2005-2025: 20 ANS D'INFORMATION SUR LE CENTRE ET LE CENTRISME

dimanche 13 avril 2025

La Quotidienne centriste du 13 avril 2025. L’Algérie est l’Algérie, la France est la France


Loin de faire oublier l’histoire entre la France et l’Algérie.

De la colonisation à l’Algérie française découpée en départements jusqu’à la guerre d’indépendance, la France et l’Algérie ont partagé pendant une période un destin, sinon commun, en tout cas entremêlé et dramatique.

Et l’Histoire est faite de ces périodes entre des pays désormais indépendants qui se construisent chacun de leur côté.

Ainsi, aujourd’hui, la France est la France et l’Algérie est l’Algérie.

Dans ce cadre, d’ailleurs, la France est une démocratie et l’Algérie ne l’est pas, naviguant depuis son indépendance entre une autocratie et une dictature.

Mais, en tant que pays indépendants, aucun diktat au nom d’un quelconque passé qui devrait être définitivement soldé – l’indépendance date depuis plus de soixante ans! – ne permet à l’Algérie d’agir comme si la France était encore la puissance coloniale ou à la France de considérer l’Algérie comme un pré-carré.

En l’espèce, actuellement, c’est le pouvoir quasi-dictatorial algérien qui instrumentalise la relation avec la France tout autant pour des motifs de politique étrangère que de politique intérieure.

C’est d’autant plus dommage que Français et Algériens, au nom d’une relation qui ne fut pas uniquement que de domination, auraient pu tisser des liens que, par exemple, nous avons réussi à construire avec les Allemands après trois guerres en moins de cent ans qui mirent les deux pays à genoux.

Si le passé ne doit pas être oublié pour ne pas reproduire les mêmes erreurs, il est le passé et le présent doit, à un moment donné, s’en affranchir pour porter une espérance et un futur gagnant-gagnant.

Encore faut-il que les arrière-pensées politiciennes ne viennent pas tout parasiter.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour] 

 

 


Propos centristes. France – Protection de l’enfance / Lutte contre les jouets dangereux / Etat d’urgence budgétaire / Combattre le criminel Poutine / Défendre Israéliens et Palestiniens / Bilan diplomatique des 100 jours du gouvernement / Soutien à Haïti / Protéger le débat public dans le numérique…


Voici une sélection, ce 13 avril 2025, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France. 

► Emmanuel Macron (Président de la République)
> Deux missiles russes ont frappé ce matin le cœur de la ville de Soumy en Ukraine, en faisant de très nombreuses victimes civiles, dont à nouveau des enfants. Cette guerre, chacun sait que c'est la Russie, seule, qui l'a voulue. Aujourd'hui, il est clair que c'est la Russie qui, seule, choisit de la poursuivre. Au mépris des vies humaines, du droit international et des offres diplomatiques du Président Trump. Il faut des mesures fortes pour imposer un cessez-le-feu à la Russie. La France y travaille sans relâche, avec ses partenaires. Aux victimes, aux blessés, à toute l’Ukraine qui résiste : notre solidarité, notre respect, notre engagement.

> Bonne nouvelle. Dans un monde en crise, deux décisions majeures viennent raviver une certitude : quand les États s’unissent, on progresse. Face aux grands défis, la volonté d’agir ensemble est bien là. C’est une raison d’espérer et de continuer. D’abord, une avancée inédite : l’Organisation maritime internationale vote pour le premier système mondial de tarification du carbone. C’est une révolution pour un secteur qui émet plus que certains continents. Un pas décisif pour rendre l’économie plus juste et la planète plus vivable. Cet engagement, c’est celui du nouveau pacte financier mondial que la France porte avec détermination. Un objectif : réconcilier lutte contre la pauvreté et combat pour le climat ; ne plus choisir entre l’humain et la planète. Autre décision cruciale : avec l’accord de principe pour un traité pandémie, la communauté internationale va se doter d’un nouveau système pour mieux nous protéger. Plus rapide, plus efficace, plus solidaire et plus résilient. L’action collective progresse. Vous pouvez compter sur mon engagement, celui de la France.

> Je lis ici tout et n’importe quoi sur nos intentions pour Gaza. Voici la position de la France, elle est claire : Oui à la paix. Oui à la sécurité d’Israël. Oui à un État palestinien sans le Hamas. Cela exige la libération de tous les otages, un cessez-le-feu durable, la reprise immédiate de l’aide humanitaire et la recherche d’une solution politique à deux États. La seule voie possible est politique. Je défends le droit légitime des Palestiniens à un État et à la paix, comme celui des Israéliens à vivre en paix et sécurité, l'un et l'autre reconnus par leurs voisins. La conférence pour les deux États en juin prochain doit être un tournant. Je fais mon maximum avec nos partenaires pour atteindre cet objectif de paix. Nous en avons tant besoin. Pour réussir, nous ne devons relâcher aucun effort. Ne cédons à aucun raccourci, à aucune provocation. Ne laissons pas prospérer les fausses informations et manipulations. Par-dessus tout, restons unis.

> Ma France, c’est Joséphine [Baker]. Artiste aux mille talents, militante infatigable des droits civiques, résistante engagée pour la liberté et l'universel. Française née Américaine. Cinquante ans après sa disparition, elle demeure l'incarnation de l’esprit français.

> Il y a cinquante ans, la guerre civile libanaise commençait. En ce triste anniversaire, je rends hommage à toutes les victimes - morts, disparus, exilés - de cet effroyable conflit. Le Liban peut aujourd’hui sortir des « guerres des autres », construire la paix et une concorde durables, garanties par un État fort et souverain. La France se tient aux côtés du Liban et des Libanais pour avancer en ce sens.

 

► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité d’un Président de la République et d’un Premier ministre centristes/centraux ; néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un côté les ministres centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un gouvernement de coalition du fait que le Président de la République et le Premier ministre ne disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]

Ministres centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> [Affaire Bétharram] Soyons absolument clairs, pas une seule fois de ma vie, de toute ma vie politique, je ne suis intervenu dans une affaire judiciaire. Je ne sais pas si le gendarme et le juge mentent, mais ils peuvent se tromper comme les autres. Et si quelqu'un peut venir me voir en disant «vous êtes intervenu, j'y étais», à ce moment-là, qu'il vienne. Mais ce n'est pas ce que le gendarme et le juge disent. Ils disent «quelqu'un m'a dit que quelqu'un lui a dit que», ça n'a rien à voir. J'apporterai toutes les preuves qu'il faut. D'abord, ce serait strictement interdit par la loi. Vous n'imaginez pas qu'un procureur général peut accepter une intervention d'un homme politique. Ceci est le contraire de la vérité.

 

Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> Vladimir Poutine fait pleuvoir le feu meurtrier sur la population de Soumy rassemblée pour célébrer le dimanche des Rameaux. Cessez-le-feu ! L'Ukraine y est prête. La Russie doit y être contrainte.

> [100 jours de diplomation du gouvernement / Audition devant la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale]
(…) Le premier point, sans surprise, a trait au réveil stratégique de l'Europe et à la sécurité de l'Ukraine. Nous sommes entrés il y a un peu plus d'un mois dans la quatrième année de la guerre d'agression russe en Ukraine, qui a été un électrochoc pour les nations européennes. Ces dernières semaines, comme vous avez pu le constater, nous avons considérablement progressé vers ce qui pourrait être la résolution de cette crise et, plus largement, une architecture de sécurité européenne à même de dissuader définitivement la menace.
La proposition franco-britannique d'un cessez-le-feu d'un mois dans les airs, en mer et sur les infrastructures énergétiques a été reprise à son compte par le président ukrainien lors de ses échanges avec les Etats-Unis, qui ont quant à eux insisté pour un cessez-le-feu immédiat, intégral et inconditionnel de trente jours. Les Ukrainiens, pour lesquels il s'agit d'un compromis significatif, ont accepté. C'était il y a trois semaines.
Les Russes ont repoussé cette proposition, après avoir laissé croire qu'ils s'y conformeraient. Le constat est désormais clair : la Russie se livre à des manœuvres dilatoires, elle veut gagner du temps. Elle n'abandonne pas ses ambitions territoriales, procède à de nouvelles frappes sur les infrastructures énergétiques, poursuit ses crimes de guerre et vient même de lancer la plus vaste campagne de conscription depuis quatorze ans - 160.000 jeunes attendus pour partir au front. À ce stade, il me semble que la Russie doit aux Etats-Unis, qui s'efforcent de mener la médiation, une réponse claire : c'est oui ou c'est non.
Le deuxième point du bilan est l'accompagnement du Liban sur le chemin de la reconstruction. Tandis que le Liban était au bord de l'abîme, nous avons réussi à négocier avec nos partenaires américains un cessez-le-feu qui a restauré la sécurité et la stabilité du pays. Il tient, en dépit des tensions, y compris les plus récentes. Les troupes israéliennes se sont retirées de 99% des territoires qu'elles occupaient.

Nous avons aidé à mettre un terme à deux ans et demi de vacance à la tête de l'Etat. Le président Joseph Aoun a été élu au mois de janvier ; il a été reçu à Paris par le Président de la République le vendredi 28 mars. Le premier ministre, Nawaf Salam, est au travail pour donner corps à ce nouvel espoir pour ce pays si cher à la France.
Nous continuerons d'accompagner son redressement économique et la restauration d'un Etat souverain en organisant une conférence internationale dédiée à la reconstruction du Liban cet automne à Paris. D'ici là, nous engageons Israël à entrer dans une discussion avec le Liban en vue d'un retrait définitif des cinq points qu'il continue d'occuper et d'un règlement des contentieux frontaliers.
Le troisième point du bilan est notre engagement lucide et conditionnel en Syrie après la chute du régime criminel de Bachar al-Assad. Nous avons fait le choix d'un engagement exigeant auprès des nouvelles autorités syriennes, dont nous connaissons le passé, avec deux objectifs : favoriser une transition politique pacifique et inclusive conforme au pluralisme syrien, garantissant le respect des droits des femmes et de toutes les communautés ; et nous assurer que nos intérêts de sécurité, notamment la lutte contre le terrorisme islamiste, la destruction des armes chimiques et la fin du trafic de drogue sont pris en compte.
C'est ce qui explique ma visite à Damas le 3 janvier et l'organisation à Paris, le 13 février, d'une conférence internationale sur la Syrie. Plus récemment, nous avons favorisé la signature d'un accord, le 10 mars, entre les autorités de Damas et nos partenaires kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS), fer de lance de la lutte contre Daech ces dernières années, en vue de garantir la prise en compte de leurs droits et de leurs intérêts dans la transition syrienne et de nous permettre de poursuivre le combat contre le terrorisme. Nous avons également obtenu que l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) puisse se déployer en Syrie pour détruire le stock d'armes chimiques illégal du régime.
Notre engagement est lucide, exigeant, conditionnel et réversible. Nous avons condamné avec force les massacres de civils alaouites et fait savoir aux autorités de Damas que, à défaut de lutte contre l'impunité, nous ne saurions procéder à une levée de sanctions.
Le quatrième point du bilan est le renouvellement de nos partenariats en Afrique. Fin novembre, le président du Nigéria a été accueilli à Paris afin de renforcer nos liens avec la première puissance démographique du continent. Il s'agissait de la première visite d'Etat en France d'un chef d'Etat africain depuis 2017. À la mi-janvier, nous avons accueilli en visite d'Etat le président de l'Angola, qui a pris la présidence de l'Union africaine (UA) un mois plus tard.
J'ai effectué pour ma part plusieurs déplacements en Afrique subsaharienne : à la frontière soudanaise, pour témoigner de notre mobilisation sans faille face à la première crise humanitaire au monde ; à Addis-Abeba, siège de l'UA, pour relancer, cinq ans après la dernière édition, notre dialogue stratégique avec ce nouveau membre du G20 - puisque l'UA a été admise comme membre à part entière ; à Thiaroye, au Sénégal, pour poser des mots justes sur notre histoire commune ; à Johannesburg, pour porter la voix de la France au G20, présidé cette année par l'Afrique du Sud ; et à Kinshasa et Kigali, pour appeler les chefs d'Etat congolais et rwandais à privilégier la diplomatie plutôt que la voie des armes.
Cinquième point du bilan : des avancées dans les négociations commerciales en Chine. Mon déplacement en fin de semaine dernière a été une première étape dans le règlement de notre différend sur le cognac et l'armagnac. Avant ma visite à Pékin, la filière était sous la menace d'une application imminente de droits de douane définitifs allant de 34% à 39% sur les cognacs et les armagnacs et d'une fermeture définitive de l'accès aux magasins hors taxes.
Le dialogue exigeant que nous avons mené a permis de maintenir cet accès pour les marchandises déjà arrivées en Chine et de repousser de trois mois une éventuelle application des droits de douane définitifs. Ce sursis significatif nous permet de poursuivre ce dialogue exigeant avec la Chine pour mettre ce différend derrière nous. Prochaine étape : le dialogue de haut niveau entre le ministre de l'Economie et des Finances et son homologue chinois le 15 mai prochain.
Le sixième point du bilan est la réussite du Sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle (IA), qui s'est tenu à Paris au mois de janvier avec plus de cent pays. Coprésidé par la France et l'Inde, dont le premier ministre a effectué une visite officielle en France à cette occasion, il s'est conclu par une déclaration abordant pour la première fois les enjeux de l'IA dans leur globalité - environnementaux, sociaux et démocratiques. Par ailleurs, nous avons réussi à obtenir l'annonce d'investissements privés en France, à hauteur de 109 milliards d'euros, au bénéfice de nos entreprises et de nos concitoyens, qui seront complétés par un investissement de 50 milliards d'euros de la Commission européenne, ce qui témoigne de l'attractivité de la France pour cette technologie d'avenir.
Le septième point du bilan est la libération de plusieurs otages français. De l'Iran, nous avons obtenu le 17 mars, après des mois de mobilisation et quatre entretiens avec mon homologue, la libération d'Olivier Grondeau. Ce fut un moment particulièrement émouvant, auquel la représentation nationale a été associée lors d'un hommage rendu le 25 mars à lui-même et à deux autres de nos compatriotes, Jacques Paris et Cécile Kohler, qui restent détenus, depuis plus de 1 000 jours.
Pour les libérer, nous accentuerons la pression sur le régime iranien. D'abord, nous adopterons dans les jours à venir, sans doute lors du Conseil européen des affaires étrangères du 14 avril, des sanctions européennes additionnelles contre les responsables iraniens de la politique d'otages d'Etat. Ensuite, compte tenu des violations inacceptables du droit de nos deux compatriotes à la protection consulaire, qui ne sont hélas que l'un des aspects de la dureté de leurs conditions de détention, nous porterons plainte contre l'Iran devant la Cour internationale de justice pour violation du droit à la protection consulaire.
Rien de tout ce que nous avons accompli en cent jours n'aurait été possible sans le savoir-faire exceptionnel des diplomates français - ambassadrices et ambassadeurs, directrices et directeurs - dont l'engagement, le professionnalisme et le dévouement font honneur à la France. J'entends parfois des voix s'élever pour critiquer leur prétendue mollesse ou faiblesse. Ces critiques sont inacceptables et intolérables. Je compte sur vous, mesdames et messieurs les membres de la commission des affaires étrangères, pour les faire taire.
Mieux que quiconque, vous savez que la voix de la France est l'une des plus exigeantes au monde, et que la diplomatie française n'hésite jamais à faire usage de fermeté ni à appliquer des sanctions si elle estime qu'elles servent les intérêts de nos compatriotes. Simplement, la fermeté n'est que l'une des modulations de la voix de la France, et fort heureusement. Ce qui fait la force de notre diplomatie, c'est précisément qu'elle dispose d'un arsenal plus étendu que les autres, allant du dialogue aux sanctions, et qu'elle l'utilise à bon escient, instruite par des décennies et même des siècles de succès diplomatiques français.
C'est cette force que je mobiliserai dans les cent prochains jours pour défendre et promouvoir les intérêts français.
Notre premier chantier est la recherche d'une solution politique durable à Gaza. Nous oeuvrons en faveur d'un cessez-le-feu permanent permettant la libération de tous les otages et l'acheminement massif de l'aide humanitaire, bloquée depuis plusieurs semaines, aux populations civiles, qui se trouvent dans une situation dramatique. Nous sommes convaincus qu'il n'y a aucune solution militaire au conflit israélo-palestinien. L'annexion, le déplacement forcé de populations et la colonisation, en particulier, sont une impasse et une menace pour la sécurité d'Israël lui-même.
Nous continuerons d'œuvrer pour retrouver le chemin d'une solution politique durable. À Gaza, nous soutiendrons le plan arabe, qui propose un cadre de reconstruction et des garanties de sécurité crédibles. Il vise à installer une nouvelle gouvernance palestinienne, à laquelle le Hamas ne doit en aucun cas prendre part. Hors de Gaza, nous continuerons de travailler avec nos partenaires saoudiens, en coprésidant dès l'été, au siège des Nations unies à New York, une conférence internationale visant à restaurer l'horizon d'une solution à deux Etats, la seule qui garantisse durablement paix et sécurité aux Israéliens et aux Palestiniens.
Notre deuxième chantier est la résolution de la crise au Soudan, première crise humanitaire au monde par son ampleur - 26 millions d'enfants, de femmes et d'hommes en situation de détresse humanitaire absolue. Le 15 avril marquera le deuxième anniversaire de ce conflit.
En 2024, nous avions accueilli une grande conférence internationale de soutien au Soudan et aux pays voisins, qui avait permis de recueillir plus de 2 milliards d'euros d'engagements humanitaires. Le 15 avril, je me rendrai à Londres pour la seconde édition de cette conférence, coorganisée avec le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Union européenne et l'UA. Nous passerons en revue les engagements pris l'an passé et appellerons les parties prenantes à assumer leurs responsabilités, de sorte que le conflit ne connaisse pas de troisième anniversaire.
Notre troisième chantier est le soutien diplomatique et humanitaire dans la région des Grands Lacs. Nous sommes mobilisés pour trouver une solution diplomatique à la crise qui déchire l'Est de la RDC, où sont déployées des troupes rwandaises soutenant le groupe rebelle M23, en violation de la souveraineté congolaise.
Nous poursuivons cet objectif à plusieurs échelons : dans le cadre bilatéral, le Président de la République est en lien étroit avec ses deux homologues et avec les dirigeants de la région ; à l'échelon de l'Union européenne, laquelle a récemment adopté de nouvelles mesures individuelles contre des responsables militaires du Rwanda et du groupe rebelle M23 ; et à l'ONU, où nous avons tenu la plume et fait adopter par le Conseil de sécurité, fin février, une résolution historique condamnant à l'unanimité la présence de troupes rwandaises à l'Est de la RDC.
Par ailleurs, nous sommes en contact avec les médiateurs africains, qui sont en première ligne pour obtenir une sortie de crise par le haut, soit, concrètement, un cessez-le-feu durable et mutuellement agréé ainsi qu'une reprise des négociations. Il y a urgence. La stabilité de toute la région est en jeu, alors que le conflit a déjà engendré le déplacement de près de 1 million de personnes depuis le début de l'année, et plusieurs milliers de morts. C'est la deuxième crise humanitaire la plus grave au monde. J'ai donc décidé, nonobstant les contraintes budgétaires, d'augmenter de 5,5 millions d'euros l'enveloppe de notre soutien humanitaire.
Notre quatrième chantier est la recherche d'un accord contraignant sur le nucléaire iranien. En dépit des revers qu'il a subis au cours des derniers mois - lourde défaite du Hezbollah au Liban, chute du régime de Bachar al-Assad, attaque aérienne d'Israël contre son territoire, situation économique calamiteuse - l'Iran poursuit un agenda de déstabilisation, avec la fuite en avant de son programme nucléaire, qui atteint des niveaux sans précédent, la poursuite du soutien à des groupes régionaux déstabilisateurs tels que les Houthis, le soutien à la guerre russe en Ukraine, par la livraison de drones et de missiles, et une politique d'otages d'Etat.
Dix ans après la conclusion du plan d'action global commun (PAGC), notre conviction reste intacte : l'Iran ne doit jamais se doter de l'arme nucléaire. Notre priorité est de parvenir à un accord contraignant de façon durable et vérifiable son programme nucléaire. La fenêtre d'opportunité est étroite : nous n'avons que quelques mois avant l'expiration du PAGC, obtenu notamment grâce aux négociateurs français, auxquels je rends hommage. En cas d'échec, une confrontation militaire deviendrait quasi inévitable. Son coût serait très élevé, dans la mesure où elle déstabiliserait très durement la région. Nous faisons tout, depuis dix ans, pour l'éviter.
Notre cinquième chantier est l'ouverture d'un espace diplomatique avec l'Algérie. Les tensions qui nous opposent à elle, que nous n'avons pas provoquées, ne servent ni ses intérêts ni les nôtres. Nous devons les résorber avec exigence et franchise, sans faiblesse. Tel est l'état d'esprit qui a présidé à la convocation, par le premier ministre, d'un comité interministériel de contrôle de l'immigration prévoyant le réexamen des accords conclus entre les deux pays.
La conversation téléphonique entre le Président de la République et son homologue algérien a rouvert un espace diplomatique permettant de résoudre la crise. Nous comptons nous en saisir pour obtenir des résultats, dans l'intérêt des Françaises et des Français, en matière de coopération migratoire, judiciaire, sécuritaire, économique et mémorielle. Des principes ont été arrêtés par les deux chefs d'Etat. Ils doivent à présent trouver une déclinaison opérationnelle. Je me rendrai ce dimanche à Alger à cet effet. D'autres visites ministérielles, et parlementaires à n'en pas douter, suivront.
Sixième chantier : les Balkans occidentaux. Il y a trente ans exactement, la région était en proie à une guerre de très haute intensité, en plein coeur du continent européen, à moins de 2.000 kilomètres du territoire national. En Serbie, les autorités font face à une contestation populaire sans précédent. Les négociations menées depuis plusieurs mois entre le président Vucic et les manifestants ont permis d'annoncer la formation d'un nouveau gouvernement dans les prochaines semaines, ce qui est un premier jalon vers un apaisement de la situation. Samedi dernier, lors d'un échange, le Président de la République a eu l'occasion de l'encourager à avancer sur cette voie.
En Bosnie-Herzégovine, depuis l'émission d'un mandat d'arrêt à son encontre, le président de la Republika Srpska, Milorad Dodik, multiplie les initiatives sécessionnistes, que nous avons condamnées systématiquement. Nous avons donné notre accord à un renforcement de la force européenne Althea, qui est sous commandement français, à hauteur de 600 personnels supplémentaires, afin qu'elle soit en mesure de pacifier la situation si elle venait à s'envenimer. Benjamin Haddad sera demain à Sarajevo pour s'entretenir avec les autorités et avec l'opposition.
Nous avons en ligne de mire le sommet de la Communauté politique européenne qui se tiendra le 16 mai prochain à Tirana, offrant l'occasion au Président de la République de s'entretenir avec les autorités des pays de la région - ceux qui sont plongés dans la crise comme ceux qui, au contraire, avancent bien sur leur trajectoire vers l'Union européenne, notamment l'Albanie et le Monténégro.
Notre septième chantier est dans le Caucase, avec notamment notre soutien à l'Arménie. Nous avons salué l'aboutissement des négociations sur le traité de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Plus rien ne s'oppose désormais à sa signature, dont je forme le voeu qu'elle ait lieu dans les meilleurs délais. La France continuera à soutenir indéfectiblement la résilience et la souveraineté de l'Arménie. La détermination du gouvernement de Nikol Pachinian à maintenir le cap de l'indépendance, de la démocratie et de la paix est remarquable, d'autant que la Russie ne cache pas son hostilité.
Dans ce contexte, nous suivons avec attention le procès des Arméniens du Haut-Karabakh, qui a débuté le 17 janvier au tribunal militaire de Bakou. Nous sommes très vigilants quant aux inquiétudes exprimées par les organisations de défense des droits de l'homme concernant l'équité des procès et le traitement des accusés. Nous appelons à la libération de tous les prisonniers détenus de manière arbitraire en Azerbaïdjan et formons le voeu que le processus de normalisation entre les deux pays permette de régler la question des prisonniers et des détenus.
Notre huitième chantier est l'organisation de la troisième Conférence des Nations unies sur l'océan (UNOC) à Nice en juin. Temps fort de notre calendrier international, elle a vocation, dix ans après la conclusion de l'accord de Paris sur le climat, à en être l'équivalent pour les océans. Nous visons plusieurs aboutissements - l'un d'eux est débattu en ce moment même dans l'hémicycle -, dont l'entrée en vigueur du Traité international pour la protection de la haute mer et de la biodiversité marine, ce qui suppose qu'il soit ratifié par soixante Etats signataires. Nous en sommes à une vingtaine. Nous nous mobilisons activement à tous les échelons, dont celui de votre commission en la personne d'Eléonore Caroit, que je remercie. Nous ouvrirons à Nice un bureau de ratification pendant l'UNOC, pour favoriser le dépôt, par les pays retardataires, de leur instrument de ratification.
Permettez-moi de dire un mot des deux principaux chantiers de transformation du ministère.
Le premier concerne le réarmement face à la guerre informationnelle. La France est le pays de l'Union européenne le plus ciblé en 2024 par les ingérences étrangères, avec 152 des 505 cas détectés en Europe entre novembre 2023 et novembre 2024. Cette année 2024 a apporté de nombreuses preuves que des opérations d'influence, en particulier russes, étaient menées à l'encontre de nos populations civiles. La France a des atouts pour y faire échec, mais doit investir davantage pour informer les Français. Plus généralement, elle doit non seulement se muscler pour se défendre, mais se réinventer pour faire entendre sa voix, dans une époque où l'espace informationnel s'est fragmenté.
Le deuxième chantier de transformation consiste à tourner davantage le ministère de l'Europe et des affaires étrangères vers les Français, à créer avec ce ministère régalien, qui est sans doute l'un des moins connus de nos compatriotes, un lien diplo-nation comme il existe un lien armée-nation. Jamais sans doute ce qui se passe au-delà de nos frontières n'aura eu autant d'impact sur la vie quotidienne de nos compatriotes, et vous comme moi avons perçu lors de l'examen budgétaire une compréhension insuffisante de l'action que nous menons, diplomatie parlementaire et ministérielle, au service de nos compatriotes.
Ce chantier de transformation est très profond et touche à toutes les dimensions de notre action. Il s'agit de mieux mesurer et valoriser la réponse qu'apporte le ministère aux préoccupations des Français, par exemple en matière d'emploi, de transition écologique, de santé ou d'immigration. Il s'agit d'activer les liens avec les Français en soutenant la diplomatie économique et la coopération décentralisée - les collectivités territoriales sont le premier partenaire du ministère. Il s'agit d'agir résolument, avec les élus des régions, des départements et des collectivités transfrontalières, pour enfin lever les nombreux irritants auxquels sont confrontés les millions de nos compatriotes qui font l'expérience de la frontière au quotidien. Il s'agit de multiplier les déplacements du ministre sur le territoire national, ce qui n'est pas une habitude mais paraît important dans l'époque que nous traversons, car nos compatriotes se préoccupent de ce qui se passe à l'étranger et ont besoin qu'on leur mette les cartes en main. Il s'agit enfin d'ouvrir grand le Quai d'Orsay et d'y multiplier les visites pour que soient bien compris les métiers de la diplomatie, ce en quoi elle peut changer la vie de nos compatriotes et ce pour quoi elle est si utile au quotidien.

> Concernant l'Iran, permettez-moi de rappeler les termes de l'accord sur le nucléaire iranien : l'Iran s'était engagé à limiter l'enrichissement de son uranium, en contrepartie d'une levée des sanctions dont il faisait l'objet. Dix ans plus tard, cet accord arrivant à expiration, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni sont libres d'appliquer à nouveau les sanctions. Les Etats-Unis, qui avaient quitté l'accord en 2018 et réinstauré des sanctions contre l'Iran dans la foulée, ont d'ores et déjà annoncé un décret visant à appliquer des sanctions supplémentaires. C'est une bonne chose : cela va accentuer la pression sur l'Iran au moment où nous avons besoin qu'il fasse marche arrière dans son programme.
Si la France a consenti tant d'efforts depuis dix ans, ce n'est pas uniquement parce qu'elle est membre permanent du Conseil de sécurité et, à ce titre, gardienne de la non-prolifération : il y va de son intérêt national, car le programme nucléaire de l'Iran permettrait à ce pays de toucher le sol européen.
Jusqu'à présent, les Etats-Unis ont pris des sanctions d'ordre économique. Lors du dernier Conseil des affaires étrangères, j'ai proposé d'infliger des sanctions individuelles aux responsables de la politique d'otages d'Etat ; j'espère que je serai écouté et que ces sanctions seront adoptées le 14 avril prochain. C'est un sujet connexe, mais qui permet de maintenir la pression sur l'Iran dans l'espoir d'obtenir des résultats.

> Les velléités expansionnistes des Etats-Unis, elles sont contraires aux principes de la Charte des Nations unies, dont nous fêtons cette année le quatre-vingtième anniversaire, et nous les dénonçons systématiquement ; nous l'avons encore fait récemment au sujet d'un certain territoire proche du pôle.

> [Israël] La colonisation met en péril la solution à deux Etats. Par-delà le fait qu'elle constitue une violation du droit international, elle menace la continuité du territoire de la Cisjordanie, et donc la possibilité même d'y créer un Etat.

Nous avons pris des sanctions à l'encontre de vingt-huit colons extrémistes et violents, et nous avons été à l'origine de deux paquets de sanctions européennes visant des entités ou des individus responsables de la colonisation. Les ministres des affaires étrangères n'ont pour l'instant pas réussi à se mettre d'accord au sein du Conseil pour adopter un troisième paquet. Dans la période récente, l'Union européenne a eu parfois plus de difficultés à sanctionner des colons extrémistes et violents que les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Canada. Malgré tous nos efforts, il est arrivé que l'on échoue à obtenir l'assentiment de l'ensemble des pays européens - car, en matière de sanctions, c'est la règle de l'unanimité qui prévaut.

> La France est pleinement mobilisée dans le Caucase. Le Président de la République a d'ailleurs été parmi les premiers à saluer la conclusion des négociations de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan et a appelé à une signature rapide de l'accord.
L'Azerbaïdjan exige désormais une révision de la Constitution de la République d'Arménie. Cette nouvelle condition n'est pas acceptable et retarde la signature d'un accord qui constitue une avancée diplomatique majeure.
Dans le même temps, le procès de dirigeants arméniens du Haut-Karabakh se poursuit à Bakou. La France et l'Union européenne - dont une mission vient de se rendre dans la région - suivent avec attention la situation de toutes les personnes détenues arbitrairement et appellent à leur libération dans le cadre du processus de normalisation en cours.
Le Sud du Caucase doit devenir un espace de paix et de prospérité. L'Union européenne peut contribuer à l'ouverture de ses frontières et à son désenclavement, au bénéfice des populations de la région.
C'est pourquoi nous appelons au respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale dans le cadre du traité de paix qui doit désormais être signé entre les deux pays.

> Notre position vis-à-vis des Etats-Unis n'a pas changé : la France est alliée, mais pas alignée. (…) Depuis la présidence du général de Gaulle, jamais sans doute la voix singulière de la France au sein de l'Alliance atlantique n'a été autant écoutée par nos partenaires européens. Nos appels de toujours à faire preuve de plus d'indépendance et d'autonomie stratégique, en matière militaire mais aussi économique et commerciale, prennent aujourd'hui tout leur sens.
Il n'a pas toujours été facile pour le général de Gaulle et ses successeurs de défendre cette vision, en particulier lorsque nos plus proches alliés et amis européens étaient tentés de s'aligner sur les positions des Etats-Unis. Alors que nous sommes à un tournant de notre histoire, ce patient travail de préservation de notre position singulière montre tout son intérêt. (…)
La position d'indépendance de la France n'a jamais varié : elle n'est pas indexée sur la politique des Etats-Unis, ce qui nous a parfois amenés à nous opposer à certaines de leurs décisions. Parce que nous avons été fidèles à cette position, nous avons survécu à cinquante-neuf élections présidentielles américaines et nous survivrons à la soixantième.

 > [Syrie] Depuis la chute du régime criminel de Bachar al-Assad, nous avons toujours dit que nous ne signerions pas de chèque en blanc et que nous jugerions sur les actes. Parmi nos exigences figure au premier rang la défense de nos intérêts de sécurité, qui sont menacés en Syrie par la résurgence de Daech. C'est pourquoi nous exigeons que la transition politique ne fasse aucune place au terrorisme. À cet égard, nous avons déployé beaucoup d'énergie pour qu'un accord puisse être trouvé entre les autorités de transition et les Kurdes du Nord-Est du pays. Ces derniers sont non seulement nos alliés dans la lutte que nous menons depuis dix ans au sein de la coalition internationale contre l'Etat islamique, mais aussi les gardiens des prisons dans lesquelles des dizaines de milliers de combattants terroristes et leurs familles sont détenus, dont des Français.
Parmi nos intérêts de sécurité figure également la destruction des stocks d'armes chimiques. Nous avons intercédé pour que l'OIAC puisse se déplacer en Syrie. Sa première mission, menée au début du mois de mars, a constitué une étape importante.
Quant au processus politique en lui-même, la déclaration constitutionnelle et la formation du gouvernement vont dans la bonne direction. En revanche, nous ne pourrons pas poursuivre notre engagement en faveur de la levée des sanctions tant que la lutte contre l'impunité du régime al-Assad ne sera pas effective, et tant que les responsables des récents massacres perpétrés sur la côte occidentale de la Syrie n'auront pas été traduits en justice.

> Nous souhaitons que les pays des Balkans occidentaux, enclavés au coeur de l'Europe, poursuivent leur marche vers l'adhésion à l'Union européenne. C'est un chemin exigeant, qui suppose non seulement un rattrapage économique et social, mais aussi des réformes profondes tenant à l'Etat de droit, qui touchent à ce que les peuples ont de plus intime. Nous les encourageons dans cette voie, avec un plan de croissance pour les Balkans qui doit faire apparaître les bénéfices de ce chemin avant la concrétisation de l'adhésion.

> Avec la Chine, avant toute chose, nous devons régler le différend qui nous oppose à propos du cognac et de l'armagnac. Pour le reste, nous partageons une certaine responsabilité en matière de lutte contre le dérèglement climatique, puisqu'elle a défendu avec nous l'accord de Paris, il y a dix ans. Notre coopération économique, qui doit être fondée sur la réciprocité et l'équité, se rééquilibre. Nous entretenons également une coopération culturelle, universitaire et scientifique. Le nombre d'étudiants chinois en France a retrouvé les niveaux d'avant la pandémie, mais très peu d'étudiants français partent étudier en Chine.
Enfin, nous avons entamé un travail de coopération en matière de règlement des grandes crises internationales, mais de nombreuses discussions sont encore nécessaires pour faire converger nos vues. Nos deux pays sont membres permanents du Conseil de sécurité et garants du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Or force est de constater que la Chine - en soutenant l'effort de guerre de la Russie contre l'Ukraine, en soutenant l'Iran par l'achat de son pétrole, en soutenant directement ou indirectement la Corée du Nord - se trouve systématiquement du côté des puissances proliférantes, qui veulent se doter d'une arme nucléaire en violation du traité sur la non-prolifération, menaçant non seulement notre sécurité, mais aussi la sécurité globale. C'est sur ce dernier point que nous aurons le plus de chemin à parcourir pour rapprocher nos positions.

> [Intervention au Sénat / Résolution de soutien à Haïti] La France soutient le peuple haïtien, qui traverse l'épreuve de la violence et du chaos, en raison de la guerre des gangs. La France est un État caribéen : nous sommes donc solidaires des défis qui se posent à Haïti. (…)
Haïti est entrée dans une phase de transition politique, avec l'accord du 3 avril 2024 et la mise en place d'un exécutif bicéphale, composé du CPT et du Gouvernement. Ce dernier a deux priorités : libérer la population de l'emprise des gangs et organiser des élections générales.
La France soutient les autorités de transition haïtiennes et leur agenda. En 2024, nous avons versé 750 000 euros à l'organisation internationale de la francophonie pour accompagner le processus électoral.
La situation sécuritaire ne cesse de se dégrader : plus de 5 600 morts et 1 million de déplacés en 2024, et 1 000 morts et 78 000 déplacés depuis le début de 2025. Le 1er avril, 500 détenus se sont échappés de prison...
Les forces de sécurité nationales, fortes de 10 000 hommes, ne parviennent pas à contenir cette violence. Résultat : les Haïtiens sont privés de l'accès aux services de base, ainsi qu'à l'aide humanitaire. La moitié de la population souffre de la faim. La France est pleinement engagée : elle est le dernier État de l'Union européenne, avec l'Espagne, encore présent à Port-au-Prince. Avec 40 millions d'euros de dons, nous sommes le troisième bailleur d'Haïti, derrière les États-Unis et le Canada.

Des liens indéfectibles unissent nos deux pays : histoire, géographie, langue. Nos relations diplomatiques sont étroites. Le 29 janvier dernier, le Président de la République a reçu le président du CPT.
Notre priorité est le rétablissement de la sécurité. Depuis 2023, nous avons mobilisé plus de 11 millions d'euros pour soutenir la Mmas, la police nationale et les forces armées haïtiennes. À ce stade, le secrétaire général des Nations unies a écarté la transformation de la Mmas en opération de maintien de la paix, privilégiant son renforcement sur le modèle somalien. La France est favorable à une plus grande implication des Nations unies.
Nous voulons des sanctions contre les chefs de gangs et ceux qui les financent. La France a voté le régime de sanctions décidé par l'ONU et est à l'origine des sanctions décidées à Bruxelles en juillet 2023 : trois chefs de gangs ont été désignés en décembre 2024, de nouveaux dossiers, préparés par mes équipes, sont en cours d'examen.
Quelque 16,5 millions d'euros d'aides ont été alloués en 2024, avec 8,5 millions d'euros pour l'aide humanitaire, 2 millions pour l'aide aux migrants haïtiens expulsés par la République dominicaine et 1 million d'euros pour notre coopération culturelle et éducative. Plus de 4 000 étudiants haïtiens sont présents en France.
2025 marque le bicentenaire de la reconnaissance de l'indépendance de Haïti par la France. Le Président de la République a indiqué que notre passé commun ne devait pas être oublié et qu'il fallait faire vivre la mémoire de l'esclavage sur l'ensemble du territoire national, comme en Haïti. Le 17 avril, le Président de la République fera des annonces. La date est symbolique : il s'agit de la date anniversaire de l'ordonnance du 17 avril 1825 de Charles X de reconnaissance de l'indépendance de Haïti, en contrepartie d'une indemnité. La France est ouverte à un dialogue apaisé sur les questions mémorielles.
Nous ne pouvons ignorer la décision américaine de geler son aide internationale - c'est 60 % de l'aide humanitaire à Haïti. Et les expulsions d'Haïtiens en situation illégale depuis les États-Unis ont démarré. En dépit des restrictions budgétaires, nous voulons continuer à soutenir Haïti et sa population en 2025. (…)
Haïti vit l'une des pires crises de son histoire. Notre soutien doit être à la hauteur des liens qui unissent nos deux peuples. Cela passe par la préservation de nos moyens diplomatiques, de nos moyens de coopération sécuritaire et de notre aide publique au développement.
Plus que jamais, les Haïtiennes et les Haïtiens ont besoin du soutien de la France. Je resterai pleinement engagé sur le sujet et sais pouvoir compter sur votre mobilisation.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> Les Outre-mer représentent 97% de notre espace maritime. Avec La Réunion, la France joue un rôle crucial dans l’océan Indien. C'est ce rôle que je veux réaffirmer lors des négociations de la Commission Thonière de l’Océan Indien (CTOI) ce dimanche. Et présenter au Commissaire européen à la pêche, récemment nommé, les spécificités du modèle réunionnais : je serai aux côtés de nos pêcheurs pour leur manifester mon soutien.

 

Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations)
> Aucune femme ne meurt d'amour. Mais des féminicides ont lieu. Offrir à chaque femme victime de violence un nouveau départ est déterminant. Une réponse globale, coordonnée.

> La place des femmes dans nos usines est une condition essentielle de la réindustrialisation de notre pays. Et donc de notre souveraineté.

> À Orléans, j’ai tenu à rencontrer le rabbin Arié Engelberg. Lui redire, en mon nom et au nom de l’État, notre solidarité pleine et entière. Le remercier pour son courage et ses mots de rassemblement. Les actes antisémites ne sont pas des faits divers. Ce sont des attaques contre la démocratie. Nous ne cèderons rien.

 

Astrid Panosyan-Bouvet (ministre déléguée auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargée du Travail et de l’Emploi)
> [Intervention au Sénat / Apprentissage] Depuis 2018, nous avons lancé une révolution de l'apprentissage, en adaptant nos dispositifs, en amplifiant le soutien budgétaire et en changeant les mentalités. Nous devons consolider ces acquis, dans un contexte budgétaire contraint.
Après la phase d'expansion, il nous faut améliorer le dispositif.
Premier enjeu : l'adéquation entre l'offre et les besoins en emplois et en compétences. Certaines filières connaissent des tensions de recrutement. Les transitions démographique, écologique, numérique et stratégique nécessitent des compétences clés. Les branches professionnelles et l'État doivent définir des priorités ; la région devra jouer son rôle.
Le second enjeu, c'est la qualité des formations. Les moyens mobilisés sont importants, les attentes des apprentis et de leurs familles aussi. La remise à plat de la certification Qualiopi garantira que les formations répondent aux attentes des entreprises et des jeunes. La plateforme InserJeunes permet de mieux orienter les futurs apprentis vers les bonnes formations et les bons métiers.
Le pilotage par la qualité implique de renforcer le rôle des entreprises et des branches, d'autant que l'écosystème de l'apprentissage s'est élargi : tous les niveaux de qualification sont désormais concernés et de nouveaux CFA sont apparus.
Troisième enjeu : zéro tolérance pour les fraudeurs ! J'ai suivi attentivement vos travaux sur la proposition de loi relative à la lutte contre la fraude aux aides publiques. Le Sénat a renforcé nos moyens pour lutter contre la fraude dans le domaine de la formation professionnelle : nous pourrons désormais suspendre la déclaration d'activité en cas de suspicion de fraude - et donc la capacité à accueillir de nouveaux apprentis ou à percevoir des financements. Les services pourront communiquer, dans un cadre juridique sécurisé, sur les contrôles qu'ils réalisent. Réactivité et coordination sont clé.
Sélectivité, qualité et tolérance zéro pour la fraude, voilà nos mots d'ordre.

 

Nathalie Delattre (ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique, chargée du Tourisme)
> La loi visant à renforcer les outils de régulation des meublés de tourisme permet à chaque territoire d’agir en fonction de ses besoins. Nous faisons confiance aux maires. Une politique touristique pertinente repose sur la différenciation territoriale.

> L’économie touristique se porte bien. Le repli sur soi des Etats-Unis est une opportunité pour la France. L’occasion de valoriser l’hospitalité qui nous caractérise, de vanter les mérites de nos territoires, de notre patrimoine, de notre gastronomie.

> La France bénéficie d'un effet Jeux olympiques qui génère un rebond de la fréquentation internationale. Un héritage que nous ferons perdurer avec les Jeux 2030, nos « Jeux de la montagne », une opportunité unique pour faire rayonner nos massifs français dans le monde.

 

Thani Mohamed Soilihi (ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux)
> En préparation du Forum mondial des Îles, que je présiderai à Nice en juin, j’ai rassemblé ce matin nos Ambassadeurs en poste dans le Pacifique, l'AFD, et plusieurs élus de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française.
Cette réunion a notamment permis d’aborder les enjeux de coopération régionale pour améliorer notre réponse au changement climatique, mieux adapter nos territoires insulaires et préserver l’Océan. Merci aux sénateurs de Polynésie française, Lana Tetuani et Teva Rohfristch, à Georges Naturel Senateur de Nouvelle-Calédonie, à Vaimu'a Muliava, membre du congrès de Nouvelle-Calédonie, pour vos analyses.
Dans ces territoires «en bord de terre», pleinement liés à l’économie bleue, l'océan est un bien précieux qu'il faut préserver plus que jamais dans le cadre de projets de coopération.

 

Autres ministres
Catherine Vautrin (ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles)
> [Intervention au Sénat / Protection de l’enfance] Je souhaite travailler sur plusieurs sujets liés à l'enfance, que j'ai mis en avant pas plus tard que lundi.
Tout d'abord, je souhaite que nous publiions les décrets d'application qui doivent l'être. J'ai d'ailleurs fait publier un décret d'application de la loi du 7 février 2022 relative à la protection des enfants, dite loi Taquet, il y a exactement quinze jours.
Ensuite, je discute avec les départements au sujet du financement de certaines mesures, car, comme vous le savez très bien, dès lors qu'il est question de normes d'encadrement, cela implique un financement supplémentaire. Actuellement, les départements s'engagent de façon importante sur l'aide sociale à l'enfance (ASE) et l'État les accompagne.
Aussi, j'ai établi avec Florence Dabin, vice-présidente de Départements de France et présidente du groupement d'intérêt public Enfance en danger, un plan d'action sur l'aide à l'enfance.
Premièrement, nous travaillons sur le sujet des pouponnières : nous voulons qu'aucun enfant de moins de 3 ans ne soit gardé en accueil collectif dans un délai le plus court possible.
Deuxièmement, nous souhaitons renforcer le vivier des assistants familiaux en leur permettant de travailler quand les enfants qu'ils gardent sont scolarisés.
Troisièmement, nous nous penchons sur la rémunération de ces derniers, qui est un élément important.
Quatrièmement, nous travaillons sur l'orientation professionnelle de chacun des enfants de l'ASE.
Cinquièmement, nous voulons instaurer un bilan de santé lorsqu'un enfant est dirigé vers l'aide sociale à l'enfance.
Sur la question des travailleurs sociaux. J'ai rendez-vous à seize heures trente avec le président du Haut Conseil du travail social (HCTS), Mathieu Klein, et le président de l'Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss), Daniel Goldberg, précisément pour travailler sur l'ensemble de ces sujets.
Enfin, en ce qui concerne le rapport de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), le Premier ministre a arbitré : nous avons prolongé cette commission jusqu'en septembre 2026 pour qu'elle continue de travailler avec l'ensemble de ses membres sous la houlette de la haute-commissaire à l'enfance Sarah El Haïry.

 

Eric Lombard (ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique)
> Nous sommes en état d'urgence budgétaire. Il faudra faire un effort de 40 milliards d’euros dans les dépenses l’année prochaine. (…) Nous ferons les ajustements qu'il faut mais il est hors de question d'augmenter les impôts.

> [Budget] Nous avons décidé (...) de diminuer de 5 milliards d'euros les dépenses.

> Les 2 milliards d'impôts de contribution sur les hauts revenus qui avaient été proposés par le gouvernement de Michel Barnier, nous souhaitons y travailler. Il est question de soit maintenir cette proposition, soit de l'améliorer. Je souhaite que cette contribution soit pérenne pour les personnes ayant des hauts revenus ou des hauts patrimoines ou les deux (...) C'est une question d'équité, nous demandons beaucoup d'effort à tous (...) ce signal de solidarité me semble nécessaire.

> [Guerre commerciale de Trump] Notre priorité est d'aboutir à un abaissement des droits de douane et de négocier.

> Il faut que les produits venant de Chine n'échappent pas à la TVA et à nos règles.

> [Retraites] C'est aux partenaires sociaux de fixer les efforts.

 

Véronique Louwagie (ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargée du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et moyennes entreprises et de l’Economie sociale et solidaire)
> [Intervention au Sénat / Proposition de loi visant à renforcer la stabilité économique et la compétitivité du secteur agroalimentaire] Le Gouvernement se réjouit que la CMP ait dégagé un consensus entre des copies pourtant très différentes.
Ce texte concilie stabilité de la filière agroalimentaire, soutien à la consommation et nécessaire transparence. (…)
Ce texte prolonge donc de trois ans l'expérimentation du SRP+10, dont l'abandon se serait traduit par une guerre des prix immédiate, au préjudice de toute la chaîne agroalimentaire et plus particulièrement de l'amont agricole, plus fragile.
Je connais les doutes du Sénat sur le SRP+10, exprimés avec constance depuis la loi Égalim 1. Mais nous aspirons à une pacification des relations commerciales et à une stabilisation de la chaîne.
J'ai entendu les insatisfactions concernant la traçabilité du dispositif. La sanction pourra atteindre 0,4 % du chiffre d'affaires, si un distributeur ne communique pas les informations chiffrées nécessaires à l'évaluation du SRP+10. Je me suis engagée devant vous à travailler sur une méthodologie pour mieux définir ce qui est attendu des acteurs.
Enfin, la CMP a souhaité que le rapport synthétisant les informations chiffrées puisse être rendu public. Un rapport sera confié à l'IGF sur les marges et la péréquation dans la grande distribution. Je ne doute pas de son utilité en vue des prochains débats.
Le texte initial prévoyait une libération immédiate des promotions sur les produits DPH ; le Sénat proposait, lui, une prolongation de l'expérimentation en vigueur jusqu'en 2028. La CMP a opté pour une augmentation du taux de promotion à 40 %, tout en prolongeant l'expérimentation. Cela concilie l'intérêt des consommateurs et celui des fournisseurs, qui financent ces promotions. Je vous ai entendu, monsieur le rapporteur, sur l'impact de ce taux en 2025, j'y veillerai.
La CMP a maintenu l'extension du SRP+10 aux MDD, ce qui lève les incertitudes juridiques.
Je travaille avec Annie Genevard sur le schéma Égalim. J'ai entendu votre souhait de disposer d'un état des lieux sur la répartition de la valeur. Il s'agit avant tout de renforcer l'amont agricole et de simplifier l'aval commercial. Nous devons impérativement faire plus simple et apaiser le climat des négociations commerciales. Je forme le voeu que nous puissions aborder prochainement ces sujets très attendus, pour oeuvrer à une meilleure répartition de la valeur ajoutée dans l'ensemble de la chaîne agroalimentaire.

 

Clara Chappaz (ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique)
> [Intervention au Sénat / débat public dans l’espace numérique] La sincérité du débat public dans l'espace numérique est l'un des principaux défis de notre époque, le numérique étant devenu pour nombre de nos concitoyens le premier lieu d'information et, hélas, de désinformation. Ce bien commun qu'est notre démocratie est mis à l'épreuve dans les agoras numériques. Nous devons le défendre en Européens, fidèles à nos valeurs.
Le numérique offre de formidables opportunités : avancées scientifiques, émancipation... Mais je ne suis pas ambassadrice du numérique et de l'IA ; je suis ministre. Il est de notre responsabilité collective de regarder en face les défis qui se posent, pour que le numérique soit un outil de progrès et d'émancipation.
Alors que les plateformes influencent nos choix et parfois nos élections et qu'elles font trop souvent la part belle aux contenus trompeurs, la santé de notre démocratie ne doit pas dépendre d'algorithmes favorisant les contenus polarisants et outranciers. Hélas, la recherche de viralité remplace fréquemment celle de la véracité, et l'irruption de l'IA générative accentue ce phénomène.
La France et l'Union européenne n'ont pas attendu pour agir. Nous avons instauré un cadre, qui n'est pas une arme commerciale ou contre la liberté d'expression ; il est conforme à nos valeurs. Je pense à la création de Viginum, dont l'action est largement saluée, et à la loi Sren qui donne à l'Arcom de nouveaux pouvoirs d'injonction. Je pense aussi au développement de l'éducation aux médias et à l'information. À cet égard, j'entends la proposition de Catherine Morin-Desailly : la question des compétences numériques est cruciale.
En Europe aussi, nous nous sommes dotés d'un arsenal ambitieux : je veillerai à le faire respecter. On entend souvent dire que l'Europe régule, tandis que d'autres innovent. Il s'agit simplement de construire des technologies qui respectent nos valeurs : nous ne voulons pas, par exemple, que l'IA serve à déterminer l'orientation sexuelle des individus, ni qu'elle soit un outil de notation sociale.
La protection des plus vulnérables, à commencer par les mineurs, est une priorité : ne nous interdisons pas d'interdire l'accès aux réseaux sociaux avant 15 ans.

 

► Assemblée nationale 
Yaël Braun-Pivet (présidente) 
> La ville de Soumy a été frappée par des missiles russes. 31 personnes ont été tuées, des dizaines blessées. Des civils. Ces attaques nous rappellent l’urgence d’un sursaut collectif. La France reste solidaire du peuple ukrainien et appelle à un cessez-le-feu. Il faut rouvrir le chemin du dialogue et de la paix.

 

► Autres 
Commission européenne
Stéphane Séjourné (Vice-président exécutif à la Prospérité et à la Stratégie industrielle)
> [Tribune: 100 jours pour l’industrie européenne]
En temps normal, 100 jours, c’est peu. En ce moment, cela semble une éternité ! Et pour cause, en 100 jours, le monde a radicalement changé. Les renversements d’alliances les plus inattendus, les nouveaux équilibres de pouvoir, forcent tous les pays du monde à repenser leur manière de faire. Cette histoire avec un grand « H » que nous observons médusés n’efface pas l’autre histoire. Celle qui continue, jour après jour, trop souvent au rythme des annonces de fermetures d’entreprises.
En 100 jours, l’Europe aussi a changé.
Elle est sortie de sa naïveté concernant les pratiques déloyales de ses concurrents, et la nécessité absolue de défendre de son industrie.
Durant ces 100 jours, le cœur de l’activité de l’Union européenne a battu au rythme de son industrie. Avec quelques « premières » que certains ne pensaient pas possibles il y a encore trois mois, quand cette Commission a pris ses fonctions.
On a ouvert les portes de l’industrie propre au nucléaire – il était temps !
On a enfin assumé la notion de « préférence européenne » dans nos marchés, sur nos routes, dans nos bassins d’emplois. On a prôné haut et fort que nous sommes fiers de notre appareil productif européen, et d’un marché unique de 450 millions de consommateurs qui n’a rien à envier au reste du monde.
On a mis de l’Europe en début de chaine – avec l’imposition de produits made in Europe dans nos marchés publics – et en fin de chaîne – avec des débouchés commerciaux au sein du marché unique, et l’introduction d’un minimum d’emplois européens dans les investissements étrangers.
On a lancé le plus grand exercice de simplification jamais entrepris, sans avoir peur de limiter des obligations de reporting qui alourdissaient considérablement la vie de nos entreprises – en particulier les petites et moyennes.
On a décuplé ce qui marche, comme les achats groupés au niveau des 27. On l’a fait avec succès pour les vaccins covid19, on le fera pour les matières premières.
On a mis la priorité sur les secteurs stratégiques de notre industrie. Ceux qui se trouvent au sommet d’une longue chaine de valeur impliquant des centaines d’autres secteurs, et des millions d’autres emplois. C’était hier avec le plan automobile pour assurer le futur de la voiture européenne. Ce sera demain avec le plan pour la filière acier et métal. Suivis d’autres – la chimie, industrie des industries ; le transport durable ; la bioéconomie ou encore l’aéronautique.
Enfin mais surtout, on a gravé dans le marbre – entendez, dans la loi - l’idée que décarboner et réindustrialiser, loin de se contredire, vont ensemble. Avec la boussole de compétitivité et le Clean Industrial Deal, on a fait de la décarbonation notre stratégie de croissance économique. Et un impératif de sécurité.
Et pour tout ça, on a mis 100 milliards d’euros d’investissements.
A l’aune des moments que nous vivons, une chose est sure : notre meilleure industrie de défense, c’est la défense de notre industrie. Car il n’y a pas d’armes, pas de munitions, sans acier. Pas de poudre sans chimie. Pas d’abris sans ciment. Pas de systèmes de sécurité autonomes sans batteries.
Réarmer l’Europe, c’est réarmer son industrie. Avec à la clé, des milliers d’emplois industriels et une forte création de valeur ajoutée, au niveau local, partout sur le territoire européen.
On a tout lancé dans les 100 jours. On doit tout continuer dans les 1700 qui suivent ! Parce que faire des lois, c’est facile. Les faire appliquer au point de changer les comportements, c’est beaucoup plus difficile... Ce sera ma tâche dans les mois qui viennent. Et je m’y attèlerai sans un instant de relâche.
Ces 100 jours ont marqué une tendance. Ils ont lancé une nouvelle trame qui, je l’espère, marqueront le sort de l’Europe au point de se compter, non plus en jours, mais en décennies.

 

● Organisations centristes 
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen) 
Pascal Canfin (député)
> [Opinion] De nouvelles règles pour protéger la santé de nos enfants
Nous avons remporté une grande victoire hier soir en gagnant l’interdiction des PFAS et des perturbateurs endocriniens dans les jouets de nos enfants !
Depuis 2009, l’Union européenne impose des exigences de sécurité pour tous les jouets qui sont mis sur le marché européen, qu’ils soient fabriqués en Europe ou bien importés. Par exemple, ne pas être tranchants, inflammables ou ne pas contenir de substances cancérogènes, etc. Mais en 2020 la Commission européenne a conclu que les règles ne protégeaient pas assez nos enfants. En effet, les jouets sont les marchandises les plus notifiées dans le système européen d’alerte pour les produits dangereux. En 2022, ils représentaient 23% des alertes. En cause, notamment les plateformes en ligne telles que Wish, Temu, Alixpress, Amazon, etc.
En 2023, la Commission européenne a donc décidé de revoir ces exigences pour renforcer la sécurité des jouets, notamment face aux risques présentés par des substances chimiques nocives pour les enfants. Après des mois de négociations, le Parlement européen et le Conseil ont trouvé un accord sur ces nouvelles règles en matière de sécurité des jouets. µFin des perturbateurs endocriniens et des PFAS dans les jouets
Les règles actuelles interdisaient déjà d'utiliser des substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction dans les jouets. Cependant, au regard des récentes études scientifiques, le Parlement avait décidé en mars 2024 d’aller plus loin. À la quasi-unanimité, nous avions voté en faveur d’une interdiction des PFAS et des bisphénols dans les jouets. Grace au Parlement, l’accord final conclu hier soir avec le Conseil intègre de nouvelles interdictions pour garantir le plus haut niveau de sécurité de nos enfants :
- Interdiction des perturbateurs endocriniens, dont les bisphénols : les études scientifiques récentes ont montré que compte tenu du rôle essentiel du système endocrinien au cours du développement humain, une exposition précoce à des perturbateurs endocriniens pendant la petite enfance, peut entraîner des effets indésirables même à de très faibles doses et affecter la santé à un stade ultérieur de la vie. Parmi eux : les bisphénols, dont le bisphénol A. On peut retrouver les bisphénols dans les jouets en plastique comme des anneaux de dentition ou bien des jouets pour le bain. Les enfants sont exposés à ces substances chimiques lorsqu’ils portent les jouets à la bouche ou bien par contact prolongé avec la peau ou par inhalation. Alors que l’Europe a déjà interdit l'année dernière le bisphénol A dans les emballages en contact avec les produits alimentaires, il aurait été incompréhensible de ne pas interdire ces substances dans les jouets que nos enfants portent à la bouche, mâchouillent et mordillent.
- Interdiction des PFAS : Grâce au Parlement européen, nous avons également réussi à interdire les PFAS dans les jouets. Les enfants sont particulièrement vulnérables aux PFAS, notamment par leur comportement, comme le fait de porter des jouets à la bouche.
- Interdiction des sensibilisants respiratoires qui peuvent entrainer une augmentation de l’asthme chez les enfants et des substances neurotoxiques qui sont particulièrement nocives pour le cerveau en développement des enfants.
Ces nouvelles règles entreront en vigueur fin 2029. Certaines dérogations à ces interdictions générales pourront être accordées uniquement lorsque l'utilisation dans les jouets ne présente pas de risque pour les enfants et qu’il n’y a aucune solution de remplacement. Les industriels ont un peu plus de quatre ans pour se conformer aux nouvelles exigences.
Renforcer les contrôles pour garantir la sécurité des jouets
On trouve encore aujourd’hui trop de jouets non conformes aux règles européennes sur le marché. Si ce sont les fabricants de jouets qui sont responsables d’assurer la conformité de leurs produits avec les réglementations européennes, en France la DGCCRF conduit régulièrement des contrôles et analyses en laboratoire afin d’assurer que les jouets non conformes soient retirés du marché et détruits.

Depuis plusieurs années, la DGCCRF contrôle tout particulièrement les places de marché en ligne comme Temu, Amazon, Wish, etc. En 2022, sur les 49 jouets commandés sur ces plateformes, 28 % se sont révélés non conformes et 41% non conformes et dangereux. Ces résultats démontrent que les jouets vendus sur ces plateformes sont produits par des fabricants très souvent établis hors d’Europe qui ne respectent pas la réglementation européenne.
Pour faire face à ces jouets dangereux et à la concurrence déloyale pour nos fabricants européens, qui eux respectent nos normes, nous devons faire avancer la réforme des douanes qui est actuellement en cours de négociations. Cela permettra déjà de mettre fin à l’exonération de droits de douane pour les colis d’une valeur inférieure à 150€, ce qui est bien souvent le cas pour les jouets ! Nous devons également renforcer les contrôles sur le respect des standards européens sanitaire et environnementaux.
Même avec ces mesures ainsi qu’avec le nouveau passeport numérique qui contiendra les informations sur les caractéristiques du jouet, il est impossible de contrôler chaque colis entrant sur le marché ! En tant que consommateur, il est donc recommandé d’éviter d’acheter des jouets sur ces plateformes mais plutôt de se tourner vers les marques et les fabricants européens.
Je me réjouis que le Parlement européen ait poussé dans les négociations avec les États membres pour renforcer les normes de sécurité pour nos enfants. Nous allons continuer à travailler sur le volet du renforcement des contrôles des jouets importés, notamment achetés sur les plateformes en ligne. L’accord trouvé hier doit maintenant être formellement entériné lors d’un vote en plénière qui se tiendra dans deux ou trois mois.