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vendredi 28 mars 2025

La Quotidienne centriste du 28 mars 2025. Si Sarkozy est coupable, il aura pactisé avec un dictateur, terroriste, ennemi de la démocratie et de la France


Si Nicolas Sarkozy s’est fait élire grâce à l’argent de Kadhafi, alors – au-delà de sa culpabilité en matière de corruption, de recel de détournement de fonds publics, de financement illégal de campagne et d’association de malfaiteurs – il est un traître au pays.

Parce que le dictateur libyen n’était pas seulement un criminel qui a persécuté, terrifié et assassiné ses compatriotes, il était aussi un terroriste notoire qui n’a cessé d’attaquer les démocraties et notamment la française.

Il a soutenu et financer des actes sanglants qui ont fait des victimes innocentes dont l’explosion d’un avion de la compagnie aérienne française UTA qui fit , le 19 septembre 1989, 170 morts.

Lui demander de l’argent pour financer sa campagne électorale est donc au-delà de l’intolérable et du révoltant.

Comme l’ont dit les procureurs, il s’agit d'un pacte de corruption «inconcevable, inouï, indécent».

S’il est reconnu coupable et condamné – le parquet a réclamé 7 ans de prison ferme, 300.000 euros d’amende et 5 années d’inéligibilité –, la Justice sanctionnera ses transgressions de la loi mais pas son comportement vis-à-vis de la France et des Français qui sont impardonnables pour un homme politique de sa stature et dont l’ambition dévorante l’a fait tomber dans la forfaiture.

Rappelons enfin que Nicolas Sarkozy se retrouve pour la cinquième fois en cinq devant des juges et qu’à cette occasion il porte un bracelet électronique suite à sa condamnation à un an de prison ferme dans l'affaire Bismuth pour la corruption d’un magistrat de la Cour de cassation afin d’avoir des informations sur des affaires judiciaires en cours le concernant…

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour] 

 

 


Propos centristes. France – Ukraine: notre objectif mais pas celui de Poutine est de gagner la paix / Avoir en 2050 une économie décarbonée, inclusive, démocratique, ouverte / Les tarifs de Trump vont créer de l’inflation et détruire des emplois / Politique familiale / Haine des musulmans…


Voici une sélection, ce 28 mars 2025, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France. 

► Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Conférence de presse à l’issue de la réunion de Paris sur la paix et la sécurité pour l’Ukraine]
En effet, en cette troisième année de la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, nous sommes très clairement à un point de bascule. Les négociations ont débuté, j'y reviendrai. Elles sont bienvenues. Et je souhaite saluer à la fois le rôle du président Trump, avec lequel j'ai été en contact permanent ces dernières semaines, et le courage du président Zelensky, avec lequel il est aussi de notoriété publique que nous sommes en lien étroit et permanent.
Notre objectif est clair, c'est de gagner la paix. Nous devons pour cela placer l'Ukraine dans la meilleure position possible pour négocier et nous assurer que la paix qui sera négociée puisse être solide et durable pour les Ukrainiens et l'ensemble des Européens. C'était le sens de la réunion de ce jour, dans le prolongement de l'initiative lancée à Paris le 17 février dernier, qui a été ensuite poursuivie avec la réunion que nous avons tenue à Londres quelques semaines plus tard. Alors aujourd'hui, c'est donc tenu cette réunion où 31 pays étaient rassemblés, aux côtés du secrétaire général de l'OTAN et des institutions de l'Union européenne. Ces 31 pays forment cette coalition d'action pour une paix solide et durable. Basée sur le volontariat et la mobilisation de chacun, nous avons d'abord exprimé une vue commune sur la situation.
D'abord, notre volonté de rester unis et, au fond, de tout faire pour, justement, construire cette paix par la force, pour reprendre la formule qui avait été initialement prise par le Président Trump. Ensuite, nous avons tous acté du fait que l'Ukraine, il y a quelques jours à Djeddah, avait eu le courage d'accepter un cessez-le-feu de 30 jours inconditionnel. Et que depuis cette décision et cette annonce ukrainienne, il n'y a eu aucune réponse russe. Il y a eu des conditions nouvelles posées pour des cessez-le-feu beaucoup plus partiels et hypothétiques. Et dans le même temps, chaque jour, des frappes de plus en plus fortes, s'intensifient.

Dans ce contexte, notre volonté est de saluer l'effort de paix américain, de continuer à échanger avec les États-Unis d'Amérique pour porter notre vision des choses et nos priorités, mais aussi de ne laisser passer aucun des récits ou des contre-vérités qui sont aujourd'hui poussés par la Russie, comme ces derniers jours l'ont montré lors des discussions à Riyad sur la question de la mer Noire, où la Russie, par ses discours et ses communiqués, a en fait complètement réinventé ce qui s'est passé depuis 3 ans. Néanmoins, nous sommes tous lucides et nous tirons tous le même constat : il y a une volonté de paix, il y a des discussions. Y a-t-il des négociations de paix ? C'est assez difficile de conclure qu'il y aurait des négociations de paix quand ces discussions parallèles ont conduit à 3 communiqués distincts qui disent 3 choses différentes. Un communiqué américano-ukrainien, un communiqué américano-russe et un communiqué russe encore différents du précédent. Ce contexte crée beaucoup d'incertitudes et nous avons donc la volonté, nous, d'avoir un message très clair poursuivant l'objectif que je viens d'évoquer.
Le premier message clair, c'est que nous allons continuer de soutenir à court terme le peuple ukrainien et l'armée ukrainienne. C'est une nécessité pour pouvoir être dans les meilleures conditions possible pour préparer la paix et c'est une nécessité pour éviter ce qui est au fond le projet très clair de la Russie ces derniers jours et ces dernières semaines : faire semblant d'ouvrir des négociations pour décourager l'adversaire et en même temps intensifier les attaques, puisque c'est exactement ce qui est en train de se passer.
À cet égard, les priorités qui ont été identifiées par nos partenaires ukrainiens en matière d'artillerie, de munitions ou de défense solaire ont donné lieu à des mobilisations et des annonces ce matin par plusieurs collègues, pour mobiliser aussi des financements requis. Je veux saluer ici ce que la Suède, la Norvège, l'Allemagne et plusieurs d'autres ont annoncé ces derniers jours ou ce matin, d'efforts additionnels auxquels s'ajoutent les 2 milliards d'euros de soutien bilatéral que nous avons, hier, annoncé avec le président Zelensky et qui est à nouveau un nouvel ensemble d'aide de la France à l'égard de l'Ukraine et de son armée.
Le soutien en matière de drones, de satellites, de coproductions aussi en Ukraine ont été identifiées en même temps que de nouveaux programmes de formation des armées ukrainiennes. Tout cela a donc fait l'objet d'un temps de discussion où l'unanimité a prévalu et les décisions ont aussi été prises d'accélérer le décaissement des prêts qui avaient été décidés en G7, le fameux système ERA, pour permettre en particulier à l'Ukraine de financer encore plus rapidement les achats en termes d'artillerie qui sont une de ses priorités. Donc la Commission européenne, et je remercie la présidente, a annoncé cela.
En termes de soutien de court terme à l'Ukraine, nous avons aussi acté de manière unanime le fait que le temps n'était pas à la levée des sanctions, quelles qu'elles soient, et il ne saurait y avoir une politique de levée des sanctions avant que la paix soit clairement établie. Nous avons donc pour intention de maintenir la pression économique, en particulier sur les flots de fantômes, sur aussi certaines capacités industrielles. Nous allons continuer à nous mobiliser sur ce point.
Ensuite, nous avons évoqué la préparation et le suivi du cessez-le-feu, qui est au fond le deuxième élément clé après le soutien de court terme à l'armée ukrainienne. Là-dessus, comme vous le savez, nous sommes en train de préparer, et c'est le cœur même de la proposition ukraino-américaine, un cessez-le-feu dans les airs, en mer et sur les infrastructures civiles. Là-dessus, il est important de pouvoir finaliser les moyens de surveiller le respect de ce cessez-le-feu. Plus largement, il y a beaucoup de discussions qui sont en cours, éparses, sur la manière ensuite de suivre la situation une fois que la paix sera signée. Faut-il donner une responsabilité à l'OSCE, ce qui était le cas entre 2014 et 2022 ? Faut-il qu'il y ait un mandat donné aux Nations unies pour que des forces de maintien de la paix surveillent, justement, la ligne de front, en tout cas, entre l’Ukraine libre et des territoires qui seraient occupés ? Faut-il un système de surveillance ad hoc ? Autant de questions juridiques, techniques d'une extrême importance, qui ont fait que nous avons décidé, là, de mandater nos ministres des Affaires étrangères pour faire, dans les 3 semaines, une proposition très concrète de suivi, justement, d'un cessez-le-feu de court terme et d'un cessez-le-feu durable, suivi institutionnel et pratique, qui pourra ensuite être échangé avec nos partenaires américains.
Ensuite, vient la question des fameuses garanties de sécurité. Une fois la paix signée, comment s'assurer que l'Ukraine pourra rester libre, stable et ne subira pas de nouvelles agressions russes ? À ce titre, nous avons tous partagé le fait qu’on manque de clarté encore sur les conditions de signature et qu'il y a un manque de clarté sur la nature des engagements américains le jour d'après. Néanmoins, nous avons acté, je dirais, 3 axes de travail pour, justement, maintenir cette paix durable et solide une fois un accord de paix signé.
Le premier élément de la sécurité des Ukrainiens et des Européens, c'est une armée ukrainienne forte, bien équipée le jour d'après. Et il y a unanimité de tous les participants aujourd'hui sur ce point. C'est pourquoi, de manière très concrète, nous avons acté que le premier ministre britannique et moi-même donnions mandat à nos chefs d'État-major des Armées pour qu'une équipe franco-britannique puisse être déléguée dans les prochains jours en Ukraine et puisse travailler de manière très étroite avec nos partenaires ukrainiens, qui ont acté également ce mécanisme, pour préparer, justement, dans tous les domaines, le format, ce que sera le format de l'armée ukrainienne de demain. Quelle armée de terre, quelle capacité maritime, quelle capacité aérienne, quel format, c'est-à-dire en termes de taille, de nombre de soldats, quels équipements pour pouvoir répondre à une éventuelle agression russe et dissuader la Russie d'une telle agression. Ceci permettra ensuite de rentrer dans des travaux de planification qui permettront de clarifier les contributions de chaque pays membre de notre coalition pour donner de la visibilité à l'Ukraine et avoir un plan d'action maintenant très précis.
Le deuxième élément de garantie de sécurité, ce sont les forces de réassurance que nous pourrions déployer le jour d'après en Ukraine. Ces forces de réassurance, c'est l'objet de la proposition franco-britannique d'il y a plusieurs semaines, n'ont pas vocation à être des forces de maintien de la paix. J'ai répondu hier à l'un de vos collègues pour bien clarifier ce point. Elles n'ont pas vocation à être des forces présentes sur la ligne de contact. Elles n'ont pas vocation à être des forces qui se substituent aux armées ukrainiennes. Mais, ce seraient des forces de quelques États membres présents, parce qu'il n'y a pas unanimité sur ce point. Certains États n'ont pas la capacité de le faire, d'autres, le contexte politique qui le leur permet ou l'accord, mais ce seraient des forces présentes dans certains endroits stratégiques pré-identifiés avec les Ukrainiens qui signeraient un soutien dans la durée, une réassurance des Européens et auraient un caractère de dissuasion à l'égard d'une potentielle agression russe. Ceci sera travaillé par nos chefs d'État-major dans le cadre de la mission que je viens d'évoquer, ce qui permettra d'avoir la carte des points qui sont évoqués et un accord aussi sur le format de ces forces de réassurance. Il est très clair et il a été très clairement établi que ces forces de réassurance ne sauraient en aucun cas se substituer ou réduire l'effort qui est collectivement le nôtre sur le flanc est de l'OTAN. Ça viendrait en plus, et d'ailleurs sur un mode opératoire qui peut parfois ressembler à ce que nous faisons dans certains de ces pays.
Le troisième axe, en termes de garantie de sécurité, c'est évidemment notre propre défense. Et je crois qu'il y a une unanimité autour de la table pour dire que les Européens étaient beaucoup plus unis qu'il y a quelques semaines, beaucoup plus audacieux et beaucoup plus déterminés, et surtout convaincus, tous, qu'au fond, ce qui se joue en Ukraine aujourd'hui et dans les semaines à venir c’est la sécurité des Européens dans la durée. Et donc, fort de cela, nous avons aussi acté de renforcer notre réponse en termes d'architecture de sécurité pour notre continent. D'abord en actant justement tout ce qui a été fait au niveau de l'Union européenne et de chacun des États membres, c'est-à-dire accroître nos capacités, notre investissement dans nos armées et nos forces pour dissuader, pour préparer dans la durée la paix du continent, accroître aussi la coordination entre nos industries de défense et nos armées pour agir ensemble.
Et puis, nous avons donc acté également d'un travail conjoint pour définir les demandes et les exigences qui seront les nôtres à l'égard de la Russie pour renforcer notre sécurité collective, laquelle s'est dégradée ces dernières années, dégradée par les décisions d'ailleurs des États-Unis d'Amérique et de la Russie, de sortir du traité FNI, par exemple, mais dégradé aussi par le déploiement de capacité de missiles ou de forces supplémentaires russes en Biélorussie, pour ne citer qu'un autre exemple.
Voilà les principales conclusions du sommet qui vient de se tenir. Celui-ci a aussi conclu un mandat qui nous a été donné par nos collègues. Au fond, ils nous ont demandé, avec le Premier ministre Starmer, d'assurer ensemble le copilotage de cette coalition et de pouvoir ensemble coordonner les initiatives et les comptes rendus pour garder le momentum qui est le nôtre. Donc, avec le Premier ministre Starmer, nous allons assumer cette responsabilité ensemble de piloter cette coalition d'action pour une paix solide et durable, ce qui fait que, dès la semaine prochaine, nos conseillers diplomatiques prendront plusieurs initiatives et poursuivront les décisions qui ont été prises, de même que nos chefs d'État-major des armées, ensemble, pour poursuivre sur la base de la mission et des mandats que je viens d'indiquer.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Aujourd'hui, ces forces de réassurance sont une proposition franco-britannique. Elle est actée par la Grande-Bretagne et la France. Elle est souhaitée par l'Ukraine. Et elle est aussi actée par plusieurs États membres qui ont marqué leur volonté de s'y joindre. Elle ne fait pas l'unanimité aujourd'hui, et c'est connu. D'ailleurs, nous n'avons pas besoin de l'unanimité pour ce faire. Et donc, comment nous allons préparer les choses ? Par la mission qui a été confiée aux deux chefs d'état-major des armées, britanniques et français. Ils vont bâtir une équipe qui va se rendre et travailler avec une équipe ukrainienne. Les Ukrainiens vont nous dire exactement où sont leurs besoins. J'ai eu cette discussion hier avec le président Zelensky. Ils ont une idée très claire des besoins et des zones critiques où ils veulent que ces forces de réassurance soient déployées. Donc, ce sont ces échanges entre militaires qui définiront les lieux, le nombre de forces pour que ce soit crédible, et les capacités. Rien n'est exclu à date, et nous regardons le maritime, l'aérien et le terrestre.
Mais on appelle bien force de réassurance et ça ne se substitue pas ni à des forces qui assureraient du maintien de la paix sur la ligne de contact, ni à une armée ukrainienne que nous voulons robuste. Ces forces de réassurance, elles feront partie du paquet qui sera discuté. Et l'armée ukrainienne et les forces de réassurance, aujourd'hui, la Russie s'y oppose, puisque la Russie a toujours dit qu'elle ne voulait même pas d'armée ukrainienne. Donc, je vous rassure, il n'y a pas d'accord de la Russie.
L'idée que nous nous faisons du droit international et que ce n'est pas la Russie qui va choisir ce qui se passe sur le territoire ukrainien. Donc, c'est bien acté et nous allons avancer et y travailler. Et donc, il y aura bien une force de réassurance avec plusieurs pays européens qui se déploieront.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] J'ai demandé au ministre des Affaires étrangères de se rendre en Chine pour échanger d'abord sur les nombreux dossiers bilatéraux, ils sont multiples, et les grandes questions internationales. L'Ukraine fait partie des dossiers prioritaires sur ces grandes questions internationales. Et je souhaite pour ma part que la Chine, en effet, puisse jouer un rôle actif. Et compte tenu de la qualité du dialogue qui est le sien avec la Russie, compte tenu de l'initiative de paix qu'elle avait prise en lien avec le Brésil il y a quelques mois, je souhaite qu'en effet le président Xi puisse avoir un rôle tout à fait actif pour nous aider à bâtir cette paix solide et durable. Et je pense que la Chine n'est plus que légitime pour le faire en tant que membre permanent du Conseil de sécurité et compte tenu des initiatives précédemment prises.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Une bonne partie de ces cessions [de matériels militaires à l’Ukraine] sont intégrées dans la trajectoire de notre loi de programmation militaire, qui, justement, parce que nous avons accéléré, et je rappelle que les deux lois de programmation militaire, qui font partie de notre architecture financière et de notre trajectoire, ont intégré un programme inédit de renouvellement de nombre de nos capacités. Ces deux lois, d'ailleurs, auront doublé le budget de nos armées.
Donc précisément parce que nous avons anticipé, nous n'avons pas attendu ni ces dernières semaines ni même ces deux dernières années pour faire cet investissement. Nous avons la possibilité de céder des matériels que nous utilisions jusqu'à récemment parce que nous sommes en train de les renouveler. C'est une partie de l'effort du paquet des 2 milliards. D'autre part, nous avons aussi accéléré la production, ce fameux effort de guerre et l'économie de guerre des 3 dernières années. Et en accélérant la production, on achète aussi plus de capacités auprès de nos industriels qu'on cède aux Ukrainiens. Donc cet effort et ces 2 milliards annoncés hier sont tout à fait soutenables. Ils seront détaillés par le ministre des Armées auprès des Commissions, à l'Assemblée, au Sénat et devant l'intégralité des Parlementaires, et cela fait partie de notre trajectoire.
À côté de cela, nous avons pour nous-mêmes à accélérer et à accroître notre effort de défense compte tenu de l'accroissement de la menace, ce que j'évoquais il y a quelques jours auprès des Français. C'est là-dessus qu'un travail est en cours, mené par le gouvernement, qui a identifié, à ma demande, toutes les lignes d'effort qui vont nous conduire justement à accroître nos investissements militaires, pour rendre la nation plus forte et pour tenir la paix, si je puis dire, sur notre continent et pour notre pays. Et à cet égard, le Gouvernement prévoit aussi les réformes qui permettront de financer ce travail. Et donc, c'est dans les prochaines semaines que ce travail sera achevé sous la supervision du Premier ministre. Et en temps voulu, une fois qu'il sera terminé, c'est le Premier ministre et les ministres qui vous détailleront tout cela.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Sur la question des avoirs russes qui sont gelés. Je veux ici rappeler le cadre juridique international qui est connu et est très clair. En droit international, nous n'avons pas le droit de saisir des avoirs gelés, nous n'avons pas la base juridique pour le faire. Ce que nous avons fait, c'est que ces avoirs gelés, qui sont de l'ordre d'un peu plus de 230 milliards d'euros, dont une bonne partie est détenue dans le système Euroclear, système européen, qui est sous droit belge, la France est actionnaire, d'ailleurs, de ce système. C'est que tous les revenus financiers qui sont dégagés par ces avoirs gelés, ce sont ces revenus qui nous servent à payer l'effort de soutien à l'Ukraine. Et donc, dans les 2 milliards d'euros que je viens d'évoquer et que vous avez mentionnés dans votre première partie de question, il y a une partie qui est financée grâce à notre effort dit ERA, qui était, vous savez, les 50 milliards de financements en G7. Les Européens ont fait 18 milliards de prêts aux Ukrainiens, dont 9 milliards pourront être utilisés sur le militaire, ce qu'on va faire pour payer ce matériel pour partie. Cela est gagé sur les intérêts et les revenus de ces 230 milliards d'euros d'actifs gelés. Donc nous utilisons les actifs gelés parce qu’ils donnent pour payer, permettre justement ces prêts et cet effort de guerre. Maintenant, aujourd'hui, nous n'avons pas le cadre pour les saisir et on ne peut pas tout à la fois prendre les revenus de ces actifs et les saisir. Il faut choisir. Nous, on a pris les revenus et on se conforme au droit international. Par contre, la question va se poser dans le temps de savoir si nous ne devons pas mettre ces 230 milliards d'euros d'actifs au fond dans la question du règlement du conflit. Et parce que la Russie ayant massivement détruit l'Ukraine, il est normal qu'elle contribue aussi, pour partie, à sa réparation sur le plan financier. Mais ça, ça fera partie des discussions, justement, de paix et du jour d'après. Voilà le statut de ces 230 milliards d'euros. Et je pense qu'on a raison d'être rigoureux sur ce point. Et donc en ce moment, nous travaillons vraiment au cadre juridique, à l'avancée de tout cela, en lien très étroit avec la Commission européenne et le gouvernement belge.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] J'ai, au fond, une approche très stoïcienne de la question. Nous ne pouvons décider que pour ce qui dépend de nous. Et donc nous avons décidé pour ce qui dépend de nous, et c'est déjà important. Et nous, on est clair sur ce qu'on va faire à court terme pour l'Ukraine, comment on va préparer le cessez-le-feu, comment on est prêt ensuite à bâtir des garanties de sécurité armées ukrainiennes fortes, force de réassurance et augmentation de notre effort de défense pour nous-mêmes. Ensuite, il faut espérer le meilleur, mais se préparer au pire. Et donc, mon souhait est que les Américains soient engagés à nos côtés, et mon souhait est que les Américains assurent justement un soutien, voire une participation active à tout cela, parce que c'est bon pour leurs alliés européens, c'est bon pour l'OTAN, c'est bon pour nous tous. Mais nous devons nous préparer à une situation où peut-être, ils ne se joindraient pas. Il faut se préparer aux deux cas. Mais on ne peut pas dire : si les Américains ne se joignaient pas, alors on ne ferait rien. Parce que ça signifierait qu'il n'y a pas de paix solide et durable en Europe et pour les Européens sans les Américains. Non. Et donc c'est aussi pour cela que, je vous l'ai dit il y a plusieurs semaines, nous sommes à un moment décisif de l'histoire où il nous faut, pour la première fois depuis très longtemps dans nos discussions, nous préparer à un scénario qui est possible, qui n'est pas celui qu'on souhaite, mais qui est de devoir totalement agir seuls pour nous-mêmes. Ça s'appelle la sortie de l'état de minorité géopolitique. C'est une bonne chose pour l'Europe.

> Les États-Unis sont des alliés fiables, c'est pour ça que je ne ferai pas de commentaire sur les commentaires. Et quand les gens disent des mots un peu rapides dans des émissions de télévision, il ne faut jamais ensuite commenter parce qu'on fait du suraccident. Et donc les États-Unis d'Amérique sont des alliés fiables. Ils sont des alliés qui nous ont beaucoup aidés en Ukraine depuis le début de cette guerre, qui essaient de mener des négociations de paix qui sont utiles. La volonté du président Trump, nous la partageons, et les efforts qu'il mène, nous les saluons. Mais après, nous, nous avons des intérêts qui ne sont forcément pas les mêmes, parce qu'il y a un océan au milieu. Et donc, si à un moment donné, les intérêts américains ne sont pas forcément les nôtres et que les priorités américaines ne sont pas forcément les nôtres, tout en nous respectant, il faut qu'on puisse, nous, défendre nos intérêts, surtout quand nos intérêts s'appellent notre sécurité. Voilà. Et donc ça, ça n'est pas dépendant des décisions d'un tel ou d'un tel, ça doit être notre décision.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Le président Trump, sa priorité, c'est de parachever les discussions en cours avec la Russie. Et je pense que c'est une très bonne chose. Et donc, il y a eu un accord important, il y a maintenant 15 jours, entre les Américains et les Ukrainiens, qui a permis d'établir cette proposition de cessez-le-feu pour 30 jours, inconditionnelle, dans les airs, en mer et sur les infrastructures. Et ça, c'est vraiment un acquis du travail des dernières semaines. Nous avons modestement aidé avec les Britanniques, les Allemands pour convaincre aussi le président Zelensky, mais c'est très courageux de la part du président Zelensky et c'est vraiment une réussite de l'action du président Trump.
Maintenant, le président Trump, c'est normal, il se retourne vers les Russes et dit, vous êtes l'agresseur, l'agressé est d'accord pour cesser les hostilités sans condition, vous devez faire pareil. Donc, je pense que le président Trump, il attend une réponse claire de la Russie. Il a raison. Et nous, on est derrière lui. Et donc, je pense que s'il a cette réponse claire de : « la Russie ne vient pas », à juste titre, le président Trump se sentira floué, trahi. Et donc là, il devra réagir. Mais, je ne me mets pas à sa place. J'essaie juste de décrire comment les choses vont normalement se passer. Donc c'est ça, sa priorité du moment. Dans ce contexte, nous, on fait un travail complémentaire qui est de dire, en parallèle de ces négociations, nous, on prévoit tout le reste, si je puis dire : continuer d'aider l'Ukraine pour ne pas qu'il y ait de problèmes à très court terme, en tout cas les aider à résister, préparer les conditions et l'encadrement d'un cessez-le-feu le jour où il sera signé, et puis réussir à soutenir l'Ukraine pour que, quand cette paix soit signée, elle soit vraiment robuste et durable et qu’on dissuade la Russie de remmener une agression. Donc, c'est un travail complémentaire, et nous sommes en coordination, et on verra dans les prochaines heures, les prochains jours, si ça arrive, et je pense que, au fond, le juge de paix, ce sera la capacité des Américains à obtenir un cessez-le-feu inconditionnel pour 30 jours des Russes. C'est ça. Et si les Russes ne le donnent pas… ça veut dire qu'ils ne seront pas au rendez-vous, il faudra que les Américains en tirent les conséquences. Si les Russes le donnent, ce sera une réussite, et on pourra passer à l'étape d'après.

> [Droits de douanes imposés par Trump] Je pense que ce n’est pas une bonne idée. Je l'ai dit au président Trump, et je l'ai redit hier, et je continue à lui dire. Au moment où, on le voit bien, les marchés aux États-Unis ne considèrent a priori pas que ce soit une très bonne politique économique, au moment où, à juste titre, le président Trump demande aux Européens de faire davantage d'efforts militaires pour assurer eux-mêmes leur sécurité, en disant, c'est à vous de faire, ce n'est plus à nous de payer pour vous, ce n'est pas le moment de nous imposer des tarifs. Donc ce n'est pas cohérent. Bon, la deuxième chose, c'est que ça détruit de la valeur pour tout le monde. Je ne vais pas faire ici de la théorie économique, mais le commerce international s'est structuré de telle manière, et en particulier entre les États-Unis d'Amérique et l'Europe, qui fait que le commerce crée plutôt de la croissance, de l'innovation et du progrès pour nos deux sociétés.
Mettre des tarifs, c'est casser des chaînes de valeur, c'est, à court terme, créer un effet inflationniste et plutôt détruire des emplois. Donc ça n'est pas bon, ni pour l'économie américaine, ni pour l'économie européenne, comme ça n'est pas bon pour l'économie canadienne ou mexicaine. Et je trouve qu'il y a une forme de paradoxe, avoir les principaux alliés des États-Unis et être les premiers taxés. Si la géopolitique du moment, c'est de dire la priorité est de taxer le Canada, le Mexique et les Européens et de ne pas bouger sur le reste, je n'ai pas compris alors l'ordre des choses et la géopolitique qui était suivie.
Donc, je pense que ça n'est pas une bonne idée économique, je pense que ce n'est pas une bonne idée géopolitique, je pense que ce n'est pas une bonne idée en termes de moments. Si ça devait advenir, je le regretterais. Et évidemment, à coup sûr, les Européens se protégeraient en répondant. Et le but d'une réponse riposte, ce ne sont pas les Européens qui sont agressifs sur le plan tarifaire, ce serait de trouver un accord pour ensuite démonter tous ces tarifs. C'est comme ça qu'on fait. Mais enfin, tout ça fait plutôt perdre du temps et va créer beaucoup d'inquiétude dans de nombreux secteurs. Et donc, on va aussi veiller de manière très étroite à accompagner avec la Commission européenne l'ensemble des secteurs économiques qui seront touchés, et apporter des réponses à l'égard des uns et des autres.
En tout cas, je pense que ce n'est pas une décision qui permet d'améliorer le progrès et la prospérité dans nos sociétés. Et donc, j'espère que, peut-être après des annonces qui viendront, le Président Trump les revisitera et pourra revenir sur cette décision.

> [Condamnation de Boualem Sansal par le régime algérien] Je veux dire tout mon soutien à Monsieur Sansal, à lui et à sa famille. Et je souhaite vivement qu'après ce jugement, il puisse y avoir des décisions claires, je dirais, humaines et humanitaires, par les plus hautes autorités algériennes pour pouvoir lui redonner sa liberté et lui permettre à la fois de redevenir un homme libre et de se soigner parce qu'il combat aussi la maladie. Et je sais pouvoir compter sur, à la fois, le bon sens et l'humanité des autorités algériennes pour prendre une telle décision. En tout cas, je l'espère fortement.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Nos leviers [face à Poutine] sont ceux que nous activons depuis le début. Aider l'Ukraine à résister et ne pas faiblir, montrer que nous serons aux côtés de l'Ukraine dans la durée pour prévenir des nouvelles violations de son territoire et maintenir les sanctions. Et je pense que c'est pour ça que nous avons eu ce message très clair. Quiconque sera faible sur les sanctions s'enlève des leviers à l'égard de la Russie pour mener ensuite une négociation qui serait crédible.
Ensuite, je pense que les Américains ont aussi beaucoup de leviers et qu'aujourd'hui, ils sont engagés dans une négociation. Mais j'ai confiance dans le fait que si les Russes venaient à ne pas répondre à la proposition de trente jours de cessez-le-feu, les Américains ont la possibilité d'accroître les sanctions, de prendre des sanctions secondaires, de prendre des sanctions beaucoup plus fortes qui auraient un effet à coup sûr une pression sur la Russie.
Ensuite, il faudra négocier avec la Russie la suite et se remettre autour de la table, et nous le ferons, et nous serons autour de la table pour discuter avec le président Poutine et l'ensemble des équipes qui auront ces mandats de négociation le jour d'après pour l'Ukraine et pour nous, Européens.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Le Président Zelensky a eu des réponses très claires et très précises sur les demandes de court terme qui étaient les siennes. Avoir plus rapidement les financements pour l'effort en termes d'artillerie, avoir du soutien de défense solaire et de munitions, avoir des capacités de combat dans des registres critiques, et à la fois avec les annonces de 2 milliards faites hier, les annonces faites aujourd'hui par plusieurs collègues et l'annonce faite par la Commission européenne d'accélération en termes de financement, je crois qu'il a eu ces réponses-là.
Maintenant, je le dis avec beaucoup d'humilité, tout ce que nous faisons et qui sont des investissements importants de nos Nations dans des contextes - votre collègue l'a rappelé tout à l'heure - budgétaires, qui sont très tendus dans nos pays, ne sont que peu de choses par rapport à une Nation et une armée qui, elle, se bat sur le terrain et perd chaque jour des soldats, et parfois, pour certains jours, des civils. Et donc, je ne dirai jamais que l'Ukraine a tout ce qu'il faut pour se défendre, parce que ça n'est pas vrai. Et n'oublions pas que depuis le début, nous sommes dans un cadre où nous avons décidé de ne pas être partie prenante de cette guerre. Cette guerre, elle est menée par les soldats ukrainiens seuls. Nous les équipons, nous les formons, nous les entraînons. Enfin, ils ont ce courage. Donc j'aurai toujours l'humilité, ici, de rappeler cela. Et donc ça n'est jamais assez, parce que tant que leur territoire est occupé et que leurs vies sont perdues, ils doivent se battre, et avec des pertes qui sont conséquentes.
Maintenant, pour la suite, je pense que le plus vite, le plus précis, et le plus pragmatique possible. La réunion d'aujourd'hui, ce sommet, a permis de rendre opérationnel beaucoup de décisions qui faisaient l'objet de discussions durant ces derniers temps. Maintenant, il faut accélérer. Il faut accélérer les discussions pour obtenir un cessez-le-feu. C'est ce qui est en train de se jouer en ce moment en Arabie saoudite. Je remercie une fois encore le Roi et le Prince héritiers pour leur travail. Et il faut accélérer, nous, notre capacité à financer, à délivrer des armes et à préparer le schéma d'armée ukrainienne et le schéma de forces de réassurance. C'est pourquoi, c'est dès les prochains jours de la mission que j'ai confiée aux deux chefs d'état-major, se déploiera. Et il nous faut quelques semaines pour cela. Je pense que d'ici 3 à 4 semaines, on aura sur ces deux questions, le format d'armée ukrainienne et les forces de réassurance, un schéma d'action assez précis avec les besoins, avec aussi les contributeurs. Et je pense que ce sera clé pour crédibiliser une paix solide et durable.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] La Roumanie a un rôle très important parce qu'elle est aux avant-postes depuis le début. Et c'est d'ailleurs pour cela que deux jours après la guerre d'agression lancée en février 2022, nous avons déployé des forces françaises, là aussi, forces de réassurance, pour protéger le territoire roumain parce qu'il est à l’avant-poste.
La Roumanie a joué un rôle extrêmement important depuis le début, parce qu'elle est sur la mer Noire, parce qu'elle a un rôle structurant sur la question du Danube et parce qu'elle a été un des acteurs clés des négociations sur la circulation des céréales. Et donc, je veux ici remercier les gouvernements successifs et Présidents roumains pour le rôle qui a été celui de la Roumanie à ce titre. Et donc, dans les actions qui ont été évoquées, à la fois sur la surveillance des conditions de cessez-le-feu, mais également pour soutenir une armée ukrainienne solide et durable, la Roumanie a un rôle et aura un rôle tout à fait important compte tenu de son voisinage et des choix très clairs qu'elle a toujours fait.
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Le rôle de la France, quant à lui, est clair depuis le début. Nous sommes un des pays fondateurs de notre Union européenne. Nous sommes un pays membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, doté de l'arme nucléaire, avec un format d'armée complète qui est aujourd'hui l'armée la plus efficace d'Europe. Ces rôles successifs nous donnent une responsabilité toute particulière qui est d'une part diplomatique, d'autre part d'essayer d'avoir un effet d'entraînement sur l'effort militaire conjoint, et puis d'avoir un effet d'entraînement aussi sur la stratégie économique qui suit. Et au fond, ce que nous croyons depuis plusieurs années, c'est que notre Europe a besoin de plus d'indépendance, technologique et économique, agricole et industrielle et militaire, dans le contexte géopolitique qui est le sien, et qu’il y ait une forme d'accélération de l'Histoire qui rend le constat que nous faisions, il y a quelques années, encore plus vrai, mais du coup les investissements à faire et les réorganisations à conduire encore plus urgentes.
C’est ce que nous sommes en train de faire. Et donc nous devons être aux avant-postes sur la question de l'Ukraine et de notre sécurité collective. Mais nous devons mettre la même intensité dans le travail pour notre compétitivité, pour notre réindustrialisation, pour notre innovation, notre agriculture et puis la défense des Européens eux-mêmes.

> Nous respectons la Turquie, qui est un grand pays et qui a vocation à jouer un rôle important pour la sécurité et la stabilité de notre continent, en restant fidèle à sa propre histoire. Et c'est la raison pour laquelle nous avons toujours été soucieux de garder le dialogue avec Ankara, y compris pour expliquer nos différends. C'est la raison pour laquelle, et c'est souvent moi qui ai pris l'initiative, j'ai été régulièrement en contact avec le Président Erdogan ces derniers mois, y compris lorsque je me suis rendu d'ailleurs à Washington le 24 février dernier pour rencontrer le Président Trump et parler d'Ukraine, j'avais eu sur le chemin le Président Edogan.
Sur l'Ukraine, vous avez raison de dire que la Turquie a un rôle à jouer, c'était l'objet de la présence du Vice-Président, parce que la Turquie a une responsabilité singulière en mer noire, et pour autant qu'elle le souhaite, elle peut être un acteur qui contribuera à cette paix durable. La Turquie, il ne faut pas l'oublier, a joué un rôle important pour aider à libérer les céréales et avoir des réponses très concrètes. Et son rôle en mer noire, reconnu par les traités et qui est une réalité, lui donne, si elle le souhaite, une responsabilité particulière pour donner des assurances de sécurité à l'Ukraine dans cet espace.
Cela étant dit, et puisque j'ai parlé de l'Histoire, je veux souligner que son histoire est aussi celle de son engagement européen et démocratique, au sein en particulier du Conseil de l'Europe, auquel elle a adhéré l'année de sa fondation, en 1949, et avec la fin du Parti unique au début des années 50. Chacun connaît les vicissitudes de ces 75 années, mais le caractère systématique des poursuites contre les figures de l'opposition, de la société civile, les atteintes à la liberté de s'informer et de rassembler. L'arrestation et la mise en détention du maire d'Istanbul constituent, de manière très claire, des atteintes et des agressions qu'on ne peut que regretter, au nom précisément de cette histoire et au nom précisément d'une certaine idée de la Turquie et de son rapport à l'Europe.
La Turquie a besoin de l'Europe et l'Europe a besoin de la Turquie, mais elle a besoin d'une Turquie qui assume ses responsabilités au titre de la sécurité européenne, mais qui continue d'être sur son chemin démocratique en respectant les engagements auxquels elle a souscrit. Et vous l'avez compris en vous disant cela, c'est un souhait ardent que je formule.

> Conférence de presse lors de la rencontre avec Volodymyr Zelensky]
C'est un plaisir et un honneur d'accueillir de nouveau à Paris le président Volodymyr Zelensky. Merci, cher Volodymyr, d'être là. Et à travers vous, c'est à toute la nation ukrainienne que la France adresse un message d'amitié et de soutien qui est clair et sans ambiguïté. Nous sommes et nous resterons résolument aux côtés de l'Ukraine. Il en va de l'intérêt du continent européen et de notre sécurité. Depuis plus de 3 ans, l'Ukraine mène un combat qui dépasse ses seules frontières, c'est le combat de la liberté contre l'oppression, du droit contre la brutalité. Nous avons en effet changé d'air et l'agressivité de la Russie ne constitue pas qu'un défi à l'ordre global et à la stabilité du monde, elle impacte aussi très directement notre sécurité en Europe. Nous sommes depuis quelques semaines dans une phase décisive pour parvenir à mettre un terme à la guerre d'agression de la Russie. Je salue ici l'initiative du président Trump qui vise à aboutir au plus vite à une diminution, puis à une cessation des hostilités dans un séquençage qui doit nous aider à parvenir à une paix solide et durable qui garantisse la sécurité de l'Ukraine et la stabilité sur notre continent. Et ces dernières semaines, nous avons très régulièrement échangé avec vous, cher Volodymyr, Monsieur le Président, comme avec le président américain Donald Trump, et avec nombre de collègues que nous retrouverons d'ailleurs demain sur ce sujet. À Djeddah, le 11 mars dernier, l'Ukraine a clairement exprimé aux États-Unis son accord pour un cessez-le-feu complet et sans conditions préalables pour une durée de 30 jours, alors même que c'est elle qui est victime de l'agression. Nous attendons le même engagement de la part de la Russie. Ces derniers jours, les États-Unis ont échangé, grâce à l'hospitalité de nos amis saoudiens que je tiens à saluer, avec la Russie et l'Ukraine afin de faire cesser, dans un premier temps, les frappes sur des infrastructures énergétiques et de travailler à un cessez-le-feu en mer Noire. Ces mesures peuvent constituer un premier pas vers un cessez-le-feu plus large, ouvrant la voie à la construction d'une paix qui garantisse la sécurité de l'Ukraine, même si je constate la volonté aujourd'hui clairement établie par la Russie de réécrire ou de réinterpréter ce qui aurait été discuté ou agréé en listant de nouvelles conditions. Loin de prouver qu'elle veut vraiment la paix, la Russie continue de fait, jour après jour, de frapper intensément le territoire ukrainien, y compris des cibles civiles. Ces frappes, nous les condamnons et elles doivent absolument cesser. Au total, là où vous avez su, Monsieur le président, prendre le risque de la paix, en proposant et en acceptant ce cessez-le-feu de 30 jours en air, mer et sur les infrastructures civiles, à date, la Russie n'a apporté aucune réponse solide et, par ses actes, elle a montré sa volonté de guerre et de continuer l'agression. Nous avons pris des décisions importantes lors du dernier Conseil européen, et l'approche de la paix par la force est celle que nous continuons à poursuivre. Et c'est pourquoi la discussion que nous venons d'avoir, que nous continuerons tout à l'heure, et le sommet que nous tenons demain pour bâtir cette paix solide et durable pour l'Ukraine et pour l'Europe, va nous permettre d'aborder plusieurs points. D'abord et avant toute chose, le soutien immédiat à l'Ukraine. Nous devons le poursuivre. Il est nécessaire pour continuer la résistance. Et j'ai pu annoncer aujourd'hui 2 milliards d'euros supplémentaires de soutien de la France sur le plan militaire à l'Ukraine. La France, depuis le début, vous le savez, apporte des capacités qui répondent aux besoins prioritaires des forces armées ukrainiennes. Et nous avons préparé une aide supplémentaire avec des missiles anti-chars MILAN, des moyens de défense aérienne, comme des missiles MICA, qui équipent les MIRAGE qui ont été livrés, ou encore des missiles de défense solaire MISTRAL. Pour tenir sur le front, les armées ukrainiennes recevront également des blindés VAB, des chars AMX-10 RC, mais également de nombreuses munitions, dont certaines téléopérées ou des drones. Et nous avons aussi avancé sur les coopérations en matière satellitaire ou d'intelligence. Et ce soutien sera complété également par des productions d'équipements en Ukraine, grâce aux partenariats noués avec nos entreprises de défense. Ces 2 milliards d'euros de soutien, c'est une part de ce premier volet et notre volonté demain est de mobiliser tous les partenaires qui seront présents pour continuer ce soutien immédiat à l'Ukraine. Le deuxième élément de la discussion portera sur le cessez-le-feu durable, en s'assurant qu'il puisse être observé et respecté. Ce sera une partie importante des travaux que nous mènerons demain avec nos collègues européens pour précisément bâtir ce séquençage, un cessez-le-feu mesurable de court terme, les discussions politiques et ensuite, et qui pourra être consolidée et pleinement suivie. Le troisième élément de discussion concernera le format futur de l'armée ukrainienne. Car la première garantie de sécurité pour l'Ukraine de demain, une fois la paix signée, ce sera d'avoir un format d'armée crédible qui permette de dissuader toute nouvelle agression et de résister éventuellement à de nouvelles attaques de l'armée russe. Et nous aurons l'occasion de revenir en détail demain sur ce volet. Le quatrième élément, ce seront les forces de garantie dans le cadre d'un accord de paix, non pas sur la ligne de front, mais en deuxième rideau, comme une réserve stratégique, si l'on peut dire, pour aider à dissuader toute nouvelle agression russe, là aussi. Les travaux des chefs d'État-major ces dernières semaines ont permis de progresser sur la planification de propositions d'options solides, Ce sera aussi une part de discussion de demain. Tels seront les 4 éléments qui structureront nos échanges demain et dont l'objectif, vous le voyez bien, est de permettre à l'Ukraine de maintenir la situation sur le terrain et de résister à l'agression russe, mais aussi de construire les éléments crédibles de cette paix durable que nous appelons de nos voeux, quelle que soit l'évolution des discussions. En tout cas, je veux ici le redire avec force, la France poursuivra son engagement, elle le fera en soutien des efforts américains, en concertation avec ses partenaires européens et alliés, et avec une détermination qui ne faiblira pas. Nous avons toutes ces dernières semaines, je l'ai dit, échangé en permanence avec le président Zelensky, j'ai échangé quasiment quotidiennement avec le président Trump aussi, et nous avons mené un travail très étroit avec nos partenaires britanniques, avec qui le travail s'est fait main dans la main, et avec aussi nos principaux partenaires européens, qui seront présents autour de nous demain. Je veux être très clair ce soir. La Russie ne saurait avoir un droit de regard sur le soutien que nous apportons et que nous apporterons à l'Ukraine, ni ne saurait dicter les conditions de cette paix durable, parce qu'il en va de la souveraineté de l'Ukraine et parce qu'il en va de la sécurité de tous les Européens. Monsieur le Président, cher Volodymyr, vous recevoir ce soir est à nouveau pour nous un privilège. Vous incarnez la résistance d'un peuple qui refuse de plier face à l'inacceptable, face à la force brute ou au fait accompli. Et cette résistance force le respect de tous les Européens. Elle force le respect des Françaises et des Français, parce que nous savons aussi que c'est de notre sécurité dont il s'agit. C'est pourquoi vous pouvez compter et pourrez compter sur le soutien et l'engagement de la France à vos côtés, parce que l'Ukraine mérite la paix, et que pour vous avoir vu ici, un soir de décembre 2019, dans une discussion à l'époque avec le président Poutine et la chancelière Merkel, j'ai vu combien vous vous battiez pour préserver cette paix. Je ne laisserai réécrire aucunement l'histoire par certains. Il n'y a qu'un agresseur, il n'y a qu'un résistant. L'agresseur, c'est la Russie, le résistant, c'est vous. Et les Européens, comme les Américains, n'ont pas d'autre choix que celui de leur histoire, du respect du droit international et du respect de leur propre sécurité. Merci d'être là, et nous serons là aussi.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Bien, la Russie veut quoi ? Conquérir le maximum de territoires en Ukraine. L'Ukraine veut quoi ? Les libérer ? Notre souhait, c'est qu'une paix solide et durable se fasse. Est-ce que la question territoriale sera intégralement réglée ? Ça fera partie de la discussion, mais elle sera très difficile. Et donc, il y aura immanquablement, à l'issue de cette discussion, une ligne de front avec des territoires occupés. Cette situation, nous la connaissons. Face à cette situation, il faut qu'il y ait un mécanisme qui permette de garantir la non-violation de ce cessez-le-feu. En tout cas, qui permette d'observer les choses. Alors, soit c'est un mécanisme ad hoc, et par les observations satellitaires, on sait dire qui fait quoi. Soit, je vous rappelle, c'est ce qui a prévalu entre 2014 et 2022, ce fut l'OSCE, qui était chargée de regarder les violations. Ça n'est aujourd'hui pas le souhait du président. On parlera en détail demain avec les partenaires, mais ça peut être une option. Ça peut être aussi un mandat des Nations unies qui déploierait à ce moment-là des troupes de maintien de la paix avec une opération ad hoc. Ce n'est pas cela dont on parle quand on parle de garantie de sécurité. Et il faut faire ce distinguo parce que sinon la confusion s'installe à chaque fois. Sur la ligne de front, ce ne seront pas des troupes européennes qui seront déployées. Sur la ligne de front qui sera l'une des résultantes de l'accord de discussion, il y aura les belligérants d'hier des deux côtés, donc il y aura d'un côté les armées russes, de l'autre côté les armées ukrainiennes, et ça fera partie des discussions, dès qu'un cessez-le-feu provisoire sera décidé, ça fera partie des discussions pour une paix durable de savoir quel est le mécanisme potentiellement de maintien de la paix, de suivi ou de surveillance. On en parlera demain. Ce n'est pas à nous de le préempter, c'est à nous d'apporter de la réassurance là-dessus, il y a peut-être un cadre et un soutien si le choix qui est fait par l'Ukraine est celui des Nations unies, mais ça, c'est le cadre d'opérations de maintien de la paix éventuellement et de ce qui se passe sur la ligne de front. Ensuite, pour garantir la sécurité, ce qui n'est pas la même chose que maintenir la paix, pour garantir la sécurité, qui est au fond de se dire si demain la Russie, comme elle l'a fait à chaque fois, je vous rappelle, venait à reprendre une opération dans 3 ans, dans 5 ans, que se passe-t-il ? Qu'est-ce qui fait qu'on ne reproduit pas les erreurs d'hier ? Première chose, le format de l'armée ukrainienne. C'est la première chose. Pourquoi ? Parce que c'est aujourd'hui, de fait, la plus grande armée d'Europe. Et donc, tout le travail qu'on a commencé, qu'on va poursuivre, c'est de se dire : quel est le format d'armée ukrainienne et quelles sont les capacités dans la main de cette armée ukrainienne qui lui permet de dissuader une nouvelle agression russe ou de résister à celle-ci. Et donc là, c'est un travail à la fois militaire, programmation, de formation capacitaire et de soutien dans la durée à cette armée des Européens, parce qu'en quelque sorte, elle est l'avant-garde de notre sécurité collective. Ça, c'est le premier levier de la garantie de sécurité que j'ai bien distinguée d'une opération de maintien de la paix. Et ensuite, ce sur quoi on travaille, pour donner aussi des cartes à nos amis ukrainiens, ce sont d'autres formes de garantie de sécurité en soutien, ces fameuses forces de garantie ou de réassurance. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que des forces européennes, sur une base, sur des choix nationaux, pourrait être amené, et ça, ça fait partie de la discussion, on donne notre disponibilité. Ça dépend des discussions qu'il y aura, mais c'est une carte à la main du président. Il pourrait être amené à tenir des positions dans la zone de paix en territoire ukrainien. Et donc le but de ces forces armées ne serait ni d'être sur la ligne de front, ni d'être engagés au premier jour face aux forces russes, mais d'être des forces qui dissuadent, là aussi, les Russes de réattaquer et qui, en tenant des villes importantes, des bases stratégiques, marquent un soutien clair de plusieurs gouvernements européens et alliés, permettent d'avoir peut-être des soutiens logistiques ou de la formation sur sol aussi ukrainien et indique très clairement que s'il y avait une agression généralisée à nouveau contre le sol ukrainien, ces armées seraient de fait attaquées. Et ensuite, c'est le cadre d'engagement qui est toujours le nôtre. Nous, nous avons des soldats qui, quand ils s'engagent et sont déployés, sont là pour réagir et répondre aux décisions du chef des armées, et s'ils sont dans une situation de conflit, d'y répondre. Et je ne vois pas pourquoi on se poserait des questions sur l'Ukraine qu'on ne s'est jamais posées ailleurs quand on a été déployé à bien des égards dans un cadre qui est clair. Donc, on n'est pas sur le front, on n'est pas pour aller se battre, mais on est là pour garantir une paix durable. C'est une approche pacifiste. Et les seuls qui déclencheraient, à ce moment-là, un conflit ou une situation belliqueuse, ce seraient les Russes s’ils décidaient une nouvelle fois de lancer une agression. Voilà le cadre strict  sur lequel nous sommes en train d'avancer. C'est un texte franco-britannique. Il y a eu tout un travail qui a été fait par les chefs d'État-major à Londres, à Paris, et sur lequel on va poursuivre. Voilà la clarification entre ces différentes missions et ce sur quoi nous serions engagés. En vérité, ce sont des cartes qui sont aussi à la main des Européens et des Ukrainiens dans une négociation qui, à un moment, va arriver.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Ces derniers jours, on a dit tout et n'importe quoi sur la mer Noire. Ceux qui ont fait de la mer Noire un théâtre de bataille, qui ont fragilisé les routes du commerce international, et en particulier pour alimenter l'Afrique ou ailleurs, ce sont les Russes, les seuls. À plusieurs reprises, nous avons dégagé des chemins de paix, des routes céréalières, avec un engagement que je veux saluer, ces dernières années, de la Turquie, qui a un rôle tout particulier quand il s'agit de la mer Noire, par les traités internationaux. Mais quand j'entends que ce seraient les Européens ou d'autres qui auraient une responsabilité sur ce qui s'est passé en mer Noire, c'est une drôle de façon de réécrire l'histoire. La folie. C'est totalement faux. Maintenant qu'on avance, c'est très bien, ça fait partie de la proposition qui a été agréée par le président Zelensky, cesser le feu en mer, dans les airs, sur les infrastructures civiles. Donc, il faut que les Russes y viennent. Mais c'est un cessez-le-feu temporaire, partielle, qui doit permettre de commencer à discuter une paix durable. Et pour moi, la question des sanctions, elle doit rentrer dans le cadre de ce règlement de la paix durable et solide. Et donc, j'adhère au concept de paix par la force, posé par le président Trump lui-même. Comme il est cohérent, je le connais, la paix par la force, ce n'est pas de commencer par enlever les sanctions avant d'avoir reçu ou vérifié, quoi que ce soit. Je pense que la question des sanctions, elle viendra à un moment donné. Mais pour le moment, je vois un pays qui a été agressé, qui a déjà fait un geste d'accepter un cessez-le-feu sans condition de 30 jours, et de l'autre côté, l'agresseur qui, lui, met des conditions et n'a même pas accepté cela. On ne va pas lever les sanctions, ou alors ça veut dire qu'on part en capilotade. Non, la question des sanctions viendra, mais elle viendra en temps voulu, dans le règlement d'une paix solide et durable, donc c'est beaucoup trop tôt. Je noterais, si la Russie dit demain qu'elle revient aux frontières internationalement reconnues, on respecte les choses, évidemment, les sanctions seront levées. Au fond, les sanctions, ça ne dépend que du choix d'agression de la Russie, et donc ça ne dépend pour les lever que du choix de la Russie à se conformer au droit international.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Je pense que l'administration américaine a engagé des discussions et que tout ce qui permet de contribuer à une paix, en condition qu'elle soit, encore une fois, solide et durable, est bon. Moi, j'attends la fin demain de la négociation. Et surtout, nous avons notre rôle à y jouer. C'est tout le travail utile qu'on fait depuis plusieurs semaines. D'abord, par le contact permanent que nous avons avec les Américains pour que les conditions de sécurité, dans la durée, des Ukrainiens, soient prises en compte et que les nôtres aussi soient prises en compte. Et ensuite, pour nous, faire tout notre travail, parce que quoi qu'il arrive, on a… c’est les 4 éléments que je vous ai détaillés et qui seront au cœur des échanges de demain, mais on doit continuer aussi longtemps qu'il n'y a pas de cessez-le-feu à soutenir l'Ukraine dans sa résistance. On doit véritablement travailler chaque détail du cessez-le-feu et de son respect, qu'il soit temporaire et après, quand ce sera la paix durable, et on doit bâtir ces garanties de sécurité. Donc, on est au travail, et il est trop tôt pour répondre à cette question de manière définitive. On est au travail, on est engagés, on fait part de nos exigences et on avance. Et je pense que tout ce qui permet d'aller vers la paix est une bonne chose, donc je ne ferai pas de procès d'intention à qui que ce soit. Pour ce qui est des deux milliards, les ministres pourront les détailler, mais je vous ai déjà donné une partie de capacité. Nous avons des capacités qui sont disponibles dans nos stocks et qui sont encore délivrables et ceci parce que nous avons aussi en permanence des matériaux qu'on rachète à travers notre loi de programmation militaire. C'est exactement ce qu'on a fait, par exemple, avec les MIRAGE. On accélère le renouvellement. Et donc, tout ce qu'on rend disponible, on le propose dans les catégories qui sont utiles à nos partenaires ukrainiens parce que ces 3 dernières années, on a acquis une intimité, on sait ce qui est utile et ce qui marche sur le combat. Et donc on a un premier bloc pour quelques centaines de millions de capacités qui sont en stock, qu'on peut livrer très vite. On a ensuite toutes des capacités, c'est-à-dire des véhicules blindés, c'est-à-dire des missiles, c'est-à-dire des CAESAR, qui sont là, des choses qu'on fait produire par nos industriels et qu'on achète. Et donc ça, ça fait partie de ce mécanisme d'économie de guerre, et donc ça, ce sont des choses qui se livrent. Certaines sont en train d'être prêtes, d'autres vont arriver dans les semaines à venir, et donc on a un calendrier, on priorise selon les besoins. Et puis après, on a des capacités d'observation satellitaires ou autres, qui font partie de cet ensemble. Et puis enfin, on a des coproductions, c'est-à-dire qu'on finance avec cette enveloppe pour partie des co-productions de drones, d'instruments qui sont utiles, et pour accélérer les délais, là aussi, les ministres regardent ça de manière très fine, eh bien de permettre à nos industriels d'aller coproduire avec des partenaires ukrainiens, ce qui permet d'aller parfois beaucoup plus vite, de réduire les coûts et d'être au plus près du théâtre d'opération. Voilà les catégories qu'il y a dans ces deux milliards d'euros qui ont été valorisés.

> Plus de 27 milliards de dollars ont été mobilisés au Sommet Nutrition for Growth de Paris pour lutter contre l'insécurité alimentaire. Un combat pour la paix et pour notre planète que nous devons poursuivre sans relâche.

> Le soutien militaire à l'Ukraine de 2 milliards d'euros supplémentaires a été anticipé et prendra notamment la forme de matériels militaires cédés. Soutenir l’Ukraine c’est renforcer notre sécurité à tous, Européens.

> Président Joseph Aoun, très heureux de vous retrouver à Paris pour votre première visite en tant que Président de la République libanaise. Bienvenue cher ami. Le Liban et la France avancent ensemble, toujours.

> [Discours lors du Sommet Nutrition for Growth de Paris]

(…) Le défi a été parfaitement posé de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. C'est un défi qui touche en effet un dixième de la population mondiale qui empêche des vies et tue. C'est un défi qui est aussi au cœur, au fond, de problématiques croisées. C'est un nexus, le sujet dont on parle aujourd'hui. Et c'est au cœur de la géopolitique, de l'agriculture, du climat, de la santé, de la pauvreté, de la lutte contre les inégalités. Et c'est pour ça que c'est un défi si compliqué à relever. Et c'est aussi pour cela que l'action de ce sommet, je veux remercier, ici, nos prédécesseurs britanniques et japonais, aient exactement la méthode pour y répondre. C'est-à-dire que ça ne repose pas sur les seuls acteurs gouvernementaux.
Mais quand on a un problème aussi compliqué, il faut croiser la compétence des organisations internationales, des gouvernements, des experts et scientifiques, des fondations, des entreprises, des ONG, et réussir à bâtir une action utile sur le terrain. C'est ce que vos prises de parole et vos actions, de parfois depuis plusieurs décennies, montrent parfaitement. C'est ce que l'Alliance globale, justement, contre la faim et la pauvreté illustrent de manière parfaite, comme le 4P que nous avons lancé à Paris, d'ailleurs, avec le président Lula, là aussi. Alors, en effet, l'insécurité alimentaire est d'abord accrue par les guerres, les conflits, et nous avons besoin de continuer à nous mobiliser pour y répondre. C'est exactement ce qui s'est passé avec la guerre d'agression russe en Ukraine, nous nous en souvenons. Elle a profondément perturbé la capacité à nourrir une partie de la planète, à fournir les engrais, à libérer les céréales, et c'est au cœur de l'initiative que nous avions lancée, dite FARM , un mois, jour pour jour, après le début de la guerre d'agression, pour répondre à cette crise des céréales et réinvestir plus globalement sur la sécurité alimentaire. Et je veux ici saluer le travail extraordinaire du Programme alimentaire mondial pour répondre à cette crise avec des initiatives emblématiques comme « Grain From Ukraine ». Et dans le cadre de FARM, nous avons travaillé avec l'Organisation mondiale du commerce, ce qui nous a permis de débloquer des restrictions d'exportation sur les denrées du PAM.
L'Union européenne a aussi joué un grand rôle avec les couloirs de solidarité, laquelle Europe a investi plus de 4,4 milliards d'euros pour l'accès à la nutrition dans le monde depuis le dernier sommet de Tokyo en 2021. Et nous avions aussi, avec FARM, identifié la nécessité de mieux mobiliser le secteur privé, ce qui a été fait, et d'ailleurs, par la fondation CMA-CGM, avec des solutions innovantes. Certaines ont été évoquées. Total, Balenciaga, Airbus, Louis Dreyfus, beaucoup du secteur privé, je ne citerai pas tout le monde, ont évidemment, là aussi, contribué à cet effort. Et donc nous avons vu ce faisant combien il était nécessaire de répondre à ces défis. Et je veux remercier, en effet, tous les philanthropes qui ont répondu présent à notre grand appel dans le cadre de ce Sommet pour la nutrition. Et je ne peux que saluer l'effort immense, vous venez de l'annoncer, des contributions à hauteur de plus de 1,5 milliard d'euros annoncés par le collectif Stronger Foundations, qui rassemble plus de trente organisations, dont plusieurs sont ici présentes.

Les conflits créent la faim, et nous avons cherché à chaque fois à y répondre, mais la faim crée les conflits. Et s'il faut parfois se réarmer, ce que nous sommes en train de faire pour essayer de préserver la paix, notre objectif reste et restera toujours la paix, justement, et donc le combat que nous menons tous ensemble contre la malnutrition et contre la faim est un combat de paix. Il est complètement jumeau de ce que nous sommes en train de faire en Europe et ailleurs. Je pense, ici, aux aléas de production agricole que le changement climatique accentue, aux problèmes de transport, de stockage, d'accès aux semences et aux engrais que plusieurs d'entre vous ont évoqués. Et à cet égard, je veux saluer le travail du Fonds international de développement agricole, cher Alvaro, et je vous remercie pour cette mobilisation qui, là aussi, a été essentielle ces dernières années. Je salue aussi nos acteurs publics français de l'investissement, Proparco et BPI France, qui ont pris ce virage. Ces deux dernières années, 440 millions d'euros ont été investis par Proparco dans le secteur agricole en Afrique. Et c'est ce dont nous avons besoin, de bâtir justement plus de solidarité à travers nos financements publics, de consolider l'action de nos organisations et, comme vous l'avez d'ailleurs parfaitement dit, d'utiliser le talent et le savoir-faire de nos entreprises. Nutriset l'a démontré.
La France, c'est une grande puissance agricole, agroalimentaire, et je salue ici tous les producteurs qui sont présents : nos agriculteurs, nos grandes entreprises, nos industries agroalimentaires qui sont là, nos distributeurs, nos marchés, nos grandes places. Et donc, en mobilisant ces actions, nous avons aussi une capacité à aider à bâtir à travers le monde, et cette solution qu'on a cherché à faire dans plusieurs partenariats, c'est-à-dire travailler avec le FIDA, avec nos entreprises, avec les organisations internationales et le secteur privé, pour bâtir des capacités à produire, des capacités à de la logistique, des capacités à stocker, mais aussi de la possibilité, justement, d'exporter nos savoir-faire et ceux de nos entreprises.
À cet égard, parlant de projets concrets et consolidant ce que vous venez d'annoncer, je veux dire combien la bataille pour la sécurité alimentaire et la capacité à servir des repas sains à l'école à tous les enfants de la planète est essentielle dans ce cadre. C'est ce pari fou que nous avions au moment même de la pandémie, avec votre prédécesseur, nous avions lancé ce programme pour garantir un repas par jour à l'école à tous les enfants d'ici 2030. Et je veux saluer votre mobilisation, la mobilisation du Brésil, de la Finlande et de plusieurs autres pays dans cette aventure.
Pour ne citer qu'un pays, la France, et vous partager quelques chiffres, la cantine est un fait, chez nous, de société. 60 % des 13 millions d'élèves scolarisés déjeunent au moins 4 fois par semaine à la cantine. Et donc, c'est ce qui nous a conduit à lancer des programmes permettant de garantir à des enfants de famille défavorisés l'accès à la cantine pour un euro et consolider l'action de beaucoup de maires, de beaucoup d'établissements, parce que c'est un élément clé à la fois pour leur croissance, pour leur santé, mais aussi pour leur capacité à apprendre et à se développer. Alors, quatre ans après sa création, cette coalition pour l'alimentation scolaire avance à grands pas. Avec l'appui du Brésil, ce sont plus de cent pays engagés dans cette coalition. Et j'ai le grand plaisir de confirmer que nous sommes en bonne voie pour atteindre le pari que nous nous étions fixés pour 2030. Ce, grâce aussi à la mobilisation formidable de tous ceux parmi vous qui ont souhaité que leur pays réinvestisse dans leur propre cantine scolaire.
Et je salue aussi la mobilisation de groupes comme Sodexo et d'autres qui sont particulièrement engagés dans cette action, et salue aussi plusieurs pays qui ont rejoint cette initiative, pour n'en citer qu'un, l'Indonésie, qui a eu l'audace de lancer un grand plan d'accès gratuit aux repas scolaires, ciblant ainsi près de quatre-vingt-cinq millions d'écoliers. Mais c'est aussi grâce à l'engagement de tous les soutiens de la coalition, notamment les philanthropes, et la contribution de cent millions de dollars ciblée sur l'alimentation scolaire annoncée aujourd'hui par la Fondation Rockefeller permettra d'accélérer grandement nos travaux, et merci d'ajouter des forces à ce pari. De notre côté, nous allons poursuivre sur cette tendance. Et ce sont plus de 750 millions d'euros d'investissements dans des projets favorisant la nutrition portée par l'Agence française de développement ou nos programmes d'aide alimentaire qui viendront consolider tout ce travail. Et donc, nous resterons là aussi en soutien, évidemment, à la sécurité alimentaire et à ce travail pour nos enfants.
Et puis, la nutrition, enfin, c'est pouvoir se nourrir aussi avec qualité. Et c'est là où il y a ce nexus entre nutrition et santé. Alors même que nous progressons dans la lutte contre la faim, mais que ce combat, vous l'avez montré, suppose de continuer à mobiliser des solutions, des financements, nous devons lutter. Et ça, c'est une bataille qui est plus dans beaucoup de pays développés, mais aussi de beaucoup de pays à revenus intermédiaires et qui dépendent d'ailleurs des géographies, des habitudes alimentaires. Mais il y a une épidémie rampante, qui est l'épidémie d'obésité, en particulier, chez nos enfants et nos adolescents. Et c'est un problème, là aussi, de nutrition et de santé. L'obésité touche de nombreux pays, dont la France. Elle ne fait que croître, en particulier, depuis le covid, chez nos adolescents. Et donc, comme nous l'avions lancé en marge des Jeux olympiques et paralympiques, en nous battant pour une alimentation plus saine dans le cadre d'une nation sportive, je souhaite, là aussi, que nous renforcions l’action collective pour permettre d'améliorer la qualité de notre alimentation. Et c'est quelque chose qui est faisable pour tous les portemonnaies. Si nous arrivons à nous mobiliser entre producteurs, industriels, distributeurs, artisans, à respecter des seuils maximaux en sel, en sucre, en acides gras saturés ou des seuils minimaux en fibres.
Pour être très concret, c'est ce que nous avons fait, et je veux saluer, par exemple, l'engagement de nos producteurs de céréales et de nos boulangers. On avait lancé cette mobilisation il y a quelques années, lors d'une galette des rois à l’Élysée pour tout vous dire. Eh bien, nos boulangers, mais toute la filière céréalière l'a fait, entre 2018 et 2023, on a baissé de 25 % la teneur en sel dans le pain courant. Ça a été un très gros travail pour tout le monde. Ça ne coûte pas un centime de plus, mais ça améliore la santé de tous ceux qui mangent ce pain. C'est exactement la même chose qu'on doit faire sur le sucre, et c'est là aussi, pour continuer à vous motiver dans les actions très concrètes de tout le secteur privé, c'est par des choses ainsi très, très concrètes que nous pouvons avancer. Et en vrai, toutes nos sociétés ont un peu fait le contraire ces dernières décennies en allant beaucoup trop vers la transformation excessive de l'alimentation.
Il faut parfois transformer les aliments, mais il faut à chaque fois regarder si on peut transformer moins, et si on peut, par une action collective, justement, améliorer cette qualité, parce que, je le dis, l'industrie des plats transformés a aussi créé une société un peu transformée. Et donc, on peut faire mieux. Et la qualité de notre alimentation, je finirai par-là, c'est finalement le fruit d'un cycle complet, celui d'une seule santé, parce que notre santé dépend, en effet, de ce que nous mangeons, et donc de la santé aussi des sols, des plantes, des animaux. Et on voit combien ce combat pour la nutrition est jumeau de notre combat pour la santé, mais aussi pour la biodiversité et l'écologie. Je salue les organismes de recherche qui sont là et qui nous aident partout à améliorer, justement, la capacité à mieux produire. Et donc, à l'heure où nous avons des inquiétudes qui émergent et qui sont légitimes sur la pollution de l'eau, la présence de microplastiques, de perturbateurs endocriniens, notre devoir est aussi de regarder la question de la nutrition sans tabou et comme vous l'avez très bien dit, Votre Majesté, sans silo.
C'est fondamental si on veut réussir ce pari. Et donc c'est aussi, dans nos sociétés, revenir sur parfois des habitudes ou des pratiques de production, veiller à la qualité des sols, de l'eau pour avoir une bonne qualité de l'alimentation, et réussir aussi à accompagner dans leur transition agricole et leur production, ce que vous faites admirablement, des pays en développement, des pays à revenus intermédiaires pour qu'ils, en quelque sorte, profitent de ce qu'on a collectivement appris et parfois des erreurs que nous avons commises pour nous améliorer. Et ce sujet-là, je souhaite que nous puissions le traiter avec tous les acteurs prêts à s'engager à l'occasion d'un One Health Summit qui tirera le bilan de ces dernières années et que, dans les prochains mois, nous organiserons pour, là aussi, remobiliser toute la communauté.
Enfin, je voulais vous dire que le sujet que nous sommes en train d'évoquer, donc ce nexus, au fond, de l'alimentation qui va de l'agriculture à la santé, en passant par les questions de logistique, de mobilisation, nous allons continuer à le porter à l'issue de ce sommet Nutrition for Growth dans le cadre du G7 que la France présidera l'année prochaine. Et donc, ce que je vous propose, c'est qu'on ait un segment de suivi de ce sommet d'aujourd'hui, l'année prochaine, en marge du G7 français, pour continuer à mobiliser tous les acteurs.
Voilà. Je ne serai pas plus long. Je voudrais simplement conclure en vous disant que vos engagements, votre présence disent beaucoup, dans ce moment que nous vivons, d'abord du caractère essentiel de ce sujet de l'alimentation, de l'insécurité alimentaire et nutritionnelle, de la nécessité de ce combat croisé, jumeau, partenarial, entre tous les acteurs que vous êtes, ça a été parfaitement dit, par la dirigeante d'Action contre la faim, mais on a en effet besoin de réussir à mobiliser toutes les énergies dans un moment où il y a de l'incertitude sur certains financements. Et au fond, ce que vous avez démontré par votre présence et vos engagements dit tout : ce sont près de quatre cents engagements qui ont été pris sur la plateforme, et ce soir, ce seront plus de 27 milliards de dollars qui seront mobilisés autour de ces engagements.
Donc, bravo à vous ! Merci infiniment pour votre énergie, votre mobilisation. Et nous allons tous ensemble continuer ce combat, ce combat pour la paix, ce combat pour l'alimentation, ce combat pour notre planète, ce combat pour une action collective, respectueuse et responsable.

 

► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité d’un Président de la République et d’un Premier ministre centristes/centraux ; néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un côté les ministres centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un gouvernement de coalition du fait que le Président de la République et le Premier ministre ne disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]

Ministres centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> Injustifiable condamnation de notre compatriote Boualem Sansal à de la prison ferme. Une voie digne et humanitaire est à portée. Je renouvelle notre appel aux autorités algériennes à la considérer et à y répondre favorablement.

 

Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Comme je m’y étais engagée, dès aujourd’hui, les forces de l’ordre procèdent à des contrôles inopinés de sacs devant certains collèges et lycées, en lien avec les préfets, les procureurs et les recteurs. Protéger l’École est une priorité absolue. Nous devons garantir la sécurité de nos élèves et de nos enseignants.

> L’endométriose est l’affaire de tous. En cette Journée mondiale de lutte contre l’endométriose, faire connaître cette maladie est essentiel. À l’École, grâce au programme EVARS, avec l'appui indispensable des infirmières et infirmiers scolaires, la sensibilisation des jeunes filles va progresser. Et pour mieux traiter cette pathologie encore trop méconnue, l’État est pleinement engagé, avec un cap clair : placer la France aux avant-postes de la recherche et de l’innovation.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> Nos émissions de gaz à effet de serre continuent de baisser : -1,8% en 2024. Nous sommes sur la bonne trajectoire ! Mais les secteurs des transports et du bâtiment sont en retard. Il ne faut pas baisser la garde. Notre politique de planification écologique nous a permis de baisser 2 fois plus nos émissions en 7 ans qu’au cours des 27 années précédentes.

> 10 ans après l’accord de Paris, quelques mois avant la COP30, l’Union européenne est et sera là pour défendre la cause climatique. C’est ce que j’ai réaffirmé avec force au Dialogue de Petersberg sur le Climat aujourd’hui à Berlin.

> [Intervention à l’Assemblée sur le Pacte vert européen] Je n’ai pas un mot à retirer de l’intervention d’Éric Lombard. Je compte sur lui pour porter cette vision en matière d’investissement dans les discussions à venir… qui pourraient concerner mon budget.
Merci pour l’organisation de ce débat sur un sujet essentiel : la position de la France sur le pacte vert européen. Ce débat intervient à un moment charnière, alors que certains voudraient remettre en cause la trajectoire ambitieuse que la France a soutenue et que nous avons collectivement définie.
Ce pacte n’est pas un simple exercice théorique : il représente la contribution concrète de l’Union européenne à la mise en œuvre de l’accord de Paris. Il a contribué à la réduction, en sept ans, des émissions de 20 % en France –⁠ soit les deux tiers de la trajectoire – par rapport à lannée de référence, 1990. Il matérialise un engagement clair : faire de lEurope le premier continent neutre en carbone dici 2050  la neutralité carbone intégrant la compensation carbone, dont les puits carbone –, en atteignant en 2030 un objectif intermédiaire de réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990.
Le pacte vert pour lEurope se décline au travers dune stratégie densemble cohérente, qui couvre tous les secteurs. C’est l’un des succès de la présidence française de l’Union européenne de 2022, et l’un des atouts de notre continent pour mener une guerre économique qui se jouera autour de la transition écologique.
Arrêtons-nous un instant sur ce point. La transition écologique, c’est un enjeu de souveraineté, un enjeu d’indépendance, comme l’a dit Éric Lombard. Notre pays est dépendant à 99 % s’agissant des énergies fossiles, et à 99,7 % pour ce qui est des métaux critiques ! Cela nous invite à produire des énergies décarbonées et à recycler les métaux critiques sur notre territoire. Nous pouvons y parvenir. Encore faut-il qu’il y ait des incitations pour les entreprises et des règles du jeu cohérentes.
Au fond, c’est l’objectif du pacte vert. Bien sûr, il n’est pas parfait et on peut en discuter, mais il fallait poser au préalable ce cadre. Je défends cinq priorités pour que le pacte vert soit plus efficace.
La première priorité, c’est de donner de la visibilité sur l’après 2030. Il faut calculer notre empreinte carbone en tenant compte des importations, et ne pas nous limiter à la réduction des émissions de carbone secteur par secteur. Sans objectif commun partagé, aucun plan n’est possible. Les entreprises nous demandent d’avoir de la vision à long terme. Par ailleurs, c’est une obligation que nous nous sommes engagés à respecter en vue de la COP30, qui se tiendra en fin d’année au Brésil. Il est important d’entraîner à notre suite les autres pays du monde.
J’entends çà et là que ce ne serait pas juste que l’Europe soit la seule à faire des efforts. Je tiens à dire ici qu’il ne faut surtout pas sous-estimer les autres pays de la planète. Ainsi, la Chine, souvent pointée du doigt, devrait atteindre cette année son pic d’émissions ; elle est bien en avance par rapport à son plan sur le déploiement des énergies renouvelables parce qu’elle a compris que, derrière la transition écologique, une guerre économique est possible, et qu’elle a fait le choix d’investir systématiquement dans toutes les filières industrielles.
Au-delà de la réduction des émissions, nous plaidons pour l’introduction d’un objectif de réduction de l’empreinte carbone. Prenons un exemple : l’ouverture d’une usine en France, un fait essentiel pour notre réindustrialisation avec, à la clef, de la création de valeurs et d’emplois sur le territoire, ne peut pas être considérée comme un recul environnemental. Il faut savoir que cette usine sera probablement réalisée dans des conditions et avec des produits beaucoup plus exigeants d’un point de vue environnemental, dans le cadre d’une législation sociale beaucoup plus protectrice.
Deuxième priorité : la neutralité technologique. J’ai eu l’occasion d’exprimer ma préoccupation s’agissant d’un nouvel objectif d’énergies renouvelables pour 2040, tel qu’envisagé dans la lettre de mission révisée du commissaire Dan Jørgensen. Ce type d’objectif risque de nuire aux quinze États membres, dont la France, qui produisent ou comptent produire de l’énergie nucléaire. En France, 95 % de l’électricité est déjà décarbonée et, pour ce qui est des renouvelables, nous allons au même rythme –⁠ nous sommes même très légèrement en avance – que lAllemagne : nous atteignons presque 23 %.
Imposer un tel objectif revient à pénaliser ceux qui ont fait le choix du nucléaire, une énergie pourtant favorable au climat. Il est donc essentiel de reconnaître collectivement que le nucléaire constitue un bien commun européen  sans oublier que cest aussi parce quil sagit dune énergie pilotable. Jespère que lAlliance européenne du nucléaire, que j’ai lancée en février 2023 et pour laquelle mon collègue Marc Ferracci est très mobilisé, nous y aidera.
Troisième objectif : accompagner le pacte vert d’une politique volontariste en matière industrielle et de recherche et développement. Je ne reviens pas sur le pacte pour l’industrie propre, qui a été évoqué. Je souhaite également que l’on soutienne des secteurs clés comme l’automobile ou l’acier. Je rappelle le travail qui a été fait sur la réglementation Cafe et sur la voiture électrique : il était important que les producteurs européens, engagés dans la transition verte, ne se retrouvent pas à subventionner leurs concurrents, alors même que le marché traverse une passe un peu difficile. Ils ne peuvent pas subir la double peine et je me réjouis que la Commission nous ait entendus.
Quatrième priorité : renforcer nos exigences vis-à-vis d’États tiers souvent moins-disants. Nous devons renforcer la lutte contre la concurrence déloyale que subissent nos entreprises. Il ne s’agit pas là de faire du protectionnisme, soyons clairs, mais simplement de faire payer le coût carbone aux entreprises des pays davantage émetteurs de CO2 et d’être vigilants sur les produits chimiques incorporés, qui peuvent affecter la santé de nos concitoyens. Quant au MACF, dont je soutiens le principe, il doit permettre d’introduire un prix du carbone pour les importations venues de pays qui n’en appliquent pas. Un tel mécanisme est tout à fait logique.
Enfin, cinquième et dernière priorité : simplifier, mais sans détricoter. J’ai souvent dit que l’écologie ne devait pas être regardée comme de la bureaucratie. Les deux n’ont rien à voir. Bien simplifier est une manière de mieux atteindre nos objectifs. Cela passe notamment par une instruction plus rapide des dossiers. Si, entre le moment où une entreprise dépose son projet de production d’hydrogène et celui où elle reçoit la notification du soutien européen, il s’écoule deux ans et demi, c’est que l’instruction du projet important d’intérêt européen commun (IPCEI) a été trop lente. Accélérer est une manière de simplifier.
Simplifier, c’est aussi traiter différemment les entreprises selon que leur chiffre d’affaires est de 50 millions d’euros, d’un milliard ou de 90 milliards. Elles n’ont rien à voir les unes avec les autres. En 2020, j’ai exposé la stratégie de la nation pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI). Il faut reconnaître les spécificités de ces entreprises, créer un statut européen pour les jeunes entreprises innovantes, faciliter les aides d’État pour la transition énergétique, réduire les indicateurs superflus et privilégier l’action. J’imagine que notre discussion nous permettra de multiplier les exemples.
Le pacte vert offre l’occasion de construire une Europe souveraine, compétitive et décarbonée, mais, pour que nous y parvenions, il doit être réalisé, rééquilibré et juste. Vous pouvez compter sur moi pour défendre cette vision.

> Parler d’effondrement est très exactement le discours qu’attendent les ennemis du climat. Il ne faut pas être tétanisé par l’action et mesurer qu’on a fait, en sept ans, beaucoup plus qu’au cours des vingt années précédentes, à cause de l’accélération de l’histoire et grâce au pacte vert.
Je vais donner quelques chiffres, certifiés par des tiers de confiance. La France a baissé ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % en sept ans. Le taux d’oxydes d’azote (NOx) dans l’air a chuté de moitié dans les deux principales zones à faibles émissions (ZFE). On peut regarder la moitié du verre qu’on veut mais, pour ma part, j’insiste sur les solutions qui ont été mises en place et qui ont un effet positif. Dans le bruit ambiant, ne pas le reconnaître conduit à une paralysie. Or, sur le terrain, beaucoup de maires et de présidents d’agglomération me demandent pourquoi nous envisageons de changer certaines lois, alors qu’ils les ont mises en œuvre et ont passé le cap le plus difficile. Ils me demandent plutôt de ne rien changer, maintenant que le plus dur est fait.
J’en viens au plan du SGPE. Il s’incarne dans plusieurs textes : la stratégie nationale bas-carbone (SNBC), qui doit faire l’objet de dernières consultations ; la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), pour laquelle la consultation s’achève ; le plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc), que j’ai présenté au début du mois ; la stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc), qui est en phase de finalisation. Ainsi, le plan du SGPE, qui résulte de la consolidation du travail interministériel mené depuis près de trois ans, continue à s’appliquer, conformément à ses bases de départ.
S’agissant des États-Unis, laissons les Américains s’occuper de leur pays ; je pense que nous n’avons pas à nous en mêler.
En revanche, vous avez raison de souligner qu’il existe au sein du Parlement européen une grande proximité entre les positions du PSE, des Verts et de Renew au sujet du pacte vert. Il y aurait un réel intérêt à peser dans la balance dans ce moment de rééquilibrage politique. Pour ce qui me concerne, je pense qu’il est nécessaire de répondre à la demande de compétitivité de la part des entreprises. Cette question me semble parfaitement conciliable avec l’écologie, nous devons y travailler.

> La Suède a défendu lors de la COP28 l’ambition de transitioning away from fossil fuels, c’est-à-dire de s’éloigner des combustibles fossiles. Elle était à la manœuvre avec nous et mon homologue suédoise chargée de la biodiversité s’est très fortement engagée dans ce sens. Pourtant, le gouvernement suédois actuel est un gouvernement bien à droite –⁠ si ce nest plus.
En Allemagne, le futur chancelier, Friedrich Merz, a clairement indiqué quil maintiendrait lobjectif de neutralité carbone de lAllemagne pour 2045, cest-à-dire avec cinq années davance par rapport à lobjectif européen. Il a également dit qu’il ne souhaitait pas stopper la transformation de l’Allemagne et a annoncé un plan d’investissement massif afin de l’accompagner.
L’Espagne est, elle aussi, extrêmement engagée –⁠ et je pourrais poursuivre l’énumération.
Contrairement à ce quon peut entendre, la nécessité de lutter contre le dérèglement climatique nest plus remise en cause. En revanche, trois questions restent en suspens.
La première est de savoir comment garantir aux plus modestes quils ne paieront pas laddition  faire en sorte que la transition soit juste. La vérité commande de dire qu’un travail important est réalisé en ce sens, avec le Fonds social pour le climat, le signal-prix carbone, le soutien aux personnes qui ne peuvent pas changer de mode de chauffage ou de transport. La deuxième est de préserver la compétitivité des entreprises face à une concurrence déloyale. La troisième est de remédier à la très grande complexité de notre réglementation, qui, il faut le reconnaître, pose aux entreprises des problèmes d’application concrète. Sur ces trois points, les attentes des gouvernements européens sont particulièrement fortes.

> La première menace pour le revenu des agriculteurs aujourd’hui, c’est le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité. Pour s’en convaincre, il suffit de se décentrer et d’en observer l’impact sur les revenus des agriculteurs hors d’Europe : l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié des études tendant à montrer que les rendements baissent structurellement dans certaines aires géographiques du fait du réchauffement climatique et de l’effondrement de la biodiversité.
En France, le coût des interventions d’urgence dans le budget de l’État depuis les années 2010 a été multiplié par un facteur situé entre 20 et 50 : de quelques dizaines de millions d’euros, nous sommes arrivés au-delà du milliard, atteignant même 2 milliards. L’ampleur des aléas a complètement changé de proportion, comme en attestent les épisodes de sécheresse, de gel tardif, de grêles, etc. Parfois très localisés, ces événements peuvent faire disparaître les fruits du travail d’une année.
Sur la PAC, à ce stade, la question est celle du budget, puisque la discussion porte sur le cadre de financement pluriannuel. La France défend une conception très ambitieuse de cette politique, d’autres pays mettent en question l’opportunité d’y consacrer un budget propre, discussion typique d’un début de négociation.
Notre vision pour l’agriculture est bien illustrée par le plan Agriculture climat Méditerranée. Travaillant avec les agriculteurs, nous demandons : partant d’un scénario de dérèglement climatique entraînant telle et telle conséquence sur votre territoire –⁠ raréfaction des ressources en eau, élévation des températures et accroissement de la pression, au sens propre et imagé du terme –, quelles productions alimentaires faut-il privilégier pour tenir compte des nouvelles conditions pédoclimatiques tout en répondant aux enjeux de souveraineté alimentaire ? Sachant quil ne sagira probablement pas des mêmes cultures que celles qui sont pratiquées aujourdhui, comment parvenir à une équation intrants-revenus qui fonctionne ?

> Les travaux interministériels que nous avons menés sur la planification écologique comportent un volet consacré à la planification des compétences ; ils visent à déterminer quels sont nos besoins en compétences, filière par filière. Nous l’avons fait de manière particulièrement précise en ce qui concerne l’industrie du nucléaire, mais nous avons également lancé des travaux sur l’économie circulaire, sur la transition énergétique et les énergies renouvelables, ainsi que sur la rénovation thermique. Nous cherchons ainsi à adapter notre appareil de formation professionnelle, en lien avec la réforme des lycées professionnels ; l’objectif est de développer ces nouveaux métiers, qu’il nous faudra promouvoir dans les années qui viennent.
S’agissant de la recherche, je partage là aussi votre avis, il nous faut renforcer notre effort en la matière. C’est d’ailleurs l’un des enjeux de la loi de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030. Une articulation est par ailleurs nécessaire avec le niveau européen. Sur certains sujets directement liés à la transition énergétique, nous avons financé des dispositifs européens de soutien qui lient recherche, développement et industrialisation, les IPCEI : c’est le cas sur l’hydrogène, sur les batteries électriques, et sur d’autres sujets plus éloignés de la transition, qui ont trait par exemple à la santé. Un tel outil peut être très utile, à condition d’être activé rapidement –⁠ je le mentionnais dans mon intervention liminaire, en disant que nous ne pouvons pas nous contenter d’un système dans lequel il faut deux ans et demi pour donner une réponse à une entreprise.
Nous avons articulé ces IPCEI européens avec le plan France 2030, afin de compléter notre engagement dans des domaines tels que la décarbonation, la transition énergétique, le stockage de carbone ou l’hydrogène, c’est-à-dire sur toute une série de sujets en lien avec la transformation de notre économie, ce qui nous permettra de créer les filières vertes susceptibles de soutenir le pacte vert.

 

Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations)
> [Intervention à l’Assemblée sur l’antisémitisme] Plusieurs sentiments se mêlent après ce qui s’est passé à Orléans. D’abord de la colère, une immense colère quand, en pleine rue, un homme, un père, est lâchement attaqué devant son fils.
De la colère, parce que dans notre pays, l’antisémitisme a déjà fait des morts : en 2006, Ilan Halimi, kidnappé à cause de préjugés antisémites ; en 2012, trois élèves et un rabbin enseignant du collège et lycée Otzar Hatorah à Toulouse ; en 2017, Sarah Halimi ; en 2018, Mireille Knoll, rescapée de la Shoah et des camps, qui a fini par mourir en France à cause de l’antisémitisme ; enfin, les victimes d’attentats islamistes, notamment l’attentat de l’Hyper Cacher dont nous avons commémoré les dix ans. Cette colère doit nourrir le combat universel contre la haine antisémite, parce qu’elle a provoqué la mort de certains de nos compatriotes.
Vous l’avez souligné, mais ce qui s’est passé a aussi provoqué de l’espoir. Pourquoi ? Parce qu’en réponse à l’antisémitisme, il n’y a rien de pire que l’indifférence. Or il n’y en a pas eu à Orléans : les passants se sont arrêtés, ont accompagné et soutenu Arié Engelberg et son fils, ont témoigné et porté plainte, et ont dénoncé l’agression. Il est de notre devoir de créer une société dans laquelle on se sent responsable de la souffrance de l’autre dans laquelle, quand bien même l’on n’est pas directement concerné, l’on considère que l’antisémitisme n’est pas que l’affaire de nos compatriotes juifs, mais de toute la société.

> [intervention à l’Assemblée lors d’un débat sur la haine des musulmans] La République est une promesse. Une promesse qui nous engage, une promesse qui nous lie : celle de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Une promesse qui nous rappelle à chaque instant que nous ne sommes pas une juxtaposition de communautés, mais une nation. Une nation de citoyennes et de citoyens unis par des valeurs et des principes pour lesquels nous ne devons jamais cesser de nous battre. Nous devons nous battre pour l’égalité, pour la dignité, pour ce contrat qui est au fondement même de notre démocratie : que chacun puisse être reconnu et protégé par la République, quelles que soient ses origines, sa religion et son identité, réelle ou supposée.
Vous avez fait le choix de débattre d’une réalité qui ne doit pas avoir sa place dans notre République : la haine envers nos concitoyens de religion ou de culture musulmane. Certains l’appellent islamophobie.
Je récuse fermement ce terme, parce que son ambiguïté est dangereuse et trop souvent instrumentalisée, et qu’il ne dit pas ce que nous combattons. Ce que nous combattons, ce n’est pas ce que la République permet depuis la suppression du délit de blasphème, à savoir critiquer librement, moquer librement ou caricaturer librement une religion. En France, certains ont payé de leur vie ce droit au blasphème et à la caricature. Ce que nous combattons, c’est l’essentialisation, qui enferme nos concitoyens dans ce qu’on pense qu’ils sont et qui les limite à leur identité.
La distinction est déterminante : d’un côté, il y a les critiques légales, dans le cadre des lois de la République ; de l’autre, il y a des actes et des discours qui, eux, tombent sous le coup de la loi pénale. C’est pourquoi l’emploi des termes « haine antimusulmans » est celui qui convient à notre cadre républicain et au combat qu’ensemble nous devons mener avec détermination –⁠ précisément au nom de la promesse républicaine.
En 2024, on a recensé 173 actes antimusulmans, ce qui correspondait à une baisse de 29 % par rapport à lannée précédente. Cette diminution doit toutefois être mise en regard avec les chiffres publiés il y a quelques jours par le service statistique du ministère de l’intérieur. Ce dernier a enregistré 16 000 infractions à caractère raciste, xénophobe et antireligieux pour l’année 2024, soit une hausse de 11 % par rapport à l’année dernière. Depuis 2016, ces actes augmentent en moyenne de 8 % par an. Nous assistons bien à une hausse globale et préoccupante des actes de haine et de violence, un phénomène que nous ne devons ni minimiser ni relativiser.
Ces chiffres ne reflètent qu’une partie de la réalité : combien de victimes, par crainte ou par résignation, ne portent pas plainte ? Combien subissent dans le silence les agressions physiques, les intimidations, les attaques de lieux de culte ou la haine sur les réseaux sociaux ? Combien subissent la conséquence de cette haine, à savoir des discriminations au quotidien ?
En 2019, 31 % de nos compatriotes musulmans déclarant avoir subi une discrimination l’attribuaient à leur religion, contre 15 % lors de la précédente enquête, il y a dix ans. Cette hausse est inacceptable ; nous devons être intransigeants. Nous ne pouvons accepter ni les attaques haineuses, quelle qu’en soit la forme, ni les discriminations qui reviennent à dire à certains de nos concitoyens : « Tu ne seras jamais tout à fait des nôtres ». Nous devons les combattre sans relâche, avec la même détermination, sans distinction ni hiérarchie. Nous devons les combattre avec la force de nos convictions et l’engagement indéfectible de celles et ceux qui refusent que la haine devienne une fatalité.
Être républicain, c’est être acteur. C’est refuser l’indifférence, ce poison qui gangrène notre société et permet aux injustices de prospérer. Je veux le dire très clairement : se taire, c’est accepter. Détourner le regard, c’est encourager. Face à la haine et aux discriminations, nous devons opposer l’engagement de toute notre société et l’unité de notre République. Si nous cédons à l’essentialisation, si nous cédons au piège du repli, si nous laissons s’installer l’idée que seul celui qui souffre dans sa chair peut légitimement se battre, alors nous avons déjà perdu.
Depuis quand faut-il être victime pour s’indigner ? Depuis quand faut-il être concerné pour agir ? La lutte contre les haines, les discriminations, constitue un combat universel et universaliste pour la liberté, l’égalité, la dignité, la justice, pour la laïcité, pour la République ; un combat qui exige des moyens, des outils, des décisions, une volonté politique. Nous menons ainsi une politique déterminée en vue de mieux accompagner les victimes et sanctionner davantage les auteurs : ces dispositions forment le cœur du plan national de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine pour 2023-2026, dont j’assure la coordination et la Dilcrah, sous mon autorité, la mise en œuvre.
S’agissant particulièrement des musulmans, l’État, comme l’a mentionné le rapporteur, soutient l’association de défense contre les discriminations et les actes antimusulmans ainsi que la création d’une plateforme de signalement de ces actes, mesures concrètes, efficaces, indispensables en vue de mieux les quantifier et d’apporter des réponses appropriées. Il importe d’agir avec détermination : je souhaite que les travaux parlementaires engagés à ce sujet, notamment la proposition de loi déposée par Marc Ferracci, puissent progresser rapidement, car des dispositifs permettant d’établir la preuve de discriminations ouvriraient la voie à un dialogue exigeant avec les entreprises et à des mesures correctives, nécessaires si nous voulons agir sur le réel. Trop souvent, les auteurs de ces discriminations se cachent derrière des justifications fallacieuses : subjectivité du choix, manque prétendu d’adéquation aux compétences, critères opaques, insidieux. Écarter un candidat à l’emploi en raison de son nom ou de son adresse, un locataire en raison de sa couleur de peau, de son origine réelle ou supposée, fermer une porte pour des motifs que l’on n’avouera jamais est inacceptable ; cela doit cesser.
La ligne du gouvernement est très claire, ne souffre aucun compromis, toujours susceptible de devenir compromission, et tient en un mot : intransigeance –⁠ à l’égard de tout acte de haine, toute forme de discrimination, mais aussi à l’égard de lentrisme, du prosélytisme, de lintégrisme religieux. Il sagit là dun seul et même combat, dans lequel nous devons faire preuve dune fermeté absolue, y compris face aux attaques contre la laïcité. En République, la laïcité est une protection. Elle nexclut pas : sur nos terrains de sport, personne n’est interdit, aussi longtemps que chacun se conforme et se soumet aux lois républicaines. Elle rassemble autour de nos valeurs universelles. Elle n’est pas négociable, car elle constitue la condition même de notre liberté, de notre égalité. C’est pourquoi je réaffirme que le gouvernement ne reculera pas ; jamais la République ne tolérera la haine.
À celles ou ceux qui mettraient en cause la République et ses lois, je le rappelle clairement : aucune loi ne vise ni ne stigmatise certains de nos concitoyens en raison de leur religion. Faire croire le contraire revient à attiser la haine, à creuser le fossé générationnel qui divise malheureusement notre pays. La législation française ne distingue aucun culte, aucune religion. Le racisme hiérarchise ; la loi unifie et rassemble. Je l’affirme avec gravité, nous ne plierons pas : il s’agit de la République, qui jamais, je le répète, n’acceptera l’intolérance, les divisions, les discriminations, les haines. Jamais la France ne deviendra un assemblage de communautés, elle qui ne reconnaît que la communauté nationale !

> Éradiquer les violences conjugales, c'est être présent sur tous les territoires. Pour former, pour prévenir, pour détecter, pour accompagner. A Pont-Audemer dans l'Eure, je suis fière d'inaugurer le Van Envol : un van itinérant de village en village pour être au plus près des femmes qui en ont besoin.

 

Astrid Panosyan-Bouvet (ministre déléguée auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargée du Travail et de l’Emploi)
> La loi civile sera toujours supérieure à la loi religieuse. Je suis une ligne laïque et républicaine : il faut une loi qui clarifie nos principes.

> Apprenons à faire confiance en la capacité des partenaires sociaux à trouver un compromis pour les retraites. Le diagnostic de la Cour des comptes est là, laissons les partenaires sociaux travailler.

> Les enjeux de la politique de l’emploi, lesquels résident en premier lieu dans la question du sous-emploi, de la sous-activité et des jeunes et des travailleurs expérimentés, mais aussi des personnes les plus éloignées de l’emploi. Depuis 2017, la révolution culturelle de l’apprentissage a eu un impact considérable sur le taux d’emploi des jeunes. Le taux d’activité des 55-64 ans a lui aussi augmenté, rien que depuis 2023, de 2,5 points grâce, en particulier, à la réforme des retraites de Mme Borne. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas continuer d’avancer sur des questions de santé et de conditions de travail.
En ce qui concerne les personnes les plus éloignées de l’emploi, j’invite à prendre connaissance des résultats de l’expérimentation menée dans cinquante départements qui sont parvenus à faire sortir du RSA 42 % de ses bénéficiaires.
Nous sommes sur la bonne voie, nous devons donc continuer et je compte sur votre soutien.
En ce qui concerne les travailleurs et les travailleuses de la propreté et la circulaire, là aussi l’État est sur le bon chemin et doit poursuivre son action : 64 % des sites ont recours au travail en journée, 83 % au travail en continu. Je dois rencontrer dès le début du mois d’avril deux députées, Mmes Gailliard-Minier et Taillé-Polian, qui s’intéressent à ce sujet.
L’État joue son rôle, en particulier les ministères sociaux. C’est une question d’organisation, de qualité de travail, mais aussi de visibilité pour des travailleurs et des travailleuses dont l’activité est essentielle.

> Le sous-emploi des travailleurs expérimentés est un gâchis monumental. Les pistes à suivre pour renforcer leur taux d’activité :
- lutter contre les stéréotypes et valoriser leur expertise
- miser sur la formation continue
- aménager les fins de carrières et anticiper les retraites.

 

Amélie de Montchalin (ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique, chargée des Comptes publics)
> Nous désendetter, c'est le projet n°1 du Gouvernement à l’heure où notre souveraineté financière est profondément liée à notre souveraineté stratégique.

 

Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique, chargé de l’Industrie et de l’Energie)
> La France et l'Europe avancent ensemble pour le renouveau minier. La Commission européenne a annoncé les 47 projets de mines et d’usines de raffinage des minerais stratégiques, dont 9 en France, pour réduire notre dépendance européenne.
- 4 grands domaines : batterie, semi-conducteurs, énergie, défense.
- 27 milliards d’euros d’investissements globaux.
- 2 milliards d’euros d’aides financières.
Il est important pour la France et l'Europe de s'appuyer sur une production locale souveraine et résiliente d'un point de vue environnemental. Ensemble, produisons en Europe pour nos industriels !

> Un territoire, une solution. Une transition, des résultats. Le Sénat a adopté la proposition de loi permettant la conversion de la centrale à charbon Émile-Huchet (Moselle) vers le biogaz.
- Une avancée en lien avec les enjeux de transition énergétique des anciens territoires du charbon
- Une solution concrète pour l’emploi local (500 emplois concernés)
- Objectif : sortir du charbon, sans laisser personne au bord du chemin.
Un projet soutenu par l’État, porté par les élus mosellans et appuyé par GazelÉnergie.
Étape 1 validée.
Prochaine étape : l’Assemblée nationale, pour poursuivre ce chemin législatif essentiel à une transition énergétique juste et territorialisée.

 

Nathalie Delattre (ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique, chargée du Tourisme)
> Un début d’année prometteur pour le tourisme! Malgré un léger fléchissement de certains marchés et du flux d’affaires, les perspectives sont très positives
- Hausse de la clientèle internationale
- Succès de la montagne
- Rebond du tourisme asiatique.

> Ma feuille de route repose sur trois axes majeurs : rendre notre tourisme plus durable, plus innovant et plus inclusif. Il est essentiel de valoriser la Destination France dans toute sa richesse et sa diversité.
Le tourisme est une compétence partagée entre plusieurs niveaux de collectivité : les régions, les départements, les intercommunalités et les communes. C’est un travail que l’on doit mener ensemble pour élaborer et déployer une stratégie commune, adaptée aux particularités de chaque territoire.
Le tourisme est un secteur qui a su montrer à de nombreuses reprises sa force et sa résilience lors de la crise Covid, avec un accompagnement de l’Etat à travers le plan de relance Destination France, mais nous devrons y travailler plus longuement.

 

Patricia Mirallès (ministre déléguée auprès du ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants)
> « Je n’aime pas l’expression devoir de mémoire… Le seul devoir, c’est d’enseigner et de transmettre. » Simone Veil avait raison. À Lyon, j’ai tenu à remercier celles et ceux qui s’emploient à faire vivre et cultiver cette mémoire. Il n’y a pas d’armée moderne sans mémoire. Pas de mémoire sans ceux qui la portent. Notre jeunesse a besoin de vos histoires, de vos valeurs, de vos repères. Vous avez un grand rôle à jouer dans la construction du destin qui sera le sien.

 

Thani Mohamed Soilihi (ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux)
> Sommet nutrition: plus de 27 milliards d’euros annoncés au profit de la sécurité alimentaire, ce qui dépasse le seuil du précédent Sommet à Tokyo! Ce succès diplomatique exceptionnel annoncé par Emmanuel Macron est la preuve que la Nutrition est une priorité mondiale largement partagée.

> Protéger les populations les plus vulnérables et œuvrer pour la stabilité internationale est l’honneur de la France.

L’Agence française de développement [AFD] a été créée par le général de Gaulle, qui visait une France forte. Il est surprenant de voir que ceux qui se prévalent d’un discours gaulliste sont aussi capables de s’offusquer des dépenses liées à l’Aide publique au développement [APD]. Je rappelle que l’APD a, par exemple, permis de sauver 7 millions de vies de la tuberculose, du paludisme et du VIH sur les 20 dernières années, notamment grâce à la lutte engagée par la France. Par ailleurs, contrairement à ce que l’on entend, environ 75 % des projets financés par l’AFD bénéficient directement ou indirectement aux entreprises françaises implantées à l’étranger.

Une partie de la classe politique s’inspire, dans une logique populiste et isolationniste, de la fin de l’USAID pour critiquer ces dépenses essentielles. Ce n’est pas comparable. L’Agence française de développement accorde 85 % de prêts et 15 % de dons, tandis que l’USAID fonctionne entièrement avec des dons. Depuis la fin de l’USAID, il est estimé que 1,6 million de personnes vont mourir chaque année du VIH. Veut-on les laisser mourir ? L’indifférence coûte toujours plus cher que la solidarité. (…)
Une partie de la classe politique confond l’AFD et l’APD. L’AFD est attaquée notamment sur les questions de pilotage et d’évaluation, alors que les processus de contrôle sont extrêmement stricts. Chaque année, l’AFD est auditionnée par le Parlement. Elle tient près de 11 conseils d’administrations par an, où siègent aussi nos parlementaires. Chaque projet engagé est validé localement par notre ambassadeur. J’ai présidé récemment un comité de pilotage de l’APD qui a notamment permis d’accélérer le lancement de la commission d’évaluation, prévue de longue date mais retardée notamment par les changements de gouvernement. Son objectif sera d’évaluer plus activement encore la pertinence de toutes les actions menées actuellement. (…)
C’est dans l’intérêt des Français de poursuivre cette aide qui nous protège et permet à la France de tenir son rang. La pandémie de Covid-19 nous a rappelé que les maladies ne s’arrêtent pas à nos frontières. Nous voulons éviter de futures pandémies en agissant en amont. Ebola, par exemple, aurait pu causer encore plus de ravages si nous n’avions pas agi. Le climat est aussi un autre défi auquel nous sommes tous confrontés : les cyclones Chido et Garance ont durement frappé La Réunion et Mayotte. Personne n’est aujourd’hui épargné par les phénomènes météorologiques extrêmes. Même en matière de migrations, si nous ne soutenons pas les États, par exemple dans des domaines tels que la nutrition, l’agriculture, etc., cela ne fera qu’accroître les déplacements de populations. C’est ce en quoi l’aide au développement est un atout indispensable pour la sécurité et la prospérité des Français et pour un monde moins instable.

> [Aide publique au développement] Je suis choqué par la désinformation de l’extrême droite. C’est du cynisme pur. La France est un pays qui défend des valeurs d’égalité et de solidarité, et elle doit continuer à porter ces valeurs, même en période de difficulté budgétaire. Tous les ministères ont été mis à contribution, dans un esprit de responsabilité. Mais nous n’abandonnons pas pour autant nos combats en matière de solidarité internationale, ce qui fait notre honneur. Plusieurs puissances réactionnaires n’attendent qu’une chose : que la France baisse les bras.

> Le discours du président de la République à Ouagadougou a constitué un tournant dans la façon dont nous construisons nos relations avec les pays du continent africain. Nos relations ne se limitent pas à l’aspect sécuritaire. Nous entretenons des partenariats économiques, agricoles, éducatifs, etc., basés sur un échange gagnant-gagnant. Des pays comme le Kenya, l’Angola, le Nigeria, le Sénégal, la Côte d'Ivoire et Madagascar attendent avec intérêt que la France s’engage davantage dans ces partenariats. Par exemple, au Cameroun, un barrage hydraulique, en grande partie construit par EDF, fournira de l’électricité à 30 % de la population. Cela créera 23 000 emplois.

[Niger, Burkina Faso et Mali ont quitté l’Organisation internationale de la francophonie] Ce n’est pas la France qui a tourné le dos à ces partenaires. Ce sont ces pays qui ont pris la décision de quitter l’Organisation. Ils avaient, après les putschs, été suspendus de l’OIF. Nous respectons leur décision, mais nous ne tournons pas le dos aux populations civiles. Nous continuons nos actions. La Francophonie est-elle toujours un levier d’influence pour la France ? C’est avant tout un levier pour tous les francophones. La Francophonie regroupe plus de 90 États et gouvernements. Lors du dernier sommet, l’OIF a intégré 5 nouveaux membres. Preuve que la Francophonie est toujours attractive. D’ici 30 ans, la population francophone devrait dépasser les 750 millions de personnes, contre 321 millions aujourd’hui.

> Les sénateurs ont adopté hier soir la proposition de loi des Républicains visant à restreindre davantage les conditions d’accès à la nationalité française à Mayotte. Il s’agit d’être mobilisés et rigoureux, notamment tant que le bilan des mesures de 2018 n’a pas été effectué. Ce sujet est essentiel, et il était nécessaire en 2018 face à la problématique migratoire.

[Débat sur l’identité nationale] Je soutiendrai toute forme de réflexion collective sur notre avenir et la manière dont faire société ; dans un monde fragmenté, il est indispensable de promouvoir des valeurs de vivre ensemble et de solidarité. Je viens d’un territoire où la coexistence entre la République et l’Islam a toujours été pacifique. Je suis fier d’être Français, Européen, et issu de Mayotte proche du continent africain. (…) Un débat est toujours sain. Il peut nous permettre de découvrir ce qui nous rassemble plus que ce qui nous divise. Car j’estime que la lutte contre l’archipélisation de la France est essentielle.

> Nous sommes loin de l’immobilisme. Au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, nous agissons chaque jour en faveur de la stabilité internationale, sous l’impulsion du ministre Jean-Noël Barrot. Il y a des avancées concrètes, et les préoccupations internationales obligent la France à agir.

> Les Français attendent des hommes et femmes politiques qu’ils soient responsables, et non qu’ils participent à des débats hystérisés. Mon objectif est de répondre aux préoccupations des Français.

 

Autres ministres
Bruno Retailleau (ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur)
> [Délinquance des mineurs] Je pense qu'aujourd'hui, on a un problème majeur, je suis bien placé comme ministre de l'Intérieur pour le savoir. Une grande partie de la délinquance, y compris la délinquance la plus violente, est le fait de mineurs. Et ces mineurs, malheureusement, ont un sentiment d'impunité. Pourquoi ont-ils un sentiment d'impunité ? Parce que notre politique pénale, la loi qui régit, qui encadre la justice des mineurs n'est plus du tout adaptée. Parce qu'on enferme, en réalité, les mineurs dans un long parcours de délinquance. La plupart de ceux qui tuent, on se rend compte qu'ils ont des antécédents judiciaires. 5, 10, 15, 20, 30, qui n'ont jamais été condamnés à la prison. Donc moi je pense qu'il faut réformer profondément la justice des mineurs. Un, avec des courtes peines de prison de quelques semaines dans des établissements différenciés qui sont prévus à cet effet, comme le font par exemple les Pays-Bas. C'est une semaine, deux semaines, trois semaines, voilà. Deux, il n'y a pas d'excuse pour ceux qui tuent, ceux qui blessent grièvement, y compris pour la minorité. Il faut transformer les choses. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, l'excuse de minorité est la règle. Demain, elle doit devenir l'exception, la comparution immédiate.

> Je veux rappeler un chiffre, deux chiffres, pour les rapprocher, qui sont terrifiants. Nos compatriotes français de confession juive représentent moins de 1% de la population. Et pour autant, ils sont victimes de près de 60% des actes racistes et antireligieux. À 1% d'un côté, près de 60% de l'autre. Donc vous avez un antisémitisme d'atmosphère qui, aujourd'hui, a un double visage. Hier, c'était l'extrême droite, qui est aujourd'hui cet antisémitisme d'extrême droite plutôt résiduel. Ce double visage, c'est l'islamisme. L'islamisme qui, aujourd'hui, je le dis solennellement à votre micro, se comporte comme le fasciste d'hier. Le fascisme, dans la mesure où c'est un catalyseur de haine antisémite. Et puis, il y a un autre visage, l'extrême gauche. L'extrême gauche qui, sous le masque, en réalité, de l'antisionisme, attise les braises de l'antisémitisme, instrumentalise la cause palestinienne, simplement pour draguer un vote communautariste.

> Les islamistes, et notamment les Frères musulmans, avancent à bas bruit. C'est un islamisme à bas bruit, avec un discours très lisse, avec une rhétorique habile où ils reprennent nos concepts, ils retournent, par exemple, l'argument de la liberté contre la démocratie libérale.

 

Eric Lombard (ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique)
> [Intervention à l’Assemblée sur le Pacte vert européen] Je suis très heureux d’intervenir ce soir avec Agnès Pannier-Runacher pour clarifier nos intentions pour la transition écologique en Europe, s’agissant notamment du pacte vert pour l’Europe.
La France a été l’un des principaux soutiens du pacte vert, et le restera. Le pacte vert propose depuis cinq ans une vision cohérente de la transition, mobilisant les entreprises et liant décarbonation, économie circulaire, protection de la nature et de la biodiversité. Soixante-dix textes ont été publiés et la France a joué un rôle moteur, notamment à travers l’adoption du paquet Fit for 55, sous la présidence française de l’Union européenne.
Le pacte vert est plus que jamais d’actualité : notre intention, je l’ai répété lors des questions au gouvernement cet après-midi, est d’avoir une Europe « zéro net » en 2050. Nous le devons aux générations futures, qui sinon risquent d’en payer les conséquences.
La température moyenne a dépassé de 1,2 degré en 2019 et de 1,5 degré en 2024 –⁠ lannée la plus chaude jamais enregistrée – la température moyenne de l’ère préindustrielle. Nous avons tous à l’esprit des drames humains, les incendies de Los Angeles, les inondations de Valence et le cyclone Chido, qui a dévasté Mayotte. Météo France a publié la semaine dernière un rapport qui confirme que les phénomènes extrêmes iront croissant, avec des conséquences toujours plus lourdes sur l’ensemble de l’économie. Les dernières estimations du réseau des banques centrales sur le climat montrent qu’un réchauffement mondial atteignant 3 degrés en 2100 diminuera dès 2050 le PIB mondial de quinze points par rapport à un monde sans changement climatique. Ce qui confirme la phrase d’un de nos grands économistes : « Le meilleur investissement que nous puissions faire, c’est l’investissement dans la transformation écologique. »
Il ne s’agit donc pas de remettre en cause le pacte vert pour l’Europe, mais de le mettre en œuvre de façon intelligente pour en faire non seulement notre principal outil écologique, mais un atout de compétitivité et de souveraineté. Dans le contexte international tourmenté que nous connaissons, doublé de tensions commerciales et de la concurrence déloyale d’autres juridictions, c’est même un impératif.
Permettez-moi de relever deux points avant de conclure.
Le premier, c’est l’exigence d’une mise en œuvre pragmatique. La simplification, c’est aussi un facteur évident de compétitivité et une condition de bonne appropriation de la mesure par les entreprises –⁠ on le voit dans les débats actuels. Cest pourquoi la simplification a été intégrée dans le pacte vert dès sa conception. Nous allons conserver notre cap parce que la stabilité est une vertu en économie –⁠ les derniers indicateurs sont dailleurs un peu plus positifs. Les acteurs que je rencontre tous les jours sont engagés sincèrement dans cette transition. Nous allons être pragmatiques parce que nous apprenons en marchant : les entreprises ne nous demandent pas de renoncer, mais réclament de lintelligence dans lapplication des dispositifs du pacte vert, conformément à sa philosophie même.
En ce sens, la Commission européenne, avec notre soutien, a proposé un pacte pour l’industrie propre –⁠ le Clean Industrial Deal, en moins bon français –, qui complète le pacte vert dans le cadre de la Boussole de la compétitivité, dans la logique du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, le MACF. À ce propos, je rappelle que 70 % des entreprises qui auraient dû déclarer leurs importations étaient des PME… Nous soutenons la position de la Commission de fixer dorénavant à 50 tonnes le seuil d’import minimum pour cette obligation déclarative. Avec cette simplification très importante, 92 % des importateurs ne seront plus soumis à l’obligation de déclaration, étant entendu que les 8 % restants représentent 98 % des émissions. On conserve donc bien le même objectif, tout en simplifiant la vie des PME.
C’est dans le même esprit que nous avons maintenu avec fermeté, face à d’autres États membres, le cap de 2035 pour l’automobile décarbonée en adaptant à court terme le règlement Cafe –⁠ relatif à la consommation moyenne des voitures neuves. Il sagissait de ne pas pénaliser injustement les constructeurs engagés dans l’électrification.
Jen viens à mon second point : la sortie des énergies fossiles demeure absolument impérative. La transition écologique devient une force pour l’Europe parce qu’elle réduit ses dépendances aux énergies fossiles. C’est donc un enjeu de durabilité, au sens écologique et économique du terme –⁠ il sagit de maintenir sa compétitivité et sa souveraineté. Les importations de produits fossiles ont coûté à la France 75 milliards deuros en 2023 et proviennent à plus de 90 % de pays extra-européens. Le pacte vert représente pour nous loccasion de nous défaire de ces dépendances, d’autant que notre souveraineté énergétique impose de produire davantage sur notre territoire l’énergie que nous consommons et que l’énergie décarbonée qui remplacera les énergies fossiles doit être compétitive et souveraine, issue à la fois du nucléaire et du renouvelable.
À cette fin, la neutralité technologique doit se généraliser en matière énergétique et le soutien au nucléaire doit se renforcer au niveau européen.
Je vous parle ce soir à la fois comme ministre de l’économie et des finances et comme citoyen, engagé de longue date dans ces combats. La défense du pacte vert va continuer à nous mobiliser. Nous souhaitons le faire en avançant, sans trahir son ambition initiale, parce que c’est un pacte avec nos entreprises, mais de façon encore plus importante, avec les générations futures.

> Beaucoup de choses se détricotent et notre monde connaît une crise d’une extrême gravité –⁠ cest une évidence. Une guerre se déroule sur le continent européen, à 2 000 kilomètres de notre territoire. Nombre de pays s’éloignent des principes démocratiques qui fondent notre République. Les États-Unis sont passés sous une présidence, certes issue des urnes, qui tend à abandonner des principes sur lesquels le pays était un peu en retard mais progressait malgré tout  désormais, ils militent pour les forages pétroliers, les énergies carbonées et prônent un développement qui ne respecte ni les diversités ni l’inclusion.
Dans ce monde, nous avons deux préoccupations. La première est de conserver la singularité européenne d’une trajectoire de transformation écologique, de pousser l’idée d’une communication extra-financière et d’un devoir de vigilance –⁠ pour permettre aux valeurs que nous chérissons dimprégner lensemble de la chaîne de production.
Parallèlement, nous devons tenir compte de la compétition encore plus difficile à laquelle les entreprises se livrent. En dialogue avec elles, nous avons procédé à quelques aménagements. Ces aménagements ne remettent pas en cause le fond. La CSRD s’applique en France, pour la phase 1, même si nous voulons réduire le nombre d’indicateurs ; pour la phase 2, nous souhaitons obtenir une simplification et un délai –⁠ cest le but de la directive omnibus.
Nous souhaitons par ailleurs que la CS3D soit simplifiée. Grâce à une loi que vous connaissez mieux que personne, monsieur Potier, le devoir de vigilance s’applique déjà dans notre pays. Il doit s’appliquer à toute l’Europe, moyennant les simplifications souhaitées par la majorité de nos partenaires. Les principes de responsabilité civile des entreprises et de devoir de vigilance sont maintenus. Malgré le basculement que connaît le monde, il me semble que les textes proposés par la France et soutenus par l’Union européenne défendent ces valeurs, importantes pour vous, et que nous partageons. J’espère que nous pourrons le démontrer dans nos prochaines réponses.

> S’agissant du projet de directive omnibus, je voudrais rappeler notre ambition. Elle est d’avoir en 2050 une économie décarbonée, inclusive, démocratique, ouverte. Cette ambition reste au cœur de notre projet.
Que s’est-il passé ? À la suite des chocs que nous avons subis récemment, la concurrence est devenue de plus en plus rude et il y a eu effectivement une pression renforcée de la part des entreprises. Je signale que la directive CSRD, déjà appliquée en France pour ce qui est de la phase 1, n’a pas été transposée par dix-sept États membres. Je le regrette –⁠ nous le regrettons –, et cela place nos entreprises dans une situation de distorsion de concurrence. De ce fait, quand la demande des entreprises sest traduite à l’échelon du Conseil affaires économiques et financières, auquel je participe depuis trois mois, lavis majoritaire a été de se donner du temps. Doù le projet de directive omnibus.
Néanmoins, je le répète, nous nabandonnons pas notre ambition. La directive omnibus simplifie la phase 1 et reporte un peu la phase 2 de la directive CSRD, mais tout en en conservant les principes. Nous allons adapter le droit français au moyen du projet de loi Ddadue, portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne.
Quant à la directive CS3D, des règles s’appliquent déjà et nous avons obtenu qu’elles s’appliquent aussi à l’ensemble de l’Union européenne. La responsabilité civile des dirigeants, qui est un élément essentiel, a fait l’objet de débats ; l’attitude de la France a permis que cette exigence soit maintenue. La taxonomie verte demeure, de même que le MACF et toute une palette de mesures qui participent de la même ambition.
Pour conclure, il est vrai que nous avons dû nous adapter aux divergences dans la mise en œuvre des textes au sein des différents États membres et à une concurrence internationale renforcée, mais l’ambition reste la même et nous y sommes très attachés.

> le meilleur CO2 est celui qui n’est pas émis. Notre projet, c’est de recourir à des énergies décarbonées et de privilégier des processus industriels qui n’émettent pas de carbone.
Concernant les émissions, que nous voulons aussi résiduelles que possible, il est vrai que différents opérateurs expérimentent plusieurs techniques de stockage. Une grande entreprise française spécialisée dans l’exploitation du gaz développe la technique que vous avez évoquée : elle consiste à liquéfier le carbone pour le réinjecter dans les couches profondes d’anciens champs pétroliers, de façon à atteindre des cavités depuis lesquelles ce CO2 ne risque pas de se diffuser dans l’atmosphère. Au large de la Norvège, il existe des sols de ce type, où l’on peut réinjecter du CO2 dans d’anciennes poches vidées de leur pétrole. La France n’ayant jamais été une grande puissance pétrolière, nous ne disposons pas d’anciens champs pétroliers. Ces circonstances seules expliquent que nous menions cette expérimentation en Norvège, dans le respect de la réglementation.
Toutefois, nous ne souhaitons pas que cela devienne l’option prédominante. Continuer à polluer et traiter ensuite la pollution ne me paraît pas la bonne solution en matière d’écologie. En revanche, dans une phase de transition où les émissions de carbone sont encore excessives, il s’agit sans doute d’une technique intéressante, à condition de disposer de sols ad hoc et de respecter les règles en vigueur.

 

Valérie Létard (ministre déléguée auprès du ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, chargée du Logement)
> [Intervention à l’Assemblée lors d’un débat sur le logement] Nous évoquons un sujet majeur pour les Français : le logement. Le logement dans toutes ses composantes. Il a des effets sur la vie de tous nos concitoyens. Toutes vos interventions l’ont souligné et le constat est partagé : le logement est un pilier de nos politiques d’emploi, de santé, de transition écologique, de solidarité.
Or le secteur du logement est en crise. Là aussi, toutes vos interventions l’ont rappelé et les constats convergent. Ces circonstances font que l’exercice auquel je me prête devant vous est complexe. Je suis toutefois convaincue qu’en matière de logement, il est au moins possible d’arriver à un constat commun et que nous pouvons avoir une conjonction de bonnes volontés.
Dès mon arrivée, il y a quelques mois, j’ai pris des mesures d’urgence qui étaient nécessaires, compte tenu de la situation que vous venez tous de rappeler.
Grâce à la loi de finances, tout d’abord, le prêt à taux zéro a été élargi à tout le territoire pour le neuf, en plus d’être maintenu pour l’ancien en zone détendue, ce qui est de nature à favoriser le retour des ménages vers l’accession à la propriété. Cette extension concernera aussi bien les appartements que les maisons individuelles, et elle sera effective définitivement le 1er avril prochain, c’est-à-dire dans une semaine.
Certains d’entre vous ont évoqué l’augmentation des DMTO. J’ai plaidé, et cela a effectivement été maintenu dans le budget, pour que les primo-accédants qui bénéficieront du PTZ, dans l’ancien particulièrement, ne soient pas touchés par cette augmentation. L’exonération de DMTO sera effective pour les primo-accédants bénéficiant du prêt à taux zéro.
J’ajoute qu’un décret publié il y a quelques jours va permettre de cumuler le prêt à taux zéro dans l’ancien avec MaPrimeRénov’ : vous le voyez, un large panel de solutions est proposé aux ménages modestes primo-accédants, afin que leur accession à la propriété devienne vraiment possible.
Nous avons également accompagné la production de logements sociaux, qui doit être l’un des moteurs de la reprise. Le taux du livret A a baissé au 1er février 2025 et nous avons baissé la réduction de loyer de solidarité (RLS) –⁠ cest-à-dire la ponction qui est faite sur les fonds propres des bailleurs sociaux – pour la première fois depuis 2017. Cela va permettre de produire 100 000 logements et den rénover 130 000, grâce à lengagement de tous les acteurs du logement social, dont je salue les efforts. Ils ont dailleurs signé un engagement collectif en ce sens, sous la présidence dEmmanuelle Cosse et avec tous les présidents de fédérations.
Plusieurs d’entre vous ont évoqué les difficultés que peuvent rencontrer les maires et ont appelé à encourager et à soutenir les maires bâtisseurs. Je rappelle quune prime aux maires bâtisseurs, annoncée et décidée par le premier ministre, figure effectivement dans le budget, et quelle s’élève à 100 millions deuros. Une circulaire, qui est en train darriver entre les mains des préfets, va immédiatement entrer en application : elle permettra daccorder des aides directes aux maires, qui iront de 1 000 à 5 000 euros par logement, en fonction de différents indicateurs, notamment le type de logement et le respect des normes environnementales. C’est tout l’environnement du logement qui sera pris en compte. Tous les logements seront concernés, mais une bonification sera accordée pour les logements sociaux.
En complément, il importe de soutenir l’investissement locatif, compte tenu notamment de la fin programmée du Pinel. Grâce à la loi de finances et au soutien de nombreux parlementaires, il est désormais possible de donner jusqu’à 100 000 euros à ses enfants et à ses petits-enfants pour qu’ils achètent un logement neuf ou qu’ils fassent des travaux. Cette mesure, qui est transitoire, a vocation à dynamiser et à encourager la transmission entre générations, à favoriser l’investissement des primo-accédants dans le neuf, mais aussi à proposer du locatif abordable pour ceux qui auraient bénéficié de cette transmission.
Cette mesure est appelée à laisser la place à un cadre pérenne avec un futur statut du bailleur privé. L’enjeu est d’encourager l’investissement privé de nos concitoyens dans la pierre, qui souffre actuellement d’une désaffection. Si nous avons besoin de soutenir la production de logements sociaux, nous avons également besoin d’encourager les familles françaises à investir dans la pierre, afin de proposer une offre locative à nos concitoyens. Ce sont deux démarches qui, loin de s’opposer, se complètent. Si nous n’activons pas ces deux leviers, nous ne pourrons pas créer la dynamique qui est nécessaire pour satisfaire le besoin de logement que partagent toutes les catégories socioprofessionnelles, des plus modestes aux plus aisés. Il faut que nous soyons au rendez-vous de la production de logement.
Ce budget a aussi permis de maintenir le parc d’hébergement d’urgence et de dynamiser le plan Logement d’abord. Dans la mesure où les besoins sont énormes et ne cessent d’augmenter, les capacités d’accueil du parc d’hébergement d’urgence seront maintenues à 203 000 places durant l’année 2025, comme en 2024. Le gouvernement a par ailleurs débloqué 250 millions, afin d’assurer le financement de l’année 2024. Le plan Logement d’abord, qui consiste depuis 2018 à orienter les personnes sans-abri ou mal logées le plus rapidement possible vers le logement, tout en assurant un accompagnement social adapté à leurs besoins, s’est vu allouer 29 millions supplémentaires en 2025, afin de contribuer à l’objectif de 30 000 créations de places en intermédiation locative et de 10 000 places en pensions de famille sur la période 2023-2027. Depuis 2017, ce sont 50 000 personnes sans domicile qui ont été relogées, dans le cadre de ce dispositif.
Nous avons préservé le soutien à la rénovation énergétique, avec 2 milliards d’euros de l’État pour MaPrimeRénov’. La stabilité des paramètres des travaux, à laquelle je m’étais engagée, a été sécurisée en décembre, et je poursuis les efforts pour soutenir la dynamique sur le terrain. Contrairement à ce qui a pu être dit, la rénovation énergétique, ça marche, puisque 350 000 logements ont été rénovés, et que cela représente plusieurs centaines d’euros d’économies de charges pour les propriétaires occupants et les locataires qui ont bénéficié de ces rénovations. Dire que cela fonctionne, ce n’est pas nier que la dynamique est complexe et que l’effort demandé est important. J’ai entendu vos questions relatives au DPE et à d’autres aspects ; j’y reviendrai en détail lors de nos échanges, mais j’insiste sur le fait qu’il faut poursuivre nos efforts, au bénéfice de ceux qui occupent ces logements, et afin que leur pouvoir d’achat ne soit pas affecté.
Enfin, nous avons soutenu le financement de la rénovation urbaine et de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), avec un abondement de 50 millions. Une revue des projets est actuellement menée par les équipes de l’Anru, afin de se projeter dans le futur.
Je suis à l’œuvre pour que ces mesures portent leurs fruits, pour aller plus loin et pour décliner nos politiques publiques sur le terrain. Loger mieux, cela passe d’abord par la production de logements. Nous devons nous atteler à diminuer les coûts de production, par des simplifications en matière d’urbanisme et de normes de construction. Je pense là aussi aux territoires ultramarins et insulaires où ces problématiques sont particulièrement sensibles. J’étais hier à Bruxelles ; je veillerai à ce que les orientations prises au niveau européen intègrent ces enjeux et que les textes européens ne soient pas surtransposés, pour maîtriser les coûts.
Pour produire plus de logements, il faut développer l’industrie de la transformation urbaine. Je serai demain dans les Hauts-de-Seine pour soutenir la transformation de bureaux vacants en logements, notamment étudiants, en m’appuyant sur des cas concrets et en prolongeant les travaux législatifs.
Les bailleurs sociaux sont les principaux producteurs. La compression de l’échelle des salaires rend le logement social de plus en plus important dans les parcours résidentiels : c’est tout le sens de la baisse du taux du livret A, de la baisse de la RLS et de la mise en œuvre de la feuille de route signée avec le secteur. C’est aussi le sens de la production de logements étudiants, que nous devons dynamiser, après une année 2024 historique, où près de 10 000 logements sociaux ont été agréés.
Nous ne produirons pas non plus sans les élus locaux. Il faut de la simplification, notamment pour faciliter la délivrance des autorisations d’urbanisme et la baisse de l’artificialisation des sols, en lien avec François Rebsamen, qui suit de près la question du ZAN, que nombre d’entre vous ont évoquée, car elle est consubstantielle à nos politiques du logement et de l’aménagement. Je souhaite qu’un maire bâtisseur, un maire qui développe son territoire, soit un maire qui gagne, parce qu’il donne des solutions à ses habitants.
Loger mieux, cela implique aussi que les logements produits répondent aux besoins. Il y a des publics auxquels la solidarité nationale doit apporter son concours, parce que c’est l’un des piliers de notre pacte républicain. C’est le cas d’abord des personnes sans-abri. Il faut maintenir la dynamique engagée avec le plan Logement d’abord, lancé par le président de la République en 2018. Je serai par ailleurs particulièrement attentive au développement de la prise en charge de l’hébergement des femmes victimes de violence, en leur dédiant 2 000 places supplémentaires.
Loger mieux, cela implique de mobiliser le parc existant, mais aussi de l’exploiter mieux, c’est-à-dire d’en assurer la rénovation énergétique, en lien avec Agnès Pannier-Runacher. Au-delà de la stabilité des aides, à laquelle je me suis engagée, je veux continuer à donner confiance dans la rénovation énergétique. J’ai lancé, il y a dix jours, un plan pour restaurer la confiance dans le DPE et nous avons évité, en 2024, 230 millions de fraudes sur plus de 40 000 dossiers. C’est la preuve que nos systèmes fonctionnent, et nous allons continuer à les améliorer. Je suis mobilisée pour lutter contre l’habitat indigne et les marchands de sommeil. Les décrets de la loi adoptée il y a un an seront tous pris dans trois mois, et nous irons plus loin.
Concernant l’aménagement du territoire, je suis élue d’un territoire très particulier, dans le bassin minier. Je connais la désindustrialisation, l’habitat indigne, les centres-villes qui se vident. Je sais combien il importe de planifier, de soutenir et de financer. Je crois qu’une vision de l’aménagement du territoire est nécessaire, au niveau local et au niveau national.
J’aimerais, pour finir, évoquer un sujet qui me tient particulièrement à cœur, du fait de mon parcours professionnel et politique : celui de la rénovation urbaine. Je serai très attentive à la mise en œuvre des programmes Anru. Aujourd’hui, tous les crédits ont été répartis et tous les quartiers sont en chantier, avec 3 460 opérations livrées, 12 000 en cours et 2,4 milliards de subventions versées. Je veillerai à ce que nous poursuivions cet effort. L’État y prend sa part en 2025 et nous préparons activement l’avenir, avec la revue de projets que j’ai évoquée, dont les conclusions me seront remises à la fin du mois de mai.

Benjamin Haddad (ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé de l’Europe)
> [Sommet sur l’Ukraine tenu à l’Elysée] Expliquons le but de ce sommet. Le but de ce sommet, c'est de réaffirmer de façon collective notre soutien à l'Ukraine. Déjà, notre soutien, là, à court terme, parce que la guerre continue. Et je vous rappelle que la Russie continue de fermer le dos à la diplomatie, à des avancées sérieuses dans la négociation. Elle choisit toujours la guerre, les bombardements sur le terrain. Donc on a eu hier soir, vous avez vu, avec le Président de la République, de nouvelles annonces de soutien militaire à l'Ukraine, deux milliards d'euros de matériel, de munitions, de capacités satellitaires. Il y aura des annonces des pays réunis aujourd'hui. Et après, effectivement réfléchir, pour mettre d'abord l'Ukraine dans les meilleures conditions de rapport de force pour aboutir à une négociation, et puis après réfléchir à des garanties de sécurité pour avoir une paix durable et juste, pour faire en sorte que le cessez-le-feu qu'il pourrait y avoir demain, ce ne soit pas juste une parenthèse.
On va parler de toutes les options aujourd'hui pour pouvoir effectivement garantir la sécurité de l'Ukraine. Je voudrais dire que la première garantie de sécurité, c'est d'avoir une armée ukrainienne forte ; et donc de voir comment on peut renforcer l'armée ukrainienne. Et après, réfléchir au rôle que les Européens et leurs partenaires, des pays comme le Canada par exemple, pourront jouer pour, effectivement, garantir la sécurité de l'Ukraine, avec, parmi les options qui ont été discutées, des forces qui ne seraient pas effectivement sur la ligne de front, mais qui pourraient sécuriser des points d'une Ukraine en paix. Encore une fois, le but, c'est de dissuader une agression future de la Russie, de protéger l'Ukraine et de protéger les Européens. Mais d'abord, je le dis, c'est vraiment de renforcer l'Ukraine pour pouvoir obtenir un cessez-le-feu, pour la renforcer dans la négociation. (…)
Tout ce qui peut nous amener vers la paix, vers la cessation des hostilités, nous le soutenons. Et c'est pour ça d'ailleurs que le Président l'a dit. L'approche de la paix par la force qui est celle que promeut l'administration Trump, on soutient. Moi, ce que je constate, en revanche, c'est que les Ukrainiens, il y a déjà plus de 10 jours, à Djeddah, lors d'un des rounds de négociations, ont dit qu'ils étaient prêts à une trêve totale des combats pendant 30 jours. La Russie n'a toujours pas répondu. On a eu là, à Riyad, peut-être des avancées sur les frappes contre les infrastructures énergétiques en Ukraine et une trêve en mer Noire. Mais on voit que la Russie continue de se perdre dans des manœuvres dilatoires, à rajouter des conditions, à demander la levée des sanctions. Donc une fois de plus, on voit que Vladimir Poutine n'a pas une attitude sérieuse dans ces négociations. Donc nous devons continuer à maintenir et accroître la pression sur le plan économique comme sur le plan militaire pour pouvoir obtenir la fin des combats. Mais tout ce qui ira dans le sens de la paix, la France le soutiendra. (…)
Les Européens sont réunis précisément pour faire entendre leur voix et pour réaffirmer leur soutien à l'Ukraine dans cette négociation. Encore une fois, le président Trump dit qu'il veut la paix et qu'il veut la paix par la force. Et donc, ça veut dire accroître la pression sur la Russie. C'est la Russie qui est l'agresseur, c'est à la Russie qu'il faut faire comprendre qu'il n'y a pas de voie militaire.

> Vous voyez bien le rôle moteur que joue la France. Vous voyez bien que les Européens aujourd'hui sont réunis à Paris, que Volodymyr Zelensky était hier à Paris, que nous échangeons régulièrement avec nos homologues européens, ukrainiens, américains. Le président français s'est rendu lui-même dans le Bureau ovale pour échanger avec le président Trump pour faire entendre la voix des Européens. Vous savez, moi, partout où je me rends en Europe, je voyage beaucoup, j'entends la reconnaissance pour le rôle qui est joué par la France, non seulement dans le soutien à l'Ukraine dans la diplomatie, mais aussi dans le renforcement des capacités européennes. Parce que fondamentalement, l'enjeu aujourd'hui, c'est aussi de nous donner les moyens de nous défendre face à la menace que fait peser la Russie contre toutes les démocraties européennes : les ingérences, les sabotages, les déstabilisations, les attaques cyber... Tout le régime de Vladimir Poutine s'est construit dans la révision de l'ordre de sécurité européen issu de la guerre froide, dans la révision des frontières, de la souveraineté de ses voisins. La France appelle au réveil stratégique des Européens. On voit les lignes qui bougent enfin...

> M. Poutine avait dit que la chute de l'URSS était la plus grande catastrophe géopolitique du 20e siècle. Il a envahi la Géorgie, il a envahi l'Ukraine, il lance des attaques et des ingérences sur la Moldavie, sur la Roumanie et il remet fondamentalement en cause les frontières de l'ordre européen.

> Face aux droits de douane américains, l'Europe ripostera de façon ferme et de façon proportionnée. C'était déjà arrivé lors du premier mandat de Donald Trump. On l'avait fait. On le fera à nouveau. On a des mesures, et d'ailleurs on est plus forts qu'à l'époque, parce qu'on a de nouvelles mesures, pour frapper l'économie américaine en retour. Mais je voulais le dire, cette guerre tarifaire, ce protectionnisme, il n'est dans l'intérêt de personne. On voit les conséquences qu'il a aujourd'hui sur l'économie américaine, sur les entreprises américaines. Mais la seule façon de se faire entendre, c'est d'être capable de répondre.

> Dès le 19 mars, la France a exprimé sa vive préoccupation après l'arrestation puis l'incarcération du maire de la métropole d'Istanbul, M. Imamoglu, et d'une centaine d'autres personnalités, dont deux maires de districts d'Istanbul. Et les manifestations qui ont suivi dans toute la Turquie démontrent bien la gravité de la situation en cours.
Disons-le clairement : le respect des droits de l'opposition, de la liberté de manifester, de la liberté d'expression sont des pierres angulaires de l'Etat de droit. Et vous l'avez rappelé, la France l'a souligné, la Turquie, étant partie prenante du Conseil de l'Europe, a souscrit de façon libre à ces engagements en matière de protection de l'Etat de droit. Et naturellement, le respect de ces engagements aura une incidence sur la suite de notre relation, à la fois sur le plan bilatéral, mais bien sûr sur la relation avec l'Union européenne sur le plan multilatéral.
Je rajouterai que nous avons fait passer des consignes de prudence à nos ressortissants sur place, que nous continuons à suivre la situation avec attention et que bien sûr, et je le dis dans le contexte du sommet des partenaires, aussi, qui aura lieu demain à Paris sur l'Ukraine, nous travaillons avec tous les partenaires et les soutiens de l'Ukraine, y compris avec la Turquie, à trouver les conditions d'une paix durable et juste et des garanties de sécurité pérenne pour l'Ukraine.

> La France peut être fière de sa diplomatie. Depuis l’attaque barbare perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023, elle n’a cessé d’œuvrer pour faire advenir les conditions d’un cessez-le-feu à Gaza, ainsi qu’au Liban. Elle a aussi exigé la libération inconditionnelle des otages, pour lesquels vous n’avez pas eu un mot dans votre question. Elle s’est attachée à défendre le droit international humanitaire et la protection des civils, tout en exigeant un cessez-le-feu permanent, afin de retrouver la voie du dialogue politique, prérequis à la solution à deux États.
La France l’a dit avec clarté : la rupture du cessez-le-feu représente un retour en arrière dramatique pour les populations civiles, pour toute la région, et pour la paix.
La France s’est opposée au projet d’annexion de la Cisjordanie et de Gaza et soutient les efforts des médiateurs égyptiens, américains et qatariens –⁠ le président de la République effectuera dailleurs une visite d’État en Égypte dans les prochains jours. Nous soutenons aussi les efforts des pays arabes de la région qui réfléchissent au jour daprès, à la reconstruction et à la gouvernance de la bande de Gaza. Cest en ce sens que nous travaillons avec nos partenaires européens.
Mais lavenir de la bande de Gaza se fera sans le Hamas, ce groupe terroriste responsable de la mort de cinquante de nos compatriotes ! La voix de notre pays dans la région a toujours été une voix indépendante, prônant l’équilibre et appelant à la paix et au respect du droit international, loin de la soumission et de l’outrance dont LFI se rend coupable!

 

► Assemblée nationale 
Yaël Braun-Pivet (présidente) 
> En condamnant notre compatriote Boualem Sansal, c’est la liberté d’expression qu’on enferme. C’est la littérature qu’on menotte. C’est l’intelligence critique qu’on veut réduire au silence. Nous resterons pleinement mobilisés pour qu’il retrouve sa liberté — celle qu’aucune démocratie ne saurait nier à un écrivain.

 

► Partis politiques 
● Renaissance 
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Gabriel Attal (député, secrétaire général de Renaissance, président du groupe Ensemble pour la république à l’Assemblée nationale)
> Victime depuis 130 jours déjà de l’arbitraire, la parodie de Justice continue et notre compatriote Boualem Sansal a été condamné ce matin à 5 ans de prison. Avec cette condamnation, le régime d’Alger veut faire taire Boualem Sansal pour toujours. Et à travers ce verdict inique, c’est la liberté qui est condamnée. Ce sont nos valeurs qui sont attaquées. C’est la France qui est visée. Nous ne sommes pas dupes et nous ne nous laisserons pas faire. Nous n’abandonnerons pas. Nous nous battrons jusqu’au bout pour la Justice et donc pour la liberté de Boualem Sansal.

 

Amélia Lakrafi (députée)
> [Intervention à l’Assemblée lors d’un débat sur la haine des musulmans] Ne taisons pas les choses –⁠ nombre dentre vous ne lont dailleurs pas fait – : notre pays connaît une montée de lintolérance et une réactivation des tensions dites communautaires, sur fond de crise au Proche-Orient.
Cest ce quon appelle traditionnellement « limportation du conflit israélo-palestinien ». Le contexte international a bon dos, car ces tensions ne datent pas dhier.
Elles se concrétisent par des statistiques qui font froid dans le dos, car elles montrent une explosion des violences en direction de communautés religieuses ou ethniques.
L’an dernier, plus de 1 500 actes antisémites, plus de 170 actes antimusulmans et 700 actes antichrétiens ont été enregistrés. Le premier chiffre est celui qui heurte le plus les esprits, car il concerne une communauté qui ne représente qu’une infime proportion –⁠ 1 % – de la nation française.
Je ne peux hélas nier le fait que, dans de nombreux faits divers, les auteurs des violences sont des musulmans manipulés par ce quils voient sur les réseaux sociaux et à la télévision. Je pense à l’instrumentalisation de la situation dramatique de personnes qui vivent à 4 000 kilomètres de chez nous.
D’autres sont influencés par les courants obscurantistes qui sévissent dans certaines mosquées et sur internet. Il convient de lutter beaucoup plus fermement contre ces derniers.
Il faut également dénoncer certains courants politiques de gauche, voire d’extrême gauche –⁠ ils se reconnaîtront –, qui jettent de lhuile sur le feu pour des raisons apparemment électoralistes. Je les laisse à leurs calculs.
Je constate aussi le flot d’insanités et de haine qui ressurgit à chaque drame –⁠ et même, à chaque incident – dans lequel est impliqué un musulman, à chaque épisode de cette interminable polémique sur le voile et à chaque fois quun différend nous oppose à un pays du sud de la Méditerranée.
Certains partis et médias se font désormais les relais de cette haine, au nom d’une interprétation excluante de la laïcité. Ils utilisent la triste augmentation des actes antisémites pour cibler –⁠ à mots couverts, mais le message est clair – les Français de confession musulmane.
Cest en particulier le cas dune certaine droite dure et de lextrême droite qui, en invoquant des arguments faussement républicains et respectables, dissimulent ce qui nest, en réalité, que du racisme.
On fait ainsi aisément l’amalgame entre musulmans et islamistes, entre Arabes et musulmans, et entre l’islamisme –⁠ voire lislam – et le terrorisme.
Bien entendu, ce que nous pouvons appeler la communauté musulmane  même si je ne fais pas de différence entre Français – a également un travail à accomplir.
Il y a des personnes radicalisées, cest vrai. Il y a des individus et des quartiers qui vivent repliés sur eux-mêmes et qui nourrissent une haine de la modernité. Il existe des pressions et des pratiques qui empêchent délibérément de nouer du lien avec le reste de la société.
En effet, il n’y a pas à ce jour d’autorité légitime qui coordonnerait un islam conforme aux principes de la République. Toutefois, l’immense majorité des Français musulmans souhaitent avant tout vivre en paix dans leur pays. Ils souhaitent aussi –⁠ et cest leur droit – conserver la liberté de pratiquer leur culte.
Ils vivent chaque attentat ou drame impliquant un musulman comme un coup de poing dans le ventre. Le flot de commentaires haineux qui suit, dans certains médias ou dans la bouche de personnalités politiques, est ressenti comme une violence supplémentaire. En quelque sorte, c’est la double peine.
En tant que femme musulmane et élue, je ne peux pas rester silencieuse face à la montée de la stigmatisation des musulmans, qui est alimentée par les outrances de certains de nos responsables politiques.
Lorsqu’on associe sans nuance l’antisémitisme au monde arabo-musulman et que l’on identifie des pratiques religieuses banales à des menaces, on ne cible pas seulement l’islamisme : c’est moi que l’on vise, et avec moi, des millions de Français stigmatisés.
Ces amalgames ne sont pas seulement des maladresses ; ils ont aussi des conséquences. De mon point de vue, ils trahissent notre promesse républicaine d’égalité. Nous devons forger une parole publique qui nous élève, au lieu de nous diviser.

 

Joséphine Missoffe (députée)

> [Intervention à l’Assemblée sur la politique familiale] Vous vous souvenez peut-être de ce refrain qui concluait les plus belles histoires de notre enfance : « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. »
Cette promesse de l’aube, simple, presque universelle, semble pourtant s’éloigner, non pas parce que les Français n’en rêvent plus, mais peut-être parce qu’ils n’en ont plus toujours les moyens ou qu’ils n’ont plus le sentiment de pouvoir inscrire un tel choix dans leur quotidien.
Le constat démographique est sans appel : la natalité baisse, la population vieillit, le solde naturel est fragile. Cette réalité n’est pas abstraite. Elle pèse directement sur la pérennité de notre modèle social, sur notre cohésion et sur notre avenir.
Derrière ces enjeux, il y a surtout des trajectoires de vie contrariées. Un espace douloureux s’installe entre le désir d’enfant et la possibilité réelle de devenir parent. C’est précisément cet écart que notre politique familiale doit s’attacher à combler.
La réponse de notre mouvement politique repose sur une conviction forte : une politique familiale efficace ne se limite pas à des prestations, aussi utiles soient-elles. Elle exige une approche globale à même de sécuriser les parcours de vie et d’accompagner les modèles familiaux, et ce dès les premières années.
Depuis 2017, nombreux sont celles et ceux qui ont incarné cette conception au gouvernement, dans notre assemblée et sur le terrain. Le résultat est la politique des mille premiers jours de l’enfant, qui entend transformer notre système de protection maternelle et infantile ; la création du service public de la petite enfance (SPPE), consacré dans le budget pour 2025, et qui vise à faire de l’accueil du jeune enfant un véritable droit pour les familles, et non plus une loterie territoriale ; le doublement du congé paternité ; la réflexion engagée sur la réforme du congé de naissance, sans oublier l’expérimentation des crèches à vocation d’insertion professionnelle ou le service public d’aide alimentaire. Ces outils nous aident à faire sauter le verrou du choix entre vie professionnelle et vie de famille.
L’éducation d’un enfant est une chose magnifique dont nos concitoyens ne doivent pas être privés. Mais ceux-ci se sentent écrasés par leur quotidien au point que la perspective de la parentalité les angoisse. C’est pourquoi nous devons consolider les principes qui fondent notre politique familiale, accélérer les réformes en cours et aller plus loin.
Favoriser la préparation à la parentalité implique d’être plus attentifs aux périodes prénatales et périnatales, ainsi qu’à la santé mentale des parents à chaque étape de leur parcours. Il faut rendre plus simples et accessibles les services et les aides de l’État. Face aux exigences de lisibilité formulées par nos concitoyens, nous ne pouvons plus attendre.
Enfin, la parentalité ne doit devenir ni un luxe ni un privilège. Nous devons poursuivre nos efforts en faveur de la justice, protéger les familles les plus précaires et mieux soutenir toutes les familles dans leur diversité.
De même, il faut valoriser les professionnels de la petite enfance, améliorer leurs conditions de travail, reconnaître leur rôle essentiel et leur donner les moyens d’accomplir leur mission.
Le comité de filière petite enfance et le plan de formation Ambition enfance égalité constituent justement un premier pas dans ce sens. Mais il faut poursuivre l’effort, compte tenu de la crise que traverse ce secteur réellement incontournable. Je suis convaincue qu’une politique familiale efficace repose sur une politique vertueuse de la petite enfance.
La mortalité infantile augmente dans notre pays. Elle est même supérieure à la moyenne de l’Union européenne. Dans ce contexte, pour rassurer les parents, nous devons renforcer l’action de prévention médico-sociale, que ce soit à domicile, dans les services de protection maternelle et infantile (PMI), dans les crèches ou dans les écoles, dès la grossesse et pour tous les enfants.
Notre politique familiale ne doit pas être faite de rattrapage et d’ajustement, mais fondée sur l’anticipation et la prévention. Pour que la parentalité redevienne une source d’épanouissement, nous ne pouvons plus la considérer comme un héritage figé mais comme un levier moderne d’émancipation.
Engageons-nous à offrir à chaque enfant, un avenir, à chaque parent, un soutien et à chaque famille, la liberté d’exister pleinement.

 

● MoDem 
Perrine Goulet (députée)
> [Intervention à l’Assemblée sur la politique familiale] Je souhaite, en préambule, saluer l’implication de mes corapporteurs Karine Lebon et François Ruffin et remercier notre administratrice Camille Vernadat qui nous a assistés dans l’élaboration du rapport et l’organisation des auditions.
Notre groupe, Les Démocrates, a souhaité proposer ce débat sur les évolutions nécessaires de notre politique familiale car l’évolution de la natalité nous préoccupe. D’ailleurs, nous avions déjà abordé ce sujet à l’occasion de la proposition de loi, défendue par Anne Bergantz et adoptée à l’unanimité en commission, relative au versement des allocations familiales dès le premier enfant.
Issue de la seconde guerre mondiale, notre politique familiale est complexe et ne saurait se résumer à des prestations et à des services. Quand les jeunes couples indiquent un désir moyen de 2,3 enfants mais qu’ils n’en ont que 1,62, cet écart doit pousser à nous interroger. Nos auditions ont révélé une tendance mondiale et généralisée à la baisse de la natalité, dont nous devons tenir compte. C’est sans doute le reflet d’un monde plus individualiste, d’une crainte de l’avenir –⁠ sagissant de la situation économique, des guerres et des défis climatiques – mais aussi de l’émancipation salvatrice des femmes.
Dautres facteurs peuvent néanmoins expliquer le recul de la natalité, dont nous étions jusqu’à présent préservés. Lun deux concerne linsertion dans la vie active des jeunes générations. Cette insertion est plus précaire  rares sont les CDI signés en sortie d’étude –, obéit à des désirs différents –⁠ voyages, expériences professionnelles multiples – et répond aussi à des volontés différentes en matière d’épanouissement personnel et professionnel. Bref, il faut repenser laccompagnement de cette insertion qui implique des conséquences très concrètes : une précarité économique accrue et une vie de couple plus tardive qui retarde dautant larrivée dun enfant.
La complexité de laccueil dun enfant dans de bonnes conditions matérielles est également un facteur à ne pas négliger. Quand vous vivez dans un deux-pièces en ville et qu’il faut accueillir un enfant, trouver un logement adapté pour un budget acceptable peut vite relever du parcours du combattant. Il nous faut donc inventer un modèle d’habitation plus efficace pour les familles. De notre capacité à adapter les logements à la taille du foyer dépendra notre capacité collective à appréhender l’accueil d’un ou de plusieurs enfants.
Au-delà du désir d’enfant intrinsèque à chacun, nous devons nous interroger sur le rôle de la société que nous entendons construire. Je l’ai dit en introduction : limiter la question aux allocations familiales ou aux places en crèche constituerait une faute intellectuelle qui ne placerait pas le débat au bon niveau. L’enjeu majeur de notre société est d’accepter la parentalité et le rôle de la nation est d’accompagner ce nécessaire changement de société.
Accepter la parentalité, c’est changer de point de vue, notamment chez les employeurs, qui doivent prendre en compte les contraintes parentales de leurs salariés, en adaptant par exemple les rythmes de travail, quelle que soit l’échelle de temps : au cours de la carrière, durant l’occupation d’un poste, au fil d’une année, d’un mois, d’une semaine ou d’une journée.
C’est également, bien entendu, s’interroger sur les modes de garde. Au-delà du nombre de places en crèche ou de la capacité d’accueil des assistantes maternelles, nous devons adapter les conditions de l’accueil : amplitude horaire, flexibilité, qualité et formation. En l’absence d’une solution efficace et pérenne, la solution qui s’impose trop souvent est le renoncement de la mère à une carrière prometteuse. En 2025, et à plus forte raison dans les années à venir, un enfant ne saurait représenter une contrainte venant peser sur les choix professionnels de sa mère.
Dès lors, c’est la répartition même de la charge mentale qu’induit l’accueil d’un enfant qui doit évoluer. Si la maternité incombe biologiquement aux femmes, il revient également aux hommes de prendre part, de manière plus équilibrée qu’aujourd’hui, à la vie de la famille, au seul bénéfice des enfants.
Je ne l’apprendrai pas aux parents présents dans cet hémicycle : un enfant prend de la place. À nous de lui accorder une place temporelle, pour s’en occuper, mais aussi une place dans la société en affirmant ses droits –⁠ je ne vous surprendrai pas en reprenant brièvement ici ma casquette de présidente de la délégation aux droits des enfants –, tout simplement une place dans lespace public. Combien de fois un parent, voyageant dans le train avec son nourrisson, a-t-il subi le jugement des autres voyageurs –⁠ et je ne vous parle même pas dun voyage en avion ? Combien denfants se sont-ils ennuyés dans une salle dattente austère, surtout depuis le covid et la disparition des jouets ?
La place que nous accordons à lenfance et donc à la parentalité simpose à notre attention. Le congé de naissance et le congé de parentalité doivent être repensés, voire réformés, si lon considère, comme cest mon cas, que notre société peut accompagner les parents dans cette aventure que constitue l’accueil d’un enfant. Alors, nous aurons fait un pas décisif.
En conclusion, pour accompagner les jeunes parents, nous devons avant tout accepter les enfants dans notre société –⁠ accepter quils bougent, quils crient, quils prennent du temps et mobilisent leurs parents par leurs activités. Comme le disait Nelson Mandela, « rien ne révèle mieux l’âme dune société que la façon dont elle traite ses enfants ». À nous de faire de notre pays une société qui accepte, accueille et encourage ses enfants et leurs parents. Notre avenir en dépend.

 

► Autres 
Commission européenne
Stéphane Séjourné (Vice-président exécutif à la Prospérité et à la Stratégie industrielle)
> Merci cher Kiriakos Mitsotakis pour votre accueil chaleureux à Athènes. L’Europe a besoin de la Grèce. Il a besoin de ses leaders de l’industrie propre, de ses investissements importants dans l’approvisionnement en matières premières essentielles et de sa volonté d’établir un marché unique fort, simple et efficace.

 

● Organisations centristes 
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen) 
Valérie Hayer (députée, présidente)
> Main dans la main, la France et l’Europe s’activent pour simplifier la vie des entreprises et soutenir l’investissement. Ces efforts sont plus stratégiques que jamais pour renforcer notre industrie de défense.

> Nous devrons dissuader Vladimir Poutine de s’en prendre une nouvelle fois à l’Ukraine ou à tout autre pays sur le sol européen. Cette force de réassurance servirait à éviter un nouveau scénario « accords de Minsk » qui avaient été piétinés par le Kremlin.

> Derrière la paix juste et durable pour l’Ukraine, c’est la sécurité à long terme de notre continent qui est en jeu. Je le vois tous les jours au Parlement européen : l’Europe est unie pour nous protéger.

> Les demandes de la Russie démontrent ce qu’il fallait démontrer : l’Europe a eu raison de poser des sanctions contre l’économie russe. C’est une carte majeure entre les mains des Européens. Nous attendons un cessez-le-feu inconditionnel.

> Enfermer un écrivain pour ses opinions politiques est une atteinte brutale à la liberté d’expression. La condamnation de notre compatriote Boualem Sansal à cinq ans de prison n’est pas digne des valeurs dont toute démocratie doit se prévaloir. Boualem Sansal doit être libéré.