► Emmanuel Macron (Président de la République)
> Nos concitoyens Ofer
Kalderon et Ohad Yahalomi figurent dans la liste des 33 otages qui doivent être
libérés dans la première phase de l'accord de Gaza. Nous restons mobilisés sans
relâche pour que leurs familles puissent les retrouver.
> Il y a 50 ans, Simone Veil marqua l'Histoire en défendant avec courage une loi pour les femmes, pour leur liberté, pour leur dignité. Aujourd’hui scellé dans notre Constitution, le droit de recourir à l'IVG est irréversible. Rien ne pourra effacer ce droit.
► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est
dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de
reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité
d’un Président de la République et d’un Premier ministre centristes/centraux ;
néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un côté les ministres
centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un gouvernement de
coalition du fait que le Président de la République et le Premier ministre ne
disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]
● Ministres
centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> J’ai confiance dans le dialogue social. Le 19 février, la Cour des
Comptes rendra le constat le plus indiscutable possible sur notre système des
retraites. D'ici là, toutes les questions sont ouvertes, sans aucun tabou.
> [Intervention à l’Assemblée suite à la motion de censure
de LFI] (…) Je crois que nous ne prenons pas la mesure de ce qui est en train
de se passer dans les jours où nous sommes. Nous sommes, la France et l’Europe,
comme une citadelle assiégée. Nous sommes, la France et l’Europe, confrontés à
des puissances qui ont désormais choisi le parti de la domination sur la
société que nous formons et la civilisation que nous défendons. À la fin du
mois de décembre, la Chine a presque franchi le cap du millier de milliards de
dollars d’excédent commercial. L’Allemagne est en récession pour la deuxième
année consécutive – le chiffre a été publié hier matin. Heureusement, la
France, avec un peu plus de 1 % de croissance, y échappe. Mais c’est toute
l’Europe qui est atteinte et la France voit son projet de pacte social menacé
par la crise en cours. Là est le point de divergence le plus significatif. La
motion de censure que vous avez présentée, monsieur Bompard, signifie une
chose. Elle dit: « Nous voulons demeurer dans l’affrontement. Nous ne
voulons pas, dit votre motion de censure, sortir de l’affrontement pour entrer
dans la pratique du dialogue, de la négociation, de la construction commune de
l’avenir. » C’est la raison pour laquelle les bancs dont vous réclamez le
soutien sont totalement vides. Vous préférez choisir la guerre intestine au
sein de notre pays. Vous voulez que l’affrontement soit la loi et vous voulez
que la conflictualité. Le choix qui est devant nous, dans la situation si grave
que connaît notre pays et qui menace et fait souffrir l’ensemble de ses
activités et de ses travailleurs, ce choix est entre l’affrontement intérieur
perpétuel et la tentative de chercher un chemin de dialogue, de réflexion, de
compromis, de négociation pour que les choses avancent. C’est la raison pour
laquelle le scrutin qui va être organisé sur cette motion est significatif. La
démocratie, ce n’est pas l’affrontement perpétuel. Nous avons choisi un autre
chemin, celui de la tentative – je ne suis pas assuré qu’elle
réussisse – de construire un avenir différent à partir de la contribution
de tous ceux qui, en raison de leur expérience sociale et politique, savent et
affirment qu’ils pourront améliorer la situation de notre pays.
Cette situation, du point de vue des finances publiques, de l’économie et de
l’industrie, est terriblement inquiétante. Tournons nos regards vers les
États-Unis, dont le président sortant a fait hier soir un discours riche de
signification, en affirmant que son pays était sur le point d’être livré à des
oligarchies. Ce danger concerne d’ailleurs la planète entière, lorsque des
puissances extérieures à la politique décident de se servir de la politique
pour imposer leur point de vue et leur vision du monde – une vision qui
n’est d’ailleurs pas très éloignée de la vôtre.
Au fond, ceux qui veulent l’affrontement et ceux qui veulent la domination sont
du même avis : tous se refusent à laisser leur place au compromis, à la
discussion, à la réflexion, au progrès graduel. C’est pourquoi la motion de
censure que vous présentez ne pourra pas être adoptée. Difficilement, avec
beaucoup de travail, de discussion, de négociation, chacun apportant ce qu’il
croit bon et ce qu’il a de plus précieux, un autre chemin apparaît, une entente
susceptible de construire un avenir différent. C’est la seule réponse que doit
apporter l’Assemblée nationale à la motion de censure destructrice que vous
avez présentée.
> [Intervention à l’Assemblée] Nous avons pris le temps
et fait l’effort réciproque d’examiner ensemble s’il était possible de
progresser dans le cadre des relations qui existent entre les différents
groupes de cette assemblée et le gouvernement.
Il y a un premier cercle, celui des groupes qui participent au gouvernement. Il
y a un autre cercle, défini par ceux-là mêmes qui le composent comme celui des
groupes radicalement opposés à la démarche du gouvernement. Et puis il y a un
cercle intermédiaire, composé de groupes qui sont dans l’opposition mais qui
décident cependant de saisir toutes les possibilités de progression. C’est dans
ce cadre que nous avons discuté.
Il y a eu beaucoup de sujets de discussion. Nous avons abordé par exemple la
question de l’évolution de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie et
celle du budget de la santé, qui ont forcément des conséquences sur les
hôpitaux.
S’agissant de la réforme des retraites, nous avons décidé de demander aux
partenaires sociaux et au gouvernement, qui a la responsabilité de l’emploi
public, de se réunir pour examiner les voies de progression identifiées après
la réforme qu’Élisabeth Borne, après tant d’autres chefs du gouvernement, a
conduite – je signale au passage que votre groupe ou votre courant de
pensée, bien que s’étant opposé aux réformes précédentes, n’est jamais revenu
dessus, car la réalité s’impose à nous tous.
Je vais vous répondre clairement. Cette conférence sociale permettra, nous le
croyons, de déboucher sur un accord. Nous le croyons parce que nous croyons,
tout comme vous, j’imagine, à la capacité des partenaires sociaux à progresser.
Et je peux attester, à la suite des conversations qu’ils ont eues avec moi, que
les partenaires sociaux sont déterminés à avancer. Ils ont eux aussi identifié
des marges de succès.
Il y a donc trois possibilités. La première est qu’un accord se dégage. Il fera
alors l’objet d’un texte soumis au Parlement. S’il n’y a aucune sorte d’accord,
c’est la réforme précédente qui continuera à s’imposer. Il peut néanmoins
arriver, et c’est même probable, qu’on se trouve dans une situation où des
marges de progression, des mouvements, des changements, des adaptations auront
été identifiés sans qu’il y ait un accord général. Si c’est le cas, nous
proposerons un texte qui reprendra ces adaptations et nous le soumettrons à
l’Assemblée.
Il n’y a rien de plus simple, de plus clair, de plus franc. Nous ne pouvons
considérer à l’avance que les partenaires sociaux sont incapables de
progression – je crois exactement le contraire. Je prends l’engagement
devant vous que si nous identifions des possibilités de changements positifs,
dans lesquels on discernerait des progrès, nous les présenterons au Parlement
dans le cadre d’un projet de loi.
Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education
nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> [Intervention à l’Assemblée] Je suis convaincue que l’éducation
nationale, c’est l’avenir de notre jeunesse et que nous devons tout faire pour
permettre à chaque jeune de trouver la voie de sa réussite. Évidemment, cela
suppose de doter le ministère de moyens suffisants, de disposer de professeurs
en nombre suffisant pour accompagner au mieux les élèves et pour apporter une
réponse adaptée à ceux qui sont en difficulté, tout en stimulant les bons
élèves. C’est ce à quoi je souhaite m’employer.
Vous avez mentionné les effectifs du ministère et vous m’avez entendu dire que
je souhaitais pouvoir bénéficier d’effectifs supérieurs à ceux qui étaient
prévus dans le budget initialement présenté par le précédent gouvernement. Le
premier ministre aura l’occasion de s’exprimer très prochainement à ce sujet et
j’ai bon espoir que nous puissions réellement progresser, en améliorant le taux
d’encadrement dans chaque académie pour donner lieu à des classes moins
chargées, et ainsi mieux répondre aux besoins de chaque élève.
Je présenterai également les répartitions par académie dans le cadre des
discussions avec les organisations syndicales, vendredi prochain ; nous
reviendrons très prochainement sur l’évolution globale des effectifs.
> Mon premier Comité social d'administration ministériel
de l’Éducation nationale. J'ai partagé avec les organisations syndicales mes
priorités parmi lesquelles le besoin d'exigence autour du brevet.
- nouvelle pondération : l'épreuve finale pèsera pour 60% dans la note de
l'élève.
- correctifs académiques supprimés.
- consolidation des compétences pour les élèves de seconde qui n'auront pas eu
ce diplôme.
Autant de mesures concrètes pour agir efficacement sur le niveau d'exigence
> Nous avons fait du combat historique de Simone Veil et du droit à l'avortement une liberté fondamentale, inscrite dans notre Constitution. 50 ans après sa dépénalisation, l'accès à l'IVG est toujours remis en cause par les conservatismes et la montée des mouvements anti-choix. Cela doit nous rappeler que le droit des femmes est une bataille permanente, que l’on doit toutes et tous porter !
Manuel Valls (ministre d’Etat, ministre des Outre-mer)
> [Crise au Moyen Orient] Si le Hamas n'avait pas attaqué Israël, il n'y
aurait pas eu cette guerre. Si le Hamas avait tout de suite rendu les otages,
la paix se serait imposée. Le Hamas porte cette responsabilité. (…)
Oui, les Gazaouis ont beaucoup souffert et ils souffrent évidemment encore
puisqu'ils sont sous la férule du Hamas. Je rappelle en permanence, notamment à
ceux qui défendent la cause du Hamas, que là-bas les femmes sont cachées, que
les homosexuels sont pourchassés et massacrés, qu'il n'y a pas de démocratie.
Donc oui, il y a eu un calvaire, une souffrance des Gazaouis, mais il y a aussi
la souffrance des otages, de leurs familles et d'Israël qui a été violemment
attaqué/
Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires
étrangères)
> [Intervention à l’Assemblée sur la situation du Moyen-Orient] Dans son
discours de clôture de la conférence des ambassadrices et des ambassadeurs
comme dans sa déclaration de politique générale, le premier ministre a décrit
l’une des dynamiques les plus structurantes de notre temps : celle qui
voit la force de la loi contestée par la loi de la force.
Nous sommes confrontés à la loi de la force au Proche-Orient depuis le
7 octobre 2023.
Nous y avons été confrontés en premier lieu par l’attaque terroriste du
7 octobre elle-même, pire massacre antisémite perpétré depuis la Shoah. Un
an après, le 7 octobre 2024, je suis venu marquer le triste anniversaire
de cet attentat barbare sur le site du festival Nova, là où les terroristes du
Hamas ont massacré, violé, fauché la vie de tant de jeunes gens qui
n’aspiraient qu’à la célébrer. J’ai rendu hommage à toutes ces victimes
– notamment à nos quarante-huit compatriotes assassinés en ce jour
noir – et à l’héroïsme de tous ceux qui ont donné leurs vies pour que
d’autres puissent échapper au pogrom. Il est interdit de relativiser ou de
minimiser l’horreur de ce massacre, horreur que nous avons éprouvée dans notre
chair en France où les évènements du 7 octobre ont ranimé les souvenirs
effroyables de l’Hypercacher et du Bataclan.
Je pense aussi aux otages : à ceux qui ont été libérés, à ceux qui ont été
tués – notamment Elia et Orion –, à ceux qui demeurent otages
– nos compatriotes Ofer Kalderon et Ohad Yahalomi, retenus captifs depuis
plus d’un an dans les tunnels de Gaza. La France n’abandonnera jamais les siens
et ne cessera pas d’exiger la libération de tous les otages.
La loi de la force, nous y avons ensuite été confrontés du fait de la terrible
guerre de Gaza et de son cortège de désolation et d’indicibles souffrances pour
les civils : une enclave entièrement détruite, plus de
46 000 morts, dont beaucoup de femmes et d’enfants,
100 000 blessés, deux millions de déplacés, une situation humanitaire
catastrophique, des restrictions inacceptables à l’entrée de l’aide
humanitaire.
Je le dis en ami d’Israël : Israël avait, a et aura le droit de se
défendre mais la façon dont Israël a conduit cette guerre n’est ni acceptable,
ni conforme au droit international humanitaire. Le président de la République
l’a rappelé il y a quelques jours : depuis des mois, il n’y a aucune
justification militaire à la poursuite des opérations israéliennes à Gaza, aux
entraves délibérées à l’aide humanitaire et à l’état de faim et de dénuement
extrême auquel la population civile se trouve réduite.
La loi de la force, nous la voyons également à l’œuvre en Cisjordanie où nous
assistons depuis le 7 octobre tout à la fois à une accélération de la
colonisation – laquelle, illégale en droit international, menace la
continuité et la viabilité d’un futur État palestinien sans lequel on ne voit
pas comment une paix durable pourrait s’installer – et à une
multiplication des violences émanant tant de colons israéliens extrémistes que
de terroristes palestiniens.
La loi de la force, nous la voyons enfin se déployer au Liban, entraîné dans la
guerre par le Hezbollah au lendemain du massacre du 7 octobre. Les deux
mois de conflit de haute intensité qui se sont déroulés entre la mi-septembre
et la fin novembre ont fait près de 4 000 morts – dont de
nombreux civils – et 15 000 blessés. Ils ont conduit au
déplacement de plus de 1,3 million de personnes – soit presque un
tiers de la population libanaise – auxquels s’ajoutent les
60 000 résidents du nord d’Israël déplacés depuis le début des attaques
du Hezbollah. Cette guerre a ravagé le Sud du Liban, la plaine de la Bekaa et
la banlieue de Beyrouth provoquant des destructions d’une ampleur considérable
dans un pays déjà durement éprouvé par une crise économique sans précédent.
Face à cette crise régionale qui ébranle le droit international, la France
s’est pleinement mobilisée. Nous nous sommes engagés dans la lutte contre
l’organisation terroriste du Hamas en accueillant le 13 décembre 2023 une
réunion internationale qui a amélioré la coopération des partenaires internationaux
en matière de sanctions contre ses dirigeants et ses sources de financement.
Au niveau européen, nous avons désigné les trois principaux responsables des
attaques du 7 octobre et plusieurs entités coupables de violences
sexuelles. Nous avons créé un régime européen visant le Hamas et le Jihad
islamique palestinien qui a permis de sanctionner douze individus et trois
entités soutenant matériellement et financièrement ces groupes.
En parallèle, la plateforme d’harmonisation, d’analyse, de recoupement et
d’orientation des signalements (Pharos) a diligenté plus de 120 procédures
contre la propagande en ligne du Hamas, que ce soit en lien avec le pôle
national de lutte contre la haine en ligne ou, dans le cadre européen, avec
Europol qui signale et fait retirer des contenus terroristes. Notre objectif
est clair : le Hamas ne doit plus jamais se trouver en position de
perpétrer des attaques criminelles contre Israël, ni de gouverner la bande de
Gaza.
À Gaza, nous avons multiplié les efforts pour venir en aide aux populations
civiles. Un mois après le début de la guerre, une Conférence internationale
s’est tenue à Paris afin de mobiliser un milliard d’euros pour répondre à la
crise humanitaire. La France a été le premier pays occidental à soigner des
Gazaouis blessés grâce à l’engagement de moyens militaires, notamment le
porte-hélicoptères Dixmude. Avec ses partenaires, la France a acheminé plus de
1 200 tonnes de fret humanitaire jusqu’à la bande de Gaza grâce à des
opérations aériennes ou terrestres et mobilisé plus de 200 millions
d’euros au profit de la population civile de Gaza, 50 millions d’euros
d’aide étant prévus en 2025.
C’est la France qui, sur le plan diplomatique, a été le premier pays du G7 à
appeler au cessez-le-feu et à soutenir les quatre résolutions adoptées aux
Nations unies à ce sujet.
C’est la France qui a été un moteur pour l’adoption de sanctions à l’encontre
des colons extrémistes et violents en Cisjordanie : au niveau national,
des sanctions ont été prises contre vingt-huit individus et deux trains de
mesures l’ont été au niveau européen après un travail de conviction que nous
avons mené.
Nous soutenons, enfin, les efforts des médiateurs qatariens, égyptiens et
américains en vue d’un cessez-le-feu assorti de la libération des otages. Les
négociations ont progressé et nous espérons qu’un accord puisse, dans les
prochains jours, mettre fin à la tragédie ouverte le 7 octobre et
réengager une dynamique en faveur d’une solution politique au conflit
israélo-palestinien.
La France s’est mobilisée pour avancer concrètement vers cette issue : la
solution à deux États et l’établissement d’un État palestinien viable, contigu,
vivant en paix et en sécurité aux côtés d’Israël.
À l’ONU, nous avons voté, tout d’abord, le 18 avril, en faveur d’un projet
de résolution au Conseil de sécurité demandant l’admission pleine et entière de
la Palestine comme État membre des Nations unies, puis, le 10 mai, en
faveur d’une résolution sur le rehaussement des droits de la Palestine dans le
cadre des Nations unies.
En soutien de la Cour internationale de justice, nous avons voté le
18 septembre en faveur de la résolution palestinienne à l’Assemblée
générale des Nations unies relative à l’avis consultatif de la Cour sur le
caractère illicite de l’occupation israélienne des territoires palestiniens.
Au sein de l’Union européenne, nous avons contribué à faire adopter deux
paquets de sanctions, en avril et en juillet, contre des individus et entités
soutenant la colonisation violente. Un troisième paquet est en cours de
négociation – et, en la matière, croyez bien que la France se situe aux
avant-postes.
À titre national, nous avons sanctionné vingt-huit colons violents. Il s’agit
de protéger la solution à deux États en condamnant ceux qui travaillent à la
rendre impossible.
Nous avons par ailleurs accentué notre soutien, politique et budgétaire, à
titre national et européen, à l’Autorité palestinienne, partenaire d’Israël
pour la paix, qui doit pouvoir administrer l’ensemble des territoires
palestiniens. La France est l’un des rares pays à la soutenir directement.
Le chemin pour parvenir à la paix ne sera toutefois probablement pas
exclusivement israélo-palestinien, mais bien régional : il nous faut
aimanter la dynamique de normalisation des accords d’Abraham et le processus de
paix israélo-palestinien. C’est pourquoi nous travaillons avec l’Arabie
saoudite, qui constitue la clé de voûte d’un tel mouvement, et avec laquelle
nous allons coprésider en juin à New York une conférence internationale sur la
création d’un État palestinien. Il nous reviendra d’en faire un moment décisif.
Au Liban, enfin, nous avons obtenu des succès diplomatiques majeurs qui ont
permis une sortie de crise. Comme le président de la République, je m’y suis
investi personnellement à chaque étape.
Le 17 septembre, après un an de guerre de basse intensité, l’explosion des
bipeurs et des talkies-walkies du Hezbollah a lancé une escalade militaire de
grande ampleur qui a rapidement dévasté le Liban.
Le 24 septembre, j’ai demandé la tenue d’une réunion d’urgence au Conseil
de sécurité consacrée au Liban. Le même jour, le président de la République et
le président Biden ont mis sur la table une première proposition
franco-américaine de cessez-le-feu.
Le 29 septembre, j’ai effectué mon premier déplacement bilatéral à Beyrouth
– sous les bombes, si je puis dire – pour manifester la solidarité de
la France et notre engagement à mettre fin au plus vite à cette tragédie. Dans
cette perspective, j’ai multiplié les déplacements, me rendant deux fois en
Israël en un mois, et enchaîné les contacts avec mes homologues américains,
israéliens et libanais.
Le 24 octobre, nous avons accueilli à Paris une conférence de soutien qui
a permis de rassembler 1 milliard de dollars pour le Liban, dont
100 millions d’aide française – auxquels il faut ajouter
100 tonnes de fret humanitaire –, mais aussi, en marge, de travailler
au cessez-le-feu.
Le 27 novembre, l’accord de cessez-le-feu proposé par la France et les
États-Unis a finalement été accepté.
Le 30 décembre, je me suis de nouveau rendu au Liban pour saluer nos
soldats, engagés au sein de la Force intérimaire des Nations unies au Liban, la
Finul – auxquels, bien sûr, je rends hommage –, mais aussi pour
encourager l’application de l’accord, et ce dans le cadre d’un mécanisme de
surveillance franco-américain.
Le 7 janvier, le premier retrait massif de forces israéliennes a eu lieu.
Tsahal s’est retiré de la partie ouest de la zone qu’il contrôlait et entame
son retrait des autres secteurs, où l’armée libanaise se déploie, tandis que
les violations du cessez-le-feu ont drastiquement baissé. Nous allons continuer
à encourager cette dynamique en vue d’un retrait complet fin janvier.
Le 9 janvier, à l’issue de mon propre déplacement au Liban et d’une ultime
mission de bons offices de l’envoyé personnel du président de la République
Jean-Yves Le Drian, dont je salue les efforts inlassables, le parlement
libanais a élu à une très large majorité M. Joseph Aoun président de la
République, après plus de deux ans d’une vacance qui paralysait l’ensemble de
l’État. Le 11 janvier, un nouveau premier ministre, M. Nawaf Salam, a
été désigné.
En trois mois, nous avons aidé le Liban à passer de l’escalade au redressement
et à ouvrir une nouvelle page porteuse d’espoir. Fort d’un soutien populaire,
d’un large consensus interne et d’un appui international, le nouvel exécutif
libanais peut agir de façon décisive pour la restauration de la souveraineté de
l’État et la reconstruction du Liban. Nous serons aux côtés des Libanais dans
cette entreprise.
Comme j’ai eu l’occasion de le dire il y a quelques jours à la conférence des
ambassadrices et ambassadeurs, notre pays a œuvré, depuis les horreurs des
guerres mondiales, avec la conviction qu’il n’y a pas de paix durable sans
justice et pour que s’édifie un ordre international reposant sur le droit ainsi
que sur des principes d’autodétermination des peuples et d’intégrité
territoriale.
Si la voix de la France est toujours entendue, c’est parce qu’elle est toujours
du côté de la justice, du droit et des règles collectives, dans un monde où ces
dernières sont constamment remises en cause.
Nous continuons aujourd’hui de travailler à améliorer et à renforcer le droit,
à rendre plus fort ce qui est juste. J’en veux pour preuve notre soutien résolu
à la Cour internationale de justice et à la Cour pénale internationale, dont
nous sommes le troisième bailleur, mais aussi nos efforts pour réformer le
Conseil de sécurité afin de limiter les effets délétères du droit de veto ou
encore notre soutien à l’initiative du CICR, le Comité international de la
Croix-Rouge, pour une pleine applicabilité du droit international humanitaire.
Nous évoquons aujourd’hui le conflit israélo-palestinien et le Liban. Nous y
avons dénoncé les violations du droit international et du droit international
humanitaire partout et en tout temps – en Israël par le Hamas, à Gaza par
Israël, au Liban par Israël, en Israël par le Hezbollah. Nous pourrions tout
aussi bien citer l’Ukraine, la Syrie, le Venezuela, la Birmanie, l’Afghanistan,
et tant d’autres crises. Il n’y a pas, dans le langage de la France, de double
standard.
Ces dénonciations ne sont pas des incantations. Elles trouvent leur
prolongement dans l’action au service des populations civiles pour contrecarrer
sur le terrain ceux qui déstabilisent le droit international et pour trouver
des solutions aux crises qui le mettent en péril – avec humilité, car nous
n’avons pas tous les leviers pour les résoudre seuls, mais aussi avec
détermination, car nous sommes capables de peser, comme nous l’avons montré au
Liban.
Vous pouvez compter sur moi pour persévérer dans nos efforts, au Proche-Orient
et ailleurs, pour sauvegarder le droit et bâtir des paix justes, les seules qui
assureront durablement la stabilité de cette région et la nôtre.
> [Intervention à l’Assemblée sur la situation du
Moyen-Orient] Vous m’interrogez sur deux sujets : la reconnaissance du
génocide et les mandats de la Cour pénale internationale.
Premièrement, s’agissant du génocide, les mots ont un sens. En droit, le
génocide est défini à l’article 2 de la Convention pour la prévention et
la répression du crime de génocide de 1948 ainsi qu’à l’article 6 du
statut de Rome qui a créé la Cour pénale internationale.
En vertu de ces dispositions, un génocide s’entend comme la commission de
certains actes dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe
national, ethnique, racial ou religieux, comme tel.
La qualification de génocide sur le fondement de l’une de ces dispositions
relève exclusivement de la compétence du juge, non de l’appréciation d’un État.
En l’occurrence, ni la Cour internationale de justice ni la Cour pénale
internationale n’ont jugé, à ce jour, qu’Israël ou ses dirigeants commettaient
un génocide à Gaza.
L’ordonnance du 26 janvier 2024 de la Cour internationale de justice n’a
pas rendu de décision définitive sur le fond, jugement qui ne devrait pas
intervenir avant 2026 ou 2027. Elle s’est bornée à exiger qu’Israël applique
une série de mesures conservatoires pour prévenir un tel risque, dispositif
complété par une nouvelle ordonnance le 24 mai 2024 qui prévoit deux
mesures conservatoires supplémentaires.
À Gaza, notre objectif est que la guerre prenne fin, qu’un cessez-le-feu
immédiat et durable soit déclaré, que les otages soient libérés sans plus de
délai – une exigence partagée par la Cour internationale de justice –
et que l’aide humanitaire parvienne massivement et sans entrave aux populations
civiles qui en ont urgemment besoin, comme l’a d’ailleurs demandé également la
CIJ.
Nous avons très largement soutenu les mesures conservatoires exigées par la
Cour internationale de justice, à la fois au moyen de résolutions adoptées au
Conseil de sécurité des Nations unies ou par des déclarations faites au niveau
national.
J’en viens à la question des mandats de la Cour pénale internationale. Dans la
déclaration à laquelle vous faites référence, nous avons simplement rappelé
qu’il existe deux obligations en droit international. La première est de
coopérer avec la Cour pénale internationale, dont nous sommes le troisième
bailleur, la seconde de respecter les immunités existantes.
En aucun cas nous n’avons dit que l’une des deux obligations devait primer sur
l’autre, pour la bonne et simple raison que cette question relève de la seule
appréciation du pouvoir judiciaire. Or, en France, l’autorité judiciaire agit
en toute indépendance. Comme pour toute autre situation, la capacité de décider
de l’exécution, ou non, du mandat d’arrêt émis contre Benyamin Netanyahou s’il
devait se rendre en France, reviendrait donc à la justice. La position du
Gouvernement sur cette question serait portée à sa connaissance mais in fine,
c’est bien l’autorité judiciaire qui déciderait souverainement et en toute
indépendance.
En résumé, dans la déclaration à laquelle vous avez fait allusion, nous nous
sommes donc bornés à rappeler le droit.
> [Intervention à l’Assemblée sur la situation au Moyen
Orient] Au sujet de la conférence que la France et l’Arabie Saoudite
coprésideront en juin, en soulignant son opportunité pour l’ancrage du principe
d’une solution à deux États et donc du principe même d’un État palestinien.
Je le dis devant la représentation nationale : ce dernier principe,
largement voire unanimement défendu dans notre pays, ne l’est pas partout avec
autant de ferveur. Au vu de la nouvelle administration américaine, on peut
s’attendre à ce que la perspective de son application soit fragilisée.
L’objectif de ce rendez-vous du mois de juin sera donc d’agréger un soutien
aussi large que possible à cette perspective, en travaillant d’ici là à en
tracer le chemin. En effet, du cessez-le-feu jusqu’à l’établissement d’un État
palestinien dont les habitants vivent en paix et en sécurité et qui bénéficie
de reconnaissances mutuelles et de garanties pour chacun, il y a une période
intermédiaire dont il faut pouvoir définir et garantir les paramètres.
Cette conférence visera donc à établir des paramètres aussi affinés et
consensuels que possible en défendant la perspective politique qui, de notre
point de vue, est la seule susceptible de garantir la paix dans la région
contre les manœuvres que pourraient tenter ceux qui ne partagent pas la même
analyse que nous.
S’agissant des actions concrètes menées pour que cessent les violations du
droit international perpétrées en Syrie, c’est-à-dire pour assurer le respect
de l’accord de désengagement entre Israël et la Syrie de 1974 et le retrait des
troupes israéliennes des territoires qu’elles occupent en violation du droit
international, nous déployons des efforts à tous les niveaux.
Je me suis entretenu avec mon homologue israélien précisément à ce sujet. Notre
ambassadeur vient de faire connaître notre position à la directrice politique
du ministère des affaires étrangères israélien. Auprès de nos interlocuteurs,
comme nous l’avions fait publiquement, nous avons non seulement condamné ces
violations, mais aussi expliqué le danger que représenterait une violation trop
durable du droit international pour le processus de redressement et de
transition politique en Syrie. Si ce processus n’aboutissait pas, il en
résulterait un danger bien plus grand encore pour la sécurité d’Israël.
Enfin, vous avez raison de vous préoccuper de l’aide financière au Liban.
L’afflux des fonds nécessaires aux efforts humanitaires aussi bien qu’à la
reconstruction du sud du pays, largement dévasté notamment par les frappes
israéliennes, aurait été inenvisageable sans le redressement politique du pays,
l’élection d’un président de la République libanais et la nomination d’un
premier ministre, dont je rappelle qu’il est président de la CIJ.
En effet, l’expérience de 2006 a rendu frileux les bailleurs
internationaux : ils ont alors eu le sentiment que l’aide apportée avait
pu être détournée et que ce détournement avait conduit à la détérioration du
Liban, qui a elle-même suscité la situation présente.
La première étape était donc le cessez-le-feu et la deuxième le redressement
politique. Il appartient à présent au gouvernement récemment entré en fonction
de créer les circuits à même de rassurer les bailleurs internationaux afin
qu’ils participent pleinement à la reconstruction libanaise.
> [Intervention à l’Assemblée sur la situation au Moyen
Orient] Comme vous, je suis meurtri et ému par la situation des civils à Gaza,
en particulier des enfants. On parle de 45 000 civils morts depuis le
7 octobre. Nous ne disposons pas encore d’un décompte précis des victimes,
mais on évoque le décès de 14 000 enfants. On dit que la tranche
d’âge la plus touchée par les bombardements, celle au sein de laquelle le
nombre de victimes est le plus important, est celle des 5-9 ans.
Voilà de quoi susciter une émotion profonde et motiver un certain nombre
d’initiatives que nous avons prises, tant sur le plan humanitaire que sur celui
du droit international.
S’agissant des armes, si tout le monde s’était comporté comme la France, nous
n’en serions pas là. Je trouve paradoxal que vous accusiez le gouvernement
français de livrer des armes à Israël pour mener sa guerre à Gaza alors que,
comme vous l’avez entendu, la France est accusée par d’autres d’avoir appelé à
un embargo sur la vente d’armes à Israël.
Il est un fait que nous exportons des équipements vers ce pays, mais dans des
volumes historiquement très limités – 0,2 % de nos exportations de
matériel de défense – et suivant des procédures de contrôle extrêmement
strictes reposant sur l’observation d’un ensemble de critères, dont le respect
des droits de l’homme et du droit international humanitaire par le pays
destinataire. Nous ne vendons donc pas d’armes susceptibles d’être utilisées en
violation du droit international à un État dont nous disons ouvertement et
publiquement qu’il viole ce droit.
Enfin, s’agissant de la reconnaissance de l’État palestinien, nous avons
toujours affirmé qu’il n’existait bien, d’après nous, qu’un seul horizon :
celui d’un État palestinien et d’un État israélien vivant côte à côte,
jouissant de reconnaissances mutuelles et de garanties de sécurité.
Nous avons indiqué vouloir que la reconnaissance d’un tel État par la France,
qui n’est pas la reconnaissance de n’importe quel pays et peut entraîner celles
d’autres pays, intervienne à un moment où non seulement elle revêtirait une
valeur symbolique, mais susciterait aussi un effet d’entraînement susceptible
d’ancrer définitivement cette perspective.
En effet, nous constatons un fait simple : la décision de reconnaissance
prise par certains de nos partenaires avant que nous ne le fassions – je
comprends qu’ils l’aient prise, parce qu’ils partagent notre objectif et notre
horizon – n’a pas suffi à produire un effet d’entraînement capable de
cranter durablement une telle perspective.
> [Intervention à l’Assemblée sur la situation au Proche
Orient] Personne ne peut en effet remplacer l’Unrwa, pour les raisons que vous
avez rappelées, à savoir qu’elle fournit des services essentiels aux
populations à Gaza, services que d’autres organisations ne seraient pas
capables de fournir. En outre, et contrairement à ce qui a pu être dit par les
autorités israéliennes, elle sert aussi de plateforme pour les activités des
autres organisations non gouvernementales qui apportent des biens et des
services absolument essentiels à la survie des populations sur place.
C’est pourquoi la France n’a cessé de soutenir l’Unrwa budgétairement et
moralement, en dépit des accusations portées à son encontre et qui ont atteint
sa crédibilité au sein de la communauté internationale : de nombreux
bailleurs se sont longuement interrogés sur l’opportunité de renouveler leur
financement à cette agence indispensable. Ce n’est pas notre cas, puisque nous
avons facilité la mission de Catherine Colonna qui avait vocation à faire la
lumière sur d’éventuels manquements et à proposer des solutions pour y mettre
fin. Je pense que cela a permis de consolider la crédibilité de l’agence, tout
comme nous l’avons fait budgétairement : je dispose d’un chiffre
légèrement plus élevé que le vôtre, puisque le soutien de la France a atteint
selon le ministère 41 millions d’euros, ce qui fait de notre pays l’un de
ses principaux donateurs. Lorsque je me suis rendu au Caire le 2 décembre
dernier pour participer à une conférence humanitaire internationale pour la
population civile de Gaza, j’ai annoncé une nouvelle contribution de
50 millions d’euros pour la population de Gaza en 2025, dont
20 millions d’euros pour l’Unrwa.
Très concrètement, que faisons-nous ? La France proteste au niveau
bilatéral, c’est-à-dire qu’elle s’adresse à ses interlocuteurs israéliens en
faisant appel non seulement à ce qu’elle attend d’eux en termes d’intégrité et
de sens du devoir, inhérents au respect du droit international, mais aussi à
leur intelligence : si c’est une violation du droit international que
d’entraver le travail de l’Unrwa, c’est aussi contraire aux intérêts d’Israël,
parce que cela crée une situation catastrophique qui pourrait constituer une
bombe à retardement. La France proteste également au niveau multilatéral, dans
les instances où elle est présente. C’est le cas au sein de l’Union européenne,
où nous avons pu agréger les soutiens à l’Unrwa, mais aussi aux Nations unies,
par exemple lors de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale qui s’est
tenue à la fin du mois de septembre : nous étions évidemment présents à la
réunion initiée par la Jordanie en soutien à l’Unrwa pour rappeler que, sur le
plan moral comme sur le plan budgétaire, nous continuerions d’être aux côtés de
l’agence.
> [Intervention à l’Assemblée sur la situation au Moyen
Orient La leçon à tirer des événements, si l’on met de côté le cessez-le-feu au
Liban et les succès que nous avons à réussi à obtenir aux côtés des États-Unis,
c’est l’incapacité des institutions du droit international à le faire respecter
au Proche-Orient depuis le 7 octobre ; de toute évidence, si l’on est
intimement convaincu qu’un ordre international fondé sur le droit reste
pertinent et nécessaire, il faut en tirer des conclusions et faire en sorte de
renforcer ledit droit et les institutions qui en garantissent en principe le
respect. Si l’on est sincèrement convaincu de la pertinence, aujourd’hui
encore, du droit international qui s’est bâti sur les décombres de la seconde
guerre mondiale qui avait déshonoré l’Europe, il faut se mobiliser pour
réformer ce droit de manière à le rendre plus efficace, plus applicable et plus
contraignant.
C’est pourquoi nous ne nous contentons pas de condamner les violations du droit
international humanitaire, mais militons aussi pour une réforme du Conseil de
sécurité des Nations unies visant à y faire entrer de nouveaux membres
permanents, à savoir deux pays africains ainsi que l’Inde et le Brésil, afin
que l’Afrique et les grands émergents soient pleinement représentés dans cette
instance, ce qui lui donnera plus de légitimité. Nous nous mobilisons aussi
pour une réforme de l’architecture financière internationale – ce n’est
pas tout à fait le droit international, mais c’est son corollaire. Si les
institutions financières internationales sont perçues par une partie des États
de la planète comme ayant été conçues à leur désavantage, ceux-ci n’ont aucun
intérêt à reconnaître comme légitime et à respecter le droit international sur
lequel ces institutions financières sont adossées.
Enfin, s’agissant du droit international humanitaire, le CICR – que
j’évoquais dans mon propos introductif –, constatant que les violations du
droit international humanitaire sont trop fréquentes, qu’elles ne sont pas
suivies de sanctions ou que celles-ci ne sont pas suffisamment dissuasives, a
lancé un chantier avec un certain nombre de pays, dont l’Afrique du Sud, le
Kazakhstan et le Brésil, chantier auquel nous participons et qui devrait livrer
ses conclusions en 2026. J’en ai fait une priorité de mon action parce que si,
de bonne foi, on veut éviter l’effondrement du droit international, il faut se
donner les moyens de le renforcer.
Pour ce qui est du cessez-le-feu au Liban, de la présidentielle et de la
reconstruction, c’est comme une série de cliquets : il n’y aurait pas eu
d’élection présidentielle sans le cessez-le-feu, et sans l’élection
présidentielle, il n’y aurait eu que peu d’espoir d’une pérennisation du
cessez-le-feu et d’une arrivée des fonds pour la reconstruction. Il fallait que
chacun prenne sa part et fasse un effort, que les amis du Liban, dont la France
bien sûr, ainsi que les États-Unis, se mobilisent, qu’Israël consente, après
avoir accepté le principe du cessez-le-feu, à retirer progressivement ses
troupes, que les forces armées libanaises prennent un peu plus de risques que
d’habitude en se réappropriant le sud du pays qu’elles avaient déserté au
profit du Hezbollah et, enfin, que les représentants politiques du peuple
libanais prennent aussi leur part de cet effort collectif en surmontant leurs
querelles internes pour converger sur une candidature, en l’occurrence celle de
Joseph Aoun. Cette élection présidentielle est une étape très importante :
en effet, si elle n’était pas intervenue, tout aurait pu s’arrêter très
rapidement, les Israéliens et les Américains auraient pu se détourner du Liban,
focalisés sur les questions liées à l’avenir de Gaza et à l’avenir de la Syrie,
et les bailleurs régionaux, en tout cas les bailleurs golfiques, l’auraient
très certainement délaissé pour les mêmes raisons.
S’agissant du cessez-le-feu à Gaza, nous espérons vivement qu’il intervienne au
plus vite et nous avons passé des messages à toutes les parties prenantes de la
négociation – à laquelle nous ne participons pas directement – pour
que nos deux otages, Ofer Kalderon et Ohad Yahalomi, soient bien intégrés dans
l’accord et qu’ils soient libérés dès que celui-ci aura été trouvé.
> > [Intervention à l’Assemblée] À propos d’Israël,
nous avons pris des sanctions à titre national contre vingt-huit colons
extrémistes et violents. Toutefois, une partie de nos leviers d’action sont
européens. Actionner des leviers à cette échelle-là est plus compliqué, car
cela nécessite de créer du consensus. Nous l’avons fait une première fois en
avril 2024, puis une deuxième fois en juillet. Nous sommes en train de négocier
un troisième ensemble de sanctions. C’est difficile, à tel point que, lors d’un
récent Conseil des affaires étrangères, j’ai moi-même listé les entités que
nous pourrions sanctionner du fait de leur contribution à la colonisation en
Cisjordanie.
Cette colonisation est contraire au droit international mais aussi, dans un
sens, à l’intérêt d’Israël à long terme. Vous l’avez d’ailleurs dit, et je vous
en remercie : en violant le droit international, Israël agit aussi contre
ses propres intérêts. Cela a déjà été le cas par le passé et il est heureux que
l’erreur commise en 1982 n’ait pas été reproduite. À l’époque, lorsqu’Israël a
voulu chasser l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) du Liban, il a
bombardé massivement le territoire libanais et s’y est installé durablement.
Que s’est-il alors passé ? Après les destructions, sur les ruines, est né
le Hezbollah. Lorsqu’Israël va trop loin, il crée les conditions de sa propre
insécurité. C’est pourquoi nous l’appelons au respect du droit international,
dans son propre intérêt.
> [Intervention à l’Assemblée sur la situation au Moyen
Orient] Notre crainte, lorsque nous avons proposé une formule de cessez-le-feu,
était de reproduire les erreurs de 2006. À l’époque, le cessez-le-feu n’a pas
été respecté, en tout cas pas dans les termes de la résolution 1701, qui
citait la résolution 1559 que vous avez évoquée. Tant et si bien que,
presque vingt ans plus tard, on s’est retrouvé dans la même situation.
Pour éviter que cela se reproduise, il fallait que chacun prenne sa part dans
l’effort ainsi que sa part de risque. En particulier, il fallait que les forces
armées libanaises se décident résolument à se substituer aux forces
israéliennes au sud du Liban et à procéder au désarmement du Hezbollah au sud
du fleuve Litani. Il fallait aussi que la Finul puisse être un appui efficace
des forces armées libanaises. Tout cela n’était pas observé avant le
cessez-le-feu mais, depuis, nous voyons un changement considérable. J’en veux
pour preuve le témoignage des soldats français de la Finul. Il y a deux ou
trois ans, quand ils venaient au Liban pour une mission de trois mois, ils
étaient baladés sur des trajets de patrouilles déterminés à l’avance, qui ne
posaient pas de difficultés, sur lesquels ils ne trouvaient aucune cache
d’armes, à propos desquels il n’y avait rien à signaler. Ces mêmes soldats, qui
patrouillent depuis le cessez-le-feu, considèrent que leur mission a totalement
changé. Désormais, ils font de vraies patrouilles, sur de vraies routes, ils
détectent de vraies caches d’armes et contribuent ainsi effectivement à
désarmer le sud du Liban.
Par ailleurs, même s’il est fragile, le cessez-le-feu tient et produit des
effets puisque, progressivement, le sud du Liban se désarme et que les troupes
israéliennes se retirent. Après l’élection présidentielle de la semaine
dernière, nous croyons possible qu’à l’issue de la période de soixante jours
fixée au moment de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, tous les objectifs
soient atteints, en particulier le retrait des troupes israéliennes.
> « La relation entre la France et l’Algérie n’est
pas simplement une relation bilatérale comme les autres. C’est une relation
d’intimité profonde. » C’est ainsi que le président de la République la
qualifiait en août 2022, au moment où il signait avec le président algérien une
feuille de route qui déterminait les termes de notre coopération. Or, pour
coopérer, il faut être deux – et les raisons qui ont conduit les autorités
algériennes à adopter une posture d’hostilité n’ont rien à voir avec l’Algérie
ni avec ses intérêts. La France est un pays souverain, qui choisit les termes
de ses alliances avec d’autres pays. Ce que la France entend construire avec le
Maroc n’enlève rien à ce qu’elle entend construire avec l’Algérie.
Le 9 janvier, un influenceur connu sous le pseudonyme de Doualem a été
frappé par un arrêté ministériel d’expulsion après s’être livré à des appels au
meurtre sur les réseaux sociaux. Reconduit à la frontière, il a été renvoyé par
l’Algérie alors même qu’il détenait un passeport biométrique. Il s’agit d’une
violation des textes qui régissent notre relation. C’est un précédent que nous
considérons comme grave.
Cet individu est aujourd’hui détenu dans un centre de rétention administrative
et la question est judiciarisée.
À cet épisode regrettable s’ajoute la détention de notre compatriote Boualem
Sansal, dont les raisons sont considérées par la France comme parfaitement
infondées.
Le président de la République et le premier ministre réuniront dans les
prochains jours les ministres concernés pour évaluer les suites à donner et les
mesures à prendre. J’ai pour ma part signalé que j’étais prêt à me rendre à
Alger pour traiter de toutes les questions, au-delà de celles qui ont fait
l’actualité ces dernières semaines. Ni l’Algérie ni la France n’ont intérêt à
ce que s’installe une tension durable entre nos deux pays voisins, deux grands
pays de la Méditerranée.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la
Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> [Intervention à l’Assemblée sur la transition écologique] Les combats
pour la baisse des émissions de gaz à effet de serre et contre l’effondrement
de la biodiversité constituent des priorités absolues. Pour l’avoir bien
écoutée, je crois que c’est exactement ce qui est dit dans la déclaration de
politique générale.
Biodiversité, baisse des émissions de gaz à effet de serre, production
énergétique reposant sur nos pieds, le nucléaire et les énergies renouvelables,
notamment la géothermie – pour une fois, on parle de chaleur et de froid
renouvelables, sans se limiter à l’électricité ; utilisation de mobilités
douces pour permettre aux gens de se déplacer de façon décarbonée ;
traitement de l’urgence du logement tout en veillant à réduire son impact
environnemental. (…)
Pour ma part, je fais un constat : nous sommes au rendez-vous de la baisse
des émissions de gaz à effet de serre, nous avons même rattrapé le retard
accumulé en la matière au cours de la législature 2012 – 2017, sous
le président d’alors.
Nous avons une planification qui fonctionne, la France figurant parmi les cinq
pays en pointe sur ces sujets, qu’il s’agisse de l’adaptation aux effets du
changement climatique ou de la baisse des émissions. Pour la première fois sont
placés sous une même ombrelle les différents leviers permettant de lutter
contre le réchauffement que constituent les puits de carbone, la forêt ou
l’océan.
Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier
ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte
contre les discriminations)
> Nous avons besoin d'un budget. Ça suppose de la responsabilité et des
compromis. C'est ce que nous faisons. Aucune nouvelle hausse d'impôt ne pèsera
sur les Français.
> Le recours à l'avortement est un droit, un choix, une liberté. Il n'y a ni honte, ni culpabilité à éprouver ou à imposer aux femmes.
> La société a mis du temps à sortir d’une forme de barbarie où les femmes n’avaient aucun pouvoir sur leur corps. 50 ans après, nous avons inscrit et garanti cette liberté dans notre Constitution. Elle n'est pas négociable. Je soutiens la proposition de loi de Laurence Rossignol pour reconnaître le préjudice immense subi par les femmes condamnées avant 1975 et ainsi réparer cette souffrance.
> L’Institut Médical Simone Veil, à Rouen, est un centre unique en France dédié aux IVG médicamenteuses. Mais 50 ans après la loi Veil, il est (encore!) la cible de militants anti-choix. Nos corps, nos choix, notre droit. Ce droit est protégé, la liberté garantie par notre constitution.
> Sonia avait 52 ans. Elle était préparatrice en pharmacie dans l’Aisne et consacrait son quotidien à soigner, apaiser et accompagner ceux qui en avaient besoin. Sonia a été séquestrée et assassinée par son ancien conjoint. Les femmes sont libres. Elles n'appartiennent pas à leurs compagnons ou anciens compagnons. C'est la 5e femme victime de féminicide depuis le début de l’année. Notre société ne peut pas tolérer cela. Notre société ne doit pas tolérer cela.
> Ne pas dire non ne signifie pas dire oui. Inscrire le consentement dans le code pénal permet de le clarifier. La loi doit être claire, pour la justice et pour les victimes. Un travail parlementaire transpartisan a été conduit, je m'en réjouis et je le soutiens pleinement !
> Depuis le 7 octobre 2023, la France et le président de la République ont œuvré sans relâche pour la libération des otages et notamment celle de nos compatriotes Savoir que Ofer Kalderon et Ohad Yahalomi sont sur la liste des otages qui doivent être libérés est un immense soulagement pour tout notre pays.
> Ce n'est pas la France qui laisse mourir Boualem Sansal en prison, c'est le régime algérien. La France se bat pour lui, c'est un engagement personnel d'Emmanuel Macron.
> Je suis favorable au changement de la définition pénale du viol, pour y ajouter la notion de consentement. Ce n'est pas parce qu'on ne dit pas non, qu'on dit oui.
> Marc Zuckerberg, Elon Musk façonnent des réseaux de moins en moins sociaux et notre regard sur le monde, notamment celui de nos adolescents. Ni wokisme ou ni virilisme, je défends la République : celle de l’égalité et du respect.
Astrid
Panosyan-Bouvet (ministre
déléguée auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des
Familles, chargée du Travail et de l’Emploi)
> Les 15h d’activité pour les bénéficiaires du RSA, ce n’est ni du
travail forcé, ni du travail gratuit. Formation, aide au CV, passage du permis
de conduire... C'est un accompagnement renforcé pour la réinsertion
professionnelle des bénéficiaires par de la formation, du regain de confiance
en soi ou des solution aux freins à l’emploi comme la mobilité.
> L'annonce d'un cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages israéliens est une lueur d’espoir. Pensées pour les otages et leurs familles dans l’angoisse, pensées pour les civils palestiniens. Œuvrons pour que cette trêve préfigure stabilité et sécurité au Proche-Orient.
> Pourvoir nos 550 000 emplois non-pourvus passe par une formation professionnelle qui répond aux besoins des entreprises et l’amélioration de l’accès au monde du travail pour les chômeurs d'origine étrangère, notamment par l’apprentissage du français comme langue étrangère.
> Sur la question de la santé et des conditions de travail, avec les partenaires sociaux, nous travaillons sur une conférence du travail qui mettrait tous les sujets sur la table : santé physique et mentale, maintien en activité des seniors, intensification des rythmes, pratiques managériales,… L’évaluation et surtout l'amélioration des conditions de travail actuelles sont essentielles.
> Au-delà de la question des retraites, la baisse de natalité en France illustre un besoin de politiques publiques efficaces pour que la construction d’un projet familial ne se fasse pas au détriment de sa carrière professionnelle.
> Chaque organisation syndicale et patronale peut apporter sa contribution aux négociations sur la réforme des retraites. Les partenaires sociaux ont démontré pouvoir trouver des compromis, continuons sur cette voie.
Amélie de Montchalin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargée des Comptes publics)
> Les Français attendent de nous des économies. Aucun budget depuis 25
ans n’avait prévu autant de baisses des dépenses de l’État. Et il va falloir
poursuivre cet effort au service de notre pays. (…)
Sur les 50 milliards d’euros à trouver, 20 sont des impôts et 30 sont des
dépenses en moins.
> [Intervention à l’Assemblée] Les heures supplémentaires
sont exonérées d’impôt sur le revenu depuis 2019. Il s’agit d’un progrès, qui
va dans le sens que vous voulez, comme nous tous : que le travail paie et
qu’il paie davantage. Le plafond d’exonération a été porté de 5 000 à
7 500 euros en 2022 et il n’est pas question de revenir sur cette
augmentation.
Vous souhaitez aller plus loin en modifiant le calcul du revenu fiscal de
référence, mesure qu’il nous faut étudier, mais qui n’aurait aucun effet à
court terme sur les impôts payés. Votre question porte plutôt sur la prise en
compte des heures supplémentaires dans les prestations reçues. Nous chiffrerons
le coût d’une telle mesure, car nous avons besoin de clarté : l’État
est-il capable de le prendre en charge ?
Votre question me donne aussi l’occasion d’évoquer un sujet important pour les
habitants de votre circonscription et pour tous les Français : le premier
ministre a annoncé hier que ce gouvernement lancerait une concertation sur les
carrières et les salaires afin que le travail paie et qu’il paie davantage et
cela tout au long de la vie de sorte que nos compatriotes retrouvent des
perspectives d’amélioration de leur niveau de vie au fil des années. Tel était
l’enjeu de la désmicardisation de notre pays – je sais que plusieurs
groupes parlementaires y sont très attachés – et nous poursuivrons dans
cette voie.
Je conclus en vous disant que, dans le projet de loi de finances pour 2025, tel
que le gouvernement veut le reprendre, aucun impôt acquitté par les Français de
classe moyenne et de classe populaire n’augmente. Nous mettons à jour le barème
de l’impôt sur le revenu ; le prélèvement forfaitaire unique reste
inchangé ; les impôts que paient les Français n’augmenteront pas, c’est au
contraire par une baisse franche de la dépense, de plus de 30 milliards
d’euros, que nous parviendrons à réduire le déficit en 2025. (
> [Intervention à l’Assemblée] Les lois de programmation
adoptées depuis 2017 ont eu un effet massif et inédit : 16 milliards
supplémentaires pour les armées ; 6 milliards de plus pour
l’intérieur ; 3 milliards de plus pour la justice. C’est une très
bonne chose, parce que nous avions besoin de ce réarmement et de cette
modernisation face à des défis que mes collègues du gouvernement viennent
d’exposer de nouveau devant nous.
Les lois de programmation sont évidemment un référentiel démocratique majeur.
Néanmoins, nous sommes déjà le 15 janvier 2025, et la censure a un coût
évident, lié à ses effets juridiques et mécaniques. Nous sommes en service
minimum.
Juridiquement, nous n’avons pas le droit d’engager de nouvelles dépenses, de
nouveaux investissements, de nouveaux recrutements. Mécaniquement, nous sommes
donc en train de décaler les recrutements et les investissements. Dans le cadre
de la loi spéciale, nous ne pouvons pas faire autrement. Ce décalage s’applique
à tous les ministères et affecte, je dois vous l’avouer, les ministères
régaliens : celui de la justice, celui de l’intérieur, celui des armées.
L’urgence est donc qu’un budget soit adopté pour que nous puissions revenir au
rythme normal prévu par les lois de programmation que vous avez soutenues et
votées. Il nous faut un budget pour que ces lois de programmation puissent
continuer de s’exprimer pleinement.
Parce que nous ne voulons pas raboter les crédits alloués au régalien, ce qui
serait irresponsable, nous allons consentir un effort massif de réduction des
dépenses de fonctionnement de l’État, le plus grand effort jamais engagé à
cette fin depuis vingt-cinq ans.
Dans les prochains mois, nous allons réaliser des économies à hauteur de
32 milliards dans l’ensemble de la dépense publique : l’État, les
collectivités – que je remercie – et la sphère sociale. C’est un
effort difficile – je veux que les Français prennent conscience de la
difficulté – que nous allons accomplir tous ensemble pour être en mesure
d’assurer l’essentiel, notamment notre sécurité.
Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargé de l’Industrie et de l’Energie)
> Les réseaux de distribution d’électricité sont essentiels pour
raccorder nouveaux consommateurs industriels et nouveaux producteurs
d’électricité décarbonée. Ils constituent un facteur clé de succès pour nos
politiques publiques, énergétique et industrielle. Leur développement est
également une source importante de création d’emplois. Nous devons dès
maintenant anticiper ces besoins en renforçant les formations adaptées pour
préparer les talents de demain.
> Il y a 50 ans, avec courage et détermination, Simone Veil portait une loi essentielle pour les femmes, affirmant leur liberté et leur dignité. En 2024, ce combat a trouvé son aboutissement : l'IVG en tant que liberté fondamentale était inscrite au sein de la Constitution française. Je suis très fier d’avoir voté lors du Congrès pour protéger ce droit fondamental. Je pense à Simone Veil dont l’engagement doit continuer de nous inspirer.
> Je suis intervenu au Sénat pour un débat relatif au programme Territoires d’Industrie. Depuis son lancement, ce programme a permis de relancer l’activité industrielle dans 183 territoires, avec des résultats concrets : création d’emplois, investissements massifs et soutien à l’innovation. Il montre qu’aucun territoire n’est condamné au déclin. En collaboration avec les collectivités locales et les industriels, nous allons continuer à renforcer ce programme, en priorisant la formation, l’attractivité et la simplification pour répondre aux besoins de nos territoires et des Français.
Nathalie Delattre (ministre déléguée auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargée du Tourisme)
> J’ai installé ce matin la nouvelle commission Palace. Une distinction
unique au monde qui valorise 31 établissements hôteliers d’exception sur le
territoire. Un levier majeur pour rendre notre offre touristique française plus
qualitative, plus durable et plus unique.
> C’était il y a 50 ans. La loi Veil était promulguée. Aujourd’hui, plus que jamais, souvenons-nous de ces mots : « Il suffit d’écouter les femmes. »
Juliette Méadel (ministre déléguée auprès du ministre
de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation chargée de la Ville)
> Aujourd’hui le 17 janvier 2025 c’est le 50e anniversaire de la
promulgation de la loi relative à l'interruption volontaire de grossesse (IVG)
portée par la ministre Simone Veil en 1975. Une date historique pour
l’émancipation des femmes.
> En rejetant la Motion de censure de LFI, le PS a décidé d’être constructif en n’entravant pas l’action du gouvernement. C’est un progrès significatif. La France a besoin de responsables politiques à la hauteur des difficultés qu’elle traverse, pour surmonter les turbulences du monde. Une bonne nouvelle pour aujourd’hui donc. Bravo à François Bayrou, l’homme du dialogue, de l’écoute et du respect.
> Parce que de nombreux étudiants renoncent à faire 3 repas par jour, d’autres étudiants, bénévoles, les aident avec des colis alimentaires de super qualité, sauvés du gaspillage… et dans une ambiance chaleureuse. Contre l’isolement, la précarité, les associations comme Linkee de Julien Meimont, font un travail exceptionnel, dans les quartiers prioritaires de la politique de ville aussi… Parce que l’avenir n’attend pas…
Laurent Saint-Martin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Europe et des Affaires étrangères chargé du Commerce extérieur et des
Français de l’étranger)
> 50 ans après l’entrée en vigueur de la loi sur l’IVG, portée par
Simone Veil, son combat résonne toujours : défendre la liberté et protéger la
dignité. Son héritage est désormais gravé dans la Constitution : les droits des
femmes ne se débattent pas, ils se défendent.
> Immense soulagement avec ce cessez-le-feu à Gaza et une lueur d’espoir pour les familles des otages. La vie doit primer : l’aide humanitaire pour les civils de Gaza et la libération des otages. La paix doit être notre seul avenir.
Thani Mohamed Soilihi (ministre délégué auprès du ministre
de l’Europe et des Affaires étrangères chargé de la Francophonie et des Partenariats
internationaux)
> Les Français ont besoin de stabilité. Aux côtés du Premier
ministre et avec l’ensemble du gouvernement, nous sommes à la tâche, dans le
dialogue. Nous continuerons à œuvrer dans un esprit de compromis.
> Nos politiques de développement, dont j’ai la charge, sont un outil de lutte contre l’extrême pauvreté, un vecteur de stabilité mondiale sur le temps long, un instrument de rayonnement et un marqueur de puissance qui permettent à la France de tenir son rang et ses engagements dans le concert des nations. Pleinement engagé aux côtés de nos opérateurs.
● Autres
ministres
Annie Genevard (ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire)
> [Intervention à l’Assemblée] Il est parfois difficile de distinguer,
dans le fracas de l’actualité, les revendications bruyantes des suppliques
essentielles. Les bouleversements immenses qui traversent nos sociétés
compliquent un peu plus encore ce travail de hiérarchisation. Il est pourtant
des crises qui, par la profondeur de leurs causes et l’ampleur de leurs
conséquences, méritent une attention supérieure de la nation et de ses
représentants. C’est à l’évidence le cas de la crise agricole. Pour le
comprendre, il suffit de s’en remettre à l’histoire : sans maîtrise de
l’agriculture, pas de civilisations humaines ; sans agriculture
productive, pas de développement économique ; sans agriculture prospère,
pas de stabilité politique. Quand l’agriculture tousse, toute la société en est
malade.
Notre agriculture est malade, malade d’une accumulation froide de normes qui
pèsent de tout leur poids sur les épaules des agriculteurs, malade d’une
logique décroissante qui réussit l’exploit de vider de son sens le premier
métier de l’homme, malade d’une souveraineté qui menace de s’égarer dans les
limbes d’un libre-échange débridé. Devant ce constat, je sonne la mobilisation
générale. La responsabilité commande que nous agissions désormais à l’unisson
pour apporter le remède qui convient. La santé et la pérennité des
exploitations et celles de l’agriculture française sont des enjeux vitaux qu’on
ne peut laisser hypothéqués par des calculs partisans.
Le gouvernement a commencé ce travail en déployant des mesures d’ampleur face
aux crises conjoncturelles qui ont percuté l’agriculture française en 2024. Je
remercie les trois rapporteurs de cette séance de contrôle, Stéphane Travert,
Hélène Laporte et David Taupiac, pour leur travail. Ils ont très bien décrit la
situation : nos élevages et nos exploitations ont en effet été frappés de
plein fouet par la diffusion de maladies vectorielles et des épisodes
climatiques violents – Mme Froger l’a rappelé. Ces phénomènes ont
durement affecté le moral et la trésorerie des agriculteurs. Aussi fallait-il
que la réponse de l’État soit rapide et forte. Face à l’urgence sanitaire, elle
a reposé sur deux jambes : une jambe vaccinale, avec la mise à disposition
gratuite de près de 12 millions de doses contre la FCO 3 ; et
une jambe indemnitaire, avec un fonds d’urgence exceptionnel de
75 millions d’euros, d’abord destiné à indemniser les pertes directes
ovines et bovines induites par la FCO 3, que j’ai ensuite étendu aux
pertes ovines liées à la FCO 8, tandis que fonds national agricole de
mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE) couvrait les pertes
bovines.
Face à l’urgence économique induite par les inondations, les sécheresses et les
grêles qui ont frappé le territoire national du nord au sud, le gouvernement a
déployé des mesures de soutien – des aides à la reconstruction à la suite
des inondations ainsi que des aides en faveur de l’agriculture
biologique – qui, dans un cadre budgétaire serré, ont représenté un effort
public de près de 310 millions d’euros, témoignant de la priorité absolue
donnée aux agriculteurs. En fin d’année dernière, j’ai également annoncé un
important dispositif d’aide à la trésorerie destiné aux agriculteurs dont les
exploitations souffrent de difficultés tant structurelles que conjoncturelles
– liées notamment aux épisodes climatiques – afin qu’ils bénéficient
de prêts préférentiels, bonifiés ou garantis par l’État. (Mme Marie
Pochon s’exclame.) Je concentre désormais toute mon énergie à la
mise en œuvre concrète de l’ensemble de ces mesures jusque dans les cours de
ferme. La censure a en effet eu pour conséquence d’en décaler le calendrier
– n’est-ce pas, mesdames et messieurs du Rassemblement national? Tels sont
les différents volets de l’action que j’ai menée depuis quatre mois pour
répondre aux crises conjoncturelles, action dont la concrétisation est donc
attendue. (…)
Cependant, mon travail ne saurait s’en tenir à la conjoncture : ces
derniers mois, j’ai redoublé d’effort pour combattre les crises structurelles
qui affectent notre agriculture : parmi elles, M. Dive a évoqué la
question du revenu, qui dépend évidemment des charges, des volumes et des prix.
La future loi Egalim tentera d’y répondre.
Je me bats en premier lieu contre la crise de sens qui touche le monde
agricole. Pour y remédier, la solution tient en trois mots : simplifier,
simplifier et encore simplifier !
La sédimentation des réformes menées ces trente dernières années a conduit à
enserrer le métier d’agriculteur dans un empilement kafkaïen de normes et
d’interdictions parfois contradictoires qui freinent l’initiative et la
production, diminuant de ce fait les revenus. Le premier ministre en a parlé
hier dans sa déclaration de politique générale.
Il est impératif de sécuriser l’accès des agriculteurs aux moyens de production
essentiels, sans lesquels aucune alimentation n’est possible, à savoir la terre
– qui comprend les engrais, et l’eau, y compris les moyens de son
traitement lorsqu’il est nécessaire. J’en conviens, cette question doit
nécessairement être abordée au niveau européen.
Contraindre un agriculteur à moins produire est tout aussi absurde que de
contraindre un médecin à moins soigner. Cela génère une perte de sens
croissante dans les professions agricoles. Chacun se doit de mesurer cette
situation avec gravité, tant elle se traduit parfois cruellement. Si un suicide
est un drame, un suicide par jour est une tragédie. Or c’est la réalité d’une
partie du monde paysan.
Parce que je veux être la ministre de la simplification, je poursuivrai le
travail acharné contre la surtransposition. Dans un marché ouvert comme le
nôtre, interdire en France une substance autorisée partout ailleurs en Europe
place nos agriculteurs dans une situation de concurrence intenable avec, au
bout du chemin, la mort de nos productions et l’attrition de notre diversité.
> [Intervention à l’Assemblée] Je sais les problèmes immenses posés par les
surtranspositions.
Avant les interdictions, nous devons miser sur les solutions. C’est la raison
pour laquelle, dès mon arrivée au ministère, j’ai souhaité relancer le comité
des solutions créé par ma collègue Agnès Pannier-Runacher. Le budget que vous
aurez la charge de voter reconduira le financement du Parsada, le plan d’action
stratégique qui vise à préparer la sortie de certaines molécules.
> [Intervention à l’Assemblée] Nous n’avons jamais envisagé de contourner
les décisions de l’Anses. La loi ne le permet pas. En revanche, nous
demanderons à l’agence de privilégier les filières dépourvues de solutions, de
la même manière qu’est prioritaire, aux urgences, un malade dont le pronostic
vital est engagé.
Madame Bellamy, simplifier suppose de réduire la pression administrative. Le
chantier est immense ; nous y avons apposé la première pierre.
Avec le contrôle administratif unique, quoi que vous en disiez, monsieur
Trébuchet, les agriculteurs ne seront soumis qu’à un seul contrôle par
exploitation et par an, et à un contrôle administratif – le terme a son
importance. Cette mesure était attendue par les agriculteurs et je l’ai mise en
œuvre. De nombreuses autres mesures seront concrétisées comme promis, qu’il
s’agisse des nitrates ou des calendriers réglementaires pour les travaux des
champs, trop rigides.
La deuxième grande crise structurelle à affronter est la crise climatique. Face
à un phénomène mondial, il convient d’abord de prendre des mesures
d’adaptation. C’est l’objet du plan « agriculture climat
Méditerranée », doté de 50 millions d’euros, lancé par mon
prédécesseur et dont j’assure la mise en œuvre opérationnelle. Son démarrage
est réussi puisque trois mois après son lancement, vingt-cinq aires agricoles
de résilience climatique ont été labellisées dans le pourtour
méditerranéen. L’objectif est d’en constituer une cinquantaine. Grâce à ce
plan, ces aires bénéficient, pour les filières les plus touchées par le
dérèglement climatique, d’un accompagnement financier favorisant la
diversification.
De même, l’accès à l’eau pour l’irrigation des cultures ou l’abreuvement des
animaux constitue un impératif majeur, auquel il faut répondre dans le cadre
d’une gestion raisonnée de la ressource. Tel est le rôle du fonds hydraulique,
doté de 20 millions d’euros en 2024, qui a permis de financer
quarante-huit projets de gestion innovante de l’eau – j’ai annoncé les
lauréats l’année passée. Je souhaite que ce fonds soit reconduit en 2025.
La troisième grande crise structurelle à affronter est la perte de souveraineté
alimentaire. Il s’agit d’un combat matriciel. L’heure est venue de la
reconquête, car nous ne pouvons nous satisfaire qu’un poulet sur deux et qu’un
fruit ou légume frais sur deux consommés en France n’y soient pas produits. La
souveraineté alimentaire n’est pas un concept : il s’agit de décider où
sera produite l’alimentation de nos enfants. Cela suppose de protéger nos agriculteurs
des accords commerciaux déloyaux, d’une part en promouvant, comme je le fais à
Bruxelles lors de chaque négociation, l’utilisation de clauses miroirs, d’autre
part en nous opposant aux accords que nous jugeons déséquilibrés.
> [Intervention à l’Assemblée sur le Mercosur] Face aux milliers de tonnes
de viande et de sucre qui pourraient se déverser dans notre pays au mépris de
nos normes de production, la France se dressera comme un mur. Je le répète, je
mène un travail de conviction acharné auprès de mes homologues européens. J’ai
rendu visite au ministre polonais de l’agriculture, qui a annoncé quelques
jours après, avec le premier ministre polonais, le rejet de l’accord avec le
Mercosur par son pays. Nous parviendrons – j’en ai la conviction – à
trouver une minorité de blocage ou à empêcher une majorité d’adoption.
> [Intervention à l’Assemblée] Pour assurer notre souveraineté alimentaire,
il faut s’attaquer de front au problème central du renouvellement des
générations. Le vieillissement de la population agricole est un sujet de
préoccupation majeur. C’est la raison pour laquelle il conviendra d’adopter au
plus vite le projet de loi d’orientation agricole, que vous avez
considérablement enrichi en première lecture et qui sera examiné en février au
Sénat. Le retard pris dans l’examen de ce texte est dû premièrement à la
dissolution, deuxièmement à la suspension estivale, troisièmement à l’arrivée
du budget dans le calendrier parlementaire, qui laissait seulement quatre jours
disponibles au Sénat pour l’examiner. 0
L’autonomie du Parlement a rendu impossible d’inscrire à l’ordre du jour les
dix jours, voire l’unique semaine, nécessaires à l’examen du texte au Sénat.
J’ai pris le premier créneau disponible et je trouve fort de café que l’on
m’accuse de retarder l’inscription de ce texte à l’ordre du jour sénatorial,
alors que je n’ai cessé de demander cette inscription. L’examen du budget
s’impose – pour ce qui est de son adoption, c’est une autre affaire, et il
appartiendra aux censeurs de bien réfléchir aux conséquences de leurs actes
dans quelques semaines.
Ce texte propose un véritable choc d’attractivité, avec l’ambition de former
30 % d’apprenants supplémentaires d’ici à 2030 ; il permettra de
créer le réseau France services agriculture, qui simplifiera l’installation des
agriculteurs et la transmission de leurs exploitations. Il est essentiel
d’installer convenablement les jeunes pour maintenir les exploitations.
Cependant, ce qu’attendent les agriculteurs par-dessus tout, c’est qu’aux
crises conjoncturelles et structurelles qui les frappent durement nous
n’ajoutions pas une nouvelle crise politique. Le bilan est déjà trop lourd.
Cela fait maintenant plus d’un an qu’ils se sont vu promettre la pérennisation
du dispositif d’emploi de travailleurs occasionnels demandeurs d’emploi, dit
TODE, une revalorisation de leurs pensions de retraite, des dégrèvements sur la
fiscalité foncière, ainsi qu’une exonération de la réintégration de la dotation
pour épargne de précaution en cas de sinistre climatique, pour ne citer que
quelques engagements.
La responsabilité aurait commandé que nous parlions de la mise en œuvre de
toutes ces mesures au passé et que les agriculteurs puissent dès à présent en
bénéficier, compte tenu des difficultés qu’ils connaissent. Le mouvement de
protestation en cours, qui fait suite à un premier mouvement d’ampleur en
janvier dernier, ne doit pas être interprété comme une deuxième sommation, mais
comme la dernière. Ne laissons pas les agriculteurs payer le prix d’une
nouvelle crise, qui en ferait les otages d’une bataille politicienne
– cela n’engendrerait chez eux que ressentiment et colère. Ceux qui s’en
rendraient complices ne pourraient plus prétendre en être les soutiens ou les
représentants.
> [Intervention à l’Assemblée] Nous parlons de presque un demi-milliard
d’allégements de charges. Sans le vote du budget, ces aides ne parviendront pas
au monde agricole. L’heure est désormais à l’action ; il est de notre
devoir de respecter le contrat moral que nous avons passé avec le monde paysan,
en gravant ces mesures dans le marbre. C’est la seule voie possible pour
substituer au vent de colère qui s’est engouffré dans le cœur des agriculteurs
il y a un an un vent d’espoir et de foi retrouvée en l’avenir. Pour reprendre
les mots du ministre Travert, confiance, dialogue et respect s’imposent.
Yannick Neuder (ministre délégué auprès de la ministre du
Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargé de la Santé et
de l’Accès aux soins)
> [Intervention à l’Assemblée] Nous avons partagé, tout au long de
l’examen du projet de loi de finances de la sécurité sociale, le souci
d’adopter des politiques permettant de protéger les Français et de prendre soin
de nos soignants. Bien qu’un seul exercice ne suffise pas pour mener à bien
l’ensemble de ces missions, nous nous fixons trois priorités.
La première consiste à répondre aux crises sanitaires et à prévenir certaines
crises potentielles. Je ne reviens ni sur la situation difficile de Mayotte, ni
sur le chikungunya à La Réunion, ni sur les cas sporadiques de Mpox en
France hexagonale, ni sur l’épidémie de grippe en cours, à laquelle nous
faisons face grâce à la volonté des soignants.
Deuxièment, nous avons un problème démographique : depuis 1970, la France
compte 10 millions d’habitants en plus pour un même nombre de soignants.
Il nous faut donc une prévision pluriannuelle, construite dans le temps, afin
de former plus de médecins, mieux former les soignants et éviter leur fuite à
l’étranger.
Troisièmement, la prévention doit être au cœur de nos préoccupations
– vous l’avez très bien dit. Il faut en fixer les objectifs, déterminer
qui en supportera le financement et quels en seront les meilleurs effecteurs.
Il convient naturellement de le faire en accord avec les soignants, mais aussi
de territorialiser ces questions– en accord avec le premier ministre, j’y
avais insisté lors de la passation de responsabilités avec mon prédécesseur. En
effet, les élus locaux – municipaux, départementaux, régionaux –
seront de précieux alliés pour déployer ces politiques de prévention ; ces
dernières nous permettront de diminuer le nombre d’affections de longue durée,
qui pèsent de tout leur poids sur le financement d’un modèle social que nous
souhaitons tous préserver.
> [Intervention à l’Assemblée] Notre système de soins
connaît une situation de tension très forte. Vous l’avez dit : il a besoin
de réformes qui doivent être structurelles et nécessitent du temps. Ce ne sont
pas des ministres dont la durée d’exercice n’excède pas quatre mois qui pourront
les mener à bien. Il faut donc que le Parlement soit raisonnable car la santé
n’a pas de couleur politique : elle n’est ni de droite, ni de gauche, ni
du centre, et c’est la priorité absolue de nos concitoyens. Il faut donc
d’abord former plus et mieux ; nous pouvons le faire, vous le savez.
C’était d’ailleurs l’objectif de la proposition de loi que j’avais déposée en
décembre 2023, qui visait à améliorer l’accès aux soins par la
territorialisation et la formation et qui avait obtenu votre assentiment. Il
s’agissait aussi de pouvoir rapatrier tous les étudiants en santé, en médecine,
ceux qui se trouvent actuellement en Roumanie, en Belgique ou en Espagne, pour
qu’ils puissent venir achever leurs études dans les facultés de notre pays.
Nous allons nous y employer, le ministre chargé de l’enseignement supérieur et
de la recherche et moi-même, puisque nous partageons cette philosophie.
Le deuxième point que votre question soulève, c’est naturellement la grippe.
Comment s’organiser par rapport à de telles épidémies ? Là aussi, il faut
inscrire notre action dans le temps long : nous devons déjà anticiper la
campagne de vaccination de 2026, en commençant à l’organiser d’ici quelques
semaines. Mon ministère est mobilisé pour adopter l’approche adéquate en
matière de stratégie vaccinale. La vaccination ne doit pas faire oublier
l’importance des gestes barrières, mais se pose aussi la question de
l’obligation vaccinale : pour qui, comment, pourquoi ? Peut-on se
satisfaire d’un si faible nombre de patients et de soignants vaccinés ? (
> [Intervention à l’Assemblée sur la santé mentale des
jeunes] Le sujet est particulièrement inquiétant et je suis satisfait que
François Bayrou, comme Michel Barnier avant lui, ait souhaité en faire une
grande cause nationale.
Bien entendu, cette proclamation ne suffira pas pour que les choses s’arrangent
spontanément. Il s’agit d’un sujet de longue haleine, sérieux, qui doit
transcender nos divergences politiques, pour que nous puissions y apporter des
solutions pérennes.
Je ne plaide pas pour mon cas, mais il faut aussi que le ministre de la santé
puisse inscrire son action dans la durée – en quatre mois, rien n’est
possible sur des sujets aussi graves.
La souffrance psychologique d’une partie de notre jeunesse doit nous
interpeller. La crise sanitaire a été un révélateur, mais aussi un
accélérateur, de ce phénomène préoccupant. Pourtant, elle n’est pas seule en
cause, vous l’avez évoqué – éco-anxiété ou isolement derrière les écrans
sont aussi responsables de la situation.
Les chiffres sont là : un enfant sur douze et 8,3 % des petits de 3 à
6 ans présentent des problèmes de santé mentale. En outre, nous sommes le
premier pays consommateur de psychotropes en Europe ; c’est très
inquiétant.
Je ne reviendrai pas sur les chiffres. Vous les connaissez, parfois même mieux
que moi puisque certains d’entre vous ont travaillé sur le sujet – je
pense notamment à Mme Dubré-Chirat qui, avec Sandrine Rousseau, vient de
rendre un rapport sur la prise en charge des urgences psychiatriques.
On ne peut s’habituer à de telles statistiques, ni les accepter. C’est pourquoi
je compte prendre ce sujet à bras-le-corps.
Je salue l’investissement du Parlement, et l’engagement des parlementaires de
tous bords. Nous devons travailler ensemble au service de cette cause
nationale, et coconstruire un plan d’action. En tant que rapporteur général de
la commission des affaires sociales, dès le 11 décembre, j’avais estimé
que le rapport présenté par Mmes Dubré-Chirat et Rousseau pouvait
constituer la trame d’une proposition de loi transpartisane.
Le point de vue du ministre que je suis devenu depuis n’a pas changé, d’autant
que le temps presse. Nous n’avons pas le loisir de reprendre les
diagnostics ; il faut agir, en s’appuyant sur certains d’entre vous,
experts, comme Sébastien Peytavie, ou Anne-Cécile Violland, qui s’est penchée
sur la santé mentale des femmes dans le cadre des travaux de la délégation aux
droits des femmes. Enfin, n’oublions pas le groupe d’études santé mentale, qui
a également fait des propositions.
Samedi, à Annemasse, aux côtés des soignants agressés, j’ai constaté combien la
prise en charge des urgences psychiatriques peut aussi désorganiser celle de
nos urgences – en l’espèce, sur soixante patients pris en charge là-bas,
dix l’étaient pour des symptômes psychiatriques, et il s’agissait souvent de
jeunes.
Les urgences sont le lieu où tous les problèmes de la société, mais aussi de la
psychiatrie, se cristallisent.
Ce secteur manque de moyens, en premier lieu humains : il fait face à une
pénurie de professionnels de santé, médicaux et paramédicaux, à même de prendre
en charge ces jeunes patients dont les cas relèvent de l’urgence. Il manque
aussi de lits : les fermetures de lits ont été trop nombreuses, en
particulier dans ces secteurs. Le chiffre de 8 000 lits fermés en
vingt ans, guère contesté, est inacceptable. Il faut désengorger ces services
saturés, d’autant que cette situation alimente insidieusement la violence
envers les soignants – 30 % des auteurs de violences sur des
soignants souffrent de troubles psychiatriques. Les difficultés sont donc majeures.
La pédopsychiatrie les concentre encore davantage, puisqu’elle doit affronter à
la fois les difficultés propres à la psychiatrie et celles qui caractérisent le
secteur de l’enfance. Les pédopsychiatres ne représentent que 5 % des
psychiatres en France, soit 780 praticiens – c’est très peu. Que ce
soit en tant que député ou comme rapporteur général, j’ai répété que la
formation devait être une priorité ; il faut former davantage. Mais former
plus de médecins, de psychiatres, de psychologues, de paramédicaux prendra du
temps. Je souhaite lancer un grand plan de formation des professionnels de
santé et en garder la maîtrise afin d’éviter la fuite de tous ceux, jeunes ou
moins jeunes, qui veulent se consacrer aux autres mais ne trouvent d’autre
solution que de se tourner vers l’étranger pour se former.
Ces filières souffrent aussi d’un problème d’attractivité. Les internes ne les
considèrent pas comme des filières comme les autres, vers lesquelles ils
peuvent envisager de s’orienter. D’autres filières pâtissent de cette
désaffection – la gériatrie, les soins palliatifs. Pas moins de 62 %
des futurs médecins considèrent la psychiatrie comme une spécialisation moins
prestigieuse – je reprends les termes employés dans le sondage –, et
pour 37 % des internes, elle fait peur. Le problème n’est donc pas tant
les conditions de travail, le statut ou la rémunération que l’image de la
profession.
Des missions d’information ont eu lieu, bien qu’elles commencent à dater. Nous
pouvons certes envisager de procéder à un audit sur les conditions de travail
en psychiatrie, mais cela ne doit pas retarder l’amélioration de la prise en
charge à laquelle nous devons travailler tous ensemble. Des travaux sérieux ont
été menés par deux parlementaires et présentés en commission des affaires
sociales. L’urgence à agir est telle que nous pouvons partir de ces travaux, et
je soutiendrai le cas échéant une proposition de loi transpartisane qui s’en
inspirerait.
S’agissant du déploiement de moyens supplémentaires pour la psychiatrie, la
situation est assez paradoxale : les tensions n’ont jamais été aussi
fortes dans ce secteur, et elles se font toujours plus aiguës en ce qui
concerne les urgences, alors que l’engagement au plus haut niveau de l’État
pour mettre au point un plan ambitieux en faveur de la psychiatrie est
considérable – je pense notamment à ce qui a été fait entre 2018 et 2021.
Nous partons cependant d’une situation qui reste très préoccupante.
Des mesures ont été évoquées. Le député Cyrille Isaac-Sibille a ainsi proposé
de généraliser l’expérimentation qui a été menée dans la région
Auvergne-Rhône-Alpes. Il nous revient à présent d’analyser les résultats des
différentes expérimentations de ce type. En fonction de leur pertinence, il
faut envisager la possibilité de les étendre à tout le territoire national. Il
est en effet crucial d’ancrer nos décisions dans les territoires. Je ne vois
pas l’intérêt d’aller réinventer une autre expérimentation si celle menée à
l’initiative du député Isaac-Sibille, qu’il me fera découvrir, peut être
généralisée et s’adapter aux spécificités de chaque territoire, qu’ils soient
ruraux, urbains, frontaliers ou montagneux. Lors de mon déplacement en
Haute-Savoie samedi, mes interlocuteurs ont notamment insisté sur les
particularités des territoires frontaliers.
Nous pouvons également renforcer les maisons des adolescents, comme l’un
d’entre vous l’a souligné. Cette année consacrée à la santé mentale doit être
le point de départ d’une politique de santé mentale en faveur de tous, en
particulier des plus jeunes. J’espère donc qu’elle permettra de mettre sous le
feu des projecteurs ce dispositif sous-utilisé, mal connu et insuffisamment
inséré dans le réseau des acteurs.
Je tiens aussi à évoquer la stratégie nationale – j’y reviendrai, car il y
a des questions sur ce point, notamment sur la prévention primaire et
secondaire du suicide par le biais du dispositif d’accompagnement VigilanS,
doté d’un numéro de téléphone. J’entends les critiques de Mme Guetté à
l’encontre de Mon soutien psy, mais je m’en étonne, car en commission
des affaires sociales, nous nous sommes beaucoup battus pour que ce dispositif
soit généralisé et pour favoriser l’accès direct. En avez-vous pris acte ?
Je n’étais au départ pas favorable à l’accès direct, mais les arguments de mes
collègues en commission m’ont convaincu. C’est ainsi que les travaux
parlementaires nous font évoluer : alors que l’on a ses propres
convictions sur un sujet, on peut changer d’avis en écoutant des collègues qui
connaissent beaucoup mieux la question. Nous veillerons collectivement
– le sujet ne m’appartient pas – à ce que l’accès direct soit
réintégré au projet de loi de financement de la sécurité sociale. J’avais
demandé un rapport portant sur l’accès direct pour évaluer le taux
d’hospitalisation, de suicide et de recours aux psychotropes à l’issue de ces
douze séances, afin de déterminer si cette prise en charge est efficace.
Dans la continuité de mon action en tant que rapporteur général puis ministre,
une de mes premières décisions a été de signer une lettre de couverture pour
permettre à toute personne de plus de 3 ans de bénéficier de ces douze
séances remboursées à hauteur de 50 euros à partir du 1er janvier
2025. Il faut cependant pouvoir évaluer correctement cette prise en charge.
Nous devons être pragmatiques : la prise en charge proposée n’est
peut-être pas suffisante, mais il faut bien partir de quelque part. Dans un
contexte très tendu, avec des gouvernements dont la durée de vie n’a pas permis
de mener un travail de fond, il est essentiel d’assurer la continuité des
dispositifs qui fonctionnent. La hausse de la rémunération des séances est
susceptible d’améliorer l’adhésion des psychologues au dispositif. Il faut
aussi tenir compte du coût de la mesure, notamment rapporté au nombre de
psychologues œuvrant au sein des centres médico-psychologiques. Vous avez été
nombreux à dénoncer les délais inacceptables imposés à nos concitoyens, et
qu’il faudrait raccourcir. Il faut concilier ces deux paramètres, ne pas avoir
à choisir entre l’un et l’autre. Disposons-nous de suffisamment de soignants au
sein des CMP ? Il faut adapter les capacités des formations pour pourvoir
ces structures qui assurent une prise en charge de secteur. Cette séance est un
débat, pas une soirée d’annonces, mais je souhaite que nous retravaillions sur
ce point.
Le député Le Fur a rappelé que la prise en charge par secteurs pouvait
poser des problèmes. L’organisation de la psychiatrie en secteurs a des
avantages, mais elle implique aussi une hiérarchisation des urgences quand on
passe d’un secteur à l’autre, ce qui peut constituer un frein. Quand un patient
ne peut pas être pris en charge dans son secteur, il faut prévoir des dérogations
pour qu’il puisse être pris en charge dans un secteur voisin. J’imagine que les
petites Zoé sont nombreuses en France. Il faut voir comment on peut, au cas par
cas, quand l’offre de soins est insuffisante, la trouver dans d’autres
structures – c’est ce qu’on fait pour d’autres pathologies – sans
enfreindre les règles.
> [Intervention à l’Assemblée] Le suicide représente
malheureusement 16 % des décès chez les 15-24 ans et 20 % chez
les 25-34 ans. Je ne vous accablerai pas de chiffres, mais il faut savoir
que les taux d’hospitalisation ne cessent d’augmenter et que, par défaut d’armement
de soignants, nous ne disposons pas du nombre de lits suffisant. La situation
est donc très tendue. Il va falloir agir au plus vite pour former plus de
soignants et donc rouvrir des lits d’hospitalisation, afin de détendre les
systèmes d’aval des urgences.
Il conviendra en outre de revaloriser les dispositifs de prévention primaire,
comme VigilanS, pour accompagner les mineurs, de faire évoluer le 3114 en
proposant une connexion permettant de tchatter, d’expérimenter le dispositif
ElioS destiné à repérer, sur les réseaux sociaux, les jeunes en souffrance
mentale. À ce propos, je ne reviendrai pas sur le fait que des adolescents
peuvent se voir proposer par certains réseaux sociaux des tutoriels pour mettre
fin à leurs jours – c’est tout simplement insupportable. Je sais que des
parents ont à raison saisi la justice contre ces réseaux sociaux.
Enfin, il faudra nous rapprocher de l’éducation nationale, secteur qui souffre
de la même instabilité que celui de la santé. Grâce à des mesures de long
terme, nous disposerons de protocoles de santé mentale dans les établissements
et pourrons repérer les plus jeunes en détresse.
> [Intervention à l’Assemblée] La pédopsychiatrie est
complètement sinistrée. Je suis parlementaire depuis 2022. Votre groupe
politique fait partie de ceux qui ont voté la proposition de loi que j’avais
déposée pour former davantage de soignants. C’est un problème que,
malheureusement, je ne découvre pas. J’attends juste que vous me donniez les
moyens nécessaires pour former beaucoup plus de professionnels de santé dans le
secteur médical. Pour le paramédical, vous savez que c’est au niveau régional
que cela se décide. Chaque minute qui nous éloigne de l’adoption d’un budget
est une minute de perdue pour la formation.
Il faut que nous formions plus de professionnels, et plus vite. Parmi les
solutions, je propose notamment de rapatrier tous les étudiants qui sont à
l’étranger pour qu’ils finissent leur cursus en France : je souhaite par
exemple que l’on puisse accueillir en troisième cycle les étudiants qui sont en
cinquième ou sixième année en Roumanie. Dans le lot, il y aura peut-être des
pédopsychiatres qui iront exercer dans votre département. Il faut former plus,
former mieux, former plus vite : pour ce faire, je ne demande qu’une
chose, c’est un budget et des moyens.
J’apprécie votre remarque relative au chiffrage et aux moyennes : je suis
favorable à une territorialisation des décisions, afin de prendre en compte les
spécificités régionales. La différenciation doit permettre un bon maillage du
territoire : c’est aux élus de prendre leurs responsabilités en la
matière.
> [Intervention à l’Assemblée] En premier lieu, petit
sujet de satisfaction, les pédopsychiatres peuvent prendre des patients jusqu’à
18 ans, et non 16.
Ensuite, je pense qu’il faut examiner les choses au cas par cas. Peut-être
faudrait-il légiférer moins, de manière à désengorger les commissions et
l’ensemble du système, et examiner tout ce qui peut être fait par voie
réglementaire. Si vous en êtes d’accord, et sous réserve que l’on ne m’accuse
pas de vouloir priver le Parlement de ses prérogatives, tout ce qui peut être
fait par voie réglementaire doit l’être, de manière à accélérer les choses et à
soulager.
Troisièmement, j’avais l’intention de vous proposer – et les débats de ce
soir me confortent dans l’impression que cela pourrait vous intéresser –
une sorte de loi de simplification visant à lever les facteurs de blocage que
vous avez repérés. Peut-on concevoir rapidement quelque chose qui serait
susceptible d’assouplir les processus en vigueur et de simplifier l’accès aux
soins, en utilisant autant que possible la voie réglementaire ?
N’hésitez pas non plus à relayer les expérimentations locales, afin que l’on
trouve les budgets pour éventuellement les pérenniser à l’échelon national. Je
me suis beaucoup battu dans le cadre de l’examen du PLFSS pour maintenir les
crédits du fonds d’intervention régional (FIR), qui permet à chacune des
agences régionales de santé d’apporter de la souplesse, de voir ce qui marche
et ce qui ne marche pas et d’accorder des financements dédiés. Il s’agit
parfois de petites enveloppes destinées à des solutions locales, mais cela peut
améliorer la prise en charge localement. Et si cela convient aux professionnels
de santé et facilite les soins, allons-y ! Simplifions les démarches
auprès des ARS et allons dans le sens d’une territorialisation des décisions.
> [Intervention à l’Assemblée] La situation
particulièrement difficile des agriculteurs les conduit hélas à être
particulièrement exposés au suicide et à de forts impacts psychologiques. Je
pense notamment aux éleveurs confrontés à des attaques de loups. L’impact
psychologique est probablement sous-estimé et leur rémunération n’en tient pas
compte.
Il faut également rappeler les difficultés des agriculteurs en matière de santé
mentale. Ils ont souvent besoin du salaire de leur épouse pour vivre
correctement et procurer à leur famille un niveau de vie décent. C’est ce
qu’ils me disent dans ma circonscription, et probablement ce qu’ils vous disent
aussi.
Des mesures de prise en charge existent. Agri’écoute, un dispositif que nous
connaissons tous, fait un travail de proximité et je remercie l’ensemble de ses
bénévoles, qui sont souvent eux-mêmes des agriculteurs.
Il y a aussi Agri Sentinelles : au 30 juin 2024, 6 552 sentinelles
ont été formées pour mailler le territoire et être à l’écoute des agriculteurs.
Les chambres d’agriculture ont également un rôle important dans le soutien des
agriculteurs. Enfin, il y a les équipes mobiles de santé mentale, qui assument
des permanences décentralisées et qui mènent des expériences, notamment dans
les Ardennes.
Si on s’écarte un instant du sujet, on constate que ce sont souvent de
mauvaises conditions de travail qui sont en cause. On peut évoquer la santé
mentale, mais on peut aussi mentionner la faible rémunération en regard du
nombre d’heures travaillées. Si nous voulons vraiment soulager les agriculteurs
et leur charge mentale, faire en sorte qu’ils soient moins dépressifs, alors
dépêchons-nous de voter la loi d’orientation agricole et de nous doter d’un
budget afin de pouvoir accompagner les agriculteurs !
Benjamin Haddad (ministre délégué auprès du ministre de
l’Europe et des Affaires étrangères, chargé de l’Europe)
> [Intervention à l’Assemblée sur l’Union européenne] Vous avez été
nombreux à dire que l’élection de Donald Trump a constitué un électrochoc, qui
suppose un réveil stratégique européen ; vous avez été nombreux à
souligner que ce réveil est tardif. Les signaux d’alerte n’ont pas manqué mais,
déjà en 2016, nombreux étaient ceux qui pensaient que son accession au pouvoir
était un accident de l’histoire, une parenthèse désenchantée et que l’on
reviendrait à la normalité des relations transatlantiques au bout de quatre
ans.
Beaucoup avaient voulu ignorer les signaux précurseurs d’un changement durable
de ces relations envoyés par l’administration Obama : mention d’un pivot
vers l’Asie, refus d’intervenir en Syrie après l’utilisation des armes
chimiques par Bachar el-Assad, affirmation de ce que l’Europe ne constituait
plus une priorité. Et nombreux ont été ceux qui ont refusé de voir qu’il
s’agissait de tendances de fond sous l’administration Biden :
protectionnisme avec la loi de réduction de l’inflation (IRA), plan massif de
soutien à l’industrie américaine, sans aucune coordination avec les alliés
européens, maintien de certains tarifs douaniers instaurés par l’administration
Trump ou encore alliance Aukus avec le Royaume-Uni et l’Australie.
Le réveil actuel doit pousser l’Europe à investir dans sa souveraineté,
principe au cœur de la vision et de l’action de la France depuis le discours de
la Sorbonne, en 2017. À l’heure où la guerre est de retour sur notre continent
avec l’agression de la Russie contre l’Ukraine, les Européens doivent prendre
en main leur propre destin, défendre – seuls au besoin – leur
sécurité, être capables de protéger leurs valeurs, la démocratie libérale et
leurs intérêts collectifs sur la scène internationale.
Alors que Donald Trump n’a pas encore investi le Bureau ovale, les ingérences
de son proche conseiller Elon Musk, propriétaire du réseau social X – qui
soutient des mouvements tels que l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) en
amplifiant la portée de son message via l’algorithme de X, la
dissémination de fake news et la désinformation – pourraient bien
être les prémices de la future politique américaine.
Si le DSA impose aux plateformes de réseaux sociaux de prendre leurs
responsabilités, de modérer les contenus, de lutter contre la dissémination de
la désinformation ou des deep fakes, les agissements d’Elon Musk et la guerre
de la Russie contre l’Ukraine, fondamentalement, révèlent les faiblesses et les
dépendances de l’Europe. Un réveil collectif est nécessaire.
Dans son rapport remis à la Commission européenne, Mario Draghi souligne le
risque de décrochage industriel et technologique face aux États-Unis et à la
Chine. En trente ans, les Américains ont créé deux fois plus de PIB par
habitant que toute l’Union européenne. Dans des secteurs critiques pour notre
souveraineté, tels que celui de l’intelligence artificielle, 60 % des investissements
mondiaux se font aux États-Unis, près de 20 % en Chine et seulement 6 à
7 % dans l’Union. Dans les domaines quantique, spatial, numérique, comme
dans les grandes industries de la décarbonation, l’Europe est à la peine ;
elle n’investit ni n’innove suffisamment. Le potentiel d’investissements, privé
et public, n’est pas exploité comme il l’est aux États-Unis.
L’élection de Donald Trump met ainsi en lumière la nécessité pour nous,
Européens, d’investir en commun sur notre continent. Les rapports de Mario
Draghi, d’Enrico Letta, les discours de la Sorbonne et de Versailles ont
dessiné une feuille de route.
Nous devons parfaire notre marché unique, l’union des marchés de capitaux,
notre union bancaire et donner les moyens aux entrepreneurs, aux innovateurs,
aux start-up, à ceux qui veulent prendre des risques sur le continent européen
de pouvoir le faire, de trouver des financements, de se développer, d’exporter.
Il nous faut soutenir et protéger nos industries, y compris face à la
concurrence déloyale. L’Union européenne commence enfin à le faire. La France a
soutenu l’enquête de la Commission puis la décision d’imposer des tarifs
douaniers aux constructeurs de véhicules électriques chinois après qu’il fut
constaté que la Chine le subventionnait massivement, au détriment de notre
industrie. L’UE en aurait été incapable il y a quelques années…Nous entrevoyons
le début de la sortie de la naïveté, en partie sous l’impulsion de la France,
mais il reste beaucoup à faire !
Il est impératif d’investir et de mobiliser l’investissement public et privé
pour soutenir les innovations de rupture, en s’inspirant de la Defense Advanced
Research Projects Agency (DARPA). Il l’est tout autant de soutenir, comme vous
avez été plusieurs à le dire, notre industrie de défense – la dernière loi
de programmation militaire prévoit un doublement des budgets – mais
également d’investir, au niveau européen, dans des coopérations militaires et
des financements originaux.
Nous avons su le faire face à la menace existentielle du covid19, en créant,
sous l’impulsion de la France, de l’Allemagne et d’autres pays, le plan
NextGenerationEU, soit 750 milliards d’euros d’investissements publics et
de dette commune pour relancer notre économie, investir dans l’innovation verte
et les nouvelles technologies.
Face à un autre défi existentiel, sachons prendre des mesures aussi courageuses
et soutenons notre industrie de défense ! Il s’agit, monsieur Saintoul, de
soutenir l’industrie de défense européenne. C’est le combat de la France !
Vous avez mentionné le débat sur le programme Edip mais vous avez aussi entendu
le ministre des armées lors de la conférence des ambassadeurs : si nous
dégageons des ressources européennes, c’est bien sûr pour investir dans notre
autonomie stratégique, soutenir notre industrie européenne de défense et non
créer des usines au Kentucky.
Cette feuille de route demandera de la volonté politique. À ceux tentés par le
repli et l’isolement, face au tumulte géopolitique, à la concurrence aggravée
et à l’accélération du changement des règles du monde, je dis que la France
doit avoir une ambition pour l’Europe. Depuis sept ans, elle porte auprès de
ses partenaires la voix d’une Europe qui se réarme, assume des rapports de
force, se dote d’instruments avec la volonté politique de les utiliser.
C’est vrai, le chemin est encore long. Alors que nous sommes à la veille de
négociations commerciales sans doute ardues avec nos partenaires américains, ce
n’est pas le moment de se diviser et de commencer à faire des concessions
unilatérales, en disant par exemple qu’il faudrait augmenter les importations
de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des États-Unis.
La volonté politique de s’affirmer, le fait d’assumer des rapports de force, de
défendre nos intérêts, d’investir massivement dans notre compétitivité, dans
l’innovation, dans notre industrie et notre défense : tel est le message
que porte la France. C’est cette souveraineté européenne qui nous permettra de
continuer à peser dans les grands équilibres mondiaux et de défendre les intérêts
de notre pays dans un monde violent et compétitif. Une France forte, au sein
d’une Europe forte et unie !
> Il faut nous défendre et protéger nos démocraties
contre les tentatives d’ingérences, qu’elles s’expriment via Tik Tok,
comme la Russie vient de le faire en Roumanie et en Moldavie ou via
l’amplification de messages d’extrême droite sur X.
Nous avons développé des règles, comme celles que prévoit le DSA,
appliquons-les ! J’ai demandé il y a quelques jours à la vice-présidente
de la Commission européenne, Mme Henna Virkkunen, de poursuivre et
d’amplifier les enquêtes de la Commision sur les violations de ces règles par
les plateformes de réseaux sociaux. Je pense notamment à la lutte contre la
désinformation, la haine en ligne ou l’utilisation de faux.
Mais face à ce type d’ingérences et de tentatives de déstabilisation, nous ne
serons souverains que si nous sommes capables de faire émerger nos propres
acteurs du numérique. D’où l’importance de soutenir l’innovation, de protéger
notre industrie et de libérer les capacités d’investissement de nos banques et
de nos start-ups pour investir dans l’intelligence artificielle et le
quantique, secteurs qui seront au cœur de la souveraineté de notre démocratie.
> [Intervention à l’Assemblée sur l’Union européenne] Le
rapport Draghi nous encourage au contraire à faire émerger des acteurs
industriels et technologiques en leur laissant la possibilité de prendre des
risques, d’innover, d’entreprendre et en les finançant afin de créer un
écosystème favorable.
Cela signifie, tout d’abord, qu’il faut simplifier et réduire les normes et les
régulations qui ont trop longtemps empêché certains acteurs de se développer.
Mario Draghi propose ainsi un choc de simplification pour soutenir nos
entreprises. Il faut ensuite renforcer les acteurs du capital-risque, les
banques qui souhaitent financer et investir.
Par ailleurs, vous avez raison de le souligner, il faut aussi prévoir des
investissements publics. Je mentionnais d’ailleurs à l’instant le plan
d’endettement commun NextGenerationEU, ce grand emprunt européen lancé sous
l’impulsion de la France et de l’Allemagne pour sortir de la crise covid.
L’ancien président de la BCE, Mario Draghi, estime, lui, qu’il faut mobiliser
800 milliards par an.
S’agissant du libre-échange, nous devons, comme les autres, être capables de
défendre nos intérêts commerciaux. Le cas échéant, lorsque nous sommes sous la
pression des États-Unis ou de la Chine, nous devons pouvoir répondre en
imposant nos propres mesures tarifaires. Nous avons agi ainsi face aux
véhicules électriques chinois et, à l’avenir, si nous sommes sous pression
commerciale, nous devrons de nouveau assumer des rapports de force et des bras
de fer avec les États-Unis. À cet égard, c’est bien en restant unis et forts,
que nous pourrons, en Européens, assumer ce rapport de force. C’est bien sûr la
voix que portera la France.
> > [Intervention à l’Assemblée sur Trump et Musk] Pourquoi, selon vous, Elon Musk soutient-il des mouvements anti-européens en Europe alors qu’on ne l’entend pas s’exprimer sur la Russie ou sur la Chine ? Pourquoi, selon vous – qui êtes la première à souligner que les États-Unis défendront leurs intérêts de façon offensive, contre nous – Donald Trump soutient-il des mouvements politiques qui tiennent le même discours que vous en matière de souverainisme, qui évoquent la nécessité de sortir des mécanismes européens ? Imaginez-vous que c’est pour nous faire plaisir, pour nous faire une fleur, parce qu’il pense ainsi nous renforcer ? Ne veut-il pas, au contraire, alors que des négociations vont s’ouvrir, nous diviser et nous affaiblir ? Sans naïveté, je penche pour la deuxième hypothèse.
> Notre défense nationale constitue bien sûr la base de
notre politique de défense. C’est d’ailleurs pourquoi, au cours des deux
mandats d’Emmanuel Macron, nous avons doublé le budget de la défense – je
crois d’ailleurs que vos collègues du Rassemblement national ont soutenu cet
effort. Nous disposons bien sûr d’une force de frappe nucléaire autonome, qui
fait de la France une puissance dotée et garantit sa souveraineté.
Par ailleurs, nous avons soutenu le développement de certains programmes
européens pour encourager les coopérations industrielles et faire émerger des
financements européens. La première condition que nous avons posée est celle de
la préférence européenne, en particulier s’agissant de l’autorité de
conception, un point que vous avez mentionné et qui est au cœur des
négociations liées au programme Edip. Le savoir-faire technologique doit rester
en Europe.
Je précise que la majorité des financements prévus dans le cadre de ces
négociations sont destinés à l’industrie européenne. Car, si chaque pays peut
dépenser son budget de défense comme il le souhaite, il n’est pas question
d’acheter américain ou coréen avec l’argent du contribuable européen. C’est la
ligne que nous défendons, notamment s’agissant de la maîtrise technologique.
Face à l’urgence de la situation internationale, à la nécessité de réarmer,
nous devons poursuivre les efforts nationaux, à l’image de nos voisins
européens. Nous avons d’ailleurs reçu la semaine dernière Rados³aw Sikorski, le
ministre des affaires étrangères de Pologne, un pays qui consacre 4,7 % de
son PIB au budget de la défense.
Cependant, il est de notre intérêt d’agir en Européens. Nous devons pouvoir
dégager de nouveaux financements – je pense aux eurobonds, un système
d’emprunt commun au niveau européen – si nous en avons besoin.
> les Européens doivent assumer la responsabilité de leur
propre destin et investir dans leur défense, leur sécurité et leur
souveraineté.
La préférence européenne est au cœur de notre vision de la défense comme de
l’industrie. Il faut sortir de la naïveté commerciale et assumer de protéger et
défendre nos intérêts, notamment quand les autres font œuvre de protectionnisme
et s’affranchissent des règles internationales, des codes de l’OMC. Ne soyons
pas les derniers dindons de la farce du commerce international et de la
mondialisation des années 90. Sachons aussi montrer nos muscles et
défendre nos propres intérêts industriels !
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Il y a 50 ans, la loi Veil était promulguée, transformant un combat en
liberté. Simone Veil avait ouvert la voie, brisé les tabous, et offert à des
millions de femmes le droit de choisir. Aujourd’hui, cette liberté est dans
notre Constitution, pour ne jamais disparaître.
> Si le gouvernement tombe aujourd’hui cela veut dire : pas de budget, pas de loi d’urgence pour Mayotte, pas de loi agricole pour protéger pour nos agriculteurs.
> J’espère que l’accord entre Israël et le Hamas sera respecté et appliqué. Il est urgent que les bombardements à Gaza cessent, que les otages encore détenus soient libérés et que nous puissions enfin nous engager sur le chemin de la paix.
> L'annonce d'un cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages israéliens marquent une étape porteuse d'espoir dans une région meurtrie. Pensées pour les otages israéliens, leurs proches et les civils gazaouis. La France poursuivra ses efforts pour faire émerger une paix durable.
> Il ne s'agit pas de jeter à la poubelle la réforme des retraites, mais de l'améliorer. Concertons les partenaires sociaux puis débattons au Parlement des sujets essentiels : carrières des femmes, pénibilité, carrières longues, travail des seniors.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Gabriel Attal (député, président du
groupe Ensemble pour la république à l’Assemblée nationale)
> Il est long, le chemin de la liberté. Il y a 50 ans, à la tribune de
l’Assemblée nationale, Simone Veil venait défendre la liberté, la santé et la
dignité des femmes. Et un droit, désormais inscrit dans le marbre de notre
Constitution et rendu inaliénable, celui de recourir à l’IVG. Son héritage et
son combat sont les nôtres.
Pieyre-Alexandre Anglade (député)
> [Intervention à l’Assemblée sur l’Union européenne] Dans cinq jours,
Donald Trump deviendra officiellement le 47e président des
États-Unis. Avant même d’entrer en fonction, le président élu a, ces dernières
semaines, fait plusieurs déclarations qui appellent notre attention, bien
qu’elles n’aient rien de surprenant : depuis une décennie, les États-Unis
nous font comprendre que leurs préoccupations concernent essentiellement leur
sécurité, leur économie et leur relation concurrentielle, potentiellement
conflictuelle, avec l’Asie, en particulier la Chine. Nous devons l’entendre car
cette tendance ira en s’accentuant.
L’Union européenne et ses États membres, dont la France, se trouvent donc à un
tournant historique et stratégique majeur. Ce tournant, nous allons devoir le
négocier rapidement, avec lucidité, détermination et ambition.
Ouvrons les yeux : autour de nous, les menaces se multiplient. La Russie
n’est pas seulement belliqueuse avec l’Ukraine. Désormais, elle représente plus
qu’une menace pour l’Europe ; elle mène une guerre sournoise, dissimulée,
une guerre hybride faite de désinformation, de manipulations, de déstabilisations,
dont nous mesurons chaque jour les effets sur nos démocraties.
La Chine, quant à elle, mène une guerre économique aux entreprises européennes.
Les conflits du Proche-Orient, dont nous ne savons encore quels seront les
développements, menacent aussi notre sécurité. Enfin, les patrons de grandes
plateformes américaines s’immiscent ouvertement dans la vie démocratique de
plusieurs pays européens et accusent l’UE « d’institutionnaliser la
censure ».
Dans ce monde devenu extrêmement incertain, nos démocraties sont devenues des
proies potentielles et notre Union plus vulnérable que jamais. Un choix crucial
s’offre à nous. Soit nous nous montrons en mesure de bâtir rapidement une
Europe souveraine, capable de défendre ses valeurs et ses intérêts face aux
pressions extérieures, une Europe qui s’affirme comme une puissance économique,
industrielle, technologique, numérique, climatique, militaire et
diplomatique ; soit nous subirons les choix des grands empires qui ne
respectent plus aucune règle, si ce n’est celle du plus fort ; notre Union
sera alors démantelée, nos libertés et nos valeurs anéanties.
Mais ne succombons pas aux discours déclinistes : nous disposons de moyens
pour résister et nous imposer comme une puissance globale.
Les outils sont là, à portée de main, encore faut-il vouloir s’en saisir. Je le
dis car la semaine passée, face aux déclarations du président élu américain et
aux ingérences d’Elon Musk, la Commission européenne n’a pas été à la hauteur
du moment : pas un mot, pas une image, un silence assourdissant. Nous ne
pouvons continuer à nous comporter en « paillassons » quand l’Europe
est mise au défi. L’enjeu est trop grand. Le monde est féroce, l’histoire
s’accélère et elle ne nous attendra pas. Commençons donc par faire respecter
nos règles – je pense au règlement relatif à un marché unique des services
numériques (DSA), que nous avons adopté collectivement, souverainement.
L’Europe a beaucoup fait ces dernières années pour continuer d’avancer. Il faut
pourtant mettre les bouchées doubles, car nous sommes aujourd’hui confrontés à
un vrai risque de décrochage par rapport aux États-Unis d’Amérique et à la
Chine. Si nous voulons l’éviter, nous devons accélérer sur trois axes.
Le premier vise à assurer notre sécurité en poursuivant la construction d’une
véritable défense européenne, qui repose sur une base industrielle et
technologique de défense (BITD). Les Européens ne doivent plus déléguer leur
défense et leur sécurité ; c’est une question d’indépendance.
Le deuxième axe, c’est de mener des politiques industrielles beaucoup plus
assumées, qui reposent sur un marché unique fort, mais aussi sur davantage
d’investissements dans les technologies d’avenir : l’intelligence
artificielle, le quantique, les biotechnologies, les technologies propres, la
défense – au fond, tous les domaines qui feront la richesse,
l’indépendance, la souveraineté des pays et des organisations de demain.
Le troisième axe consiste à pratiquer une politique commerciale moins naïve,
qui prenne en compte nos intérêts stratégiques et le climat. À cet égard, nous,
Français, avons eu raison de nous battre contre l’accord avec le
Mercosur ; nous devons aussi saluer la décision de la Commission sur les
véhicules électriques chinois. Sans loyauté des échanges, il est impossible de
produire de manière compétitive sur le sol européen.
Un dernier mot sur la politique étrangère et la situation en Ukraine.
Aujourd’hui encore, ce pays a été la cible de Poutine : près de
120 missiles et drones ont été lancés sur les infrastructures civiles du
pays. Frapper une cible civile constitue un crime de guerre. La Russie de
Vladimir Poutine s’est donc une fois encore comportée en criminelle de guerre.
Cette guerre nous concerne au premier chef, car elle concerne la sécurité
internationale et la sécurité immédiate des Européens et des Français. Par
conséquent, il nous faut continuer d’apporter un soutien résolu à la résistance
ukrainienne.
Brigitte Klinkert (députée)
> [Intervention à l’Assemblée sur Trump] Dans cinq jours, Donald Trump
deviendra le 47e président des États-Unis. Son élection
constitue un facteur d’instabilité pour les Européens et la France, davantage
encore, sans doute, que celle qui avait donné lieu à son précédent mandat. Les
États-Unis sont un partenaire de l’Europe et de la France mais il est désormais
difficile de considérer que ce partenaire soit fiable, constant et loyal.
Une ère d’incertitude s’ouvre quant aux ambitions de la future administration
Trump à l’égard de l’Europe et de l’Otan, telles que les révèle déjà la
diplomatie parallèle et réactionnaire menée par Elon Musk, qui se livre à une
guerre d’influence affectant les élections démocratiques en Europe. L’ingérence
dans nos processus démocratiques constitue une violation directe de la
souveraineté européenne.
En Allemagne, Musk fait usage de ses capitaux privés et du pouvoir que lui
confère le réseau social qu’il possède pour influencer les élections. Cela
représente un danger et une ingérence contraire aux valeurs fondamentales de
l’Union européenne. L’Allemagne, notre principal partenaire, avec lequel nous
formons le pilier de l’Europe, renouvellera le Bundestag le 23 février. Le
soutien de Musk à l’AfD, l’extrême droite allemande eurosceptique, est une
forme d’interférence nouvelle de la part d’un allié.
En décembre, le bureau de l’Assemblée parlementaire franco-allemande a adopté
une déclaration politique qui réaffirme, face à un monde instable et hostile,
le besoin d’une autonomie stratégique européenne et le rôle moteur de la France
et de l’Allemagne.
Eléonore Caroit (députée)
> [Intervention à l’Assemblée sur Trump] La réélection de Donald Trump
en novembre dernier ouvre un nouveau chapitre des relations transatlantiques.
Le mandat que défendra le président Trump à partir de son investiture, le
20 janvier prochain, est sans ambiguïté : « Make America great
again ! » ou encore « America first ! ». Ces slogans
seront la base de tout échange et de toute négociation avec les États-Unis.
L’élection de Donald Trump souligne, si cela était encore nécessaire, l’urgence
pour l’Union européenne de se concevoir et d’agir de manière autonome, dans un
monde marqué par des tensions accrues.
Dès lors, il ne s’agit plus de nous livrer à un débat philosophique ou
juridique. Nous devons concrétiser une véritable souveraineté européenne. La
remise en question de l’aide à l’Ukraine, les revendications territoriales de
Trump vis-à-vis du Groenland, du Canada, du canal de Panama ou encore la guerre
toponymique dont le golfe du Mexique fait l’objet sont autant d’éléments qui
soulignent l’importance d’une action européenne concertée.
Nous avons fait des pas importants dans cette direction mais il faut dorénavant
faire preuve de davantage d’ambition et surtout de coordination entre les États
membres. Nous avons bâti des politiques communes en matière de commerce,
d’énergie, de défense. Il nous faut à présent nous appuyer sur ces fondations
pour renforcer notre capacité à agir de manière autonome, protéger nos citoyens,
défendre nos intérêts.
Cela passe par le renforcement de la politique de sécurité et de défense
commune, par l’application du pacte vert pour l’Europe pour sécuriser nos
approvisionnements stratégiques et par une accélération de notre industrie
numérique.
Concrétiser la souveraineté européenne, c’est construire une Europe capable de
faire entendre sa voix sur la scène internationale. Plus que jamais, l’Union
européenne ne doit compter que sur elle-même pour défendre ses valeurs, ses
intérêts, ses citoyens.
Dans cette perspective, pensez-vous que le recours à la préférence européenne,
qui consiste à privilégier les acteurs, produits et technologies européens
lorsque cela est possible, puisse devenir un levier clef de renforcement de
notre souveraineté ?
Stéphane Travert (député)
> [Intervention à l’Assemblée sur l’état de l’agriculture] Les années
2023 et 2024 ont été marquées par un mouvement de contestation agricole sur la
quasi-totalité du continent européen. Cette mobilisation – sans précédent
dans les dernières années – a mis en lumière des revendications légitimes
relatives, entre autres sujets, à la trésorerie des exploitations, à la hausse
des charges, à la réglementation et à la concurrence. S’y sont ajoutées une
multiplication d’accidents climatiques et une succession mortifère d’épizooties
qui ont touché de trop nombreux élevages.
Si les revendications sont différentes d’un pays européen à l’autre, il n’en
demeure pas moins que nous faisons face à des crises structurelles et
conjoncturelles qui abîment la compétitivité des exploitations françaises et
auxquelles nous devons trouver des solutions efficaces.
Force est de constater que la situation politique actuelle, marquée par
l’instabilité – sur laquelle il n’y a nul besoin de s’épancher – et
les reports successifs qui en découlent suscitent des inquiétudes croissantes.
À quelques semaines du salon de l’agriculture, il est impensable que tout ce
qui avait été engagé et promis par les gouvernements précédents ne trouve pas
rapidement une traduction concrète.
Madame la ministre, je vous sais totalement mobilisée et engagée pour résoudre
cette équation infernale et redonner confiance à nos filières agricoles. Vous
nous trouverez à vos côtés pour être force de proposition et agir en médiateurs
de terrain pour traduire et expliquer nos objectifs communs. L’esprit de
responsabilité doit guider notre travail pour construire des politiques
agricoles qui contribuent à maintenir la France au premier rang européen et
chercher ainsi la voie de l’excellence.
Vous avez répondu aux crises conjoncturelles générées par la maladie
hémorragique épizootique (MHE), la fièvre catarrhale ovine (FCO) et l’influenza
aviaire qui perdurent. Pouvez-vous nous rappeler où en sont les dispositifs de
soutien à la trésorerie consécutifs aux inondations et les dispositifs d’aide
aux filières en difficulté, notamment la filière biologique ? Pouvez-vous
nous apporter des précisions sur la mise en place des prêts bonifiés de deux à
trois ans et les prêts de consolidation garantis par l’État ?
Compte tenu de mon expérience et des échanges permanents que j’ai entretenus
avec la profession agricole et agroalimentaire, je souhaite à présent aborder
ce qui me semble devoir être fait dans les domaines structurel, réglementaire
et législatif.
En premier lieu, il convient de voter au plus vite le pacte et la loi
d’orientation et d’avenir agricoles (PLOA) très attendus par le monde agricole.
Il est grand temps que le Sénat s’empare enfin de ce texte, adopté par
l’Assemblée en mai dernier, pour traiter notamment les sujets de formation, de
simplification et de renouvellement des générations.
Il y a lieu également d’assurer la compétitivité économique de nos
exploitations à travers la planification de la production et la fixation
d’objectifs ambitieux pour tendre vers la souveraineté alimentaire. La
simplification des aides à la trésorerie et les mesures fiscales demeurées en
suspens du fait des crises politiques successives sont très attendues par les
organisations représentatives des agriculteurs.
Il convient encore de remettre sur le métier un plan Écophyto nouvelle
génération en réformant la séparation de la vente et du conseil, et en
renouvelant l’expérimentation des drones pour le soin aux cultures
difficilement accessibles.
Vous le savez, notre crédibilité devant les Français dépend beaucoup des
résultats concrets qui seront obtenus pour réduire l’utilisation des produits
phytosanitaires sans pour autant placer nos agriculteurs dans des situations de
concurrence déloyale vis-à-vis de nos partenaires. Cela implique l’interdiction
des surtranspositions et la recherche de solutions durables. Madame la
ministre, quels sont vos objectifs de progrès avec l’Anses, l’Agence nationale
de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, et
de solutions partagées pour répondre aux interrogations légitimes de nombreuses
filières qui ne disposent plus de voie alternative solide pour produire ?
Je veux ici réaffirmer l’importance de conserver le caractère européen des
procédures d’homologation des produits qui assurent de facto la
souveraineté végétale, étant précisé qu’une association comme Valhor est en
pointe sur ce sujet.
Nous devons apporter de la stabilité et de la vision à long terme : l’État
doit se positionner comme un facilitateur de l’action des filières. Compte tenu
des épisodes répétés de risques climatiques, l’État, quand il soutient
l’installation des nouvelles générations d’agriculteurs, doit leur assurer la
visibilité sur des objectifs et des moyens de production ainsi que sur les
débouchés commerciaux. Je préconise donc de renégocier tous les plans de
filière afin que des engagements soient pris en matière d’organisation et de
gouvernance, de segmentation des marchés intérieurs et de positionnement à
l’export.
Permettre aux acteurs de garder la main sur leur propre destin, c’est aussi,
sept ans après la première session des états généraux de l’alimentation, ouvrir
une nouvelle phase de discussion pour fixer un cap, des solutions, des
objectifs de production, de pratiques agronomiques et de partage de la valeur.
La France doit œuvrer à la réforme indispensable de la politique commerciale
européenne.
Enfin, pour protéger nos filières dans le marché intérieur et sans nous opposer
aux accords de libre-échange, nous réitérons notre volonté de signer des
accords qui respectent nos standards sanitaires et nos normes de production.
Nous tenons cette ligne depuis 2017 et nous n’avons pas varié d’un pouce sur ce
sujet.
Confiance, dialogue et respect, c’est le triptyque sur lequel nous bâtirons des
solutions pour une agriculture performante et durable qui nourrisse les
Français et les rende fiers. J’ai dit.
Charles Sitzenstuhl (député)
> [Intervention à l’Assemblée sur l’état de l’agriculture] Il y a un an,
les agriculteurs de France sortaient de leurs fermes pour hurler leur détresse.
Les motifs de cette colère étaient nombreux : faiblesse des revenus, excès
de bureaucratie, transition écologique trop rapide au goût de certains ou
encore bifurcation écologique insuffisante pour d’autres. Tous partageaient en
tout cas un sentiment de déconsidération et une perte de sens, ainsi que je
l’ai souvent entendu de la bouche des paysans, chez moi, en Alsace.
En janvier 2024, le premier ministre nouvellement nommé, Gabriel Attal, n’a pas
attendu pour réagir face à la crise. Soixante-dix engagements furent pris après
des discussions avec les syndicats agricoles pour parer à l’urgence. Au moment
de quitter ses fonctions, en septembre 2024, 67 % de ces engagements
étaient pleinement tenus, 19 % des mesures avaient atteint un niveau
avancé de déploiement et 14 % des projets étaient lancés avec un planning
précis. En d’autres termes, le travail a été fait.
C’est également sous le gouvernement de Gabriel Attal que fut enfin mise en
discussion la loi d’orientation agricole. Celle-ci visait à reconnaître
l’agriculture comme activité d’intérêt général majeur, à réduire les délais de
recours contre les projets agricoles ou encore à soutenir le renouvellement des
générations. Ce texte fut voté par l’Assemblée nationale le 28 mai
dernier.
Et depuis ? Rien. Huit mois ont passé. Cela fait donc huit mois que la loi
d’orientation agricole dort au Sénat, à la plus grande stupéfaction de nos
agriculteurs. Tout le monde comprend aisément que la dissolution ait empêché
une finalisation de ce texte cet été mais pourquoi ne s’est-il rien passé cet
automne ? Pourquoi le gouvernement Barnier n’a-t-il pas remis le texte en
discussion ?
Au groupe Ensemble pour la République, nous déplorons les retards pris sur ce
projet de loi. Comme nous l’avons rappelé à plusieurs reprises, il était
possible de terminer l’examen de la loi d’orientation agricole à l’automne.
Alors, nous le répétons aujourd’hui : cette loi doit être votée au plus
vite, avant la fin de l’hiver 2025.
Pour demeurer une grande puissance agricole, la France doit rester une
puissance de production. Pour nourrir, il faut produire. Dès lors, la
décroissance agricole ne peut constituer l’horizon de l’agriculture européenne.
C’est pourquoi les capacités de production exceptionnelles de la France, qu’il
s’agisse des céréales, des produits laitiers, du sucre ou du vin
– secteurs pour lesquels, je le rappelle, nous sommes très largement
exportateurs – doivent être impérativement protégées.
S’agissant des viandes ou des fruits et légumes – pour lesquels nos taux
d’autoapprovisionnement oscillent entre 80 et 100 % –, des fragilités
sont indéniables, nous le savons tous. Il faut faire mieux mais la situation
n’est pas toujours aussi catastrophique que certains le font croire. Il est de
la responsabilité du ministère de l’agriculture d’accompagner en priorité les
filières d’élevage et de fruits et de légumes pour les moderniser et les rendre
plus performantes. Madame la ministre, nous attendons vos réponses à ce propos.
Enfin, je souhaite vous interpeller sur la question des engrais, sujet
traditionnellement moins évoqué à l’Assemblée nationale et qu’il faut pourtant
aborder. L’année dernière, dans le cadre de la commission d’enquête sur la
souveraineté alimentaire que j’ai eu l’honneur de présider, de nombreux experts
nous ont alertés sur la forte dépendance extérieure de la France en matière
d’approvisionnement en engrais.
Pour réduire nos dépendances, deux réponses sont possibles. La première, assez
logique, consiste à aider encore les agriculteurs à utiliser moins d’engrais, à
y avoir recours de façon raisonnée – ce qu’ils font déjà en partie. La
deuxième consiste à renforcer le tissu industriel français s’agissant du
secteur des engrais. À cet égard, l’annonce de la fermeture d’un site de
production de l’entreprise Yara, en Loire-Atlantique – dont la presse
s’est fait l’écho – n’est pas un bon signal. L’ancien ministre Marc
Fesneau avait annoncé un plan de reconquête sur la question des engrais. Ma
question est donc simple : où en est le travail de l’État, de votre
ministère, sur ce dossier ?
La colère couve toujours dans les fermes de France. Les agriculteurs veulent
des actes. Le gouvernement doit agir sans tarder. Nous sommes là, nous sommes
prêts, nous attendons vos décisions.
Nicole Dubré-Chirat (députée)
> [Intervention à l’Assemblée sur la santé mentale des
Français] Bien que nous abordions ce soir le sujet de la santé mentale en nous
concentrant sur la jeunesse, particulièrement exposée ces dernières années, je
commencerai par rappeler que les personnes concernées ne correspondent pas à un
profil type. Homme, femme, en activité professionnelle ou non, jeune ou
âgé : un Français sur cinq est aujourd’hui affecté par un trouble de ce
type, soit 13 millions de personnes dans le pays – ce nombre dit à
lui seul qu’il s’agit d’un véritable enjeu de santé publique.
Mobilisons-nous collectivement pour être au rendez-vous des attentes fortes en
la matière, d’autant plus que la santé mentale constitue le premier poste de
dépenses de l’assurance maladie : 14 % de son budget y est consacré,
soit 26,2 milliards d’euros. À l’enjeu sanitaire s’ajoute donc un enjeu
économique évident pour nos finances publiques – cela doit nous
interpeller.
Avec ma collègue Sandrine Rousseau, dont je tiens à saluer la mobilisation
constante sur ce sujet, nous venons d’achever une mission d’information sur la
prise en charge des urgences psychiatriques. Nos travaux ont mis en évidence la
détérioration rapide de la santé mentale de la population ces dernières années,
en particulier chez les jeunes depuis la crise sanitaire. Chez les
18-24 ans, la prévalence des épisodes dépressifs est passée de 11,7 %
à 20,8 % entre 2017 et 2021, soit une hausse de 77 % en quatre ans.
Les jeunes femmes sont particulièrement touchées : les hospitalisations
liées aux gestes auto-infligés chez les femmes âgées de 10 à 19 ans ont
progressé de 570 % depuis 2007.
Le groupe Ensemble pour la République s’inquiète de tels indicateurs, d’autant
que leur dégradation se traduit par une forte hausse de la consommation de
médicaments chez les adolescents et les jeunes adultes. En 2023,
936 000 jeunes âgés de 12 à 25 ans ont bénéficié du
remboursement d’au moins un médicament psychotrope, soit
144 000 jeunes de plus qu’en 2019. Quelle que soit notre sensibilité
politique, cette situation ne peut pas nous laisser insensibles. Un constat se
dessine : de plus en plus de jeunes dans notre pays sont en souffrance
psychique. Il est urgent que les pouvoirs publics augmentent les moyens
nécessaires pour les aider, car ils sont l’avenir de la nation.
De nombreuses actions ont déjà été menées ces dernières années pour accompagner
les jeunes confrontés à des troubles psychologiques ou psychiatriques. En 2018,
l’établissement d’une feuille de route pour la santé mentale et la psychiatrie
fut l’une des premières pierres de la politique publique en la matière. L’ont
enrichie ensuite le Ségur de la santé et, en 2021, les assises de la santé
mentale et de la psychiatrie.
Des mesures concrètes ont vu le jour, à l’instar du numéro national de
prévention du suicide, le 3114, particulièrement utile aux jeunes, le suicide
étant la première cause de décès dans la tranche 25-34 ans. Ce numéro
permet à toute personne suicidaire ou en situation de détresse psychologique
d’obtenir une assistance et un accompagnement de qualité. Parce que la plupart
des troubles légers de l’enfant et de l’adolescent en santé mentale se
développent et s’aggravent à l’âge adulte, l’accent a également été mis sur le
repérage précoce, à travers la stratégie des 1 000 premiers jours,
l’expérimentation du dispositif Ecout’émoi de 11 à 21 ans ou encore
l’outil de recontact VigilanS, permettant de coordonner un réseau de
professionnels de santé qui garderont le contact avec la personne qui a tenté
de se suicider.
L’action gouvernementale s’est également centrée sur la santé mentale des
étudiants : le dispositif Santé psy étudiant, lancé en 2021, permet ainsi
aux étudiants de bénéficier de 12 séances par an avec un psychologue, sans
avance de frais.
La stratégie d’accompagnement en santé mentale ne pouvant reposer sur les seuls
professionnels de santé, plus de 5 000 secouristes en santé mentale
ont été formés dans le milieu étudiant, afin d’être au plus près de ceux qui
auraient besoin d’aide. Si beaucoup a été fait pour toutes les catégories d’âge
de la jeunesse, il faut désormais mener une politique publique encore plus
ambitieuse. La prévention auprès des jeunes doit être l’objectif prioritaire,
car comme l’indiquait Michel Barnier, le 10 octobre dernier, « la
prévention coûte toujours moins cher que la réparation ». Le groupe EPR considère
que le repérage précoce et l’orientation adaptée doivent faire l’objet d’un
soutien massif, d’une mobilisation de l’ensemble des acteurs, médecins
scolaires et généralistes.
Nombre de mesures simples, réalisables dans un délai acceptable, sont listées
dans le rapport de la mission d’information sur la prise en charge des urgences
psychiatriques. Alors que la santé mentale est la grande cause nationale pour
2025, celle des jeunes doit en être un des axes forts, comme l’a confirmé hier
le premier ministre lors de son discours de politique générale. On ne peut que
s’en réjouir. Je souhaite néanmoins savoir si le gouvernement serait favorable
à un plan d’action pluriannuel en matière de santé mentale, avec un volet dédié
aux âges clés de la jeunesse, en lien avec la feuille de route du délégué
ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, M. Frank Bellivier.
Jean-François Rousset (député)
> [Intervention à l’Assemblée sur la santé mentale des Français] Lors de
sa déclaration de politique générale, le premier ministre a confirmé que la
santé mentale devait être la grande cause nationale de 2025. Vous la reprenez à
votre compte, je vous en remercie.
Il s’agit d’un enjeu majeur de santé publique, car la maladie mentale et les
troubles psychiques touchent près d’un cinquième de la population française,
soit 13 millions de nos concitoyens. Pourtant, peu d’entre eux sollicitent
de l’aide, particulièrement les jeunes.
Selon Santé publique France, en 2022, 35 % des 18-24 ans déclaraient
avoir l’impression de ne pas prendre soin de leur santé mentale ou de leur
bien-être. Parmi eux, 32 % avouaient ne pas savoir comment s’y prendre.
Ces chiffres révèlent un problème majeur, celui du diagnostic des difficultés
psychologiques. Que ce soit lié à l’environnement, à la famille ou à l’individu
lui-même, le jeune fait souvent face à un obstacle qui l’empêche d’identifier
ses difficultés, donc d’accéder à un traitement.
En Aveyron, comme dans certains territoires, les maisons des adolescents jouent
un rôle essentiel. Structures pluridisciplinaires, elles constituent de
véritables lieux de ressources sur l’adolescence et ses problématiques, pour un
public âgé de 11 à 25 ans. Tel un guichet unique, elles offrent un accompagnement
coordonné et organisé entre les différents acteurs du territoire
– sanitaires, sociaux ou éducatifs – grâce aux éducateurs spécialisés
et aux psychologues.
Ces maisons des adolescents sont pourtant largement méconnues. Combien savent
qu’il en existe presque sur l’ensemble du territoire ? Combien connaissent
leurs missions ou savent comment les contacter ?
D’un côté, il existe des structures dédiées à la santé mentale des jeunes, de
l’autre, il y a des jeunes qui ignorent qu’elles existent.
Stéphane Vojetta (député)
> [Intervention à l’Assemblée sur les dangers pour les jeunes de la surexposition
aux réseaux sociaux] Les ados français passent en moyenne cinq heures par jour
devant les écrans, dont deux rien que sur TikTok ; 67 % des élèves de
primaire sont inscrits sur des réseaux sociaux, pourtant interdits aux moins de
13 ans.
Malgré un arsenal législatif français et européen renforcé, les mineurs restent
encore trop souvent exposés à des contenus inappropriés à leur âge ou
encourageant des comportements à risque.
De récents rapports, ainsi que des plaintes déposées par des familles, mettent
en lumière les conséquences psychologiques dévastatrices dues à l’exposition
excessive à ces plateformes : addiction, troubles de l’alimentation ou de
l’attention, harcèlement, anxiété, voire incitation au suicide.
Pendant ce temps, l’association e-Enfance, qui gère le 3018, numéro d’appel
pour les jeunes victimes de harcèlement et de violences numériques, attend
désespérément les 2 millions d’euros d’argent public qui lui permettront
d’embaucher des répondants et d’éviter que deux tiers des enfants qui appellent
pour demander de l’aide n’aient personne au bout du fil.
La censure du gouvernement Barnier a hélas à nouveau empêché cette promesse d’être
tenue.
Pendant ce temps, la vérification de l’âge sur internet reste une chimère et il
suffit toujours de cliquer sur un bouton pour avoir accès à de la pornographie
24 heures sur 24, à 7 ans comme à 77 ans.
Pendant ce temps, réapparaissent les publicités des influenceurs pour la
chirurgie esthétique, malgré l’interdiction posée par la loi Delaporte-Vojetta
et malgré leurs effets psychologiques désastreux sur des filles toujours plus
jeunes.
Pendant ce temps, les outils de modération, de signalement ou de contrôle
parental des plateformes numériques sont souvent inefficaces ou inoffensifs
face à des algorithmes trop puissants.
Pendant ce temps, enfin, le rapport du groupe d’experts sur l’impact de
l’exposition des jeunes aux écrans remis au président de la République le
30 avril croupit au fond d’un tiroir, le suivi de ses préconisations ayant
été empêché par l’instabilité gouvernementale.
J’aurais pu vous demander quelles actions concrètes votre gouvernement entend
mener pour mieux protéger les mineurs des dangers que présentent les écrans
pour leur santé mentale, mais je vais vous faciliter la tâche. Je préfère vous
annoncer que mon collègue socialiste Arthur Delaporte et moi-même avons lancé
les travaux préparatoires d’un nouveau texte transpartisan, qui viendra
compléter les dispositions de la loi précitée et s’attachera également à
combattre l’exposition excessive aux écrans.
Laure Miller (députée)
> [Intervention à l’Assemblée sur le respect des principes de la république]
Nous sommes réunis pour un débat sur l’évaluation de la loi du 24 août
2021 confortant le respect des principes de la République. Même si je regrette
le caractère trop limité des auditions que nous avons pu conduire, je crois ce
temps utile pour évoquer le sujet du séparatisme, pour vérifier si la loi a
atteint son objectif et pour nous demander si d’autres sujets non traités par
la loi méritent l’attention et l’intervention du législateur et de l’exécutif
en ce début d’année 2025.
Cette loi se voulait ambitieuse : elle touche à plusieurs pans de la
société concernés par le séparatisme. Plusieurs dispositions concernent les
associations, comme le contrat d’engagement républicain (CER) ou la procédure
de dissolution renforcée. La loi vise aussi à lutter contre les discours de
haine et les contenus illicites en ligne. Elle renforce la transparence des
conditions de l’exercice du culte comme le contrôle de son financement. Enfin,
elle renforce la neutralité dans le service public. C’est sur ce dernier point
que nous nous sommes plus particulièrement penchés, singulièrement s’agissant
de l’école.
Eu égard au nombre d’atteintes à la laïcité dans les établissements scolaires,
il était indispensable d’outiller l’éducation nationale. Conseil des sages de
la laïcité, vade-mecum de la laïcité, formation obligatoire de tous les agents
publics ; tout cela a permis de renforcer l’accompagnement des agents dans
l’application du principe de laïcité. L’augmentation des décisions d’octroi de
la protection fonctionnelle démontre également une prise de conscience et une
réactivité accrue de l’administration quant à la protection des agents. Grâce
aux mesures de formation et d’encadrement et à la création du délit de
séparatisme, cette loi a permis d’installer une culture de la vigilance et du
dialogue dans l’éducation nationale.
Aussi apparaît-il opportun de prendre des mesures pour que cette culture gagne
davantage le reste de la fonction publique. Sur ce point, je rejoins nos
collègues sénateurs qui ont émis le souhait de sensibiliser davantage les
collectivités territoriales à leur obligation de nomination d’un référent
laïcité et souligné la nécessité de recenser de façon exhaustive les
nominations de ces référents sur le territoire. Je fais également mienne l’idée
de former un conseil des sages de la laïcité pour chaque fonction publique,
dans la mesure où son fonctionnement au sein de l’éducation nationale
– nous avons auditionné ses membres – mérite d’être salué.
Nos auditions nous ont permis de penser qu’il serait particulièrement utile de
pouvoir faire remonter l’ensemble des sanctions émises dans chaque
établissement scolaire pour obtenir une vision globale et exhaustive des
incivilités et atteintes envers le personnel de l’éducation nationale. Il
serait tout aussi indispensable d’améliorer encore le dialogue entre les
professeurs et l’administration pour que chaque signalement soit suivi d’effet
et que chaque professeur en ait connaissance.
Mais ce que nous enseignent tant les auditions que le débat dans la sphère
publique, c’est que la laïcité a été dévoyée et qu’elle n’incarne plus la
courroie centrale de l’unité nationale. Je crois donc que nous devons être
nombreux à défendre une conception authentique de la laïcité, et tout aussi
nombreux à dénoncer les deux discours qui lui nuisent. Le premier est celui des
dirigeants de l’extrême droite, qui, sous couvert de défense de la laïcité,
dessinent une France qui, si on applique leur programme, finira par accorder
aux séparatistes une sorte de victoire symbolique en abandonnant les principes
au nom desquels nous estimons les combattre. Le second est le discours de la
France insoumise qui – on le voit dans l’analyse du rapporteur issu de ses
rangs – nie tout séparatisme. Comment peut-on écrire sérieusement,
quelques jours après les commémorations des attaques de Charlie Hebdo et
de l’Hyper Cacher, que « les auditions menées n’ont pas permis de
démontrer l’existence du phénomène ’’séparatiste’’ qu’il s’agirait de
combattre » ? Si le séparatisme islamiste était une invention, nous
n’aurions pas à pleurer des morts ce mois-ci, pas plus qu’à pleurer Samuel Paty
et Dominique Bernard. Si ce séparatisme était le fruit de notre imagination, le
proviseur du lycée Maurice-Ravel à Paris, menacé de mort, n’aurait pas été
contraint de partir, et cette professeure à Narbonne n’aurait pas été menacée
de mort début décembre ! Comment peut-on parler de « focalisation
supposément laïque sur le corps et l’habillement des jeunes filles » alors
que la pression familiale et religieuse contraint – je le vois dans mon
territoire – des jeunes filles de 11 ou 12 ans à porter le voile et
que notre devoir est de préserver leur liberté, comme de faire respecter
l’égalité entre les femmes et les hommes ?
On le voit bien : en 2025, alors que les difficultés, d’ailleurs partagées
par d’autres pays autour de nous, sont nombreuses – intégration, lutte
contre les discriminations, tentation du repli sur soi, mutation du paysage
religieux –, la laïcité a besoin d’être de nouveau éclairée et revivifiée.
À sa naissance en 1905, dans un contexte où elle devait s’affirmer face à la
religion catholique, la laïcité était une laïcité de combat. Elle est ensuite
devenue pendant plusieurs décennies une laïcité apaisée. À notre époque, elle
redevient une laïcité de combat, qui doit faire respecter la diversité tout en
garantissant l’unité nationale. Ce combat vise à permettre à chacun de se
sentir suffisamment serein quant à sa différence pour ne pas vouloir en faire
un étendard, et ainsi de faire société.
Oui, le séparatisme est une réalité fortement inquiétante. La loi confortant
les principes de la République était-elle une réponse suffisante ? Rien ne
doit être tabou en la matière, et la mission d’évaluation conduite par
l’Inspection générale de l’administration (IGA) à la demande du ministère de
l’intérieur nous permettra d’obtenir davantage de chiffres et de précisions
quant à la bonne application de cette loi. En tout cas, il est indispensable
d’en réaffirmer les grands principes et de la faire mieux appliquer par les
services déconcentrés de l’État ainsi que par les collectivités territoriales.
Il est surtout indispensable de réaffirmer cet universalisme français que nous
avons su dessiner et faire évoluer, et qui nous permet de résister mieux que
d’autres au séparatisme et à toutes les formes de communautarisme. La laïcité
est une chance autant qu’une nécessité ; soyons fiers de la défendre.
Constance Le Grip (députée)
> [Intervention à l’Assemblée sur le respect des principes de la république]
Il y a quelques jours, nous nous
souvenions avec une grande émotion des attentats terroristes islamistes
perpétrés sur le sol français. Il y a dix ans déjà, furent commis l’attentat
terroriste contre la rédaction de Charlie Hebdo, le lâche assassinat de
la jeune policière municipale Clarissa Jean-Philippe sur le territoire de la
commune de Montrouge dans les Hauts-de-Seine, l’exécution sur un trottoir
parisien du policier Ahmed Merabet et la tuerie islamiste et antisémite de l’Hyper
Cacher, où quatre otages furent exécutés parce qu’ils étaient juifs. Nous avons
dans notre mémoire encore très vif le souvenir de Samuel Paty, égorgé parce
qu’il était enseignant de la République, hussard de la République, et de
Dominique Bernard. Que leur souvenir demeure.
Ces tragédies nous rappellent avec force l’intensité de la haine et de la
volonté de destruction qui s’exercent à l’encontre de notre République, de nos
valeurs et de nos principes républicains, tels que la liberté d’expression,
l’autorité républicaine, la tolérance, l’humanisme, l’instruction, la laïcité.
C’est à chaque fois l’esprit des Lumières, l’esprit français, la République,
qui sont visés.
Cependant, le terrorisme islamiste n’est pas le seul à s’en prendre aux
principes et valeurs républicains et à celles et ceux qui les incarnent. Comme
le président de la République l’avait fort bien identifié dans un discours
prononcé aux Mureaux en octobre 2020, c’est aussi le fait du séparatisme
islamiste qui affirme que ses propres lois sont supérieures aux lois de la
République et qui procède ainsi par assignation identitaire et communautaire,
tournant le dos à l’universalisme républicain.
La loi confortant le respect des principes de la République promulguée en août
2021 illustre la volonté de notre nation de défendre et renforcer les principes
et les valeurs qui sont au cœur du pacte républicain. Proposée par les
ministres Gérald Darmanin, Éric Dupond-Moretti, Jean-Michel Blanquer et Marlène
Schiappa, cette loi a renforcé les instruments existants et a doté notre État
d’outils nouveaux, depuis le contrat d’engagement républicain pour les
associations subventionnées jusqu’au déféré laïcité, en passant par
l’élargissement de la possibilité de fermer des lieux de culte, le renforcement
de la laïcité dans les services publics, à commencer par celui de l’éducation
nationale, le contrôle des financements étrangers et de nombreux autres moyens
dont, c’est vrai, le contrôle plus strict de l’instruction en famille.
Cependant, une loi ne vit que par son application. Monsieur le ministre, nous
avons besoin de disposer d’un bilan, d’une évaluation précise et chiffrée de
l’application de cette loi. Un an après sa promulgation, celle qui était alors
secrétaire d’État chargée de la citoyenneté, Mme Backès, avait présenté un
premier bilan qui montrait des résultats concrets, encourageants : plus de
26 000 contrôles avaient été effectués, 836 établissements
divers avaient été fermés, près de 56 millions d’euros avaient été
récupérés à la suite de sanctions administratives. Le Sénat a publié en mars
2024 un rapport rédigé par Jacqueline Eustache-Brinio et Dominique Vérien qui
présentait un bilan mitigé, dirais-je, mentionnant de réelles avancées, des
réussites incontestables, mais appelant également l’attention sur la nécessité
d’aller plus loin et d’approfondir le déploiement de certains dispositifs.
Les différents constats, encore partiels, appellent de notre part un sursaut
collectif, républicain, pour préserver cette loi essentielle et faire en sorte
qu’elle soit réellement et pleinement appliquée. Nous connaissons l’engagement
du ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, et de tous les personnels placés
sous son autorité, dans le combat pour les valeurs républicaines et pour
l’application de tous les dispositifs proposés par cette loi
« séparatisme ». Un rapport d’étape a été commandé à l’Inspection
générale de l’administration dont les conclusions seront rendues publiques.
Elles réaliseront, je l’espère, de manière transparente et précise, l’évaluation
de l’application de cette loi, et indiqueront également des compléments et des
améliorations possibles – pourquoi pas ? En tout cas, s’il en est
besoin, nous sommes prêts. Nous avons déjà des idées ; certains d’entre
nous ont déjà déposé des propositions de loi. Il y aura peut-être matière à
aller plus loin.
Je voudrais également souligner à quel point le groupe Ensemble pour la
République, au nom duquel je m’exprime, et son président, Gabriel Attal, ont
toujours été fermement engagés dans la lutte contre tous les séparatismes et
pour les valeurs de la République. Cela a été évoqué, lorsqu’il était ministre
de l’éducation nationale, Gabriel Attal avait pris des mesures très fortes et
claires condamnant le port de l’abaya et du qamis.
L’année 2025 marque les 120 ans de la grande loi sur la laïcité et la
séparation des Églises et de l’État de 1905 que nous célébrerons le
9 décembre. Nous espérons que cet anniversaire sera l’occasion de
revivifier ensemble le pacte républicain, cette promesse républicaine
d’émancipation, de liberté, de confiance et de laïcité pour chacun et chacune
d’entre nous. En tout cas, monsieur le ministre, vous trouverez le groupe
Ensemble pour la République fermement décidé, à vos côtés, avec les personnels
des ministères de l’éducation nationale et de l’intérieur, avec tout l’État,
pour aller encore plus loin.
Annaïg Le Meur (députée)
> [Intervention à l’Assemblée suite à la motion de censure de LFI] Qui
parmi nous peut réellement prétendre que les Français nous ont élus pour faire
tomber les gouvernements les uns après les autres ? Qui peut sérieusement
croire que l’instabilité serait la réponse aux défis considérables qui se
présentent à nous ? Notre pays est inquiet et les Français ne souhaitent
ni le chaos ni le trouble politique. Ils aspirent au contraire à la stabilité,
à l’action et à la responsabilité. Ils veulent un gouvernement capable de
protéger leur pouvoir d’achat, de garantir leur sécurité et de préparer
l’avenir de leurs enfants.
Personne ici ne détient la majorité absolue. Cette situation nous impose donc
d’aller au-delà des clivages partisans et de faire des compromis pour assurer
l’avenir du pays. Les électeurs ont exprimé leur volonté de voir les
différentes forces politiques travailler ensemble pour le bien commun, plutôt
que de s’engager dans des luttes stériles et des jeux de pouvoir. Ils ne nous
appellent pas à la confrontation, mais bien à la concertation et à la recherche
d’un équilibre politique. C’est dans cet esprit de dialogue et de compromis que
notre groupe se positionne depuis le premier jour. Nous avons soutenu Michel
Barnier et aujourd’hui, nous apportons notre soutien au gouvernement de
François Bayrou. Notre rôle, notre fierté, c’est de stabiliser le pays et de
permettre au gouvernement de mener les réformes nécessaires, pas d’enfoncer la
France dans l’incertitude. Je salue à cet égard la méthode choisie par le
premier ministre et le travail réalisé par les ministres Éric Lombard, Amélie
de Montchalin, Catherine Vautrin et Astrid Panosyan-Bouvet en vue de ce
compromis.
Nous avons, en ces temps incertains, une occasion historique de nous hisser à
la hauteur de l’instant et d’agir dans l’intérêt du pays. Les défis que nous
devons relever sont nombreux et complexes : le pouvoir d’achat, la
transition écologique, la relance économique, mais aussi la santé, la sécurité,
l’éducation, la lutte contre les inégalités, la crise du logement et la
sécurité extérieure. Le monde dans lequel nous vivons change à une vitesse
vertigineuse. Les défis géopolitiques, économiques et sociaux sont d’une
complexité nouvelle. Face à cela, la France doit être forte. Elle ne peut pas
se permettre de s’engager dans des luttes partisanes qui ne feraient
qu’aggraver la situation. Ce n’est pas l’inaction qui apportera des solutions,
mais la capacité à prendre des décisions courageuses, même lorsqu’elles sont
difficiles.
Si le gouvernement tombe aujourd’hui, cela signifiera que nous n’aurons
toujours pas de vote sur le budget, pas de loi d’urgence pour Mayotte, pas de
loi pour protéger nos agriculteurs. Alors que notre économie est déjà à l’arrêt
depuis des mois, nous risquons de plonger le pays dans une crise financière,
économique et sociale d’une ampleur inédite. Ces conséquences seraient
dramatiques pour les Français et ce sont les plus fragiles qui en seraient les
premières victimes.
Dans ce contexte, il devient impératif de souhaiter le succès de ce
gouvernement ; c’est même une nécessité absolue.
Avec ces motions de censure à répétition, déposées en rafale à la moindre
occasion dans l’espoir de provoquer un chaos institutionnel, l’extrême gauche
perd de vue l’intérêt de la France et des Français.
Ces attaques, ces outrances ne servent qu’à déstabiliser le pays et, au lieu de
positionner la gauche comme principale force de dialogue, elles offrent une
place de choix à l’extrême droite dans la survie du gouvernement. Quel
paradoxe ! Mais ce choix mortifère de la censure et de l’inaction n’est
pas inéluctable, puisque le total des voix des extrêmes ne suffit pas à faire
tomber le gouvernement.
Le groupe Socialistes et apparentés a annoncé ne pas voter cette motion de
censure. Cette décision vous honore, chers collègues, et ouvre la voie du
compromis que nous appelons de nos vœux. C’est une occasion unique pour la
gauche modérée, la gauche de gouvernement, de se montrer fidèle à son histoire
et de s’extraire des chaînes du mélenchonisme qui divise et fragmente notre
société.
Cette période nous offre une occasion unique de nous mettre tous autour de la
table pour aborder un sujet crucial, celui des retraites. Or faire tomber ce
gouvernement, ce serait empêcher ce dialogue. Nous répondrons naturellement
présents à l’appel du premier ministre à participer à cette grande concertation
et préparons déjà nos propositions au sein de notre groupe de travail dédié à
ce sujet. Aucune réforme n’est parfaite et nous sommes prêts à faire des
compromis pour améliorer celle dont il est question. Cependant, nous avons
aussi le devoir de dire que l’on ne peut pas l’abroger sans une alternative
crédible, ni envisager sa suspension sans avoir des solutions claires et
financées. C’est notre boussole.
Nous n’avons tout simplement pas les moyens de compromettre l’avenir du pays en
avançant dans l’incertitude. Alors, mes chers collègues, espérons que ce soir,
la France disposera toujours d’un gouvernement. C’est la seule option qui nous
permettra, demain, de voter un budget, de mener les réformes nécessaires et de
relever les défis colossaux qui se dressent devant nous.
Vous l’aurez compris, les députés du groupe Ensemble pour la République ne
censureront pas ce gouvernement.
● MoDem
Marc Fesneau (député, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale)
> En ces heures si incertaines, je salue à la fois l’esprit de
responsabilité du PS et la volonté de dialogue et d’ouverture sincère du
gouvernement pour offrir à notre pays, qui l’attend depuis de longs mois, la
stabilité pourtant si nécessaire pour retrouver le chemin de la confiance et de
la croissance. Je salue également l’esprit de responsabilité de ceux qui
soutiennent ce gouvernement et qui, eux aussi, ont accepté ces compromis
parfois difficiles. Le PS est dans l’opposition, je le respecte, mais par cet
acte il a démontré qu’il était un parti de gouvernement et capable de se hisser
à la hauteur des enjeux vitaux du moment.
> Dans sa déclaration de politique générale, François Bayrou a essayé de montrer une méthode et une volonté qui s'articulent à la fois sur la lucidité des enjeux nationaux et internationaux, la lucidité sur les questions budgétaires et d'essayer avec les uns et les autres de construire un chemin, en reconnaissant que la situation est extrêmement difficile.
Cyrille Isaac-Sibille (député)
> [Intervention à l’Assemblée sur la santé mentale des jeunes] « L’âme
résiste bien plus aisément aux vives douleurs qu’à la tristesse
prolongée. » Ces mots de Jean-Jacques Rousseau résonnent aujourd’hui avec
une intensité particulière face à la détresse croissante de nos jeunes
concitoyens.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La santé mentale représente désormais le
premier poste de dépense de l’assurance maladie, tout comme elle est la
première cause des arrêts de travail et des invalidités. Les maladies mentales,
invisibilisées et stigmatisées, touchent un public de plus en plus jeune. Le
récent rapport de nos collègues Nicole Dubré-Chirat et Sandrine Rousseau
souligne un triplement des hospitalisations liées aux gestes auto-infligés chez
les jeunes de 10 à 19 ans.
La crise sanitaire a exacerbé des vulnérabilités déjà présentes. Un tiers des
jeunes de 18 à 24 ans déclarent ne pas prendre soin de leur santé mentale
faute d’information ou d’accès à des solutions adaptées. Notre système de soins
psychiatriques n’est pas à la hauteur des besoins.
Notre réponse doit s’articuler autour de trois axes : la prévention, le
dépistage des préfragilités et des fragilités, le soin. Je crois fermement en
la prévention et au dépistage précoce qui, seuls, permettront d’améliorer la
santé physique et psychique de nos concitoyens et de réduire la pression sur
nos structures d’urgence et de soins. Cela implique une mobilisation générale
et coordonnée. Je parle souvent, à ce sujet, d’une industrialisation de la
prévention : nous avons su produire des soins, il nous faut maintenant
produire de la prévention.
Pouvoirs publics, professionnels de santé en ville, établissements scolaires,
collectivités locales, associations sportives ou sociales, familles,
entreprises : tout le monde doit se mobiliser. Je souhaite évoquer à ce
titre une expérimentation que nous avons lancée, le professeur Franck Chauvin
et moi-même, en région Auvergne-Rhône-Alpes, visant à créer des environnements
favorables à la santé des jeunes de 6 à 11 ans en milieu scolaire et
périscolaire. Ce dispositif, qui concerne plus de 15 000 enfants, dès
la primaire, forme et outille des professionnels en milieu scolaire et
extrascolaire, afin de promouvoir la santé auprès des jeunes. Elle favorise
ainsi l’acquisition, dès le plus jeune âge, d’une culture de santé – la littéracie –,
tout comme celle de compétences psychosociales. Ces dernières ont une incidence
positive sur le développement global des enfants, notamment en matière
d’hygiène de vie, de réussite scolaire et de respect de l’autre, en réduisant
les risques de harcèlement scolaire, d’agression et de comportement délictuel.
Elles contribuent enfin, en favorisant le bien-être de l’enfant, à sa santé
mentale. Il s’agit de la plus grande expérimentation européenne dans ce
domaine : elle est évaluée, efficace et duplicable à un coût très
raisonnable. Je plaide pour sa généralisation partout sur le territoire
métropolitain et dans les territoires d’outre-mer.
Nous devons, en parallèle, dépister les signes avant-coureurs et les
préfragilités, afin d’éviter l’aggravation des troubles psychiques. En France,
le programme de formation de secouriste en santé mentale représente une avancée
majeure dans le repérage de ces troubles, l’information sur les ressources
disponibles et le signalement aux services compétents. Il faut faire la promotion
de cette formation qui n’est pas suffisamment connue. Depuis 2018,
200 000 secouristes ont ainsi été formés, pour un objectif de
750 000. Ces formations, principalement à destination des adultes, doivent
être élargies aux jeunes, notamment en milieu scolaire. Une proposition de loi
du groupe socialiste vise précisément à outiller les élèves, les enseignants et
le personnel encadrant, afin qu’ils puissent détecter ces troubles et agir
rapidement.
Nous devons, enfin, renforcer les structures de soin psychiatrique. Trop
longtemps, les troubles mentaux ont été relégués au deuxième plan, derrière les
maladies somatiques. C’est pourquoi je salue la décision du premier ministre
François Bayrou et de son prédécesseur Michel Barnier d’ériger la santé mentale
en grande cause nationale pour 2025.
Les lacunes dans la prise en charge des patients sont importantes. Il n’y a pas
de consensus sur les définitions du bien-être, de la santé mentale ou de
l’urgence psychiatrique. Il existe des disparités territoriales. Il nous faut
renforcer et harmoniser les moyens des structures spécialisées et, surtout,
recruter davantage de personnels formés. Cela passe par une revalorisation des
métiers de la pédopsychiatrie, qui souffrent aujourd’hui d’un manque
d’attractivité. Les acteurs locaux sont prêts et mobilisés : à nous, élus,
de leur offrir les moyens d’agir. Donnons dès à présent à nos enfants les clés
pour qu’ils s’épanouissent rapidement. Face à la tristesse prolongée
qu’évoquait Rousseau, soyons une force qui apaise et redonne espoir.
Delphine Lingemann (députée)
> [Intervention à l’Assemblée sur le respect des principes de la république]
La laïcité est un pilier fondamental de notre République : elle garantit
la liberté de conscience et l’égalité de tous les citoyens devant la loi, sans
distinction d’origine, de religion ou de conviction. Alors que nous examinons
la loi confortant le respect des principes de la République, il me semble
essentiel de souligner l’importance de la laïcité, notamment pour notre
jeunesse.
En 2020, dans son discours des Mureaux, le président de la République a insisté
sur le rôle de l’école comme creuset républicain. Pilier de notre République,
la laïcité trouve son expression la plus forte dans nos écoles. Jules Ferry ne
s’y trompait pas quand, dans sa lettre aux instituteurs du 17 novembre
1883, à propos de l’application de la deuxième loi Ferry, votée deux ans plus
tôt par le Parlement, il écrivait aux professeurs : « En vous
dispensant de l’enseignement religieux, on n’a pas songé à vous décharger de
l’enseignement moral ; c’eût été vous enlever ce qui fait la dignité de
votre profession ».
Plus que jamais, c’est à l’école que la laïcité doit trouver son relais le plus
important. La loi confortant le respect des principes républicains a
significativement renforcé le principe de laïcité dans nos établissements
scolaires. L’instauration de référents laïcité dans chaque administration
publique, y compris les écoles et les universités, a permis d’apporter un
soutien concret aux personnels éducatifs. À la suite de cette loi, le plan
« laïcité dans les écoles » a été renforcé par des sanctions
systématiques et graduées visant les comportements qui ne la respectent pas.
Cependant, nous devons rester vigilants et continuer à accompagner les équipes
éducatives dans la mise en œuvre de ces dispositifs. La laïcité est un combat
de tous les jours. À cet égard, la journée de la laïcité, institutionnalisée le
9 décembre depuis 2015, constitue une opportunité singulière de renforcer
l’éducation des jeunes. C’est dans cette perspective que j’ai récemment déposé
une proposition de loi visant à instaurer une cérémonie républicaine qui aurait
lieu ce même jour dans tous les établissements scolaires – écoles,
collèges et lycées, publics comme privés – du territoire. Célébrer la
laïcité, c’est permettre à chacun de renforcer son sentiment d’appartenance à
la nation et c’est encourager les jeunes à se sentir pleinement partie prenante
de notre communauté nationale.
Dans l’enseignement supérieur, la question de la laïcité demeure un enjeu
majeur. Toutefois, il me semble important de garder à l’esprit que la laïcité à
l’université s’inscrit dans une perspective radicalement différente de celle de
l’enseignement primaire et secondaire. Le respect des principes républicains
doit être concilié finement avec la liberté individuelle et académique, ainsi
que la diversité des opinions. Comme l’a précisé Jérôme Guedj, il s’agit de
trouver le point d’équilibre. Depuis une dizaine d’années, la publication d’un
guide de la laïcité par France Universités montre que les situations traitées
par les responsables des universités peuvent s’avérer très complexes. L’absence
de travaux spécifiques et de rapports parlementaires traitant de la laïcité
dans nos universités constitue une lacune qu’il nous faut impérativement
combler.
La loi confortant le respect des principes de la République a aussi voulu agir
dans le champ des associations. Ses résultats sont tangibles : plus de
25 000 opérations de contrôle ont été menées, aboutissant à plus de
800 dissolutions d’associations. Ces actions démontrent notre
détermination à lutter contre les dérives séparatistes ou communautaristes. La
loi a également mis en place un contrat d’engagement républicain, par lequel
les associations ou fondations qui demandent une subvention publique s’engagent
à respecter le caractère laïque et les principes de la République. En cas de
violation de cette obligation, la subvention doit être remboursée.
Bien que ce contrat constitue une avancée en matière de formalisation de
l’adhésion aux valeurs républicaines, son efficacité dépend de l’intégration de
son contenu aux pratiques quotidiennes des associations. Au-delà de la
formalité administrative, sa signature doit entraîner un engagement actif, des
actions concrètes visant à transformer cette obligation légale en un véritable
outil de promotion des valeurs républicaines. Afin d’y parvenir, nous pourrions
envisager, au sein du tissu associatif, des mécanismes de suivi, de formation
et de sensibilisation continues.
Enfin, nous ne pouvons ignorer le défi majeur que représentent les réseaux
sociaux, en cause, selon les données du ministère de l’éducation nationale,
dans près de 20 % des signalements d’atteinte aux valeurs de la
République, car ils peuvent être à la fois terreau et vecteur de ces dérives.
La loi confortant le respect des principes de la République a indéniablement
renforcé notre arsenal juridique en vue de défendre la laïcité à la française.
Cependant, notre tâche n’est pas achevée : il nous faut poursuivre nos
efforts, adapter nos outils de promotion et de défense des valeurs auxquelles
nous tenons tant.
Bruno Fuchs (député)
> [Intervention à l’Assemblée suite à la motion de censure de LFI] Laissez-moi
commencer en faisant preuve, calmement mais avec gravité, d’un peu de bon sens
et d’esprit de responsabilité.
Non, monsieur Bompard, Les Démocrates ne considèrent pas qu’ils ont tout le
temps raison, sur tout. Nous ne pensons pas incarner, à nous seuls, le peuple
souverain dans toutes ses dimensions et sa diversité. Pour nous, la démocratie
est l’organisation respectueuse et féconde de la coopération entre les
citoyens, les différents partis et courants de pensée afin d’atteindre grâce au
dialogue, au compromis, à la délibération, une forme de vérité partagée par le
plus grand nombre.
La France souffre plus que jamais de la volonté de certains de tordre – de
dévoyer – cette démocratie en la remplaçant par un combat à mort entre
idées, partis et personnes. Ce combat est départagé par les urnes mais, depuis
des décennies, le gagnant impose systématiquement et unilatéralement ses idées
en écrasant de fait tous les perdants.
Cette approche unilatérale, et l’effacement des idées différentes et de la
diversité, c’est l’inverse d’une véritable démocratie, démocratie à laquelle
nous croyons et que nous nous efforçons de faire vivre.
Surtout, une telle approche n’est pas celle que réclament les Français qui, par
deux fois, n’ont pas souhaité donner à un seul courant politique la majorité
absolue à l’Assemblée nationale.
Au sein de cette assemblée plurielle, ils nous demandent de nous rapprocher, de
discuter, de concéder, pour avancer et nous retrouver sur le chemin du
compromis, dans l’intérêt de la France et des Français.
Une telle forme de politique est d’ailleurs plus exigeante que l’autre car elle
nous demande d’intenses efforts – remise en question, compréhension et
reconnaissance de l’autre.
Ce n’est faire injure à personne que de constater que nous n’y sommes pas
encore tout à fait parvenus, alors que c’est le quotidien des députés européens
et des élus d’une grande majorité des collectivités locales.
Pourtant, notre incapacité systématique à travailler ensemble désespère et
exaspère nos concitoyens, notamment ceux que je retrouve chaque semaine à
Mulhouse et dans le sud de l’Alsace. Ils ne sont pas moins choqués et révoltés
du désordre que certains organisent méthodiquement à l’Assemblée nationale,
comme à l’extérieur.
En censurant le gouvernement Bayrou, vous ne feriez que répéter notre erreur
collective de décembre dernier, alors que nous avançons quotidiennement vers un
chemin commun.
En censurant le gouvernement, c’est la volonté de dialogue que vous
censureriez.
Depuis le 23 décembre, l’ensemble des forces politiques représentées au
Parlement, sans exception – car elles sont toutes légitimes –, ont
été reçues par le premier ministre. Elles lui ont exposé leurs priorités et
elles ont présenté des propositions pour explorer, ensemble, un chemin
responsable pour faire avancer la France.
Dans cette même perspective, le ministre de l’Economie et des Finances, la
ministre chargée du Budget et le ministre chargé des Relations avec le
Parlement ont mené des entretiens pour pouvoir doter, enfin, la France d’un
budget et sortir notre pays de l’immobilisme dans lequel il est plongé depuis
décembre dernier. Je veux ici saluer leur engagement et leur travail.
En censurant le gouvernement, vous diriez aussi non à une méthode fondée sur
l’écoute et le respect de l’identité de l’ensemble de nos territoires, en
métropole comme en outre-mer, et de tous les acteurs qui font aujourd’hui notre
société. Tout le monde a déjà pu observer que ce gouvernement attachait une
extrême importance au travail commun avec nos élus locaux et avec les
représentants de leurs différentes familles politiques sur ces bancs.
D’ailleurs, la volonté du gouvernement de réintroduire l’aide aux maires bâtisseurs
découle directement de ces échanges – et je me réjouis de ce résultat.
De même, le gouvernement a confiance dans la capacité des partenaires sociaux à
trouver dans les prochains mois des solutions innovantes, en premier lieu en ce
qui concerne l’ajustement de la réforme des retraites.
Le Mouvement démocrate, lors de l’examen de la réforme des retraites en 2023,
avait souhaité faire adopter une clause de revoyure. Nous considérions alors
que, très vite, nous verrions apparaître les effets financiers comme sociaux de
cette réforme. Aujourd’hui, plutôt que de censurer, il est temps d’activer
cette clause. C’est justement ce que le premier ministre a décidé de faire. Les
plus aptes à mener cette évaluation sont les forces syndicales et patronales.
Or toutes – absolument toutes – se sont déclarées ouvertes et
partantes pour cette discussion. Elles ont même rappelé, dans un courrier dont
le premier ministre a fait état au début de cette séance, la gravité de la
situation dans laquelle se trouve la France. Faisons leur confiance. Le
Parlement sera alors saisi de leurs conclusions lors du prochain débat relatif
à cette question, au plus tard à l’automne.
En censurant le gouvernement, non seulement vous renonceriez à l’idée de rendre
le dialogue utile et fécond mais il vous faudrait aussi assumer de priver nos
concitoyens des nombreux bénéfices des politiques publiques.
Cela se vérifierait en premier lieu avec le projet de loi de finances alors
même que nos concitoyens attendent avec impatience un budget pour cette année
– je rappelle que nous sommes presque au début du mois de février. Par
exemple, les agriculteurs sont depuis plusieurs mois dans l’attente de mesures
concernant le GNR, le gazole non routier, ou la transmission des exploitations.
Je pourrais aussi citer les collectivités, dont l’investissement est
aujourd’hui sévèrement ralenti, affectant tout un tissu économique local, ou
encore les entreprises qui s’interrogent sur les perspectives futures et
hésitent donc sur la marche à suivre pour se développer, avec d’importantes
conséquences sur l’emploi que nous constatons jour après jour.
Censurer le gouvernement, c’est renforcer l’ampleur de la crise politique,
économique et sociale, renoncer à disposer rapidement d’un budget mais aussi
abandonner à court terme tout effort en matière de justice fiscale.
Certes, il est complexe de trouver le bon équilibre en la matière. Toutefois,
vous savez que vous pouvez compter sur les députés Les Démocrates pour avancer,
dans le cadre du budget pour 2025, comme pour formuler des propositions
innovantes et élaborées – nous en avons déjà fait la démonstration au
cours des mois et des années passés.
Les conséquences négatives se feront également sentir en matière de transition
écologique, dont je sais que nombre des députés siégeant sur les bancs de cette
assemblée considèrent, comme nous, que c’est une des premières priorités de
l’action publique. Cela a d’ailleurs été rappelé dans quasiment toutes les
interventions précédentes. Je pense notamment à la décarbonation de
l’industrie, à nos modes de mobilité ou encore à notre habitat.
De même, l’adaptation de notre politique de l’eau ne mérite pas d’attendre
– il y a urgence. Nous devons travailler tous ensemble dès demain dans un
contexte de profonds changements des conditions d’accès naturel à l’eau,
devenues parfois très difficiles dans les territoires, en métropole comme en
outre-mer.
Je pourrais aussi évoquer le secteur de l’éducation, que le gouvernement
souhaite mettre au cœur de son action à une époque où la perte de repères dans
la société conduit à une forme de perte de sens du métier d’enseignant. Le premier
ministre s’est exprimé sur ce sujet à plusieurs reprises. Nous devons renverser
cette tendance – je sais que, sur ces bancs, nous sommes nombreux à
vouloir y travailler.
Je tiens d’ailleurs à saluer la volonté de compromis du premier ministre qui, à
l’invitation de parlementaires des deux assemblées, a souhaité maintenir le
nombre de postes d’enseignants en 2025, contrairement à ce qui était prévu dans
le budget initialement proposé et débattu dans cette assemblée en 2024
– nouvelle preuve que, lorsque nous nous parlons, lorsque nous nous
écoutons et lorsque nous nous respectons, nous pouvons progresser rapidement,
dans le sens de l’intérêt général. C’est alors la France qui progresse et sort
renforcée.
Notre relation au travail serait elle aussi atteinte, dans un monde où les
conditions d’emploi et les perspectives de carrière évoluent de plus en plus
rapidement. Nous devons collectivement nous saisir de questions telles que les
augmentations pérennes des rémunérations – par une hausse de la
productivité –, le partage de la valeur au sein de l’entreprise mais aussi
l’organisation du travail, les parcours de carrière ou encore la pénibilité,
notamment dans le cadre des discussions sur l’avenir du système de retraite.
Enfin, censurer le gouvernement, c’est prendre une nouvelle fois du retard sur
l’amélioration de notre système de santé. Ainsi, à très court terme, la
non-augmentation de l’Ondam, l’objectif national de dépenses d’assurance
maladie, irait à l’encontre des attentes formulées dans cet hémicycle et du
besoin évident et urgent exprimé au quotidien par les Français. À plus long
terme, une censure conduirait à l’abandon des travaux menés pour une meilleure
organisation pluriannuelle de nos dépenses de santé, intégrant plus largement
la logique de prévention, chère au groupe Les Démocrates comme à d’autres
groupes de notre assemblée.
Je veux préciser, pour conclure, ce qui fonde à mon sens une bonne aptitude au
compromis et au consensus – que nous pouvons tous atteindre, en continuant
à travailler au quotidien avec ardeur et détermination.
D’abord, les bases doivent être solides. On ne saurait parvenir à un compromis
au détriment des générations futures, en matière environnementale comme en
matière budgétaire. Nous avons, individuellement et collectivement, la
responsabilité morale, envers nos enfants et nos petits-enfants, de n’aggraver
ni la dette écologique ni la dette financière.
Ensuite cela passe par une attitude : il faut écouter et respecter les
positions de l’autre, les prendre au sérieux et chercher comment des
rapprochements peuvent exister. Le compromis n’efface pas toutes les
différences ; au contraire, une fois que le consensus et le compromis ont
été acceptés et signés, les différences sont beaucoup plus légitimes.
Enfin, il faut se rappeler sans cesse que le compromis démocratique ne signifie
pas une victoire totale de l’un sur l’autre. Un bon consensus, cela suppose le
respect des convictions de l’un et de l’autre. Au Mouvement démocrate, nous
serons toujours prêts pour une telle démarche car elle correspond à notre
conception de la démocratie et de la vie politique.
J’espère que vous saurez saisir la main qui vous est tendue avec bienveillance
et respect mais surtout avec responsabilité face aux engagements qui nous lient
devant les Français, et avec espoir pour la France, pour les Françaises et les
Français.
> [Intervention à l’Assemblée sur Trump] Dans cinq jours,
lundi 20 janvier, Donald Trump succédera à Joe Biden, 46e président
des États-Unis, que beaucoup considèrent comme ayant été, ces dernières années,
l’un des plus attentifs au continent européen. Le retour de Donald Trump à la
Maison-Blanche suscite une certaine appréhension de ce côté-ci de l’Atlantique,
en raison du caractère décomplexé du personnage, de sa vision ouvertement
transactionnelle et de son projet de type nationaliste pour l’Amérique.
Donald Trump n’est sans doute pas le président qui se montrera le plus soucieux
de l’Europe. De ce point de vue, son retour est un électrochoc dont personne en
Europe ne contrôle l’intensité ni l’impact. Il nous faut donc impérativement
utiliser cet électrochoc de façon positive et constructive, réagir dans le sens
de nos propres intérêts. Cela doit servir à dessiller les yeux d’un certain
nombre de responsables européens. Trop nombreux encore sont ceux qui pensent, à
tort, que la sécurité et l’avenir de l’Europe seront, quoi qu’il advienne,
assurés par les États-Unis.
En septembre 2017, dans l’enceinte de la Sorbonne, le président de la
République prononçait un discours dont le maître mot était la
« souveraineté européenne ». De fait, des progrès notables et
concrets ont été accomplis : la publication de la déclaration de
Versailles le 11 mars 2022 ; l’adoption d’une boussole stratégique le
24 mars suivant ; l’élaboration de réponses toujours plus innovantes
et audacieuses face aux crises qui se sont succédé, notamment la pandémie de
covid-19. Face à la guerre en Ukraine, l’Union a posé les bases d’une économie
davantage tournée vers la production d’armement.
Néanmoins, le président de la République l’a souligné, toujours à la
Sorbonne : « Nous devons être lucides sur le fait que notre Europe,
aujourd’hui, est mortelle. Elle peut mourir. Elle peut mourir, et cela dépend
uniquement de nos choix. » Autrement dit, nous sommes livrés à nos propres
responsabilités.
Nous devons donc assumer désormais, en Européens, davantage de responsabilités
géopolitiques. Cela concerne tout d’abord l’Ukraine, que les États membres de
l’Union européenne devront continuer de soutenir dans son combat pour la
liberté et l’indépendance, quels que soient les choix américains. Il est
possible que, sous l’impulsion de la nouvelle administration américaine, des
négociations s’engagent en faveur d’un cessez-le-feu. Dans ce cas, l’Europe
devra être prête à apporter à Kiev des garanties de sécurité solides, en tout
cas bien plus solides que le mémorandum de Budapest du 5 décembre 1994.
Nous devons aussi, en Européens, nous montrer solidaires et ne pas nous aligner
systématiquement sur les positions de Washington si celles-ci contreviennent à
nos propres intérêts. La France a su le faire quand cela était nécessaire. Sur
un autre plan, nous devons être capables d’engager un bras de fer commercial si
Washington entend dicter des conditions unilatérales à l’Europe. Après tout,
l’Union européenne est le premier marché des États-Unis.
L’Union européenne et les Vingt-Sept disposent de nombreux atouts pour
s’affirmer et exister dans un monde multipolaire où les rapports de force
prennent le pas sur la norme internationale. Pour pouvoir y recourir, tant
l’Union européenne que la plupart de ses États membres doivent prendre
conscience de leur poids collectif, de la portée de leurs décisions et de la
nécessité d’une meilleure cohésion dans leurs actions communes.
Le 20 janvier, la prise de fonctions de Donald Trump pour un second mandat
nous confrontera, nous, Européens, à la dure réalité du monde d’aujourd’hui.
Lors de son premier mandat, il avait commencé à déstabiliser toute la gouvernance
mondiale, notamment en dérégulant les grandes institutions internationales
– entre autres l’Otan, l’Unesco, 1’Organisation mondiale de la santé
(OMS), l’Organisation mondiale du commerce (OMC) – et en désinvestissant
dans plusieurs d’entre elles.
Cette fois, sa vision nationale-souverainiste est beaucoup plus aboutie. Il va
faire basculer l’ordre mondial, construit pas à pas depuis la deuxième guerre
mondiale. Fondé sur le multilatéralisme et la coopération entre les peuples,
cet ordre a assuré la paix, en tout cas en Europe, et permis un accroissement
des richesses dans le monde – 600 millions de Chinois sont ainsi
sortis de la misère. Il a été globalement bénéfique, tirant le monde vers la
paix et réduisant la précarité, même si l’on peut regretter que la répartition
des richesses n’ait pas été suffisamment équitable. Donald Trump nous fera
entrer dans un monde fondé sur le rapport de force et la haine de l’autre, avec
toutes les conséquences préjudiciables qui en découleront, éventuellement la guerre.
À bien des égards, notre paix, notre souveraineté et notre liberté futures
dépendront de la force des réponses qui seront apportées au niveau de l’Union
européenne.
Frédéric Petit (député)
> [Intervention à l’Assemblée sur Trump] Trump arrive… La seule chose
rassurante, c’est qu’on ne sait pas trop ce qu’il va faire vraiment. Mais Trump
est un transactionnel et il risque de mettre en péril le droit international.
Ma question portera sur ce point, au regard de ce qui se passe en Ukraine. En
transactionnel, Trump va dealer, et seul. Il y a fort à parier que nous ne
serons pas invités à la table, ni nous Français ni nous Européens.
Or ce deal portera sur des éléments existentiels pour l’Europe. Je vais prendre
des exemples très concrets, dont nous avons souvent parlé, monsieur le
ministre. Le maintien de la Constitution russe fera-t-il partie du deal,
sachant qu’un recul abracadabrantesque permet depuis un an d’intégrer à la
Russie des territoires qui n’ont jamais vu un char russe et des citoyens
d’autres nations qui, parce qu’ils sont russophones, sont considérés relevant
du pouvoir du Kremlin ? La réparation des infrastructures civiles
ukrainiennes, qui ont été détruites de façon gratuite et criminelle,
fera-t-elle partie du deal ? Je n’en ai pas l’impression.
Ces questions existentielles pour l’Europe risquent fort de passer sous le
tapis.
Nicolas Turquois (député)
> La France sans budget va à la dérive. Même avec un budget, c'est
extrêmement compliqué parce que la situation financière est critique. Nous
avons un impératif de budget et de rétablir des équilibres. (…)
On peut donner un certain nombre de garanties qui peuvent rassurer les
socialistes tout en gardant le cap d'un rétablissement des finances publiques.
C'est autour de cet équilibre-là qu'il peut y avoir des choix qui peuvent être
faits, qui peuvent être arbitrés, pour essayer de concilier. Un engagement
social et un engagement budgétaire.
> On avait reproché à Mme Borne que les partenaires sociaux soient écartés. Dans beaucoup de pays voisins, ces sujets-là font beaucoup moins de vagues parce que ce sont les partenaires sociaux qui s'entendent sur des équilibres. Je pense que c'est une très bonne méthode de passer par eux pour ensuite avaliser au niveau du Parlement un accord qui aurait été fait.
> [Budget] l faut un élément de justice fiscale et sociale. Taxer de l'argent qui ne sert pas à produire de la richesse. Et puis, il y a quand même des éléments autour de l'organisation de l'État et des pouvoirs publics à revoir. Il y a des redondances, des agences qui sont très nombreuses, sur lesquelles on pourrait revoir le fonctionnement et la pertinence. Je pense à l'ARS, qui a des budgets qui sont considérables et qui sont hors du champ du contrôle du Parlement."
Laurent Croizier (député)
> La maîtrise de la dette publique est un impératif pour préserver notre
modèle social et l’avenir des nouvelles générations. La priorité immédiate est
d’adopter un budget pour retrouver de la stabilité.
● Parti radical
> 50 ans de la loi IVG, une loi de liberté aujourd'hui inscrite dans la
constitution. Le Parti radical rend hommage à Simone Veil pour son courage et
sa détermination. Le combat continue pour appliquer et étendre ce droit des
femmes partout dans le monde.
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (députée, présidente)
> « Il suffit d’écouter les femmes. » Il y a 50 ans, la loi
Veil légalisait l’IVG. Par son combat acharné, Simone Veil marquait l’Histoire
de France et du féminisme. Son héritage nous oblige. Nous devons inscrire le
droit à l’IVG dans la Charte européenne des Droits fondamentaux.
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