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vendredi 3 janvier 2025

La quotidienne centriste du 3 janvier 2025. Etats-Unis – Qui était vraiment Jimmy Carter?


L’ancien président des Etats-Unis, Jimmy Carter, est mort le 29 décembre à 100 ans après une vie bien remplie qu’elle soit professionnelle, politique ou humanitaire.

Mais ce centriste, progressiste en matière sociétale et sociale malgré sa forte foi évangélique constamment revendiquée et même approfondie et conservateur en matière d’économie, n’a jamais été facile à cerner surtout qu’il s’est caché derrière des masques pour son ambition personnelle mais aussi pour faire triompher ses valeurs.

Un exemple permettra de l’expliciter.

Quand il s’est présenté en 1970, en total inconnu, au poste de gouverneur de la Géorgie, c’est en démocrate du Sud qu’il a fait campagne, étant capable, pour une des dernières fois, de se faire élire grâce à une coalition contre-nature de progressistes et d’ultra-conservateurs sudistes racistes qui n’étaient pas encore prêts alors à voter pour le Parti républicain, celui de Lincoln vainqueur de la Guerre de sécession (Guerre civile pour les Américains) qui mit fin aux rêves d’une confédération réactionnaire indépendant et à l’abolition de l’esclavage.

Ainsi, il resta, sinon très évasif, mais même plus qu’ambigu sur les droits civiques en faveur de la communauté noire.

Lors de son discours après sa victoire, pourtant, il expliqua à une assemblée dont une grande partie fut médusée, que son programme était d’éradiquer complètement le racisme en Géorgie et de se battre pour l’égalité politique et économique en faveur des noirs, ce qui provoqua un chahut et des insultes contre le «traitre» à sa communauté.

Ce double langage fut utilisé plus d’une fois par Jimmy Carter, ce qui désarçonna également ses soutiens progressistes qui virent souvent en lui un conservateur pur et dur.

Il fut élu président des Etats-Unis en 1976 et ne servit qu’un seul mandat qui fut jugé, à tort, négativement alors qu’il fut à l’origine de nombreuses mesures, entre autres, en matière environnementale, dans le domaine de la santé notamment mentale, en créant un ministère uniquement dédié à l’Education (celui-là même que Trump veut supprimer) en regroupant diverses administrations éparpillées, en dérégulant le secteur de l’aviation commerciale et celui de la bière, ainsi qu’en matière de droits des gays et des lesbiennes.

Sa politique étrangère fut constamment fondée sur la défense de la démocratie et le respect des droits humains même s’il fut parfois rattrapé par la realpolitik.

C’est ainsi qu’il boycottera les Jeux olympiques de Moscou suite à l’invasion de l’Afghanistan par le régime communiste en place au Kremlin et que son aide au talibans permis, in fine, la défaite de l’URSS dans cette guerre et surtout sa chute avec, en retour, un pays qui retourna au Moyen-Age notamment en matière de droits des femmes et qui fut un havre pour le terrorisme islamique d’où Ben Laden lancera son attaque contre le World trade center de New York le 11 septembre 2001.

A la fin de sa présidence, il fut critiqué par tous les bords du spectre politique qui lui rende aujourd’hui un hommage appuyé !

Au-delà de l’habituelle hypocrisie face à la mort, ces compliments sont également destinés à différentes actions de Jimmy Carter.

Certains vantent son honnêteté, d’autres le fait qu’il est un des rares présidents et le seul de l’ère moderne qui, au cours de son mandat, ne connut aucun conflit armé.

Nombre de ses admirateurs le sont de son action après sa présidence en matière de défense des droits de l’humain et de la démocratie républicaine ainsi que pour ses nombreuses médiations dans les conflits, le tout lui procurant un mérité prix Nobel de la paix.

Beaucoup n’ont pas oublié également qu’il fut l’artisan de la paix entre Israël et l’Egypte grâce aux accords de Camp David en 1978 entre Begin et Sadate, réussissant l’impossible, paix qui tient toujours près de cinquante après sa conclusion.

Si l’homme, admirateur de Bob Dylan tout en ayant une foi chrétienne sans borne, n’était pas un produit des années 1960, des mouvements pour la paix (il fut un membre des forces armées pendant longtemps avant de devoir prendre la suite de son père décédé dans la direction de l’entreprise familiale de cacahouètes) ou hippy, s’il n’a jamais flirté avec la gauche radicale de cette époque, il a tout de même libéralisé la société étasunienne.

Surtout, il a redonné une certaine morale à la politique américaine après la présidence catastrophique en la matière du très droitiste Richard Nixon et l’épisode du Watergate.

Mais sa volonté de faire en sorte d’éviter l’impérialisme américain sur la scène internationale et de pratique le plus souvent des relations équilibrées avec les autres pays de la planète ont fait, pour ses détracteurs, celui qui a fait perdre son leadership aux Etats-Unis et que Ronald Reagan sut exploiter pour le battre lors de la présidentielle de 1980 avec, ne l’oublions pas, l’aide de l’ayatollah Khomeiny qui refusa de libérer les otages de l’ambassade américaine de Téhéran en vue de faire perdre le démocrate mais aussi, on l’oublie trop souvent, l’aide d’Edward Kennedy qui se présenta contre lui et l’obligea à mener un combat lors de primaires démocrates puis qui refusa d’appeler à voter en sa faveur lui aliénant une grande partie de l’aile gauche du parti.

Quoi qu’il en soit, l’homme qui vient de disparaître était un vrai humaniste.

 

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour] 

 

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Qui ne veut pas vivre en sûreté?


Arrêtons une bonne fois pour toute de prétendre que la sécurité serait une valeur de droite.

Comme l’expliquait Proudhon, créateur de l’anarchie en temps que philosophie politique et peu suspect de bienveillance avec la Droite, parmi les «droits naturels et imprescriptibles» de l’humain, on trouve, aux côtés de la liberté et de l’égalité, la «sûreté» que le CNRTL définit comme l’«état ou situation de ce qui n'est pas en danger, de ce qui ne court aucun risque».

Et le penseur de Besançon ajoutait, «La plus haute perfection de la société se trouve dans l'union de l'ordre et de l'anarchie», anarchie étant entendu, selon lui, comme sans société sans pouvoir mais nullement sans ordre.

Car, oui, pour que l’humain puisse exercer au maximum sa liberté et profiter de son égalité, il doit pouvoir vivre en sûreté dans une société où règne l’ordre.

Mais allons plus loin, la sécurité est avant tout une valeur du Centrisme parce que le Centre et les centristes ne réduisent pas celle-ci à la protection des biens et des personnes comme le fait la Droite ou la protection sociale comme le fait la Gauche mais embrasse toutes les caractéristiques de la sécurité que ce soit en matière politique, économique, sociale et sociétale.

Ainsi, la sécurité permet de pouvoir utiliser effectivement les droits de l’humain au cœur même de la démocratie républicaine libérale.

C’est une évidence rappelée par nombre de politistes et philosophes mais qui est souvent niée par tous ceux qui associent faussement la sécurité à l’appareil répressif de l’Etat, à la police pour ce qui est de la sécurité face aux menaces intérieures à l’ordre public et à l’armée concernant la sécurité face aux menaces extérieures à la paix et à l’intégrité territoriale.

Pour en revenir à la sûreté des êtres humains dans tous les aspects de leur existence, être contre c’est être contre leur dignité et le respect de leurs individualités respectives.

Se battre pour que celle-ci ne soit pas instrumentalisée pour n’être que de la répression ou pour qu’elle ne soit pas un outil de domination de certains est tout à fait légitime.

Mais la rejeter à priori comme étant par nature néfaste comme l’ont fait récemment, entre autres, des mouvements venus des Etats-Unis qui se proposaient de couper le budget de la police est une atteinte évidente à un droit fondamental de l’humain.

Dans le monde dans lequel nous vivons qui ne s’appelle pas le paradis, la police et l’armée sont des organisations nécessaires et indispensables.

Un jour, peut-être, tel ne sera plus le cas.

Il est loin d’être proche, ce que l’on peut regretter.

Dans ce début de troisième millénaire où montent les périls, où la violence est légitimée par les populismes et les extrémismes, prônée par les autocraties et les totalitarismes, la sûreté, la vraie, est une valeur humaniste.

Ceux qui la vilipendent sont d’abord des ennemis de la démocratie républicaine mais aussi de la liberté et de l’égalité qui ne peuvent s’exercer sans elle.