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mardi 28 janvier 2025

La Quotidienne centriste du 28 janvier 2025. Ukraine: Poutine tente de profiter de l’élection de Trump pour revendiquer une victoire


L’élection de Donald Trump a redonné de l’espoir à Poutine qu’une victoire était possible dans son agression de l’Ukraine.

Alors qu’avec Joe Biden à la tête des États-Unis et une Union européenne malgré tout unie contre lui, le dictateur russe ne savait pas trop comment se sortir du bourbier dans lequel son hubris démesurée l’avait mis, la victoire de Trump lui fait croire qu’il va pouvoir sortir gagnant d’un conflit qu’il est incapable de gagner depuis quatre ans même avec l’aide de l’Iran, de la Corée du Nord mais aussi de la Chine, ce qui en dit long sur ses capacités de chef de guerre.

Toujours est-il que revigoré par la présence de son «ami» à la Maison blanche, il estime que des négociations de paix sont possibles mais sans la présence de Volodymyr Zelenski.

Et, bien sûr, qu’il faudra une reddition de l’Ukraine et que tous les territoires conquis par son armée soient inclus dans la Russie.

Pour aller au bout du cynisme, il devrait aussi réclamer des dommages de guerre et la destitution de Zelenski!

Poutine a également déclaré que sans l’aide des Occidentaux et en particulier des Américains, les Ukrainiens se rendraient dans les deux mois…

Ce qu’il oublie de dire, c’est que, pendant ce temps, la Russie s’enfonce dans une crise économique profonde que sa population devra payer alors que les multimilliardaires comme lui et ses affidés, les oligarques, n’ont rien à craindre.

Mais alors que l’on pensait que Trump s’attèlerait immédiatement, dès le début de sa présidence, à faire plier Zelenski pour offrir la victoire à Poutine, le scénario semble avoir pris une autre tournure, l’Américain ayant sans doute compris que la gloire qu’il espérait en mettant fin à une guerre serait définitivement détruite par l’abandon d’une démocratie et de son peuple…

D’autant que si l’Union européenne aura du mal à soutenir seule l’Ukraine, elle ne varie pas de sa position sachant qu’une défaite serait catastrophique pour la sécurité de chacun de ses membres.

Reste que le conflit devra bien se terminer un jour et le plus tôt serait le mieux pour la population civile ukrainienne.

Mais il ne semble pas que la seule issue acceptable, le retrait des troupes de Poutine soit à l’ordre du jour…

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour] 

 

Actualité du Centre. François Bayrou : «Réunir le pays» pour permettre de faire «face à la gravité des problèmes»


Lors d’un entretien sur LCI le 27 janvier, François Bayrou a fait un tour d’horizon de la politique qu’il veut mettre en œuvre avec son gouvernement.

Le Premier ministre a également parlé de ses valeurs et des principes qui le guident.

Il a reconnu les difficultés dans lesquelles se trouve la France et a estimé que seule une réunion de tous pourrait permettre de faire face à la gravité des problèmes du pays.

François Bayrou a estimé qu’une des principales priorités, outre de faire voter un Budget, était l’école.

Il a aussi indiqué qu’il fallait travailler plus, notamment pour sauver de système de protection sociale.

Enfin, il a affirmé qu’il fallait s’attaquer à l’immigration illégale tout en régulant celle qui est régulière.

 

Voici les principaux propos de François Bayrou
> Le modèle de la France, c'est le « Tous pour un ».

> Dans les difficultés du pays, peut-être y a-t-il quelque chose à faire. Le pays n'a pas de budget, pas de majorité... Si on le laisse aller, le pays s'enfonce dans la division. L'effort qui est le mien est pour le réunir.

> J'ai confiance dans le sentiment de responsabilité de tous.

> Le Parti socialiste a présenté de nombreuses demandes et a obtenu un certain nombre de réponses. Il faut que chacun ait la certitude qu'il est entendu et que les aspirations des uns deviennent compatibles avec celles des autres. C'est ma responsabilité.

> La suppression des 4000 postes d'enseignants est annulée. C'est une décision définitive et délicate. (…) 4000 postes, encore faut-il qu'il y ait des candidats au concours pour devenir enseignant. Depuis des années, ils ne sont pas suffisamment nombreux pour remplir les postes.

> Tous les programmes annoncés seront respectés : pour le ministère des Armées, pour le ministère de la Justice, pour le ministère de l'Intérieur.

> Dès cette semaine, nous allons examiner une proposition de loi de Gabriel Attal consistant à faire qu'un mineur de 16 ou 17 ans puisse être jugé immédiatement après les faits.

> Nous ne pouvons pas baisser les bras, constater la gravité des problèmes du pays et attendre pour les régler. Une fois le budget adopté, nous allons partir à l'assaut de tous les problèmes, sans exception.

> [Réduction du nombre de fonctionnaires] Cela ne peut pas se faire immédiatement. (…) Il faut examiner en profondeur ce que l'État et les collectivités locales font, et ce que les innombrables agences font. (…) Je suis persuadé que les moyens de l'État sont mal distribués. (…) Notre organisation n'a pas été revue depuis des décennies. Il faut la repenser en profondeur.

> Dans l'organisation administrative, il y a une réforme à conduire qui fasse que les moyens aillent au bon endroit. Ils ne vont pas assez au terrain, et trop dans la paperasse. Il y a1244 agences liées à l'État et personne ne sait exactement comment elles sont organisées, contrôlées. La bureaucratie s'y est introduite. Il faut que ces agences soient organisées de manière différente.

> Les dépenses sociales ne sont pas tenables. Notre pacte social est le plus généreux du monde. (...) Le nombre d'enfants du pays baisse. Or, notre contrat social repose sur le tous pour un. Cela ne peut marquer que si le «tous» est assez nombreux. La crise démographique du pays menace notre modèle social. C'est une réalité cruelle et tragique.

> L'immigration est l'un des sujets les plus lourds devant nous. Est-ce que l'on peut ramener les personnes sous obligation de quitter le territoire français dans leur pays d'origine ? Nous n'y arrivons pas, car les pays d'origine ne veulent pas reprendre leurs ressortissants. Il faut organiser des pressions, ouvertes ou discrètes, pour qu'ils reprennent leurs nationaux.

> Il y a des métiers pour lesquels on ne trouve plus de Français qui veulent les occuper. Si des immigrés viennent travailler, ils doivent accepter de parler français et respecter nos principes de vie. (…) Le travail est une machine à intégrer, à condition que nous sachions garantir l'ordre. Nous ne pouvons pas accepter qu'il y ait des dizaines de milliers de personnes en situation irrégulière.

> La proposition de loi du Sénat dit qu'on ne peut pas venir en France pour accoucher pour que l'enfant devienne Français. Nous allons traiter ce sujet sur Mayotte et sur la Guyane. On ne peut pas détourner notre droit fondamental pour faire de l'immigration forcée et illégale.

> L'attitude par rapport aux migrants n'est pas la même selon que vous avez 30% de migrants ou une proportion faible*. Dans un cas, il y a un accueil, dans l'autre cas, il y a un rejet. Les apports étrangers sont positifs pour un peuple à condition qu'ils ne dépassent pas une proportion. La rencontre des cultures est positive. Dès l'instant que vous avez l'impression d'une submersion, il y a rejet. En France, on s'en approche.

> Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, à eux deux, ont obtenu entre 16 et 17 millions de voix. Si vous ne vous rendez pas compte que la manière dont on parle d'eux nourrit les électeurs qui les rejoignent, si vous faites de chacun d'entre eux l'ennemi public numéro un, vous lui apportez sur un plateau d'argent des millions de voix. Je n'aime pas que l'on parle d'eux avec mépris, rejet et violence. Il faut pacifier le pays.

> L'union est nécessaire, à condition qu'elle respecte un certain nombre de principes communs. Un gouvernement ne peut être formé que de personnes qui ont en commun les principes qui les font vivre ensemble. Ce n'est pas le cas avec le RN ni avec les Insoumis.

> J'ai suffisamment de mal à faire voter le budget 2025 pour que je puisse m'engager pour celui de 2026. Mais je crois que le budget 2026 devra être très différent de celui de 2025. L'action de l'État devra être différente. Il faut reprendre sur une page blanche les politiques publiques et que nous examinions les moyens que nous y mettons.

> Toujours frapper les grandes entreprises, c'est se tromper de cible. En revanche, il faut regarder de près les abus fiscaux. Toute fraude est à pourchasser.

> Elon Musk crée une menace sur les démocraties. L'argent ne doit pas donner le droit de diriger les consciences.

> Travailler plus est une nécessité. Il n'y a aucun moyen de s'en sortir que d'avoir de plus en plus de gens qui travaillent quand ils sont séniors. Mais il faut qu'ils le choisissent. Il peut y avoir des incitations pour ceux qu'ils veulent à travailler plus.

> J'espère que nous pourrons avoir des accords pour avoir plus de départs à la carte: je pars plus tôt avec moins, je pars plus tard avec plus.

> La retraite à points est plus souple, à la carte même si nous n'y arriverons pas maintenant. Ce n'est pas la même chose de partir à 64, 65 ou 66 ans dans un métier préservé ou non.

> Le travail doit être payé. Tout travail mérite salaire. Le travail ne doit pas être gratuit. C'est aussi une règle simple que tout travail mérite salaire.

> Il n'y a rien de tabou. Nous sommes un pays en danger de pauvreté croissante. Ce qui a fait notre fierté - l'industrie, l'agriculture, la production - est en crise dans tous les domaines. Il faut retrouver ce qui nous manque tellement, l'optimisme.

> Le premier de nos problèmes est que nous ne produisons pas assez, nous n'avons pas assez de capacités agricoles, industrielles, intellectuelles... Mon but est de sortir de la dépression générale pour trouver des raisons d'y croire.

> L'Europe est en danger parce qu'elle ne progresse pas.

> Ma préoccupation urgente est pour l'Éducation nationale. Il faut partir à la reconquête de l'écrit. Il faut faire de l'écrit à l'école tous les jours, dans tous les cours, pas seulement en français.

> Quand le Président de la République a une majorité, il est normal qu'il ait un rapport d'influence très fort sur le gouvernement. Mais personne n'a gagné les élections, n'a de majorité, et personne ne peut imposer sa volonté à d'autres. Ça ne me gêne pas. C'est une co-responsabilité avec le président de la République.

> Peut-être le président de la République a-t-il hésité avant de me nommer à Matignon. J'ai défendu une certaine vision du gouvernement. L'équilibre entre les deux responsabilités, c'est la Vᵉ République.

> [Texte sur la fin de vie scindé en deux, soins palliatifs et aide à mourir] Il faut pouvoir voter sur les deux questions. Les soins palliatifs, c'est un devoir. L'aide à mourir suscite des débats de conscience extrêmement forts. Un très grand nombre de personnes a des convictions chevillées au corps.

> Le macronisme appartient à ce courant central. Ce courant clé a une responsabilité, c'est le seul qui puisse réunir. Oui, il peut gagner en 2027 si nous ne manquons pas le moment actuel.

> La Vᵉ République est vitale. Elle apporte une réponse au fait que les uns empêchent les autres d'avancer. Le président de la République organise les choses pour que le pluralisme ne soit pas pénalisant.

> Moi, j'ai une conviction personnelle, c'est que l'ordre, c'est pour les plus fragiles. L'ordre, c'est pour les plus pauvres. L'ordre, c'est pour ceux qui ne peuvent pas se défendre tout seuls.

 

 

Vues du Centre. L’«homme Bayrou» pas au niveau de la «méthode Bayrou»

Par Jean-François Borrou


Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste. 
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.

François Bayrou, l’homme, pose des questions sur sa capacité à être premier ministre alors même que sa méthode, elle, semble être la bonne pour la situation politique actuelle.

L’entretien qu’il a donné hier sur LCI confirme une nouvelle fois cette dichotomie entre l’homme et la politique qu’il veut suivre.

Et elle n’est pas une surprise pour ceux qui le suivent depuis des années et qui ont toujours émis des réserves sur ses capacités à diriger le pays, ce qui est sa seule et ultime ambition.

Au-delà de ses contradictions et de ses positionnements multiples selon les époques – s’affirmant centriste un jour et reniant le terme un autre –, François Bayrou ressemble plus à un chef qui a bâti un clan autour de sa personne et créé un parti à sa dévotion qu’à un leader d’un peuple.

Trop souvent, il se laisse dominer par ses émotions, notamment concernant sa personne.

Ses propos sur l’injustice des poursuites à son encontre concernant l’affaire des attachés parlementaires européens payés par l’UE et utilisés à des tâches autre que celles pour lesquelles ils étaient mis à sa disposition pose problème.

D’autant que cela l’oblige à défendre l’indéfendable, les détournements de fonds par Marine Le Pen et le RN/FN alloués par l’UE pour les mêmes raisons et qui ont servi à faire fonctionner le parti d’extrême-droite.

Mais l’on sait également que le président et fondateur du MoDem a toujours dirigé ce dernier comme son bien personnel et comme étant à son seul service ce qui en a fait une coquille vide sans élus pendant des années jusqu’à ce qu’Emmanuel Macron lui sauve la mise en 2017 en lui permettant d’avoir des députés, ce qui l’a sauvé de la disparition et de la faillite.

Beaucoup au Centre ont toujours refusé de voir en lui un leader naturel et nombreux ont été ceux qui l’ont quitté au fil des années pour ce motif et l’absence de réelle démocratie à l’intérieur du Mouvement démocrate.

Enfin, n’oublions pas qu’à part l’élection présidentielle de 2007 où il obtient plus de 18% des voix sans pour autant se qualifier pour le second tour, lui et son parti ont rarement dépassé les 10% de voix au cours d’une élection nationale.

En revanche, et malgré des débuts un peu brouillons voire chaotiques, la méthode de gouvernance qu’il est en train de mettre en place est la bonne même si sa chance de réussite n’est pas du tout assurée du fait des comportements des extrêmes et du clientélisme de la Gauche et de la Droite.

Et celle-ci ressort de ses convictions profondes quant à ce que doit être une démocratie républicaine.

Dommage que l’homme démontre qu’il n’est pas au niveau de la méthode même si nous devons espérer qu’elle pourra être plus forte que l’homme – voire qu’elle sera capable de le transcender – et lui assurer de demeurer en place pour le bien du pays.

Jean-François Borrou