► Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Crise créée par Trump sur l’Ukraine et la sécurité de l’Europe]
Je sonne un peu le tocsin. On va devoir aussi revisiter nos choix, nos choix
budgétaires, nos priorités nationales dans ce monde qui commence.
> [Crise créée par Trump sur l’Ukraine et la sécurité de l’Europe] Donald Trump crée de l’incertitude chez les autres parce qu’il veut faire des deals, trouver des accords. Donald Trump arrive avec une nouvelle administration et le président russe ne sait pas ce qu’il va faire, il se dit «Donald Trump est capable de tout». Eh bien, cette incertitude, elle est bonne pour nous et pour l’Ukraine ! Simplement, il faut réussir à, en quelque sorte, structurer ce qui va venir ensuite.
> [Crise créée par Trump sur l’Ukraine et la sécurité de l’Europe] Le service militaire aujourd’hui est suspendu dans nos textes. Nous avons une armée professionnelle, une armée de métier et aujourd’hui, notre priorité, c’est plutôt la sécurité du territoire français, nos alliés. Rétablir le service militaire du jour au lendemain serait une charge énorme pour nos armées parce que ce sont nos armées qui contribuent à cette formation. Donc est ce que c’est la solution miracle ? En vrai, pas tellement.
> [Crise créée par Trump sur l’Ukraine et la sécurité de l’Europe] Je pense qu’on va devoir inventer quelque chose collectivement qui fasse consensus dans la nation, mais qui permet à notre jeunesse, à toute la nation d’être plus résistante face à ces menaces.
> Aujourd’hui, celui qui a décidé de sacrifier des générations de Russes et d’Ukrainiens, c’est Vladimir Poutine. Et depuis le début, nous n’avons jamais été dans l’escalade et on n’a jamais impliqué notre jeunesse dans ce conflit, ni nos armées. Mais pour qu’il y ait une paix, il faut qu’il y ait des garanties. Cela veut dire que les Européens, les Américains, leurs alliés, doivent aussi dissuader la Russie. S’il n’y a pas cette dissuasion, la Russie ne respectera pas sa parole.
> [Crise créée par Trump sur l’Ukraine et la sécurité de l’Europe] Aujourd’hui, on équipe, on fournit des armes, des avions… nous ne sommes pas engagés, on n’a pas de combattants et (…), nous ne comptons pas envoyer de combattants en Ukraine. (…) Ce que nous n’excluons pas, mais dans un cadre planifié avec nos alliés, c’est de pouvoir avoir des forces qui, une fois la paix négociée, pourraient contribuer à garantir la sécurité de l’Ukraine.
> [Crise créée par Trump sur l’Ukraine et la sécurité de l’Europe] Quel est notre objectif ? Il est très simple. Premièrement, bien négocier pour une paix durable en Ukraine et défendre nos intérêts. Deuxièmement nous, Européens, nous devons augmenter notre effort de guerre et les Etats-Unis d’Amérique nous disent, il faut l’entendre, «on a trop payé pour vous, on veut que vous preniez plus votre part du fardeau». On doit dépenser davantage et mieux en Europe et prendre très rapidement des décisions au niveau national et européen pour avoir une Europe plus autonome, plus forte.
> [Crise créée par Trump sur l’Ukraine et la sécurité de l’Europe] On va avoir des initiatives diplomatiques à prendre, un plan à concevoir avec les Ukrainiens, avec l’ensemble de nos partenaires européens et alliés. C’est ce plan qu’on va discuter aussi avec les Américains, pour essayer de bâtir cette paix solide et durable avec les Ukrainiens autour de la table.
> [Crise créée par Trump sur l’Ukraine et la sécurité de l’Europe] Mon objectif, c'est d'éviter un tel sacrifice, d'éviter la guerre (...) en dissuadant la Russie d'aller plus loin. Si nous sommes faibles avec la Russie (...) alors, nous aurons sacrifié notre jeunesse et la génération d'après à coup sûr.
> Je viens à nouveau d'avoir une longue conversation avec plusieurs collègues de l'Union européenne, ainsi que le Canada, l'Islande et la Norvège. La position de la France et de ses partenaires est claire et unie. Nous souhaitons une paix en Ukraine qui soit durable et solide. Nous sommes aux côtés de l’Ukraine et prendrons toutes nos responsabilités pour assurer la paix et la sécurité en Europe. C’est l’intérêt fondamental de la France et j’en suis le garant. Nous partageons l'objectif, qui est aussi celui du Président Trump, de mettre fin à la guerre d’agression menée par la Russie depuis bientôt trois ans. Nos efforts pour la paix se poursuivront dans le respect des principes suivants, dans notre intérêt même : → L'Ukraine devra toujours être associée et ses droits respectés. → La paix devra être durable et accompagnée de garanties robustes et crédibles. → Les préoccupations de sécurité des Européens devront être prises en compte. Nous sommes convaincus de la nécessité d'accroître nos dépenses et nos capacités de défense et de sécurité pour l’Europe et chacun de nos pays. Des décisions seront prises dans les jours et semaines à venir.
> Aux côtés des familles de Cécile Kohler, Jacques Paris et Olivier Grondeau, toujours otages de l’Iran. Leur combat est celui de la Nation qui n’oublie aucun des siens. Nous exigeons leur libération immédiate.
> [Famille d’otages tuée par le Hamas] Shiri. Kfir. Ariel. Visages de l’innocence et de l’amour. Visages d’une humanité éternelle que la barbarie du Hamas, jamais, n’abolira. La France, mobilisée pour la libération de tous les otages, se tient aux côtés de Yarden et de la famille Bibas. En fraternité universelle.
> Je viens de parler au Président Lula. Nous pensons ensemble que la paix en Ukraine ne peut se faire que dans des discussions réunissant la Russie et l’Ukraine autour d’une même table. La paix est possible et la communauté internationale doit se mobiliser. Nous allons aussi œuvrer pour que la COP de Belém soit un succès et avons ensemble plusieurs initiatives en faveur du climat, de la biodiversité, des océans, de la démocratie, comme du développement économique et agricole. Le Président Lula viendra en visite d'État en France en juin prochain.
► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est
dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de
reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité
d’un Président de la République et d’un Premier ministre
centristes/centraux ; néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un
côté les ministres centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un
gouvernement de coalition du fait que le Président de la République et le
Premier ministre ne disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]
●
Ministres centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> Il y a trois ans, la Russie de
Poutine a agressé l'Ukraine de manière absolument injustifiée. Cette attaque a
marqué un renversement du monde, car nous vivions depuis la fin de la Seconde guerre
mondiale avec l'idée - certains diront : l'illusion - que les
relations internationales seraient régies par le droit et qu'aucun grand pays
ne remettrait en cause les frontières.
Poutine a été rejoint par d'autres grandes voix, dont, hélas, celle du
47e président des États-Unis, élu sur un discours que nous
avons bien à l'esprit.
Nous sommes inquiets et plongés dans le désarroi. L'Ukraine semble abandonnée
par l'entrée en dialogue du principal pays de l'Otan avec son agresseur pour,
semble-t-il, se partager la zone.
Depuis le général de Gaulle, la France défend avec constance une ligne
d'autonomie au service de l'équilibre international, dans l'idée que c'est de
nous que dépendent notre liberté et notre indépendance.
Le basculement du monde que nous vivons renforce deux volontés :
construire l'Europe, à peine esquissée, ce qui demandera d'importants
efforts ; assumer la responsabilité de la France, la première, dans cette
Europe qui se cherche. C'est de sa vitalité, de sa prospérité et de son unité que
dépendent l'avenir de l'Europe, ainsi que celui de l'Ukraine, que nous aimons.
> Au cours des
dernières décennies, la France a été constamment à l'avant-garde, souvent
seule, notamment dans la dernière décennie, pour défendre l'idéal d'une Europe
qui s'unirait pour exister.
Nous serons seuls, oui ; mais serons-nous nous-mêmes? L'Europe
va-t-elle choisir d'exister? To be or not to be : c'est
interrogation devant laquelle elle est placée.
Le plan, il repose en partie sur la volonté politique de construire une
défense qui ne dépende pas des autres, quels qu'ils soient. Vous savez tout ce
que cela implique, technologiquement et numériquement.
La force de l'Europe se joue aussi sur le plan économique. On ne peut en
rester à une situation aussi déséquilibrée, avec toute la croissance
outre-Atlantique, grâce à un puissant soutien de la FED, et toute la stagnation
chez nous, où la BCE garde une prudente réserve. Depuis longtemps, les
États-Unis organisent une captation, ajoutant une puissance monétaire sans
égale à une croissance soutenue technologiquement, industriellement et
fiscalement.
Ces questions sont existentielles. Le moment vient, les jours
approchent, les heures peut-être, où nous aurons, en citoyens responsables, à y
répondre.
> Je fais la
différence entre le peuple américain, notre allié, et l'administration en
place, qui, au grand désarroi de beaucoup, semble s'éloigner des positions
fondamentales défendues par les États-Unis depuis leur engagement dans la
Seconde guerre mondiale.
Sur le plan diplomatique, comme le ministre des Affaires étrangères vous
l'a régulièrement expliqué, nous entendons réunir les énergies européennes et
déployer un plan commun pour notre défense.
Sur le plan intérieur, nous devons résoudre nos problèmes pour retrouver
un élan sans lequel il n'y aura pas de position européenne à la hauteur de nos
espérances.
De cette double nécessité, nous débattrons le mois prochain.
> [Intervention à l’Assemblée à propos de la motion de
censure déposée par le PS]
Voilà la motion de censure, c'est la sixième que nous examinons en cinq
semaines, et voilà la motion de censure la plus cousue de fil blanc de toute
l'histoire parlementaire. Une motion de censure dont un des mieux informé de
cette Assemblée, ancien premier secrétaire du Parti socialiste et ancien
président de la République française a dit textuellement : « ce n'est pas
une motion de censure pour faire tomber le gouvernement, c'est une motion de
censure pour montrer que nous sommes dans l'opposition. » Si l'on peut dire une
motion de censure à faux, une motion de censure à blanc, après avoir à juste
titre refusé quatre motions de censure à balles réelles contre le gouvernement
et qui auraient été contre la France.
C'est une motion de censure de congrès. Et voilà le parti de Blum, de Jaurès,
le parti de François Mitterrand et de Jacques Delors, dont j'imagine vous devez
bien avoir dans vos locaux des portraits, réduits à une motion de censure pour
faire semblant. Il y a une vieille expression dans les vallées pyrénéennes,
pour se moquer gentiment, des villages voisins réputés moins prospères. On
disait : « ce sont des pays où l'hiver, les corbeaux volent sur le
dos pour ne pas voir la misère ». Eh bien, les portraits des grands
ancêtres, il va falloir que vous les retourniez contre le mur pour qu'ils ne
voient pas à quels expédients le Parti socialiste en est réduit. Car vous en
arrivez au moment où la planète chancelle sur ses bases, où le danger est
partout, où la guerre d'agression de Poutine fait rage en Ukraine, où la Chine
déploie sa puissance pour nous soumettre économiquement, au moment où le 47e
président des États-Unis évoque rien moins que l'annexion du canal de Panama,
de Gaza et du Groenland, où l'Europe que nous avons voulue ensemble et
construite ensemble ne parvient pas à s'unir, voilà une motion de censure pour
faire semblant, de manière à enlever à Jean-Luc Mélenchon, un angle de sarcasme
contre vous. Mais vous ne détournerez rien, car vous aurez les sarcasmes et
vous aurez le ridicule. Je dis cela avec tristesse. J'expliquerai à la fin de
ce propos pourquoi je pense, et pas d'aujourd'hui, que la démocratie française
a besoin de socialistes libres, comme elle a besoin de gaullistes libres, de
démocrates libres, de grands partis réformistes de gouvernement à côté ou en
face des mouvements protestataires, contestataires, plus radicaux, les uns sur
la ligne nationaliste, les autres sur la ligne soi-disant révolutionnaire.
J'ai toujours plaidé tout au long de ma vie politique la même conviction :
« si nous pensons tous la même chose, alors nous ne pensons plus
rien ». La démocratie française a besoin de respect mutuel. Mais elle a
d'abord besoin que chacun se respecte soi-même. Et c'est à cela que manque
cette motion de censure pour faire semblant.
Alors parlons maintenant des prétextes. Car ce ne sont que des prétextes. Car
il n'y a pas un parlementaire dans cette Assemblée, sur quelques bancs qu'il
siège, même sur ceux qui nous combattent et nous détestent, qui croient que
nous ne respectons pas les valeurs de la République. Beaucoup pensent que nous
sommes incapables, beaucoup pensent que nous sommes nuls, à côté de la plaque,
loin de ce qu'il conviendrait de faire, agaçants et insupportables, mais il
n'en est pas un en vérité pour croire que nous ne respectons pas la République.
Car la République, nous l'avons, historiquement, nous l'avons défendue et
sauvée, tous les courants qui appartiennent à ce gouvernement, et tous les
courants de gouvernement en un temps dont j'ose espérer qu'il n'ait pas révolu,
pour composer ensemble quand il fallait la résistance française.
Mais on voit bien de quoi il s'agit. D'habiller de mots les plus grands et les
plus grandiloquents possibles, de médiocres, médiocrissimes intérêts,
minuscules intérêts électoraux, microscopiques intérêts de courant de congrès,
et ce faisant, je vous le dis comme je le crois, vous vous trompez.
C'est dommage, monsieur Faure, je vais parler de vous, c'est bête. J'avoue que
c'est la première fois que je vois un parti qui dépose une motion de censure
quitter l'Assemblée pendant la discussion de sa motion de censure. Mais bon,
l'innovation est la marque des peuples vivants.
Et donc d'habiller ses intérêts électoraux et intérêts de courant de congrès.
Et je crois que vous jouez contre vous-même en faisant cela.
Donc vous vous êtes saisi avec la même grande éloquence de ceux que j'ai
employé le mot « submersion » dans une émission de télévision. Je n'ai pas employé,
jamais, le mot de « submersion » migratoire. Mais vous vous êtes à loisir et
pendu sur ce sujet. Alors je veux rappeler le contexte, je veux rappeler le
contexte puisqu'aujourd'hui il faut se justifier de tout. C'était l'émission de
Darius Rochebin et j'étais dans cette émission et au bout d'une heure ou de
plus d'une heure d'émission, le journaliste me pose une question à laquelle je
dois l'avouer, c'est assez rare, je ne m'attendais pas. Et il a dit ceci :
je suis allé voir les photos de votre enfance au lycée de Nay, dans les
Pyrénées-Atlantiques, au pied des Pyrénées, et j'ai remarqué, dit-il, quelque
chose. J'avoue qu'à cet instant, mon esprit battait un peu la campagne en
repensant à ces photos auxquelles nous sommes tous attachés, auxquelles sont
attachés tant de souvenirs et de tendresse, et j'avoue que je ne voyais
vraiment pas où il voulait en venir. J'ai remarqué, dit-il, que dans votre
classe, vous étiez tous blancs. Imaginez que dans un pays africain, au Sénégal
ou au Congo, on ait interrogé un responsable politique en lui disant « j'ai
regardé vos photos d'enfance et vous êtes tous noirs ». Je crois qu'on en
parlerait aux quatre coins du continent et que ceci aurait dit quelque chose du
temps que nous vivons. Et j'étais saisi, je dois l'avouer, à la pensée que ces
garçons et ces filles, que nous étions ensemble, je n'avais jamais pensé qu'ils
étaient blancs. Nous étions quelques 600 élèves en effet, et dans tout le lycée
il y avait un Africain, dont nous étions tous les garçons vaguement jaloux.
Parce qu'il était toujours au coin de la cour du lycée, sur le même banc, avec
une très jolie fille, pleine de charme, qui se reconnaîtra si elle écoute.
Alors j'ai répondu, et donc sa question était, prolongée par le
journaliste : vous étiez tous blancs, est-ce que vous pensez qu'il faut
métisser la France ? Et j'ai répondu deux choses. D'abord, que je ne regardais
pas la couleur de la peau. Et ensuite, qu'il y avait du danger dans une telle
affirmation. Parce que si nos compatriotes considèrent que la couleur de la
peau doit inexorablement changer, qu'ils le veuillent ou non, si c'est une
fatalité qu'on leur commande de subir, même contre leur gré, alors ils auront
le sentiment de perdre le contrôle, et c'est ce que j'ai appelé submersion. Et
je répète que je n'ai jamais dit « migratoire », j'ai dit
« submersion » et « migratoire » jamais.
Et si vous ne vous rendez pas compte de cela, pas compte que les choses qui
viennent du fond des âges, même si vous direz qu'elles sont archaïques, font
partie de la nature humaine. Alors vous passez à côté de choses bien plus
profondes que l'addition de Marx, Lénine, Staline et Trotski réunies. Et
méfiez-vous, à force de nier l'archaïque, alors vous ouvrez la voie à tous les
Trump, à tous les Vence, à tous les Musk de la création, spécialement à tous
les suprémacistes et à tous les racistes, spécialement dans les milieux, comme
vous dites, populaires, ceux qui vivent dans les difficultés sociales et
culturelles, et qui se croient dépossédés de leur destin. Vous les transformez,
malgré eux, en chair à canon de la mondialisation. Vous touchez non pas à ce
qu'ils ont, mais à ceux qu'ils sont ou croient être. Vous faites, avec la
bouche en cul de poule, le lit de toutes les instrumentalisations. Mais il y a
pire.
Les mêmes qui osent déclarer que nous faisons la politique de l'extrême droite.
Les hypocrites, les hypocritissimes, quand François Mitterrand disait « le
seuil de tolérance est atteint » , ce qui est une phrase qui touche à une
conception organique de la société, qui est décrite comme se défendant contre
une agression, à cette époque, qu'ont-ils dit ?
Mais il y a pire dans l'hypocrisie. Et je regrette que M. Faure soit parti.
Peut-être parce qu'il imaginait ce que j'allais dire. Le responsable politique
qui est le principal leader du parti qui dépose la motion de censure, M.
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, que dit-il le 25 octobre
2018 ? Je cite exactement, j'ouvre les guillemets. Il dit : « il
existe aujourd'hui des endroits où le fait de ne pas être issu de l'immigration
peut poser problème à des gens dans les quartiers, qui peuvent se sentir
exclus. Il y a des endroits où des regroupements se sont faits génération après
génération, qui donnent le sentiment qu'on est dans une sorte - écoutez bien -
de colonisation à l'envers. Ce que m'a dit un jour - dit-il - une de mes
concitoyennes, qui me disait, après avoir voté longtemps pour la gauche,
qu'elle ne voulait plus voter pour nous - c'est M. Faure qui parle - parce
qu'elle avait le sentiment d'être colonisée ». Et il ajoute « ce
message-là, je l'entends ». « Colonisation à l'envers », ce
message-là, M. Faure l'entend. Mais est-ce que M. Faure sait que
« colonisation à l'envers », c'est bien plus grave que seuil de
tolérance ou que sentiment de submersion, qui n'est que le constat d'une
situation subie. « Colonisation à l'envers », c'est autre chose.
C'est un projet politique, un dessin politique, une volonté de conquérir et de
soumettre.
Et c'est le même responsable politique qui, vêtu de probité candide et de lin
blanc, et j'imagine d'un peu de fond de teint pour effacer le rouge de la
honte, dit hier à la radio que nous sommes connivents avec l'extrême droite et
même en fusion idéologique avec l'extrême droite. Celui qui dit « colonisation
à l'envers ».
«Ce message-là, je l'entends ». Ce sont ses mots précisément. J'ai donné la
date et j'ai dit la radio. Et vous pouvez aller vérifier la précision de cette
affaire.
Alors parlons un peu d'immigration, puisque c'est le sujet. L'immigration, c'est
d'abord la misère du monde. Nous le savons bien, nous qui fûmes, pays
d'émigration. Pourquoi s'en allaient-ils ? Pourquoi partaient-ils, nos
arrière-grands-parents basques, béarnais, bretons ? Parce que c'était la
misère. Ils allaient vers une vie qu'ils croyaient beaucoup plus facile. Et
beaucoup y mouraient. Je parle de ma propre famille. Alors ceux-là, qui sont
aujourd'hui dans la misère, ils viennent chez nous ou ils passent chez nous.
Ils passent parce que 300 000 se sont accumulés au fil des années, parce que ce
qu'ils veulent, c'est passer en Grande-Bretagne. L'immigration, c'est une
partie de notre France. 25% des Français, dit-on, descendent d'un parent
immigré de la première, deuxième ou troisième génération. Et c'est votre cas,
madame, et vous avez raison de le revendiquer à la tribune.
C'est notre réalité et c'est une réalité d'enrichissement de notre pays.
Immigration européenne, espagnole, portugaise, italienne, polonaise, russe,
iranienne, chassée par la guerre, chassée par la misère. Immigration d'autres
continents, très bien intégrée pour la plupart. Indochinoise, vietnamienne,
cambodgienne, laotienne, d'Amérique du Sud, chilienne, brésilienne, argentine,
chassée par la guerre, chassée par la misère. Immigration d'Afrique du Nord
après la présence française en Algérie. Des liens si forts avec le Maroc et la
Tunisie. Des liens, faut-il le rappeler, que nous avons voulus, nous,
communauté nationale. Des liens avec des communautés entières, des familles
entières qui avaient cru à la parole de la France durant la tragédie de la
guerre d'Algérie et je veux à cette tribune évoquer nos compatriotes harkis à
l'égard de qui notre dette ne s'éteindra pas. Immigration africaine, enfin,
causée par le dénuement et la recherche d'un destin différent, favorisée par un
lien indissoluble, la langue, la culture, la langue française, les études en
France, le travail en France, que nos dirigeants de l'époque économique et
politique ont tous souhaités. Et disons la vérité, s'agissant de nombre de
dirigeants économiques, continuent à souhaiter.
Est-ce que ceux-là sont des compatriotes pleins et entiers ? Ils le sont !
Est-ce qu'ils ont contribué au rayonnement de la France ? Magnifiquement ! Car
nous ne sommes pas un pays qui se fait sur une nation par l'origine ethnique,
géographique, par la couleur de la peau. Et nos compatriotes des Antilles sont
là pour la plupart pour l'attester, descendants d'esclaves africains. Nos
compatriotes à La Réunion sont en nombre descendants de familles indiennes. Nos
compatriotes en Nouvelle-Calédonie sont pour une part importantes descendants
des peuples autochtones austronésiens. Ils sont aussi d'origine polynésienne et
walisienne.
Chez nous, la nation ne se fait pas par l'origine, elle ne se fait pas par la
religion, elle se fait par un ciment. Ce que nous sommes, c'est ce que nous
croyons. Nous croyons que les hommes, les êtres humains, femmes et hommes sont
libres. Nous croyons qu'elles et ils sont égaux. Nous croyons qu'ils doivent
être fraternels.
Et la fraternité à mes yeux, dans le triptyque républicain, c'est la clé de
voûte. Car certains peuvent prétendre que c'est plus important d'être libre que
d'être égaux. D'autres que d'être égaux sans être libres. On connaît beaucoup
de régimes qui se sont construits sur ces modèles, mais on ne peut pas être
fraternel si l'autre n'est pas libre, on ne peut pas être fraternel si l'on
n'est pas égaux.
Nous y ajoutons une conquête récente qu'est la laïcité. Laïcité, c'est
précisément cette idée du ciment d'un peuple, car « laos » en grec
c'est le peuple, et « laikos » on pourrait traduire ce qui fait
peuple. La laïcité, nous avons mis quatre siècles pour la construire. Le
premier pas, c'est l'idée de tolérance.
Le premier pas, c'est l'idée de tolérance. C'est au 16e siècle que cette notion
a mis plusieurs décennies de guerre pour s'affirmer. Jusque-là, c'était un seul
roi, une seule loi, une seule foi. Et puis une religion nouvelle est arrivée
qui a tout chamboulé, c'était le protestantisme, et ça a fait presque un siècle
de guerre de religion. Généralement, la laïcité est présentée comme une
séparation. La séparation de l'Église et de l'État, ou comme je l'ai souvent
énoncé, la séparation de la foi et de la loi. La loi protège la foi, mais en
France, la foi ne fait pas la loi. Mais si l'on réfléchit bien, c'est beaucoup
plus profond que cela. La laïcité va plus loin que la tolérance. Elle n'affirme
pas seulement qu'on puisse être différent et cependant concitoyen. Elle affirme
que nous sommes concitoyens parce que nous acceptons nos différences et plus
encore parce que nous les voulons ; que le lien qui nous unit comme
Français est assez fort pour cela. Et elle affirme que ce lien nous permet
d'apporter nos différences à un espace commun de reconnaissance, de dialogue et
d'enrichissement mutuel. La laïcité, c'est l'amour de cet espace commun contre
tous les communautarismes. La laïcité a d'abord voulu en matière religieuse et
philosophique, elle s'est imposée au terme d'une histoire dont on connaît les
heurts, les violences et les effusions de sang. Imposée de manière religieuse
et philosophique, nous avons mis plusieurs siècles à arriver à ce respect
mutuel des croyants et des non-croyants. Les tenants d'une foi, heureusement,
ne souhaitent plus l'extinction des autres religions. Les chrétiens et les
juifs ne souhaitent pas la disparition de la religion musulmane dans notre pays
et c'est heureux et on se bat pour ça. Pas plus que les athées ne souhaitent la
disparition des croyances religieuses. Nous avons construit cet espace commun où
tous ont droit de cité.
Il nous reste à tirer les ultimes conséquences de ce principe et à l'appliquer,
ce qui est très loin d'être le cas aujourd'hui comme on le voit. Mais je suis
persuadé qu'il va falloir le faire : appliquer les principes de la laïcité
à la sphère politique. Passer de la laïcité religieuse et philosophique à la
laïcité politique. C'est un concept nouveau. Mais il invite à sortir des
absurdes guerres de religion partisanes, des « mon parti et rien d'autre », des
« mon programme et rien d'autre », ces guerres partisanes dans lesquelles la
France épuise son crédit depuis si longtemps.
J'avoue que j'ai cru pendant longtemps, comme tout le monde, que le but des
affrontements politiques était de faire triompher ses idées sur les idées des
autres, de vaincre les autres ce qui suppose au bout du compte, si on réfléchit
un peu, de considérer que le but est de prendre tous les pouvoirs, d'imposer un
absolutisme politique comme on voulait autrefois imposer un absolutisme
religieux. J'y ai cru, j'ai consacré beaucoup de temps, j'ai été un très bon
militant dans des partis politiques qui n'étaient pas les plus faciles à
défendre. J'y ai consacré beaucoup des capacités, quelques-unes, que j'avais à
cette époque. Je l'ai cru et je ne le crois plus.
Je ne crois plus que la démocratie signifie l'écrasement des uns par les
autres. Je défends le contraire. Il se trouve que dans cet hémicycle et
ailleurs, je suis en accord avec certains courants politiques qui composent
cette assemblée et qui siègent au gouvernement, je suis en nuance avec
d'autres, je suis en désaccord avec certains autres, et avec d'autres encore,
je suis en opposition franche. Mais je crois en la démocratie comme en un
espace où les sensibilités doivent vivre ensemble, et autant que possible
s'enrichir.
Car le but de la laïcité en toute matière philosophique, religieuse et
politique, comme je le souhaite, ce n'est pas seulement la tolérance molle que
je n'aime pas, ce n'est pas le relativisme que j'aborde ; c'est la fermeté
des convictions et la compréhension mutuelle. Pour le débat et même pour le
combat, on n'a pas envie de mou, on n'a pas envie d'insipide, de « tout le
monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Bernanos l'a dit au
commencement d'un de ses plus grands romans, il a écrit, « petit cœur,
petite bouche, ceci n'est point pour vous ». On a besoin de raison, vous
l'avez dit, on a besoin de flamme, on a besoin de cœur et on a besoin
d'engagement. Et on a besoin de culture, d'intelligence, d'histoire et d'art
pour qu'avec toute cette raison, toute cette foi, toute cette vertu
d'engagement, on arrive à comprendre l'autre et même l'adversaire comme on
comprendrait un frère. Beaucoup hausseront les épaules en taxant d'idéalisme
une telle manière de voir. J'accepte le reproche. Et même je le revendique. Car
ce n'était pas un tiède Pascal et ce n'était pas un tiède Voltaire.
Regardons-nous bien, nous sommes le peuple qui fait vivre ensemble Voltaire et
Pascal, qui vit de Voltaire autant que de Pascal, sans arrondir les angles, ni
de l'un ni de l'autre. Et qu'on enlève l'un et qu'on supprime l'autre, la
France ne serait plus la France.
Alors je vois bien les regards amusés du genre « Quel est ce type qui
vient nous parler de Voltaire et de Pascal à propos des valeurs de la
République au temps des réseaux sociaux ? ». Pardonnez-moi, je crois,
de toute ma conviction et peut-être de toute ma folie, que c'est précisément
parce qu'on ne nous parle plus de Voltaire et de Pascal que les réseaux sociaux
sont devenus si pauvres. Et Voltaire et Pascal, je vous assure, ce n'est pas
moins moderne qu'Elon Musk et Sam Altman, et en tout cas c'est là qu'est la
France. Et c'est parce que nous partageons ces principes que nous formons un
seul peuple. C'est ce que disait déjà Renan il y a 150 ans. C'est unique au
monde. Nous ne nous définissons pas par la pureté du sang de nos ancêtres, nous
ne nous définissons pas par le sang de nos ancêtres ou par la supériorité d'un
dieu sur les autres. Nous sommes porteurs de quelque chose d'infiniment plus
précieux.
Nous nous définissons par un projet commun fait de liberté, d'égalité et de
fraternité, dont j'ai dit que c'était la fraternité qui était la clé de voûte.
Ce projet ne peut s'extraire de son époque ; une époque où se pose la
question des grandes migrations, car tout est inscrit dans la démographie. Il
suffit de regarder la carte du monde pour constater les bouleversements
démographiques qui se jouent. La Chine est sur la voie de perdre des centaines
de millions d'habitants. D'ici 50 ans, elle pourrait avoir perdu l'équivalent
de la population de l'Europe tout entière. L'Inde croit au contraire à grande
vitesse. L'immense Russie est comme prisonnière d'un long hiver démographique.
Plus près de nous, l'Italie perd des habitants. Quand l'Espagne n'en gagne qu'en
accueillant 3 millions d'immigrés, il est vrai de la même tradition religieuse
et de la même langue. Dans ce monde de bouleversements démographiques, les
conflits d'identité dans la société s'aiguisent. On le voit comme sous un verre
grossissant aux États-Unis ou en Inde.
Ces conflits charrient avec eux des dangers extrêmes et il n'y a aucune raison
pour que la France n'y soit pas elle aussi exposée. La névrose identitaire,
c'est un immense risque. Aux États-Unis renaît la guerre de Sécession. En Inde,
jusque dans les villages entre hindous, musulmans et chrétiens, c'est la guerre
des temples et on ferait brûler le voisin détesté. En même temps, la guerre est
partout, la guerre n'est plus d'autrefois, la guerre est de demain. La guerre
de conquête, la guerre économique, la guerre monétaire, la guerre
technologique, la guerre des intégrismes religieux, la guerre qui naît de la
grande mutation climatique. Ces guerres, toutes ces guerres, elles chassent
devant elles les pauvres gens, les jeunes sans avenir.
Et c'est pourquoi si quelqu'un prétend qu'il peut parvenir dans ce monde en feu
à l'immigration zéro, c'est une illusion. Et la clé de l'immigration dans le
monde où nous allons vivre, c'est les conditions de l'intégration. Quelle est
la clé pour que la France échappe aux affrontements et aux embrassements ?
Qu'elle fasse respecter sa loi. Aucun pays ne peut accepter la dissolution des
règles qu'il s'est choisi. Car alors, il sent que son existence est menacée et
les réactions de rejet s'enflamment. Et je dis « oui qu'il nous faut
réguler l'immigration ». D'où l'importance que les obligations de quitter
le territoire français, qu'on ne prononce même plus que comme
« OQTF », prononcées par nos tribunaux, soit respectées. Car si les
décisions de justice ne sont plus exécutées, c'est que la loi est bafouée et
c'est que la loi n'existe pas. D'où l'importance aussi que notre droit d'asile
ne soit pas dévoyé.
La France a été et restera terre d'asile. Et nous nous battrons pour ça. C'est
sa tradition et son honneur. C'est même une valeur constitutionnelle. Mais
l'accueil que la France veut garantir à ceux qui sont en danger, à ceux qui ont
peur et voient en elles un refuge, cette générosité-là ne peut être dévaluée,
démonétisée, parce qu'elle se transforme en subterfuge pour d'autres qui n'ont
pas trouvé de moyens plus commodes d'entrer en France. D'où l'importance,
enfin, que nous ayons tous une idée nette des devoirs à observer quand on est
accueilli en France et que cette idée soit respectée. Pour moi, ces obligations
qui ouvrent la voie à la régularité du séjour d'abord, à l'intégration ensuite,
à l'assimilation enfin au terme de ce chemin d'étape, sont au moins au nombre
de trois. L'obligation de travailler, c'est-à-dire de contribuer à notre modèle
économique et social. L'obligation de parler notre langue, qui est le fondement
du lien social. Et l'obligation, enfin, d'adhérer à nos principes de vie en commun.
Cette conviction est, je crois, partagée par la plupart de ceux qui siègent sur
ces bancs. Alors où se situent les débats ? Certains affirment qu'un grand
nombre d'étrangers viennent sur notre sol pour chercher des avantages sociaux.
Et ils disent « 13% des familles non-immigrées sont locataires de
logements sociaux, pour les familles immigrées c'est 35% ». D'où un
sentiment d'injustice qu'on ne peut balayer, pas plus qu'on ne peut refuser à
une personne d'être admise au séjour régulier quand elle réside sur notre
territoire depuis une durée conséquente, participe à la marche de la société,
travaille, maîtrise notre langue et adhère à nos principes de vie en commun. Et
je ne parle pas ici de la nationalité.
L'acquisition de la nationalité, c'est autre chose. La nationalité ne doit pas
se brader. C'est une adhésion volontaire et explicite à un peuple réuni autour
d'une conviction philosophique commune. Ce n'est pas l'accès à une panoplie de
droits, mais l'inscription dans un destin collectif qui vient de loin et qui se
projette vers l'avenir. Il existe un autre débat sur l'accès aux soins. Il y a
bien sûr une question sanitaire pour notre propre population. Mais la France ne
serait pas la France si la condition pour recevoir des soins indispensables,
c'était d'avoir le bon passeport. Encore faut-il vérifier que les soins que
nous prenons en charge sont effectivement indispensables aux personnes qui les
reçoivent, qu'il n'y a pas d'abus et qu'il n'y a pas de fraude. La condition de
l'intégration, c'est qu'il y ait une loi, une loi respectée, pas un pays ouvert
à tous les vents où l'État n'est même plus capable de faire respecter ses
propres règles. La fermeté pour l'État est un devoir, pour que ses citoyens aient
la certitude d'avoir protection et même que leur nationalité est un privilège,
que c'est un plus par rapport à tous les désordres du monde.
Car la communauté nationale, ce n'est pas une question pour les privilégiés.
Ceux-là sont protégés par leur patrimoine et leurs capacités. Mais si la
communauté nationale se dissout, au bout du compte, qui seront les premières
victimes ? Les premières victimes, ce sont les Français dont les parents et les
grands-parents sont venus de loin pour rejoindre la communauté nationale.
Ceux-là qui n'ont pas le bon nom de famille ou la bonne couleur de peau, ils
seront les premières victimes de la dissolution des règles que nous ne
respectons plus.
Il est temps d'ouvrir les yeux sur les dangers que nous vivons. Chaque jour qui
passe, la force fait un peu plus la loi. En matière commerciale, technologique
et financière entre les États-Unis et la Chine. Et puis nous vivons ces
jours-ci le spectre d'une entente entre l'homme fort du Kremlin et le 47e
président des États-Unis, et cela est terrifiant pour l'Europe. Il fait planer
sur l'Europe l'ombre de la guerre et de l'asservissement. Nous sommes sur le
point de voir se dérouler sous nos yeux une annexion annoncée, revendiquée, de
territoires. L'Ukraine d'un côté, et puis la Crimée, le Donbass, et puis pour
d'autres, annoncer le Groenland, Panama, etc.
La question que les temps nous posent, c'est la question existentielle par
excellence : « Être ou ne pas être ? ». Est-ce que nous
voulons être la France, être ce que nous sommes, ou acceptons-nous la
soumission ? Cette question se pose pour la France et se pose pour l'Europe.
Car nous seuls en Europe, les Français, et particulièrement depuis 2017 grâce
au Président de la République, sommes porteurs d'une vision du continent comme
entité politique, unie par un socle de valeurs homogènes, une civilisation commune,
déterminée à défendre son existence d'abord et son intérêt ensuite. Nous
sommes, nous, les Français, les porte-drapeaux de l'Europe et de son autonomie
stratégique. Nous sommes le seul pays européen à être présent sur les cinq
continents. Mais nous sommes aujourd'hui dans une position critique, une
situation de crise sur les océans.
Nous sommes aujourd'hui dans une position critique, une situation de crise, de
faiblesse, due à notre désordre politique. C'est notre désordre politique qui
rend la France faible. Ce sont les affrontements entre partis, sans cause et
sans raison, uniquement sur des prétextes. Ce sont les affrontements entre
partis qui nous empêchent de saisir les enjeux et de les relever. J'appelle les
sensibilités politiques représentées ici à ne pas détourner leur énergie de
cette tâche historique, à ne pas dilapider leur force dans des tours de
passe-passe politiques dont ce type de motion de censure fournit pour la
postérité un cas d'école. Ainsi, votre motion de censure, je le crois, rate sa
cible, mais je crois aussi qu'elle se retournera contre ceux qu'elle prétend défendre.
C'est la raison pour laquelle j'appelle la représentation nationale à la
rejeter.
Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education
nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Comme ministre de l’Éducation nationale et élue d’un territoire
rural, je suis particulièrement consciente de ce que peut signifier une
fermeture de classe dans le monde rural. Je suis également convaincue de la
nécessité de permettre aux élus d’anticiper afin de mettre en place les
organisations pédagogiques les plus pertinentes. Cela passe par une discussion
pluriannuelle avec les élus locaux et nationaux concernés.
Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires
étrangères)
> Nous avons grandi dans un pays en paix. Nous voulons que nos enfants
grandissent eux aussi dans un pays en paix. Mais nous ne sommes pas naïfs et
pour avoir la paix, nous devons dissuader la menace en étant forts.
> L’Europe traverse un moment charnière de son histoire.
M. le premier ministre l’a rappelé hier : elle fait face à une menace
existentielle. La Russie d’aujourd’hui n’est pas celle qu’a connue le président
Chirac ou même le président Hollande ni celle d’il y a cinq ou dix ans. Elle
consacre 10 % de sa richesse nationale et 40 % de son budget à son
industrie de défense. Elle produit autant d’équipements militaires que toute
l’Europe réunie.
Trois ans après le début de sa guerre d’agression, la Russie continue de
pilonner l’Ukraine parce qu’il y a onze ans, le peuple ukrainien a voulu suivre
son aspiration européenne et qu’elle a décidé de l’en empêcher. Si nous nous
mobilisons depuis trois ans aux côtés des Ukrainiennes et des Ukrainiens, c’est
aussi parce que la Russie agresse la France ainsi que plusieurs de ses alliés
européens.
Elle l’a fait en Roumanie en perturbant les élections présidentielles, ce qui a
conduit à leur annulation ; en Pologne, en instrumentalisant les
migrations pour perturber la vie politique nationale ; en mer Baltique, en
sectionnant ou en faisant sectionner des câbles sous-marins; en France, en
menant des attaques cyber et informationnelles – nous avons tous entendu
parlé des étoiles de David, des mains rouges, des cercueils, et cetera, et
cetera.
C’est pourquoi, dans ce moment, nous avons besoin que l’Europe se réveille et
se tienne aux côtés des Ukrainiennes et des Ukrainiens pour obtenir une paix
durable, et non un simple cessez-le-feu que la Russie violerait comme elle l’a
fait ces dernières années.
> L'Europe est
face à une menace existentielle. Il y a dix ans, quand la Russie a lancé sa
première guerre, contre le Donbass et la Crimée, nous avons sans doute fait
preuve de faiblesse en acceptant un cessez-le-feu fragile que la Russie a violé
par vingt fois.
Les États-Unis ont décidé de laisser l'Europe assumer seule la charge de
sa défense. Les Ukrainiens sont les sentinelles de l'Europe : ils tiennent
notre première ligne de défense.
La France a heureusement pris un peu d'avance, grâce aux lois de
programmation militaire, qui ont été respectées. Dans quelques années, nous
aurons doublé les moyens consacrés à notre défense.
Mais, au niveau européen, certains de nos partenaires sont en retard. Le
Président de la République a appelé à un réveil européen et exigé de la
Commission européenne qu'elle relâche certaines des contraintes budgétaires qui
limitent la capacité des États à faire les efforts nécessaires.
Rien ne sera possible sans un réveil des peuples et de leurs
représentants. Je vous invite à vous saisir pleinement du débat que le Premier
ministre a annoncé pour le mois prochain, car nous avons besoin d'un réarmement
moral qui entraîne toute la nation.
> Nous avons
longtemps vécu dans l'insouciance. En 1955, les dépenses militaires
représentaient 6 % du PIB, contre 2 % aujourd'hui - c'est
insuffisant. Or la guerre est proche de nous. En Ukraine, nous avons
constaté ensemble ses ravages : dans les corps mutilés des soldats, dans
les esprits des enfants déportés... Nous sommes revenus avec la conviction que
le soutien de la France avait été décisif, que la menace est proche et grave et
qu'un sursaut est indispensable.
« Il y a un pacte deux fois séculaire entre la grandeur de la
France et la liberté du monde », disait le général de Gaulle. La
France peut montrer la voie. Face à ces empires qui se réveillent, nous devons
résister, pour ne pas laisser la Russie et ceux que vous avez cités détruire
tout ce que nous avons bâti depuis la Seconde Guerre mondiale.
Grâce au débat voulu par le Premier ministre, le peuple français, au
travers de ses représentants, pourra s'approprier ces sujets
> Rien qui concerne l’avenir de l’Ukraine et de l’Europe
ne s’est décidé hier à Riyad, pour une bonne raison : seuls les Ukrainiens
peuvent décider d’arrêter le combat. Croyez-vous vraiment et sincèrement
qu’après trois ans durant lesquels ils ont tout donné pour défendre l’intégrité
de leur territoire, ils déposeraient les armes parce qu’une discussion a eu
lieu en Arabie Saoudite ? Évidemment non !
Le RN affirme soutenir le peuple ukrainien mais c’est un soutien du bout des
lèvres. Or si nous voulons une paix durable, si nous refusons un cessez-le-feu
fragile, une pause transitoire qui permette à la Russie de se réarmer pour
reprendre les hostilités quelques semaines ou quelques mois plus tard
– comme elle l’a déjà fait dans le passé –, alors il nous faudra lui
opposer de la résistance et de la force.
Je veux vous rassurer : personne n’a parlé, ni en France ni nulle part
ailleurs dans le monde, d’envoyer aujourd’hui des troupes en Ukraine. Lorsque
le premier ministre britannique évoque l’envoi de troupes, il ne l’envisage que
lorsque la paix aura été trouvée, de manière à la garantir et à la consolider.
Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie ; c’est la Russie qui
agresse l’Ukraine depuis trois ans et qui nous agresse. Pour que cela cesse, il
faut faire preuve de force et non pas de faiblesse.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la
Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> C'est voté ! La proposition de loi sur les PFAS [substances
polyfluoroalkylées ou perfluoroalkylées] est adoptée ! Un pas de plus pour
mieux encadrer l’usage de ces molécules et protéger notre environnement et la
santé des Françaises et des Français. Parce que science et responsabilité
doivent guider notre action.
> Le sujet qui nous occupe ce matin est de première
importance pour nos concitoyens, et je le prends très au sérieux. De quoi
parle-t-on ? Des substances polyfluoroalkylées ou perfluoroalkylées
(Pfas), ces substances chimiques utilisées par des industriels depuis les
années 1950, dont les propriétés sont mises à profit dans de nombreux
produits de la vie courante – dans notre salle de bains, dans nos
appareils électroniques, dans nos réfrigérateurs, dans nos installations
électriques.
Suite à ma nomination en tant que ministre de la transition écologique en
septembre dernier, j’ai immédiatement souhaité m’emparer de ce sujet, en
m’inscrivant dans le prolongement du travail mené par mon prédécesseur,
Christophe Béchu, dont je tiens à saluer l’engagement, avec une seule ligne de
conduite – écouter la science – et un seul objectif – protéger
notre population.
Que nous dit la science ? Que le nombre de Pfas est estimé entre
5 000 et 12 000, et qu’elles répondent à des usages variés, avec des
risques divers. Les Pfas se caractérisent par des propriétés de résistance
remarquables. C’est la raison pour laquelle elles sont utilisées pour fabriquer
les tenues protégeant nos pompiers ou les ouvriers de l’industrie lourde, pour
produire des mousses permettant d’éteindre les incendies, pour protéger les
réservoirs d’avion ou pour assurer l’étanchéité des pompes des installations
nucléaires.
Cette grande résistance à des phénomènes extrêmes explique que ces composés se
dégradent très peu. Ils sont donc très persistants dans l’environnement, d’où
leur appellation de polluants éternels.
Les propriétés de certaines molécules de Pfas sont déjà connues, et les
connaissances disponibles ont permis d’édicter des mesures réglementaires
visant à prévenir les éventuels risques associés à leur usage, voire à les
interdire lorsque les risques sont avérés.
Cependant, pour beaucoup d’entre elles, notamment les monomères, les
connaissances sont parcellaires. On sait qu’elles peuvent contaminer l’eau et
le sol et contribuer à la survenue de maladies, notamment de cancers.
Inversement, nous savons que d’autres Pfas ont ce que les scientifiques
appellent un impact limité.
Nous devons donc mener un double combat : d’une part, renforcer nos
connaissances scientifiques et opérationnelles, d’autre part, trouver les
solutions de substitution là où elles sont nécessaires, sans tomber dans une
condamnation générale des Pfas.
Pour améliorer nos connaissances, dès juillet 2023, Élisabeth Borne, alors
première ministre, a missionné votre collègue, le docteur Cyrille
Isaac-Sibille, afin qu’il réalise un diagnostic et formule des recommandations.
Sur la base de ce travail, un premier plan d’actions a été élaboré en 2023,
complété par un deuxième l’an dernier, pilotés conjointement par mon
prédécesseur, Christophe Béchu, et par le ministre chargé de l’industrie de
l’époque, Roland Lescure. Ce plan comporte cinquante-cinq actions précises,
ambitieuses, dont déjà deux tiers ont été mises en œuvre. Il a permis
d’enrichir nos connaissances, de mener des actions ciblées et d’aboutir à des
résultats concrets.
Prenons un premier exemple relatif à l’un des principaux enjeux :
l’évaluation des Pfas rejetées dans l’eau par les différents industriels. Nous
avons demandé à plus de 2 900 sites industriels et usines de réaliser
des mesures de la concentration en Pfas de leurs rejets dans l’eau. Il en est
ressorti que l’acide trifluoroacétique ou TFA représente 95 % des rejets
de ces sites industriels, et que ces rejets se concentrent sur 200 sites.
Nous savons donc où il faut agir, et c’est ce que nous avons fait : ces
200 sites, qui sont à l’origine de 99 % des rejets industriels de
Pfas dans l’eau identifiés à ce jour, sont désormais soumis à des
obligations visant à les réduire. C’est massif.
Il s’agit d’un exemple très concret de ce que doit être notre méthode : ne
pas sous-estimer le problème, évaluer scientifiquement, puis agir avec
résolution, en pleine transparence vis-à-vis de nos concitoyens. Ainsi, les
résultats des mesures réalisées sont tous disponibles sur les sites internet
des directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement
(Dreal), mes services en région.
Je souhaite que nous allions plus loin. C’est pourquoi, d’ici à l’été, avec
l’appui du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), je mettrai en
ligne et rendrai accessible pour tous pour nos concitoyens des cartes recensant
les sites qui produisent, utilisent ou rejettent des Pfas, et plus de
1,8 million de données d’analyses liées aux Pfas.
Deuxième enjeu crucial qui préoccupe de nombreux Français : la qualité de
l’eau. J’ai demandé à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de
l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) de lancer une campagne
exploratoire pour mesurer le niveau de Pfas dans l’eau que nous buvons. Nous
allons rechercher trente-quatre Pfas dans plusieurs centaines d’échantillons.
Cette étude complétera le travail déjà réalisé par Veolia, qui a analysé la
présence éventuelle de Pfas en sortie de ses unités de production
– l’entreprise alimente 20 millions de Français. Il en est ressorti
que plus de 99 % des échantillons respectaient les normes. Cela ne veut
pas dire que tout va bien – je suis consciente qu’il existe des points de
captage d’eau potable contaminés par les Pfas, sur lesquels il faut agir –
mais cela permet de mettre en perspective avec rigueur les risques dont nous
parlons.
Troisième enjeu majeur : l’interdiction de produits dont on a prouvé
qu’ils font courir des risques à notre santé ou à l’environnement. Sur ce
point, vous le savez, l’Europe a prononcé l’interdiction de certaines Pfas
dangereuses, comme l’acide perfluorooctanesulfonique, ou PFOS, et l’acide
perfluorooctanoïque, ou PFOA.
En outre, la France a obtenu d’interdire l’utilisation des Pfas dans les
emballages alimentaires à partir d’août 2026. Le gouvernement s’y était
engagé ; les eurodéputés du groupe Renaissance se sont mobilisés ;
c’est une promesse tenue.
Ce gouvernement, comme les précédents, n’a pas fui ses responsabilités sur les
Pfas. Nous avons agi pour améliorer nos connaissances et évaluer les risques
pour nos concitoyens, et nous continuons d’agir aux échelons locaux, national
et européen, notamment dans le cadre de la révision du règlement Reach
– enregistrement, évaluation, autorisation des substances chimiques et
restrictions applicables à ces substances.
C’est pourquoi, en responsabilité et par cohérence, le gouvernement soutiendra
votre proposition de loi, monsieur Thierry. C’est ce qu’attendent nos
concitoyens : ils souhaitent que nous nous mettions d’accord de manière
transpartisane, lorsqu’il s’agit d’améliorer leur quotidien.
Dans le droit fil de notre action constante depuis plusieurs années, nous
soutiendrons ce texte qui permet de graver dans la loi notre exigence
collective de lutte contre les Pfas.
Toutefois, nous devrons continuer à travailler avec les scientifiques et les
industriels si nous voulons que notre action soit efficace. Nous devrons
continuer de tenir un discours de vérité et reconnaître que tout n’est pas
blanc ou noir. Il y a des milliers de Pfas ; certains sont bien connus,
d’autres beaucoup moins. Certains sont dangereux, d’autres considérés comme à
faible impact.
Parmi vous, certains ont été interpellés sur la situation d’entreprises qui
utilisent des Pfas. En tant qu’ancienne ministre de l’industrie, j’estime que
nous devons nous en tenir à la science – aux faits – et être
vigilants sur les risques qui pourraient émerger, tout en prenant des mesures proportionnées
pour s’en protéger, en fonction de la réalité.
Si vous l’adoptez, ce texte permettra aux agences de l’eau d’inclure une
nouvelle composante relative aux Pfas dans les redevances afin de financer des
dispositifs de filtration des points d’eau potable. Il nous permettra aussi
d’interdire les Pfas dans les produits cosmétiques, le fart et les produits
textiles. Le gouvernement y est favorable.
La qualité de vos débats et la quasi-unanimité des votes en commission du
développement durable et de l’aménagement du territoire témoignent de votre
mobilisation et de votre esprit de responsabilité, en première comme en
deuxième lecture, au Sénat comme à l’Assemblée. Je salue le rôle de la
présidente Le Feur dans la bonne tenue de ces débats.
Face aux pressions et aux polémiques, il est crucial que nos débats se
déroulent sereinement, éclairés par la science, car nous devons être au
rendez-vous sur ce sujet potentiellement anxiogène, complexe et important pour
la santé de nos concitoyens et la protection de l’environnement, mais aussi
pour l’avenir de nos filières industrielles, et notre politique de transition
énergétique.
> Aucune région
côtière n'est épargnée par ces enjeux majeurs. Le constat est clair : en
cinquante ans, près de 30 km2 de surface ont déjà disparu.
Le recul du trait de côte est un phénomène progressif et
anticipable : nous devons revoir à cette aune nos politiques
d'aménagement. Les élus locaux se mobilisent en ce sens, notamment dans le
cadre du Comité national du trait de côte.
Je rendrai public dans quelques jours le plan national d'adaptation au
changement climatique. L'adaptation de nos zones littorales est l'une de mes
priorités, au même titre que l'adaptation des zones de montagne et des communes
forestières. Des solutions existent, les élus y travaillent.
Le budget 2025 nous donne des moyens pour agir. Je pense en particulier
au renforcement du fonds vert, dont 200 millions d'euros devraient être
fléchés vers l'adaptation au changement climatique. Dans le cadre notamment du
fonds Barnier, 330 millions d'euros seront alloués à la gestion des
risques, soit 100 millions d'euros de plus que l'an dernier. Un
financement pérenne du suivi des politiques de trait de côte sera mis en place,
comme le demandent les élus locaux.
Je travaillerai à la création d'un seul dispositif pour la submersion et
le trait de côte, peut-être en mobilisant des ressources fiscales locales.
Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier
ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte
contre les discriminations)
> À l'unanimité au Sénat, la proposition de loi visant à lutter contre
l'antisémitisme dans l'enseignement supérieur est adoptée. Notre engagement est
total pour ne rien céder. Aucun étudiant ne doit avoir peur. Aucune ambiguïté
ne peut être tolérée, aucun "oui mais" ne saurait être accepté.
> Face aux images écœurantes de propagande des terroristes islamistes, les seules images que nous devrions diffuser sont celles de Kfir, Ariel et Shiri Bibas. Leurs vies, leurs sourires, leur innocence, leur humanité. Ni oubli, ni pardon. À ceux qui nous les ont arrachés et laissent un père orphelin, un pays traumatisé et notre commune humanité défigurée. À ceux qui ont justifié, excusé, à ceux qui ont arraché leurs visages sur nos murs, jamais nous n'oublierons, jamais nous ne pardonnerons.
Astrid
Panosyan-Bouvet (ministre
déléguée auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des
Familles, chargée du Travail et de l’Emploi)
> [Réforme des retraites] Le
Premier ministre a fixé trois temps : celui de l'expertise de la Cour des
comptes, d'abord ; celui de la négociation sociale entre les partenaires
sociaux, ensuite ; le temps politique, enfin, puisqu'un débat se tiendra
dans chacune des assemblées.
Le constat dressé par la Cour des comptes devra nous permettre de
mesurer l'effort consenti par la nation pour financer nos retraites, privées
comme publiques. Ensuite, seront dessinées les différentes pistes, en fonction
des hypothèses de croissance et de productivité, notamment.
Réjouissons-nous que les partenaires sociaux se saisissent du sujet pour
corriger la trajectoire financière, ainsi que certaines injustices.
Amélie de Montchalin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargée des Comptes publics)
> Ces derniers mois, les Français ont exprimé un fort besoin de
stabilité. Avec l’adoption d’un budget de compromis, nous sommes sur le chemin
de la stabilité politique. Or le corollaire de cette stabilité politique est la
stabilité économique et surtout fiscale. Ainsi, comme Éric Lombard et moi
l’avons indiqué, les impôts exceptionnels issus de la loi de finances pour 2025
– la surtaxe de l’impôt sur les sociétés (IS) et la contribution
différentielle sur les hauts revenus (CDHR) – resteront exceptionnels, et
il n’est pas question de créer de nouvel impôt.
Cette stabilité fiscale est primordiale pour créer les conditions qui
permettent aux entrepreneurs, aux investisseurs et aux hommes et femmes de
talent de créer de la richesse et de l’emploi en France. C’est notamment elle
qui contribue à maintenir sur le territoire national des entreprises en forte
croissance et à financer plus généralement nos start-up, nos PME innovantes et
nos industries stratégiques. Ces entreprises sont les emplois d’aujourd’hui et
plus encore de demain.
Le sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle qui s’est tenu la
semaine dernière à Paris illustre bien la compétition internationale qui se
joue actuellement pour attirer les investissements d’avenir. Nos choix
politiques et financiers ne peuvent faire fi de cette réalité, encore moins
quand notre souveraineté et autonomie stratégique, voire notre existence même
en tant qu’Européens, sont en jeu dans un monde instable.> Il nous revient
de nous assurer que les contribuables qui utilisent des mécanismes légaux pour
contourner l'impôt ne puissent plus le faire.
> Il n'est pas question pour nous de créer de nouveaux impôts.
> La stabilité fiscale, ce n'est pas le statu quo.
Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargé de l’Industrie et de l’Energie)
> Pensées pour Shiri, Ariel et Kfir, victimes de la barbarie du Hamas.
Leur disparition est une douleur qui résonne bien au-delà d'Israël. Soutien à
leurs proches et engagement total pour la libération des otages encore retenus.
> Focus sur l’éolien, un levier clé pour notre souveraineté énergétique et industrielle. Aujourd’hui, il fournit déjà près de 10% de notre électricité. Pour réussir notre transition, nous devons tripler notre capacité d’ici 2035. L’éolien offshore est une révolution : 45 GW d’ici 2050, des usines, des ports modernisés et des milliers d’emplois à la clé. Développer cette filière, c’est produire en France, réduire notre dépendance et accélérer la transition énergétique.
> France et Danemark, nous partageons une ambition commune pour le captage et le stockage du CO2, un levier clé pour décarboner l'industrie. Le Danemark développe des projets de stockage d'envergure, et la France s'est dotée d'une stratégie ambitieuse sur le CCS. Travailler ensemble sur ces sujets est essentiel.
> Félicitations aux équipes du CEA qui repoussent les limites de la recherche sur la fusion nucléaire ! Le tokamak WEST a maintenu un plasma pendant 22 minutes, établissant un nouveau record mondial et marquant une avancée clé pour l’avenir d’ITER. Ce projet international de réacteur nucléaire de recherche civil, situé près du centre d’études nucléaires de Cadarache, associe 35 pays et s’inscrit dans une démarche à long terme vers l’industrialisation de la fusion nucléaire. Une étape décisive vers une énergie abondante et décarbonée !
> Nous allons obtenir que le nucléaire puisse bénéficier de financements européens. C'est une industrie essentielle.
> [Construction des nouveaux EPR] Nous annoncerons dans les prochaines semaines que le schéma de financement est désormais bouclé. À la fin de la décennie 2030, c'est là que les premières tranches de réacteurs seront opérationnelles.
> [25% de droits de douane aux États-Unis sur l’acier et l’aluminium] Nous devons riposter avant de négocier. L'Europe va imposer des droits sur un certain nombre de produits américains. Il faut assumer ce rapport de force.
Juliette Méadel (ministre déléguée auprès du ministre
de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation chargée de la Ville)
> La motion de censure du PS, après le vote du budget qui a montré que
les politiques savent être responsables, est un revirement et une volonté de
démolir. Ce n’est pas au niveau de ce que les Français attendent de nous en
cette période compliquée. Cette motion de censure est toxique car elle amplifie
l’effet Bétharram, alors même que la justice ne s’est pas encore prononcée.
Elle tue l’idée que les Français se font des politiques. Alors que nous sommes
dans un contexte de guerre aux portes de l’Europe, cette affaire est destinée à
alimenter la chute d’un gouvernement. Or nous sommes en pleine tourmente. La
France est coincée entre Trump et Poutine, qui ne nous veulent pas que du bien.
Avec tout ça, le PS souhaite faire tomber le gouvernement ? Ce n’est pas à la
hauteur.
> La barbarie de l’attaque du 07 octobre est une bombe à fragmentation. Des vies brisées, une peine immense pour Shiri, Kfir et Ariel, et leur proche. Solidarité.
Laurent Saint-Martin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Europe et des Affaires étrangères chargé du Commerce extérieur et des
Français de l’étranger)
> Je salue les propos du Commissaire européenMaros Sefcovic sur la
nécessité d'une réponse ferme en cas de hausse de droits de douane américains.
L'UE doit agir de manière unie pour défendre ses intérêts économiques, doit
s’affirmer comme puissance, en poursuivant un dialogue constructif avec les États-Unis.
● Autres
ministres
Catherine Vautrin (ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des
Familles)
> Nous n’avons rien de plus précieux à confier que nos enfants ;
l’ensemble de la représentation nationale ne peut que s’accorder sur ce point.
Lorsque j’ai été interrogée précédemment dans le cadre des questions au
gouvernement, j’ai répondu qu’un décret était en cours de rédaction. Ce décret
qui va incessament revenir du Conseil d’État, fixe pour les microcrèches des
normes d’encadrement semblables à celles qui s’appliquent aux petites crèches.
En effet, les enjeux sont les mêmes : encadrer la capacité d’accueil des
structures et le nombre de professionnels qui accompagnent les enfants.
Évidemment, le gouvernement ne s’est pas levé un beau matin en se disant qu’il
allait prendre un décret sur les microcrèches. Ce dernier a pour origine un
rapport de l’Inspection générale des affaires sociales de 2023 ainsi qu’un
rapport de l’Igas et de l’Inspection générale des finances de 2024. Je passe
sur plusieurs ouvrages, notamment Les Ogres, relatifs à la
situation dans les microcrèches.
On ne peut pas d’un côté demander des rapports et constater des
dysfonctionnements, et de l’autre ne pas apporter de réponses adaptées. J’ai
rencontré il y a deux semaines les équipes de la filière petite enfance et la
présidente Élisabeth Laithier. J’ai réaffirmé, en présence de tous ses membres
– y compris la représentante des microcrèches – la position du
gouvernement : nous souhaitons renforcer l’encadrement des enfants et la
formation des personnels.
J’insiste sur ce dernier point : chaque structure peut proposer à ses
salariés de préparer une validation des acquis de l’expérience ou de suivre une
formation, par exemple accompagner les titulaires d’un CAP dans leur
progression de carrière. C’est une responsabilité sociétale que chacun aura à
cœur d’exercer.
Eric Lombard (ministre de l’Economie, des Finances et de
la Souveraineté industrielle et numérique)
> Concernant les effets cumulés
de la réforme des redevances des agences de l'eau et des tarifs votés par les
agences pour financer le plan Eau. Leur objectif : inciter à la sobriété
des usages, optimiser les ressources, préserver la qualité. La réforme, entrée en
vigueur le 1er janvier 2025, crée trois nouvelles redevances
sur la consommation d'eau potable, la performance des réseaux d'eau et la
performance de l'assainissement collectif.
Le but : équilibrer la contribution des différentes catégories
d'usagers, renforcer le signal prix et améliorer la lisibilité de la fiscalité.
L'effort demandé aux usagers est important, à l'heure d'une raréfaction
de la ressource. Il se répartit sur 8 000 entreprises, que nous
accompagnerons de manière ciblée. Pour certaines d'entre elles, l'impact est
considérable ; nous travaillons à un bouclier, en lien avec les agences de
l'eau.
Concernant la situation particulière de la filière
agroalimentaire : le plan de sobriété hydrique adopté en février 2024
constitue notre boussole. Le Gouvernement accompagnera ces entreprises.
Sébastien Lecornu (ministre des Armées)
> L'Europe doit se réarmer et a pour cela besoin d'une industrie de
défense forte. Entretien avec Andrius Kubilius, Commissaire européen à la
Défense et à l’Espace. Les États sont souverains en matière de défense, mais
nous attendons que la Commission joue son rôle en soutien à nos industries :
financement, acquisition commune, simplification... Et qu'elle maintienne au
plus haut niveau l'excellence européenne en matière spatiale.
> L’excellence de notre industrie de défense à l’export repose sur un savoir-faire d’exception. Ainsi que sur notre volonté de nouer de solides coopérations industrielles et opérationnelles avec nos partenaires, faisant de la France un choix performant, fiable et mutuellement bénéfique.
Annie Genevard (ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté
alimentaire)
> Un peu moins d’un an après le dépôt du texte sur le bureau de
l’Assemblée nationale, après de multiples rebondissements politiques ayant
empêché son examen dans les délais initialement prévus, nous touchons au
but : le gouvernement vous demande solennellement d’adopter le projet de
loi d’orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement
des générations en agriculture, dans sa forme issue d’un compromis
transpartisan trouvé par la commission mixte paritaire réunie hier.
Je salue le travail de tous les parlementaires : vous avez été nombreux en
mai 2024 à défendre des positions très souvent constructives pour enrichir un
texte très attendu par le monde agricole. Je remercie M. Fesneau, qui,
lorsqu’il était ministre de l’agriculture, fut à l’origine du projet de loi et
qui a travaillé d’arrache-pied à en faire une réponse forte aux demandes des
agriculteurs. Je remercie également les présidentes des commissions, Aurélie
Trouvé et Dominique Estrosi Sassone, qui ont autorisé son inscription parmi les
priorités législatives. (…)
Abordons la question de fond : quelle est la nature du texte soumis à
votre approbation ce soir ?
Il est d’abord très attendu par le monde agricole dans son ensemble. Un an
après un premier mouvement de protestation d’ampleur et à quelques jours
seulement de l’inauguration du soixante et unième Salon de l’agriculture,
l’adoption du projet de loi d’orientation agricole résonnera puissamment dans
chaque ferme. Elle signera la mise en œuvre de l’ensemble des engagements pris
par l’État en janvier 2024 et dégagera la voie au grand mouvement de
renouvellement des générations en agriculture que nous appelons de nos vœux.
Grâce à votre vote, notre agriculture, notre pêche et notre forêt reprendront
le rang qui est le leur, celui d’intérêt général majeur de la nation. Des
conférences sur la souveraineté alimentaire, dirigées par les filières avec le
soutien de l’État, définiront des objectifs à dix ans pour améliorer
substantiellement le potentiel agricole de notre nation, afin d’éliminer
définitivement les dépendances superflues.
Grâce à votre vote, ces ambitions seront portées et nourries par un
enseignement agricole régénéré, qui formera 30 % d’apprenants
supplémentaires en 2030. Les jeunes seront davantage sensibilisés aux métiers
du vivant, nos formations seront enrichies d’un « bachelor agro » et,
grâce à la sixième mission assignée à l’enseignement agricole, les
établissements formeront de nouvelles générations d’agriculteurs pleinement
préparées aux grands défis du 21e siècle : le
renouvellement des générations et les transitions climatique et
environnementale.
Grâce à votre vote, l’installation des agriculteurs et la transmission des
exploitations seront massivement soutenues pour qu’en 2035, notre pays compte
400 000 exploitations et 500 000 exploitants agricoles. Le
réseau France Services agriculture permettra d’accueillir demain toute personne
souhaitant s’engager dans une activité agricole ou transmettre son activité,
même si son projet n’est qu’émergent, même si elle souhaite devenir salariée.
Un diagnostic modulaire apportera aux agriculteurs toutes les informations
nécessaires pour prendre les meilleures décisions s’agissant de la viabilité
économique, sociale et environnementale de leur exploitation. Les personnes qui
veulent préparer un projet d’exercice en commun de l’activité agricole auront
également l’occasion de découvrir « l’essai d’association ».
Grâce à vous, nous renforcerons l’attractivité des professions agricoles. Les
délais de traitement des recours contentieux à l’encontre des projets d’élevage
et des ouvrages agricoles et hydrauliques seront accélérés. Je l’ai dit et
répété au cours de nos débats : nous ne touchons pas aux règles de fond.
Il ne s’agit que d’une accélération.
Un statut unique de la haie réduira les contraintes pesant sur les exploitants,
sécurisera les travaux et incitera à la plantation. Je mets au défi quiconque
dans cette assemblée d’identifier une quelconque régression environnementale en
matière de haies. Les agriculteurs disposeront de 20 millions d’euros
supplémentaires pour planter des haies. D’autre part, les éleveurs verront
leurs troupeaux mieux protégés de la prédation lupine par la facilitation des
tirs de défense, dans le respect de la réglementation européenne, et par la
sécurisation juridique de l’utilisation des chiens patous.
S’agissant de l’attractivité, je m’attarderai un instant sur l’article 13,
relatif à la dépénalisation des atteintes non intentionnelles à
l’environnement. En effet, je vois fleurir et prospérer sur les réseaux
sociaux, les antennes de radio et les chaînes de télévision des contrevérités
parfaitement inacceptables, qui foulent aux pieds l’idée que je me fais d’un
débat démocratique sain et éclairant pour nos concitoyens.
Le combat légitime entre opposants ne donne pas le droit aux responsables
politiques de faire passer des vessies pour des lanternes. En aucune manière le
texte n’accorde à nos agriculteurs je ne sais quel permis de détruire des
espèces ou des espaces protégés. Le régime de protection reste plein et entier,
identique en tout point à celui qui prévalait jusqu’alors.
Seul le régime des peines est modifié, et pour les seules atteintes non
intentionnelles à l’environnement – je le dis encore, encore et encore.
Pour que le caractère non intentionnel soit retenu, il ne suffit pas, comme
vous le prétendez, de dire : « Pardon, je n’ai pas fait
exprès ». Le projet de loi encadre le périmètre de la
non-intentionnalité : sans entrer à nouveau dans les détails, sont
présumées – et seulement présumées – non intentionnelles les
atteintes qui découlent d’une obligation imposée par l’État, comme les
obligations légales de débroussaillement, de l’application des prescriptions
d’une autorisation administrative ou d’un plan de gestion validé par l’autorité
compétente.
La police de l’environnement peut à tout moment, à l’issue d’une enquête,
renverser cette présomption, tout comme le juge dans le cadre de l’enquête,
toujours menée à charge et à décharge, en s’appuyant sur son intime conviction.
C’est la stricte application de nos principes et procédures de droit pénal.
« Il n’y a point de crime ou de délit sans intention de le
commettre. » Ainsi, dans le cas où une atteinte non intentionnelle serait
constatée, la peine de prison encourue disparaîtrait au profit d’une obligation
de remise en l’état assortie d’une amende ou, à défaut, d’un stage de
formation.
Nous remplaçons la répression par la pédagogie tout en maintenant l’ambition de
réparation. On ne peut, d’un côté, passer son temps à se parer de toutes les
vertus en défendant l’État de droit et en prônant la tolérance à tout va et, de
l’autre côté, se montrer sans pitié et exiger la correctionnalisation de toutes
les infractions potentielles lorsqu’une faute non intentionnelle est commise
par un agriculteur. C’est une question de cohérence.
Cette clarification faite, et avant de conclure, je rappellerai que, grâce
votre vote, la place des femmes en agriculture sera revalorisée
– j’insiste sur ce point qui me tient particulièrement à cœur.
L’amélioration de leur statut figurera désormais explicitement dans les
objectifs de la politique agricole, afin que la nation reconnaisse le rôle
essentiel qu’elles jouent et ont encore à jouer dans le renouvellement des
générations.
L’accès au statut de cheffe d’exploitation sera facilité grâce à une stratégie
visant à lever les freins à l’installation, et le réseau France Services
agriculture veillera à ce que les agricultrices puissent bénéficier de toutes
les commodités à cet effet.
En résumé, grâce à votre vote, nous sèmerons les premières graines de la
reconquête de notre souveraineté alimentaire. Les Français peuvent en être
sûrs : elles germeront. En adoptant ce projet de loi, nous tournerons, je
l’espère, la page des années noires de notre agriculture, pour qu’un vent
d’espoir et d’ambition souffle à nouveau dans les cours de la ferme France.
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Kfir avait la vie devant lui. Son frère Ariel et sa mère Shiri aussi.
Mon cœur se serre en apprenant le retour annoncé de leurs corps. Je n’ai plus
de mots, que des larmes.
> Laurence Vichnievsky est une femme de droit, une magistrate respectée, une experte reconnue du Parlement. Je salue le vote de la commission des Lois qui lui permettra de rejoindre le Conseil constitutionnel sur ma proposition. Elle saura défendre notre État de droit et les valeurs qui fondent notre République.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Gabriel Attal (député, secrétaire
général de Renaissance, président du groupe Ensemble pour la république à
l’Assemblée nationale)
> Shiri et ses enfants, Ariel et Kfir, étaient, sont et seront les
visages éternels de l'innocence. Ils sont les victimes de la barbarie du Hamas.
Le chagrin qui traverse leurs proches et Israël résonne en France. Il est celui
de la France. Mes pensées vont également à Oded Lifshitz et à ses proches, dont
nous apprenons aussi ce soir la disparition. Je sais l'engagement de nos
services pour obtenir la libération de tous les otages encore entre les mains
du groupe terroriste.
François Patriat (sénateur, président du groupe RDPI au
Sénat)
Roland Lescure (député)
> Les États-Unis sont-ils encore
notre allié ? Tandis que la loi du plus fort tente de s'imposer, notre
continent fait face à une menace existentielle. Or l'Europe peine à exister
dans la résolution de la guerre.
L'Europe que nous bâtissons depuis soixante-quinze ans est à la croisée des chemins. Jamais, depuis la fin de la guerre froide, elle n'a été à ce point mise à l'épreuve par des facteurs exogènes comme endogènes. Nous vivons la fin d'une époque, et tout ce que nous considérions comme acquis est réexaminé, révisé, voire renversé.
Hier, le président américain a affirmé que le président Zelenski aurait pu éviter la guerre. Son revirement stratégique entérine un renversement d'alliance et la mise à l'écart des Européens et des premiers concernés, les Ukrainiens. En cherchant à imposer à l'Ukraine une paix non concertée pour une guerre qu'elle n'a pas provoquée, les États-Unis renforcent la position impérialiste de Poutine.
Notre continent ne peut plus compter sur son allié américain : nous devons assurer nous-mêmes notre sécurité. Je salue les initiatives prises depuis 2017 par le Président de la République pour promouvoir le réarmement européen et créer une véritable défense européenne. Le récent sommet de Paris a marqué une étape cruciale dans ce processus. Notre protection supposera un effort inédit en faveur de la défense à l'échelle de l'Union européenne.
Sylvain Maillard (député)
> Il y a deux visions : Une gauche qui veut taxer tout, toujours plus,
et nous appauvrir collectivement. Et les députés Ensemble pour la république qui
ambitionnent de baisser les impôts, pour créer plus d’emplois et plus de
richesses pour chaque Français.
> Nous avons approuvé par un vote en commission des Lois la nomination de Richard Ferrand comme président du Conseil constitutionnel. Un choix de responsabilité et de continuité, dans la lignée de Laurent Fabius et Jean-Louis Debré. Je suis convaincu que Richard Ferrand démontrera les memes qualités de jugement dont ses deux prédécesseurs ont fait preuve en présidant cette instance.
Jean-René Cazeneuve (député)
> Comme c'était prévisible, notre déficit des retraites est réel et
grandissant. Bon courage à ceux qui voudraient nous démontrer qu'il faut moins
travailler...
> La loi d’orientation agricole est adoptée : transmission facilitée, formation renforcée, simplification des démarches, protection contre les recours abusifs… et la reconnaissance de l’intérêt général majeur de la production agricole. Les engagements pris il y a 1 an sont tenus!
Olivia Grégoire (députée)
> « Nous pouvons raviver l’esprit d’innovation de notre continent.
Nous pouvons retrouver notre capacité à défendre nos intérêts. Et nous pouvons
redonner espoir à nos peuples » (Mario Draghi)
Pour cela il nous faut anticiper et accélérer.
David Amiel (député)
> L’Europe peut mourir d’inertie. Comme ces Byzantins qui discutaient du
sexe des anges la veille de la chute de Constantinople. Mon appel au sein du
Parlement européen: réveillons-nous pour éviter un Munich de tous les jours !
> Tout le monde, élu ou non, a des convictions politiques. Je préfère donc avoir à la tête du Conseil constitutionnel quelqu’un aux engagements connus de tous, dont l’impartialité sera d’autant plus manifeste. Richard Ferrand sera un grand président du Conseil constitutionnel.
> La fascination pour J.D. Vance à droite, qui vient quand même nous mépriser et nous menacer, n’est finalement qu’un nouvel exemple de la domination culturelle américaine sur une large partie des élites françaises. Le même ressort, au fond, qu’à gauche avec le wokisme.
● MoDem
Marc Fesneau (député, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale)
> [Intervention à l’Assemblée à propos de la motion de censure déposée
par le PS] Une motion de censure, ce n’est
pas une motion d’un congrès, qu’il soit du parti Socialiste ou d’une autre
formation politique.
Ce n’est pas, non plus, un label ou un trophée qu’un groupe s’attribue à
lui-même dans un concours assez lunaire du meilleur opposant de France.
Enfin, ce n’est pas un étendard politique brandi à chaque polémique,
pour distinguer celles et ceux qui auraient des valeurs de ceux qui n’en
auraient pas.
Non, une motion de censure, ce n’est pas un acte anodin, mais un acte
dont les conséquences doivent être mesurées, car elles peuvent être graves.
Et, je le dis : elles peuvent être graves, en particulier face aux
difficultés immenses auxquelles la France, l’Europe et le monde font
aujourd’hui face.
Aujourd’hui, celles et ceux qui entendent censurer le
Gouvernement doivent par conséquent le faire en connaissance de cause.
Censurer le gouvernement, cela signifie que le projet de loi de finances
initiale et le projet de loi de financement de la sécurité sociale que le
Parlement vient d’adopter après un parcours jonché d’obstacles ne pourront être
déployés concrètement et rapidement, sur le terrain.
Cela signifie que les avancées utiles que des groupes politiques, y compris des
groupes d’opposition, même si maintenant ils ont du mal à l’accepter, ont
obtenues avec ces lois ne pourront être déclinées au bénéfice des Françaises et
des Français.
Je pense tout particulièrement aux efforts consentis sur l’hôpital public
ou pour l’éducation nationale, qu’à gauche de cet hémicycle, pourtant, vous
avez, avec nous, défendus.
Censurer le gouvernement, cela signifie que la stabilité que nous avions
commencé à bâtir dans un état d’esprit de compromis et de dialogue au service
des Françaises et des Français, au service des entreprises, des associations ou
des collectivités territoriales n’était en réalité qu’un mirage, et que nous
les plongeons à nouveau brutalement dans l’incertitude et dans le désordre.
Censurer le gouvernement, cela signifie aussi mettre un coup d’arrêt à des
avancées attendues.
Parce que censurer, c’est repousser le projet de loi d'orientation pour la
souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations,
attendu par le monde agricole, à la veille de l’ouverture du Salon International
de l’agriculture.
Censurer, c’est aussi renoncer à examiner rapidement la proposition de loi
visant à sortir la France du piège du narcotrafic qui a fait l’objet d’un
consensus, je sais que le mot vous gêne, au Sénat, pour que nous apportions
collectivement une réponse à ce fléau funeste.
Censurer, c’est enfin et sans être exhaustif retarder l’examen des deux
propositions de loi sur la fin de vie et des soins palliatifs, dont nous savons
qu’elles trouvent un écho puissant dans une société qui aspire à plus
d’autonomie et de considération pour le choix des personnes en fin de vie.
Alors oui, je le dis à nouveau : censurer un gouvernement est un acte tout
sauf anodin, en ce moment même où la France et les Français ont plus que jamais
besoin et envie de stabilité.
Et alors que cette motion entend parler de valeurs, je voudrais vous dire en
quelques mots ce en quoi les attendus de cette motion paraissent hors du temps,
picrocholins quand des menaces globales, immédiates, nous guettent et menacent
– elles - réellement nos valeurs, celles que je crois nous partageons.
Accaparer cet hémicycle pour un débat sur un supposé péril des valeurs apparaît
au mieux dérisoire, au pire inconscient alors qu’une guerre sur le sol européen
devient aujourd’hui une éventualité.
Car s’il s’agit de parler des valeurs, des principes et des fondements de notre
République, alors je nous invite à ouvrir les yeux sur les véritables risques
qui menacent notre démocratie et donc tout notre système de valeurs.
Je pense à ceux liés aux impérialismes conquérants et brutaux, dont les
contours de dessinent chaque jour plus nettement, à l’Ouest comme à l’Est. Je
pense à ce qui se dessine d’un nouvel ordre - nous pourrions plutôt parler de
désordre - international qui, demain, serait régi par la loi du plus fort, par
l’influence de multinationales permettant l’ingérence de puissances étrangères
au cœur de nos démocraties…
Je pense aux guerres commerciales qui se profilent et qui peuvent mettre à mal
toutes nos économies et plonger notre pays comme tous les pays européens dans
une crise économique et sociale immense. Je pense aux crises climatiques à
venir qui vont bouleverser les équilibres sociaux, démographiques et
économiques. Je pense enfin aux nouveaux défis technologiques : le sommet
sur l’Intelligence artificielle qui s’est tenu à Paris montre l’ampleur des
défis devant nous.
C’est tout cela qui menace véritablement nos valeurs. Et pas autre chose !
Donc, alors que s’ouvre sous nos yeux une ère nouvelle, nous devrions
collectivement - nous qui partageons les valeurs multiséculaires de notre
République - être à la hauteur du défi historique que la France et l’Europe
doivent affronter avec lucidité !
Ce qui menace nos valeurs, ce sont celles et ceux qui, de l’intérieur,
participent à l’affaiblissement du pays en la déstabilisant, alors que les
défis et risques que je viens de décrire sont immenses !
Ce qui menace nos valeurs, ce sont ceux qui affaiblissent la voix de la France
et ainsi de l’Europe face à l’agression russe en Ukraine et au changement de
pied brutal des États-Unis !
Ce qui menace nos valeurs, ce sont celles et ceux qui organisent l’impuissance
et la soumission de l’Union européenne de l’intérieur, soutiennent tous les
régimes illibéraux et sont fascinés par leurs dirigeants autoritaires ! Ce
qui menace nos valeurs, ce sont celles et ceux qui prônent le repli sur soi,
alors que l’Europe doit être, au contraire, un amplificateur de notre
souveraineté sur des enjeux aussi stratégiques que la défense, l’énergie,
l’agriculture ou encore l’intelligence artificielle !
En tout état de cause, mesdames et messieurs les membres du groupe Socialistes
et apparentés qui avez déposé cette motion de censure, nous n’avons pas nous,
les Démocrates, au Centre, de « leçons de valeurs » à recevoir, ne
vous en déplaise.
Notre histoire, nos choix parfois difficiles, les combats que nous menons
depuis des années d’ailleurs avec François Bayrou, tout dans nos actes parle
plus fort que vos paroles. Nous avons su – nous - prendre notre risque pour
tenir ferme sur les valeurs.
Ce sont ces enjeux et tant d’autres qui devraient nourrir nos débats, et sur
lesquels nous devrions chercher de manière constante à faire vivre le
pluralisme, en dépassant nos désaccords, pour faire avancer l’intérêt général
et pour protéger l’essentiel.
« Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat, fou qui
songe à ses querelles au cœur du commun combat » disait Aragon.
C’est à ce combat existentiel que je nous invite – car c’est de cela dont il
est question. Et c’est pour ce combat qu’il y a, je le crois, encore une
majorité dans le pays et dans cet hémicycle.
C’est ce rendez-vous que nous donne sans aucun doute l’Histoire. J’espère que
vous serez avec nous – dans le respect de nos différences - à la hauteur de ces
enjeux-là. Parce qu’ils sont vitaux et que nous serons jugés sur cela.
Et c’est pour ce motif que j’appelle chacun au nom de mon Groupe et en
conscience, à ne pas voter cette motion de censure.
Frédéric Petit (député)
> Les positions maximalistes russes étaient connues depuis des mois,
nous mettions la tête dans le sable en espérant que Trump n’accède pas à toutes
ces requêtes. Qu’avons-nous fait pour permettre à l’Ukraine de tenir si les
États-Unis venaient à jouer la partition du Kremlin ?
> Je ne pensais pas voir un jour un pacte americano-soviétique. Il se dessine sous nos yeux. Il n’incombe qu’à nous d’arrêter de scruter chaque déclaration absurde de Trump, de prendre acte de cette nouvelle réalité et de bâtir la souveraineté stratégique européenne. Au travail !
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
> 603.628 km2 et 41 millions de personnes.
Le 20 février 2014, la Russie a envahi la Crimée.
Le 24 février 2022, la Russie a envahi l’Ukraine.
Nous devons avoir la paix, mais elle doit être juste et durable.
L’Europe se tiendra aux côtés de l’Ukraine
Bernard Guetta (député)
> Qu’est-ce qui est le plus déterminant ? Les fragilités de l’Union ou
la dynamique d’affirmation qui la porte ? Il ne l’avait pas voulu. Il ne
l’aurait pas imaginé, mais grâce à Donald Trump, grâce aux philippiques
munichoises de son vice-président et grâce à l’ahurissante cécité avec laquelle
il a fait de Vladimir Poutine un homme de paix, l’Europe est en rangs serrés,
prête à se doter d’une défense commune et à s’affirmer en puissance politique.
Il y faudra de l’argent que nous n’avons pas, un temps qui nous est compté et
des conflits que nous n’éviterons pas. Il faudra se résoudre à emprunter et
trouver d’impossibles compromis industriels, mais le tournant est pris car
enfin…
Pascal Canfin (député)
> Pourquoi l’Ukraine rejette le plan de Donald Trump : « Cela
ressemble vraiment à du racket ».
> « Vous n'auriez jamais dû commencer la guerre » dit Trump à l’Ukraine. Le président des États Unis est devenu la voix du Kremlin!
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