Voici une sélection,
ce 6 février 2025, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias
ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Discours sur la lutte contre le cancer]
Je voulais dire quelques mots de la lutte contre le cancer, de Gustave Roussy,
et des ambitions qu'on porte en matière de santé, de recherche aujourd'hui. En
effet, on est réunis ensemble pour une journée un petit peu particulière qui
est la Journée mondiale de lutte contre le cancer, dans ce centre, ce n’est pas
un hasard, qui est le premier en France, en Europe, et le quatrième au monde,
et qui a vocation, j'ai bien compris tout ce qui m'a été expliqué ce matin, à
devenir le premier.
Donc, je voulais vraiment d'abord vous remercier pour votre engagement. Et je
pense que ces dernières décennies, on a capitalisé sur un modèle français qui a
été inventé, celui des centres de lutte contre le cancer, celui, justement qui
a su inventer des souplesses, si je puis dire, d'organisation, d'un lien entre
la clinique, la recherche, d'ambitions successives qui se sont multipliées. Et
je veux ici vraiment remercier l'ensemble des chercheurs, des soignants, de
tous les personnels qui sont engagés dans la lutte contre le cancer, mais
également des entreprises, évidemment, l'ensemble des entreprises du secteur
qui concourent, et de toute la philanthropie qui s'associe à cette lutte. Et je
veux ici redire la grande admiration que j'ai pour tous ceux qui mènent ce
combat.
Il y a 4 ans, on a annoncé ici une stratégie décennale de lutte contre les
cancers. Plusieurs d'entre vous ont contribué à la penser. Et d'ailleurs, je
crois que Norbert IFRAH, lui-même, est en train de piloter une concertation ce
matin, ce qui fait qu'il n'est pas avec nous, mais ce qui montre que c'est un
combat de chaque jour qui nécessite beaucoup d'engagement. Et donc, pour la
première fois, on avait décidé de passer d'une stratégie de 5 ans à 10 ans.
C'était votre proposition, et je crois que c'était vraiment la bonne, pour
avoir de la visibilité. L'État, en plus du reste, y a consacré 1,7 milliard
d'euros, ce qui était une augmentation de 20 % par rapport au plan cancer
précédent. Et tout ça, les ministres sont là pour le confirmer, est bien
consolidé, stabilisé, quoi que vous puissiez entendre, visibilité et stabilité
de ces financements.
On fera le point à l'été de cette stratégie nationale qui a d'ores et déjà des
très bons résultats avec des programmes de lutte contre le tabac, de la
prévention qui a été améliorée, etc. mais aussi un phénomène de santé publique
que vous avez été plusieurs à décrire ces dernières semaines, ces derniers
mois, qui est extrêmement préoccupant, mais où on voit en effet certains
cancers qui sont en train de, pas simplement de réapparaître, mais dont le
nombre augmente, dont la prévalence augmente très fortement dans la population,
et je crois qu'il faut qu'on s'y attelle lors de ce point d'étape qu'on fera à
l'été de notre plan décennal. Ça, c'est sur la lutte contre le cancer qui est
vraiment un objectif pour nous de recherche de santé publique essentielle.
Alors dans ce cadre, on a un vaisseau amiral, si je puis dire, qui est sur
votre territoire, ici. Et je voulais revenir, et c'est l'occasion de cette
journée, sur le projet de Paris-Saclay-Cancer Campus, ce PSCC, que nous avons
inaugurée formellement aujourd'hui, mais là aussi lancée il y a plusieurs
années, qui a été mûrie, qu'on avait annoncée ici en 2021, mais qui avait eu
ses premières bases il y a 5 ans, et qui a été aussi un des points-clés de la
stratégie Innovation 2030 qu'on a pu annoncer.
Alors, je veux vraiment remercier tous ceux qui ont permis à ce PSCC d'avancer
et leur dire vraiment mes remerciements, ma confiance. D'abord, évidemment,
l’IGR, ses soignants, l'ensemble de ses équipes. Professeur, je veux vraiment
vous remercier quand vous avez accepté de quitter vos terres plus méridionales
pour venir à Paris, et j'ai une pensée pour le professeur Soria qui vous
précédait. Voilà une succession harmonieuse et merci au professeur Barlesi, à
toutes ses équipes, aux équipes de recherche, équipes médicales, enfin, toutes
celles et ceux qui m'entourent aujourd'hui et sont là, à qui nous devons
beaucoup, mais aussi à tous les soignants que j'ai pu croiser tout au long du
parcours ce matin. Je remercie évidemment tous les partenaires, l'Inserm,
Didier, merci, Sanofi, l'Institut polytechnique, l’Université Paris-Saclay,
INCa, UniCancer. L'ensemble aussi des partenaires privés et des fondations et
merci infiniment à la philanthropie. Je veux remercier évidemment tous
les élus du territoire qui ont accompagné ce projet, la ville, le territoire,
le département et la présidente de la région nous a confirmé aussi son
engagement. La préfecture de région et la préfecture de département et
l'ensemble des services de l'État, et France 2030, et évidemment tous les
ministères qui ont été impliqués, au premier titre desquels le ministère de la
Santé et le ministère de la Recherche.
Ce qui se fait ici, je le disais, c'est l'excellence française et européenne.
Et au fond, ce qu'on veut vous permettre de faire, c'est de l'accélérer et de
la démultiplier. Le PSCC vient au cœur à la fois de notre plan de lutte contre
les cancers, mais également de tout ce qu'on fait avec France 2030 en matière
d'innovation. Il y a quelques mois, j'annonçais dans ce cadre nos grands
projets dans le cadre de Santé France 2030 avec quatre bioclusters thématiques
en plus de celui-ci, et donc on aura l'occasion tout à l'heure de faire un
point avec l'ensemble de ses porteurs, mais de Paris, Lyon, Évry-Courcouronnes,
Marseille, et évidemment ici même, on a un plan Innovation Santé 2030 qui se
déploie.
C'est là aussi pour trois d'entre eux des financements sur 10 ans à hauteur
d'environ 10 millions par an, en plus de tous les financements récurrents et
des partenaires qu'il y a. Pour deux d'entre eux, on est en train d'avoir un
financement à 5 ans. Voilà, on est en train de les faire remonter. Et tout ça
est venu s'ajouter aux IHU qui préexistaient et qui ont, en quelque sorte,
amorcé tout ce mouvement qu'on va poursuivre.
Et au total, France 2030 déploie plus de 7 milliards d'euros pour faire de la
France un leader en matière d'innovation de santé, et de permettre de relever
les grands défis. Et donc, je veux ici vous dire que c'est une étape importante
avec cette inauguration, mais on va continuer d'aller plus vite et plus fort.
D'abord, pour vous aider à consolider tout le travail fait en termes de
prévention, que je vais expliquer à l'instant, mais qui est une innovation
importante et qui sera conduite ici en matière de diagnostics ultra-rapides,
évidemment en termes de traitement, d'essais cliniques et d'accompagnement,
mais aussi en termes de recherche. Vous allez doubler vos capacités sur le
campus et permettre, comme on l'a fait ces dernières années, d'attirer les meilleures
équipes de chercheurs dans tous les domaines et avec la plus grande
interdisciplinarité, et de le faire, là aussi, avec des équipes publiques et
avec des contributions privées.
Alors, au fond, qu'est-ce que j'ai entendu ce matin et qu'est-ce que je voulais
vous dire pour la suite, au-delà de ces mots qui m'étaient préparés ? D'abord,
je pense que, quoi qu'on puisse entendre et dire, on a en France une immense
chance d'avoir le système de santé qui est le nôtre et c'est une force. Et ce
système de santé, qu’il soit public ou privé, et en particulier nos hôpitaux,
nos centres de lutte contre le cancer, on le sait, ces dernières années, ont
subi beaucoup de chocs, ont beaucoup souffert et je veux vraiment redire ma
gratitude à tous les personnels, mais avec le plan Ma santé 2022 lancé dès
2018, ce qui a été fait pendant le covid, puis le plan de sortie de covid avec
les différents Ségur successifs et les réorganisations, je crois, nous
permettent de revenir vers la bonne voie. On n'y est pas encore parce qu'il y a
énormément de travail, mais il y a eu un investissement dans les personnes et
il faut le consolider. Et je veux ici dire, parce que j'ai entendu beaucoup de
crainte ce matin, donc j'en profite pour tordre le cou à quelques canards, non,
on ne va pas refiscaliser les heures supplémentaires des soignants, hors de
question. Et oui, les primes qui ont été données dans le Ségur sont bien des
primes pérennes qui sont intégrées au salaire, y compris dans les CLC. Je
préfère le dire parce que ça crée toujours de l'angoisse pour des gens qui
travaillent beaucoup. Par contre, ce qu'on veut faire, c'est continuer de
réformer nos hôpitaux, nos CLC, parce qu'on a aussi besoin de réformer notre
organisation collective. Et là, je dois dire que les centres de lutte contre le
cancer sont un bon modèle pour l'hôpital public parce qu'ils donnent plus de
flexibilité dans l'organisation, ils mettent le médical plus au cœur du
pilotage, là où sans doute, on a à l'hôpital, parfois trop déshumanisé et
administrativisé, pour employer un mot affreux, en tout cas, mettent trop
d'administratifs dans la gestion du soin. Donc ça, on va continuer, mais c’est
un trésor.
Ensuite pour réussir ce qu’on est en train de faire, le lien entre la clinique
et la recherche est clé. Vous me l’avez tous dit ce matin. C'est ce qui est
porté dans le modèle de l'IGR et ce qui est porté dans tous nos centres
d'excellence, et je veux qu'on le consolide vraiment dans le modèle français.
Trois, vous l'avez parfaitement décrit, ce qui marche, c'est de décloisonner.
Et je crois que c'est parfois l'une des petites faiblesses françaises qu'on a,
c'est qu'on a des corporatismes, on a des cloisonnements. Et donc, il faut
réussir à pousser ces murs. C'est ce que vous êtes en train de faire ici.
Décloisonner entre les disciplines. Je crois que la réussite de votre modèle,
et ce que vous voulez faire pour aller encore plus vite, c'est de décloisonner
entre, évidemment, l'oncologie, mais toutes les autres disciplines médicales,
entre l'imagerie, la biologie, la clinique, de pouvoir le faire aussi avec les
sciences de l'environnement, qui sont déterminantes, ô combien, on me l'a
expliqué naguère, pour expliquer l'étiologie et réussir à mieux prévenir les
cancers, évidemment la génétique. Et donc le décloisonnement des disciplines
est clé. Et c'est ce que l'effet cluster permet de faire, et c'est ce que, ici
même, le projet qu'on a collectivement porté va permettre de faire, parce
qu'avec l'unité de lieux, il met ensemble des chercheurs, des soignants, des
scientifiques, qui viennent de ces disciplines différentes et qui sont réunis
avec une même finalité. Le deuxième décloisonnement, c'est le public et le privé.
Vieille bataille dans notre pays, mais je crois à cet « en même temps ». J'y ai
toujours cru, je ne change pas tellement d'avis, c'est-à-dire qu'on a besoin de
plus d'argent. On a mis plus d'argent public, et il sera consolidé malgré les
débats budgétaires qu'on entend.
Vous m'avez entendu, j'ai confirmé les chiffres, à la fois du plan cancer, de
ce qu'on met sur l'IGR et de ce qu'on mettra sur ces grands projets. Mais si on
veut passer à l'échelle de nos grands compétiteurs, il faut attirer les
champions et les championnes que vous êtes, et il faut mobiliser l'argent
privé, parce que c'est ce que font tous nos grands compétiteurs. Quand on parle
des chiffres des grandes universités, des grands centres de recherche en Asie
et aux États-Unis, ils mobilisent de l'argent privé. Et donc c'est une bonne
chose, en définissant les bonnes règles éthiques et de propriétés
intellectuelles, et donc le cadre, mais d'avoir ici des groupes comme Sanofi
qui sont impliqués, des formidables entreprises comme Owkin qui reviennent
s'impliquer, et de pouvoir développer même beaucoup plus largement, puisque
vous l'avez fait avec GSK et vous allez le faire avec d'autres partenaires, la
pharma, les entreprises. Et de permettre aussi à la philanthropie de venir
s'impliquer. Je remercie vraiment les fondations, les philanthropes qui ont
accompagné le projet, ces innovations, qui ont aidé aussi à financer des
chaires d'excellence ou à faire revenir les meilleurs chercheurs. Et donc ce
décloisonnement public-privé, on va continuer de le faire parce qu'il est bon
et il est nécessaire pour le pays. Et c'est aussi pour ça que quand j'entends
des gens, dans nos débats publics, qui disent : « c'est super, il faut investir
plus dans la santé, il faut investir plus dans la recherche, mais vraiment, il
faut massacrer au maximum tout ce qu'on peut de l'entreprenariat, il faut taxer
beaucoup plus ces entreprises » je leur dis : Vous avez deux fils qui se
touchent. Parce que ce n'est pas vrai qu'on fera tout.
D'abord, vous ne pouvez prélever l'argent que dans ce que vous créez, et
ensuite, vous avez plutôt envie de faire revenir des gens qui vont créer de la
valeur chez nous, pour qu'ils la démultiplient. C'est ce qu'on est en train de
faire ici. C'est le meilleur exemple du fait que le « en même temps » ça marche
et que, oui, on a besoin d'avoir des gens qui sont des champions dans leur
domaine. On a besoin d'avoir des gens qui sont beaucoup mieux rémunérés parce
que ce sont des champions et c'est un marché compétitif. Et on a besoin d'avoir
des entreprises qui viennent le faire ici.
Et donc, si on veut répondre à vos 3 critères de tout à l'heure, argent,
argent, argent, c'est ce qui m'a été dit par le professeur Barlesi. Je lui ai
dit : quels sont les 3 trucs qui vous bloquent ? « L'argent, l'argent, l'argent
». Donc nous, on va continuer à mettre sur le plan ce qu'on s'est donné, mais
on a besoin de mobiliser encore plus de partenaires privés pour venir faire de
la recherche partenariale, pour financer des projets finalisés avec les
chercheurs de l'Inserm, de l'université, de l'hôpital, du cluster. Et on a
besoin d'inciter encore plus d'entreprises, de philanthropes à venir financer
ces projets, financer des chaires, financer l'excellence en termes de recherche
et en termes de soins. Donc décloisonnement, financement, et donc public-privé.
Et puis après, je voulais vous dire que pour aller plus loin, on va essayer
d'accélérer ensemble sur quelques éléments qui peuvent paraître simples mais
qui sont clés : les données. Vous l'avez parfaitement présenté. Je crois qu'il
faut être lucide.
Il y a un très gros travail que vous faites ici qui est remarquable. Il y a le
travail qu'on fait avec PariSanté Campus, avec le Health Data Hub. Mais je
crois que l'honnêteté me conduit à dire qu'on n'a pas été au bout de ce
domaine. On est encore beaucoup trop lents, et on est lents très souvent entre
les structures administratives elles-mêmes. Et je crois qu'il faut qu'on
arrive, et ça, je demande que les ministres me proposent d'ici au printemps,
des évolutions très simples, mais on doit distinguer la juste protection des
données personnelles, le fait qu'on ne veut pas que ces données personnelles
soient utilisées à des fins de sélection adverse, par exemple dans les systèmes
d'assurance, mais une utilisation beaucoup plus simple pour qu'elles soient mobilisées
par la recherche, et en particulier les unités comme la vôtre, parce que c'est
ce qui va permettre de faire des percées beaucoup plus rapidement.
Donc, on a des trésors de données de la CNAM à l'Inserm, en passant par nos
hôpitaux. On a un système plutôt centralisé. On a mis des unités en place. Il
faut qu'on aille beaucoup plus vite. Donc simplifier le cadre français et
européen, mais déjà français, d'utilisation des données et tout ce qu'on peut
faire même sans la loi, on va le faire très vite. La deuxième chose, ce sont
nos essais cliniques. Je ne peux pas continuer d'entendre. On a beaucoup
amélioré les choses à un moment donné. On avait fait nos fast-track, 2017-2020.
On a fait, et je remercie vraiment l'ANSM, la Haute Autorité de Santé, nos ARS,
qui avaient fait un travail remarquable pendant le covid19, on avait cassé tous
les délais.
On est un peu reparti comme avant. Donc, on ne peut pas se dire qu'on a des
essais cliniques qui sont faits en Espagne ou en Allemagne, juste pour des
questions administratives. Ça, c'est de la folie. Et donc là, de la même
manière, je veux qu'on corrige ça et qu'on s'aligne sur les meilleurs en
Europe. Ce n'est pas compliqué, on est normalement tous dans le même système,
voire qu'on essaie même de faire mieux, parce que c'est un élément de
compétitivité pour notre système. Et on ne peut pas faire venir les grandes
pharmas, je parle sous le contrôle de ceux qui sont là, ou les entreprises les
plus innovantes, si on leur dit chez nous : « On ne va pas te permettre de
faire ton essai de phase 1 », ou « Il va prendre 3 fois ou 4 fois plus de temps
qu'à Barcelone, où il est déjà autorisé ». Et donc on doit casser ces délais et
donc aller beaucoup plus vite sur les essais cliniques.
Et puis la troisième chose, c'est l'intelligence artificielle. Plusieurs
d'entre vous y sont impliqués. La France va accueillir le sommet pour l'action
sur l'intelligence artificielle, qui est vraiment un sommet international où on
aura des chefs d'État, de Gouvernement, des investisseurs, des entreprises.
S'il y a un domaine où l'IA va permettre, et est en train déjà de révolutionner
les choses, ce sont les vôtres.
Et donc je veux là aussi qu'on soit les meilleurs. Et donc qu'est-ce que ça
suppose qu'on fasse ?
1) On forme les talents en France. C'est aussi la puissance de notre système et
ça va être la connexion entre nos écosystèmes. On a sans doute l'un des
meilleurs clusters mondiaux en termes de formation et de talent d'IA qui est
Saclay. Et donc là, les connexions sont massives. Et donc ça, c'est une chance.
On va développer lors du sommet de nouvelles chaires d'excellence, de nouvelles
formations pour former davantage, faire revenir des chercheurs et des data
scientists, des mathématiciens.
2) On a une énergie pilotable, décarbonée et on surproduit. On oublie toujours
de le dire, mais la France a exporté l'année dernière 90 TWh d'énergie. C'est
du nucléaire, c'est-à-dire c'est décarboné. Là, on les exporte chez nos voisins
européens, c'est formidable, mais c'est ça qui est l'élément le plus rare
aujourd'hui sur la planète pour attirer ces fameux datacenters et ces capacités
et de calcul pour les modèles pour faire de l'IA et de stockage. Et bien à
l'occasion du sommet, on va essayer de mobiliser des financements
internationaux et des acteurs pour créer ces capacités en France et vous
permettre du coup d'avoir des capacités de calcul qui vont accélérer vos
recherches, y compris dans la santé.
3) Il faut accélérer les synergies, c'est l'interdisciplinarité. Et donc, c'est
la circulation des talents entre INSERM, INRIA, CEA, CNRS, vraies agences de
financement qui doivent piloter la recherche avec l'ANR, je veux aussi
remercier France 2030, et ensuite des clusters avec de la recherche finalisée.
Donc l'IA mise sur un écosystème de recherche et de soins comme le vôtre, ça va
être des opportunités, c'est des espérances de vie et des traitements, c'est du
gain de chance pour des patients, c'est des années de recherche gagnées pour
les chercheurs, c'est un changement des conditions de travail pour les
soignants.
Donc je veux véritablement qu'on mette ce sommet d'action de l'intelligence
artificielle au service de la médecine, de la recherche en sciences du vivant,
et ça sera le but de la semaine prochaine. Je citais Owkin tout à l'heure, qui
est un des champions en la matière, mais on va continuer d'avancer en ce sens.
Et comptez sur moi pour faire de l'IA en santé l'un des leviers d'accélérateur.
Voilà, je ne veux pas être plus long, mais vous voyez combien ce campus autour
de l'IGR est absolument révolutionnaire. Et je veux vraiment remercier tous
ceux qui, sur le territoire, ont contribué à permettre de franchir ces
premières étapes, et vous dire que vous pouvez être fiers parce que vous avez
ici le vaisseau amiral de ce qui est déjà un champion européen, mais ce qui
sera un champion mondial. J'en prends ici l'engagement parce qu'on va y
arriver. Et c'est ce qui va aussi nous permettre de piloter la vraie
transformation du modèle de médecine qu'on doit réussir à faire dans notre
pays.
On a un modèle qui a été pensé il y a plusieurs décennies, au fond, au milieu
des années 60, et ça a été une grande chance, mais qui était fait pour une
population qui ne vivait pas si vieux et qui avait des maladies graves qu'il
fallait traiter en bout de chaîne, si je puis dire, avec un système qui était
bien maillé sur le territoire. Et on est devenu, c'est une chance, en quelques
décennies, une population qui vit beaucoup plus longtemps et où il y a de plus
en plus de maladies chroniques, où on a justement des cancers à prévenir et à
gérer.
On doit pivoter notre système de santé pour qu'il soit plus préventif, plus
individualisé, et qu’il permette de gérer des maladies chroniques de plus en
plus nombreuses, et de le faire au meilleur coût, en continuant à garder la
synergie entre la clinique et la recherche. Dit comme ça, ça paraît simple.
C'est une chose très dure de pivoter un système. Et pour tous ceux qui sont
dans des organisations, vous le savez. Ce qu'on fait là est un formidable
accélérateur de ce changement, parce que vous portez une médecine beaucoup plus
préventive, beaucoup plus personnalisée, et qui permet aussi de faire des
révolutions et des gains d'efficience, et je le dis aussi pour tous ceux qui
entendent les chiffres et parfois énoncés dans des propos comme aujourd'hui,
c'est un investissement qui permet aussi de faire beaucoup d'économie, tout ce
qu'on se dit. Parce que si on prévient mieux un cancer, si on permet de mieux
le suivre et de l'accompagner, on évite des pertes de chance, on évite des tas
de traitements inutiles, on évite des situations très graves qui coûtent
beaucoup plus chers.
Donc, vous voyez qu'ici, vous êtes au cœur d'un territoire, au cœur de
l'excellence de la lutte contre le cancer, au cœur de France 2030 et de
l'innovation en santé et de tout ce que ça recoupe, mais aussi de la
transformation de notre modèle national. Merci à toutes celles et ceux qui le
portent et à toutes les équipes de l'administration, nos architectes, les
philanthropes, les équipes du privé qui ont permis ce projet et qui vont
maintenant continuer cette décennie, ce sera une vraie révolution.
Merci, professeurs, et merci autour de vous à toutes les équipes qui sont là,
chercheurs, soignants, administratifs, professionnels de santé, je suis
infiniment fier d'être à vos côtés et juste de vous aider à réussir.
Vive la République et vive la France.
► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est
dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de
reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité
d’un Président de la République et d’un Premier ministre
centristes/centraux ; néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un
côté les ministres centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un
gouvernement de coalition du fait que le Président de la République et le
Premier ministre ne disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]
●
Ministres centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> [Intervention à l’Assemblée sur le vote du Budget et la motion de censure
de LFI]
Beaucoup, parmi ceux qui se sont succédé à la tribune, ont expliqué que le
budget ne répondait pas à leurs attentes. Cela tombe bien, il n’est pas non
plus ce que nous espérions. Ce budget a une histoire : celle d’échecs et
de difficultés, celle de la censure, celle du désaccord entre l’Assemblée
nationale et le Sénat, celles des multiples efforts du gouvernement et des
groupes qui ont accepté le dialogue, celle des retours que nous ont faits tous
les groupes parlementaires. Malgré cette histoire, il demeure imparfait. Notre
but est d’éviter de le reconduire l’année prochaine, à condition d’atteindre
les objectifs que nous nous sommes donnés. C’est une étape d’urgence, parce que
notre pays ne peut pas vivre sans budget.
Tous ceux qui se sont succédé à la tribune l’ont observé et l’ont dit, parfois
de manière exubérante, parfois de manière violente, suscitant des cris de
soutien ou un accueil mitigé. Chacun s’est exprimé.
Nous ne pouvions pas faire autrement. Nous avons fait un choix d’agenda. En
choisissant de repartir du texte qui avait été présenté par le gouvernement de
Michel Barnier et qui avait été examiné par le Sénat, nous avons certes
emprunté la voie difficile, mais pour répondre à une exigence : nous doter
d’un budget pour le début du mois de février. Sans cela, nous aurions dû
attendre le mois d’avril.
Alors que les investisseurs ont besoin de lisibilité, les entreprises de
stabilité et les foyers de retrouver un minimum de cohérence dans l’action
publique, qui peut soutenir l’idée qu’il aurait mieux valu attendre quatre mois
pour avoir les mêmes discussions, exprimer les mêmes condamnations, porter les
mêmes invectives ?
Sûrement pas ! Je proposerai même que l’on travaille avec l’Assemblée parce
que, comme cela a été dit, nous devons reconstruire la conception même de notre
action publique et de l’allocation des moyens qui lui sont dévolus, mission par
mission. Si ce budget est adopté – donc si la motion de censure est
rejetée –, dès la semaine prochaine, nous examinerons, pour tous les
départements ministériels si les missions qui leur incombent sont réalisées et
si l’argent public dont ils se servent est correctement utilisé. Telle sera
notre action.
Ce sera difficile, mais nécessaire, car nous ne pouvons pas continuer à
utiliser une méthode simple dont nous avons abusé ces dernières
décennies : prendre le budget de l’année passée et lui appliquer un
coefficient d’inflation. Que personne ne prenne mal ce que je m’apprête à dire,
car je sais que c’est une façon de penser bien ancrée : tous ceux qui se
sont succédé à la tribune ont proposé comme solution de baisser les dépenses
publiques et ont déploré le niveau élevé d’impôts en plaignant les foyers et
les entreprises.
En même temps, ils ont réclamé des hausses de dépenses selon leurs préférences.
Chacun se plaint de ce que l’augmentation du budget auquel il est attaché a été
trop faible, tout en regrettant que l’on n’ait pas procédé au rééquilibrage des
comptes publics jugé nécessaire. C’est contradictoire !
Je dis avec prudence et humilité que l’on ne peut pas user de la même méthode
éternelle : bâtir le nouveau budget en renouvelant celui de l’année
précédente par l’application d’un coefficient d’augmentation des dépenses, des
impôts et des taxes.
Un immense travail de reconstruction nous attend. Après avoir entendu les
orateurs analyser les faiblesses du budget qui sera, je l’espère, adopté dans
l’heure qui vient, j’ai confiance en ce que chacun participe à cet effort. Le
budget qui sera adopté est une étape, le début du commencement du travail que
nous avons à mener. Le gouvernement, naturellement, y prendra sa part.
Je voudrais dire un dernier mot. À l’heure même où nous tenons ce débat, par
moments surréaliste et parfois décalé, l’Ukraine, avec plus de
100 000 morts, s’arc-boute contre les coups d’une armée russe qui,
aux ordres de Vladimir Poutine, a perdu 200 000 hommes. Le 47e président
des États-Unis d’Amérique annonce qu’il compte annexer le canal de Panama et
l’immense Groenland – rappelons que le Danemark est membre de l’Union
européenne et si ces menaces étaient mises à exécution, tous les États de
l’Union devraient décider de leur réaction à une telle tentative de prise de
contrôle. À l’heure où nous tenons ce débat, l’excédent commercial de la Chine
avec le reste du monde avoisine les 1 000 milliards de dollars.
Autant de tsunamis qui s’avancent, irrésistibles, en face desquels nous
demeurons paralysés.
Nous nous évertuons, nous nous ingénions, nous nous obstinons à le rester, à
nous enfoncer et à aggraver nos faiblesses et nos divisions. Le gouvernement
n’a qu’une seule ligne : restaurer une puissance publique digne de ce nom,
au service d’une nation qui doit retrouver sa solidité, sa solidarité et sa
fierté.
> [Intervention à l’Assemblée sur l’adoption du budget de
la Sécurité sociale et le rejet de la deuxième motion de censure de LFI]
Au terme de ces longs débats, je veux saluer le climat dans lequel cette
deuxième motion de censure a été examinée – je ne dis pas
« seconde » car il risque bien d’y en avoir d’autres. Sans que les
arguments soient émoussés ni la discussion évitée, il m’a semblé percevoir
– peut-être en raison d’une certaine désertion sur les bancs de
l’hémicycle – davantage de respect entre les orateurs, davantage d’écoute
entre les groupes, et, assez souvent, des sourires de connivence.
Je tenais à le souligner parce que ceux qui suivent nos débats en retiennent
habituellement plus de moments de violence et d’affrontement – et je ne
crois pas que cela leur plaise.
Je veux à présent remercier les groupes qui ont participé, non seulement aux
débats bien sûr, mais aussi et surtout à l’élaboration de ce projet de loi de
financement de la sécurité sociale. D’ailleurs, certaines personnalités, élus,
parlementaires des oppositions, ont salué les progrès obtenus tout au long de
ce travail et de ces discussions.
Cela ne signifie pas que tous les problèmes sont réglés, encore moins que la
satisfaction est partagée sur tous les bancs, mais que nous avons au moins eu
le sentiment de mener un travail constructif, qui devrait nous permettre
d’aboutir à l’adoption de la première partie du projet de loi de financement de
la sécurité sociale.
J’ai bien aimé la citation par laquelle Mme Océane Godard a commencé son
intervention. Face à la situation de la sécurité sociale, nous ne sommes pas,
comme elle l’a dit, « des héritiers sans héritage » mais il est vrai
que l’héritage est aujourd’hui fragilisé, déséquilibré et assez souvent ébranlé
par tous les événements auxquels nous sommes confrontés.
Je parle du financement de la sécurité sociale bien sûr, mais pas uniquement.
Il faudra obligatoirement, semble-t-il, mener un très grand travail de
reconstruction pour assumer notre responsabilité.
Parmi les différents chantiers, je citerai l’analyse de la structure financière
car la pérennisation et l’aggravation, année après année, du déficit
– même si le niveau de celui-ci est moindre – est une question
centrale.
D’autre part, il faut conduire une réflexion sur la gouvernance de notre
système de santé – les agences régionales de santé ont assez souvent été
interrogées et mises en causes à ce sujet. On voit bien qu’il existe un
problème crucial d’offre médicale sur le terrain.
Il faut favoriser l’installation des médecins et lutter contre les déserts
médicaux. Certains départements et régions connaissent un déficit chronique en
la matière, jusqu’à des situations de crise que nos concitoyens ne supportent
plus.
Il faut également s’atteler à un travail important sur l’organisation de la
prévention – il a été ébauché, on est loin de l’avoir conduit à son terme.
Des services médicaux, comme bien sûr les soins palliatifs, doivent être
complétés, retissés, réimplantés, soutenus dans un grand nombre de
départements.
À l’évidence, les problèmes de formation ne sont pas réglés. Même l’abrogation
du numerus clausus n’a pas permis d’apporter toutes les réponses nécessaires
pour assurer l’avenir de notre système de santé.
Je suis frappé de constater à quel point la question de la fraude a souvent été
évoquée à cette tribune sans que nous puissions percevoir clairement des
solutions à ce problème. Des progrès sont attendus d’ici à quelques semaines,
mais, sur le fond, un travail très important doit être conduit. Sachez que le
gouvernement, avec Mme Vautrin et M. Neuder, est disposé à mener
cette réflexion sur la fraude avec tous les parlementaires intéressés.
Tout le monde a souligné – majorité comme opposition – une
certitude : nous ne pouvons plus nous contenter d’un examen annuel de
notre budget. Un rythme pluriannuel nous permettra de dégager des orientations
et des tendances qui seront autant d’engagements. Le travail sera plus riche
que lorsque nous procédions à un examen annuel – une habitude dans
laquelle nous nous étions, en quelque sorte, enfermés.
Le travail de refondation, que j’ai évoqué lors de l’examen du projet de loi de
finances, vaut aussi pour le projet de loi de financement de la sécurité
sociale.
Je veux remercier ceux qui se sont engagés dans le travail de préparation et
qui ont pris la décision courageuse de doter notre pays d’un budget ainsi que
d’un budget de la sécurité sociale. Le choix de responsabilité est aussi un
choix de solidarité à l’égard des plus fragiles de nos concitoyens car,
évidemment, ce sont eux qui auraient été victimes si le budget n’avait pas été
adopté. En d’autres termes, le gouvernement remercie l’Assemblée nationale de
son engagement et de son travail
Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education
nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Je salue la responsabilité des parlementaires du centre, de
droite et de gauche qui ont permis de donner un budget au pays. Il est possible
de faire émerger des compromis plutôt que l’instabilité et la division. La
réussite de nos élèves et de nos étudiants est au premier rang des priorités
nationales.
Le budget de l’Education nationale est sanctuarisé :
- 4000 postes d’enseignants préservés malgré la baisse démographique.
- 2000 postes d’AESH créés.
Un investissement de plus de 200 M€ pour une école plus inclusive et proche des
territoires !
Pour l’Enseignement supérieur et la Recherche c’est :
- 26,8 Mds€ et une loi de programmation de la recherche qui continuera de se
déployer.
- 300 M€ en plus pour les universités.
Des programmes et des actions de recherche préservés pour permettre aux
chercheurs et enseignants de travailler !
Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires
étrangères)
> La France s'est donné un budget. L'esprit de dialogue et le compromis
l'ont emporté au Parlement. Le champ se réouvre pour affronter avec résolution
les défis himalayens qui se présentent devant nous.
> Face à la
multiplication des annonces tous azimuts outre-Atlantique, il nous faut
évidemment garder notre sang-froid et rappeler ce que nous sommes et ce que
nous voulons.
Pour ce qui est de la situation au Proche-Orient, la France est fermement
opposée à tout déplacement forcé de population qui constituerait, vous l'avez
dit, une violation manifeste du droit international, qui serait une atteinte
aux aspirations légitimes du peuple palestinien et qui entraverait la mise en
œuvre d'une solution à deux États, seule susceptible d'apporter la paix et la
stabilité dans la région.
Pour ce qui est du commerce, la France rappelle qu'il n'y a aucun
déséquilibre à corriger dans la relation commerciale entre les États-Unis et
l'Union européenne et que, la dernière fois que les États-Unis d'Amérique se
sont lancés dans une guerre commerciale, avec la Chine et avec d'autres pays,
cela leur a coûté cher : 200 euros environ par citoyen américain.
J'ajoute que ce coût s'est avéré plus élevé dans les comtés républicains que
dans les comtés démocrates.
En tout état de cause, si l'Europe est visée par la hausse de certains
droits de douane américains, alors elle répliquera sans aucune espèce
d'hésitation.
Pour ce qui concerne les géants du numérique, l'Europe s'est donné des
règles. Elle refuse que le débat public soit délocalisé sur des plateformes de
réseaux sociaux dont les règles seraient fixées par des milliardaires
américains ou chinois. Là encore, si ces règles sont transgressées – des
enquêtes sont en cours –, les plateformes doivent être sanctionnées
lourdement par la Commission européenne, qui peut prononcer des amendes allant
jusqu'à 6 % du chiffre d'affaires annuel mondial de la société concernée
et pousser les sanctions jusqu'à la restriction d'accès sur le territoire de
l'Union européenne.
Que fait la France pour peser dans ce débat ? Le Président de la
République a participé lundi dernier à une retraite des chefs d'État et de
gouvernement embrassant l'ensemble de ces sujets. Quant à moi, je réunirai le
12 février prochain les principaux pays européens afin que nous abordions
la « suite des opérations », si je puis dire, autour d'un discours
uni, ferme et serein face à ce qui peut arriver ou ce qui peut provenir des
États-Unis d'Amérique dans un avenir prochain.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la
Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> L’adoption d’un budget pour la France est un soulagement pour tous.
Citoyens, entreprises, associations, collectivités locales… Tous, nous
soufflons ce soir. Les investissements dans la transition écologique vont
pouvoir reprendre et les projets avancer. C’est un rappel à tous les promoteurs
du chaos : leur politique du pire a un coût que nous n’avons pas les moyens
d’assumer.
> Le RN n’a rien à voir dans la baisse de 15 % du prix de
l’électricité le 1er février dernier ! Cette baisse est le résultat de la
politique que j’ai menée sous l’égide du Président de la République : relance
du nucléaire, augmentation de 30% de notre production d’électricité nucléaire
et renouvelable, réforme du marché européen reconnaissant la place du
nucléaire. Quand on produit plus qu’on ne consomme, les prix baissent !
> Ce ne sont pas les normes écologiques qui sont
responsables des aléas climatiques qui impactent les rendements de nos
agriculteurs, c’est le changement climatique ! Les prix de l’alimentation ont
notamment augmenté – comme ceux de l’huile d’olive, du café ou du cacao – du
fait de mauvaises récoltes. L’écologie, c’est notre arme face au dérèglement
climatique.
> L’ADEMA, c’est 3,4 milliards d’euros de budget, dont 92
% servent directement à financer des projets concrets pour baisser nos
émissions carbone. Par exemple ? Des réseaux de chaleur pour réduire la facture
de chauffage des Français, ou encore le remplacement d’un four industriel pour
préserver des emplois en France. Voilà l’essentiel du budget de l’ADEME :
financer des projets qui améliorent le pouvoir d’achat ou sécurisent l’emploi.
> Les zones à faibles émissions, c’est avant tout une
réponse à un enjeu de santé publique : 48 000 Françaises et Français meurent
chaque année à cause de la pollution de l’air. Ce sont les collectivités
locales qui définissent les zones et les règles du jeu des ZFE, elles ont la
possibilité d’adapter ces zones et ces règles aux réalités locales et de
prévoir des dérogations. Tout ne repose pas sur l’État.
> La censure a paralysé l’action du ministère de la
Transition écologique. En janvier, sur 90% de mes actions, c’est zéro budget.
Pas de budget, pas de projets !
> 2025 doit être l’année de la souveraineté maritime,
pour la France comme pour l’Europe. L’année où nous renforçons notre puissance
navale, protégeons mieux nos écosystèmes marins et développons une économie
bleue durable.
> La France a définitivement ratifié l’accord des Nations
unies sur la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction
nationale (BBNJ). Objectif : protéger la biodiversité en haute mer en encadrant
mieux la pêche, en luttant contre les pollutions et en préservant des
écosystèmes fragiles. Pour rentrer en vigueur internationalement, il faut 60
ratifications. La France pousse maintenant les autres pays à la suivre, avant
la grande Conférence des Nations unies sur l’océan qui se tiendra à Nice en
juin 2025.
> Je veux que la France s’adapte à un monde qui se
réchauffe. Ceux qui ne veulent pas agir contre le dérèglement sont des ennemis
des Français. J’ai lancé le plan national d’adaptation au changement
climatique. Je veux développer une vraie culture du risque.
D’abord, avec une stratégie de défense nationale des forêts et des surfaces non
boisées contre les incendies. L’objectif : rehausser nos moyens de lutte
contre les incendies avec la météo des forêts, une communication plus forte sur
les obligations de débroussaillement, le renforcement de nos colonnes de
sapeurs-pompiers. Je porte cette initiative avec Bruno Retailleau, le ministre
de l’Intérieur. Je lance aussi une mission pour créer une réserve citoyenne
dédiée à la prévention des risques et à la gestion de crise. Le but est d’avoir
des citoyens sentinelles sur le terrain pour renseigner et avoir les bons
réflexes quand un risque survient. Cette mission permettra de chiffrer les
besoins en formation et en équipement.
> 80 % des feux de forêt naissent à la frontière des
zones boisées et urbanisées. Si le débroussaillement n’est pas fait, les
propriétaires s’exposent à des sanctions qui peuvent aller jusqu’à
1 500 euros. Les propriétaires doivent en être conscients : dans
la plupart des polices d’assurance, si ces travaux ne sont pas faits, en cas de
dégâts liés à un incendie, ils ne seront pas remboursés.
> Les assureurs sont confrontés à des répétitions de
dommages auxquels ils ne peuvent pas faire face seuls. Je souhaite qu’avec Éric
Lombard, le ministre de l’Économie, on travaille sur ce sujet pour voir quelle
doit être la part de la solidarité nationale et celle des assureurs. Et comment
faire pour que les conditions d’assurabilité ne soient pas hors de portée des
ménages et des collectivités ? Sur ce sujet des assurances, je souhaite
inscrire à l’Assemblée la proposition de loi de la sénatrice Christine Lavarde
qui apporte de premières réponses. On doit aussi travailler sur la prévention,
car son coût est bien moindre que celui des réparations.
> Je souhaite qu’on finance les actions d’adaptation au
changement climatique sur les littoraux. Le fonds vert sera mobilisé. Je
souhaite aussi qu’on avance sur le financement de ces actions qui pourrait
s’appuyer sur une fiscalité spécifique. Enfin, je souhaite qu’il n’y ait plus
qu’un seul dispositif pour traiter à la fois la submersion marine et le recul
du trait de côte.
> Il y a 300 millions de plus dans le budget
2025 par rapport à 2024. En décembre, les Écologistes ont censuré le budget de
Michel Barnier. Résultat, depuis janvier, sur 90 % de mes actions, j’ai
zéro euro de budget. Exemple : je ne peux pas verser Maprimrenov’. Si elle
était si attachée à l’écologie, elle aurait voté le budget. Les hypocrites ça
va bien.
Patrick Mignola (ministre délégué auprès du Premier
ministre chargé des Relations avec le Parlement)
> Avec son approbation il y a quelques instants par le Sénat, le budget
2025 a été définitivement adopté par le Parlement. Nous le devons à la
responsabilité des parlementaires qui, sans nier leurs différences, ont
privilégié l'intérêt de leur pays et la stabilité de nos institutions. Je veux
ici saluer leur travail, qui va se poursuivre avec le budget de la Sécurité
sociale, pour que notre pays soit doté de tous les textes financiers
indispensables à son fonctionnement. Ce dialogue respectueux et ces échanges
constructifs avec le Gouvernement se poursuivront dès les prochains jours pour
veiller à la bonne application des engagements pris et qu’à la stabilité
financière s’ajoute l’efficacité de l’action publique au service des Français.
Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier
ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte
contre les discriminations)
> Mutiler sexuellement une fille, une adolescence, une femme, c'est la
priver de son intégrité physique, nier son plaisir, son identité, la soumettre
et l'enfermer dans la honte et la culpabilité. Jamais nous ne l'accepterons.
Préfet de région, procureur général, recteurs, ARS, OFPRA, OFII, police
nationale : tous étaient présents ce matin pour signer notre engagement clair
en Ile-de-France et réaffirmer notre mobilisation.
Astrid
Panosyan-Bouvet (ministre
déléguée auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des
Familles, chargée du Travail et de l’Emploi)
> À quelques jours du sommet pour l'action sur l'IA organisé par la France
Audace, sans utopie ni panique :
- Productivité, compétitivité, autonomie et reconnaissance voulues par les
travailleurs, sobriété énergétique : l'IA concentre beaucoup de nos enjeux de
prospérité collective, d’écologie et de démocratie.
- C’est une formidable opportunité pour toutes les entreprises : ce n'est pas «un
truc de geek, de start-up ou de grande boite», chacun peut et doit se demander
ce que l’IA peut lui apporter au travail.
- Saisir les progrès offerts par l’IA et établir nos règles communes demande de
comprendre ses impacts sur notre monde du travail, d'où l’importance du
dialogue social impliquant tous les acteurs – entreprises, syndicats, Etat…
- Nous devons être vigilants pour lutter contre notre penchant naturel à la
surrèglementation mais aussi à ce que l’IA ne reproduise pas les schémas de
discriminations existants – en particulier envers les femmes – et que les
fruits des gains de productivité soient équitablement répartis
- Le rôle de la formation continue et l’évolution des référentiels de compétences
est fondamental pour assurer une montée en compétences générale en IA. C'est
seulement ainsi que la France et l'Europe pourront s'en emparer rapidement et
massivement.
> Plus que jamais, il est essentiel que les entreprises
prennent leurs propres initiatives pour lutter contre les discriminations sous
toutes leurs formes.
Amélie de Montchalin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargée des Comptes publics)
> Le Parlement vient d’adopter
définitivement le projet de loi de finances 2025 à l’issue d’un chemin
législatif inédit. Ce budget n'est l'idéal d'aucun parti mais il est à la
hauteur de la situation du pays. Il rend à nouveau possible confiance et action
dans notre pays. Je salue aujourd'hui la responsabilité de tous les
parlementaires ayant œuvré à la construction de ce texte, qu'ils soient de la
majorité ou de l'opposition. Dans notre pays, on peut continuer à s'opposer
sans bloquer. Depuis plusieurs semaines, nous avons travaillé, échangé,
débattu, avec l’ensemble des forces politiques pour aboutir à ce budget de
compromis. Cette méthode a permis à plusieurs groupes politiques d’intégrer des
améliorations concrètes pour la vie des Français et de faire de ce budget un
meilleur budget.
Au point de départ de ces discussions, nous avions deux principes forts. Ils
sont aujourd'hui des engagements tenus :
- Réduire notre déficit et entamer le chemin du redressement de nos finances
publiques.
- Ne pas augmenter les impôts des classes moyennes et populaires.
Ce budget porte des choix importants pour l'avenir de notre pays :
- L'éducation, avec le maintien de 4 000 postes d'enseignants.
- La sécurité, avec des moyens sanctuarisés pour nos armées, nos forces de
l’ordre et l’investissement pour rester à la pointe de l'innovation dans ces
domaines.
- La justice, avec plus de 1 500 postes supplémentaires pour accélérer son
fonctionnement.
- L’écologie, avec le maintien des moyens du Fonds vert et du Fonds Barnier
pour la prévention des risques naturels et une hausse des moyens pour le plan
eau et le Fonds chaleur.
Entrepreneurs, agriculteurs, élus locaux, citoyens… tous peuvent désormais
sortir de l’incertitude dans laquelle ils sont plongés depuis le 1er janvier et
reprendre le chemin de la confiance. Le projet de loi de finances 2025 est
désormais transmis au Conseil constitutionnel pour être ensuite promulgué.
> [Budget] Je
vous dis d'abord qu'il y a eu un long chemin en fait depuis six semaines. Vous
savez, on a pris nos fonctions avec Éric Lombard et sous la direction du
Premier ministre le 23 décembre. Et à ce moment-là, souvenez-vous, il y avait
deux choses dans le débat public. Il y avait d'abord une immense anxiété et
inquiétude des Français qui ne comprenaient pas et à raison où nous allions. Et
qu'on avait l'impression qu'il n'y aurait jamais de budget dans ces conditions.
Et puis la deuxième chose, c'est qu'il était dit notamment au Premier ministre
que le compromis était impossible. Donc, on a pris une méthode, notre bâton de
pèlerin. On a pris du temps, on a écouté tous les groupes politiques et
parlementaires qui ont souhaité venir à Bercy. On a dialogué. Et vendredi
dernier, il s'est passé quelque chose qui je crois est un acquis démocratique
très important pour notre pays. Il y a eu un compromis entre parlementaires,
entre députés et sénateurs, dans une pièce où le Gouvernement n'était pas.
Nous, on a facilité le compromis, mais le compromis il a été acté par les
parlementaires. Et donc ça permet aujourd'hui effectivement que les
conditions soient réunies pour qu'il puisse y avoir un vote qui ne censure pas
le Gouvernement et qui de facto accepte ce budget. (…)
Il y a plusieurs encres dans ce budget. Et la manière dont on a repris
la discussion, c'était de dire d'abord qu'il faut réduire le déficit. Ce n'est
pas une lubie, ce n'est pas un dogme. Vous savez, il y a un homme de gauche qui
était un grand dirigeant français, Pierre Mendès France. Il disait que quand on
est progressiste, quand on est de gauche, on a le double impératif de bien
gérer les finances publiques, parce que sinon derrière, tous les services
publics, et ce pour quoi les progressistes se battent, est en danger. Donc
réduire le déficit, c'était un impératif. Sortir du surendettement de notre
pays est un impératif. Donc déjà, il y a cette cohérence-là. La deuxième
cohérence, c'est que ce ne sont pas les classes moyennes et les classes
populaires qui vont payer la facture. (…) Ce que les parlementaires entendent
dans les permanences, ce qu'on entend tous ; c'est une immense anxiété et
inquiétude des Français de classe moyenne qui disent, «est-ce que c'est nous
qui allons voir la TVA augmenter ? Est-ce que c'est nous qui allons voir
l'impôt sur le revenu augmenter ? Est-ce que c'est nous qui allons voir la
petite épargne que l'on a être plus taxée?» Ça, on a dit non. (…)
On a dit que, exceptionnellement, dans un moment exceptionnel, il y
avait un effort exceptionnel, mais il y a en retour un engagement exceptionnel
du Gouvernement pour que cette année soit une année pendant laquelle nous
réglons un certain nombre de sujets que les entreprises ont légitimement le
droit de poser sur la table. Les enjeux de simplification, les enjeux de
défense industrielle, les enjeux de compétitivité face aux Etats-Unis, les
enjeux de soutien à l'innovation, les enjeux de soutien au travail.
> Aux dirigeants d'entreprises qui sont dans nos bureaux
à Bercy, tous les jours, on leur parle et on travaille. Je vais leur répondre
trois choses que je leur dis dans mon bureau, donc autant que les Français le
sachent, parce qu'il n'y a pas d'agenda caché. La première chose, c'est oui, on
vous demande un effort exceptionnel, oui, il sera exceptionnel et oui, on va
travailler sur le budget 2026 dès la semaine prochaine pour qu'il soit
construit très différemment. La deuxième chose qu'on leur dit, c'est que tous
ces enjeux de simplification, d'engagement européen, de soutien à l'innovation,
ce sont des sujets sur lesquels dans ce budget et pour la suite, nous ne
voulons pas dévier. Et puis, la troisième chose que je leur dis, c'est que
l'État fait le plus grand effort de réduction de son fonctionnement en 2025
depuis 25 ans. Nous allons réduire la dépense des ministères de 10 milliards
par rapport à 2024, c'est inédit. Nous allons, dans cette année, réduire nos
achats de 10%, nous allons réduire la dépense des opérateurs de 5%, nous
réduisons la masse salariale utile de 4% et ça, sans toucher aux services
publics. Parce que vous savez, j'ai été ministre des Agents publics, j'étais
ministre du Service public. Ce que nous faisons, c'est un plan d'efficacité du
fonctionnement. Nous n'avons pas sorti la tronçonneuse pour rayer d'un trait de
plume une politique publique. Et par ailleurs, nous n'avons pas - et ça, c'est
ma conviction - décidé de supprimer des fonctionnaires comme on compte les
bâtons. Un service public, c'est quoi ? C'est une politique publique que les
Français payent avec leurs impôts et que nous devons rendre plus efficaces. Et
donc, quand je vois les patrons, je leur dis, c'est votre effort exceptionnel,
pour les entreprises, les 500 groupes qui font plus d'un milliard de chiffres
d'affaires dans notre pays.
> Aux Etats-Unis, il y a plein de choses dont on ne parle
pas. Il y a un déficit à 8% dont personne ne parle parce qu'ils ont le dollar.
Il y a un système de santé où ça dépend de vos moyens financiers et ce n'est
pas ce qu'on a choisi en France. C'est un pays aujourd'hui où on nous dit qu'on
va supprimer l'équivalent du ministère de l'éducation. Donc, on n'a pas le même
modèle, on n'a pas les mêmes choix politiques et je crois que beaucoup
d'ailleurs de patrons l'entendent. Mais la deuxième chose que je dis, c'est que
pendant sept ans, une partie de la dépense publique dont on parle - et elle a
été faite de manière totalement volontariste et assumée et très positive - elle
a été mise sur la table pour protéger nos entreprises, pour protéger nos
salariés. Si on rembobine le fil, si on revient depuis 2017, qu'est-ce qu'il
s'est passé ? On a réformé le marché du travail. On a réformé le marché de
l'apprentissage. On a protégé comme nul autre pays nos entreprises pendant la
crise Covid. On a fait un plan de relance et soutient l'innovation et la
décarbonation comme nul autre.
> Depuis sept ans, le pays a fait des efforts pour nous
transformer et soutenir les entreprises et les salariés. Ça a un coût et à un
moment donné, le pays, le même, il doit rembourser la facture. C'est un effort
collectif pour notre économie. Et je crois qu'assez peu de pays ont protégé les
PME et les entreprises, face à la crise inflationniste comme on l'a fait mais
ça a un coût. Et aujourd'hui, collectivement, chacun fait un effort et je les
remercie, je les remercie ces entreprises de contribuer à cet effort national.
> On a décidé, ça a été annoncé hier aux différents
ministères, que nous allions suivre le déroulé de l'année 2025, ce qu'on
appelle l'exécution budgétaire, de manière, je crois, inédite, pour que nous
mettions assez d'argent de côté si des crises arrivent, mais que nous soyons en
capacité de tenir cette cible de 5,4%. Parce qu'on tire aussi des leçons de ce
qui s'est passé l'année dernière. L'année dernière, ce qui s'est passé, c'est
qu'à un moment donné, les recettes, les impôts ne rentraient plus parce qu'il y
avait de la désinflation et du ralentissement économique, mais inversement, les
dépenses, elles continuaient. Et ça, on ne doit pas le permettre une deuxième
semaine et de suite.
> Nous allons, avec Éric Lombard, réunir et travailler
avec tous nos collègues ministres pour nous assurer que les chiffres qui sont
dans le budget soient les chiffres qui, à la fin de l'année, auront été les
dépenses effectives. Et je pense que c'est un gage à la fois de confiance et de
sérieux vis-à-vis des Français, de confiance et de sérieux vis-à-vis de ceux
qui, justement, paient l'impôt, et de confiance et de sérieux aussi vis-à-vis
de nos partenaires européens. Mais vous l'avez dit, la cible, c'est 5,4% de
déficit en 2025.La vraie cible, c'est quand notre dette arrête d'augmenter. Et
ça, ça veut dire qu'on revient à 3% de déficit. Ça, c'est la cible de 2029. Et
ça veut dire qu'aussi tout ce qu'on a mis dans ce budget est aussi pensé pour
que ça permette de commencer une trajectoire durable de sortie du
désendettement.
> Moi, je n'ai pas de problème avec les réformes. Je
pense qu'il faut juste faire les choses de manière apaisée, de manière
rationnelle. Et s'il y a des enjeux de sécurité, on les paie. S'il y a des
choses qu'il faut faire évoluer, on les fait évoluer. En 2019, ça a évolué. Je
ne viens pas devant vous en disant mordicus, tout oui, tout non. Et notre
démocratie s'honore aussi à pouvoir organiser ce genre de débat de manière
calme et posée.
> On doit aux acteurs et aux Français de la clarté.
L'année dernière, le budget de ce Pass Culture pour que les classes puissent
faire des sorties a été prévu à 62 millions. Ça a été plus de 90 millions qui
ont été engagés, ce qui veut dire que le ministère a accompagné beaucoup plus
de projets que prévu. Elisabeth Borne avait proposé 72 millions d'euros pour
l'année. Il se trouve que là, vous voyez, on est le 3 février, il y a déjà 50
millions d'euros qui ont été engagés. Donc ce qu'a dit Elisabeth Borne, c'est
qu'on fait juste une pause pour s'assurer que tous les projets, évidemment, qui
ont été validés, seront bien payés. On relance la dynamique, mais on explique à
tout le monde qu’il y a un budget. (…)
Ce qui est formidable, c'est que grâce à cet outil - que beaucoup d'ailleurs
ont décrié, je tiens à le dire - on a une pratique culturelle dans les classes
et les établissements qui est très forte. Elisabeth Borne, hier, a expliqué que
la plateforme serait réouverte dans les prochains jours. Simplement qu'il faut
s'assurer qu'on a bien les moyens de payer. Donc là aussi, pas d'inquiétude.
Elisabeth Borne l'a dit hier à l'Assemblée, c'est une politique d'encouragement
à l'ouverture culturelle, à l'émancipation et à l'accès à la culture que nous
voulons évidemment encourager.
> La première décision que le Premier ministre a prise
avec Éric Lombard et moi, c'est d'acter que les incertitudes et que la
conjoncture étaient moins bonnes, puisque nous avons dû réviser la prévision de
croissance à 0,9% de croissance en 2025. Là où le précédent Gouvernement,
quelques mois avant, attendait encore 1,1%. Donc, ce n'est pas un scoop, mais
si on regarde, toute l'Europe est en très grande difficulté. L'Allemagne était
en récession en 2024. Nous, la France, on a fait un peu plus de 1% de
croissance. L'Allemagne est à 0,4%, ce qui nous freine aussi, parce que quand
l'Allemagne ne va pas bien, on ne va pas bien non plus. Il y a effectivement
une dynamique de l'emploi qui n'est pas bonne. Mais ce que je tiens à dire,
c'est qu'aujourd'hui, quand vous écoutez les patrons de PME, les grandes
entreprises, les artisans, les auto-entrepreneurs, ce qui aujourd'hui pèse
énormément sur notre croissance, c'est cette incertitude. Donc le budget, ça ne
va pas miraculeusement faire doubler la croissance, mais ce qui est sûr, c'est
que si on continue son budget - et c'est pour ça que la stabilité politique,
elle permet aussi une forme de relance économique - eh bien nous aurions été
encore pire. Donc, notre but, c'est de soutenir la collectivité, c'est
d'accompagner les entreprises, et c'est effectivement de sortir de cette phase
qui a été très anxiogène pour tout le monde.
> En 2026, notre but n'est pas d'augmenter les impôts.
L'immense majorité des Français ne sont pas impactés par la surtaxe d'impôts
sur les sociétés.
> L'État va faire en 2025 le plus gros effort d'économies
de fonctionnement depuis 25 ans (...) Le travail n'est pas terminé.
> Ce budget c'est compromis et responsabilité. Le
compromis a rendu ce budget meilleur.
Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargé de l’Industrie et de l’Energie)
> Garantir notre souveraineté numérique et accélérer l’innovation :
c’est l’objectif du nouveau data center Equinix à Meudon. Ce site de pointe,
pensé pour répondre aux besoins croissants du numérique tout en intégrant des
solutions responsables :
- Une capacité renforcée pour soutenir l’essor de l’IA et des industries
numériques
- Une infrastructure sécurisée et optimisée sur le plan énergétique
- Une volonté de réduire l’empreinte carbone avec l’installation de panneaux
photovoltaïques.
Avec ce projet, nous confirmons notre ambition : faire de la France un leader
de l’innovation numérique et industrielle. (…)
Cet investissement de plusieurs centaines de millions d’euros, issu des
engagements pris lors de Choose France, répond à un besoin stratégique :
fournir la puissance de calcul nécessaire à l’essor de l’intelligence
artificielle et au développement du numérique en France. Situé au cœur du futur
campus numérique de Meudon, ce site renforce notre souveraineté numérique et
accélère l’innovation industrielle.
J’ai eu l’occasion de visiter les infrastructures de refroidissement, le pôle
d’alimentation électrique et les futurs espaces qui accueilleront des panneaux
photovoltaïques pour réduire l’empreinte énergétique du site. L’intelligence
artificielle ne peut pas exister sans infrastructures solides et performantes.
Derrière chaque avancée technologique, il y a des centres de données, des
réseaux. C’est en investissant dans ces infrastructures que nous préparons
l’avenir du numérique et de l’industrie en France.
Patricia Mirallès (ministre déléguée auprès du ministre
des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants)
> La France dispose d’un budget. Un budget pour agir, protéger et
transformer. Pour la Mémoire et le monde combattant, c’est la garantie de
droits préservés, de pensions revalorisées et d’un engagement renforcé. Je
continuerai à me battre pour ceux qui ont tant donné à la France.
Laurent Saint-Martin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Europe et des Affaires étrangères chargé du Commerce extérieur et des
Français de l’étranger)
> L’adoption du budget est une victoire pour la stabilité du pays et un
soulagement : chaque jour sans budget coûte 100 millions € aux Français.
Censurer le gouvernement, c’était bloquer le pays et abandonner nos quartiers.
Merci à la majorité des socialistes d’avoir privilégié l’intérêt du pays avant
les calculs de LFI.
Thani Mohamed Soilihi (ministre délégué auprès du ministre
de l’Europe et des Affaires étrangères chargé de la Francophonie et des Partenariats
internationaux)
> Dans un monde aussi incertain, la solidarité internationale et
l’aide au développement permettent de protéger les Français et d’amortir les
crises.
● Autres
ministres
Catherine Vautrin (ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des
Familles)
> Les modes de garde sont
pluriels dans notre pays. Et les crèches de petite taille ont, comme les autres
structures, des obligations à respecter en matière de qualification de celles
et ceux qu'elles emploient pour s'occuper des tout-petits, dans la mesure où,
par définition, nous n'avons rien de plus précieux à confier que nos enfants.
Quelle est la situation? Des microcrèches se sont installées un peu
partout sur les territoires. Or les conditions dérogatoires d'encadrement et de
formation qui y avaient cours doivent désormais faire l'objet d'une
normalisation. Tel est le sens du décret que le Gouvernement va publier.
Que dit le projet de décret ? Il pose une obligation de formation
pour les nouveaux recrutements – j'insiste : pour les nouveaux
recrutements –, et ce – j'insiste à nouveau – à compter du 1er septembre
2026.
Pourquoi insister sur ces deux points ? Parce que cette rédaction
signifie, d'une part, qu'il n'y aura pas de licenciements dans les
microcrèches, contrairement à ce que l'on a pu lire, et, d'autre part, qu'il
est laissé beaucoup de temps pour les recrutements à venir – c'est le
moins que l'on puisse dire, puisque nous sommes le 5 février 2025 et que
l'échéance est fixée au 1er septembre 2026.
Il est important de rassurer les parents comme les élus.
Je m'adresse aux parents : nous faisons tout pour que vos enfants
soient accueillis dans les meilleures conditions. J'en veux pour preuve que
l'État joue son rôle d'accompagnement via, d'un côté, bien sûr, le
complément de libre choix du mode de garde et, de l'autre, les crédits d'impôt
accordés aux entreprises qui réservent des berceaux dans les crèches.
Et je m'adresse aux élus : il n'y a aucune précipitation. Il va
s'écouler dix-huit mois avant que ne s'appliquent aux nouveaux recrutements les
obligations de formation dont nous sommes en train de parler.
Voilà notre lecture du projet de décret sur lequel. Quel que soit le
mode de garde, ce qui importe, c'est la qualité d'accueil offerte à chacune et
chacun de nos enfants
Eric Lombard (ministre de l’Economie, des Finances et de
la Souveraineté industrielle et numérique)
> Avec le rejet de la censure, les députés montrent que le dialogue et
le compromis fonctionnent. C’est une bonne chose pour notre pays et pour nos
compatriotes, la preuve que leurs représentants politiques savent dépasser
leurs désaccords quand la stabilité de la Nation est en jeu. Il revient
maintenant aux sénateurs d’approuver demain en dernière lecture le projet de
loi de finance et nous aurons enfin un budget.
> Nous sommes là au confluent de deux objectifs
prioritaires. Le premier est effectivement la transformation écologique et
énergétique. Il est exact que les directives CSRD et CS3D ont permis des
avancées. En effet, rapporter publiquement ce que l’on fait, c’est s’exposer à
la pression de la société, et nous croyons que cela va dans le bon sens. Mais,
en même temps, nous avons un impératif de simplification, à un moment où les
entreprises européennes sont dans la difficulté et soumises à une concurrence
accrue.
Sur ces deux textes, notre volonté est similaire. La directive CSRD est déjà en
vigueur pour les grandes entreprises. Pour les PME et les ETI, nous souhaitons
nous fixer un objectif de simplification : il s’agit de rendre les règles
plus praticables pour qu’elles puissent s’appliquer rapidement à ces
entreprises. Pour avoir introduit la CSRD dans une grande institution que j’ai
eu l’honneur de diriger jusqu’à récemment, je sais que c’est effectivement
assez lourd. Un allégement est donc nécessaire. Je rappelle en outre que tous
les pays européens n’ont pas transposé la directive, ce qui pose un problème de
concurrence.
S’agissant de la directive CS3D, le processus est moins avancé, mais pas de méprise:
nous souhaitons bel et bien qu’elle soit mise en œuvre. Nous devons néanmoins
traiter deux sujets : la simplification des règles et leur modulation en
fonction de la taille des entreprises. Plus l’entreprise est petite, plus les
règles applicables doivent être simples, de sorte qu’elles soient effectivement
mises en œuvre.
Sébastien Lecornu (ministre des Armées)
> Dans les médias, il est souvent question de l’effort consistant à
porter nos dépenses de défense à 2 % du PIB dans le cadre de l’Alliance
atlantique. La France l’a fait, mais il convient à présent de parler des
contributions militaires réelles à l’Alliance soit du nombre de bateaux, de
brigades et d’avions effectivement disponibles pour exécuter les différents
plans de défense.
La décision prise à Berlin de mettre à disposition la brigade franco-allemande
sur le flanc est, en Pologne, illustre utilement ce que peut être la
contribution d’un pilier européen au sein de l’Otan. Vous aurez l’occasion d’en
suivre l’exécution.
Objets de votre deuxième question, les programmes d’armement menés en commun
sont à différents états d’avancement. S’agissant du système de combat aérien du
futur, projet auquel participent également nos amis espagnols, un démonstrateur
est en cours de conception. Cet avion doit succéder au Rafale dans un avenir
éloigné – vers 2040, voire 2050 – et d’importantes décisions sont à
prendre avant la fin de cette année ; pour ce faire, un temps
d’information et de discussion avec l’Assemblée nationale et le Sénat devra
être ménagé, comme je m’y étais engagé devant le Parlement lors de l’examen du
projet de loi de programmation militaire.
Le MGCS, le char du futur, relève quant à lui d’un autre calendrier puisque
nous venons tout juste de signer les contrats créant les joint-ventures
– en mauvais français –, entre les entreprises consacrées à sa
construction.
Enfin, au moment où Berlin connaît un nouveau cycle électoral, quelle feuille
de route commune nous fixons-nous en vue de l’autonomie stratégique
européenne ? Alors qu’entrent en fonction une nouvelle équipe à la
Commission, un nouveau secrétaire général de l’Otan, une nouvelle
administration américaine, il nous faut créer un consensus en matière de
taxonomie, de simplification, d’acquisitions communes, comme le programme
européen pour l’industrie de la défense. Nous sommes en train d’y arriver, mais
il faut rester prudents. Un tel consensus doit évidemment être bâti avec
l’Allemagne, ce qui nous permettra de proposer de se joindre à d’autres
partenaires, comme l’Italie ou la Pologne, sans oublier la Grande-Bretagne, car
le Brexit n’efface pas les grands enjeux de sécurité collective.
> Pour expliquer ce que nous cherchons à faire à
Bruxelles, il faut partir de nos propres intérêts.
Premièrement, la défense est et restera une compétence des États membres, et
toutes les initiatives qui sont lancées ne le sont que par l’expression des
souverainetés des pays concernés, d’où l’objet de la réunion stratégique qui a
eu lieu lundi dernier.
Deuxièmement, qu’on le veuille ou non et quelles que soient nos convictions
politiques, l’Union européenne est déjà un marché unique, un marché
commun ; or nos industries de défense ont besoin de financements, de
simplification et d’accompagnement. Il y a trois ans, à Bruxelles, on voyait
fleurir des initiatives en faveur d’une taxonomie sociale européenne, fondées
sur l’idée selon laquelle produire des armes, c’était mal, voire sale. Les
mêmes, trois ans plus tard, nous expliquent que l’on ne produit pas assez vite,
ce qui sous-entend que les outils communautaires doivent servir à accélérer la
production en Europe !
Troisièmement, des discussions sont en cours. Un consensus doit être trouvé
entre les différentes capitales. (…) La domination américaine sur la plupart
des acquisitions publiques en Europe est une réalité. Même si les armes
françaises se vendent mieux en Europe qu’elles ne se vendaient il y a cinq ou
dix ans – surtout ces quatre ou cinq dernières années, parce que la guerre
en Ukraine a accéléré la prise de conscience à ce sujet –, il faut
vraiment que l’argent du contribuable européen serve à acheter des armes dans
l’Union européenne ! Si des capitales européennes veulent acheter des
armes aux États-Unis, cela relève de leur souveraineté, mais elles doivent
respecter la nôtre : cela ne doit pas se faire avec l’argent du
contribuable français.
Le bon deal – pardonnez-moi ce mauvais français –, c’est donc une
arme dont la fabrication intègre suffisamment de composants produits dans
l’Union européenne ; c’est surtout – vous ne l’avez pas dit –
une arme de conception européenne. C’est ce critère qui permettra d’assurer une
protection de nos outils communautaires et de notre souveraineté.
Philippe Baptiste (ministre délégué auprès de la ministre
d’Etat, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la
Recherche, chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Depuis 2022, le succès du pass culture n’est plus à démontrer. L’année
passée, près de 80 % des élèves du secondaire l’ont utilisé et ont ainsi
pu accéder à un théâtre, à un musée ou à un lieu de mémoire : c’est donc
un dispositif qui fonctionne.
Pour l’année scolaire en cours, la quasi-totalité des collèges et des lycées
sont engagés ; près de 4 millions d’élèves sont concernés. Il faut
évidemment conforter ce succès mais, dans le contexte budgétaire que nous
connaissons, il est aussi nécessaire d’évaluer le dispositif et de garantir à
la fois son équité et son efficacité. C’est la raison pour laquelle une mission
d’inspection a été diligentée.
Entre 2022 et 2024, les crédits budgétaires sont passés de moins de
20 millions d’euros à plus de 60 millions, mais le coût réel s’est
établi à 97 millions. En 2025, 10 millions supplémentaires par
rapport à 2024 ont été inscrits en loi de finances, et depuis le début de
l’année, nous avons assisté à une flambée des demandes de réservation, mobilisant
en quelques semaines 50 millions d’euros, soit plus des deux tiers des
crédits disponibles. Le ministère a donc dû suspendre temporairement les
réservations mais je veux rassurer : les établissements qui se seraient
engagés dans des activités sans avoir obtenu concrètement les financements
associés pourront mener à bien leurs projets. La plateforme rouvrira et chaque
élève, partout en France, pourra accéder à la culture.
Valérie Létard (ministre déléguée auprès du ministre de
l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, chargée du Logement)
> L’importance du DPE. Il est la pierre angulaire, la base de
tout : il détermine non seulement la valeur d’un bien, mais aussi son
caractère plus ou moins énergivore. Aussi doit-il être absolument fiable,
opposable et sécurisé pour l’ensemble des acteurs. C’est pourquoi, depuis
juillet 2024, la formation initiale des diagnostiqueurs est trois fois plus
longue et sanctionnée par un examen final très sélectif.
Chaque diagnostiqueur doit ensuite suivre une formation continue et repasser
l’examen de certification tous les sept ans. De plus, nous avons triplé le
nombre de contrôles. Chaque diagnostiqueur sera désormais contrôlé tous les
ans, sous peine de perdre sa certification, donc le droit d’exercer.
Nous continuons à travailler sur plusieurs outils : la constitution d’une
liste des diagnostiqueurs suspendus parce qu’ils ne faisaient pas correctement
leur travail ; l’instauration de contrôles automatiques des comportements
frauduleux, grâce à la base de données de l’Agence de la transition
écologique ; la création d’une carte professionnelle dotée d’un
code QR, pour que les particuliers puissent vérifier la certification du
diagnostiqueur. Cette dernière mesure est d’ailleurs prévue par la proposition
de loi défendue par Thomas Cazenave.
Bien sûr, la très grande majorité des 10 000 diagnostiqueurs sont des
professionnels compétents et de bonne foi – chaque année sont réalisés
4 millions de DPE, qui permettent de sécuriser efficacement les ventes et
locations –, mais nous serons intransigeants avec les diagnostiqueurs qui ne le
sont pas ; nous appliquerons des sanctions, avec la plus grande sérénité.
Tels sont les travaux que nous continuons à appuyer ou accompagner, au service
de l’ambition de rénovation énergétique. Le DPE ne doit pas être mis en doute.
Il est indispensable que les acquéreurs, les vendeurs et les locataires
puissent s’appuyer sur cet élément essentiel.
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> L’Assemblée nationale a trouvé la voie du compromis avec le
gouvernement et adopté le projet de loi de finances pour 2025. Un choix de
responsabilité, de stabilité et d’action pour les Français.
> Nous avons un budget. Maintenant, le plus dur commence.
Il faut rétablir les comptes et engager des réformes structurelles. De nombreux
chantiers peuvent faire consensus.
> L'intégration ce n'est pas une question de nombre, mais
de volonté et de capacité à s’insérer dans la société. Un travail considérable
doit être mené, tant par les pouvoirs publics que par ceux qui arrivent en
France.
> Nous avons besoin d’une immigration de travail
régulière, de personnes qui viennent en France pour apporter leur talent. La
condition, comme toujours, ça doit être une intransigeance absolue sur le
respect de nos valeurs et de nos règles.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Jean-René Cazeneuve (député)
> [Intervention à l’Assemblée sur le Budget et la motion de censure de
LFI]
Nous pensions naïvement que la censure du gouvernement
Barnier avait servi de leçon aux apprentis censeurs ; que contempler notre
pays à l’arrêt, et les acteurs économiques dans le doute, les avait
vaccinés ; que voir les associations sans dotations et les collectivités
territoriales sans visibilité quant à leurs recettes leur avait fait comprendre
la gravité du moment ; qu’ils ont été émus devant les agriculteurs
désespérés de ne pas voir se concrétiser les mesures promises depuis plus d’un
an, les embauches bloquées dans la fonction publique, les artisans suspendus à
la reprise des aides à la rénovation énergétique ; qu’ils avaient entendu
les Français, déboussolés par l’instabilité politique et économique, ces
Français qui, chaque jour, sur les marchés, dans les tribunes de nos stades de
rugby ou au café, nous parlent de stabilité et d’apaisement.
Eh bien non ! La France insoumise – insoumise à tout sauf à
Mélenchon –, insensible au peuple, hermétique à la raison, dépose une
nouvelle motion de censure. Or nous ne pouvons plus nous permettre d’errer dans
l’indécision : après des mois d’attente, il était indispensable de trouver
un compromis pour sortir de cette impasse. Ce budget, fruit d’un travail
collectif et d’un dialogue sincère entre la majorité des forces politiques,
représente le rempart contre le chaos.
En votant la censure il y a deux mois, les extrêmes – de gauche comme de
droite – ont fait perdre à la France entre 15 et 20 milliards de
recettes. L’impact de la censure est colossal : recul de 0,2 point de
croissance, aggravation du déficit de 0,4 point du PIB, augmentation des
taux auxquels la France et les Français empruntent, ainsi que des intérêts de
la dette – et j’en passe.
Nous sommes aujourd’hui confrontés à une stratégie de blocage systématique.
Certains usent et abusent de la motion de censure pour servir des calculs
politiques stériles et idéologiques. Dans le vacarme et la fureur, La France
insoumise refuse obstinément d’envisager tout compromis et ne propose rien
d’autre que le blocage. Collègues Insoumis, vous voulez rejeter la France, mais
c’est la France qui vous rejette ! De Villeneuve-Saint-Georges à l’Isère,
c’est la France qui rejette vos excès, vos petits calculs politiciens et votre líder
máximo ! Quant au Rassemblement national, votre posture populiste ne
saurait masquer l’absence de programme économique viable. Votre parti
appartient à la classe des invertébrés : vous n’avez ni squelette, ni
ossature, comme le démontrent vos circonvolutions, vos tergiversations, vos
simagrées depuis un mois pour décider si, oui ou non, vous voteriez la censure
– comme si c’était un jeu ! Dans la classe des invertébrés, votre
parti serait plutôt de la famille des méduses : vous savez piquer, brûler,
effrayer, mais vous n’avez aucune cohérence, aucune vision. Vous vous laissez
porter par les courants de l’opinion, attendant avec cynisme le dernier moment
pour décider quelle posture, du oui ou du non, vous rapportera le plus
électoralement. Où est l’intérêt supérieur de notre pays dans tout cela ?
Je suis ravi que mon discours provoque des réactions, c’est bon signe ! Se
faire agresser et insulter par le Rassemblement national et la France
insoumise, c’est toujours le signe qu’on touche juste.
Dans ce décor d’incertitudes, il nous faut, plus que jamais, faire preuve de
lucidité et de responsabilité. La commission mixte paritaire a trouvé un accord
sur le budget. C’est un fait inédit depuis quinze ans et c’est probablement la
première fois, sous la Ve République, qu’une CMP portant sur le
PLF est conclusive alors que les deux chambres n’ont pas la même couleur
politique. Nous avons su faire des compromis essentiels pour notre pays. Ce
budget est imparfait mais je préfère voir le verre d’Armagnac à moitié
plein : nous l’assumons ! Il n’est ni de gauche, ni de droite,
ni du centre ; c’est le budget qui fera redémarrer notre pays.
Ce compromis, élaboré avec les groupes Droite républicaine, Les Démocrates et
Horizons, avec la majorité au Sénat, avec les ministres Éric Lombard et Amélie
de Montchalin, et notre rapporteur David Amiel, est un acte de
responsabilité fort.
Que contient ce budget ? Il concrétise d’abord le respect de nos
engagements en matière de lois de programmation et notre soutien sans faille
des politiques régaliennes – la défense, l’intérieur et la justice. Nos
choix préservent aussi le financement de l’université, de la recherche, de la
transition énergétique et de l’innovation.
Nous avons également protégé les classes moyennes, en refusant toute hausse de
prélèvements qui menacerait leur pouvoir d’achat et le retour de la croissance.
Nous avons aussi essayé de ménager au maximum les entreprises, pour qu’elles
puissent continuer à se développer et à investir dans leur avenir, sans être
écrasées par une fiscalité trop lourde : la France n’oublie pas de
soutenir ceux qui font vivre le pays au quotidien.
Notre groupe, Ensemble pour la République, a activement participé à
l’élaboration de ce budget. S’il ne fallait évoquer que quelques initiatives,
je citerais celle de David Amiel sur la fiscalité de l’électricité, de Paul
Midy sur les jeunes entreprises innovantes, de Jean-Luc Fugit sur les véhicules
électriques, d’Annaïg Le Meur sur l’habitat indigne ou encore de Mathieu
Lefèvre sur les chambres de métiers et de l’artisanat. Tous ont œuvré à améliorer
ce budget.
L’accord trouvé en CMP concrétise par ailleurs les promesses faites depuis un
an aux agriculteurs, mesures dont le déploiement a été retardé par la censure
votée par le Rassemblement national et La France insoumise – annulation de
la hausse des taxes sur le carburant agricole, facilitation de la transmission
des exploitations aux jeunes agriculteurs, allègement de la fiscalité sur les
terres agricoles, soutien renforcé en cas de catastrophes climatiques ou
sanitaires.
Et les censeurs voudraient encore faire attendre les agriculteurs ?
Sensible à la détresse des viticulteurs du Gers, j’ai œuvré pour la création
d’un fonds de transformation destiné à moderniser les caves coopératives, maillon
essentiel de notre filière viticole. Cette mesure vient compléter les
20 millions d’euros déjà votés dans la loi de fin de gestion 2024 pour
soutenir les viticulteurs sinistrés.
Les engagements pris par Gabriel Attal, alors premier ministre, sont désormais
tous tenus. Ils témoignent de notre volonté sans faille de soutenir
l’agriculture française, secteur au cœur de notre souveraineté.
Ce budget traduit notre volonté de réduire nos déficits. Pour reprendre les
mots de notre premier ministre, François Bayrou, il s’agit d’une question
économique et morale. Dans un monde incertain, entre les menaces du président
Trump, les aléas climatiques et les risques pour notre croissance, tenir le cap
des 5,4 % de déficit en 2025 sera difficile, mais nous devrons absolument
y arriver.
Et qu’on ne nous parle pas d’austérité. Certes, pour la seconde année
consécutive, les dépenses de l’État baissent mais la dépense publique totale
continue, elle, d’augmenter de 43 milliards d’euros, pour 2025, sous
l’effet des dépenses publiques locales et des dépenses de sécurité sociale. Et,
depuis 2019, les dépenses publiques ont crû de 300 milliards d’euros. Il
est temps de refroidir la machine et d’évaluer l’impact de chaque euro d’argent
public dépensé.
Je salue à présent la position du groupe Socialistes et apparentés. Fidèles à
l’esprit de vos illustres prédécesseurs, Jean Jaurès et Léon Blum, qui ont fait
de votre parti un parti de responsabilité, vous portez en vous-mêmes l’héritage
du socialisme qui a su rassembler et faire progresser notre nation dans ses
moments les plus difficiles. Certes, ce budget n’est pas le vôtre, mais
beaucoup de vos demandes ont été satisfaites, conformément aux engagements pris
par le premier ministre. Certaines étaient aussi les nôtres et c’est mieux
ainsi.
N’ayons pas – vous, nous – le compromis honteux !
« Compromis » est d’abord un joli mot et il pourrait devenir la norme
dans notre vie politique future.
Chers collègues, en conclusion, il est grand temps de mettre fin aux discours
vains et aux oppositions stériles qui ne font qu’aggraver la situation
budgétaire du pays. À l’heure où la Chine et les États-Unis accélèrent,
arrêtons de nous regarder le nombril. Un pays sans budget est un pays affaibli,
un pays qui renonce. Avec cette motion de censure, vous nous condamnez tous.
Les Français n’en peuvent plus des postures partisanes qui affaiblissent notre
cohésion et freinent le progrès. Ce budget représente le seul chemin vers la
stabilité et l’apaisement.
Les Français salueront ce travail collectif, fruit du dialogue sincère
entre des forces politiques qui, malgré leurs différences, ont choisi de placer
l’intérêt général au-dessus de tout ; il est l’expression de notre volonté
commune de répondre à l’urgence. Les Français comprendront un budget qui a le
mérite d’assurer la continuité de nos politiques publiques et de tenir le cap
d’un déficit public de 5,4 % du PIB.
Chers collègues, ne laissons pas le vacarme des passions – tel celui qui
se fait entendre depuis quelques minutes – étouffer l’espoir et la volonté
de progrès de nos concitoyens. Ensemble, faisons le choix de la raison et de la
stabilité, ne votons pas cette motion de censure ! (
Stéphanie Rist (député)
> [Intervention à l’Assemblée sur le budget de la Sécurité sociale et la
deuxième motion de censure de LFI] À quoi tout cela rime-t-il ? Quand je
me suis engagée en politique, en 2017, quand je suis devenue députée, puis
rapporteure générale du budget de la sécurité sociale, je n’envisageais pas que
nous puissions en arriver là. Je n’envisageais pas que nous examinerions motion
sur motion, jusqu’à l’indigestion. Je n’envisageais pas qu’avec le concours de
La France insoumise, l’Assemblée aurait discuté, en deux et demi, autant de
motions de censure que lors des trente premières années de la Ve République !
Je pensais, peut-être naïvement, que nous avions été élus dans cette assemblée
pour transformer le pays, pour s’efforcer, chacun avec ses convictions et son
parcours, de répondre aux besoins des Français. Le sentiment de profond
décalage entre ces besoins et des agitations qui en sont déconnectées n’est pas
ressenti que par des députés macronistes. Il suffit de se rendre sur les
marchés pour constater qu’il traverse le pays. Pour vous en apercevoir, chers
collègues Insoumis, peut-être vous suffirait-il de sortir de votre bulle et de
vos dogmes.
Je salue, à ce sujet, nos collègues socialistes. Après avoir fait tomber le
gouvernement en décembre en mêlant leurs voix à celles des extrêmes, ils sont
revenus à ce qui devrait ici nous préoccuper chaque jour : l’intérêt des
Français. En effet, les premiers à pâtir de la censure sont les Français les
plus vulnérables, car ce sont eux qui ont le plus besoin de stabilité. Nous
avons retrouvé un Parti socialiste émancipé, à l’écoute des besoins profonds
des Français, libéré du petit chantage à la circonscription. Pour l’état de
notre démocratie, il faut s’en féliciter.
Du côté de La France insoumise, les intentions restent les mêmes : en
persistant dans le délire de l’élection volée, en choisissant de ruminer votre
ressentiment, mâchant et remâchant les motions de censure, vous démontrez que
vous voulez l’échec non seulement du gouvernement, mais aussi de la France et
des Français ! Le courage de l’insoumission se réduit à la soumission aux
intérêts et à l’ego de votre chef. Vous demeurez animés par le fantasme du
grand soir et d’une présidentielle anticipée qui n’est pas probable et encore
moins souhaitable.
Le plus frappant, collègues Insoumis, est que votre motion de censure semble
montrer une profonde indifférence à l’égard de la vie des Français.
Cette indifférence ignore les épreuves vécues par nos agriculteurs alors que la
colère qu’ils ont exprimée il y a un an trouve des réponses dans ce budget
grâce à la concrétisation des engagements pris pour leurs retraites et pour la
pérennisation du dispositif travailleur occasionnel demandeur d’emploi (TODE).
Votre motion de censure manifeste aussi une indifférence vis-à-vis de nos
soignants, de nos patients et, surtout, de nos hôpitaux pour lesquels l’Ondam
connaîtra une hausse de 3,8 % en 2025.
C’est une indifférence à l’égard des personnes en perte d’autonomie, résidents
des Ehpad – pour lesquels le gouvernement s’est engagé à débloquer un
fonds d’urgence dont le montant, triplé, atteindra 300 millions
d’euros – et personnes en situation de handicap dont les fauteuils
roulants seront intégralement remboursés en 2025.
C’est encore de l’indifférence envers la santé mentale alors que le texte
prévoit de faciliter l’accès des Français à un psychologue.
C’est enfin de l’indifférence à l’égard de nos entreprises, notamment de notre
tissu de très petites, petites et moyennes entreprises que vous avez souhaité,
tout au long du texte, taxer toujours davantage alors qu’elles sont dans
l’incertitude.
Bref, l’Insoumis indifférent est détaché du monde réel, des besoins du monde
agricole, de ceux des soignants, de nos patients, de nos entreprises et de nos
citoyens les plus précaires auxquels il répond par la censure, l’immobilisme et
par le rejet de tout, tout le temps.
Lever le poing, organiser le chaos pour ensuite s’autocongratuler et en faire
des notes de blog : voilà le maigre bilan de la France insoumise ! En
réalité, on ne peut pas, le matin, prétendre être les premiers défenseurs des
Français les plus précaires et l’après-midi leur promettre un nouveau grand
saut dans l’inconnu !
Au-delà de ce PLFSS et du budget de l’État, censurer le gouvernement porterait
un coup d’arrêt à tous les projets en cours au service des Français, qu’ils
aient été mûris depuis longtemps par les précédentes majorités ou qu’ils
répondent à une urgence particulière – je pense à nos concitoyens mahorais
qui attendent l’adoption définitive du projet de loi d’urgence.
De notre côté, la ligne de conduite du groupe Ensemble pour la République n’a
pas changé : nous souhaitons poursuivre la transformation du pays. Certes,
nous soutenons un budget imparfait sur lequel nous avons dû faire des
compromis, mais nous le soutenons. Agir en mesurant les conséquences
prévisibles de ses actes, c’est cela la responsabilité ! Je remercie les
ministres Catherine Vautrin, Yannick Neuder, Amélie de Montchalin, Astrid
Panosyan-Bouvet ainsi que le rapporteur général Thibault Bazin pour leur sens
de l’écoute et leur volonté de trouver un compromis lors de l’examen de ce
PLFSS.
Cependant, pour continuer à transformer le pays, il faudra aller plus loin. Aller
plus loin signifie engager la refondation profonde de notre modèle social. Si
la sécurité sociale, à laquelle les Français sont très attachés, constitue le
ciment le plus puissant de notre cohésion nationale, il est nécessaire de la
réformer pour assurer sa pérennité.
Les décennies sont passées et nous ne pouvons demeurer plus longtemps dans le
déni des bouleversements structurels que notre modèle de protection sociale
subit. Notre population vieillit– d’ici à cinq ans, un Français sur trois
aura plus de 60 ans – et les pathologies chroniques, en constante
augmentation, ont remplacé les pathologies aiguës.
Cette refondation ne doit pas ignorer que notre modèle social repose quasi
exclusivement sur le travail. Pendant que nous créions 2,5 millions
d’emplois et que nous restaurions la compétitivité des entreprises, générant
ainsi de nouvelles recettes sociales et fiscales, nombreux furent ceux qui nous
conseillaient d’augmenter toujours davantage le coût du travail en France.
Les mêmes considèrent souvent, à rebours de l’histoire, que le travail est une
malédiction, qu’il faudrait réduire le temps qui lui est consacré et passer à
la retraite à 60 ans ou instaurer un droit à la paresse. Nous pensons au
contraire qu’il faut valoriser le travail dans notre pays et permettre à ceux
qui travaillent de gagner plus.
Comme l’a dit Gabriel Attal, il faut « renverser la table » ! Ce
chantier est urgent et nous ne pouvons attendre la prochaine présidentielle
pour l’engager. Le gouvernement pourra compter sur le groupe EPR pour être
force de proposition et d’action sur le sujet. Notre groupe a la certitude que
le pays a besoin de réformes sans attendre, que l’intérêt du pays doit toujours
passer avant l’intérêt des partis et qu’il ne faut céder ni aux sirènes du
ressentiment ni à l’appel à l’immobilisme. C’est pourquoi, vous l’aurez
compris, nous ne voterons pas cette motion de censure.
● MoDem
Marc Fesneau (député, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale)
> [Intervention à l’Assemblée sur le Budget et la motion de censure de
LFI]
Le monde ne nous attend pas. Il n’attend pas la France. Il ne vit pas au rythme
de cet hémicycle qui, parfois, semble perdre de vue l’essentiel – le sort
des Françaises et des Français, ainsi que nos intérêts stratégiques et
vitaux – et s’enlise, au mieux, dans des querelles stériles, au pire dans
des affrontements brutaux.
Non, le monde vit au rythme d’un nouvel impérialisme, qui conquiert, qui
agresse, qui passe tour à tour, quand ce n’est pas simultanément, par la
violation de l’intégrité et de la souveraineté d’États ou par la construction
patiente de conquêtes en faisant de l’énergie ou de l’alimentation de nouvelles
armes de domination ou en érigeant le chacun pour soi en principe régissant les
rapports entre les nations ou entre les peuples.
Le monde vit aussi au rythme d’un vieil allié, les États-Unis, qui, sous
l’impulsion de Donald Trump, se prépare à des guerres monétaires et
commerciales menées sans aucun scrupule, laisse s’ingérer dans nos vies
démocratiques des multinationales dont la domination sans partage est mise au
service d’un projet politique, fait régner la loi du plus fort – nous
l’avons encore vu cette nuit – et s’affranchit de toutes les règles
communes, voire du plus élémentaire droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Le monde vit aussi au rythme de mutations technologiques rapides qui dessinent
les contours d’un nouveau rapport au travail, à la productivité, à la
compétitivité ou à la connaissance. Je pense à l’intelligence artificielle,
porteuse d’une promesse extraordinaire – parfois vertigineuse – et
qui constituera sans nul doute un enjeu de pouvoir entre puissances mondiales.
Le monde vit aussi au rythme d’un dérèglement climatique hors de tout contrôle
qui, pour la première fois dans l’histoire humaine, menace l’équilibre si
fragile de la vie sur terre, tandis que les déséquilibres économiques et
sociaux qu’il entraîne fait émerger de nouveaux risques migratoires.
Ces derniers mois, le monde n’a donc pas vécu au rythme d’une nation qui n’a ni
pu ni su, jusqu’alors, adopter un budget, alors même qu’il s’agit d’un acte
fondamental de souveraineté, du fondement de sa vie en commun et de
l’expression de ses priorités. Nous allons pourtant y remédier si la motion de
censure dont nous débattons est rejetée, comme nous le souhaitons au groupe
Démocrates et comme peuvent le souhaiter, en leur for intérieur, toutes celles
et ceux qui, sans renoncer à ce qu’ils sont, ont fait le choix d’être à la
hauteur du moment.
Celles et ceux qui, aujourd’hui, veulent priver la France d’un budget ont en
réalité une autre intention : priver notre pays d’une révolution discrète,
concrète, tangible, plus utile au quotidien des Françaises et des Français que
les rêves de grands soirs qui ne viennent jamais. Il s’agit de la révolution du
compromis, chemin plus que jamais nécessaire dans une assemblée sans vainqueur.
En effet, dans notre pays, dans notre démocratie, la vraie révolution ne réside
pas dans la conflictualité permanente, les jeux de postures et l’esprit de
coterie dont nous avons tant l’habitude mais dans une éthique du dialogue et de
la conciliation ainsi que dans l’expression pleine et raisonnable du
pluralisme.
Voilà ce que traduit, en tout premier lieu, ce budget : une idée et une
pratique renouvelées de la démocratie. Parce que si ce budget n’est celui de
personne, il n’est pas pour autant orphelin. Il ne vient pas de nulle part. Il
est l’œuvre du dialogue entre le gouvernement et le Parlement – attitude
qu’il faut saluer – et entre l’ensemble des forces parlementaires assumant
une loi de finances qui, sans comporter tout ce que chacune défendait, respecte
au mieux et avec équilibre leurs différentes intentions.
Il est l’œuvre de ceux qui savaient que la France avait un besoin urgent d’un
budget, pour faire face au poids écrasant de la dette, pour œuvrer à plus de
justice sociale et de solidarité sans sacrifier l’efficacité économique qui en
est la clé de voûte, pour continuer à faire face aux urgences sanitaires,
éducatives ou climatiques.
Je salue le choix fait par le Parti socialiste et par le Groupe socialistes et
apparentés d’éviter la politique du pire et d’être du camp des bâtisseurs.
Au Mouvement démocrate, nous savons plus que d’autres sans doute ce que
s’affranchir signifie. On y gagne toujours sur le long terme et plus encore
quand cela sert l’intérêt général. Je sais que vous êtes libres et que vous
demeurez dans l’opposition. Nous avons besoin de l’expression d’une gauche
forte, d’une gauche de convictions mais capable de prendre ses responsabilités,
comme cela a été le cas dans le passé.
Au sein du groupe Les Démocrates, nous n’avons jamais considéré que
l’existence d’un espace central, d’un centre fort, devait être synonyme de
disparition de la gauche et de la droite, ni conduire à nier les clivages ou
les désaccords légitimes. Dans le cas contraire, nous risquerions de laisser la
place aux plus radicaux de chaque camp, alors qu’une majorité existe dans cette
assemblée pour refuser la domination des extrêmes. Il s’agit d’ailleurs sans
doute de la seule majorité dont on peut être certain de l’existence dans cette
assemblée.
Nous pensons depuis toujours qu’il est possible à la fois d’assumer pleinement
des désaccords et d’assumer pleinement d’en dépasser certains pour avancer sur
l’essentiel. Il s’agit du choix crucial que vous faites aujourd’hui en dotant
la France d’un budget pour faire pièce au désordre et au chaos. J’espère
– ou, plutôt, je suis convaincu – que nous saurons encore nous
rassembler, au-delà de nos différences et de nos divergences, à propos de
l’Europe, de la justice fiscale, de notre modèle social, de la compétitivité,
de la poursuite de la réindustrialisation ou de la lutte contre le changement
climatique.
Je salue également ceux qui, participant au gouvernement, ont accepté ces
dialogues et ont parfois, eux aussi, renoncé à une partie importante de leurs
attentes. Le Mouvement démocrate, comme les groupes EPR, Horizons et des
Républicains, a dû prendre sa part dans cette démarche. Nous n’étions pas
d’accord sur tout mais nous avons accepté de rendre possible le compromis parce
qu’il était nécessaire.
Il fallait que chacun fasse des pas et chacun a su les faire : que chacun
en soit remercié.
Le mérite de ce budget ne se limite cependant pas à traduire une conception de
la démocratie. Il permet aussi très concrètement d’offrir au pays les premiers
pas vers la stabilité que celui-ci attendait. Je parle de la stabilité et de la
visibilité qu’espéraient les acteurs qui font vivre la France, qui
investissent, qui participent au dynamisme économique, qui sont porteurs de
solidarités, de solutions et d’avenir. Je pense aux entreprises, aux
associations et aux collectivités territoriales. Elles nous disent tous les
jours avoir besoin de cette stabilité. Elles l’exigent, même !
Je pense aussi à notre jeunesse, parce que chaque seconde d’inaction contre
l’endettement ou l’urgence climatique alourdit le fardeau que nous léguons aux
générations futures. N’est-ce pas commettre la première des injustices, voire
la pire des fautes morales ?
Je pense à notre nation tout entière qui, prise dans les tourments de
l’instabilité, montrerait à l’Europe et à un monde brutal toute sa
vulnérabilité. Nos divisions et notre incapacité à nous écouter, nous entendre
ou nous unir seraient autant de coups de boutoir portés par nous-mêmes à notre
souveraineté, au point d’abandonner celle-ci à d’autres puissances, financières
ou étatiques. Le chaos, c’est ce qu’espèrent ceux qui veulent affaiblir la
France parce qu’ils comptent faire prospérer sur sa faiblesse leur commerce
électoral.
Il est un autre élément que je veux souligner : ce budget comporte des
avancées, n’en déplaise à celles et ceux qui lui préfèrent la censure. Je pense
à la réduction des déficits publics, qui auraient bondi à 7 % du PIB si
nous n’avions rien fait et que nous pouvons désormais réduire à 5,4 %.
L’exécution de ce budget sera difficile, mais le coût du virage qui a été pris
sera infiniment moins élevé que celui d’une sortie de route.
Je pense également aux avancées tant attendues qu’il contient pour notre
agriculture : soutien à l’élevage, à la transmission et l’installation, à
l’amélioration du système de retraites, aux chambres d’agriculture.
Je pense aux moyens supplémentaires prévus pour la justice, pour la sécurité,
pour la défense, à ceux dédiés à l’école, à ceux consécutifs au drame que traverse
Mayotte ou destinés à satisfaire les besoins de la Nouvelle-Calédonie. Je pense
aux avancées en matière de politique du logement, un secteur que notre groupe
défend sans relâche tant il est un élément essentiel du dynamisme économique et
du modèle social de la France. Je pense à des sujets aussi essentiels que la
justice fiscale, car nos débats ont montré qu’il y avait des consensus
possibles, en particulier à propos de la lutte contre les rentes et contre
l’optimisation fiscale.
Tout en dressant cette liste non exhaustive, je rappelle que la stabilité
institutionnelle, économique et sociale ne peut se réduire au seul vote d’un
budget. En effet, tout le monde sait que, pour produire leurs effets, les
politiques publiques ont besoin de stabilité. Monsieur le premier ministre,
nous attendons que, dans les semaines qui viennent, le gouvernement s’engage
dans le sillon tracé avec le Parlement.
Il nous faut continuer à œuvrer utilement au service de la France car les défis
sont colossaux. Le premier défi est de faire vivre pleinement la culture de
concertation portée par le gouvernement et le Parlement et qui – je
l’espère – permettra l’adoption du budget. Cela suppose que nous nous
astreignons à des principes d’action simples. D’abord, penser le temps long,
dans une logique de programmation et de pluriannualité, pour partager des
trajectoires de long terme et pas seulement des impasses. Ensuite, cesser de
considérer que légiférer est la réponse à tout. En effet, certains débats
législatifs sont des gesticulations qui accaparent un temps que nous devrions
consacrer à évaluer la bonne application et les effets des lois que nous
votons. Enfin, encourager une logique de contractualisation et de discussion à
l’échelon pertinent, selon le principe simple de la subsidiarité.
Le deuxième défi majeur auquel il faut nous atteler concerne l’organisation et
l’efficacité de l’État. Cela passe par trois chantiers à mener sans délais. Le
premier concerne les opérateurs et les agences de l’État, même si vous ne
m’entendrez jamais mettre au pilori telle ou telle structure. Comme nous venons
de le voir, procéder par oukase est d’ailleurs souvent le meilleur moyen de ne
rien changer.
En matière de gouvernance, tout d’abord, aucun opérateur, aucune agence ne peut
ni ne doit fonctionner en autonomie ou en silo, à moins d’accepter que
la parole publique perde encore de sa crédibilité. L’autorité de la décision
politique ne peut être diluée ou remise en cause. L’État doit parler d’une
seule voix et faire respecter ses lignes directrices par ses agences et ses opérateurs,
qui ne peuvent pas échapper au contrôle démocratique.
S’agissant des normes, ensuite, nous considérons que ces acteurs ne peuvent pas
créer leurs propres règles ou leurs propres contraintes et ainsi alourdir
toujours plus la charge administrative.
Enfin, l’adéquation entre les missions prioritaires de l’État et l’efficacité
de la dépense publique à laquelle nous astreignons les administrations
centrales et territoriales devra être également recherchée par les opérateurs
et les agences.
Le deuxième chantier porte sur l’articulation entre les interventions de l’État
et celles des collectivités locales. Il convient d’encourager ces dernières à
ajuster leurs dépenses grâce à la contractualisation, de même qu’il faudra un
jour enfin refonder le schéma de leurs ressources, désormais totalement
obsolète.
Le troisième chantier majeur est celui de la réforme structurelle de notre
modèle social. Rendre durable un système de solidarité sans doute unique au
monde, tel est l’objectif que nous pourrions tous partager. Si nous n’y
parvenons pas, ce sont les plus fragiles qui en pâtiront. C’est pour cela que
notre groupe défend une programmation pluriannuelle en matière de santé
Philippe Vigier (député)
> Il ne s’agit pas d’arrêter l’immigration, mais d’avoir une immigration
choisie. Vous savez je prends souvent la référence du Canada (…): on définit
les quotas des métiers sur lesquels on veut bien accepter.
> Sur le système de santé, je vous le dis très simplement
: le fonctionnement tel qu’il est avec d’un côté le public, de l’autre le
privé, l’assurance maladie, les mutuelles, où chacun ne sait plus ce que font
ni l’un ni l’autre, où les patients sont déresponsabilisés avec des parcours de
soins qui sont on ne peut plus chaotique ; vous pouvez mettre 10 milliards, 15
milliards, 30 milliards de plus, dans 2 ans on sera au même endroit.
> La politique économique du RN et de LFI c'est quasiment
la même. Les extrêmes s'auto-alimentent.
> Pour avoir moins de dette, il faut un tout petit peu
plus d'impôts et moins de dépenses.
> Tous ceux qui vous disent de faire des économies, ils
vous déposent des amendements, ça coûte 1 milliard, 500 millions, 200 millions…
rien n'est cher mais tout le monde veut son petit amendement !
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (députée, présidente)
> En 2027, les Islandais iront aux urnes pour décider de leur avenir
européen. Ce référendum sur l’appartenance à l’Union européenne n’arrive pas
par hasard. A Reykjavik et ailleurs, de nombreux citoyens s’interrogent sur
l’évolution géopolitique du monde dans lequel nous vivons.
Je reviens tout juste d’Islande. J’y ai rencontré la ministre des Affaires
étrangères, le ministre des Finances et les Ambassadeurs de l’Union européenne,
du Danemark et de France. Sur place, aux côtés de notre parti frère Viðreisn,
nous avons longuement échangé au cours d’une réunion publique avec les
Islandais venus parler de nos enjeux communs. Je reviens sur le continent avec
la certitude solide que nous avons beaucoup à faire ensemble.
En Islande comme au Groenland, le monde a les yeux rivés sur la région
Arctique. Terre stratégique par sa localisation et ses ressources naturelles,
terre d’intérêts sécuritaires et de valeurs politiques proches de l’Europe,
l’Arctique possède un destin intimement lié au nôtre. L’Europe a un rôle à
jouer : soutien diplomatique absolu au Danemark face aux velléités de Donald
Trump, investissements par les fonds européens dans les infrastructures,
travail commun de recherche et d’actions sur le plan énergétique… Nos atouts se
complètent. Et même, ils se répondent. Souverainement.
> La souveraineté européenne, en particulier sous l’angle de sa sécurité,
c’est le pilier de notre rentrée politique. C’est précisément le thème de la
sécurité qu’a choisi la Pologne pour la présidence tournante du Conseil, où se
rassemblent tous nos ministres nationaux. Nous avons accueilli le Premier
ministre Donald Tusk à Strasbourg, qui aura la charge d’animer les travaux des
Etats membres pour les six mois à venir. Notre groupe Renew Europe se tiendra
aux côtés de la Pologne pour faire avancer les travaux le plus vite possible.
Parce qu’il y a urgence. Donald Trump redevenu président des Etats-Unis, ce
sont nos intérêts commerciaux qui sont en jeu, à travers le spectre d’une
guerre commerciale qui ne ferait que des perdants. Nos intérêts géopolitiques,
à l’heure où les Etats-Unis se détournent à vitesse grand V de notre Europe et
menacent le territoire souverain d’un pays membre. Nos intérêts politiques
globaux, pour oser s’affirmer comme puissance et défendre nos intérêts.
Alors halte au syndrome du petit frère. Nous sommes le continent le plus riche
au monde. Celui où il fait le plus bon vivre. Celui où l’unité continentale est
la plus forte. Les entreprises du monde entier s’intéressent à notre marché
unique. N’ayons pas peur du rapport de force. N’ayons pas peur de notre ombre.
> Dans la droite ligne de l’investiture de Donald Trump,
c’est un autre acteur de poids aux Etats-Unis qui s’est soudain retrouvé plus
puissant que jamais. Elon Musk, le propriétaire du réseau social X
(ex-Twitter), multiplie depuis plusieurs semaines les appels à soutenir
l’extrême-droite allemande lors des élections du 23 février prochain. Son outil
favori pour promouvoir l’AfD ? Son réseau social X. Sa croisade personnelle ?
Ce qu’il nomme, dans son intérêt, la liberté d’expression.
A la suite d’Elon Musk, les courants d’extrême-droite européens, Rassemblement
national en tête, se sont engouffrés dans la brèche. Ils procèdent aujourd’hui
à un véritable détournement idéologique de la liberté d’expression. Décrire
leur discours tient en un mot : arnaque. Parce que je combats l’opinion
politique de l’homme le plus riche du monde, mais que je respecte son droit le
plus strict à l’exprimer.
Mais nous ne vivons pas dans le Far West. Il y a des lois sur ce continent. Des
lois assurant l’équité électorale, à des années-lumière des manipulations
d’algorithmes à des fins idéologiques, et des lois interdisant les appels à la
haine, l’apologie du terrorisme ou les injures sexistes, racistes, homophobes
ou antisémites. Ce sont précisément elles qui préservent la liberté
d’expression. Pourquoi ? Parce que laisser prospérer la haine, c’est laisser
prospérer l’intimidation des modérés, des minorités, de ceux qui - eux -
respectent les autres. Où est leur liberté d’expression à eux, s’ils subissent
des vagues de harcèlement et de menaces dès qu’ils osent prendre la parole ?
C’est ça, l’Europe. C’est une Union de pays et de peuples qui défendent nos
valeurs communes, comme nos intérêts économiques communs. Ils font notre
spécificité. A l’heure où nous marquons les cinq ans du Brexit, jamais autant
de Britanniques n’ont regretté leur départ de l’Union européenne.
Souvenons-nous et battons-nous : nous ne devons pas céder un centimètre à ceux
qui veulent nous diviser.
> Ce que propose le Président Trump à Gaza serait une
violation inadmissible du droit international par les États-Unis. La diplomatie
sans respect des règles qui régissent la diplomatie, c’est la loi du plus fort.
L’Europe doit plus que jamais œuvrer à la solution à deux États.
Bernard Guetta (député)
> [Trump] Il y a une unanimité européenne sur le fait que ça commence à
bien faire. Le Groenland, l’Ukraine, le chantage commercial…Il y a un agacement
qui monte et Mr. Trump est en train de provoquer un réflexe patriotique
européen.
> [Trump] Le peuple ukrainien se bat héroïquement, non
seulement pour sa liberté, mais pour la nôtre. Et ce monsieur Trump arrive en
disant : "Je veux vos terres rares pour vous défendre". La vulgarité
n'est jamais acceptable. C'est fondamentalement vulgaire. Mais quelle horreur.
> [Opinion : Donald Poutine et Vladimir Trump]
L’Amérique est une démocratie. C’est ce qui fait que Donald Trump n’est pas
Vladimir Poutine car à la différence du président russe, il finira par se
heurter à des contre-pouvoirs, ceux de la magistrature, du Congrès, de la
presse, des gouverneurs et de la Réserve fédérale.
Il y a des limites au pouvoir de Donald Trump que celui de Vladimir Poutine ne
connait pas mais, entre ces deux hommes, les ressemblances politiques donnent
aujourd’hui le vertige.
L’un et l’autre savent si bien qu’un mensonge martelé devient vite une vérité
débattue qu’on ne sait plus lequel est le plus grand menteur des deux, celui
qui assure que des « nazis » gouverneraient l’Ukraine ou celui
qui persiste à dire que Joe Biden lui aurait « volé » sa réélection
en novembre 2020.
L’un et l’autre haïssent la liberté de la presse et tandis que Vladimir Poutine
y a mis fin, Donald Trump s’acharne à l’affaiblir en la dénonçant comme l’arme
première du pouvoir occulte qui dominerait l’Amérique.
L’un et l’autre ne voient dans la Justice qu’un instrument de l’exécutif dont
Poutine a fait une machine à embastiller ses opposants et que Trump a entrepris
de mettre à sa main en s’assurant le soutien de la Cour suprême.
L’un et l’autre gouvernent en confondant les pouvoirs de l’argent et de l’État
dans un système d’oligarchie que la Russie post-communiste avait réinventé
trente ans avant que Donald Trump ne l’importe aux États-Unis.
L’un et l’autre veulent enterrer la concertation des nations et le droit
international en rendant leur prééminence aux intérêts des grandes puissances
et à leur volonté d’extension territoriale au Groënland comme en Ukraine.
L’un et l’autre s’assurent enfin un soutien populaire en se faisant défenseurs
des bonnes mœurs, de la religion, d’une répartition des rôles entre l’homme
chasseur et la femme au foyer et de toutes les traditions d’hier, nationales,
cultuelles et culturelles, dont le recul perturbe une large partie des sociétés
des cinq continents.
Derrière ce masque conservateur, ce qu’incarnent Donald Trump et Vladimir
Poutine c’est un retour à la loi de la jungle fondé sur un rejet de l’État
arbitre, du droit rebaptisé « réglementation », de la redistribution
des revenus et de la volonté de moralisation des relations internationales.
Comme avec MM. Xi, Modi, Orban et tant d’autres, on en revient avec eux à la
toute-puissance de l’argent et à cette brutalité des relations sociales et
internationales qui avaient dominé le monde jusqu’à la fin de la Première
guerre mondiale et la défaite du nazisme.
Cette « internationale réactionnaire », pour reprendre les mots
d’Emmanuel Macron, tire sa force de l’épuisement intellectuel des grands partis
qui avaient rebâti le monde après-guerre. Parce qu’elle remplit un vide, elle
ne s’affaiblira pas de sitôt et c’est pour cela qu’il faut la combattre en
opposant partout la coalition des démocrates à celle de l’oligarchie, du
pouvoir de quelques puissants et riches.
Comme durant la guerre mais sans doute pour plus longtemps
il s’agit aujourd’hui de faire l’union de tous les démocrates, de droite et de
gauche, contre ceux qui voudraient en finir avec la démocratie et ne craignent
plus de le dire. C’est sans attendre que cela doit se faire en Europe afin que
ce bastion de l’État de droit qu’est l’Union ne tombe pas aux mains des
admirateurs de Donald Poutine et Vladimir Trump.
Pascal Canfin (député)
> L’UE renforce les contrôles sur les produits venus de Chine suspectés
de ne pas respecter les normes européennes ou d'être dangereux pour le
consommateur. La suppression de l‘exonération de droits de douanes pour les
colis de - 150€ protègera nos commerces des distorsions de concurrence.
> Il est indispensable que la Commission puisse consulter
l'ensemble des acteurs concernés par le paquet Omnibus, afin d'obtenir une
simplification utile et efficace... a fortiori en l'absence d'étude d'impact !
> Le Canada et le Mexique viennent de démontrer
l'efficacité de leur riposte aux menaces de Donald Trump. L'Europe devra
également se faire respecter et riposter si Donald Trump décide de rehausser
les droits de douanes sur les produits européens !