Voici une sélection, ce 29 janvier 2025, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Discours du Président de
la République au musée du Louvre]
(…) En commençant mon propos, j’ai bien conscience que beaucoup de gens
pourraient se dire, « pourquoi donc le Louvre, aujourd’hui, en ce début
d’année » ? Beaucoup de gens pourraient se dire, c’est totalement
intempestif, de venir parler d’un grand projet culturel alors que le monde
semble partir dans tous les sens et que, manifestement, les discussions
budgétaires se poursuivent.
Alors d'abord, je voudrais vous dire, et je le dis sous le contrôle de la
ministre et des parlementaires, on peut trouver un chemin, j'y reviendrai dans
le détail, et on peut, surtout dans ces temps, avoir le sens de l'innovation et
de l'audace et penser grand. Et le projet qui va vous être soumis est réaliste
et financé. Aussi et surtout, dans un moment où il semble que l'immédiateté et
les discours de force ont un pouvoir hypnotique sur tant de commentateurs,
parler de temps long, de culture et de l'art est, je crois, aussi l'un des
messages que la France a à livrer au monde. Et c'est un combat politique.
C'est aussi pour cela que nous croyons dans, au fond, le système de valeurs et
l'ordre que nous avons bâti. Et c'est, pour cela que le Louvre et ce projet
Nouvelle Renaissance est tout à la fois le constat que, comme vous l'avez
rappelé, ce musée est une part du récit national, l’a synthétisé au-delà, mais
il est aussi une part du message que la France veut livrer au monde. Vous
l'avez rappelé, madame la présidente [du Louvre], et je le dis ici avec
beaucoup d'affection pour le Louvre, mais aussi pour tous les établissements
culturels représentés par leurs présidentes et leurs présidents qui vous
accompagnent avec bienveillance et amitié ici, le Louvre a une place
particulière, à la fois par l'étendue de ses collections, parce que, aussi, ce
projet de 8 siècles a d'abord été celui, en effet, de Muraille, puis d'un
Louvre des Rois, puis fréquenté par les artistes pour devenir ce musée unique
au monde, d'ores et déjà le plus beau, le plus grand, mais qui appelle cette
nouvelle époque.
Aussi, parce que, de nos romans à notre cinéma, il est le lieu de toutes les
rencontres, de toutes les illusions. Et il y a 40 ans, le Louvre a franchi une
étape historique dans l'élan du Grand Louvre, porté par le président Mitterrand
avec la pyramide de Pei, le Carrousel souterrain autour des murailles de
Charles V et, en effet, un nouvel âge qui commence. Puis est venu son
élargissement à la France et au monde, Lens, en 2012, Abu Dhabi, en 2017, le
centre de réserve de Liévin, en 2019, mais aussi l'ouverture du pavillon des
Sessions, en 2000, le département des arts de l'islam, en 2012, la création en
2022 du département des arts de Byzance et des chrétientés d'Orient qui
ouvrira, d'ici à 2027, ses portes, étape aussi ô combien importante. Et, au
fond, le Louvre ne vit ainsi qu'en grandissant, qu'en se régénérant.
Alors, vous avez attiré l'attention des pouvoirs publics, de la ministre, et je
dois saluer votre engagement et celui de la ministre, depuis plusieurs mois,
devant les 4 révolutions que vous avez rappelées, je ne vais pas ici vous
paraphraser. Vous avez parfaitement décrit les défis qui sont ceux du Louvre,
face à la transformation de la fréquentation, évidemment au changement
climatique, digital et aux défis de sécurité que notre époque connaît. C'est ce
qui fait qu'aujourd'hui, ces 9 millions de visiteurs par an sont évidemment un
trésor. Mais rappelons-le, avant la pandémie, nous en avions encore davantage,
mais les conditions de circulation, d'accès et de sécurité ne permettent pas de
visiter de la meilleure des manières qu'il soit l'établissement aujourd'hui. Et
pour vos personnels, dont je salue l'engagement et je ne sais dire combien les
agents ont un rôle essentiel pour justement permettre ces visites, les
conditions de travail sont aussi rendues ô combien difficiles.
Alors, depuis plusieurs mois, sur la base de vos propositions, par le travail
de la ministre, de ses équipes, avec les vôtres, nous avons œuvré, la
conclusion s'impose, c'est celle qui est aujourd'hui révélée, oui, celle du
projet Louvre Nouvelle Renaissance.
C'est un Louvre repensé, restauré, agrandi, qui devient pleinement épicentre de
l'histoire de l'art pour notre pays et au-delà. Cela passera d'abord par la
création d'une nouvelle grande entrée. Au niveau de la Colonnade de Perrault,
vaste et efficace qui permettra de rééquilibrer, là aussi, la manière de
visiter le Louvre et de le rouvrir, de le redonner aux Parisiennes et aux
Parisiens dans son accès. Vous l'avez rappelé, l'entrée par la pyramide était
pensée pour 4 millions de visiteurs, nous sommes à 9 aujourd'hui. Donc
permettre à cette entrée, et je ne m'aventurerai pas là dans l'histoire de
cette Colonnade de Perrault qui, elle-même, est une partie de l'histoire de
l'art européen, par ses projets initiaux, puis ses retours. Mais c'est redonner
au Louvre une de ses entrées ainsi pensées, c'est permettre de, en effet, avoir
un accès beaucoup plus simple, mais aussi de repenser, et je vous remercie,
Madame la maire, d'avoir aussi contribué, ce faisant, à ce projet par la
complicité et votre accord, et donc, ça va nous permettre de repenser toute
l'esplanade.
En effet, l'esplanade située devant la Colonnade offre beaucoup de
possibilités. Et nous avons ainsi, en accord plein et entier avec Madame la
maire, je salue aussi Monsieur le maire d'arrondissement qui a porté ce projet
depuis plusieurs années. Eh bien, cette opération permettra un réaménagement de
la rue de l'Amiral-de-Coligny et permettra de revitaliser toute cette artère
bordée de monuments importants et qui, en quelque sorte, va nous permettre
d'irriguer tout le quartier, de La Samaritaine au Pont Neuf, en passant par
l'Institut, monsieur le grand chancelier, mais également la Fondation Cartier
bientôt et la Fondation Pinault.
On voit là comme une nouvelle carte du tendre culturel est en train de se
dessiner sur une histoire déjà solidement ancrée. Et donc ce projet d'une
nouvelle grande entrée, la colonnade de Perrault, c'est non seulement penser un
nouvel accès, c'est aussi repenser et continuer le projet voulu par André
Malraux, des fossés et qui est en quelque sorte resté là, inachevé. C'est
rouvrir le Louvre vers la Seine, vers l'Île de la Cité, c'est permettre de
repenser cet axe qui est Coligny, c'est en effet redonner le Louvre aux
Parisiennes, aux Parisiens, et permettre de poursuivre progressivement ce
travail autour de l'Île de la Cité et jusqu'à la Concorde, projet mené en
parallèle.
Ce projet permettra pleinement de placer le Louvre au cœur de la ville et
guidera aussi la restauration des Jardins du Carrousel et des Tuileries qui
doivent redevenir au plein cœur de la métropole, ce plus grand jardin de Paris
dont vous avez rappelé l'importance et dont les travaux seront poursuivis.
Grand projet donc que cette nouvelle entrée, qui sera un projet architectural,
pour lequel nous allons donc prendre nos dispositions.
Madame la ministre prendra toutes les dispositions nécessaires pour qu'un
concours puisse être jugé fin 2025, afin que les nouveaux aménagements puissent
être inaugurés d'ici à 2031 au plus tard. Et donc d'ici à la fin de cette
année, tous les travaux seront conduits pour que les architectes puissent être
sélectionnés. Et c'est bien un concours international d'architecture qui sera
lancé dans les mois qui viennent et qui nous permettra cette sélection pour que
sur les 6 années qui viennent, ce projet puisse être conduit.
Alors, ce projet est ô combien important et l'intégralité des travaux de ce
nouvel accès sera financée par les ressources propres du musée, les
billetteries, le mécénat, la licence du Louvre Abu Dhabi, sans peser sur le
contribuable. C'est ainsi qu'il a été conçu, c'est ainsi que nous le mènerons
et je remercie l'ensemble des sociétés d'amis, l'ensemble des mécènes et tous
les partenaires derrière ce projet. Évidemment, on voit là toute l'importance
de ce qui a été conclu aussi au Louvre à Abu Dhabi et c'est le premier axe de
cette Nouvelle Renaissance.
Nous créerons à partir de là de vastes espaces souterrains sous la cour Carrée,
reliés à ceux qui sont situés sous la pyramide. Et donc, ce que ce projet va
permettre de faire, c'est de repenser l'axe est-ouest de circulation, qui sera
la véritable épine dorsale du Louvre, mais seront ainsi créés de nouveaux
espaces d'accueil, d'orientation, de nouvelles salles d'exposition plus
accessibles, mieux mises en valeur, de nouveaux espaces pédagogiques.
Au fond, ce projet va permettre de mieux exposer, de repenser les parcours, de
réinventer aussi en profondeur le musée. L'ouverture des salles de la cour
Carrée permettra un redéploiement collectif au sein du palais et je souhaite,
madame la Présidente, que vous puissiez étudier les raccrochages pédagogiques
pour les différents publics du musée que ce projet remettra au cœur.
Sur un point longuement débattu, je crois que vous avez raison, madame la présidente,
la création de ces nouvelles salles sous la cour Carrée doit permettre
d'installer la Joconde dans un espace particulier, accessible de manière
autonome par rapport au reste du musée et dotée, pour cette raison, d'un titre
d'accès propre, mais aussi de conditions qui permettront tout à la fois, eh
bien, une fréquentation de la salle des États différente et peut-être plus
apaisée, mais également des conditions d'exposition, de présentation,
d'explication qui iront avec ce que la Joconde mérite. Les conditions de la
visite de la Grande galerie en seront aussi améliorées. Nous pourrons enfin
revoir les chefs-d'œuvre de la Salle des États qui nous entourent et qui sont
parfois négligés ou en tout cas sacrifiés par les bousculades et ce que vous
avez à connaître chaque jour.
Cette nouvelle renaissance du Louvre permettra également d'améliorer les
infrastructures du palais. Et vous l'avez évoqué dans votre propos, c'est un
point important à la fois pour les conditions de visite et des conditions de
travail des agents. Rien ne sera oublié : sécurité et sûreté des collections,
confort de visite des visiteurs, conditions de travail des agents, étanchéité
des couvertures, des huisseries, sécurité à incendie, facilité destinée aux
handicapés, vidéosurveillance, génie climatique, réseaux électriques et
informatiques, assainissement, j'en passe. C'est un projet tout aussi colossal
que le premier aspect que je viens d'évoquer, surtout qu'il aura à être conduit
en permettant de continuer à visiter. Il y aura, en quelque sorte, une
chorégraphie à envisager pour faire circuler les œuvres et permettre de
repenser au fur et à mesure du projet, évidemment, le plan de circulation.
Pour agir de manière efficace sur l'ensemble, justement, de ces sujets et
permettre d'accompagner ce grand projet, il y a évidemment sa planification que
vous aurez à conduire. madame la ministre, en lien direct avec vous, madame la présidente,
aura aussi à préparer le financement de tout cela, avec en particulier une
tarification différenciée, plus élevée donc pour les visiteurs étrangers venus
de pays non-membres de l'Union européenne.
Madame la ministre, ce projet permet de moduler les droits d'entrée, aura
vocation à s'appliquer également à d'autres musées ou monuments, devra entrer
en vigueur au 1er janvier 2026. Ce sera un des moyens de financement de ce
projet qui accompagnera évidemment la montée du nombre de visiteurs, puisque
nous viserons moins de 12 millions de visiteurs par an avec les extensions.
Pour autant, l'État ne restera pas absent. Dès 2025, le ministère de la Culture
participera à hauteur de 10 millions d'euros au financement des études
préalables aux travaux, et ceci a déjà été intégré aux discussions budgétaires
en cours et fait partie de la copie qui a été défendue par la ministre de la
Culture. Cette nouvelle renaissance du Louvre doit aussi nous conduire, plus
encore qu'aujourd'hui, à faire du Louvre le véritable épicentre des savoirs, de
l'histoire de l'art, de la découverte des enseignements. Et vous savez combien
je tiens à ce projet.
L'identité du Louvre est profondément généreuse. Nous avons à travailler, à
partager encore davantage ces collections, à l'instar de ce qui se fera cette
année avec Avignon, d'autres opérations seront prévues, et je m'en réjouis, qui
sont ô combien essentielles. 35 000 œuvres des collections du Louvre sont
déposées dans des musées français, autant que d'œuvres exposées ici, à Paris.
Et plus de 400 000 œuvres restent donc conservées dans les réserves. Je
souhaite, Madame la Présidente, que sous l'autorité de la ministre, vous
puissiez me proposer, avec aussi un lien direct avec vos collègues des grands
musées français, un grand plan de dépôt à l'image de ce qui s'est pratiqué
jadis dans notre pays. Nous avions eu l'occasion de l'évoquer avec plusieurs
d'entre vous, il y a quelques années. Les prémices de ces travaux ont été
posées et je souhaite que nous puissions aller au bout de ce travail dans les
mois qui viennent afin de rapprocher les collections nationales de tous les
Français, mais aussi de démocratiser le Louvre.
La nouvelle renaissance du Louvre doit en faire un Louvre des savoirs. Une des
vocations premières d'un tel musée, devenu institution républicaine, en quelque
sorte musée monde, vous l'avez rappelé, c'est la transmission. Celle d'un
nouveau récit, une sorte, si je puis m’autoriser cette comparaison, de «
Lagarde et Michard » de l'histoire de l'art, avec la liberté de flâner, de
rêver, de s'étonner. Alors, cela passera d'abord par une ambition redoublée en
matière d'accès des plus jeunes. 450 000 élèves viennent chaque année au
Louvre. Le projet portera un doublement de ce chiffre et nous devons viser
d'accueillir 900 000 scolaires chaque année. Mais je souhaite que nous
puissions faire du Louvre l'épicentre de cette révolution de l'histoire de
l'art et de l'enseignement de l'art. Nous avons, ces dernières années, comme
vous le savez, pleinement renforcé et bâti l'éducation artistique et culturelle
dans notre pays, mis celle-ci au cœur de l'enseignement scolaire, de notre
collège, bâti à Guingamp, institut important pour notre Éducation nationale.
Mais il nous faut aller plus loin.
La ministre d'État, ministre de l'Éducation nationale, porte le projet et
proposera dans les prochains mois une nouvelle maquette pédagogique pour que
l'histoire de l'art soit enseignée dès le collège. Et c'est, je crois,
véritablement, là aussi, une matrice de l'éducation de nos enfants. Je souhaite
que le Louvre puisse jouer dans ce travail une place toute particulière. En
effet, qu'il puisse être à la pointe de notre éducation artistique et
culturelle. Je crois que c'est là, en effet, l'un de ses rôles dans la fois
l'acquisition des connaissances, leur transmission, mais aussi la compréhension
de ce qu'est la France, son histoire et de ce qu'est notre Europe, et le
dialogue des cultures.
Alors le Louvre, qui fait déjà beaucoup en la matière, a vocation à se situer
dans ce combat à la pointe, et je souhaite à ce titre que les parcours
repensés, les textes supports plus nombreux et plus développés, les médiations
innovantes, numériques, textuelles ou humaines puissent intégrer cet objectif,
mais surtout que nous puissions ici envisager la formation des maîtres qui
auront à transmettre cette histoire de l'art, et que dans les espaces qui
seront dégagés, des espaces pédagogiques puissent permettre d'organiser de
manière régulière la formation des enseignants, et que, évidemment, en lien
avec d'autres établissements et l'Éducation nationale, nous puissions faire du
Louvre, en quelque sorte, le vaisseau amiral de cette formation et de ces
transmissions. Vous le voyez, là où Villers-Cotterêts a en quelque sorte été le
projet fondateur pour repenser notre rapport à la langue française, là où
Notre-Dame a été catalyseur pour notre architecture et nos métiers d'art, ce
projet, de nouvelle renaissance pour le Louvre doit être, pour l'art,
l'histoire de l'art et sa transmission, une nouvelle étape aussi dans la vie de
la nation.
C'est un projet tel qu'en lui-même, déjà plus grand qu'il n'est, qui va
repenser le musée, ses accès, qui va repenser ses collections, mais qui doit
aussi repenser son ancrage dans Paris, dans la vie du pays, dans la
transmission de l'histoire de l'art. Enraciné dans notre histoire, ancré dans
les entrailles de Paris, mais universel résolument. Notre Louvre est déjà un
musée-monde. Cézanne disait que le Louvre est un livre dans lequel nous
apprenons à lire. Et je crois que ce que nous sommes en train de penser,
d'inventer, de vouloir collectivement, c'est de permettre à beaucoup d'autres
Cézanne d'apprendre ici à lire, d'y trouver pour les uns la vérité en peinture,
pour les autres une passion pour la France, l'Europe, en tout cas une
compréhension du monde tel que nous le croyons devoir être. Un monde où les
cultures se respectent, où le dialogue entre la grande histoire et l'intimité
des êtres se tresse. Un monde qui nourrit par l'art sa transmission, sort de sa
brutalité pour retrouver cet esprit de civilisation. C'est en cela qu'au moment
où je vous parle, ce projet de nouvelle renaissance que nous portons pour le
Louvre est évidemment important pour votre établissement, pour la culture dans
notre pays, mais je crois aussi pour les combats que nous menons et que nous
aurons à mener.
J'ai donné des étapes pour ce projet. Les prochains mois, pour définir le
cahier des charges, lancer le concours d'architectes, que celui-ci puisse être
sélectionné début 2026, tout ce projet aura à être conduit pour qu'il puisse
être finalisé en 2031. C'est un horizon volontariste, mais faites-moi
confiance, ça avance mieux ainsi. L'ambition ne se dilue pas dans le temps,
elle se porte à chaque instant, et je sais que vous saurez la conduire.
Alors vive la Nouvelle Renaissance du Louvre ! Vive la République ! Et vive la
France!
► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est
dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de
reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité
d’un Président de la République et d’un Premier ministre
centristes/centraux ; néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un
côté les ministres centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un
gouvernement de coalition du fait que le Président de la République et le
Premier ministre ne disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]
●
Ministres centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> [Intervention à l’Assemblée sur l’immigration] J’ai employé le terme
de submersion à propos de l’immigration alors que je participais à une émission
de télévision, dans le cadre d’un segment relatif à la situation à Mayotte.
Quiconque s’est rendu à Mayotte, a parlé avec ses habitants, s’est confronté à
la situation de ce département – d’autres endroits de France en
connaissent de comparables – mesure que le mot de submersion est le plus
adapté.
C’est le plus adapté parce que tout un pays, toute une communauté de
départements français doit faire face à des vagues d’immigration illégale
telles que les populations migrantes représentent jusqu’à 25 % de la
population des territoires concernés. Cela suscite le désespoir. Qui parmi nous
peut dire que ce n’est pas vrai ?
Ce ne sont pas les mots qui sont choquants mais la réalité. Cette réalité est
celle que ressentent nos compatriotes. Notre responsabilité est de changer les
choses.
Je suis d’accord avec vous sur le fait que c’est la misère qui est la cause de
l’immigration, c’est la guerre parfois, c’est le changement climatique.
L’immigration n’est pas la cause des problèmes de la France, ce sont les
problèmes de la France qui sont la cause de ce que l’immigration est désormais
une impasse parce qu’il n’y a pas d’intégration, comme nous le voulons, par le
travail, par la langue et par les principes.
Notre responsabilité, quelle que soit notre appartenance politique, c’est de
changer la situation du pays, celle qui conduit à des vagues de xénophobie qui
sont pour nous, républicains, insupportables. (…)
Ceux qui, ici, considèrent qu’on doit faire de ces sujets des sujets
d’affrontement, à mon avis trahissent notre mission. Je n’ai aucune connivence
avec personne : ni avec ceux qui exagèrent les réalités ni avec ceux qui
les nient. Nous sommes engagés au service des Français pour résoudre les
problèmes qui se posent, non pas pour les nier, non pas pour les exagérer mais
pour leur apporter, j’y insiste, des réponses. C’est notre responsabilité de
républicains.
> [Intervention à l’Assemblée] Elias avait 14 ans.
Il sortait du stade de football où il venait de s’entraîner. De jeunes
racketteurs, connus des services de police, en possession, vous l’avez
mentionné, d’une arme blanche, en essayant de lui voler son téléphone portable,
lui ont donné un coup de couteau à l’épaule. De cette blessure, cet enfant, qui
aurait pu être celui de chacun d’entre nous, a trouvé la mort.
Il n’est pas le seul : Zakaria, à Romans-sur-Isère, Thomas, également, ont
eux aussi été les victimes de ce genre de crime. Quel est le substrat dont se
nourrissent ces crimes ? Le sentiment d’impunité. Le sentiment répandu,
parmi ces jeunes, dans les situations de dérive que nous savons, qu’ils ne
risquent rien.
Notre réponse est simple : dès la semaine du 10 février, sur
proposition de Gabriel Attal, un texte va être examiné afin que ces dérives
puissent être sanctionnées immédiatement pour les jeunes de 16 à 18 ans,
et afin de mettre un terme aux retards qui donnent en effet le sentiment qu’on
est protégé de tout. (…)
Nous devrions nous saisir de la question du port des armes blanches. L’idée que
le port de couteau par des jeunes ne fasse l’objet d’aucune sanction nourrit le
sentiment d’impunité. Il y va de notre responsabilité collective et j’invite
les députés de tous les groupes à travailler sur la question à l’occasion de
l’examen de la proposition de loi de Gabriel Attal.
> Le sentiment de nos compatriotes est que nous sommes sans défense face à des phénomènes – la guerre, la misère, le changement climatique – dont ils connaissent l’origine et auxquels nous ne répondons pas par des solutions adaptées. C’est à cette réponse que je nous appelle, plutôt qu’à alimenter des querelles sémantiques !
> Un grand nombre de nos compatriotes pensent que nous sommes incapables de faire respecter le droit et de mettre fin au séjour illégal sur le territoire français. Un grand nombre d’entre eux se désespèrent de voir que les communautés sont séparées au lieu de ne faire qu’un.
Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education
nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Étape clé dans l'élaboration du programme EVARS (Eduquer à la
vie affective et relationnelle, et à la sexualité): après des mois de travail,
je l'ai présenté ce jour aux membres du Conseil supérieur de l’éducation. Les
échanges ont été vifs et pertinents. Je sais que nous allons aboutir à un texte
ambitieux et équilibré, essentiel pour notre jeunesse. Le programme final sera
publié dans les prochains jours !
Manuel Valls (ministre d’Etat, ministre des Outre-mer)
> il faut reconstruire, refonder Mayotte sur de nouvelles bases, sachant
que du retard avait déjà été pris avant le cyclone Chido. Nous en avons
l’ambition et le devoir envers les Mahorais ; d’ailleurs, le monde et la
région nous regardent.
L’Union européenne doit nous aider. Pour cela, tous les dossiers doivent être
prêts avant début mars. Tous les services, notamment ceux de la ministre
chargée des comptes publics, sont totalement mobilisés à cette fin. Nous serons
au rendez-vous, nous n’avons pas d’autre choix. L’ensemble des ministères
seront mobilisés pour aider à ce financement. Ce n’est pas un engagement
personnel, mais un engagement de la France et de la République : nous le
devons aux Mahorais et à des élus courageux comme vous.
Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires
étrangères)
> Quelle est l’ambition de la France en matière d’IA ? D’être à
l’avant-garde de cette technologie d’avenir. D’une part parce que notre avenir
en dépend, d’autre part parce que celui qui conçoit et forge les outils a
toujours plus d’influence sur leur utilisation que celui qui les régule.
Nous nous sommes opposés à certaines dispositions de ce règlement européen pour
deux raisons. Premier motif d’opposition : elles compromettaient la
capacité de la France et de l’Europe à disposer de leurs propres outils et nous
condamnaient, pour les années à venir, à être tributaires des outils développés
aux États-Unis et en Chine. Deuxièmement, nous ne pouvions pas accepter que les
institutions européennes s’approprient les questions qui relèvent d’un champ
qui est du ressort des États membres, celui de la sécurité nationale, et
imposent des règles qui ne sont pas de sa compétence.
C’est pourquoi nous avons réclamé de la Commission européenne et de ceux qui
négociaient ce texte, comme nous le faisons systématiquement, que soient
prévues des dérogations, en vertu du principe de subsidiarité. Ce principe est
sain et a aiguillé Robert Schuman, dont nous allons célébrer le
soixante-quinzième anniversaire de la déclaration du 9 mai 1950 qui a jeté
les bases de l’UE telle que nous la connaissons. La France, il est vrai, fait
office de vigie : chaque fois que la commission tente d’investir les
champs de compétence propres aux États membres, elle rappelle sa position avec
une certaine vigueur
> [Intervention à l’Assemblée] C’est un espoir fragile
qui renaît en Palestine avec ce cessez-le-feu que nous attendions depuis si
longtemps et qui a déjà permis l’interruption des hostilités, la libération de
sept otages. Nous appelons à la libération de tous les otages, en particulier
de nos deux compatriotes Ohad Yahalomi et Ofer Kalderon, que nous espérons
retrouver dans quelques jours en bonne santé.
Vous m’interrogez d’abord sur la déclaration de la nouvelle administration
américaine concernant des déplacements forcés de populations dans d’autres pays
de la région. Nous l’excluons, puisque cela constituerait un obstacle quasi
définitif à la solution à deux États, défendue depuis longtemps par la France,
mais aussi, parce que les pays concernés, vous l’avez rappelé, ont exprimé leur
refus d’accueillir les populations déplacées.
Depuis 70 ans, l’Unrwa apporte des biens et des services essentiels aux
réfugiés palestiniens, que ce soit à Jérusalem-Est, en Cisjordanie ou à Gaza.
Il est irremplaçable et mérite de poursuivre son activité indispensable. Nous
soutenons son action et sa neutralité sera renforcée par une réforme fondée sur
le rapport remis par Catherine Colonna.
Nous le soutenons aussi financièrement. En décembre dernier, j’ai annoncé une
subvention de 20 millions d’euros pour lui permettre de continuer à
réaliser sa mission.
Nous déplorons les deux lois israéliennes, censées entrer en vigueur dans les
prochains jours, et nous appelons le gouvernement israélien à renoncer à leur
application.
> La France condamne avec la plus grande fermeté
l’offensive menée par le M23 soutenu par les forces armées rwandaises à l’est
de la République démocratie du Congo. Nous déplorons la prise des villes de
Goma, Sake et Minova. L’escalade militaire dans la région du lac Kivu provoque
une crise humanitaire supplémentaire, alors que cette région connaissait déjà
la deuxième crise humanitaire la plus grave dans le monde, avec plus de
400 000 personnes déplacées depuis le début de l’année, qui s’ajoutent
aux 2 millions de personnes qui ont été déplacées dans le courant de
l’année 2024.
Vous l’avez rappelé, la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la
stabilisation en République démocratique du Congo et les casques bleus qui
s’interposent pour sauver les populations civiles, ont été pris à partie de
façon totalement inacceptable. Trois casques bleus ont payé de leur vie leur
engagement au service des populations civiles. Tout cela doit cesser.
L’Angola a conduit une médiation dans cette région. Nous l’avons soutenu autant
que nous avons pu. Le Kenya mène également une médiation entre la RDC et les
groupes rebelles dont le M23 fait partie.
Depuis l’escalade de ces derniers jours, le président de la République s’est
entretenu le week-end dernier avec les deux chefs d’État ainsi qu’avec d’autres
chefs d’État de la région pour essayer de recréer les conditions du dialogue.
Nous nous sommes également mobilisés au Conseil de sécurité des Nations unies
en soutenant la RDC dans l’organisation de deux réunions d’urgence et en
endossant une déclaration qui condamne avec la plus grande fermeté les
agissements du M23 et l’appelle à y mettre fin. Avant-hier, nous avons obtenu
de la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et
la politique de sécurité qu’elle aussi dénonce avec la plus grande fermeté les
agissements du M23 soutenu par les forces armées rwandaises. Nous poursuivrons
en ce sens. C’est par le dialogue qu’une solution sera trouvée à la crise.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la
Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> Gravité. C’est par ce mot que j’ai débuté ce matin mes vœux aux
acteurs de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer
et de la Pêche. Car oui, 2025 est l’année de tous les dangers. Face à la montée
des populismes qui accusent l’écologie de tous les maux, nous devons tenir bon.
Tenir bon avec des mesures ambitieuses, avec un pragmatisme à toute épreuve
pour faire avancer les projets. C’est grâce à l’engagement de chacun que nous y
arriverons, avec la participation de tous. L'écologie a besoin de votre force
et de votre énergie !
> Le trafic de stupéfiants a fortement progressé et s’est professionnalisé ces dernières années. Notre droit doit être adapté. C’est un sujet consensuel.
> Alors que des inondations ravagent le pays, que les Pyrénées-Orientales basculent vers un climat semi-désertique, que l’écologie fait face à des défis sans précédent et que nos agriculteurs, nos pêcheurs et nos industriels souffrent, le RN me demande de reculer. Peut-être préfère-t-il l’inaction. Moi, je choisis d’agir ! Comme je l’ai fait au niveau européen sur le nucléaire, sur des combats que beaucoup disaient perdus d’avance. Alors oui, je défendrai les intérêts de la France et de l’Europe ! Car oui, la transition écologique est un enjeu de souveraineté, un enjeu de réindustrialisation, un enjeu de protection des Françaises et des Français.
> 25% des Français achetant une voiture neuve choisissent un véhicule électrique : c’était moins de 5% il y a 5 ans. Mais les entreprises ne suivent pas le rythme et ne sont qu’à 11%. Je souhaite qu’elles prennent leur part et rattrapent leur retard. C’est important pour baisser nos émissions de CO2 et important pour notre industrie automobile.
> La France et l’Europe continueront de porter l’ambition de l’Accord de Paris. C’est un accord efficace qui a permis de baisser d’un degré le réchauffement climatique. La sortie des Etats-Unis ne doit surtout pas nous ralentir !
> Défendre l’écologie ce n’est pas juste un truc de bobo de grandes villes. C’est défendre les Français qui font face aux inondations, par exemple. Tous ceux qui vous disent le contraire ne protègent pas les Français et agissent contre leurs intérêts.
> L’Agence Bio ne sera pas supprimée : une excellente nouvelle pour les agriculteurs et les consommateurs. Il est bien sûr important d’être économes des deniers publics et d’avoir un maximum d’impact. Mais je veux saluer cette décision de bon sens.
Patrick Mignola (ministre délégué auprès du Premier
ministre chargé des Relations avec le Parlement)
> Les instruments d'une intégration réussie, nous les connaissons : le
travail, la langue, les principes de la République, le principe de laïcité.
C’est notre héritage commun, humaniste, c’est ce que nous devons transmettre.
Mais ces instruments qui font notre fierté sont aussi dans la tourmente. Si
nous améliorons notre éducation, si nous sommes fiers de nos principes, si nous
sommes aussi plus rigoureux et efficaces pour faire respecter la loi, alors
l'intégration pourra être réussie. Ce sont ces réponses que nous devons
reconstruire ensemble.
Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier
ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte
contre les discriminations)
> La loi avance pour que les violences reculent ! Parce que les
violences ne se résument pas aux coups et ne commencent jamais par les coups,
le contrôle coercitif entre enfin dans notre Code pénal. C'était ma proposition
de loi quand je suis redevenue députée. C'est désormais voté à une large
majorité à l'Assemblée nationale (malgré l'opposition une nouvelle fois de LFI
sur l'ensemble du texte...). Le contrôle coercitif, ce sont ces violences
insidieuses qui consistent à priver une personne de sa liberté, à l’isoler, à
la surveiller en permanence, à l’humilier. Désormais, ceux qui enferment,
terrorisent et réduisent leur conjoint à une prison invisible risqueront 3 ans
de prison et 45 000 € d’amende. Mais parce que chaque bataille gagnée nous
rappelle que d’autres restent à mener, j’ai un regret et profond : le rejet de
l’imprescriptibilité civile des viols commis sur nos enfants, de l'inceste. Une
occasion manquée de reconnaître ce crime absolu et de réparer le dommage sans
imposer aux victimes l’épreuve d’un procès pénal. Je ne m'y résous pas et je
continuerai à m'engager pour protéger les plus vulnérables et leur donner accès
à la justice. Chaque victoire est une lueur, chaque combat gagné un pas de plus
vers la justice.
> [Intervention à l’Assemblée sur la loi sur les violences
sexistes et sexuelles] Des milliers de prises de parole ont fait émerger des
récits qui ont trop longtemps été tus. Nous avons enfin accepté d’écouter ces
voix, que l’on préférait ignorer. Nous avons vu paraître des ouvrages qui ont
marqué l’opinion, tels que ceux de Vanessa Springora – Le
consentement – ou de Camille Kouchner – La familia grande. Nous avons
lu des milliers de témoignages bouleversants de victimes, recueillis par des
commissions inédites, telles que la Commission indépendante sur les abus
sexuels dans l’Église (Ciase) ou encore la Ciivise.
Le nombre de condamnations de majeurs pour viol a augmenté de plus de 30 %
depuis 2017 et de 129 % pour les viols incestueux commis sur des mineurs.
Cependant, ce n’est pas assez. Face à l’ampleur du fléau, il faut aller plus
loin ; beaucoup plus loin.
Chaque année, en moyenne, 217 000 femmes, âgées de 18 à 74 ans
sont victimes de viol, de tentative de viol ou d’agression sexuelle. Pour les
violences sexuelles commises à l’encontre des enfants, les chiffres sont
terrifiants : toutes les trois minutes, un enfant est victime d’inceste,
de viol ou d’agression sexuelle, soit 160 000 victimes mineures
chaque année. Encore actuellement, une plainte n’est déposée que dans 19 %
des cas et 12 % seulement dans les cas d’inceste.
La présente proposition de loi tente d’apporter trois réponses. La spécificité
dans les affaires d’inceste, c’est leur cible – des enfants, vulnérables
par nature –, leur durée – souvent les faits se poursuivent durant
des années – et la stratégie implacable exercée par les bourreaux. Un
parent, un grand-parent, un frère, un oncle, un ami de la famille, une figure
de confiance ou d’autorité crée une normalité alternative, isole sa proie, la
dévalorise, inverse la culpabilité et verrouille sa parole.
Les témoignages des victimes révèlent toujours ce même processus :
« Il me disait : tous les papas font ça et tous les papas sont les
premiers. » « C’est notre secret ». « Il disait que c’était
moi qui le provoquais ».
L’enfant victime se retrouve alors prisonnier. Prisonnier de sa sidération, car
la violence des actes le plonge dans un état qui l’empêche de réagir.
Prisonnier de sa confusion, car il ne comprend pas la gravité des faits et n’a
pas de mots, à son âge, pour les expliquer ni les exprimer. Prisonnier de son
silence, car il craint les représailles, la perte d’un lien prétendument
privilégié, la destruction à venir de sa famille. Ce silence est non pas un
choix, mais une impossibilité.
La mémoire finit par revenir, souvent des années, voire des décennies plus
tard, à la naissance d’un enfant, au cours d’une conversation, en lisant un
article, en regardant la télévision ou lorsque le bourreau décède. Et lorsque
les souvenirs ressurgissent, les victimes doivent encore surmonter le poids
écrasant de la honte et de la culpabilité qui peuvent également revenir. Alors,
trop souvent, lorsque les victimes trouvent enfin la force de parler,
lorsqu’elles sont prêtes à engager des démarches, la justice leur répond qu’il
y a prescription et qu’il fallait parler plus tôt. Cette même prescription, qui
a trop longtemps été utilisée comme un bouclier par ceux qui ont commis
l’indicible.
Nous savons pourtant que pour les victimes, rien ne s’efface. Permettez-moi de
vous livrer l’un des témoignages recueillis par la Ciivise : « Quand
j’ai enfin eu la capacité d’aller parler, et de mettre des mots, j’ai compris
aussi qu’à ce moment-là, il était trop tard pour aller en justice, parce qu’il
y avait cette fameuse prescription. Et moi, je considère que j’ai pris perpète
pour la vie. Et celui qui m’a violée, incestuée, lui, il n’a pas pris perpète
pour la vie. (…) Quand moi, enfin, j’ai réussi à me dire OK, je vais plus loin
dans mes démarches, en fait, la prescription était là, et c’était fini. »
L’affaire est classée sans suite pour les auteurs ; mais ce n’est jamais
sans suite pour les victimes.
Lorsque la procédure pénale peut être engagée, les violences se doublent de
l’épreuve liée au procès. Je pense au témoignage d’une victime qui ne
s’attendait pas à « devoir raconter des parties de sa vie intime, sexuelle
et familiale à des inconnus » et qui considère que « c’est un
traumatisme ». D’ailleurs, je n’ose évoquer dans ces murs certaines des
questions insupportables qui n’ont rien à faire dans un tribunal et qui
constituent une violence supplémentaire envers les victimes.
C’est pourquoi le gouvernement est favorable aux amendements déposés par la
rapporteuse et de nombreux groupes parlementaires qui visent à rétablir
l’article 1er de la proposition de loi, afin d’introduire
l’imprescriptibilité en matière civile des viols commis sur des mineurs et de
leur permettre, ainsi, d’obtenir réparation. Certains, en commission, se sont
demandé pourquoi la limiter au civil. Au civil, il s’agit de reconnaître une
faute et de réparer un dommage, sans procéder à des confrontations éprouvantes
comme cela se fait au pénal, lors d’un procès. La procédure est écrite, ce qui
évite aux victimes de s’exposer à des questions dégradantes ou à des regards
accusateurs qui risquent d’intensifier leurs traumatismes.
Celui qui viole un enfant doit savoir qu’il ne sera jamais à l’abri, qu’il ne
pourra plus jamais dormir tranquille, que la justice pourra passer à tout
instant. Il est temps pour lui aussi de connaître l’intranquillité, celle-là
même qu’il a imposée à vie à ses victimes. Qui pourrait s’opposer à ce principe
simple, mais essentiel, de réparation à l’égard des enfants concernés ?
C’est aussi pour cela que le gouvernement est favorable aux dispositions de
l’article 2 de la proposition de loi, qui élargit le principe de
prescription glissante introduit par la loi du 21 avril 2021 aux violences
sexuelles commises sur des majeurs. Ainsi, les délais de prescription doivent
pouvoir être prolongés si la même personne viole ou agresse sexuellement,
parfois des dizaines d’années plus tard, une nouvelle personne, que les faits
soient commis sur un mineur ou un majeur. Nous faisons donc en sorte que chaque
victime sache qu’elle peut parler, même des années plus tard, et que sa parole
ne sera jamais vaincue par le temps.
Enfin, nous devons ouvrir les yeux sur la réalité des violences faites aux
femmes. Celles-ci ne se résument pas à des coups. Cela ne commence d’ailleurs
jamais par des coups : les femmes ne sont pas stupides. Si on levait la
main sur nous pour nous battre ou nous tabasser dès le premier jour, nous
partirions aussitôt en courant ! Les violences prennent plutôt des formes
insidieuses, s’infiltrant dans le quotidien par des comportements apparemment
anodins : des mots, des regards, des interdictions qui, petit à petit,
isolent, détruisent l’autonomie des femmes, jusqu’à les réduire à l’impuissance
lorsque surviennent les violences physiques, sexuelles et psychologiques.
Surveiller les horaires, les fréquentations, voire les interdire, tracer un
téléphone portable, un GPS, vérifier le moindre euro dépensé : telle est
la stratégie déployée, qui conduit la victime à avoir peur de tout, tout le
temps.
De nombreux pays, tels que la Grande-Bretagne, le Canada et certains États
américains, ont déjà inscrit le contrôle coercitif dans leur législation,
reconnaissant ainsi sa gravité et sa spécificité. Je sais que nous partageons
la conviction selon laquelle il est primordial de le prendre en compte. C’est
pourquoi je vous invite à adopter l’amendement proposé par la rapporteuse qui
vise à introduire la notion de contrôle coercitif dans le code pénal, afin de
créer une infraction spécifique.
Au moment où vous vous apprêtez à vous prononcer sur ce texte, gardons à
l’esprit que la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants ne
peut plus être l’affaire des seules victimes, qui ont souvent passé leur vie
murées dans le silence. Elle doit devenir le combat de toute la société. Nous
ne pouvons pas laisser cette opportunité s’éteindre dans l’inaction ou
l’indifférence.
En écoutant ces « moi aussi », en les écoutant vraiment, nous ne les
réduisons plus au silence. Permettez-moi de citer encore un dernier
témoignage : « Il y a une fois où j’ai tenté de me défendre, où je
l’ai giflé et où il m’a étranglée par colère, au point que j’en perde
connaissance. Je pensais vraiment que j’étais en train de mourir. Ce qu’il a
fait par la suite, c’est qu’il m’a carrément brûlé la langue avec une cigarette
pour être sûr que je ne parle pas. Il m’a clairement dit que si je parlais, si
je le disais à qui que ce soit, il me ferait bien pire. » Écoutons-les et
rendons-leur justice.
> Nous avons changé le droit hier sur ma proposition. Parce que les violences, ça n'est pas que les coups et ça ne commence pas par les coups. Le contrôle systématique, le flicage, les humiliations répétées, l'isolement, la peur qu'on ressent à chaque instant : désormais la loi les punit.
> Il faut sortir du grand tabou national sur l'immigration. L’immigration mérite mieux qu’un débat hystérisé. Entendre l’insécurité culturelle ressentie par les Français, accueillir avec discernement, intégrer avec exigence : la République tout le temps, partout, pour tout le monde.
Astrid
Panosyan-Bouvet (ministre
déléguée auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des
Familles, chargée du Travail et de l’Emploi)
> L'IA n'est pas un truc de grande boite ou de start-up. C'est une
opportunité pour beaucoup de métiers et pour toutes les entreprises, y compris
les TPE-PME et les artisans, qui demande audace, montée en compétences,
dialogue social pour une adoption précoce, productive et sure.
> Réunion du comité de suivi des salaires avec les organisations syndicales et patronales. La baisse continue du nombre de branches professionnelles structurellement non conformes depuis fin 2023 montre le dynamisme des négociations salariales de branches. J’ai rappelé ma confiance aux partenaires sociaux pour qu’ils poursuivent leurs travaux notamment sur la question des classifications. S’il ne faut pas négliger le besoin de préserver la compétitivité de nos entreprises, je sais que nous sommes tous mobilisés en faveur d’un travail qui paie, avec une réelle progression salariale au cours de la carrière.
Amélie de Montchalin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargée des Comptes publics)
> [Intervention à l’Assemblée sur
la fraude] La lutte contre la fraude sous toutes ses formes – sociale, fiscale
ou douanière – est une priorité du gouvernement. On ne peut accepter que
certains abusent du système. C’est donc une question de justice et d’équité et
un enjeu de cohésion sociale qui se trouvent au cœur de l’ambition de cette
proposition de loi et de l’action du gouvernement.
La fraude est également intolérable pour les enjeux budgétaires massifs qu’elle
représente – j’y reviendrai. Elle l’est encore davantage lorsque la
situation budgétaire du pays nous appelle à consentir des efforts inédits pour
garantir la soutenabilité de nos finances publiques et préserver les
générations futures d’une dette massive. D’une meilleure gestion de nos
ressources dépend aussi notre crédibilité auprès de nos partenaires européens
et internationaux.
Monsieur le rapporteur, je tiens à vous remercier pour le travail accompli sur
un sujet majeur pour nos concitoyens mais aussi pour nos finances publiques.
Vous l’avez dit, des progrès ont été accomplis. Je pense notamment au
déploiement, en mai 2023, par Gabriel Attal, alors premier ministre, de la
feuille de route du gouvernement pour agir contre les fraudes. Je tiens à
souligner l’action menée au quotidien par les services de l’État dans son
application.
Le gouvernement entend consolider ces progrès dès cette année en continuant
d’augmenter nos capacités en matière de lutte contre la fraude, en préservant
notamment les moyens affectés à la lutte contre la fraude fiscale. Le projet de
loi de finances (PLF) pour 2025, actuellement à l’étude, prévoit d’ailleurs de
renforcer les moyens budgétaires alloués à Tracfin.
S’agissant de la fraude sociale, nous poursuivons le déploiement, jusqu’en
2027, de 1 000 agents supplémentaires dédiés à la lutte contre les
fraudes sociales – soit une hausse de 20 % –, dans le cadre des
caisses du régime général. Nous souhaitons également consacrer 1 milliard
d’investissements d’ici à 2027 à la modernisation des systèmes d’information.
Dans le champ de la branche famille, le déploiement de la solidarité à la
source – en particulier le préremplissage, dès le mois de mars, des
déclarations de ressources pour les allocataires du RSA et de la prime
d’activité – améliorera fortement la fiabilité des calculs et contribuera
largement à diminuer les fraudes aux prestations familiales.
Dans le champ des prestations maladie, le projet de loi de financement de la
sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 prévoit des mesures de renforcement des
échanges de données entre l’assurance-maladie et les complémentaires santé,
tandis que nous poursuivons la sécurisation de la carte Vitale. La fraude
détectée et stoppée par l’assurance maladie a déjà fortement progressé,
atteignant près de 500 millions en 2023, soit une hausse de 50 % par
rapport à 2022. Les chiffres préliminaires dont je dispose pour 2024 confirment
cette tendance.
Nous agissons également avec détermination contre la fraude aux cotisations et
le travail dissimulé, un réel enjeu puisque ces sommes représentent autant de
cotisations en moins dans les caisses de la sécurité sociale. Grâce à
l’amélioration du ciblage des contrôles, en lien avec l’URSSAF et la MSA, la
Mutualité sociale agricole, nous avons relevé les cibles de redressement pour
les prochaines années : de 500 millions par an en 2017, elles passent
à plus de 1 milliard. Nous poursuivrons également nos efforts en vue de
renforcer le niveau des recouvrements, un levier majeur contre le travail
dissimulé.
En parallèle, nous devons renforcer notre arsenal juridique pour l’adapter à
l’évolution des pratiques de fraude – c’est l’objet de la discussion qui
nous réunit aujourd’hui. Certaines d’entre elles ont ainsi mis en lumière, dans
notre système, des failles qu’il nous appartient aujourd’hui de combler.
Chaque année, l’État mobilise plusieurs dizaines de milliards pour financer des
dispositifs d’aides publiques, au bénéfice de l’emploi, de la formation
professionnelle, de la transition écologique ou de la rénovation énergétique.
Je tiens à le dire ici : ces politiques sont légitimes, nécessaires et
efficaces.
Cependant, il ne faut pas le cacher, ces aides publiques sont devenues la cible
d’une multitude d’acteurs, isolés ou organisés, qui exploitent les failles de
nos dispositifs en usant de méthodes de plus en plus diversifiées et
sophistiquées. Comment pourrions-nous exiger de nos concitoyens qu’ils
consentent à l’impôt si leurs impôts sont détournés par des fraudeurs ?
Il est donc urgent d’agir avec fermeté. À titre d’exemple, les fraudes sur les
C2E ont occasionné en 2023 un préjudice de 480 millions, quand
MaPrimeRénov’ faisait l’objet de mouvements financiers suspects, à hauteur de
400 millions. Tracfin a détecté le transit vers l’étranger d’une partie de
ces fonds. Ces chiffres déjà alarmants ne cessent d’augmenter.
Votre proposition de loi, monsieur le rapporteur, vise un double
objectif : lutter à la source contre toutes les fraudes aux aides
publiques ; frapper fort contre l’écodélinquance qui se dissimule derrière
des outils dédiés à la transition écologique. Le gouvernement partage
pleinement votre ambition.
La proposition instaure un mécanisme général qui permet de suspendre ou de
rejeter une aide publique dès lors qu’il existe des indices sérieux de fraude.
Cette lutte à la source est une avancée concrète vers davantage de fermeté face
aux fraudeurs. Ce dispositif s’appliquera à toutes les formes d’aides
publiques : subventions, exonérations fiscales, prêts, prestations
sociales ou encore aides à l’emploi et à la rénovation énergétique.
Il nous permettra d’améliorer la réactivité, donc l’efficacité des contrôles
exercés sur les fraudeurs, souvent difficiles à localiser une fois les sommes
détournées. Vous proposez que la suspension puisse être activée pour une durée
maximale de trois mois, ce qui laissera aux administrations le temps de
confirmer ou d’infirmer leurs soupçons.
En cas de fraude avérée, l’administration pourra rejeter définitivement la
demande d’aide et engager des procédures de récupération si des fonds ont déjà
été versés. Grâce à ce mécanisme, nous frapperons les sociétés éphémères et les
réseaux frauduleux, sans leur laisser le temps de disparaître après avoir perçu
des montants significatifs.
Ce texte propose également d’améliorer la coordination entre les
administrations publiques et les services d’enquête, s’agissant en particulier
des cas de suspicion de fraude à une aide publique. Les travaux de la
commission des affaires économiques ont permis d’inclure le parquet européen,
afin de favoriser la lutte contre les atteintes aux intérêts financiers de
l’Union. J’en profite pour souligner le travail de la Micaf, rouage essentiel
de la lutte contre la fraude.
Cette proposition touche également le secteur de la rénovation énergétique,
particulièrement exposé aux abus, par l’intermédiaire de plusieurs mesures
tendant à renforcer les contrôles et à protéger les bénéficiaires.
Parmi ces mesures figure l’interdiction renforcée du démarchage abusif. Il y a
quelques minutes encore, on m’appelait sur mon téléphone pour me proposer des
aides régionales à la rénovation. J’ai répondu qu’il était probable que ces
pratiques commerciales agressives, qui sont souvent le fait d’entreprises
frauduleuses, seraient bientôt interdites. La fin de tels appels téléphoniques,
dont on connaît le caractère dérangeant, fera gagner du temps aux consommateurs
qui les subissent.
Autre mesure : l’obligation de transparence relative aux prestations des
sous-traitants, pour ce qui concerne notamment la réalisation de travaux chez
les particuliers, afin de permettre aux consommateurs de savoir si leurs
travaux sont éligibles aux aides publiques.
Enfin, le texte s’attaque aux fraudes aux C2E, un dispositif-clé pour la
transition énergétique mais aussi une cible privilégiée des fraudeurs.
Cette proposition de loi s’inscrit donc dans une logique de tolérance zéro face
à l’écodélinquance et à toutes les formes de fraude aux aides publiques.
Le gouvernement y est favorable et soutient pleinement son adoption.
> Face à la criminalité organisée et aux
narcotrafiquants, l’État sera intransigeant. Les réseaux criminels menacent
notre sécurité et privent l’État de ressources vitales via des flux financiers
illégaux et du blanchiment. Dans un contexte budgétaire tendu, c’est
intolérable. 60 à 75 % des saisies de stupéfiants sont réalisées par la Douane
avec les forces judiciaires, protégeant nos frontières et démantelant les
réseaux. TRACFIN a saisi 40 millions d'euros d’avoirs en quelques mois,
prouvant l’efficacité des frappes financières contre les trafiquants. Cette
proposition de loi renforcera notre capacité d'action :
- Gel rapide des avoirs des trafiquants (GABAN).
- Lutte contre le blanchiment via cryptomonnaies et interdiction des comptes
anonymes.
- Accès accru aux données pour TRACFIN et la Douane.
- Saisies élargies aux comptes et instruments financiers. Protégeons aussi ceux
qui luttent pour nous : anonymisation des agents et lanceurs d’alerte.
Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargé de l’Industrie et de l’Energie)
> 82%, c’est la part des Français qui estiment que les sites industriels
contribuent à l’identité de leur région. L’industrie n’est pas seulement un
moteur économique, elle est synonyme de fierté, d’histoire et de cohésion
locale. Dans les Hauts-de-France, où je me suis rendu récemment, des
entreprises comme Arc, leader mondial de la fabrication de verre depuis plus de
200 ans, incarnent ce lien fort entre industrie et territoire. Aux jeunes, je
le dis : l’industrie, c’est une aventure collective et locale. Rejoindre une
entreprise, c’est participer à bâtir l’avenir de nos régions et de notre pays.
> Concernant les impacts du règlement européen sur la filière automobile. nous appelons la Commission européenne à exprimer publiquement et immédiatement sa volonté d'éviter les amendes dues au titre de 2025 afin que la transition écologique soit créatrice d'emploi et garante de souveraineté. L'application aveugle du règlement place les constructeurs face à un dilemme impossible, renforcer leurs concurrents ou affaiblir leurs fournisseurs, avec des conséquences dramatiques sur l’emploi industriel. La transition écologique est indispensable, nous gardons le cap de 2035, mais elle doit s’accompagner d’un soutien actif à notre industrie automobile pour préserver emplois et compétitivité en France et en Europe.
> Il y a une nécessité de sortir d’une certaine naïveté au niveau européen. Nous devons soutenir nos filières stratégiques, quitte à déroger ponctuellement au droit de la concurrence, pour leur permettre de monter en capacité et d’innover. C’est essentiel pour renforcer notre souveraineté et notre compétitivité.
> La censure budgétaire de décembre a un coût lourd pour notre pays : 12 milliards d’euros. Au-delà de cet impact financier, ce sont aussi des investissements et des recrutements essentiels qui sont suspendus. Nous devons rester mobilisés pour garantir la stabilité budgétaire et avancer sur les projets qui conditionnent l’avenir de notre économie et de nos emplois.
> Il est crucial de trouver les compromis nécessaires pour stabiliser l’action gouvernementale et relever les défis majeurs auxquels nous faisons face. Nous restons pleinement mobilisés pour que ces discussions aboutissent à des solutions durables et efficaces, au service des Français.
Nathalie Delattre (ministre déléguée auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargée du Tourisme)
> Si nos massifs s’érigent sur la première marche du podium des plus
belles destinations de ski en Europe, c’est grâce à l’action de toute la
filière. Elle innove et se mobilise sans relâche pour évoluer et rester en tête
de cordée.
Patricia Mirallès (ministre déléguée auprès du ministre
des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants)
> LFI proteste sur tout… et les Français en ont assez. Je l’entends sur
le terrain.
> Chaque Français doit se battre contre l’antisémitisme et le racisme qui montent. Et nos jeunes, qui vivent aujourd’hui au présent, doivent eux-même construire leur avenir. Merci aux professeurs, hussards de la République, qui leur transmettent notre histoire.
Juliette Méadel (ministre déléguée auprès du ministre
de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation chargée de la Ville)
> La censure fracture avant tout les populations les plus fragiles. Je
demande aux socialistes de voter le budget pour les habitants des quartiers
politiques de la ville.
> 1€ investit sur un enfant avant 10 ans, c’est 100€ d’économisé après. Investir dans la qualité de vie des enfants et des adolescents dans les quartiers politiques de la ville, c’est vital pour la République.
> Lorsque l’ascenseur d’un immeuble est en panne, quand les boîtes aux lettres ne ferment plus, ou que les poubelles s’entassent, ce n’est pas seulement une simple question de confort. C’est avant tout une question de dignité. Pour une personne handicapée ou âgée, une panne d'ascenseur devient un obstacle à la vie quotidienne: sortir, aller faire ses courses, c’est un combat. Réparer ces fractures, c’est maintenir des conditions de vie dignes pour tous. Et cela nécessite un travail collectif entre bailleurs sociaux, communes et État.
> Les femmes sont les vraies forces invisibles dans nos quartiers. Leur rôle est essentiel, non seulement dans la famille, mais aussi en tant qu’actrice clé de l’économiques. Encourager l’entrepreneuriat féminin, c'est leur donner une autonomie financière et renforcer nos communautés.
> Certaines zones à la périphérie de Paris sont laissées pour compte. L'enjeu est de prévenir la criminalité en amont, dès l'éducation et l'accompagnement des jeunes. La prévention doit être au cœur de notre politique.
> L'attaque d’un jeune dans le 14e, poignardé pour son téléphone, m’a bouleversé. Je pense à ce jeune, à sa famille, à ses amis du collège Montaigne. Une marche blanche se prépare, c’est un appel à la solidarité, mais aussi un cri pour plus de sécurité dans nos rues.
Thani Mohamed Soilihi (ministre délégué auprès du ministre
de l’Europe et des Affaires étrangères chargé de la Francophonie et des Partenariats
internationaux)
> La relation franco-camerounaise se décline dans tant de
domaines ! À travers le projet « Form Pro 237» très prometteur , j’ai eu
l’honneur de présider la cérémonie d’ouverture du fonds Équipe France, 1
million d’euros alloués à des projets favorisant la formation professionnelle
des jeunes camerounais et leur insertion en fonction des besoins du marché du
travail. J’ai également eu l'occasion d'approfondir le dialogue avec les
représentants de la société civile camerounaise : membres du Conseil de suivi
des recommandations du dernier Sommet Afrique-France, jeunes Camerounaises et
Camerounais engagés pour la transition écologique, la santé, le sport ou encore
la valorisation du patrimoine et de la culture.
J’ai constaté, à chaque fois, une profonde affection pour les liens qui
unissent nos deux pays. Nous continuerons de les amplifier.
● Autres
ministres
Eric Lombard (ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté
industrielle et numérique)
> La souveraineté sanitaire est une des priorités de notre gouvernement.
Elle fait l’objet d’un soutien massif, notamment dans le cadre du plan
France 2030, comme en témoignent les relocalisations des médicaments
essentiels annoncées ce mois de janvier. Vous m’alertez à juste titre sur la
situation de l’entreprise Hartmann, qui fabrique en Alsace des dispositifs
médicaux selon une technologie plus respectueuse de l’environnement que celle
de nos concurrents asiatiques. Il s’agit à la fois d’un enjeu industriel et
environnemental, qui pose la question du juste prix de nos produits de santé.
Avec mes collègues Marc Ferracci, Geneviève Darrieussecq et Yannick Neuder,
nous sommes mobilisés pour trouver une solution qui préserve la production de
Hartmann.
Vous m’interrogez plus largement sur les orientations du gouvernement en
matière de souveraineté industrielle. Nous avons dit à la Commission européenne
– j’étais moi-même à Bruxelles la semaine dernière – qu’après
l’adoption du budget, qui naturellement nous occupe, la souveraineté
industrielle constituait une de nos priorités, d’ailleurs complémentaire de
notre volonté de préserver et d’augmenter l’emploi dans l’ensemble des
territoires de la République. Vous le constatez : le gouvernement est
pleinement mobilisé pour défendre une vision ambitieuse de la souveraineté
industrielle.
Philippe Baptiste (ministre délégué auprès de la ministre
d’Etat, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la
Recherche, chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Alors que toutes les trois minutes, un enfant fait l’objet d’une
agression sexuelle, alors que chaque mois, 2,3 millions de mineurs
fréquentent des sites pornographiques dès l’âge de 12 ans, alors que
94 % des femmes âgées de 15 à 24 ans estiment qu’il est difficile
d’être une femme, l’école ne peut pas rester les bras croisés. Le programme
d’éducation à la vie sexuelle, affective et relationnelle porte en lui des
enjeux forts de santé publique, d’égalité entre les filles et les garçons et de
construction de la citoyenneté et du respect d’autrui. Pendant trop longtemps,
nous sommes restés éloignés de l’objectif prévu par la loi, à savoir trois
séances d’éducation à la sexualité par niveau et par an. Aujourd’hui, seuls
15 % de nos élèves bénéficient de cet enseignement.
Sans doute l’absence de programme clair et d’un document précis, décrivant les
contenus d’enseignement adaptés à chaque âge, de la maternelle au lycée,
a-t-elle freiné le déploiement de ces séances. Aussi avons-nous souhaité
avancer de manière déterminée et concrète : le Conseil supérieur des
programmes a été pleinement mobilisé, des concertations ont eu lieu et le
programme a été relu par les services compétents du ministère. Des propositions
et des évolutions ont suscité des questions, des interrogations et des débats,
voire des polémiques médiatisées et fortement alimentées par de fausses
informations. Le gouvernement est déterminé à aboutir à un texte à la fois
ambitieux, cadrant et apaisé qui puisse recueillir une adhésion large,
garantissant un déploiement efficace et serein de cet enseignement.
> Chaque enfant de France doit avoir sa place dans
l’école de la République. C’est une exigence à laquelle nous continuerons
d’être attentifs. Depuis 2017, le budget dédié à l’inclusion scolaire a plus
que doublé, atteignant désormais 4,6 milliards d’euros en 2025. Cet effort
inédit se poursuit dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025, qui
prévoit la création de 2 000 postes supplémentaires d’AESH, de
300 emplois dédiés aux unités localisées pour l’inclusion scolaire et de 100 emplois
pour renforcer les pôles d’accompagnement à la scolarité.
À la rentrée 2024, 519 000 élèves en situation de handicap étaient
scolarisés en milieu ordinaire, soit une hausse de 7 % en un an. Parmi
eux, 65 % bénéficiaient d’une prescription MDPH. Un cap a été
franchi : l’école inclusive est devenue une réalité pour des centaines de
milliers d’élèves et pour leurs familles. Pour accompagner ce mouvement, le
nombre d’AESH a augmenté de plus de 67 % depuis 2017.
Deux AESH sur trois sont désormais en CDI, et tous ont bénéficié d’une
revalorisation salariale de 13 % en 2023. Ils forment le deuxième corps
des métiers de l’éducation nationale, juste après les professeurs.
Cependant, nous le savons, nous devons aller encore plus loin pour améliorer
l’attractivité de cette carrière. C’est tout le sens de la loi Vidal promulguée
en mai 2024, qui étend à la pause méridienne le financement public de
l’accompagnement par les AESH. Depuis trois ans, près de
1 000 dispositifs supplémentaires ont été créés, et 300 autres
verront le jour grâce au PLF pour 2025. Nous avons demandé aux recteurs
d’accroître la capacité d’accueil grâce au rétablissement annoncé de
4 000 emplois. Vous pouvez compter sur le ministère de l’éducation
nationale pour maintenir un engagement sans faille au service des élèves à
besoins particuliers. Nous continuerons à avancer ; chaque enfant doit
trouver sa place dans l’école de la République.
Yannick Neuder (ministre délégué auprès de la ministre du
Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargé de la Santé et
de l’Accès aux soins)
> [Intervention à l’Assemblée sur la fraude sociale] La fraude sociale
est particulièrement insupportable. Le Haut Conseil du financement de la
protection sociale a confirmé les conclusions de vos travaux puisque le coût de
la fraude a été évalué à 13 milliards d’euros, parmi lesquels Éric
Lombard, Amélie de Montchalin et moi-même avons estimé possible de recouvrer
900 millions à 1 milliard. Chaque euro recouvré est un euro de plus
pour la santé des Français.
Nous souhaitons poursuivre notre action contre la fraude en formant
450 cyberenquêteurs qui travailleront dans les locaux de la caisse
primaire d’assurance maladie de Grenoble mais également à Paris, Marseille,
Blois, La Rochelle et Lille, afin que notre lutte soit efficace et qu’en
collaboration avec le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau et le ministre
de la justice Gérald Darmanin, nous puissions associer les procureurs de la
République et les forces de police et de gendarmerie aux caisses d’allocations
familiales et nos caisses primaires d’assurance maladie. Ce faisant, notre but
est de récupérer tous les revenus engrangés illicitement et de les mettre au
service de la santé des Français.
> La lutte contre la falsification des ordonnances mais aussi des arrêts de travail constitue un enjeu d’une importance considérable. Nous agirons à deux niveaux. D’une part, l’intelligence artificielle et le niveau technologique garantiront le caractère infalsifiable des ordonnances et des arrêts de travail. D’autre part, nous mobiliserons les équipes de contrôle médical afin d’empêcher le recours à de faux arrêts de travail.
Benjamin Haddad (ministre délégué auprès du ministre de
l’Europe et des Affaires étrangères, chargé de l’Europe)
> Entretien hier avec la vice-présidente exécutive de la Commission
européenne à la transition. J’ai souligné la nécessité de simplifier les normes
européenne pour soutenir nos entreprises, et d’assurer la transition en
investissant dans le nucléaire et les renouvelables. Il est essentiel de
protéger nos emplois, notre souveraineté industrielle tout en atteignant nos
objectifs climatiques.
> Réunion de travail hier à Bruxelles avec le commissaire
européen à la migration. Nous devons :
- mettre en œuvre le pacte asile et migrations
- renforcer nos leviers sur les visas, le commerce, l'aide au développement ;
- simplifier et faciliter les procédures d'éloignement.
> La France est solidaire du Danemark. Il est inacceptable de remettre en cause l’intégrité territoriale d’un État européen.
> Une course au moins disant environnemental comme le demande le RN trahirait nos engagements et irait contre nos intérêts économiques de long terme. Mettons du pragmatisme: simplifions les règles, et investissons massivement pour soutenir nos entreprises et nos agriculteurs dans la transition.
> Le chantage à l’extrême droite pour disqualifier tout débat sur l’immigration est insupportable. C’est le meilleur cadeau à faire à l’extrême droite. Faisons respecter nos règles.
> Pas de négociation sur la sécurité de l’Ukraine sans l’Ukraine, pas de négociation sur la sécurité de l’Europe sans l’Europe. La seule façon d’assurer une négociation est de renforcer la main de l’Ukraine sur le terrain.
> L’Europe doit être plus compétitive et simplifier ses règles. En 5 ans, l’UE a adopté 13 000 textes réglementaires contre 5 000 aux États-Unis. Cette inflation normative pèse sur nos entreprises et agriculteurs. Pour réussir la transition écologique et renforcer notre autonomie stratégique, il faut alléger les contraintes et investir massivement.
> Dans la concurrence internationale, on ne peut pas mettre des boulets aux pieds de nos entreprises. Nos constructeurs automobiles doivent acheter des bons d’émission auprès de Tesla et BYD ou sacrifier des emplois. On marche sur la tête.
> [Submersion migratoire] Le Premier ministre a eu des termes forts pour parler du sentiment des Français vis-à-vis de l'immigration, qui peut lui donner tort ?
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> La question aujourd’hui, ce n’est pas la censure, c’est l’adoption du
budget. Notre pays a besoin de ce budget, et nous y parviendrons par le
compromis.
> Oui il faut agir sur l'immigration : réguler et être ferme, sans naïveté. Mais les mots du Premier ministre ne sont pas les miens.
> Conformément à la Constitution, j’ai saisi le Conseil d’État pour avis sur la proposition de loi visant à inscrire le non-consentement dans la définition pénale du viol et des agressions sexuelles. Cette consultation garantira la solidité juridique du texte avant son examen à l’Assemblée nationale.
> Scinder le texte sur la fin de vie, en séparant soins palliatifs et aide à mourir, serait une erreur. Ces deux sujets doivent être appréhendés ensemble, dans leur globalité. Opposer ces questions, c’est diviser les citoyens. Je refuse que l'on tergiverse.
> 80 ans après la libération d’Auschwitz-Birkenau, être ici, en ces lieux à jamais marqués par l’horreur, c’est ressentir encore la douleur et l’impérieuse nécessité de se souvenir. Se souvenir, pour transmettre. Transmettre, pour lutter contre toutes les formes de haine et d’obscurantisme qui menacent de rouvrir les portes de l’horreur. Faisons le serment que cette mémoire vivra, et que, pour ceux qui n’ont plus de voix, nous serons à jamais des témoins.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Thomas Cazenave (député)
> [Intervention à l’Assemblée sur
les fraudes aux aides publiques] Depuis la loi relative à la lutte contre la
fraude en 2018 et jusqu’au plan lancé en 2023 par Gabriel Attal, nous avons
constamment agi et traqué les fraudes fiscales, sociales et douanières. En
renforçant les moyens et en modernisant les outils alloués aux services de
lutte contre la fraude, en adaptant les procédures et en renforçant les
sanctions, nous avons fait de ce combat une priorité.
Grâce à cette action résolue, nous avons obtenu des résultats
encourageants : plus d’irrégularités détectées, plus d’argent public
détourné récupéré, plus de sanctions infligées à ceux qui abusent du système.
Malgré ces efforts, des failles subsistent. Face à des fraudeurs toujours plus
organisés et innovants, nous devons aller plus loin. C’est tout le sens de la
proposition de loi que je vous présente.
La fraude est une hydre à plusieurs têtes. Aujourd’hui, ce sont les dispositifs
de subventions publiques que ciblent les fraudeurs, souvent organisés en
réseaux. La fraude aux aides publiques représente une double injustice :
d’abord envers les citoyens qui respectent les règles et contribuent à l’effort
national, ensuite envers celles et ceux qui dépendent de ces aides pour vivre
dignement, rénover ou adapter leur logement ou encore se former.
Cette injustice, profondément ressentie par nos concitoyens, mine la confiance
dans nos institutions, fragilise le lien social et affaiblit le consentement à
l’impôt. C’est pourquoi nous devons agir avec détermination et fermeté.
Avec près de 20 milliards d’euros consacrés annuellement aux aides
publiques, dont une grande partie allouée à la transition écologique, il est
impératif de garantir que chaque euro soit utilisé à bon escient. Ce texte vise
à combler les failles de notre système pour éviter les détournements, protéger
les bénéficiaires légitimes et récupérer jusqu’à 1,6 milliard. Nous devons
faire payer les fraudeurs.
Cette proposition de loi trace une double voie : agir en amont pour
prévenir les fraudes à la source et renforcer drastiquement notre arsenal
contre l’écodélinquance. Nous employons une méthode simple : prévenir,
protéger, sanctionner.
L’article 1er introduit un mécanisme général permettant de
suspendre ou de refuser l’octroi d’une aide publique dès lors que des indices
sérieux de fraude sont identifiés. Cette mesure pourra s’appliquer à l’ensemble
des aides publiques, qu’il s’agisse de subventions, d’exonérations fiscales, de
prêts, de prestations sociales ou encore de dispositifs en faveur de l’emploi
ou de la rénovation énergétique.
L’objectif est simple : agir rapidement pour éviter que des fonds publics
ne tombent entre les mains de fraudeurs, souvent difficiles à retrouver une
fois les sommes détournées. La suspension pourra être prononcée pour une durée
maximale de trois mois, offrant aux administrations le temps nécessaire pour
examiner les soupçons.
Grâce à ce dispositif, nous engageons une véritable lutte contre la fraude à la
source, indispensable pour contrer les pratiques de sociétés éphémères ou de
réseaux frauduleux, qui disparaissent rapidement après avoir perçu des montants
importants. Je tiens au passage à saluer le travail de Mme Battistel en
commission, qui a permis de s’assurer que seuls des indices sérieux pourraient
déclencher la suspension – une précision nécessaire et bienvenue.
L’article 2 vise à renforcer la coordination entre les différentes
administrations et les services d’enquête. Il prévoit la possibilité pour
Tracfin de transmettre directement des informations à l’Agence nationale de
l’habitat (Anah) ou encore à la Mission interministérielle de coordination
antifraude (Micaf). Il introduit une clause générale permettant aux
administrations de partager des informations en cas de suspicion de fraude.
Un amendement de Mme Batho, adopté en commission, a permis d’enrichir le
texte puisqu’il prévoit d’obliger les organismes de certification et de
labellisation des professionnels de la rénovation énergétique à communiquer les
informations utiles à l’Anah pour lutter contre la fraude.
En complément, l’article 2 prévoit une disposition visant à renforcer la
lutte contre les pratiques relevant de la fraude documentaire. Je partage avec
plusieurs d’entre vous, le constat, évoqué en commission, selon lequel la
rédaction actuelle est trop large. Conformément à l’engagement pris lors de nos
débats, je vous présenterai un amendement visant à encadrer le dispositif et à
le centrer sur la fraude à l’identité.
L’article 3 s’attaque spécifiquement aux travaux de rénovation énergétique
et d’adaptation des logements à la perte d’autonomie, particulièrement
vulnérables aux abus. Il comporte plusieurs mesures concrètes pour mieux
encadrer ce secteur et protéger les bénéficiaires des aides.
Premièrement, l’interdiction du démarchage abusif, déjà en vigueur pour les
appels téléphoniques dans certains cas, sera étendue aux travaux d’adaptation à
la perte d’autonomie et aux nouveaux modes de démarchage comme les SMS,
courriels et messages privés sur les réseaux sociaux. Cette mesure vise à
réduire les pratiques agressives et souvent frauduleuses employées par
certaines entreprises pour piéger les consommateurs.
En commission, un amendement visant plus largement le démarchage non consenti a
été adopté. Si j’approuve cette initiative sur le fond, cette question doit
plutôt, selon moi, faire l’objet d’un véhicule et d’un débat dédiés. Cet
amendement est d’ailleurs directement inspiré de la proposition de loi du
sénateur Pierre-Jean Verzelen, adoptée à l’unanimité au Sénat. Je vous
proposerai un amendement visant à maintenir l’interdiction stricte comme dans
la version initiale de la proposition de loi.
Ensuite, l’article prévoit une transparence accrue dans le recours à la
sous-traitance. Les entreprises seront tenues d’indiquer explicitement, sur
leurs devis, si elles ont recours à des sous-traitants et, le cas échéant, de
préciser si ces derniers sont titulaires du label RGE, reconnu garant de
l’environnement. Cette obligation vise à garantir que les travaux réalisés
restent conformes aux critères d’éligibilité aux aides publiques.
La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression
des fraudes (la DGCCRF) se voit par ailleurs dotée du pouvoir de retirer le
label en cas de manquements graves, ce qui permettra de préserver la
crédibilité de ce label, qui demeure un repère essentiel pour les consommateurs
souhaitant réaliser des travaux de qualité.
Enfin, l’article 3 crée une infraction pour défaut d’immatriculation au
registre national des entreprises afin de lutter contre les entreprises
éphémères opérant dans l’illégalité. Ce nouveau délit permettra d’engager des
poursuites rapidement, élément crucial pour gagner la course contre la montre
qui nous oppose aux sociétés éphémères. Nous avons également adopté un
amendement présenté par M. Labaronne, visant à renforcer la sécurité et la
fiabilité de l’annuaire des diagnostiqueurs.
L’article 3 ter, introduit en commission par
M. Jean-Pierre Vigier, a permis l’adoption de la limite à deux rangs de
sous-traitance pour les travaux de rénovation énergétique. Il prévoit également
de conditionner la réalisation des travaux à l’obtention du label RGE.
Or cette dernière mesure – une bonne idée, sur le principe, pour s’assurer
de la qualité des acteurs du marché – risque de sanctionner des
entreprises vertueuses, grâce auxquelles de nombreuses opérations sont
réalisées. Je pense aux distributeurs ou aux magasins de bricolage, qui
proposent des solutions simples pour les Français souhaitant effectuer des
travaux et qui ne font pas l’objet de signalement des autorités en charge de la
fraude. De nombreux professionnels remplissent également leur carnet de commandes
grâce à de telles opérations. C’est pourquoi je proposerai de revenir sur cette
disposition qui pourrait, si elle était maintenue, déstabiliser profondément le
marché actuel.
L’article 4, enfin, cible les fraudes aux certificats d’économie d’énergie
(C2E), un dispositif central en matière de transition énergétique mais
particulièrement exposé aux détournements. Nous prévoyons la suspension
préventive de l’instruction en cas de suspicion de fraude. Dès qu’un doute
sérieux émerge sur une demande, son traitement pourra être immédiatement
interrompu, limitant ainsi le risque de délivrance indue de certificats.
L’article prévoit ensuite des sanctions anticipées. Désormais, des pénalités
pourront être appliquées avant même la délivrance des certificats si une fraude
est détectée.
Il renforce également les informations données lors de la publication des
sanctions au Journal officiel. Dans un souci de responsabilisation et afin de
dissuader les comportements frauduleux, tous les acteurs qui sont intervenus
dans le cadre de l’opération frauduleuse seront mentionnés.
Ces articles constituent autant de leviers pour resserrer les mailles du filet.
Je sais que ce texte suscite, parmi nous, une large adhésion. Je souhaite que,
comme en commission des affaires économiques, nous l’enrichissions au cours des
débats pour lutter plus efficacement contre toutes les fraudes aux aides
publiques.
De ce point de vue, je ne peux que regretter le dépôt par le groupe La France
insoumise d’une motion de rejet préalable. C’est incompréhensible, à la fois
sur le fond, au vu des enjeux liés à la lutte contre la fraude mais aussi sur
la forme puisqu’une telle démarche constitue une première, me semble-t-il,
depuis plusieurs législatures, s’agissant d’une niche parlementaire.
Jean-René Cazeneuve (député)
> Demain, je participerai à la Commission mixte paritaire sur le projet
de loi de finances 2025. Un moment clé pour garantir un budget qui maîtrise nos
finances publiques sans compromettre nos priorités.
Le Premier ministre a fixé un objectif ambitieux : contenir le déficit à 5,4 %
cette année. La France bénéficie d’une trajectoire budgétaire allongée jusqu’en
2029, mais il est crucial de respecter nos engagements pour préserver notre
crédibilité européenne.
Avec une croissance révisée à 0,9 %,, le contexte économique est délicat. Une
augmentation des taux d’intérêts de 1% = +3,2Mds€ dès la 1re année, +19Mds€ en
2029.
Le coût de la dette devient un fardeau supplémentaire pour nos finances. Chaque
€ dépensé doit être justifié.
Certaines promesses du Premier ministre méritent d’être saluées, car elles
répondent aux urgences sociales et économiques : hausse des crédits pour
l’Outre-mer, suppression des dé-remboursements de médicaments, maintien de la
surtaxe sur l’IS et rachats d’actions
Toutefois, les concessions accordées au PS alourdissent notre trajectoire
budgétaire et doivent s’arrêter :
- 1Mds€ de plus pour l’ONDAM
- Suppression de postes dans l’Éducation nationale et France Travail
- Abandon des 2 jours de carence pour les agents publics
Je regrette également certaines mesures qui pèseront sur le marché de
l’immobilier et le coût du travail de nos entreprises : L’augmentation des
droits de mutation à titre onéreux (DMTO) et du versement mobilité (VM)
Sur les dépenses de l'Etat (+7%) augmentent 2 fois moins vite que celles de la
sécu (+14%), 3 fois moins vite que celles des Coll Ter (20%). Mais c'est encore
à l'Etat qu'on fait porter l'essentiel de l'effort sur le Budget.
S'il ne contente ni la gauche ni la droite, ce Budget est attendu par les
Français et répond aux exigences de responsabilité, d’apaisement et de
stabilité. Une seconde censure aurait un des conséquences cataclysmique.
Mon objectif est clair :
- Défendre sans concession le cap des 5,4 % de déficit, sans céder aux sirènes
dépensières.
- Préserver les missions prioritaires, sans renoncer aux réformes qui
conditionnent notre avenir économique.
Olivia Grégoire (députée)
> En 7 ans, nous avons baissé de 24 milliards d’euros les impôts des
entreprises pour leur redonner du souffle et rendre à nouveau la France
attractive.
Maud Bregeon (députée)
> [Intervention à l’Assemblée sur la loi sur les violences sexistes et
sexuelles] Nous voici réunis afin d’examiner la proposition de loi qu’Aurore
Bergé avait déposée en décembre : c’est un plaisir de la retrouver sur les
bancs des ministres pour discuter de ces dispositions. Nous connaissons, madame
la ministre, votre engagement permanent concernant ces sujets ; je
souhaite que nos débats nous permettent d’avancer, au service des victimes de
violences sexistes et sexuelles.
Comme je l’ai fait devant la commission des lois, je voudrais rappeler quelques
grands enjeux que nous devrons garder à l’esprit tout au long de l’examen du
texte. Celui-ci vise à combattre prioritairement deux types de violences
massives dans notre société : les violences sexuelles, d’une part, pour
lesquelles on a recensé 114 000 victimes en 2023, et les violences
commises au sein des couples, d’autre part, qui comptaient
271 000 victimes cette année-là. Et, ne nous y trompons pas, ces
chiffres ne constituent encore que la partie émergée de l’iceberg. Les
estimations globales sont bien plus élevées. C’est que la très grande majorité
des victimes ne fait pas la démarche consistant à déposer plainte : seules
14 % des victimes de violences conjugales et 6 % des victimes de
violences sexuelles se tournent vers les forces de sécurité.
Ajoutons à cela le fait que, selon le rapport public 2023 de la Commission
indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants
(Ciivise), 160 000 enfants subissent chaque année des violences
sexuelles ; autrement dit, toutes les trois minutes, en France, un enfant
est violé ou agressé sexuellement. Là encore, la réalité dépasse largement le
nombre des plaintes : lorsque l’auteur est un proche, seules 12 % des
victimes dénoncent immédiatement l’infraction, ce chiffre tombant à 9 % en
cas d’inceste.
Que ces violences soient commises à l’encontre de femmes ou d’enfants, nous
nous trouvons donc, je le répète, face à des situations extrêmement fréquentes.
Telle est l’une des spécificités de ce débat : nous ne parlerons pas de
crimes rares, de victimes peu nombreuses, de cas particuliers, épisodiques,
mais d’une dramatique réalité quotidienne, de centaines de milliers de femmes
et d’enfants agressés dans leur chair, qui voient parfois leur vie détruite.
C’est à ces victimes que nous devons penser, pour elles que nous devons agir.
Face aux chiffres vertigineux que je viens de citer, le texte vise
pragmatiquement à résoudre des problèmes bien identifiés, relevant du domaine
de la loi et donc de notre compétence. Ses deux premiers articles traitent
ainsi de la prescription, en matière civile pour l’article 1er,
qui prévoit de rendre l’action en responsabilité imprescriptible dans le cas de
certaines infractions, en matière pénale pour l’article 2, qui tend à
appliquer aux victimes majeures de viol le principe de prescription glissante.
Dans les deux cas, il s’agit d’adapter notre droit à la réalité – nous le
savons, les crimes sexuels, notamment à l’encontre d’un mineur, sont
particulièrement difficiles à révéler – et de laisser du temps aux
victimes. Il leur est insupportable de s’entendre dire : « C’est trop
tard, la justice ne peut plus rien pour vous ». Nous devons leur laisser
le temps de parler, de dénoncer, d’être prêtes à affronter ce qu’elles ont
subi, en préservant la possibilité de saisir la justice, d’obtenir réparation,
le cas échéant, mais surtout de voir leur parole accueillie par nos
institutions judiciaires et de se voir ainsi reconnues.
Si l’article 2 a plutôt fait l’objet d’un consensus lors de nos échanges
en commission, il n’en est pas de même de l’article 1er, qui y
a été supprimé. Je proposerai donc – comme d’autres d’ailleurs – un
amendement qui vise à le rétablir, car la disposition qu’il contient me semble
particulièrement importante. La semaine dernière, lors de nos débats en
commission, nous avons longuement évoqué la déperdition des preuves, sans
préciser que de nombreuses évolutions technologiques permettent désormais de
retrouver bien plus de preuves qu’il y a trente ou quarante ans – nous ne
pouvons ignorer ces avancées.
Par ailleurs, au-delà de la question probatoire, l’article 1er vise
à répondre notamment au problème des aveux tardifs, auxquels la Ciivise est
souvent confrontée : dans ce cas, il n’y a pas de preuve supplémentaire à
rapporter. L’imprescriptibilité en matière civile permettra donc de laisser une
porte ouverte aux victimes qui se trouvent dans cette situation pour accéder à
la justice et demander réparation.
Enfin, dernier élément, la justice pénale en France est davantage conçue pour
juger et sanctionner les auteurs des faits que pour prendre en charge les
victimes, qui n’y ont qu’une place restreinte. La justice civile, à l’inverse,
laisse toute sa place à la victime, qui constitue la partie demanderesse. Or,
grâce à cette proposition de loi, nous nous préoccupons avant tout des
victimes. C’est pourquoi le choix de limiter l’imprescriptibilité au champ
civil me semble présenter une réelle cohérence et j’espère que nous
parviendrons, ensemble, à rétablir l’article 1er.
L’article 3 vise à insérer dans le code pénal la notion de contrôle
coercitif. Il y a environ un an, la cour d’appel de Poitiers a rendu cinq
arrêts confirmant des condamnations pour violences, menaces ou harcèlement au
sein du couple. Elle y analysait les faits relevant de « la mise en place
d’un contrôle coercitif » dans leur ensemble, permettant de contextualiser
les différentes infractions.
Largement inspirés du travail de plusieurs auteurs, ces arrêts expliquent que
les agissements considérés sont divers et cumulés et que s’ils peuvent être
relativisés lorsqu’ils sont pris isolément, ils forment en réalité, lorsqu’on
les identifie, qu’on les liste et les analyse dans leur ensemble, un tout
cohérent, qui conduit au contrôle coercitif. Ces actes, de nature très variée,
participent ainsi d’une stratégie de l’auteur qui vise à piéger la victime dans
une relation d’obéissance et de soumission. Ces arrêts soulignent la gravité de
tels agissements, en considérant que « le contrôle coercitif est une atteinte
aux droits humains ». Particulièrement éclairante pour comprendre et
lutter contre les violences conjugales, cette notion doit donc être intégrée
dans notre droit.
Comme j’ai déjà eu l’occasion de le souligner en commission des lois, la
rédaction initiale de l’article 3 ne me semblait pas satisfaisante.
Partageant ce constat, la commission a supprimé l’article, en attendant de
trouver une meilleure proposition. Nous avons donc travaillé, avec des
collègues de différents groupes, à une nouvelle rédaction, que nous nous sommes
efforcés de sécuriser, en lien avec le garde des sceaux et la Chancellerie,
ainsi qu’avec la ministre Aurore Bergé. Sans prétendre avoir abouti, en si peu
de temps, à une rédaction parfaite, je suis convaincue que cette nouvelle
proposition a le mérite de la précision et de la clarté, qui sont
indispensables en droit pénal. Elle constituera ainsi une base de travail
solide pour la suite, dans le cadre de la navette parlementaire.
Si, à l’inverse, l’Assemblée nationale refusait d’intégrer dans le texte la
notion de contrôle coercitif – prenant le risque de faire purement et
simplement disparaître des travaux parlementaires un sujet qui mérite encore
réflexion –, elle enverrait un message désastreux aux victimes.
> Ne cédons pas à la pression morale de LFI. Le besoin d’autorité transcende désormais les clivages. Qui peut dire que l’immigration clandestine ne pose aucun problème de sécurité ? Plusieurs mesures doivent encore être prises.
● MoDem
Erwan Balanant (député)
> Nous avons tous en tête ces mots de Jacques Chirac :
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » Ces mots sonnent
aujourd’hui comme une vérité en Californie. Le dérèglement climatique n’est pas
une extravagance scientifique, mais bel et bien une réalité que nous ne pouvons
plus ignorer : en France, la tempête Herminia nous en fournit la triste preuve.
Alors que des familles vivent dans l’angoisse de voir les eaux monter ;
alors que la Loire-Atlantique, le Morbihan et l’Ille-et-Vilaine sont placés en
vigilance rouge aux crues ; alors qu’à Quimperlé dans ma circonscription,
la Laïta est sur le point de déborder ; alors que 600 personnes ont
été évacuées depuis dimanche, parmi lesquelles 73 pensionnaires d’un Ehpad
de Bruz au sud de Rennes ; alors que certains trains ne circulent plus et
que tous s’accordent à dire que le pire n’est pas encore arrivé, la journée de
demain sera cruciale.
Les pluies torrentielles aggraveront une situation déjà délicate et nous devons
d’abord penser aux sinistrés. Toutefois, nous devons faire plus que des grands
discours. Nous devons faire plus que simplement nous interroger sur notre
capacité à réagir : nous devons agir !
Si nous ne devons plus laisser passer les remises en cause des périls à venir
et les propos climatosceptiques, nous devons aussi fournir les moyens à nos
communes de se prémunir de ces risques et de s’adapter à ces aléas, en donnant
une orientation claire et globale à notre politique de lutte contre le
dérèglement climatique et à l’accompagnement de ses conséquences.
Dès le premier jour de son mandat, Donald Trump a retiré par décret les
États-Unis de l’accord de Paris. Or la Californie brûle et nos rivières
débordent.
Nous devons nous adapter et atténuer les conséquences de ces changements
profonds.
Philippe Latombe (député)
> [Publication en open data des conclusions des rapporteurs publics
devant les juridictions administratives et des rapports publics des conseillers
rapporteurs, ainsi que des avis des avocats généraux près la Cour de cassation]
Il s’agit de renforcer la confiance dans la justice et se l'approprier en la
comprenant mieux.
Dans la plupart des cas, l'avis des rapporteurs publics est suivi dans le cadre
des décisions rendues, notamment par les juridictions administratives. La vraie
question, c'est de savoir sur quelle base ces décisions peuvent être prises,
mais sans accès à leurs conclusions, c'est aujourd'hui très compliqué. Hormis
les conclusions disponibles sur la base Ariane du Conseil d'État pour la
justice administrative, leur accès est payant puisque, sauf cas particulier,
ces conclusions sont protégées par le droit d'auteur. Les magistrats
administratifs les facturent donc, ce qui leur fait de l'argent de poche.
Il s'agit pourtant d'un service public, on devrait pouvoir avoir accès
gratuitement à ces informations. (…)
Cela représenterait bien entendu un changement de culture, mais nos concitoyens
réclament à juste titre une bonne administration de la justice, une justice
sans arbitraire, et veulent aussi savoir ce qu'il s'y passe.
Il faut se remettre dans le fonctionnement normal d'un service
public. (…)
On le doit aux administrés et aux justiciables, sans quoi on reste totalement
dans une boîte noire qui n'est pas démocratique.
C'est assez génial de voir la France dire régulièrement à tout le monde qu'il
faut absolument respecter l'ensemble des canons de la justice sans pour autant
se les appliquer à elle-même. Je comprends bien que cela peut arranger tout le
monde, les magistrats comme la Chancellerie, qui dit aux juges administratifs
qu'ils ont peut-être une grille de salaires un peu plus faible, mais qu'à côté,
ils peuvent se faire payer leurs rapports publics. Eh bien non, cela ne
fonctionne pour personne d'autre au sein de la fonction publique !
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (députée, présidente)
> L’Europe fait face à un triple défi de compétitivité, de
simplification et de décarbonation. Il n’y a qu’en étant unis pour la réussite
de nos entreprises européennes que nous servirons les Européens.