un sujet de justice
sociale et de transition écologique, n’en déplaise à celles et ceux qui
profitent de l’instabilité politique du moment pour faire oublier leurs prises de
position passées. Nous devons être guidés par notre devoir de responsabilité.
Au-delà de l’enjeu immédiat de la PPE – sur laquelle je reviendrai – j’aimerais
rappeler quelques éléments de contexte. D’abord, le secteur de l’énergie est le bon élève de la transition écologique.
Nous pouvons être fiers de
produire, en France, une électricité décarbonée à 95 %. Nous en exportons même, et notre modèle
force le respect de nos voisins.
Pourtant, la décarbonation de nos systèmes énergétiques n’est pas aussi rapide
que nous le voudrions. L’électrification patine et le mur énergétique dont nous
parlions en 2022 est encore loin d’être franchi. Notre dépendance aux énergies
fossiles importées, encore trop importante, pèse sur notre dette écologique et
sur notre balance commerciale. Les carburants et gaz de toutes natures utilisés
dans les secteurs du transport, du logement, de l’industrie et de l’agriculture
créent une allégeance de la France aux pays pétroliers et gaziers. L’énergie
n’est pas qu’un outil au service des industriels, c’est un bien commun de la
nation, qui nous chauffe, nous déplace, nous éclaire.
Soyons lucides sur les années d’errance qui ont étouffé la politique
énergétique de la France et qui nous laissent aujourd’hui face à un mur. Nous
avons tous une part de responsabilité, mais nous devons aussi tous savoir nous
mobiliser, unis autour d’une stratégie commune. À Belfort, en 2022, le
président de la République a défini les quatre piliers qui ont guidé les
travaux sur la Stratégie française pour l’énergie et climat : les énergies
renouvelables et le nucléaire, la sobriété et l’efficacité. Et depuis, les
gouvernements successifs se sont attachés à respecter ces piliers.
Des acteurs engagés et volontaires de tous horizons politiques et de tous les
secteurs ont ainsi travaillé sur le diagnostic de ces piliers dans les groupes
de travail constitués par Agnès Pannier-Runacher. J’avais eu l’honneur, en tant
que députée, de piloter le groupe sur la sobriété, et je reste admirative de la
manière dont tous les participants avaient réussi à produire de précieuses
analyses, avec passion et sans considération partisane.
Ces travaux nous ont permis de faire face aux crises en cascade touchant le
secteur énergétique, de la guerre en Ukraine aux déficits de production. Ils
sont porteurs d’enseignements et d’espoirs quant à la faculté qu’a notre pays
de faire face à ces enjeux avec unité et efficacité. Ils ont permis de faire
émerger des solutions, comme la sobriété, qui ont depuis largement fait preuve
de leur efficacité.
La réussite de notre politique énergétique dépend donc de notre capacité à nous
rassembler et à ne pas opposer les énergies entre elles. Au cours de mon
passage au ministère de l’énergie, j’ai mis un point d’honneur à relancer le
processus de concertation. J’ai pu à nouveau constater l’implication sans
faille des fédérations, des associations, des institutions et de la Direction
générale de l’énergie et du climat pour contribuer au document nourri qu’est la
programmation pluriannuelle de l’énergie. Je tiens à les saluer.
Cette PPE, qui se veut équilibrée dans son mix de production et de
consommation, assure la sécurité d’approvisionnement et les moyens de
distribution. Les dernières contributions doivent être prises en compte pour
avoir des trajectoires réalistes et au plus juste. Je ne doute pas que les
parlementaires, les spécialistes, les experts et les scientifiques trouveront à
s’entendre, dans les meilleurs délais, en ayant en tête les coûts et les
investissements à venir. Je ne doute pas non plus que chacun aura à cœur de travailler
sans sectarisme, en recherchant la cohérence et la complémentarité.
Les acteurs du secteur l’ont compris : ce sont leurs efforts cumulés qui
feront notre réussite et non un climat de méfiance réciproque. Le nucléaire a
besoin des énergies renouvelables, et les énergies renouvelables ont besoin du
nucléaire. Au sein de ces filières, la diversité des sources de production et
des technologies est un puissant remède pour produire mieux.
Pour laisser place à l’innovation et sortir de la dépendance énergétique, nous
devons respecter le principe de neutralité technologique. Il faut, je le
répète, produire mieux : subie ou choisie, la sobriété ne peut constituer
le seul moyen dont disposent les Français, les entreprises, en vue de réduire
le montant de leur facture d’énergie. Cette diminution doit être amplifiée par
une meilleure maîtrise de la production et de la consommation des systèmes
énergétiques. Si nous optons pour une politique de l’offre, il faut que cette
offre soit bon marché ; or, en février dernier, le marché, justement,
couplé à l’ajustement de la fiscalité, a permis que 80 % des Français
voient leur facture d’électricité baisser de 15 %. Encore une fois, c’est
un savant équilibre que nous devons trouver entre liberté économique et régulation
fiscale. Cette dernière procédant de nos décisions, je propose, en faveur de la
décarbonation, un principe fondamental : appliquer aux énergies
bas-carbone une fiscalité bien plus avantageuse que celle des énergies
fossiles.
Il n’y a pas que l’électricité en cause : comme l’a très justement
souligné le premier ministre, la chaleur renouvelable reste sous-exploitée. Je
ne peux m’empêcher d’évoquer à cet égard quelques-uns des nombreux projets
existants au sein de mon département, l’Ain : Ferney-Voltaire récupérera
la chaleur émise par l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire
(Cern), Valserhône celle de l’incinérateur de déchets, tandis que Belley a opté
depuis longtemps pour la biomasse. Les paysages de l’énergie sont ainsi
dessinés dans les territoires par l’engagement des élus locaux, lorsque plus de
10 000 communes ont pris part à l’initiative concernant les zones
d’accélération des énergies renouvelables, ou lorsqu’il a fallu préparer,
notamment dans l’Ain, l’implantation des réacteurs EPR 2. Il importe que
l’État et ses fleurons, comme EDF, en maîtrisant les coûts, les délais, soient
également au rendez-vous.
Nous ne devrons pas oublier d’accompagner nos concitoyens, particulièrement au
sujet crucial de la décarbonation de nos usages. Il y a urgence : la
voiture représente à elle seule 18 % de nos émissions. Les modèles
électriques, dont les premiers prix atteignent presque 20 000 euros,
restent trop chers ; pour les familles les plus modestes, les aides
destinées à faciliter leur acquisition ne suffisent plus.
Il nous faut développer le marché de l’occasion, en misant notamment sur
l’accélération de l’électrification des flottes des entreprises, qui alimentent
celui-ci. À ces efforts en vue du renouvellement du parc s’ajoute la question
du maillage en bornes de recharge ; si celui-ci s’est bien renforcé, il
importe à présent de travailler davantage à l’implantation de bornes
domestiques. Outre la transformation des usages, songeons aux usages
nouveaux : s’agissant de souveraineté numérique, centres de données et intelligences
artificielles doivent pouvoir compter sur l’énergie nucléaire.
La politique énergétique de la France constitue un sujet complexe, qui ne
supporte pas le flottement. Il nous fallait donc agir sans tarder. J’ai bien
conscience que, dans un contexte politique aussi instable, une PPE instaurée
par décret peut sembler fragile aux acteurs concernés, quoique issue d’intenses
et larges concertations : si elle comporte trop d’énergies renouvelables
pour la droite de cet hémicycle, trop de nucléaire pour la gauche, peut-être
cela signifie-t-il qu’elle est tout simplement équilibrée. Elle s’appuie en
effet sur le déploiement des énergies renouvelables pour une disponibilité à
court terme et sur le nouveau nucléaire à moyen terme, puisque les premiers réacteurs
EPR 2, qui prendront la relève de notre parc vieillissant, sont prévus
pour 2038. Il s’agit encore et toujours de ce précieux équilibre entre énergies
renouvelables et nucléaire qui assurera la réussite de la France, naturellement
intégrée à l’Europe, sans toutefois que ces interconnexions ou la loi du marché
limitent nos objectifs de régulation.
Le monde est en crise : ses deux plus grandes puissances se livrent une
guerre commerciale dont nous serons les premières victimes si nous ne parvenons
pas à sortir au plus vite de la dépendance, particulièrement énergétique. Je ne
cesserai de le répéter, cela requiert de l’unité et de la cohérence. La
cohérence réclame que la fiscalité de notre énergie décarbonée soit plus
avantageuse que celle des énergies fossiles importées ; l’unité exige que,
lorsque l’avenir de la nation est en cause, nous dépassions nos petites
querelles politiques. De quoi avons-nous l’air aux yeux des Français, qui
attendent que nous agissions ? Aux yeux des filières industrielles, qui
nous demandent d’en finir avec les annonces stop and go ?
L’histoire nous jugera sur notre politique en la matière : la France doit
rester une grande nation de l’énergie, de toutes les énergies, et de même que
l’Europe, face à l’emballement de ce nouveau monde, montrer la voie de la
sagesse, de l’avenir – s’agissant
de l’énergie comme du reste.
Brigitte Klinkert (députée)
> [Intervention à l’Assemblée / Souveraineté énergétique de la France] Nous,
Français, avons eu la chance d’hériter d’un modèle énergétique robuste, qui
garantit notre indépendance et la souveraineté de notre production électrique.
Ce modèle repose en grande partie sur le nucléaire, un atout majeur, une source
d’énergie pilotable, décarbonée, dont la conception et la production sont les
produits d’un savoir-faire industriel national.
On peut résumer ainsi le mix énergétique des années 1970 : d’une part,
assurer la production électrique par le nucléaire afin de faire face à une
consommation grandissante ; d’autre part, acheter des énergies fossiles à
bas coût pour alimenter nos usines et nos transports en particulier.
Clairement, ce modèle est dépassé. Il l’est depuis les chocs pétroliers car
l’énergie fossile à bas coût n’existe plus. Il l’est plus encore car les
énergies fossiles, produites par d’autres, constituent un danger pour notre
souveraineté et la sécurité de nos approvisionnements. Il l’est enfin, car la
consommation d’énergies fossiles conduit à rejeter massivement du carbone dans
l’atmosphère.
Face à la nécessité de faire évoluer ce modèle, certains ont voulu en supprimer
les deux axes : les énergies fossiles pour des raisons évidentes, mais
aussi le nucléaire, pour des motifs plus idéologiques. C’est ainsi que notre
modèle nucléaire français a été attaqué et toute la filière industrielle
délaissée pendant plusieurs décennies, jusqu’à la fermeture de la centrale de
Fessenheim. Celle-ci a constitué un choc, un drame pour les ouvriers et pour le
tissu industriel et économique local.
Près de cinq ans après cette fermeture, la communauté de communes qui
bénéficiait de son activité a perdu des recettes, tandis qu’elle est toujours
redevable du fonds national de garantie individuelle des ressources (FNGIR),
comme si la centrale était toujours en fonctionnement. À cet égard, nous devons
enfin trouver une solution car les communes n’ont pas à pâtir de ce choix. Cinq
ans après, l’activité sur le territoire doit encore être relancée même si, fort
heureusement, la demande de permis de construire pour l’installation d’un site
industriel de Liebherr devrait être déposée le 23 juin prochain – une source d’espoir qui viendra renforcer notre
souveraineté industrielle.
Si l’épisode de Fessenheim a été un choc local, il aura au moins eu le mérite
de provoquer un électrochoc national. Nous nous sommes rendu compte que fermer
une centrale sans réfléchir à l’avenir du site et sans solution alternative est
de mauvaise politique, et que ce n’est pas en réduisant notre production
d’électricité nucléaire que nous ferons face aux défis de la décarbonation et
de l’électrification des usages. Soyons sérieux : si nous voulons la
souveraineté industrielle et alimentaire de notre production nationale, nous
avons besoin du nucléaire.
Nous devons adapter et transformer le modèle dont nous avons hérité pour bâtir
un mix énergétique responsable et réaliste, fondé d’une part sur le nucléaire,
d’autre part sur le renouvelable, en considérant que notre priorité doit être
de chasser les énergies fossiles. Si l’on parle de souveraineté énergétique
aujourd’hui, c’est parce que nous avons mis ce sujet sur la table et acté que
le mix énergétique de demain ne se ferait pas sans nucléaire. Nous en avons
tiré les conséquences en relançant cette filière. En effet, une filière
industrielle ne se gère pas à la petite semaine ; il faut lui donner de la
visibilité à long terme : c’est ce que nous avons fait avec, entre autres,
France 2030.
Cette souveraineté énergétique, nous ne la ferons pas seuls : nous devons
bâtir une souveraineté énergétique européenne. Pour cela, nos partenaires
allemands, cher Frédéric Petit, sont en effet indispensables. La nouvelle ère
des relations franco-allemandes qui s’ouvre avec l’arrivée d’un nouveau
chancelier est l’occasion d’une relance politique de notre coopération sur tous
les plans, au service d’une Europe renforcée. En matière énergétique, nous
avons eu des désaccords, mais désormais il faut faire avec l’Allemagne. Le modèle
allemand d’énergie peu chère importée de Russie a été remis en cause : il
faut en tirer les conséquences et bâtir ensemble une nouvelle souveraineté
énergétique européenne, pour relever le défi de la décarbonation et assurer
notre indépendance stratégique.
● MoDem
Marc Fesneau (député,
président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale)
> Notre modèle énergétique est face à 3 urgences : géopolitique,
écologique et financière. Contrairement à ceux qui voudraient entretenir nos
dépendances, nous défendons un mix énergétique exigeant, qui garantisse une
énergie abondante, bon marché, décarbonée et souveraine. C’est notre devoir
envers les générations futures. Je salue le choix du Premier ministre François Bayrou
de placer le Parlement au cœur du débat qui conduira à la future programmation
pluriannuelle de l’énergie, par une mission parlementaire dédiée et l’examen de
la proposition de loi de notre collègue sénateur Daniel Gremillet. Il est
essentiel que la légitimité démocratique éclaire et nourrisse ces grandes
décisions stratégiques qui engagent l’avenir de la nation.
> Les socialistes et les Écologistes auraient pu se présenter sans s’appuyer sur LFI, Les Républicains sans pencher vers l’extrême droite. La proportionnelle est un formidable outil pour exprimer ses convictions indépendamment des autres.
Bruno Fuchs (député)
> Le Canada a élu Mark Carney! Un choix fort, celui d’un allié fidèle de
l’Europe et de l’Ukraine, renforçant le multilatéralisme en ces temps
incertains. Son élection est une victoire pour la coopération internationale et
contre les dérives isolationnistes.
> Le 29 avril 1945, les femmes étaient pour la première fois électrices et éligibles lors des élections municipales. C'était il y a 80 ans seulement. Beaucoup de progrès ont été accomplis depuis, mais il reste à finaliser le chemin vers une parité totale.
> 27 avril : nous honorons la mémoire de ceux qui ont souffert et péri dans les camps nazis. Au moment où les menaces sur la paix et la dignité humaine s’accumulent, la mobilisation est plus que jamais un combat quotidien
Frédéric Petit (député)
> [Intervention à l’Assemblée / Souveraineté énergétique de la France]
Je souscris pleinement aux remarques de nos collègues Bolo et Alfandari,
rappelant que les réseaux et l’électrification des usages sont les oubliés du
débat.
Nous parlons aujourd’hui de stratégie, de programmation et de construction
d’une souveraineté énergétique : c’est dès cette étape que nos
infrastructures doivent être pensées en lien avec nos partenaires européens et
en particulier avec nos amis allemands. Ce n’est pourtant pas ce que nous
faisons. Je le déplore.
Nous perdons notre temps à construire nos stratégies nationales sans
concertation avec nos voisins européens, alors même que notre énergie traverse
les frontières. C’est donc avec une pointe de frustration que je m’exprime
devant vous aujourd’hui. Depuis 2017, je rappelle inlassablement que la mise en
commun d’un réseau électrique de transport est à l’Union européenne du XXIe siècle
ce que la Communauté européenne du charbon et de l’acier (Ceca) fut à l’Union
européenne du XXe siècle.
Des infrastructures communes sont nécessaires, et elles vont bien au-delà de la
simple interconnexion de proximité, qui peut être source de complexification et
de fragilisation comme nous le voyons aujourd’hui. Des infrastructures
véritablement communes et efficaces doivent être planifiées en concertation, et
ce dès la phase du design.
Depuis plus de cinq ans, nous avons créé une Assemblée parlementaire
franco-allemande (Apfa), qui contrôle, alimente et fixe des horizons à nos
gouvernements respectifs. Avec mon collègue allemand Andreas Jung, j’ai présidé
le groupe de travail sur la souveraineté énergétique de l’Assemblée
parlementaire franco-allemande pendant une quinzaine de mois.
Je le reconnais, l’ambiance de nos premières réunions était assez fraîche. Nos
administrations étaient très réticentes et les membres du gouvernement
hésitaient parfois à participer aux travaux, tant les suspicions étaient
fortes, tant les divergences objectives semblaient irréconciliables. Il
semblait même dangereux de risquer l’ouverture et la franchise. Or, avec une
quinzaine de députés français et allemands, nous avons progressé, en nous
appuyant sur les faits et en éloignant les considérations idéologiques.
Inutile de nous donner des leçons sur nos mix énergétiques respectifs : il
s’agit d’une compétence nationale. La manière dont elle est exercée dépend de
l’histoire économique, des structures socioculturelles et des ressources
naturelles, parfois même de la psychologie de chaque société. Mais cela ne doit
pas nous empêcher de travailler sur une base industrielle, un réseau et des
infrastructures en commun. La résolution, relative à la géothermie, que nous
proposerons à la session de juin de l’Apfa – la première
avec le Bundestag nouvellement élu – en est le résultat.
J’ai souhaité citer cette résolution car il y est écrit noir sur blanc ce que nous
disons tous depuis plusieurs années : arrêtons de planifier chacun dans notre coin ! La résolution
de notre groupe de travail imposera dans les faits, dans le concret, dans le
réalisme et l’efficacité, ce travail en commun indispensable sur nos
infrastructures et nos stratégies.
À quoi bon, en effet, développer d’un côté une stratégie française de
l’hydrogène, de l’autre, une stratégie allemande, que nous essaierons un jour
de confronter et de faire rentrer dans les mêmes cases et les mêmes tuyaux, au
prix de longues tractations ? L’enjeu commun, au stade qui nous occupe
aujourd’hui, à savoir celui de la planification, est non seulement évident,
mais beaucoup plus facile ! Quand nous avons construit les corridors
européens autoroutiers, nous n’avons pas édifié des passerelles entre deux
réseaux autoroutiers : nous avons planifié ensemble.
C’est tellement vrai et évident que les gestionnaires de réseaux ne nous ont
pas attendus. Le Réseau européen des gestionnaires de réseaux de transport
d’électricité (ENTSO-E) a dessiné le plan idéal des infrastructures
énergétiques nécessaires à l’Europe. Ce plan existe, il est commenté et
débattu, mais hélas, il attend sur un site web. Mieux encore, les gestionnaires
de réseau ont créé depuis plus de quinze ans Coreso, un groupement d’intérêt
économique (GIE) basé à Bruxelles, qui permet de gérer ensemble, à
24 heures, les risques de black-out. Je participe également sur le terrain
aux prises de contact entre les énergo-intensifs des deux côtés du Rhin :
ce sera une brique importante du secteur franco-allemand de l’énergie.
Monsieur le premier ministre, nous n’appliquons pas non plus les textes :
l’article 2 du traité d’Aix-la-Chapelle sur la coopération et
l’intégration franco-allemandes impose le principe de transposition commune des
directives européennes par les deux États. Cette décision n’est pas
appliquée : inconnue de nombreux acteurs en France et en Allemagne, elle
est méprisée par d’autres – ce serait une lubie de parlementaires –, alors que le traité d’Aix-la-Chapelle a été ratifié en 2019. Respectons nos traités ! Cela
nous éviterait bien des
querelles idiotes à Bruxelles
pour trouver a posteriori des compromis.
Si nous voulons sérieusement avoir une programmation pluriannuelle de l’énergie
et que notre souveraineté énergétique progresse de façon déterminée et
réaliste, engageons-nous dans cette réflexion avec nos partenaires allemands
malgré nos divergences : faisons-le maintenant, à l’étape de la
planification. Le traité d’Aix-la-Chapelle vous y oblige, les faits industriels
nous y contraignent.
Philippe Bolo (député)
> [Intervention à l’Assemblée / Souveraineté énergétique de la France] Depuis
2020, nous connaissons des bouleversements majeurs. L’épidémie de covid-19, la
guerre menée par la Russie en Ukraine et les désordres géopolitiques actuels
sont autant d’événements qui nous rappellent l’impérieuse nécessité de garantir
notre souveraineté, qu’elle soit industrielle, alimentaire ou énergétique.
Le groupe Les Démocrates se félicite donc de la tenue de ce débat sur la
souveraineté énergétique de la France. Nous appelons à ce qu’il soit à la
hauteur du sujet et de ses enjeux. Il devra donc dépasser l’opposition entre
les différents moyens de production à privilégier pour couvrir nos besoins en
électricité et devra être élargi à d’autres sujets essentiels à la construction
de notre souveraineté énergétique : ainsi de celui des réseaux
électriques, sans lesquels l’offre et la demande ne peuvent pas se rencontrer.
Au nom du groupe Les Démocrates, je vais donc intervenir sur cette question
essentielle des réseaux électriques. Ils sont nécessaires pour assurer l’accès
à une électricité abordable et protéger ainsi l’avenir des Françaises et des
Français, de leur économie et de leurs services publics.
La souveraineté énergétique de la France passe nécessairement par des
investissements massifs et stratégiques dans ces réseaux. Pendant des
décennies, nos réseaux électriques, de transport comme de distribution, se sont
articulés autour d’un modèle centralisé. À partir d’un parc de production
concentré, des transformateurs et des lignes irriguaient l’ensemble du
territoire pour nous apporter les électrons, partout et à chaque instant.
L’essor des énergies renouvelables et leur production dispersée modifient ce
schéma et se traduisent par une nouvelle répartition géographique et quantitative
de l’offre. La demande est également concernée par cette réorganisation :
les fortes ambitions en matière de réindustrialisation verte et de mobilité
décarbonée ont conduit à une électrification des usages.
Ces nouvelles logiques imposent de repenser profondément le modèle historique
d’un réseau qui doit désormais évoluer. Il faut tout d’abord adapter son
architecture afin de pouvoir intégrer les nouvelles distributions des
injections. Il faut ensuite renforcer la puissance des infrastructures pour
accompagner le développement des outils de décarbonation. Il est enfin
nécessaire de protéger notre réseau contre les attaques cyber et les actes de
malveillances qui ne sont malheureusement pas que des hypothèses dans une
stratégie de gestion des risques.
Investir dans les réseaux, cependant, c’est aussi assurer leur résilience et,
avec elle, notre souveraineté énergétique face au dérèglement climatique. Le
changement climatique n’est plus une menace abstraite. Il est déjà à l’œuvre,
comme nous pouvons, toutes et tous, le constater : tempêtes plus
violentes, vagues de chaleur prolongées et inondations dévastatrices sont
autant de phénomènes extrêmes qui mettent nos infrastructures à l’épreuve – le cyclone Chido à Mayotte et la tempête Herminia en Bretagne l’ont bien montré.
Nous devons donc renforcer la capacité
des réseaux à absorber les
chocs climatiques. Cela passera par l’enterrement des lignes dans les zones les
plus exposées, par la modernisation des infrastructures devant désormais
résister aux fortes chaleurs ou aux submersions et par la mise en place de
dispositifs de redondance pour éviter les coupures massives comme celles que
l’Espagne, par exemple, connaît aujourd’hui.
La souveraineté énergétique de la France exige que nous puissions maintenir
l’alimentation électrique en toutes circonstances, y compris lors d’épisodes
climatiques qui mettent nos organisations au défi. En n’investissant pas dans
la résilience des réseaux électriques, nous exposerions notre économie, nos
hôpitaux, nos services publics et chacun de nos concitoyens à des risques de
coupures inacceptables.
Ces investissements sont considérables. Ils doivent faire l’objet d’une
planification clairement définie, au service de la souveraineté énergétique.
Les perspectives des montants à investir dans les prochaines décennies donnent
le vertige. RTE aura besoin de 100 milliards d’euros pour moderniser le
réseau de transport et lui permettre de capter les nouveaux points d’injection.
Enedis devra investir 96 milliards dans le réseau de distribution. Les
collectivités territoriales seront également mises à l’épreuve : les
syndicats départementaux d’énergie devront mobiliser 20 milliards pour les
réseaux dans les zones rurales. À ces montants viennent s’ajouter les sommes
nécessaires à l’entretien du parc électronucléaire existant, au financement des
nouveaux EPR, à l’essor des énergies renouvelables et à la relance des
investissements dans l’hydroélectricité, gelés depuis de trop longues années
par le contentieux européen sur la mise en concurrence des concessions. Ma
collègue Marie-Noëlle Battistel et moi-même travaillons actuellement à la levée
de ce dernier blocage, et je vous invite à venir en commission des affaires
européennes, dès jeudi, pour y soutenir notre proposition de résolution visant
à préserver les concessions hydroélectriques françaises d’une mise en
concurrence.
Ces montants cumulés doivent nous conduire à questionner notre capacité à
couvrir simultanément l’ensemble des dépenses, dans un contexte budgétaire
contraint et en respectant l’exigence d’une maîtrise des prix de l’électricité.
Nous devons ainsi être vigilants à plusieurs titres.
Nous devons veiller, tout d’abord, à ce que la transition énergétique ne pèse
pas de manière disproportionnée sur les ménages et sur les entreprises.
Nous devons également veiller à garantir pour chacun l’accès à une électricité
abordable, condition de l’acceptabilité des transitions.
Nous devons, enfin, veiller à la préservation de notre compétitivité économique
sur les scènes européennes et internationales.
La PPE doit fixer le cap des investissements sur le réseau nécessaires à notre
souveraineté énergétique, tout en veillant à une juste répartition des efforts
et à une maîtrise de la dérive haussière des prix de l’électricité.
Ces investissements dans les réseaux doivent également garantir la
pérennisation d’une filière industrielle stratégique pour notre souveraineté
énergétique. Présente sur tous les territoires français, elle compte
1 600 entreprises, représentant près de 100 000 emplois,
qui nous procurent des compétences dans les travaux d’entretien, de modernisation,
d’adaptation et de développement des réseaux. Savoir adosser les
investissements dans les réseaux à cette filière nous garantira la souveraineté
industrielle qui est le prérequis à la souveraineté énergétique.
Cette mobilisation des savoir-faire nationaux exige cependant une visibilité de
long terme : les entreprises ne pourront en effet investir que dans la
perspective d’un retour sur investissement prévisible et certain. Une
planification des investissements sur les réseaux est donc indispensable, et la
PPE doit s’attacher à donner cette visibilité et une stabilité de long terme.
La planification passera d’abord par la sécurisation des chaînes
d’approvisionnement qui nous protégera des risques de rupture et d’augmentation
des prix.
Elle devra aussi passer par l’anticipation des besoins de formation et de
recrutement : plusieurs dizaines de milliers de nouveaux emplois seront
nécessaires. On ne pourra les improviser sans prendre le risque de susciter des
à-coups dans le déroulement des opérations.
Elle passera, enfin, par l’optimisation des coûts des capitaux : on sait
l’incidence de ces derniers sur la formation des prix de l’électricité.
La PPE doit être une boussole de cette visibilité de long terme permettant aux
acteurs économiques de s’engager dans la durée.
Investir dans les réseaux, c’est aussi réaffirmer notre engagement envers les
territoires ruraux qui ne doivent pas être les oubliés de la transition et de
la souveraineté énergétiques. Les AODE – autorités
organisatrices de la distribution d’énergie – exercent un rôle clé, dans tous les territoires, en matière d’accès à l’électricité. Elles assurent en particulier,
pour le compte des communes propriétaires des réseaux, la gestion et la
modernisation de ces derniers dans les zones rurales. Le Cas Face – le compte d’affection spéciale des fonds d’amortissement
des charges d’électrification – est en cela un outil précieux, au soutien des AODE dans leur
responsabilité vis-à-vis des territoires ruraux.
Je saisis l’occasion de cette
prise de parole pour insister sur trois points en lien avec le Cas Face.
Premièrement, il est important
de le pérenniser dans les
prochains cadres budgétaires. Deuxièmement, il est nécessaire d’indexer
l’évolution de son enveloppe sur l’inflation. Troisièmement, nous devons
veiller à sécuriser son financement alors qu’une réforme en cours prévoit
d’asseoir ses ressources sur l’accise sur l’électricité. La PPE ne doit pas
creuser une fracture territoriale mais doit, au contraire, soutenir la cohésion
nationale par l’intégration pleine et entière des exigences d’équité
territoriale.
La France dispose aujourd’hui du meilleur réseau électrique au monde. C’est un
atout, mais également une responsabilité qui nous incombe : nous devons
préserver, adapter et renforcer cet héritage de l’histoire pour affronter les
immenses défis de demain, face auxquels nous ne pouvons pas reculer. La PPE
doit faire du réseau électrique la clé de voûte de la stratégie énergétique
nationale. Un réseau agile, modernisé, résilient et sécurisé est une condition sine
qua non pour réussir la décarbonation de notre mix énergétique, accompagner
la réindustrialisation de notre pays et garantir la souveraineté énergétique de
la France.
Soyons tous au rendez-vous de cette opportunité historique : investir dans
les réseaux, c’est investir dans l’avenir énergétique de la France et des
Français.
● Parti radical
> 80 ans du droit de vote des femmes : un long combat démocratique.
Beaucoup reste encore à faire pour que les femmes prennent toute leur place
dans les plus hautes sphères du pouvoir !
> Acte ignoble commis à la mosquée de la Grande Combe contre un fidèle musulman. Le Parti radical adresse toutes ses pensées à la famille, aux compatriotes musulmans et apporte son soutien aux forces de l'ordre. La haine n'a pas sa place dans notre République racisme.
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (députée, présidente)
> Félicitations à Mark Carney, élu Premier ministre du Canada. Ensemble,
travaillons à rapprocher le Canada et l’Union européenne!
> Les contempteurs de l’Union européenne le raillent, ses ennemis l’ont en horreur, mais notre droit européen n’a qu’un seul objectif : nous protéger. Exemple avec la régulation des Gafam.
Bernard Guetta (député)
> [Opinion: «Ukraine : qu’espérer du retournement de Trump au
Vatican ?]
On ne peut pas exclure que le président américain redonne aux Ukrainiens les
moyens militaires d’imposer un compromis qui ne soit pas une reddition. Mais
ses raisons de vouloir s’entendre avec Poutine sont extrêmement profondes.
Face-à-face avec Zelensky, message énervé envers Poutine : que penser de la
nouvelle séquence Trump sur l’Ukraine ? Première hypothèse : l’Esprit saint. La
majesté des lieux et l’émotion collective qui saisissaient grands de ce monde
et simples chrétiens pourraient avoir fait comprendre à Donald Trump qu’il
n’était pas impossible que son ami Poutine le «balade» et ne
veuille «peut-être pas la paix».
Plus crédible, l’autre hypothèse est que Donald Trump se soit décidé à
faire pression sur le président russe en brandissant la menace de nouvelles
sanctions. Ce ne serait en rien surprenant car Vladimir Poutine ne se hâte pas
d’accepter les propositions de paix américaines alors même qu’elles ont tout
pour le satisfaire. Les Etats-Unis reconnaîtraient non pas que la Crimée est
contrôlée par la Russie mais qu’elle lui appartiendrait. La ligne de front
deviendrait une ligne de démarcation entre deux Ukraine et les portes de
l’Alliance atlantique resteraient fermées à l’Ukraine indépendante.
Tronçonnée, l’Ukraine serait à la merci d’une nouvelle agression russe mais
ce n’est pas encore suffisant pour le maître du Kremlin qui voudrait aussi
qu’elle soit démilitarisée, privée des armes et des hommes nécessaires à sa
défense. Ça fait beaucoup mais peut-on alors espérer que Donald Trump aille
jusqu’à engager une épreuve de force avec Vladimir Poutine en redonnant aux
Ukrainiens les moyens militaires d’imposer un compromis qui ne soit pas une
reddition ?
Chantage au respect de ses valeurs
Cet homme est capable de tels retournements qu’on ne peut nullement
l’exclure mais ses raisons de vouloir s’entendre avec Vladimir Poutine sont
extrêmement profondes.
La première est que les revendications du Kremlin sur l’Ukraine lui
semblent totalement légitimes. Comme Vladimir Poutine, il ne voit dans
l’Ukraine qu’une province de l’Empire russe, perdue à la faveur de
l’écroulement soviétique mais destinée à y revenir. C’est ce que Donald Trump
exprime en martelant que c’est Volodymyr Zelensky qui aurait commencé cette
guerre car il aurait en quelque sorte, veut-il dire, condamné Vladimir Poutine
à la déclencher en voulant pérenniser l’indépendance de son pays.
Dans son esprit, l’Ukraine a tablé sur l’appui militaire des Etats-Unis
pour refuser l’inéluctabilité d’un retour à la suzeraineté russe. L’Ukraine,
pense-t-il, a exercé sur l’Amérique un chantage au respect de ses valeurs
auquel Joe Biden a eu tort de céder. C’est pour cela qu’il se considère bien
bon d’essayer, lui, d’œuvrer à la paix maintenant que le mal est fait et pour
cela qu’il menace de se désintéresser de cette crise s’il ne parvenait pas à
faire plier les Ukrainiens.
Donald Trump paraît ignorer que bien des David ont vaincu, dans
l’histoire, bien des Goliath. Il ne lui vient pas à l’esprit que
l’aspiration à l’indépendance nationale a défait plus d’un empire mais pourquoi
oublie-t-il tout à la fois l’anticolonialisme des Etats-Unis, le droit
international qu’ils avaient promu après guerre et leur alliance avec l’Europe
?
Evidente, la réponse est que ce président veut rompre avec tout ce qui
avait fait l’identité et l’autorité politiques des Etats-Unis sur la scène
internationale mais limite aujourd’hui leur liberté de manœuvre.
Rien d’une foucade
Il tourne le dos à l’anticolonialisme parce qu’il n’y a plus d’empires
français et britannique contre lesquels affirmer l’Amérique mais des frontières
à élargir, au nord et dans l’Arctique. Il répudie le droit international car il
souhaite pouvoir conquérir le Groenland et le Canada par l’ingérence, les
pressions ou la force exactement comme Vladimir Poutine l’a progressivement
fait en Ukraine en invoquant lui aussi «l’intérêt national». Quant
à l’Europe, il l’aime tant qu’il préfère qu’il y en ait 27. Il veut une Europe
éclatée, incapable de se défendre, pas plus économiquement que politiquement ou
militairement car il ne veut que des vassaux sur ce continent qu’il est tout
prêt à se partager avec la Russie.
La politique ukrainienne de Donald Trump n’a ainsi rien d’une foucade. Elle
traduit au contraire l’ampleur du basculement qu’il souhaite faire opérer aux
Etats-Unis pour en faire le plus puissant des trois empires – russe, chinois et
américain – qui se partageraient ce siècle. L’ennui pour lui, et on le voit à
la manière dont Vladimir Poutine le «balade» en Ukraine, est
que Russes et Chinois se verraient bien ensemble à la première place, devant
les Etats-Unis.
> Netanyahou fait la sourde oreille sur les aides humanitaires à Gaza car il est soutenu par Trump. Tout cela ne mène à rien : ni à la paix, ni à la libération des otages, ni à l’effacement du Hamas. C’est une politique criminelle et totalement imbécile.
> Pour Trump, les Ukrainiens auraient dû accepter que Poutine ait tout pouvoir sur eux. Trump est vindicatif, car il veut lui aussi annexer le Canada. Pour lui, il doit y avoir trois grandes puissances : la Russie, la Chine et les États-Unis. C’est terrible.
> Il faut voir les choses en face : Trump admire Poutine, car l’un et l’autre détestent la démocratie et les contre-pouvoirs. Comme l’a dit Macron, il y a une internationale réactionnaire.