Lors d’un entretien sur LCI le 27 janvier, François Bayrou a
fait un tour d’horizon de la politique qu’il veut mettre en œuvre avec son gouvernement.
Le Premier ministre a également parlé de ses valeurs et des principes
qui le guident.
Il a reconnu les difficultés dans lesquelles se trouve la France
et a estimé que seule une réunion de tous pourrait permettre de faire face à la
gravité des problèmes du pays.
François Bayrou a estimé qu’une des principales priorités,
outre de faire voter un Budget, était l’école.
Il a aussi indiqué qu’il fallait travailler plus, notamment
pour sauver de système de protection sociale.
Enfin, il a affirmé qu’il fallait s’attaquer à l’immigration
illégale tout en régulant celle qui est régulière.
► Voici les
principaux propos de François Bayrou
> Le modèle de la France, c'est le « Tous pour un ».
> Dans les difficultés du pays, peut-être y a-t-il
quelque chose à faire. Le pays n'a pas de budget, pas de majorité... Si on le
laisse aller, le pays s'enfonce dans la division. L'effort qui est le mien est
pour le réunir.
> J'ai confiance dans le sentiment de responsabilité de
tous.
> Le Parti socialiste a présenté de nombreuses demandes
et a obtenu un certain nombre de réponses. Il faut que chacun ait la certitude
qu'il est entendu et que les aspirations des uns deviennent compatibles avec
celles des autres. C'est ma responsabilité.
> La suppression des 4000 postes d'enseignants est annulée.
C'est une décision définitive et délicate. (…) 4000 postes, encore faut-il
qu'il y ait des candidats au concours pour devenir enseignant. Depuis des
années, ils ne sont pas suffisamment nombreux pour remplir les postes.
> Tous les programmes annoncés seront respectés : pour le
ministère des Armées, pour le ministère de la Justice, pour le ministère de
l'Intérieur.
> Dès cette semaine, nous allons examiner une proposition
de loi de Gabriel Attal consistant à faire qu'un mineur de 16 ou 17 ans puisse
être jugé immédiatement après les faits.
> Nous ne pouvons pas baisser les bras, constater la
gravité des problèmes du pays et attendre pour les régler. Une fois le budget
adopté, nous allons partir à l'assaut de tous les problèmes, sans exception.
> [Réduction du nombre de fonctionnaires] Cela ne peut
pas se faire immédiatement. (…) Il faut examiner en profondeur ce que l'État et
les collectivités locales font, et ce que les innombrables agences font. (…) Je
suis persuadé que les moyens de l'État sont mal distribués. (…) Notre
organisation n'a pas été revue depuis des décennies. Il faut la repenser en
profondeur.
> Dans l'organisation administrative, il y a une réforme
à conduire qui fasse que les moyens aillent au bon endroit. Ils ne vont pas
assez au terrain, et trop dans la paperasse. Il y a1244 agences liées à l'État
et personne ne sait exactement comment elles sont organisées, contrôlées. La
bureaucratie s'y est introduite. Il faut que ces agences soient organisées de
manière différente.
> Les dépenses sociales ne sont pas tenables. Notre pacte
social est le plus généreux du monde. (...) Le nombre d'enfants du pays baisse.
Or, notre contrat social repose sur le tous pour un. Cela ne peut marquer que
si le «tous» est assez nombreux. La crise démographique du pays menace notre
modèle social. C'est une réalité cruelle et tragique.
> L'immigration est l'un des sujets les plus lourds devant
nous. Est-ce que l'on peut ramener les personnes sous obligation de quitter le
territoire français dans leur pays d'origine ? Nous n'y arrivons pas, car les
pays d'origine ne veulent pas reprendre leurs ressortissants. Il faut organiser
des pressions, ouvertes ou discrètes, pour qu'ils reprennent leurs nationaux.
> Il y a des métiers pour lesquels on ne trouve plus de
Français qui veulent les occuper. Si des immigrés viennent travailler, ils
doivent accepter de parler français et respecter nos principes de vie. (…) Le
travail est une machine à intégrer, à condition que nous sachions garantir
l'ordre. Nous ne pouvons pas accepter qu'il y ait des dizaines de milliers de
personnes en situation irrégulière.
> La proposition de loi du Sénat dit qu'on ne peut pas
venir en France pour accoucher pour que l'enfant devienne Français. Nous allons
traiter ce sujet sur Mayotte et sur la Guyane. On ne peut pas détourner notre
droit fondamental pour faire de l'immigration forcée et illégale.
> L'attitude par rapport aux migrants n'est pas la même
selon que vous avez 30% de migrants ou une proportion faible*. Dans un cas, il
y a un accueil, dans l'autre cas, il y a un rejet. Les apports étrangers sont
positifs pour un peuple à condition qu'ils ne dépassent pas une proportion. La
rencontre des cultures est positive. Dès l'instant que vous avez l'impression
d'une submersion, il y a rejet. En France, on s'en approche.
> Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, à eux deux, ont
obtenu entre 16 et 17 millions de voix. Si vous ne vous rendez pas compte que
la manière dont on parle d'eux nourrit les électeurs qui les rejoignent, si
vous faites de chacun d'entre eux l'ennemi public numéro un, vous lui apportez
sur un plateau d'argent des millions de voix. Je n'aime pas que l'on parle
d'eux avec mépris, rejet et violence. Il faut pacifier le pays.
> L'union est nécessaire, à condition qu'elle respecte un
certain nombre de principes communs. Un gouvernement ne peut être formé que de
personnes qui ont en commun les principes qui les font vivre ensemble. Ce n'est
pas le cas avec le RN ni avec les Insoumis.
> J'ai suffisamment de mal à faire voter le budget 2025
pour que je puisse m'engager pour celui de 2026. Mais je crois que le budget
2026 devra être très différent de celui de 2025. L'action de l'État devra être
différente. Il faut reprendre sur une page blanche les politiques publiques et
que nous examinions les moyens que nous y mettons.
> Toujours frapper les grandes entreprises, c'est se
tromper de cible. En revanche, il faut regarder de près les abus fiscaux. Toute
fraude est à pourchasser.
> Elon Musk crée une menace sur les démocraties. L'argent
ne doit pas donner le droit de diriger les consciences.
> Travailler plus est une nécessité. Il n'y a aucun moyen
de s'en sortir que d'avoir de plus en plus de gens qui travaillent quand ils
sont séniors. Mais il faut qu'ils le choisissent. Il peut y avoir des
incitations pour ceux qu'ils veulent à travailler plus.
> J'espère que nous pourrons avoir des accords pour avoir
plus de départs à la carte: je pars plus tôt avec moins, je pars plus tard avec
plus.
> La retraite à points est plus souple, à la carte même
si nous n'y arriverons pas maintenant. Ce n'est pas la même chose de partir à
64, 65 ou 66 ans dans un métier préservé ou non.
> Le travail doit être payé. Tout travail mérite salaire.
Le travail ne doit pas être gratuit. C'est aussi une règle simple que tout
travail mérite salaire.
> Il n'y a rien de tabou. Nous sommes un pays en danger
de pauvreté croissante. Ce qui a fait notre fierté - l'industrie,
l'agriculture, la production - est en crise dans tous les domaines. Il faut
retrouver ce qui nous manque tellement, l'optimisme.
> Le premier de nos problèmes est que nous ne produisons
pas assez, nous n'avons pas assez de capacités agricoles, industrielles,
intellectuelles... Mon but est de sortir de la dépression générale pour trouver
des raisons d'y croire.
> L'Europe est en danger parce qu'elle ne progresse pas.
> Ma préoccupation urgente est pour l'Éducation
nationale. Il faut partir à la reconquête de l'écrit. Il faut faire de l'écrit
à l'école tous les jours, dans tous les cours, pas seulement en français.
> Quand le Président de la République a une majorité, il
est normal qu'il ait un rapport d'influence très fort sur le gouvernement. Mais
personne n'a gagné les élections, n'a de majorité, et personne ne peut imposer
sa volonté à d'autres. Ça ne me gêne pas. C'est une co-responsabilité avec le
président de la République.
> Peut-être le président de la République a-t-il hésité
avant de me nommer à Matignon. J'ai défendu une certaine vision du
gouvernement. L'équilibre entre les deux responsabilités, c'est la Vᵉ
République.
> [Texte sur la fin de vie scindé en deux, soins
palliatifs et aide à mourir] Il faut pouvoir voter sur les deux questions. Les
soins palliatifs, c'est un devoir. L'aide à mourir suscite des débats de
conscience extrêmement forts. Un très grand nombre de personnes a des
convictions chevillées au corps.
> Le macronisme appartient à ce courant central. Ce
courant clé a une responsabilité, c'est le seul qui puisse réunir. Oui, il peut
gagner en 2027 si nous ne manquons pas le moment actuel.
> La Vᵉ République est vitale. Elle apporte une réponse
au fait que les uns empêchent les autres d'avancer. Le président de la
République organise les choses pour que le pluralisme ne soit pas pénalisant.
> Moi, j'ai une conviction personnelle, c'est que
l'ordre, c'est pour les plus fragiles. L'ordre, c'est pour les plus pauvres.
L'ordre, c'est pour ceux qui ne peuvent pas se défendre tout seuls.