Ce temps dura jusqu’à la victoire d’Emmanuel Macron en 2017.
Prônant toujours l’union, il refusa pourtant un grand parti centriste et freina des quatre fers un rapprochement entre ce qui est devenu Renaissance – qui s’appelait alors En Marche! puis LaREM – et son MoDem, parlant plutôt d’une fédération assez peu contraignante où chacun garderait ses spécificités, ce qui aboutit in fine à des alliances mais rien de plus.
C’était le temps où il craignait que le parti présidentiel n’absorbe «son» Mouvement démocrate.
Aujourd’hui, il a, de nouveau, changé d’avis en prétendant ne l’avoir jamais fait…
Il semble en effet ne plus avoir cette angoisse de la marginalisation puis de la disparition et plaide pour un parti unique du Centre qu’il aurait toujours voulu.
Cela vient-il de son analyse que Renaissance n’est qu’une création qui s’effondrera une fois Emmanuel Macron parti de l’Elysée et qu’il en récoltera les bénéfices?
Toujours est-il qu’avec Elisabeth Borne, numéro deux de Renaissance, il a relancé l’idée de cette fusion la semaine dernière.
Celle-ci est-elle une bonne idée pour le Centrisme en France?
La création d’un grand parti centriste, réunissant tous les courants de cette pensée politique, n’a jamais existé.
Ni le MRP (Mouvement républicain populaire) surtout démocrate-chrétien, ni l’UDF (Union pour la démocratie française) réunissant au départ des partis et des hommes allant d’une droite assez dure au centre-gauche qui soutenaient Valéry Giscard d’Estaing, ne réunirent tous les centristes et/ou rien que des centristes.
Sa création serait donc une nouveauté et sans doute un plus pour affirmer le Centre comme courant majeur en France en ce début de 21e siècle.
Sauf qu’Elisabeth Borne a plutôt parlé de réunir le «bloc central» c’est-à-dire l’axe central qui lui va de la gauche sociale-démocrate à la droite libérale et réformatrice en passant par le centre libéral social.
Donc pas uniquement des centristes.
Et que, de son côté, François Bayrou n’est sans doute pas prêt à accueillir dans ce grand parti du Centre un certain nombre de personnalités qui sont aujourd’hui à Renaissance et trop à droite selon lui comme Gérald Darmanin ou Sébastien Lecornu.
Mais ce qui risque d’être plus compliqué, ce sont les différences de cultures politiques.
Si le MoDem n’est plus à strictement parler un parti démocrate-chrétien, il puise néanmoins ses racines dans ce vivier qui a vu le jour dans l’entre-deux guerres et a rayonné avec le MRP ainsi que l’a rappelé Bayrou et sa volonté de fêter en 2024 le centenaire du Parti démocrate populaire ancêtre du Mouvement républicain populaire qui vit le jour en 1944.
Même si Bayrou a ouvert son parti à d’autres mouvances centristes, celui-ci n’a pas la diversité que l’on connait à Renaissance dont le noyau dur vient plutôt au départ du libéralisme, de la social-démocratie et d’un Centrisme laïc.
Ces cultures différentes seront certainement un frein à la création de ce grand parti.
Mais l’existence de deux formations différentes peut aussi être préférable pour le Centre en lui permettant d’attirer des militants et des électeurs plus nombreux avec ceux qui se sentent plus proche d’un Centre issu de la pensée démocrate-chrétienne et ceux qui se sentent plus proche d’une Centre issu du libéralisme.
A deux ans de l’élection présidentielle et alors que l’instabilité politique issue des dernières législatives devrait ramener aux urnes les Français dans le courant de l’année, on comprend que les dirigeants des deux partis réfléchissent à la puissance supplémentaire que pourrait avoir un grand parti unique.
Mais il ne faudrait pas, non plus, qu’ils sous-estiment ses effets négatifs.