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mardi 22 avril 2025

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Ça veut dire quoi «démocratie» aujourd’hui


Le terme «démocratie» a toujours fait l’objet de définitions différentes, de controverses, d’instrumentalisation (comme les fameuses «démocraties populaires» de l’Est sous le joug alors de l’URSS) ou de catégorisation discutable et discutée (comme les désormais et soi-disant «démocraties illibérales»).

Dès lors, il n’est pas illégitime de se demander qu’est-ce qu’une démocratie aujourd’hui.

En partant de l’origine c’est un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, une définition donnée à Abraham Lincoln lors de son adresse aux morts sur le champ de bataille de Gettysburg lors de la guerre de Sécession (Guerre civile pour les Américains).

Elle était une sorte de définition moderne de ce que les philosophes grecs à l’instar d’Aristote qualifiaient de démocratie.

Encore faut-il ajouter que Lincoln parlait alors de la seule démocratie de la planète qui était celle étasunienne et qui était une démocratie représentative et non directe, cette dernière étant la seule véritable démocratie selon ses défenseurs à l’instar de Rousseau, même si celui-ci concluait qu’elle était impossible à mettre en œuvre.

Mais c’est cette démocratie républicaine libérale qui est devenue le modèle de ce que l’on a appelé jusque récemment une démocratie.

Bien sûr, il existait des variantes mais, globalement, en utilisant le terme «démocratie», on parlait de la même chose, d’une société libre qui défendait des valeurs humanistes.

Cependant, on voit déjà que cette définition moderne issue surtout de la Révolution française et des Lumières, ne concernait plus seulement une «technique» de gouvernement celle «du peuple, par le peuple et pour le peuple».

On y avait ajouté tout un corpus, au fil du temps avec des déclarations des droits de l’humain, des éléments de «démocratie sociale», etc.

Sauf que, en ce 21e siècle, après l’instrumentalisation par les régimes communistes du terme «démocratie» affublée d’un adjectif «populaire» au 20e, on a vu apparaître la démocratie «illibérale».

Celle-ci est un oxymore si l’on prend ce que l’on entend par démocratie au sens large mais qui ne l’est plus si l’on s’attache uniquement à la démocratie en tant que technique électorale et gouvernementale.

Car, à part le fait que le peuple élit des représentants qui gouvernent son nom et pour son intérêt, rien ne concerne alors le respect de quelques valeurs, principes ou règles autres et notamment tout ce qui a à voir avec l’humanisme.

C’est pourquoi il est sans doute important de procéder à une actualisation du terme «démocratie».

Soit on considère qu’est une démocratie, un pays qui organise des élections plus ou moins libres pour élire des représentants qui gouverneront en son nom, donc qu’il s’agit uniquement d’un système électoral qui permet au peuple de voter pour ceux qui vont le représenter et gouverner à sa place.

Soit on considère qu’est une démocratie, le pays qui développe le «projet démocratique» qui ne limite pas à élire des représentants mais qui est un corpus de valeurs, de règles et de principes qui visent à l’émancipation des individus en les transformants en des citoyens qui ont des droits et des devoirs et qui bénéficient du respect de leur dignité et de leur individualité dans le cadre d’une société sous l’égide de la liberté, de l’égalité et de la fraternité et régit par l’Etat de droit.

Si l’on opte pour la première définition, il est urgent de rebaptiser la démocratie du projet démocratique et j’ai déjà, à plusieurs reprises, estimé qu’il faudrait alors l’appeler «respectocratie» ou «dignitocratie».

Il faut bien comprendre qu’il ne s’agit nullement de s’amuser à trouver des nouveaux noms pour le plaisir mais il est primordial, surtout en démocratie, de bien nommer les choses et de ne pas laisser la place à l’ambiguïté qui permet souvent aux adversaires des valeurs humanistes de semer le trouble sur ce que sont les véritables objectifs de leurs propres desseins.

Et si la démocratie peut être tout et son contraire, elle sera forcément perdante à terme.

 

 



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