La dignité auquel à droit l’humain dans une société d’humains, c’est l’impérative protection de son intégrité physique et psychologique, c’est le respect catégorique de son individualité et de ses différences et c’est la reconnaissance de sa personne par autrui.
Sans protection absolue de cette dignité aucune des valeurs précitées ainsi que des principes et des règles démocratiques ne peuvent exister réellement.
A quoi sert-il de promettre la liberté et l’égalité à quelqu’un à qui on dénie sa dignité?
Alors, bien sûr, partout on promet de la respecter.
Que ce soit dans la Déclaration universelle des droits humains de l’ONU ou dans la Charte européenne des droits fondamentaux de l’Union européenne (*) ainsi que dans des Constitutions comme celles de l’Allemagne, de la Suisse ou de la Belgique ou dans des lois dans nombre de pays.
En France, une décision du Conseil constitutionnel en a fait «un principe à valeur constitutionnelle» depuis 1994.
Encore faut-il que les actes suivent les promesses.
D’autant que tout le monde n’est pas d’accord sur la définition de cette dignité et que certains remettent même en cause sa prééminence voire son importance.
On va même jusqu’à prétendre que la dignité serait indigne parce qu’elle est instrumentalisée par des groupes identitaires, religieux ou politiques pour défendre leurs droits à une «différence» qui serait contraire aux valeurs humanistes.
Mais rappelons une énième fois que ce n’est pas parce que des idéologies détournent des mots, des idées et des concepts que ceux-ci sont à bannir.
Il faut se battre contre ces détournements pas contre le mot lui-même.
Et disent une partie de ses défenseurs, encore faut-il la mériter, son respect n’est pas donné à tout individu.
On peut adhérer à cette conditionnalité de la dignité humaine.
Mais cela n’enlève rien à ce qu’elle soit le fondement général même si quelques exceptions peuvent exister, non pas à la naissance, mais du fait d’agissements au cours de l’existence qui pourraient justifier que cette dignité soit retirée à certains personnages qui ont bafoué celle des autres de manière importante et systématique.
De ce point de vue, tout être humain bénéficie automatiquement du respect de sa dignité au moment de sa venue au monde et il ne doit pas justifier de quoi que ce soit pour qu’elle lui soit accordée tout au long de sa vie s’il ne commet pas des actes barbares qui remettent en cause celle des autres.
Toujours est-il qu’une dignitocratie est l’étape supérieure de la démocratie.
Au moment où cette dernière est attaquée et que les valeurs humanistes sont de plus en plus contestées, établir une société sur la dignité de l’humain serait le moyen le plus consistant pour, d’une part, barrer la route aux extrêmes dans les pays démocratiques et refouler les tentatives des régimes autocratiques et totalitaires de devenir le modèle sociétal et, d’autre part, de travailler à concrètement réaliser le projet démocratique qui ne s’est jamais limité à des élections populaires mais dont l’objectif est d’installer un régime dont la finalité est le respect de la personne ainsi que l’opportunité et la potentialité pour celle-ci de réaliser son projet de vie dans le meilleur environnement possible.
Le moment est là, ne le laissons pas passer.
Soyons dignes de la dignité humaine.
(*) > Charte des droits fondamentaux de l’Union européennes:
Titre I: Dignité
Article 1
Dignité humaine
La dignité humaine est inviolable. Elle doit être respectée et protégée.
Article 2
Droit à la vie
1. Toute personne a droit à la vie.
2. Nul ne peut être condamné à la peine de mort, ni exécuté.
Article 3
Droit à l'intégrité de la personne
1. Toute personne a droit à son intégrité physique et mentale.
2. Dans le cadre de la médecine et de la biologie, doivent notamment être
respectés:
a) le consentement libre et éclairé de la personne concernée, selon les
modalités définies par la loi;
b) l'interdiction des pratiques eugéniques, notamment celles qui ont pour but
la sélection des personnes;
c) l'interdiction de faire du corps humain et de ses parties, en tant que tels,
une source de profit;
d) l'interdiction du clonage reproductif des êtres humains.
Article 4
Interdiction de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants
Nul ne peut être soumis à la torture, ni à des peines ou traitements inhumains
ou dégradants.
Article 5
Interdiction de l'esclavage et du travail forcé
1. Nul ne peut être tenu en esclavage ni en servitude.
2. Nul ne peut être astreint à accomplir un travail forcé ou obligatoire.
3. La traite des êtres humains est interdite.
> Déclaration des droits humains des Nations Unies
Préambule
Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les
membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables
constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le
monde. (…)
Considérant que dans la Charte les peuples des Nations Unies ont proclamé
à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et
la valeur de la personne humaine, dans l'égalité des droits des hommes et des
femmes, et qu'ils se sont déclarés résolus à favoriser le progrès social et à
instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande.
Article premier
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils
sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres
dans un esprit de fraternité.
Article 22
Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale
; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits économiques, sociaux et
culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa
personnalité, grâce à l'effort national et à la coopération internationale,
compte tenu de l'organisation et des ressources de chaque pays.
Article 23
(…)
3. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et
satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la
dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de
protection sociale.
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