C’est dans ce sens que l’on doit apprécier l’initiative prise par Gabriel Attal et Valérie Hayer d’avoi organisé ce lundi 24 mars un «Sommet pour la démocratie et les libertés» qui a réuni une soixantaine de partis et organisations de l’axe central et progressistes européens.
► Ce sommet a donné lieu
à la «Déclaration de Paris»:
Les démocraties libérales
peuvent l’emporter
La démocratie est attaquée. La lutte pour la défendre est plus urgente que
jamais. La Russie despotique envahit et menace. La Chine autocratique se
développe. L’Amérique de Trump glisse vers l’oligarchie et la ploutocratie.
L’extrémisme montre à nouveau son ignoble visage en Europe. Beaucoup pensent
que tout est perdu, pourtant ce n’est pas la fin de l’histoire. Nous pouvons,
et devons, trouver la force pour continuer le combat. La démocratie peut
gagner. Nous sommes des dirigeants de partis politiques. Nous sommes des
membres du Parlement européen. Nous sommes des membres éminents des parlements
nationaux. Nous appartenons tous à une famille politique profondément enracinée
dans la démocratie et les valeurs libérales.
Ensemble, nous le disons haut et fort : la démocratie libérale reste le système
de gouvernement le mieux placé pour faire progresser et défendre le progrès.
Réunis aujourd’hui à Paris, nos partis, qui occupent une place centrale dans
nos systèmes politiques respectifs, affirment leur alliance politique pour
défendre la démocratie et structurer des majorités capables de la réarmer, que
ce soit pour défendre l’Ukraine, restaurer l’ordre multilatéral ou stimuler la
croissance économique chez nous. Nous nous engageons à lutter pour la
démocratie aux niveaux local, national, européen, et au-delà. Nous nous
engageons à ce qui suit :
1. Une alliance des démocraties libérales
La situation actuelle de la démocratie libérale dans le monde est désastreuse.
Sur 167 pays, moins de 45 % sont des démocraties et 55 % sont des régimes
semi-autoritaires ou autoritaires. Nous ferons tout notre possible pour
inverser cette tendance. Nous sommes déterminés à unir les démocraties
libérales partout dans le monde. Notre initiative est prête à s’étendre, en
coopérant avec d’autres pays et forces politiques démocratiques. Ce sommet
marque le début d’un effort plus large et plus durable pour sauvegarder et
faire progresser les principes démocratiques à travers le monde. Il constituera
la première étape de notre démarche d’opposition à l’«internationale
réactionnaire» et illibérale à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés. Cette
initiative constitue un rempart contre les influences autoritaires, appelant à
favoriser la coopération et le soutien mutuel entre les nations membres. Nous
reconnaissons que la force de nos démocraties réside dans notre unité et notre
engagement commun en faveur de l’État de droit, des droits de l’homme et des
principes inhérents à des sociétés libres. C’est pourquoi nous sommes
déterminés à lutter contre les ingérences étrangères et la désinformation sur
les réseaux sociaux et ailleurs. Il n’y a pas d’autres régimes que les démocraties
où la liberté d’expression est autant préservée. En restant unis, nous pouvons
mieux relever les défis complexes de notre époque et faire en sorte que les
valeurs démocratiques restent la pierre angulaire de la gouvernance mondiale. Nos
forces politiques ont convenu de se réunir à nouveau à Bruxelles en juin 2025.
2. Assurer une paix et une prospérité durables.
Les cyniques disent que la paix n’existe pas et que la paix n’est que la guerre
prenant une pause. Nous leur prouverons qu’ils ont tort. Une paix durable est
notre objectif politique primordial, et elle doit être la pierre angulaire de
la stabilité mondiale. Mais la paix ne peut être obtenue à n’importe quel prix.
Les conditions de la paix doivent respecter les droits fondamentaux et
préserver la souveraineté territoriale des nations et de leurs citoyens. À cet
égard, nous condamnons toute menace contre la souveraineté d’un territoire
autonome d’un État membre de l’UE. Par conséquent, nous rappelons notre soutien
total au Groenland et au Danemark ainsi qu’au droit des Groenlandais de décider
de leur avenir. La paix n’est pas seulement l’absence de conflit, mais aussi la
présence de la justice, de l’État de droit et de la protection de la dignité
humaine. Nous nous engageons à promouvoir le dialogue, la diplomatie et la
coopération internationale comme principaux moyens de résolution des conflits.
Plus les démocraties sont fortes, plus la paix peut être assurée ; nous
travaillerons sans relâche à la construction d’un monde plus démocratique où
les droits et les libertés de tous les individus sont respectés et protégés. La
paix et la démocratie sont les pierres angulaires de la prospérité. Nous
croyons que la prospérité est un facteur clé de stabilité pour nos sociétés et
nos modèles économiques et sociaux. Nous nous engageons à stimuler la
croissance économique en renforçant notre base industrielle dans tous les secteurs
et en innovant autant que la dynamique du 21e siècle l’exige. Cet effort
impliquera de garantir notre indépendance énergétique, notamment en éliminant
progressivement les importations d’énergie russe. À cet égard, nous nous
félicitons de la synchronisation des réseaux électriques des États baltes avec
le réseau continental européen et de la coopération visant à stimuler l’énergie
offshore en mer du Nord.
3. Construire une véritable défense européenne
En 1940, Roosevelt déclara que l’Amérique devait être «l’arsenal de la
démocratie». La nouvelle administration américaine a renoncé à ce rôle.
L’Europe doit reprendre le flambeau, pour sa propre sécurité mais aussi pour
garantir un avenir prospère et durable à l’humanité. Nous nous engageons à
prendre des mesures politiques organisées et coordonnées dans nos pays et au
niveau européen pour préparer nos nations, notamment, à cet effort de défense nécessaire.
Nous allons promouvoir et faciliter la mise en place d’un cadre de défense
européen et d’une base industrielle solides et efficaces. Nous reconnaissons
également que l’environnement actuel de sécurité et les menaces multiples, complexes
et évolutives en matière de sécurité exigent des États membres qu’ils
consacrent au moins 3 % de leur PIB à la défense, et nous sommes prêts à
prendre des mesures pour aller en ce sens. Cette augmentation est cruciale pour
assurer notre souveraineté et notre sécurité collectives. Nous rappelons de
plus que le bien-être des Européens et leurs besoins en matière de sécurité ne
sont pas contradictoires. Les deux sont nécessaires et essentiels pour nos
nations.
Nous saluons également la proposition de discuter de l’élargissement de la
dissuasion nucléaire française à d’autres pays européens. Cette capacité de
dissuasion renforcera notre capacité collective à décourager les menaces et à
garantir la paix tout en maintenant son droit de décision exclusif.
4. Soutenir l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra
L’Ukraine incarne la lutte pour la liberté et la démocratie. Elle est une
source d’inspiration pour nous tous. Nous soutenons les Ukrainiens et leurs
aspirations européennes. Aujourd’hui, demain, et aussi longtemps que
nécessaire. Nous voulons mettre en place des mécanismes juridiques et
financiers pour utiliser les avoirs publics russes gelés, afin de soutenir la
défense et la reconstruction de l’Ukraine, d’indemniser les victimes de
l’agression russe et de contribuer au financement des réparations, légitimes,
de guerre, dues par la Russie à l’Ukraine et à son peuple, pour sa guerre
d’agression. En outre, nous soutenons sans réserve l’accélération des
négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, gardant à l’esprit
que le futur élargissement de l’Union nécessite de profondes et crédibles
réformes internes qui sont indispensables pour en faire un succès pour tous.
Nous voulons intégrer l’Ukraine et considérer le pays comme un État membre dans
certains domaines pertinents où l’Ukraine et l’UE sont prêtes à le faire, par
exemple s’agissant de la construction d’une base industrielle de défense
commune. Nous voulons permettre aux représentants ukrainiens de participer en
tant qu’observateurs au Parlement européen dès que possible, et au plus tard en
2026. Cette initiative sans précédent enverra un signal fort de notre
solidarité et de notre engagement envers l’avenir européen de l’Ukraine.
5. Défendre les droits de l’homme dans le monde entier
Nous nous engageons à promouvoir les valeurs démocratiques et les droits de
l’homme tant dans nos propres pays que dans le monde entier. Nous nous
efforcerons de renforcer les institutions démocratiques, de protéger l’État de
droit et de défendre les principes inhérents à des sociétés ouvertes et
inclusives. Nous défendrons les droits de tous les individus, quels que soient
leur origine, leur race, leur sexe, leur orientation sexuelle ou leurs
croyances. Nous lutterons contre la discrimination, l’intolérance et
l’injustice sous toutes leurs formes. En promouvant les valeurs démocratiques
et les droits de l’homme, nous pouvons construire un monde plus juste et plus
équitable pour tous. Nous appelons à des élections libres et équitables en
Biélorussie et nous soutenons le peuple biélorusse. Nous condamnons le régime
dictatorial d’Alexandre Loukachenko et la répression des opposants dans le
pays. Nous soutiendrons tous ceux qui luttent pour défendre la démocratie dans
leur pays, comme nous le faisons pour ceux de Géorgie, de Moldavie et d’autres
pays où le mouvement démocratique et pro-européen est plus vivant que jamais.
6. Renforcer le multilatéralisme
L’ordre multilatéral d’après-guerre, dans lequel personne n’agit seul mais où
les nations comptent sur la coopération, s’effondre. Pourtant, le besoin de
collaboration n’a jamais été aussi pressant. Les défis auxquels nous sommes
confrontés aujourd’hui sont globaux et nécessitent une action collective.
Depuis50 ans, le dollar américain est «ma monnaie, votre problème». Réinventer
le multilatéralisme nécessitera également un système monétaire plus équilibré.
Nous devons promouvoir l’euro en tant que monnaie de réserve, une monnaie de
premier ordre pour le commerce international, les réserves des banques centrales
et l’aide internationale. Du changement climatique aux pandémies, des menaces
sécuritaires et économiques aux bouleversements technologiques, nous devons
travailler ensemble pour trouver des solutions durables et inclusives. Nous
nous engageons à relever ces défis par la coopération internationale et le
multilatéralisme. Les démocraties libérales doivent continuer à travailler en
étroite collaboration pour lutter contre le changement climatique, promouvoir
le développement durable et construire des économies résilientes et inclusives.
C’est en travaillant ensemble que nous pourrons lutter contre les autocraties
et créer un avenir plus prospère, plus sûr et plus durable pour tous. Nous
devons aussi être prêts à réformer les formats existants que nous avons mis en
place ou à en créer de nouveaux, dans le cas où la collaboration échouerait.
[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.