► Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Cessez-le-feu entre Israël et le Hamas] Après quinze mois de calvaire injustifiable,
soulagement immense pour les Gazaouis, espoir pour les otages et leurs
familles. Ce soir, mes pensées vont à Ofer et Ohad. L'accord doit être
respecté. Les otages, libérés. Les Gazaouis, secourus. Une solution politique
doit advenir.
► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est
dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de
reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité
d’un Président de la République et d’un Premier ministre
centristes/centraux ; néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un
côté les ministres centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un
gouvernement de coalition du fait que le Président de la République et le
Premier ministre ne disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]
●
Ministres centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> Ma méthode, c'est celle de
l'écoute. J'ai présenté le fruit de mes consultations aux députés de la Nation
pour en faire une promesse française : nous ressaisir, nous réconcilier et
refonder.
Lire
ici l’intervention de François Bayrou à l’Assemblée
> [Cessez-le-feu entre Israël et le Hamas] Lueur d'espoir pour les civils pris dans cette tragédie. La trêve annoncée indique pour la première fois un chemin vers le soulagement. La France œuvrera à la poursuite de cette voie. Pensée à nos deux compatriotes, Ohad et Ofer.
Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education
nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Élever le niveau de notre École et mieux accompagner les élèves
en situation de handicap est une priorité de mon action. À la rentrée
prochaine, aucun poste d’enseignant ne sera supprimé et nous créerons 2000
postes d’AESH. C’est un geste fort de la part du Gouvernement.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre de la
Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> [Discours de politique générale de François Bayrou] En matière
d'écologie, j'ai entendu une ambition de planification, de biodiversité, de
gestion de l’eau et de soutien financier pour décarboner nos modes de
transport, avec le Plan vélo notamment. Des sujets que les élus écologistes
attendaient, qui participent à une écologie du quotidien.
> La méthode proposée par le Premier ministre sur la réforme des retraites est la bonne. Elle correspond au compromis que nous devons rechercher dans le moment, sans remettre en cause l’objectif de sauver notre système de retraite.
> Construire une culture du risque, c’est la clé pour relever le grand défi de l’adaptation climatique. Mettre en place des infrastructures adaptées, anticiper les risques à venir, pour y répondre efficacement et concrètement. C’est cette vision que je porte dans le Plan national d’adaptation au changement climatique.
> Nous avons besoin d’une écologie populaire, décentralisée, qui s’adapte aux spécificités des territoires et des personnes. Sinon, ça ne marche pas. C’est notre responsabilité, et c’est pour cela que je veux porter des mesures concrètes, sur le financement de la rénovation thermique, par exemple.
> En matière de lutte contre le dérèglement climatique, le Président de la République et le Premier ministre ont voulu que, pour la première fois, les deux puits de carbone – la forêt et la mer – soient réunis dans le même ministère. C’est significatif, car cela me donne la responsabilité de toutes les négociations internationales, qu’elles soient liées aux COP ou à l’Europe.
> Il y a clairement une volonté de certains leaders politiques, en France, en Europe et dans le monde, de mettre sur le compte des politiques écologiques tous nos problèmes. Or l’éléphant dans la pièce, c’est le dérèglement climatique. Et il faut faire pièce y compris à certaines propositions sénatoriales - je n’ai pas peur de le dire - qui reconstituent des reculs écologiques et qui n’apporteront pas de solution. Ça fait peut-être plaisir à court terme mais ça n’apportera pas de solution.
> Nous sommes au travail pour adopter un budget. J’échangeais encore ce matin avec les Écologistes et mes collègues de Bercy sont à pied d’œuvre pour faire avancer les négociations. Il y a des moyens de trouver des compromis et nous y travaillons. Notre main est tendue et notre porte est ouverte !
> Stop à la caricature ! Depuis plusieurs mois, je vois fleurir des critiques simplistes sur les opérateurs de l’Etat en particulier l’ADEME. Un prétendu gaspillage d’argent public et un supposé symbole de bureaucratie. Quelques éléments qui me paraissent essentiels à avoir en tête, face à ces attaques teintées de populisme et de démagogie : Sur les 3,5 milliards d’euros de budget annuel de l’ADEME, 92% financent directement des projets de décarbonation de nos communes et de nos entreprises : des projets de réseaux de chaleur, de meilleure prise en charge des déchets, de changement de chaudière dans des sites industriels, et j’en passe. Parmi ses personnels, près de 700 sont en appui de mairies ou de collectivités locales pour des missions précises sur la transition écologique. Les dépenses de fonctionnement hors personnel de l’ADEME c’est… 25 millions d’euros ! Voilà la réalité des enjeux ! Je n’ai pas de tabou : utiliser au mieux l’argent public et demander des efforts à nos équipes en ce sens, c’est une évidence et nous y travaillons chaque jour. Mais cet acharnement sur des agents publics qui se lèvent chaque matin pour le service public est inacceptable !
Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier
ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte
contre les discriminations)
> En inscrivant la liberté de recourir à l'IVG dans la Constitution,
nous avons proclamé qu'en France, nous avions gagné ce combat pour les droits
des femmes, leur liberté, leur choix. Défendre les femmes, c'est évidemment
défendre la vie.
> Shaïna avait 15 ans quand la rumeur, la réputation, les coups, les violences sexuelles, le feu l'ont emportée en 2019. Un jardin, imaginé par son frère, où sa mémoire fleurit à jamais lui rend hommage. C’est en son nom, et au nom de toutes nos filles, de toutes les femmes, que nous poursuivons le combat.
> C'était notre engagement : au moins une Maison des Femmes par département. Il sera tenu. Aujourd'hui à Creil, nous inaugurons celle de l'Oise. Protéger, détecter, soigner, réparer et agir : une mobilisation collective pour éradiquer les violences.
Astrid
Panosyan-Bouvet (ministre
déléguée auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des
Familles, chargée du Travail et de l’Emploi)
> Les aides de l’apprentissage vont continuer à soutenir les entreprises
de moins de 250 salariés, qui regroupent 80% des apprentis de notre pays. Nous
avons fait le choix de soutenir la montée générale en compétences de notre pays
en ne différenciant pas les aides en fonction du niveau de diplôme.
> L’emploi des seniors, c'est un facteur de cohésion sociale et ce sont des capacités productives et contributives en plus. En France, il s’améliore depuis la réforme de 2023, mais demeure 2 fois inférieur à celui des pays d’Europe du Nord. La marge de progrès est encore considérable.
> Ce que nous proposons avec cette réforme, c’est un accompagnement renforcé des bénéficiaires du RSA (ateliers d’aide au CV, lettre de motivation, entretiens, immersions en entreprise, …) pour faire revenir dans le monde du travail ceux qui en étaient éloignés. La première dignité, c’est celle de l’autonomie qu’on se crée par son propre travail, et par sa capacité à se projeter dans l’avenir sans avoir le sentiment que son avenir est confisqué.
> Il y a aujourd’hui un coût explicite de la norme sur nos entreprises. En Aveyron, comme ailleurs, les entreprises de tous secteurs expriment des difficultés à recruter, d'une part, et un besoin de simplification administrative, d'autre part, par exemple sur le foncier ou encore des exigences environnementales.
> Le durcissement de la situation économique des entreprises, la situation politique de ces derniers mois, le contexte international et les profondes restructurations de notre économie doivent nous mettre en garde face à un éventuel retour du chômage en France. Nous devons donc mobiliser tous les acteurs de l’emploi, au niveau national comme celui des territoires, pour réussir le défi du plein-emploi.
Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargé de l’Industrie et de l’Energie)
> En 7 ans, grâce au New Deal Mobile, 99% de la population est couverte
en 4G (+6 pts depuis 2017). Les zones rurales en bénéficient avec 67% des
nouveaux sites déployés. La zone blanche 4G chute de 11% à 1,9%. Un bel exemple
de coopération entre les collectivités locales, les opérateurs de
télécommunications et l’État pour répondre aux besoins de la vie quotidienne
des Français.
> Échanges avec élus, entrepreneurs et acteurs locaux sur l’impact de la fibre optique. Cette infrastructure transforme nos territoires en profondeur : elle connecte chaque citoyen, renforce l’attractivité économique, et ouvre des opportunités inédites pour nos entreprises, notamment industrielles. La fibre incarne une France plus inclusive, innovante et compétitive, où chaque territoire, même rural, peut pleinement contribuer à la transition numérique. Merci à tous pour vos témoignages et votre engagement à construire un avenir connecté et solidaire.
Nathalie Delattre (ministre déléguée auprès du ministre
de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique,
chargée du Tourisme)
> Avec les acteurs de la filière vélo pour évoquer les enjeux du cyclotourisme,
levier pour rendre notre tourisme plus durable :
- Marque accueil vélo
- Potentiel économique du cyclotourisme
- Attractivité des territoires.
Patricia Mirallès (ministre déléguée auprès du ministre
des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants)
> Je me dis qu’il faut qu’on donne un peu d’air à notre pays. Ceux qui
sont pénalisés, ce ne sont pas le président de la République ni le gouvernement
mais ce sont les chefs d’entreprise, les salariés. Un chef d’entreprise
aujourd’hui, il ne sait pas s’il doit investir, s’il doit embaucher ou s’il
doit dégraisser. On doit se stabiliser. J’espère qu’on va pouvoir faire voter
un budget pour ne pas laisser sur la route les gens qui ont eu le courage
d’investir en France et de donner du travail aux autres.
> Pendant deux ans, j’ai impulsé un rajeunissement des associations nationales d’anciens combattants, qui sont tenues par ceux qui ont fait la guerre d’Indochine ou d’Algérie. Mon intérêt aujourd’hui, c’est d’inscrire aussi dans la mémoire l’histoire des opérations extérieures. C’est pour ça que j’ai besoin que les anciens combattants qui ont 30 ou 35 ans, qui ont fait Serval au Mali ou Barkhane dans le Sahel, ainsi que l’Afghanistan, rentrent dans ces associations pour mettre en avant l’histoire de ces opérations extérieures.
> La mission de la libération s’est engagée jusqu’à fin 2025. La prochaine date importante, c’est la libération du camp d’Auschwitz où le président Emmanuel Macron se déplacera. Et ensuite on célèbrera cette libération, en essayant d’être au plus près de ce qu’ont pu ressentir à l’époque les Français pendant ces temps si difficiles.
Juliette Méadel (ministre déléguée auprès du ministre
de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation chargée de la Ville)
> [Discours de politique générale de François Bayrou] Réformer le
système de retraites en donnant aux partenaires sociaux trois mois pour trouver
une solution juste et solide c’est la meilleure méthode.
Laurent Saint-Martin (ministre délégué auprès du ministre
de l’Europe et des Affaires étrangères chargé du Commerce extérieur et des
Français de l’étranger)
> Production, innovation et industrie : la France est à la pointe et
doit le rester. Continuons à investir, notamment dans la recherche et la
nouvelle économie. Le sommet IA de février sera un rendez-vous fort à ne pas
manquer !
> [Discours de politique générale de François Bayrou] François Bayrou met en lumière le rôle fondamental des entreprises dans la production de richesses et la création d'emplois. Soutenons un environnement propice à l’attractivité de notre territoire et au développement de nos entreprises, en France et à l’international !
● Autres
ministres
Gérald Darmanin (ministre d’Etat, garde des sceaux, ministre de la Justice)
> [Lenteur de la justice] Il faut simplifier une partie de la procédure
pénale qui aujourd'hui ne protège pas assez les victimes et la société.
> À la Cour d’appel de Paris pour assister à l’audience solennelle de rentrée. Comme ce matin à Douai, j’ai tenu à être aux côtés des magistrats, des greffiers et des acteurs de la Justice. En ce début d’année judiciaire, ils peuvent compter sur mon soutien et mon engagement total.
> [Réforme des retraites] Personnellement, je ne suis pas favorable à revenir sur une réforme que j'ai toujours soutenue
> La police et la justice, c'est la même barque. Le duo que je forme avec le ministre de l'Intérieur, (...) c'est un duo pour la sécurité de tous nos concitoyens.
> [Exécution des peines] On doit pouvoir juger des personnes qui ont fait des crimes inacceptables pour la société dans un délai raisonnable" pour pouvoir "appliquer leurs peines.
> [Narcotrafic] Il faut faire contre la drogue ce qu'on a fait contre le terrorisme.
> [Nouvelle prison de haute sécurité] On va commencer par isoler les 100 premiers plus grands narcotrafiquants, puis on fera les 200 suivants, puis les 200 suivants...
> [Narcotrafic] Pour cet été, (...) on va mettre les 100 plus gros narcotrafiquants dans une prison. On va montrer que pour ces profils, on ne peut pas téléphoner et avoir une vie agréable.
> [Détention de Boualem Sansal en Algérie] Il doit retrouver la liberté le plus rapidement possible.
> [Tensions entre la France et l’Algérie] Il faut absolument mettre les choses à plat, avec beaucoup d'autorité et de fermeté. (…) Aucun étranger, aucun Algérien sur le sol français ne doit pouvoir (...) menacer notre pays.
Bruno Retailleau (ministre d’Etat, ministre de
l’Intérieur)
> [Trafic de drogue] La lutte contre la criminalité organisée, c'est un
combat national, comparable au terrorisme.
> J’ai souhaité réunir l’ensemble des services de l’État pour aborder la sécurisation du port du Havre, un enjeu essentiel dans la lutte contre le narcotrafic. Je tiens à saluer le travail conjoint des services de l’État, de la mairie et des autorités portuaires du Havre. Tous sont mobilisés pour renforcer la sécurité.
> Sur les retraites, je ne sais pas pour l’instant quel sera le contour de la proposition qui pourrait être faite. Je rappelle ma conviction, je rappelle la position que j’ai toujours défendue, et je ne suis pas un homme à en changer.
Catherine Vautrin (ministre du Travail, de la Santé, des
Solidarités et des Familles)
> [Retraites] out peut être réouvert, mais il y a un élément clé,
l'équilibre du régime.
> Je me suis entretenue ce matin avec les représentants des départements pour faire un état des lieux des sujets que nous partageons en matière de politiques sociales. Je connais les difficultés et l’engagement sans faille de nos départements sur les politiques liées à l’autonomie, au travail et à l’enfance. Je souhaite que nous collaborions étroitement pour avancer concrètement sur les chantiers prioritaires attendus par les Français.
Eric Lombard (ministre de l’Economie, des Finances et de
la Souveraineté industrielle et numérique)
> J’étais heureux d’accueillir Christine Lagarde à Bercy. Construire un
budget pour la France est aussi un gage de stabilité pour l’Europe, alors que
notre continent doit se préparer à une concurrence internationale de plus en
plus féroce. Ne perdons pas cela de vue.
Sébastien Lecornu (ministre des Armées)
> La « Journée défense et citoyenneté » (JDC) remplace le
service militaire depuis bientôt 30 ans. En 2025, elle va évoluer en profondeur
et réaffirmer le rôle des armées dans la Nation. Une application spécifique
permettra un lien direct entre nos armées et les jeunes appelés. Elle
facilitera le travail de recensement effectué par les maires.
> En Pologne, à l'invitation de mon homologue Kosiniak Kamysz, pour une réunion au format E5 [Pologne, France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni] Pour aborder les questions clés auxquelles nos pays doivent répondre en matière de défense. Sur la nature de notre réarmement, qui ne se mesure pas seulement en pourcentage de PIB, mais dans l'efficacité militaire réelle de nos dépenses. Sur la part d'autonomie et de dépendance que nous sommes prêts a accepter. Avec, pour la France, la conviction que l'argent du contribuable européen doit servir à acheter des équipements militaires européens. Sur la nécessité d'utiliser les leviers de l'UE pour renforcer notre industrie de défense : en allégeant les normes pesant sur notre industrie de défense et en développant les financements. Sur le soutien militaire a l'Ukraine, qui répond à l'urgence autant qu'il prépare l'avenir pour la stabilité de l'Europe. La France accueillera la prochaine réunion de ce format en février.
> [France-Pologne] Nos pays sont liés par une relation bilatérale de défense historique. Dans la continuité du déplacement en Pologne du Président de la République en décembre, elle sera aussi au cœur du futur traité bilatéral nous unissant, qui sera signé à Nancy dans les mois à venir.
> La France dispose d’un atout dans cette relation transatlantique : le Président de la République a déjà travaillé par le passé avec Donald Trump. Le président américain nous a par ailleurs habitués à ce type de déclarations, mais cela ne se traduit pas systématiquement en actes. Souvenez-vous de la promesse de faire payer au Mexique le mur entre les deux pays : il n’en n’a jamais payé un centime. La remise en cause de l’accord sur le nucléaire iranien n’a pas abouti à une nouvelle négociation. Pas plus qu’il n’y eut d’accord sur la question nucléaire avec la Corée du Nord. Il faut garder la tête froide et analyser la rhétorique présidentielle de Donald Trump avec la bonne distance. Il faudra donc s’intéresser aux décisions, plutôt qu’aux déclarations. Mais ces dernières ont le mérite d’obliger les Européens à se questionner sur notre réarmement et sur notre place au sein des alliances. Et il serait sain, par ailleurs, que certaines élites françaises cessent de faire la morale au peuple américain qui a voté souverainement. Nous n’avons pas d’autre choix que de travailler avec celui qu’il a élu, concentrons-nous donc sur ce que nous devons faire nous, Français et Européens.
> La France a une place particulière en Europe, par son histoire et puisqu’elle est une puissance dotée de l’arme nucléaire, sans dépendance aux Américains. Le Général de Gaulle l’avait voulu ainsi dès les années 1960 parce qu’il avait compris que les États-Unis ne prendraient jamais de risque vital pour la sécurité de l’Europe. Et lorsque son ministre Alain Peyrefitte lui faisait remarquer qu’ils avaient tout de même libéré la France, le général lui répondait que si les Américains avaient pris un risque énorme et sacrifié de très nombreux soldats, ils n’avaient pour autant jamais engagé leur existence vitale… D’ailleurs : pourrions-nous leur en tenir rigueur ? Ce récit historique n’a pas pris une ride. De ce point de vue, l’élection de Donald Trump peut être un réveil salutaire pour la plupart des capitales européennes qui semblaient ne pas voir que les préoccupations américaines, chez les Démocrates comme les Républicains d’ailleurs, sont avant tout tournées vers le Pacifique nord et la Chine…
En tant que responsable politique, je ne peux pas laisser notre avenir se jouer dans des couloirs à Washington
> Comme ministre des Armées et ardent défenseur de notre souveraineté stratégique, je suis préoccupé par l’imbrication intime, pour la première fois, entre un intérêt privé majeur dans des domaines aussi importants que l’information et le spatial et l’administration américaine. Cela pose des questions vertigineuses sur la tentation que pourraient avoir certains États européens de céder aux sirènes de SpaceX, au détriment du programme Ariane et donc de notre autonomie et de nos intérêts industriels. En tant que responsable politique, je ne peux pas laisser notre avenir se jouer dans des couloirs à Washington.
> L’agenda européen de soutien à l’industrie de défense va dans le bon sens mais en aucun cas il ne devra conduire à dépenser l’argent du contribuable européen pour acheter des armements hors de l’Union Européenne. Ce serait une trahison de ce que nous avions imaginé et un contresens historique. Nous sommes confrontés à une forme de naïveté sur ces sujets de défense. À la fois sincère et coupable. D’un côté, certains affirment de bonne foi qu’il faut à tout prix que l’Europe soit autonome en matière militaire. Mais que cela ne se fera pas en un jour, et face à des opinions publiques effrayées par la menace russe, il faut bien se résoudre à une phase transitoire pendant laquelle certains continueront à acheter des armes américaines. De l’autre, il y a ceux qui affichent une naïveté coupable, une forme de renoncement qui les amène à dire : « faisons comme avant, parce qu’on ne saura jamais faire face » à la menace russe sans le parapluie américain. Le président de la République porte une voix différente et nous avons fait bouger les premières lignes avec notre économie de guerre française, sans quoi l’Europe de la défense et de l’industrie militaire resterait à l’état de chimère. Mais il faut encore accélérer.
> Il y a encore quelques années, cette même Commission européenne déployait, via la taxonomie, des entraves et des taxes conduisant à cadenasser les industries d’armement, estimant que produire des armes n’était pas le rôle de l’Europe. Trois ans plus tard, les mêmes veulent qu’on accélère la production d’armes : la révolution culturelle a eu lieu ! Le sujet clé désormais est de déterminer si nous sommes capables de faire en sorte que l’argent des contribuables européens finance des industries de défense européennes. On ne peut pas garantir notre souveraineté si l’on maintient des dispositifs tournés vers l’achat massif d’armes américaines, voire sud-coréennes. Pour la France, qui dispose d’un solide appareil industriel de défense, c’est une opportunité majeure : l’Europe est notre continent et pourtant nous y vendons peu d’armements, même si nos efforts commencent à payer…
Si la Commission ne comprend pas ce raisonnement, mieux vaut qu’elle s’abstienne de toute initiative. Il vaut mieux ne rien faire, que faire mal.
> Nous sommes passés d’un peu plus de 32 milliards d’euros de budget annuel en 2017 pour les armées, à 50,5 milliards d’euros dans la copie que nous soumettons pour 2025. L’objectif étant d’atteindre 67,4 milliards en 2030, soit un doublement en un peu plus de dix ans. Cela permet d’organiser l’avenir, y compris pour les futurs présidents et ministres qui, après 2027, auront encore des décisions à prendre, notamment au regard des chocs technologiques à venir : cyber, spatial, fonds sous-marins, intelligence artificielle, quantique… Si nous faisions moins que ce qui est prévu par la programmation militaire actuelle, avec cette augmentation du budget des armées de 3,3 milliards d’euros pour 2025, il est évident que nous mettrions en danger notre réarmement, et donc la sécurité future du pays.
> Le conflit en Ukraine nous rappelle qu’on a besoin de masse, c’est-à-dire de quantités. Le conflit au Proche-Orient illustre que nous avons aussi besoin de précision et de haute technologie. La dissuasion nucléaire, par les compétences technologiques et industrielles qu’elle mobilise, nous assure le meilleur niveau technologique de nos armes. Notre enjeu, et cela concerne beaucoup de pays, ce sont les volumes de production de certains matériels, comme les munitions et les missiles complexes. À plus long terme, nous allons devoir nous repencher sur l’aéronautique militaire : la maîtrise du ciel pour protéger notre sol, comme nous l’avons fait pendant les Jeux olympiques, ou notre capacité de projection vers les Outre-Mer ou en opérations extérieures, démontrent que l’aérien demeure un secteur clé. Enfin, nous sommes entrés dans l’ère des drones, en passant d’équipements aux dimensions d’un avion, allant aux petits drones tactiques du combattant, qui feront partie de l’équipement de base du soldat de demain.
> En matière sécuritaire, il nous faut regarder nos propres intérêts. Ce qui est d’abord en jeu, c’est la lutte contre le terrorisme et le combat contre Daesh. Nous devons continuer d’empêcher des attentats projetés depuis le Proche et le Moyen Orient sur notre territoire, en ne permettant pas que se reconstituent des capacités à le faire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’armée française a encore mené des frappes ciblées contre des sites de Daesh en Syrie il y a de cela quelques jours.
> Déclencher une polémique sur la lutte antiterroriste, laissant planer le doute sur le cadre constitutionnel d’emploi de nos armées, est inacceptable. Laisser entendre que le président de la République peut faire ce qu’il veut en matière de frappe militaire est un mensonge. Le Parlement s’est exprimé par deux fois sur ce sujet : pour confirmer l’opération Chammal en Irak et pour confirmer l’engagement des forces aériennes au-dessus du territoire syrien.
> Outre le fait d’éviter la reconstitution de cellules djihadistes qui menaceraient la France, l’un des sujets qui nous occupe [en Syrie] est l’imbrication du trafic de drogue et du terrorisme. L’un étant une source de financement de l’autre. Le produit sur lequel les groupes terroristes ont développé un trafic exponentiel dans cette zone est le captagon: une drogue à forte valeur ajoutée qui a notamment été une source de devises pour le Hezbollah, mais aussi pour le régime de Bachar El Assad. L’autre point sensible est la dissémination des armes chimiques : imaginez si demain des groupes terroristes s’emparaient de telles armes. Des discussions diplomatiques sont en cours avec le nouveau gouvernement syrien à ce sujet.
> Au Sahel, nous faisons face à une multitude de cellules
terroristes, qui sont une menace croissante pour les pays de la zone, mais qui
ont à ce stade peu de capacité de projection en Europe. En Syrie et en Irak,
nous observons une résurgence de l’État islamique. Nos forces soutiennent les
Irakiens pour les combattre, notamment par la formation de leurs forces
spéciales. Nous vendons également des armes à l’Irak pour lui permettre de
garantir sa souveraineté face aux terroristes, mais aussi aux milices chiites
instrumentalisées par l’Iran.
Enfin, une troisième zone de préoccupation s’est structurée ces dernières
années : une filière russophone qui part de l’Asie centrale, notamment
dans cette région historique du Khorassan entre l’Iran et l’Afghanistan, et qui
va jusqu’aux Philippines, en passant par le Pakistan. Cette filière est
particulièrement dynamique. Elle est à l’origine de l’attentat à Moscou du
Crocus City Hall et d’un attentat très important à Kerman en Iran il y a un an.
À l’heure actuelle, c’est cette branche qui a le plus de capacités à planifier
un attentat projeté sur l’Europe. La DGSI et la DGSE ont été très engagées sur
ce front, notamment pendant les Jeux olympiques.
Par ailleurs, nous sommes confrontés à la bascule d’un système très centralisé
sous le califat de Daesh, circonscrit à la Syrie et l’Irak, à une menace
éclatée en plusieurs filières. Les modes de communication internes à ces
mouvements relient des gens qui parfois ne se connaissent absolument pas, ce
qui n’était pas le cas il y a 10 ans. En termes de détection et d’entrave,
cela exige un effort plus important des services de renseignements, notamment
pour prévenir des dérives individuelles sur notre sol, ce qu’on appelle
« menace endogène », et sa rencontre avec des « acteurs
exogènes ».
> Les flux internationaux se sont accrus parce qu’ils s’adossent à des stratégies étatiques, à des organisations criminelles très structurées, ou à d’organisations terroristes pour s’alimenter en cash. Que ce soit sur les mers, ou au Moyen-Orient, nos armées les combattent de plus en plus efficacement. En 2024, la Marine a saisi 48,3 tonnes de drogues, soit 20 tonnes de plus depuis 2022. Nous avons réorienté nos forces armées sur cet enjeu. C’est également le cas pour la DGSE dont les effectifs dédiés à la lutte contre le narcotrafic – qui recoupe souvent le trafic humain de migrants -, ont été multipliés par deux depuis ma prise de fonction.
> [Algérie] Ce n’est pas acceptable. Nous ne pouvons plus tolérer que les attaques contre la France soient utilisées comme une rente de politique intérieure par une partie de la classe politique algérienne. Et avant tout je le regrette, car ce comportement entre en contradiction avec les intérêts d’Alger et nos propres intérêts sur le long terme. À commencer par la lutte contre le terrorisme, avec la pression terroriste venue du Sahel, où personne n’a repris le flambeau de la lutte anti-terroriste que portaient courageusement les armées françaises. Cette pression remonte sur l’Algérie et aura un impact majeur sur le plan migratoire, avec un continent africain dont la population va croître de façon exponentielle d’ici la fin du siècle. Sur le terrain militaire, du renseignement ou du contreterrorisme, nous avons besoin d’une bonne coordination entre Alger et Paris, comme entre Rabat et Paris. Ne laissons pas l’instrumentalisation du passé mettre en péril notre sécurité future.
> Notre contingent au sein de la Finul a opéré de façon remarquable et continue de le faire. J’ai une pensée particulière pour la maréchale des logis cheffe Fanny Claudin qui a perdu la vie à la tête de sa patrouille à l’automne dernier. Elle est morte pour la paix et pour la France. Aujourd’hui, le cessez-le-feu, fruit d’une initiative franco-américaine, est fragile. Mais il fonctionne. Le moindre incident est signalé et aussitôt « dégonflé ». On évite qu’il y ait un prétexte à l’escalade ou à une reprise du conflit. Nous en sommes à 400 signalements, ce qui signifie que le dispositif fonctionne. C’est fragile, mais efficace. Là encore, et quoiqu’en disent certains, la France est présente et joue un rôle unique.
> Les chiffres qui circulent sur les réseaux sociaux sont
faux. L’état-major ukrainien est en train de les préciser. Pour ce qui nous
concerne, nous avons formé une brigade dans un cadre adapté. Les autorités
ukrainiennes, pour des besoins liés au front, ont disloqué cette brigade pour
combler des manques. Ils restent souverains dans leur manière d’employer leurs
forces : n’oublions jamais qu’ils sont en guerre. Mais de fait il y a eu
de la perte en cohérence.
Cela doit aussi faire réfléchir toutes celles et ceux qui réclament, sans
vraiment réfléchir à son intérêt en matière de défense, au rétablissement du
service militaire que nous avons connu dans le passé. Avec une armée de
conscrits face à l’armée russe, l’Ukraine est confrontée à de la désertion. Ce
n’est pas propre à la brigade Anne de Kiev. Cela nous rappelle que l’armée de
métier, la professionnalisation, sont aujourd’hui incontournables. Nous en
avons la démonstration.
> Je suis empreint d’une profonde culture républicaine et je crois beaucoup à l’égalité dans la République. Mais j’ai été ministre des Outre-Mer pendant deux ans, et mon expérience m’a convaincu de la nécessité d’adapter les dispositifs selon les territoires aussi bien pour des sujets économiques et sociaux, que pour des sujets de sécurité. Dans cet esprit, on ne peut pas faire l’économie d’un débat sur la question de l’adaptation du droit du sol à Mayotte. Parce qu’il n’y a que deux moyens de lutter contre l’immigration dans cet archipel : l’entrave, la détection et la surveillance d’une part, et l’attractivité qui stimule ces flux d’autre part. Mayotte est un territoire qui attire magnétiquement les différents flux de migrants, et l’accès à la nationalité en est un élément central. Ne soyons pas dogmatiques sur ce sujet, mais posons-le sereinement. Nous avons d’ailleurs déjà durci le droit du sol à Mayotte en 2018, le sujet n’est donc pas tabou !
> Nous ne préserverons pas notre souveraineté sans
garantir notre capacité à produire de la richesse, et donc de la croissance.
C’est la raison pour laquelle il faut faire attention à ne pas alourdir la
fiscalité. C’est l’un des grands acquis de ces sept dernières années qui nous
permet de rivaliser dans un monde fondamentalement « carnivore ». Le
PIB par habitant aux États-Unis a pratiquement doublé depuis quinze ans là
où le nôtre, globalement, est resté stable. C’est le même écart sur la
productivité.
Concernant le déficit, nous évoquions le budget de 50,5 milliards d’euros
pour les armées pour 2025. Et bien rappelons que le coût des intérêts de la
dette est estimé à 55 milliards en 2025 : on dépensera donc plus pour
rembourser notre dette cette année que pour investir dans notre défense !
C’est un débat qu’il faudra aborder au Parlement dans l’immédiat, mais aussi
lors de la prochaine élection présidentielle. Cela ne se réglera pas facilement,
car cela pose la question des dépenses sociales, - maladie, chômage et retraite
notamment -, qui constituent la plus grande part de notre dépense publique.
Eric Lombard et Amélie de Montchalin en débattent avec les formations
politiques, sous l’autorité de François Bayrou, pour explorer la meilleure
façon de répartir la contrainte, en partant d’un diagnostic chiffré. Je
regrette que lors des dernières campagnes électorales, on ait peu parlé de la
dette…
> C’est l’urgence financière, et donc la survie du régime de retraite, qui a imposé la réforme de 2023. Sur les retraites, aucun débat n’a de sens si l’on fait abstraction du sujet de l’équilibre financier. C’est la pérennité du modèle par répartition qui en dépend, dans la durée. Or sur ce point, il y a un déni démagogique chez certaines formations politiques qui expliquent que le problème financier n’existe pas… Je crois en revanche le PS lucide sur cette question, sinon il n’aurait pas fait, pendant le quinquennat de François Hollande, la réforme Touraine qui a rajouté des annuités de cotisation pour pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein. Après, comme toutes les réformes, elles doivent pouvoir être améliorées. Les questions liées aux retraites, comme sur le travail au global dans notre société, doivent faire l’objet d’un travail approfondi avec les partenaires sociaux.
> Pour commencer, rappelons cette évidence démocratique qu’une partie des biens pensants a oubliée : les ministres n’ont pas à « trier les députés », c’est au peuple français de le faire lors des élections législatives ! N’en déplaise à certains, en tant que ministre des Armées, je travaille et je continuerai de travailler avec l’ensemble des groupes politiques. Tout ceci a été monté en épingle. J’ai vu Madame Le Pen deux fois comme présidente de groupe : en 2023 pour évoquer la loi de programmation militaire qui était en débat au Parlement, et en 2024 pour parler de l’Ukraine et du Moyen-Orient. Le Rassemblement national est mon principal adversaire politique dans l’Eure, et je dois le combattre vigoureusement à chaque élection, notamment aux côtés d’une partie de la gauche locale.
François Rebsamen (ministre de l’Aménagement du
territoire et de la Décentralisation)
> Je respecte chaque Français. En revanche, je ne respecte pas les idées du
RN. Je les combats.
> La situation nous oblige. Plus que jamais, nous avons besoin de débats apaisés et de compromis pour améliorer la vie quotidienne des Français.
Annie Genevard (ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté
alimentaire)
> Le Premier ministre et moi-même avons reçu les représentants des
principales organisations agricoles ce matin. Les rendez-vous furent
constructifs et ont permis de poursuivre le dialogue que j’ai noué avec chacune
d’entre elles depuis déjà 4 mois. Le Premier ministre a confirmé notre priorité
commune : répondre à la crise que vivent actuellement de nombreuses filières et
poursuivre au plus vite la mise en place de mesures que j’ai déjà initiées pour
soutenir les agriculteurs.
- D’abord la préservation du budget et de tous les dispositifs financiers et
fiscaux qui y sont inscrits pour honorer les engagements pris depuis un auprès
des agriculteurs ;
- le soutien à la trésorerie suite aux mauvaises récoltes ;
- les indemnisations des pertes de cheptels liés aux épizooties
- et les mesures de simplification.
Nous avons clairement dit que les agriculteurs ne doivent pas être les otages
de l’instabilité parlementaire. Nous travaillons avec le ministre de l’Economie
et la ministre des Comptes publics pour déployer au plus vite les mesures de
crise annoncées et surmonter le blocage créé par la censure. Mais pour que
l’ensemble des engagements pris en soutien de ceux qui garantissent notre
souveraineté alimentaire se concrétisent (400M euros je le rappelle), soyons
clairs, il faudra qu’un PLF et un PLFSS soient votés.
> Je salue la volonté de la Fédération des Entreprises de boulangerie et pâtisserie - la FEB - de s’engager dès 2025 en faveur de la réduction du sucre dans ses produits. Cette démarche volontaire et ambitieuse démontre l’engagement du secteur pour une alimentation plus saine et responsable.
> Relever le défi du renouvellement des générations et reconquérir notre souveraineté alimentaire est la clé. Rencontrer ceux qui dessinent l’avenir de notre agriculture, sur le terrain, est essentiel pour moi. Merci et bravo aux apprenants et équipes pédagogiques du lycée public de Sées et du lycée privé Giel Don Bosco.
Sophie Primas (ministre déléguée auprès du Premier
ministre, porte-parole du Gouvernement)
> La situation politique de la France nous oblige : nous devons
retrouver de la stabilité. Le Premier ministre a proposé ce soir un chemin.
Tous les partis de Gouvernement doivent maintenant prendre leurs
responsabilités pour le pays, pour les Français. Le moment l’exige au-delà de
nos différences politiques. C’est le sens de cette nouvelle promesse française.
Yannick Neuder (ministre délégué auprès de la ministre du
Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargé de la Santé et
de l’Accès aux soins)
> Après la Déclaration de Politique Générale du Premier Ministre, des
engagements forts sont pris pour notre système de santé :
- L'augmentation significative de l'ONDAM pour renforcer notre soutien à
l’hôpital, public et privé, et à la médecine de ville, et améliorer les
conditions de travail des soignants.
- La construction pluriannuelle du financement du système de santé pour mieux
anticiper les besoins futurs à moyen et long terme.
- La santé mentale confirmée comme Grande Cause Nationale 2025 pour mieux
prendre en charge les patients dans tous les territoires.
- L’abandon des mesures de déremboursement des consultations et des
médicaments.
- L'amélioration de l’accès aux soins pour tous et partout en accentuant la
territorialisation des mesures et en développant la formation pour former plus
et mieux.
La santé est au cœur des priorités du Gouvernement et je m’investirai
entièrement pour que les engagements pris deviennent rapidement des actions
concrètes qui répondent aux attentes de nos concitoyens et à celles des
professionnels de santé.
Charlotte Parmentier-Lecocq (ministre déléguée auprès de
la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargée
de l’Autonomie et du Handicap)
> Le Premier ministre a réaffirmé l’engagement plein et entier du
Gouvernement pour l’autonomie et le handicap.
- Remboursement des fauteuils roulants dès 2025,
- Concertation avec le Parlement et les départements pour une politique qui
réponde aux défis du vieillissement de la population,
- Soutien à l’école pour tous,
- Santé mentale érigée en chantier prioritaire.
Je suis pleinement engagée pour bâtir une société plus inclusive et du bien
vieillir.
Valérie Létard (ministre déléguée auprès du ministre de
l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, chargée du Logement)
> Lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre s’est
exprimé en faveur d’une politique du logement, repensée, ambitieuse, à la
hauteur des défis actuels. Favoriser la construction, simplifier les normes,
inciter à l’accès à la propriété, relancer l’investissement locatif, soutenir
le logement étudiant, accompagner les maires bâtisseurs sont autant de
priorités qui vont guider notre action. Je reste pleinement mobilisée pour
répondre à ces enjeux, en lien étroit avec tous les acteurs du secteur !
Benjamin Haddad (ministre délégué auprès du ministre de
l’Europe et des Affaires étrangères, chargé de l’Europe)
> Les « souverainistes » au secours des milliardaires
américains. Pour investir en Europe, on respecte nos règles. La liberté
d’expression: oui. La manipulation des algorithmes, l’ingérence, les deep
fakes: non.
> Au Campus cyber, QG de la cybersécurité en France : un lieu où entreprises, chercheurs et services de l’État unissent leurs forces pour protéger notre infrastructure numérique, en collaboration avec nos partenaires européens. Un modèle innovant pour renforcer l’autonomie stratégique européenne.
> Innover plutôt que réguler, soutenir nos entrepreneurs plutôt que de créer de la norme. Dans le numérique, l’IA, le quantique, la condition de notre souveraineté, c’est la croissance et la compétitivité. C’est le défi de l’Europe aujourd’hui.
> Le régime algérien utilise la France comme carburant de politique intérieure. Son comportement, du refus de reprendre des influenceurs qui insultent notre pays à l’emprisonnement de Boualem Sansal, est déshonorant et inacceptable.
> 10 ans après Charlie Hebdo et l’Hyper Casher, il ne peut pas y avoir de « oui mais. » Aucune lâcheté pour défendre la liberté d’expression, l’universalisme républicain, pour lutter contre l’islamisme et l’antisémitisme.
> L’Europe doit réarmer et défendre sa souveraineté sur le plan technologique, militaire, énergétique. Pas en achetant américain mais en investissant dans notre propre industrie. Sinon nous serons balayés entre la Chine et les États-Unis.
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> [Cessez-le-feu entre Israël et le Hamas] L'annonce d'un cessez-le-feu
à Gaza et la libération des otages israéliens marquent une étape porteuse
d'espoir dans une région meurtrie. Pensées pour les otages israéliens, leurs
proches et les civils gazaouis. La France poursuivra ses efforts pour faire
émerger une paix durable.
> [Discours lors de la cérémonie des vœux 2025 aux corps
constitués, aux parlementaires et au corps diplomatique]
« Nous vivons dans un temps rapide (…) et à l’époque où nous sommes, une année
fait parfois l’ouvrage d'un siècle » remarquait Victor Hugo au tournant des
années 1850. À notre tour, nous traversons un de ces « temps
rapides » de notre démocratie, un moment où l’histoire politique de notre
pays s’accélère.
En moins de six mois en effet, la France a connu la première dissolution de
l’Assemblée nationale en 27 ans et la première motion de censure adoptée en 62
ans. En 2024, 4 chefs de gouvernement différents et 140 ministres se sont aussi
succédé, ce qui est sans précédent, hors période d’après-guerre, depuis 90 ans.
Mais cette instabilité politique dépasse largement nos frontières. En
Allemagne, le Bundestag a été dissous le 27 décembre dernier. En Autriche, les
négociations de coalition entre les libéraux et les socio-démocrates ont
échoué, et l’extrême-droite est désormais aux portes de la Chancellerie. Au
Canada, le Premier ministre a démissionné. À cette instabilité vient s’ajouter
la vulnérabilité de nos démocraties face aux ingérences étrangères, comme en
témoignent les scrutins récents en Géorgie, Moldavie et Roumanie.
Une telle fragilité démocratique n'est pas seulement anxiogène ou rare : elle
est révélatrice. Révélatrice d’une époque où les certitudes vacillent, où notre
modèle démocratique est bousculé, contesté et mis à l’épreuve.
Nos institutions portent donc une responsabilité immense : démontrer leur
résilience face aux turbulences de notre temps. Le Parlement est aujourd'hui en
première ligne de ce défi démocratique. Nous en prenons la mesure et nous nous
donnerons les moyens nécessaires pour en être à la hauteur.
C’est aussi dans ce contexte particulier, M. le Premier ministre, que votre
Déclaration de Politique Générale revêt une importance si singulière pour les
Français.
Et puisque nous approchons de la 39e « DPG »,
permettez-moi de faire référence à la 16e, à laquelle, tout comme
moi, vous êtes attaché : celle de Michel Rocard. Chacun se souvient de ces
dix mots qu'il prononça en 1988 à quelques pas de nous : « Je rêve d’un
pays qui se parle à nouveau ».
La suite est tout aussi pertinente dans le contexte actuel : « Je
rêve d'une politique où l'on soit attentif à ce qui est dit, plutôt qu'à qui le
dit. Je rêve tout simplement d'un pays ambitieux dont tous les habitants
redécouvrent le sens du dialogue (…). Je suis de ceux qui croient, au plus
profond d'eux-mêmes, que la liberté, c'est toujours la liberté de celui qui
pense autrement ».
Une liberté à laquelle je tiens. (…)
La dissolution de juin dernier a en effet conduit à l’élection d’une Assemblée
plus diverse, plus fragmentée, mais certainement pas affaiblie. Bien au
contraire : les dernières législatives ont singulièrement renforcé sa
centralité et son importance dans la vie politique nationale. Aujourd'hui,
notre hémicycle est l’émanation, dans sa composition, de la plus récente
expression démocratique des Français – après une élection marquée par une participation
record en 27 ans.
Fidèle traduction de notre paysage politique contemporain, cette Assemblée
préfigure aussi, je le crois, l’avenir de nos démocraties. Un avenir où
l’absence de domination d’un seul parti devient la norme plutôt que
l’exception. Comme chez presque tous nos voisins européens. Comme lors des
législatives de 2022.
Permettez-moi donc de vous partager cette conviction profonde : cette 17e
législature n’est ni une parenthèse, ni une législature de transition. Elle est
le miroir de nos démocraties modernes. Un miroir qui reflète leurs défis, leurs
fractures, mais aussi leur nécessaire devoir de réinvention.
Je ne veux donc pas voir dans les turbulences actuelles une impasse, mais
plutôt une opportunité historique : celle de bâtir une nouvelle culture
politique en France. Une culture du compromis. « Où l'on soit attentif à
ce qui est dit, plutôt qu'à qui le dit » comme le souhaitait Michel
Rocard. Pour voir le compromis non comme une faiblesse, mais comme une
noblesse.
Depuis 2022, je me suis efforcée de mettre en œuvre cette culture du
rassemblement. C’est l’origine, c’est l’essence même de mon engagement. Pour
faire primer les convergences sur les divergences. Pour bâtir des ponts là où
d’autres préfèrent ériger des murs. Car rassembler, c'est pour moi plus qu'un
devoir : c'est le levier de l’espoir et la responsabilité du
pouvoir.
Et cela commence par l’essentiel : notre pacte républicain. Un pacte fondé sur
l’intérêt général et sur la solidarité envers les plus vulnérables.
Comment ici ne pas penser d’abord penser à nos concitoyens à Mayotte, frappée
il y a un mois par le cyclone Chido et qui ce week-end encore, a dû affronter
la tempête tropicale Dikeledi. Je tiens à exprimer une pensée émue pour toutes
les victimes.
Je reviens de Mayotte, un département que je connais bien et
où je me suis rendue déjà trois fois. À Grande-Terre et Petite-Terre, j’ai
mesuré la résilience, comme l’impatience des habitants. J’ai aussi vu la
mobilisation exceptionnelle des services publics et volontaires, et je salue
leur engagement exemplaire.
Ce déplacement m’a permis de mieux cerner, sur place, l’ampleur de la tâche
pour la reconstruction qui nous attend, alors qu'est examiné depuis hier, en
Commission, le Projet de loi d’urgence pour Mayotte.
Pour résoudre les problématiques structurelles et bâtir un nouveau modèle de
développement mahorais, il nous faudra cependant aller plus loin. J’ai ainsi
confiance en notre Assemblée pour être au rendez-vous d’un second texte
ambitieux, qui sera examiné en mars prochain, et qui portera sur tous les
sujets d’avenir et structurants de l’archipel. Car il ne faut pas seulement
reconstruire, il faut réinventer le modèle mahorais.
La question des flux migratoires prend une dimension particulière dans ce département.
Il nous faudra résolument doter Mayotte des moyens matériels, humains et
juridiques pour faire face à cette immigration massive.
Sur le sujet du droit du sol, ma position est constante : sans mettre fin au
droit du sol, pour maitriser les flux, il convient de renforcer
considérablement les conditions d’accès à la nationalité française sur ce
territoire.
Nous avions déjà légiféré en 2018 avec la loi asile et immigration, pour créer
un dispositif juridique spécifique. Mais il nous faut aller plus loin sur
l’accession à la nationalité, car les fraudes de reconnaissance de paternité
rendent en partie inefficaces les mesures adoptées. Je suis donc favorable à ce
que nous durcissions les conditions d’application du droit du sol à Mayotte -
qui pourrait ne s’appliquer que si les deux parents sont en situation légale de
résidence d’un an sur le territoire mahorais au moment de la naissance.
L’autre défi immédiat qui s’impose à nous, c'est doter la Nation d’un budget
pour l’année qui vient.
Pour la première fois depuis 1963, notre pays est sans budget adopté à la
mi-janvier.
Certes, grâce à la loi spéciale votée à l’unanimité, les fonctionnaires sont
payés, les soins remboursés. Cependant, ces mesures ne remplacent pas
durablement un budget débattu, enrichi, adopté par le Parlement. Et elles
n’autorisent pas des initiatives essentielles, comme la création de postes pour
notre justice ou notre armée.
Doter la France d’un budget est donc la priorité numéro un.
Un budget qui appelle, bien sûr, à une maîtrise accrue de nos finances
publiques. C'est-à-dire qui prévoit une hausse de nos recettes, dans un
impératif de justice sociale. Mais un budget qui engage aussi une baisse de nos
dépenses publiques. Nous ne pourrons faire cependant l’économie, par la suite,
de véritables réformes structurelles, pour retrouver une trajectoire budgétaire
stable, crédible, soutenable.
Pour doter la France d’un budget, je voudrais ici saluer la volonté du
gouvernement de mener un dialogue inclusif et constructif, en s’appuyant sur
les fondations solides posées par le travail parlementaire. Et je voudrais
aussi saluer l’esprit de responsabilité des forces politiques qui sont entrées
dans cette démarche de dialogue. Alors, dialoguons, dépassons les blocages,
dépassons-nous pour donner ensemble à la France les moyens d’agir. Oui, la
priorité des priorités, c'est d’avoir un budget pour la France.
Dans cette tempête politique, nos institutions sont solides. Elles ne sont pas
le problème, elles sont le rempart.
Face à ceux qui voudraient éroder l’État de droit, je le redis avec fermeté :
je serai vigilante et intransigeante. Je suis une femme de compromis, mais
jamais sur la République. Jamais sur l’État de droit.
Faire confiance au droit, c’est croire en ses principes et en ses
gardiens : le Conseil d’État, le Conseil constitutionnel, la Cour de cassation,
notre justice. Sans eux, sans vous, pas de démocratie solide, pas de libertés
garanties.
Nous avons aussi besoin de votre expertise pour éclairer nos travaux. Et c’est
pourquoi, dans les prochains jours, je saisirai le Conseil d’État sur la
réforme de la définition pénale du viol, sur la base du texte issu du travail
transpartisan conduit par Véronique Riotton et Marie-Charlotte Garin. Cette
initiative parlementaire est d’autant plus nécessaire qu'elle s’inscrit dans le
sillage du procès des viols de Mazan, qui a profondément bouleversé nos
compatriotes.
Adapter notre architecture juridique aux réalités politiques contemporaines,
pour consolider in fine notre État de droit, c’est aussi l’objet de la mission
de Léa Balage El Mariky et Stéphane Mazars, sur les actes administratifs pris
par un gouvernement démissionnaire. Leur rapport propose de consolider le
contrôle du Parlement, et donc des citoyens, dans ces périodes où l’exécutif
dispose d’une légitimité réduite.
Ce rapport illustre une réalité indéniable : quelles que soient les
secousses, l’Assemblée nationale est pleinement au travail. Elle
discute, délibère, vote, contrôle, évalue. En somme, elle agit.
C’est cette dynamique que je veux voir se poursuivre. Mes vœux pour 2025 seront
donc d’abord des vœux d’action.
Les attentes de nos concitoyens sont pressantes. Qui d’entre-nous, dans sa
circonscription, n’a pas été interpellé, avec colère parfois, sur le pouvoir
d’achat, le logement, les déserts médicaux... ?
Et justement, il existe des textes prêts à être examinés, qui répondent à
chacune de ces urgences. Des textes portés par une volonté parlementaire
claire, qui font parfois l’objet de consensus transpartisans.
Sans plus attendre, nous sommes donc prêts à faire de 2025 une véritable année
d’action législative au service des Français, en apportant des réponses
concrètes sur nombre de sujets majeurs.
Pour nos agriculteurs d’abord, alors que la colère agricole est toujours vive.
Je me réjouis que le projet de loi d’orientation agricole, adopté en première
lecture sous la précédente législature à l'Assemblée, et dont j’appelais à un
examen rapide, soit enfin inscrit à l’ordre du jour du Sénat début
février.
Sur l’accès aux soins, dont vous savez qu'il constitue une priorité pour nos
concitoyens, nous pouvons notamment compter sur un texte issu des propositions
du groupe de travail transpartisan porté par Guillaume Garot, qui vient d’être
déposé et cosigné par plus de 200 députés.
Sur la sécurité et la lutte contre le narcotrafic, un texte élaboré par le
Sénat va débuter son parcours législatif dès fin janvier. Nous avons aussi une
proposition de loi sur l’homicide routier qu’il convient d’adopter sans
délai.
À un an des municipales, si nous voulons renforcer la démocratie locale, et
envoyer un signal fort de confiance et de protection à nos 494.598 conseillers
municipaux et maires, il est urgent également d’avancer sur deux textes
importants.
Je pense à la Proposition de loi de Françoise Gatel créant un véritable statut
pour les élus locaux, votée à l’unanimité au Sénat et que nous devons examiner
à l’Assemblée - en l’enrichissant avec notamment les propositions issues du
rapport de Violette Spillebout et de Sébastien Jumel.
Je pense aussi à celle d’Elodie Jacquier-Laforge, instaurant la parité
aux élections dans les communes de moins de 1000 habitants que nous avions
adoptée à l’Assemblée nationale - et qui, je l’espère, sera inscrite rapidement
au Sénat.
S’agissant de cette dernière Proposition de Loi, il s’agit de la dernière étape
pour renforcer l’accession des femmes aux mandats politiques. Je suis heureuse
qu’elle remporte aujourd’hui l’assentiment - tant de l’Association des Maires
ruraux que de l’Association des Maires de France.
Vous savez que c'est l’un de mes combats.
Et nous avons, évidemment, le texte sur la fin de vie. Un sujet profondément
intime, qui touche à chacun d’entre nous, à nos choix les plus profonds et
personnels. Parce que chacun, s’il est gravement malade, mérite de pouvoir
décider de sa fin de vie, librement, en toute conscience, et avec la dignité
que tout être humain est en droit d’exiger. J’aurai l’occasion d’y revenir.
Mais sur tous ces textes que j’ai évoqués, j’entends déjà les sceptiques :
« comment une Assemblée aussi divisée, aussi fracturée, pourrait-elle
trouver le moindre accord? »
Oui, nos députés, pour manier la litote, ne sont pas
d’accord sur tout. Mais cette diversité n’est-elle pas le reflet d’une société
archipélisée ? Dans nos villes et nos villages, le dialogue n’est pas toujours
facile non plus, mais il existe. Et il conduit aussi à de belles initiatives,
des projets concrets, des avancées solidaires. Ce sont ces réalisations qu’il
nous faut valoriser et encourager sur le terrain. Elles montrent que l’on peut
s’unir pour agir.
S’unir pour agir : nous y parvenons aussi à l'Assemblée. Bien sûr, je ne
suis pas angélique ni naïve. Je reçois régulièrement des courriers de citoyens
indignés par le spectacle parfois déplorable que peut offrir notre hémicycle.
Mais, à mon sens, nous n’avons pas encore assez vu ou perçu le meilleur de
cette Assemblée. Ce meilleur, c’est lorsqu’elle parvient à dépasser les
clivages, à trouver des accords, parfois à l’unanimité.
À ceux qui qualifieraient cette vision d’utopique, je réponds par une
statistique qui surprendra sans doute : sur les 13 textes adoptés depuis
octobre, 9 l’ont été à l’unanimité.
Certes, ces textes ne constituent pas encore les réformes structurelles
majeures dont notre pays a besoin.
Mais chacun de ces textes apportera - lorsqu’ils seront adoptés définitivement
- des avancées concrètes, visibles et tangibles pour le quotidien : le
remboursement intégral des fauteuils roulants, la réduction des frais bancaires
sur les successions, la création d’un CHU en Corse. Ce n’est peut-être pas le
grand soir, mais c’est aussi à travers une multitude de petits matins que
pouvons améliorer le quotidien des Français.
Cette dynamique d’action et d’unité constructive, j’ai contribué à l’animer
avec le soutien de tous les députés de bonne volonté. Avec les présidents de
groupe, nous avons réussi à forger des consensus, et je les en remercie, pour
accroître la part de l’ordre du jour transpartisan et notamment assouplir les
critères d’inscription des textes lors de ces semaines.
Aujourd’hui, ces semaines transpartisanes, qui illustrent notre capacité à
dépasser les clivages, et que j’avais proposé aux Présidents de groupe dès
2022, représentent une part significative de nos travaux. Déjà 4 textes ont été
adoptés en cette législature sur cet ordre du jour et 6 textes sont inscrits
d’ici la fin du mois – et près de 20 autres auraient pu l’être si nous avions
eu le temps parlementaire nécessaire.
Notre Assemblée a su également trouver un accord pour rénover les semaines
consacrées au contrôle de l’action du Gouvernement. Ce mardi et ce mercredi
marquent l’entrée en vigueur de cette réforme, avec l’examen de deux
thématiques majeures : le respect des principes de la République et le bilan de
la situation agricole. J’attends désormais que le Gouvernement assure une
présence significative au banc, pour mener à bien cet exercice qui constitue
une des missions constitutionnelles de la représentation nationale.
Sur cette lancée, je voudrais également formuler au Gouvernement d’autres
propositions de bonnes résolutions.
Elles ont le mérite de la constance, puisque ce sont des priorités que j’avais
identifiées dès 2017, comme présidente de la Commission des lois.
D’abord, je souhaite de la prévisibilité. Je l’ai rappelé ce matin en
Conférence des présidents, j’attends du Gouvernement une feuille de route
précise à six mois. Sans programme clair, nous ne pourrons avancer
efficacement.
Les engagements pris doivent être aussi respectés sur l’ordre du jour. Sur la
fin de vie, nous avons déjà perdu six mois, alors que ce texte important aurait
dû être voté en juin dernier. Le Gouvernement précédent s’était engagé à
inscrire ce texte à l’ordre du jour le 3 février. J’attends que le Gouvernement
actuel honore cet engagement : les Français nous attendent, depuis trop
longtemps.
Ensuite, un partage réel du travail législatif doit s’opérer, notamment en
amont des textes. Le Gouvernement doit faire confiance à l’Assemblée, surtout
lorsque des travaux parlementaires aboutissent à un consensus : alors,
c'est la Nation qui s’exprime.
Comme je l’ai évoqué, nous ne manquons pas de textes concrets et consensuels ;
mais nous manquons de place dans l’agenda parlementaire. Je formule donc une
demande explicite au Gouvernement : consacrez une partie de votre temps
parlementaire à ces textes, ou laissez au Parlement plus d’espace pour faire
avancer notre propre agenda – celui des Français.
Pour donner vie à ces textes cruciaux, il faut une méthode qui repose sur le
compromis : entre les députés, mais également entre l'Assemblée et le Sénat,
pour que nos deux Chambres puissent travailler en bonne intelligence, comme
lors de la précédente législature.
À ce sujet, vous connaissez également l’entente que nous avons nouée avec le
Président du Sénat, cher Gérard Larcher. Et cette entente, nous comptons bien
continuer à la mettre au service de la France. Comme en novembre dernier,
en Nouvelle-Calédonie, où nous avons ensemble, avec tous les acteurs politiques
calédoniens, posé les bases d’une feuille de route partagée pour redéfinir la
souveraineté plurielle du Caillou.
Je salue à ce sujet l’adoption unanime, par les députés, du report des
élections provinciales, qui illustre ce que nous pouvons accomplir, en
responsabilité et avec humilité. Cette humilité qui est un maître-mot en
Nouvelle-Calédonie et dont notre démocratie a grand besoin.
C’est cette méthode – fondée sur le compromis, le dialogue et la volonté d’agir
– qui doit guider notre travail. Parce que la France avance quand ses
institutions s’unissent.
Mais notre action doit être aussi davantage visible, compréhensible. Cela passe
par un dialogue direct avec nos concitoyens. C’est ce que je fais depuis 2022,
avec désormais plus de 50 déplacements, en Hexagone et Outre-Mer.
Ouvrir les portes de nos institutions est tout aussi essentiel. Nous
continuerons ensemble à mener la politique d’ouverture de notre institution.
Avec le doublement des visites en deux ans.
Avec de nombreux débats citoyens, ces « Assemblées des idées » que
nous délocaliserons pour la première fois en mars prochain, dans le Finistère,
pour parler d’égalité professionnelle.
Avec des expositions marquantes, célébrant les 80 ans du droit de vote des
femmes ou les 50 ans du discours historique de Simone Veil sur l’IVG en 1974.
Avec encore l’accueil d’œuvres d’art résolument modernes, des Vénus olympiques
de Laurent Perbos aux statues des « 10 femmes en or » des Jeux Olympiques.
Ces quatre initiatives que j’ai évoquées illustrent aussi
une autre priorité qui m’est chère : la cause des femmes.
Dans les prochains mois, cette ouverture aux citoyens franchira enfin une étape
décisive, avec le début des travaux du nouvel accueil du public. Nous créons un
lieu vivant, didactique, le premier dédié à notre histoire parlementaire, à
notre vie démocratique, pensé pour reconnecter les Français à leur assemblée.
Rapprocher les Français de la politique, c’est aussi avoir l’audace de rénover
nos scrutins démocratiques. C’est l’enjeu de la proportionnelle à laquelle, M.
le Premier ministre, vous êtes historiquement attaché. Mais il n’y a pas une
proportionnelle, il y a des proportionnelles.
J’ai évoqué l’importance du compromis : et à ce sujet, je suis convaincue
que la proportionnelle pourrait marquer une rupture salutaire, en permettant de
passer durablement d’une logique d’opposition à une logique de coalition. Une
réforme qui encourage chacun à partir sous ses couleurs, mais qui invite ensuite
à travailler ensemble. En somme, la proportionnelle pourrait marquer la fin des
alternances subies et le début des alliances choisies.
Rénover la démocratie, c’est aussi impliquer plus étroitement chaque citoyen
dans les décisions qui façonnent notre avenir collectif. Le Président de la
République l’a annoncé : les Français seront appelés à « trancher » sur de
grands débats. Je m’en félicite, car cela fait maintenant 20 ans que les
citoyens n’ont pas été consultés par référendum. C’est trop long. Beaucoup
trop long.
Je l’ai toujours dit : je suis favorable à ce que les Français soient consultés
davantage. Mais cette ambition démocratique exige, à mes yeux, une révision
ciblée de l’article 11 de notre Constitution, avec deux objectifs clairs.
D’abord, élargir le champ du référendum, notamment à des questions sociétales
majeures. Ensuite, simplifier et faciliter le recours au référendum
d’initiative partagée.
Cette ambition démocratique pour notre pays rejoint pleinement ma proposition
de créer une Journée de la Participation – une idée, M. le Premier ministre,
qui avait été aussi reprise par votre prédécesseur dans sa Déclaration de
Politique Générale. Le principe de cette Journée est simple : le même
jour, les citoyens se prononceraient par référendum sur un sujet national, tout
en participant à des consultations locales.
Renouer avec une démocratie parlementaire vivante et forte, c’est aussi
l’ouvrir au monde : telle est la vocation de la diplomatie parlementaire.
J’ai à cet égard le plaisir de vous annoncer que nous avons enfin trouvé un
accord avec l’ensemble des Présidents de groupe pour attribuer les présidences
des groupes d’amitiés. Mesdames et messieurs les ambassadeurs, vous aurez,
avant la fin du mois, de nouveaux interlocuteurs pour chacun des pays que vous
représentez.
À nouveau cette année, j’ai déployé une stratégie de diplomatie parlementaire
ambitieuse. Car je crois fermement que l’Assemblée se doit d’être le fer de
lance pour défendre les principes du droit international. En premier lieu pour
le respect de l’intégrité territoriale des États.
C’est pourquoi en mars dernier, lors de mon deuxième déplacement en Ukraine,
puis en Lettonie, au Sommet de la Plateforme de Crimée, j’ai réaffirmé notre
soutien indéfectible au peuple ukrainien. J’ai aussi tenu à ce que les
parlementaires expriment leur solidarité face au président Zelensky, premier
chef d’un État en guerre à s’exprimer dans l’hémicycle.
2024 m’a aussi permis de relancer des coopérations bilatérales avec des
partenaires majeurs de notre pays, comme le Maroc, où je me suis rendue le mois
dernier. Avec le Président du Sénat, nous nous apprêtons également à relancer
le Forum interparlementaire franco-marocain, dont la 5e session se
tiendra dans le courant de cette année à Rabat.
Dans les mois qui viennent, je me rendrai également au Royaume-Uni, en Espagne,
en Chine et en Afrique du Sud, afin de renforcer nos relations bilatérales et
parlementaires avec chacun de ces pays. J’aurai aussi à cœur de relancer le
dialogue franco-allemand avec la plénière de l’APFA que nous organisons au
printemps.
2024 a marqué enfin un tournant décisif pour la diplomatie féministe dont j’ai
fait ma signature. En mars dernier, j’ai organisé ici même le 1er Sommet
international des Présidentes d’Assemblées, en réunissant 24 de mes homologues.
En novembre dernier, avec 19 Présidentes d’Assemblée, nous avons aussi uni nos
voix pour dénoncer l’emmurement des Afghanes sur leur propre terre. Ce combat
doit se poursuivre, pour les Afghanes, pour les Iraniennes : vous le
savez, c'est un engagement que j’ai chevillé au corps.
2025 portera un autre souffle diplomatique : celui de la Francophonie.
Nous accueillerons en effet, en juillet, avec le président du Sénat, la 50e
plénière de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie.
2025 sera une année d’action, mais aussi de commémoration.
Et nous célébrons cette année un anniversaire fondamental : le 80ᵉ de la
Victoire de mai 1945, un moment fondateur où la France, meurtrie mais debout, a
retrouvé sa place dans le concert des nations et mis en œuvre un nouveau
contrat social. Celui des « Jours heureux » et du Conseil National de
la Résistance.
En 2025, l’esprit de 1945 doit nous inspirer. L’esprit du ressaisissement, du
renouveau, de la conciliation.
Cette conciliation si chère au général de Gaulle, et qui était au centre de son
discours du 23 novembre 1945, lorsqu’il présenta, devant les députés, son Gouvernement
d’unité nationale. Il forma alors le vœu de voir émerger, je le cite, « cette
conciliation qui, maintes fois, assura, après de grandes épreuves, l’unité de
la France, et sans laquelle, aujourd’hui, risquerait de sombrer sa puissance à
peine renaissante. » Et il concluait par ses mots très actuels : « Aujourd’hui,
nous nous assemblons encore pour travailler solidairement à refaire la
substance du pays. »
À l’aube de cette nouvelle année, je nous souhaite aussi de pouvoir « travailler solidairement » pour notre pays. Je forme donc le vœu que 2025 soit une année de conciliation, d’unité et de travail solidaire au service de la France et des Français.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Gabriel Attal (député, président du
groupe Ensemble pour la république à l’Assemblée nationale)
> [Discours à l’occasion de la déclaration de politique générale du
gouvernement à l’Assemblée] Que retiendront les Français de ces derniers mois
durant lesquels il a été demandé aux responsables politiques de sortir de leurs
postures, pour agir, avancer et travailler ? Que retiendront les Français
de cette période singulière pendant laquelle, au lieu de s’opposer matin, midi
et soir, la politique française pourrait enfin s’élever à la hauteur du
moment ? Que retiendront-ils de cette époque inédite où toutes nos
certitudes ont été remises en question ?
L’avenir le dira...mais j’ai aujourd’hui une certitude : la
politique – les Français nous le disent et nous le répètent – est un
champ de ruines.
Comme je l’ai déjà dit à cette tribune, le bilan de ces derniers mois n’est pas
à l’avantage du jeu politique et de ceux qui l’alimentent. Je ne reviendrai pas
sur les causes de tout cela : elles mériteraient que chacun d’entre nous
fasse son introspection.
Mais en politique, rien n’est jamais définitif ; rien n’est jamais
impossible, pour peu qu’on ait envie d’y croire et qu’on soit sincère. Ainsi
ces temps incertains nous offrent-ils une occasion historique : celle de
nous hisser à la hauteur du moment et d’agir dans l’intérêt du pays.
Quel est-il aujourd’hui ? Plus encore aujourd’hui qu’hier, l’intérêt du
pays, c’est la stabilité. Non comme un fantasme, un concept vide ou une
obsession ; la stabilité, c’est l’assurance-vie de la France. Sans elle,
rien ne tient, ni notre économie, ni nos institutions, ni l’avenir que nous
voulons construire pour notre pays.
La France n’a été forte que lorsque la stabilité lui a permis d’accomplir son
destin, qui est grand, tellement grand.
La France a été forte au sortir de la Seconde guerre mondiale lorsque l’union
nationale a permis de relancer et de rebâtir un pays miné, traumatisé, défiguré
par la guerre. La France a été forte avec le général de Gaulle, bâtisseur en
chef d’une France moderne, qui a inventé la Vème République pour
nous débarrasser du chaos de l’instabilité.
La France a été forte lorsqu’elle a vécu des traumatismes. Nous commémorons
cette année les dix ans de Charlie Hebdo et des attentats de 2015 : malgré
ce séisme et malgré les coups de boutoir de l’islamisme, nos institutions ont
tenu, notre peuple et notre pays ont tenu. Le combat contre l’antisémitisme, le
racisme et les discriminations – qui est un combat pour les valeurs de la
République et pour l’universalisme – doit continuer à nous rassembler le
plus largement possible.
La France est forte quand elle est stable. Redonner à la France sa force :
voilà l’objectif que, depuis 2017, nous poursuivons inlassablement avec mon
groupe, animés par la conviction que nous l’atteindrons à force de travail et
par le travail. Valoriser le travail, toujours et partout. À la différence
d’autres groupes de cet hémicycle, nous pensons que c’est avec plus de travail,
plus d’activité, plus d’emplois que nous nous en sortirons et non par le droit
à la paresse, par une réduction de la quantité de travail ou avec la retraite à
soixante ans.
La valeur travail est devenue une ligne de frontière de la politique française.
Ma famille politique et moi assumons de la défendre vraiment face à l’extrême
droite qui s’oppose, avec la plus absolue des constances, à tout ce qui permet
de travailler plus.
La réforme de l’assurance chômage : l’extrême droite y est
défavorable ; la réforme des retraites : l’extrême droite n’a qu’une
obsession : la mettre à terre ; la création de quinze heures
d’activité pour les bénéficiaires du RSA : l’extrême droite la refuse
quand bien même la moitié de ses bénéficiaires ont pu trouver un emploi grâce à
cet accompagnement !
Les mesures de soutien à nos entreprises, de baisses de la fiscalité pour
rendre nos entreprises plus compétitives : l’extrême droite a voté contre !
Avec une certaine constance, le Rassemblement national s’est systématiquement
opposé à tout ce qui permet de valoriser le travail et de sortir des centaines
de milliers de Français du chômage et de la précarité sans jamais le dire aux
Français des classes moyennes qui triment et qui n’ont que leur travail pour
s’en sortir.
Je veux aussi dire à la gauche que beaucoup de Français ne la comprennent plus car
le « travailler plus » comme la réforme des retraites sont aussi des
héritages de la gauche ! En 2013, cette gauche réaliste, cette gauche
moderne qui ne craignait pas le travail a réformé les retraites avec Marisol
Touraine car elle savait qu’il n’y avait pas d’alternative au fait de
travailler davantage.
Puisque nous parlons de travail et de retraites, j’ai bien entendu, monsieur le
premier ministre, vos mots sur la réforme des retraites. Je veux saluer votre
position courageuse : le compromis consiste à pouvoir s’entendre malgré
les différences.
Notre groupe a porté courageusement la réforme des retraites alors même que
c’était difficile et que cette réforme était impopulaire et même très
impopulaire. Je veux rendre hommage aux députés de mon groupe mais aussi à tous
ceux qui, dans cet hémicycle, l’ont soutenue et à tous ceux qui, sans l’avoir
soutenue hier– ayant préféré à l’époque contraindre le gouvernement à
utiliser l’article 49-3 puis voter la motion de censure – ont aujourd’hui
fait le choix de la défendre, avec une ardeur qui ne peut que nous réjouir.
C’était impopulaire et difficile ; pourtant, nous l’avons fait parce que
les chiffres sont têtus ! Avant d’être une question politique, les
retraites posent une simple question mathématique : comment financer de
plus en plus de retraites avec une population active qui a cessé de croître et
des déficits de plus en plus importants ?
Certains disent que si nous ne faisons rien, nos retraites ne pourront plus
être financées dans quelques années. La réalité est que nos retraites ne sont
déjà plus financées aujourd’hui ! Elles sont en grande partie payées par
la dette. Les pensions de nos retraités ne sont pas seulement financées par les
cotisations de ceux qui travaillent mais par une dette contractée sur chaque
enfant qui naît aujourd’hui en France. Qui peut accepter cette situation au nom
d’une prétendue égalité entre les citoyens ?
La réforme de 2023, qui est entrée en vigueur, correspond à la logique que je
viens d’énoncer : plus de travail et moins de déficits. Tout en défendant
cette réforme, qui était vitale, je sais aussi dire que toute réforme est par
nature perfectible. Je sais qu’en politique, les certitudes sont des prisons.
Dès lors, monsieur le premier ministre, nous participerons évidemment à un
travail sur l’amélioration de cette réforme. Nous saluons votre sens des
responsabilités et du dialogue. Nous sommes nous aussi ouverts à la discussion.
Si des améliorations sont possibles, notamment pour les carrières longues ou
hachées et pour la retraite des femmes, nous les soutiendrons mais je dis à
ceux sur ces bancs qui veulent purement et simplement abroger cette réforme ou
la suspendre sans alternative crédible immédiate et sans se soucier des
répercussions d’un tel scénario : dans ma famille politique, nous ne
sommes pas des adeptes du saut en parachute, surtout lorsqu’il n’y a pas de
parachute.
Notre pays ne peut tout simplement pas se le permettre. Je sais que tout cela
peut porter à confusion pour les Français qui voient défiler des mots
– suspension, abrogation, annulation – dont personne ne sait vraiment
à quoi ils correspondent.
Pour notre part, nous essayons d’être clairs, c’est-à-dire d’éviter de polluer
le débat public. Avec les députés Ensemble pour la République, nous avons fait
le choix de privilégier l’efficacité au sensationnalisme, la discussion sincère
à la politique spectacle. Voilà pourquoi ces derniers jours nous n’avons pas,
matin, midi et soir, campé sur les plateaux de télévision pour multiplier les
oukases, les lignes rouges, les menaces, avant même que le premier ministre ne
se soit exprimé.
Être clair, c’est être responsable. Nous faisons le choix d’être responsables
politiquement et économiquement.
Être responsable économiquement signifie avoir le courage de dire qu’on ne peut
pas se permettre d’abroger ou même de suspendre sans alternative cette
réforme : nous n’en avons tout simplement pas les moyens.
Être responsable politiquement signifie avoir le courage de dire qu’aucune
réforme n’est parfaite et accepter de discuter et de faire des compromis pour
améliorer celle-ci.
La clarté consiste aussi à dire la vérité aux Français, à leur dire que c’est
par le travail et par le rétablissement de nos comptes que nous redeviendrons
le pays le plus prospère d’Europe, ce qui doit être notre objectif. Ce n’est
que par le travail et par le rétablissement de nos comptes que nous
amplifierons la réindustrialisation, la baisse du chômage, la croissance de
l’activité qui étaient enfin revenus au cœur du modèle français avant que
l’instabilité et l’incertitude ne viennent menacer ces acquis.
Dire la vérité aux Français, c’est aussi leur expliquer qu’il n’existe pas de
solution alternative au fait de travailler davantage – ou plutôt si, il en
existe deux : baisser le niveau des retraites ou augmenter les
cotisations. Dans les deux cas, c’est du pouvoir d’achat en moins.
Par conséquent, ceux qui, à gauche ou à l’extrême droite, veulent en finir avec
cette réforme doivent avoir le courage de dire aux Français que cela se
traduira par des impôts plus élevés ou par des pensions de retraite plus
basses.
La clarté oblige aussi à poser un constat fondamental : nous devons aller
de l’avant et agir avec méthode. Cela signifie qu’il faut sauver ce qu’il y a à
sauver – notre budget et notre système de protection sociale – et
avancer sur quelques chantiers vitaux pour les Français.
Je le dis avec humilité, mais aussi avec sincérité : ne perdons pas de
temps à discuter de l’abrogation ou de la suspension, sans solution
alternative, de réformes vitales pour le pays ; car à la fin, nous
laisserions de côté les urgences des Français.
Ne perdons pas de temps pour nos agriculteurs, qui, il y a tout juste un an, se
rejoignaient sur les barrages et sur les autoroutes pour manifester leur
mal-être et leur impatience.
À l’époque, nous avions pris des engagements. Une grande partie d’entre eux ont
été tenus – ils pouvaient l’être par décret. Les autres doivent l’être à
la fois dans le budget et dans la loi agricole que nous avions fait voter à
l’Assemblée nationale. La dissolution, puis la censure, ont fait perdre un
temps précieux, vital pour nos agriculteurs
Nous le disons solennellement : reprenons au plus vite la loi agricole. Je
sais tout le travail que vous accomplissez, madame la ministre, mais dans les
corps de ferme, les agriculteurs ne peuvent plus attendre.
Ne perdons pas de temps pour nos concitoyens qui n’en peuvent plus de
l’insécurité et de l’impunité. Voilà dix-huit mois, des émeutes ont traumatisé
les Français tant par la violence des images que par la jeunesse des
délinquants impliqués. Un mineur reste un mineur et doit être jugé comme tel.
Cependant, il y a urgence à être plus ferme, plus sévère, plus dur avec ceux
qui ne respectent plus rien ni personne.
J’assume de le dire : un agresseur récidiviste de 16 ou 17 ans doit,
comme celui de 18 ans, être jugé et sanctionné immédiatement et non un an
plus tard. Je sais que le garde des sceaux partage ce combat et vous remercie,
monsieur le premier ministre, d’avoir annoncé que vous le mèneriez.
Ne perdons pas de temps pour la simplification ni pour la réforme de l’État,
qui nécessite du courage politique et des économies de structure. À cet égard,
je veux rendre hommage au travail de notre collègue Guillaume Kasbarian. Alors
ministre de la fonction publique, il avait lancé un ambitieux chantier pour
lutter contre l’absentéisme dans la fonction publique et rétablir les jours de
carence.
Ce que nous avons entendu s’agissant de l’avenir de cette mesure nous inquiète,
car cela ressemble à un renoncement à l’action qui avait été amorcée. C’est le
courage de la réforme qui doit nous guider. Or nous estimons que cette mesure
va dans le bon sens, celui des économies, de la justice et de la réforme.
Ne perdons pas non plus de temps pour conduire différents chantiers qui ont
fait l’objet de discussions et qui ont mûri, parfois depuis plusieurs années.
Je pense à la question de la fin de vie.
Oui, il est urgent d’aller de l’avant. Avançons pour les Français. Nous y
sommes prêts et plus que jamais déterminés.
Je le dis à chacun, notamment à mes collègues socialistes – ils sont
absents, mais je les excuse, car ils doivent être en réunion de groupe: si vous
vous engagez à ne pas voter la censure, les Français pourront reprendre espoir.
Espoir d’une vie politique française responsable, qui se hisse à la hauteur des
événements et ne soit plus l’otage d’une extrême droite qui tente d’imposer ses
diktats à notre démocratie.
C’est la conviction de mon groupe depuis le premier jour et je la partage avec
sincérité et honnêteté : oui, la politique en sortirait grandie si vous
choisissiez de vous détacher de la gauche la plus radicale pour œuvrer enfin au
service de l’intérêt général.
La France est dans une période à risque, à très haut risque. Il suffirait d’un
rien – d’un presque rien – pour que le pays bascule. Ne soyons pas les
artisans de ce basculement. Dans un tel contexte, trois chemins s’offrent aux
députés que nous sommes.
Le premier chemin est celui du chaos, du « après moi le déluge ».
C’est celui qu’empruntent les extrêmes, aux deux bouts de cet hémicycle, eux
qui, il y a quelques semaines à peine, ont uni leurs voix pour renverser le
gouvernement et plonger le pays dans l’instabilité.
Ce chemin est définitivement celui de l’extrême gauche, qui n’a qu’un seul
projet : saborder nos institutions pour instaurer son chaos, plonger le
pays dans le malheur pour installer son projet délirant, piétiner nos valeurs
les plus élémentaires, celles de la liberté, de l’égalité, de la fraternité et
de la laïcité pour y substituer le communautarisme et le séparatisme politique.
Toujours nous vous combattrons, aussi bien dans les urnes, comme en ce moment
même dans la première circonscription de l’Isère, qu’ici, à l’Assemblée
nationale, et partout dans le pays. Ça ne peut pas être à géométrie
variable !
Le deuxième chemin est celui du dépit, de l’abandon, du « on n’y arrivera
jamais ». C’est celui des lignes rouges qu’on se jette à la figure, du
refus de dialoguer sous prétexte qu’on n’est pas d’accord au départ, celui de
l’insincérité et du chacun pour soi. De notre côté, nous n’abandonnerons jamais
tant que nous n’aurons pas trouvé une solution, une voie, un chemin pour
s’entendre et pour aller de l’avant.
Car entre le chaos et le dépit, il existe un troisième chemin : celui du
courage. Le courage de dire la vérité aux Français. Le courage de leur dire que
nous n’y arriverons pas et que notre pays ne s’en sortira pas si nous renonçons
à travailler plus et à dépenser moins. Le courage de dire que nous n’avons pas
tout bien fait mais aussi, quand la France avance, de le reconnaître.
Le courage de parler à ceux avec qui l’on n’est pas d’accord, celui d’être
fidèle à ses valeurs et donc de continuer à les porter haut et fort.
Le courage de faire des pas vers l’autre, des compromis pour s’entendre. Celui
d’être responsables et clairs.
Alors, monsieur le premier ministre, autour de la feuille de route que vous
venez de présenter, nous allons emprunter, avec tous les députés de mon groupe,
ce troisième chemin : celui de l’action et du courage. Car il
n’y a pas une minute à perdre. Derrière les orientations que vous avez tracées,
derrière le compromis pour lequel vous vous battez, mon groupe sera toujours du
côté de l’action et des solutions.
La France et les Français attendent des actes.
Soyons à la hauteur des attentes des Français et des mandats qu’ils nous ont
confiés.
Soyons à la hauteur de la situation de la France et des défis qui se présentent
à nous. Car nous devons écrire l’avenir – un avenir français. Dans cet
avenir, la France montre le chemin de la transition écologique et de la
protection de notre biodiversité.
Dans cet avenir, la France est à la pointe de l’intelligence artificielle,
pionnière des technologies de demain.
Dans cet avenir, nos services publics se redressent, la santé innove et notre
école forme des générations de jeunes prêts à faire briller le pays. Dans cet
avenir, on cesse de penser le travail comme il y a trente, quarante ou
cinquante ans.
Dans cet avenir, dessiné par l’exception culturelle française, notre pays
montrera qu’il est capable, une fois de plus, de se rassembler, de s’unir et
d’éblouir le monde.
Car j’en suis sûr, et je le sais : la France a encore ses plus belles
pages à écrire. Alors, ressaisissons-nous ! Donnons à notre pays la
stabilité dont il a besoin. Donnons aux Français la liberté et les opportunités
qu’ils attendent.
Monsieur le premier ministre, comptez sur nous. Nous serons au rendez-vous de
la responsabilité. Pensons à la France avant de penser à nous.
Thomas Cazenave (député)
> La situation des finances publiques est toujours difficile. Qu’il y
ait de l’espace pour de la négociation, oui. Mais nous avons un
impondérable : nous devons continuer à réduire notre déficit après des
années de « quoi qu’il en coûte » au cours desquelles nous avons
beaucoup protégé. Dans les accords qui seront trouvés, en particulier avec le
PS, il faut qu’il y ait des demandes raisonnables et compatibles avec la
réduction du déficit.
> Pour réduire le déficit, il faut faire des économies et aller chercher d’autres recettes comme la taxation sur les rachats d’actions.
> Je ne suis pas favorable à une suspension à la réforme des retraites, car lorsqu’on suspend, on ne sait jamais quand on redémarre. Il est préférable de maintenir la réforme et de discuter dans un cadre. Nos régimes de retraites, malgré la réforme de 2023, sont déjà en déficit. Le président du Conseil d’orientation des retraites a indiqué que la situation allait se dégrader d’ici à 2030. On peut discuter sur des éléments techniques, comme la pénibilité, les carrières hachées pour les femmes, mais on ne peut pas aggraver davantage la situation, au risque de menacer le régime par répartition.
> [Proposition de loi contre les fraudes] Je la
présenterai dans l’Hémicycle le 27 janvier. Elle vise à lutter contre les
fraudes aux aides publiques et à l’éco-délinquance, c’est-à-dire le
détournement de toutes les aides dédiées à l’environnement. Aujourd’hui, l’État
verse un peu plus de 20 milliards d’euros d’aides par an pour changer sa
voiture, rénover son logement, se former…
Tracfin, le service de lutte antiblanchiment, a identifié pour
400 millions d’euros de détournements potentiels de MaPrimeRénov’. La Cour
des comptes a identifié pour 450 millions d’euros de détournements
potentiels des certificats d’économie d’énergie. Comme on dépense beaucoup pour
aider, il y a des risques de détournements. Cette proposition de loi vise à
taper très fort contre ceux qui détournent l’argent en augmentant les
sanctions, en renforçant les pouvoirs des services de l’État.
La Proposition de loi permettra à un organisme de suspendre le versement d’une
aide quand il y a un doute, ce qui n’est pas possible aujourd’hui. Car, bien
souvent, ces aides sont versées à des entreprises éphémères qui disparaissent.
Ce texte permettra aussi à des services de l’État de pouvoir échanger des
données. Quand Tracfin a des informations, il ne peut pas les partager avec le
ministère de l’Écologie qui verse MaPrimeRénov’. Demain, ce sera possible. Ça
devrait nous permettre de récupérer ou d’éviter de perdre 700 millions à
1,6 milliard de détournements d’argent public.
> [Référendums] Dans cette période où l’Assemblée a des difficultés, se retourner vers les Français, c’est une manière d’avancer. Le pire pour nous serait de tomber dans l’immobilisme.
Sylvain Maillard (député)
> Sur l’immigration, il faut que nous soyons capables de contrôler les
flux, afin de mieux accueillir les personnes qui sont éligibles et mieux
renvoyer celles qui n’ont pas vocation à rester. Cela passe en priorité par
l’application des mesures votées il y a un an. Les moyens sont là, il faut les
appliquer !
> Les députés Ensemble pour la république ont un principe directeur : assurer la pérennité de notre système de retraites. Nous sommes prêts à discuter sur des modalités d’évolution, mais nous ne transigerons jamais sur l’équilibre financier. (…) Ceux qui ne veulent pas de la réforme des retraites doivent proposer un mode de financement.
> La dépense publique n’est pas automatique ! Plutôt que de rajouter des taxes et des impôts, il faut baisser les dépenses publiques et optimiser les moyens de l’Etat. C’est ce que nous attendons du budget qui sera présenté par le gouvernement.
> Concernant la position de la France avec l’Algérie, oui, nous devons durcir notre politique en matière d’immigration notamment en abrogeant l’accord de 1968 mais aussi supprimer la dispense de visa pour la France dont bénéficie la nomenklatura (accord de 2013).
> Nous devons la réalité aux Français : 29 % de leur fiche de paie est déjà consacrée au financement des retraites en France. On doit leur assurer que le système par répartition reste efficient et que leurs futurs pensions seront bien versées.
Jean-René Cazeneuve (député)
> Renvoyer la réforme des retraites aux partenaires sociaux après avoir
objectivé le déficit : une méthode responsable qui permet d’agir sans suspendre
une réforme indispensable. Personne de rationnel ne peut croire qu’on financera
nos retraites sans travailler plus.
> Conséquence de la censure : Croissance PIB 25: 1,1% --> 0,9% Déficit budget 25: -5,0٪ --> -5,4%.
Pierre Cazeneuve (député)
> Suspendre la réforme des retraites ? En politique comme en amour,
quand on fait une pause ça finit toujours en rupture. Ne laissons pas la gauche
faire de la politique politicienne sur le dos de notre génération.
Olivia Grégoire (députée)
> Il ne faudrait pas, sous prétexte de faire avancer la stabilité
politique, reculer sur les réformes structurelles menées par le passé. Ca n’est
pas en reculant qu’on avancera.
> Étude du projet de loi d’urgence pour Mayotte en commission. L’urgence c’est de simplifier les procédures pour accélérer la reconstruction avant la présentation d’un autre projet de loi, dans 2 mois, pour répondre aux défis structurels que connaît l’archipel.
Prisca Thevenot (députée)
> Retraites L’enjeu majeur auquel nous devons répondre est le
financement. La réforme de 2023 permet d’y répondre (certains opposants alors
le reconnaissent d’ailleurs maintenant). Cette réforme nous l’avons défendue et
si le dialogue social permet de l’améliorer : allons-y.
> Le RN excelle dans 2 domaines : l’incompétence et
l’absence. Incompétents à l’Assemblée nationale où Marine Le Pen et son groupe
surfent sur les buzz et propositions non financées
Absent au Parlement européen où Jordan Bardella fait des vidéos sur X au lieu
de siéger pour agir.
> Cette Assemblée nationale hétéroclite nécessite le compromis (...) Je suis parfaitement confiante sur notre capacité à trouver un chemin ensemble.
Pieyre-Alexandre Anglade (député)
> Nous sommes à la croisée des chemins. Hier François Bayrou a ouvert la
porte sur les retraites. La discussion doit se poursuivre avec le PS pour
trouver un compromis. C’est la seule voie viable pour permettre la stabilité et
briser la tenaille des partis populistes.
Violette Spillebout (députée)
> Je suis élue à Lille, je pense aussi à tous les territoires ruraux ou
oubliés : nous devons maintenir les postes d’enseignants et promouvoir la
culture partout.
> Nous sommes fondamentalement en désaccord sur la valeur
Travail avec le RN. Ils sont :
- contre la durée de cotisation allongée pour la retraite
- contre la réforme plus stricte de l’assurance-chômage
- contre les 15h de travail pour les bénéficiaires du RSA.
> Oui, la stabilité des institutions pour un budget qui doit proposer une vision pluriannuelle et des économies de l’État.
> « L’instabilité gouvernementale est un terrible ralentisseur de l’action publique. Il faut sans cesse retravailler les mêmes sujets avec chaque nouvelle équipe, même sur des enjeux consensuels comme le statut de l’élu local. (…) Pour envoyer un signal fort, permettre une CMP et publier les décrets d’application avant les municipales de 2026, alors que de nombreux maires s’interrogent sur leur réengagement. » À l'issue de la déclaration de politique générale de François Bayrou, je prends le Premier ministre au mot : reprenons la PPL sur le statut de l’élu local et inscrivons-la à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale !
David Amiel (député)
> Je soutiens cette idée de « filet fiscal » que j’avais mise
sur la table dès le mois de septembre. C’est une suite logique après les
mesures qui ont déjà été prises pour lutter l’optimisation abusive des
multinationales.
Marie Lebec (députée)
> Mayotte traverse une crise sans précédent à la suite du passage du
cyclone Chido. Le projet de loi d’urgence constitue une occasion unique, non
seulement pour reconstruire, mais pour mieux reconstruire. Au nom du groupe
Ensemble pour la République, j’ai interpellé le ministre des Outre-mer sur 3
enjeux clés :
- L'accès aux assurances (moins de 10 % des habitations assurées)
- Les craintes liées aux expropriations (absence de plans cadastraux)
- Une commande publique inclusive pour impliquer pleinement les Mahorais.
Je tiens à exprimer tout mon soutien aux Mahorais et à réaffirmer le plein
engagement de notre groupe Ensemble pour la république pour que ce texte
d'urgence soit un véritable levier pour reconstruire durablement l'île.
● MoDem
Maud Gatel (Secrétaire générale)
> Une déclaration de politique générale placée sous le signe de la
démocratie, de la réconciliation et de la responsabilité. Les chantiers sont
immenses. Mais « il n’y a pas de politique sans risque, il n’y a que des
politiques sans chance ».
Marc Fesneau (député,
président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale)
> [Discours à l’occasion de la déclaration de politique générale du
gouvernement à l’Assemblée] Il y a parfois une forme d’injustice quand on veut
servir l’intérêt général ou l’intérêt du pays, et quand les crises ou les
circonstances viennent contrarier vos intentions sincères. C’est pourquoi je
voudrais commencer mon propos en rendant hommage à Michel Barnier et à son
gouvernement pour l’action conduite avant la censure.
Mais aujourd’hui, comme toujours, je n’ai nulle intention de nourrir de vaines
querelles ou des polémiques avec ceux qui, par la censure, ont, pourtant, un
peu plus plongé notre pays dans la crainte, le doute et l’inconnu, lui – notre
pays – qui n’en avait pourtant vraiment pas besoin.
Non. Je veux parler de ceux qui nous regardent ou non, qui se désespèrent - ils
sont nombreux - ou non, qui sont en accord avec nous ou non et qui attendent pourtant – je ne dirais pas
« espèrent » tant ils doutent – d’un chemin vers un cap collectif et
vers, j’ose le mot, une espérance.
Je veux donc, simplement, essayer de parler des Français et des Françaises et
du chemin que nous devons leur proposer collectivement pour rassurer et
convaincre.
Les lignes rouges, vraies ou fausses, les chantages réciproques, les
concessions que l’on entend arracher comme un trophée, les postures… Tout cela
ne les intéressent pas.
Cela les mène avant tout à considérer qu’ils ne seraient en fait qu’en
arrière-plan d’un théâtre de « dialogues de sourds ». Cela les
éloigne chaque jour un peu plus de la politique et c’est un drame.
Aussi, je voudrais vous dire, avec humilité, monsieur le Premier ministre, ce
que nous percevons des attentes des Français, qu’elles concernent les urgences
du quotidien, leur avenir ou celui de nos enfants.
Je voudrais vous dire ce que nous percevons du sens qu’ils donnent à leur vote
de juillet dernier, ce qu’ils attendent de ces élections législatives sans
vainqueur, de cette assemblée sans majorité, mais aussi de votre gouvernement
et de notre assemblée.
Monsieur le Premier ministre, la France a aujourd’hui le visage d’une jeune
enseignante qui a choisi la plus admirable des missions, celle d’être le
« passeur » qui conduit chacun des enfants de la République sur les
rives du savoir et éveille leur conscience citoyenne…
Mais aussi le visage d’une jeune enseignante qui s’interroge profondément sur
ce que l’école devient, sur ce qu’elle « peut » faire quand on lui
demande de répondre à toutes les fragilités de la société, le tout avec une
absence de reconnaissance, et parfois même une forme de démagogie blessante,
dont elle souffre terriblement…
La France a le visage d’un agriculteur, fier de son métier, de sa vocation,
l’une des plus essentielles, celle de nous nourrir, dont il n’arrive pourtant
pas à vivre ; qui a le sentiment d’être comme mis au ban de la société
tout entière et livré aux concurrences les plus déloyales, et qui se sent de
plus en plus impuissant face aux bouleversements climatiques dont il est la
première victime.
Elle a le visage du chef d’entreprise, artisan ou commerçant, qui ne peut
exercer son métier avec sérénité dans un climat d’incertitude permanente,
d’instabilité organisée et de « surnormation » galopante.
Elle a le visage de ces jeunes qui s’inquiètent eux de la planète que nous leur
laisserons, ou qui se disent qu’ils ne bénéficieront pas d’un modèle de
solidarité que nous leur demandons pourtant de financer. Ils se sentent parfois
trahis ou abandonnés car ils ont le sentiment que les générations futures sont
sacrifiées sur l’autel du court terme, des petits calculs et des grands
renoncements.
La France a également le visage de milliers de salariés qui ne parviennent pas
à vivre correctement de leur travail ou qui n’y trouvent plus aucun sens… De
ces Français qui ne trouvent pas assez par leur travail les voies de
l’épanouissement, de l’ascension sociale et – pire encore sans doute pour
l’esprit public – les moyens de permettre à leurs enfants d’agrandir le champ
des possibles.
Elle a le visage de ces patients, qui doivent attendre des mois pour trouver un
médecin, parfois dans l’angoisse de la maladie qui progresse… Et qui, au bout,
finissent par renoncer aux soins.
Elle a aussi le visage de ces soignants dévoués au service de leurs patients et
de nos aînés, qui font face comme ils peuvent à la dégradation de notre système
de soins et de l’hôpital public, malgré – et cela devrait tous nous interroger
– les moyens colossaux qui ont pu y être consacrés ces dernières années.
Elle a le visage de tous ceux qui s’inquiètent, sur la sécurité ou la justice,
de ce qu’ils perçoivent comme un affaissement de l’autorité de l’État et de sa
capacité à les protéger. De ceux qui pensent que la justice n’est pas la même
pour tous ou qu’elle est trop lente.
Elle a enfin le visage de celles et ceux qui voient, inquiets, leurs repères ou
leurs identités bouleversés face à ce qu’ils perçoivent comme de nouvelles
menaces, qu’elles soient mondiales et globales ou qu’elles émergent en
bouleversant leur vie quotidienne ou leurs modes de vie.
Et ce n’est pas seulement, pas uniquement, à nous, à cette assemblée, qu’il
faudra s’adresser, monsieur le Premier ministre, mais à La France, à cette
France.
De quoi les Français ont-ils besoin ? Ils attendent un pacte de « bon
sens » pour mettre en ordre de marche le pays, pour répondre aux urgences
et pour retrouver du sens.
Ils attendent un budget pour d’abord tenir les engagements qui avaient été pris
par les gouvernements précédents. Je pense à ce qui avait été dit et promis
pour l’inclusion. Je pense aux collectivités locales. Je pense bien-sûr aux
agriculteurs. Ils attendent d’avancer sur les sujets qui peuvent faire
consensus. Je pense au projet de loi fin de vie. Ils attendent aussi un cap.
Et, pour cela, nous avons besoin de stabilité, de lucidité, et de confiance.
De stabilité, tout d’abord, et en premier lieu de stabilité institutionnelle et
politique. Je ne crois pas que les Français soient fascinés par le chaos… Le
désordre organisé méthodiquement à l’Assemblée nationale, comme à l’extérieur,
les désespère et les exaspère… La censure du gouvernement précédent a marqué
les esprits parce que cela nous a fragilisés. Et pas seulement parce que cela a
privé la France d’un budget – mais parce que cela a démontré notre incapacité à
dialoguer, à nous entendre face à une situation critique, et cela nous a
fragilisés en Europe, mais aussi face à des puissances étrangères qui ont des
intérêts contraires aux nôtres. Cela a démontré notre incapacité à faire face à
l’avenir.
La stabilité, cela signifie aussi la stabilité économique et sociale, dont les
acteurs ont impérativement besoin pour créer de l’activité et de la croissance.
Il y a, nous en avons la conviction, des secteurs essentiels qu’il nous faut
soutenir massivement. Je pense au secteur du logement et à la construction, en
mobilisant les logements vacants, en développant de nouvelles formes d’accès à
la propriété, en libérant la construction de logements, et en facilitant le
recours aux prêts. C’est d’abord une question de justice sociale.
Je pense aussi à notre agriculture. Face aux bouleversements géopolitiques et
climatiques que nous connaissons, face à la montée en puissance des
impérialismes qui font de l’alimentation une arme, et ce de part et d’autre de
l’Europe, l’agriculture est l’un des piliers de notre souveraineté et de notre
capacité à décider de notre destin, à l’image du secteur de l’énergie. Il y a
une urgence vitale au renouvellement des générations et à soutenir toutes les
démarches de transition, tant ces deux exigences sont intrinsèquement liées.
Je pense encore à l’emploi et au travail – une priorité qui est là depuis 2017
– parce que la production et l’activité économique sont, il faut le dire, la
clef de voûte du fonctionnement de l’État, de sa capacité à protéger, à agir
sur la sécurité, la justice, l’accès aux services publics, l’accès aux soins,
l’école. Parce que c’est la prospérité qui est le gage de la perpétuation de
notre modèle social !
Et la stabilité, ce n’est pas non plus l’immobilisme ou le conservatisme. Ce
n’est pas l’addition de lignes rouges qui confine à l’inertie, mais une volonté
d’avancer en faveur des priorités des Françaises et des Français.
Et nous devons pour cela nous doter d’un budget, autour de trois piliers.
Celui, d’abord, de l’attractivité économique de la France et sa compétitivité.
C’est pourquoi notre groupe considère que les choix à venir ne doivent pas
remettre en cause ce qui a été mis en œuvre depuis 2017 pour conforter le
dynamisme des entreprises. Tout simplement parce que cela a fonctionné !
Celui de la justice sociale et fiscale, comme nous l’avons toujours porté
au sein du groupe « Les démocrates » ; la justice fiscale et
sociale, c’est le moyen de rendre acceptables les efforts et de lutter contre
toutes les situations de rente ou de sur optimisation. C’est juste que le
travail, l’ingéniosité et la prise risque payent plus que la rente et la
spéculation. Il ne peut y avoir 100 milliards de dividendes versés sans que
cela puisse au fond nous interroger.
Celui de la responsabilité, en fixant des économies budgétaires importantes et
crédibles dans une logique, vous l’avez dit, de réforme profonde – et pour
qu’elle soit profonde il faut qu’elle soit pluriannuelle – de l’État. Et
reconnaissons-le, nous n’avons pas souvent entendu à cette tribune autre chose
que des dépenses supplémentaires ces dernières années.
Mais pour garantir cette stabilité, il nous faudra ensemble faire preuve de
lucidité. Lucidité sur la gravité des enjeux qui devraient nous éloigner
naturellement de nos considérations partisanes, tant la situation budgétaire
est périlleuse, tant les ingérences étrangères et l’émergence d’un nouvel
impérialisme doivent nous interpeller, tant notre modèle d’intégration et notre
pacte républicain semblent se déliter sous nos yeux.
Lucidité, aussi, sur la nécessité d’accepter que nous ne parvenions pas à
répondre à ces défis d’ampleur sans accepter que la politique ne répond pas
seulement à l’immédiateté, qu’elle doit parfois obéir à des logiques de temps
long… Accepter, aussi, que la réussite d’une politique publique ne dépend pas –
et heureusement – seulement des moyens qui lui sont consacrés.
Pour cela, il nous faut développer une culture de la concertation, afin de
parvenir à définir des trajectoires collectives partagées, une culture de
l’évaluation mais aussi de la contractualisation et de la discussion à
l’échelon pertinent, selon un principe de subsidiarité. Les collectivités
locales doivent y être encouragées dans une logique de responsabilité
réciproque. Les partenaires sociaux et le réseau associatif aussi.
Et je voudrais, à propos de lucidité, évoquer l’avenir de notre système de
retraites.
Nous croyons qu’il n’est ni possible ni souhaitable de réinterroger la question
des retraites en mettant sous le tapis son financement. Ni les sujets de
justice pour les plus fragiles ou fragilisés. C’est l’un et l’autre. Parce que
l’un n’existe pas sans l’autre. C’est ce qu’avaient compris nos pairs au sortir
de la guerre.
Nous devons réouvrir ce débat et le remettre en chantier sans totems ni tabous,
de part et d’autre, mais aussi sans passer par pertes et profits les réalités
démographiques qui s’imposent à nous, sinon nous nous rendrions coupables d’une
faute morale à l’égard de notre jeunesse.
Enfin la France a besoin de confiance et, pour cela, nous devons tracer des
perspectives sur lesquelles il peut y avoir un accord entre les femmes et les
hommes de bonne volonté dans cet hémicycle et à l’extérieur. Je ne reviens pas
sur ce qu’il faudra faire sur les institutions pour construire la confiance et
faciliter une pratique démocratique nouvelle.
Je pense à notre école, qui est une priorité nationale. Je pense aussi à la
santé, sur laquelle nous avons besoin d’une visibilité pluriannuelle et je
voudrais saluer, monsieur le Premier ministre, l’annonce que vous avez faite et
que porte le groupe Les Démocrates d’une loi de programmation pluriannuelle.
Je pense à l’accès aux services publics en particulier dans nos territoires
ultramarins – vous me permettrez d’avoir en cet instant une pensée pour nos
compatriotes mahorais – et aux territoires ruraux, qui ont besoin de modèles
mieux adaptés aux singularités territoriales, aux évolutions démographiques et
sociales, épousant leurs réalités propres, et laissant une place plus
importante à l’expérimentation.
Je pense enfin à l’écologie : je suis persuadé qu’il existe un chemin pour
répondre à l’urgence climatique tout en s’assurant de l’adhésion la plus large
possible et de la soutenabilité des trajectoires que nous définirons pour nos
entreprises et, plus globalement, pour une écologie qui ne pèse pas, en premier
lieu, sur les plus modestes et ne soit pas vécue comme une punition.
Ces priorités, nous devons y répondre avant tout pour notre jeunesse. Son
indifférence, si ce n’est sa défiance, nous oblige et devrait collectivement
nous inviter à nous ressaisir.
Pour que ce triptyque « stabilité – lucidité – confiance » ne repose
pas que sur du sable, nous avons besoin d’un ciment, celui de la
« coopération ». Et nous en serons, avec notre groupe, comme
toujours, les fers de lance. La coopération c’est accepter que personne, ici,
n’est majoritaire et ne peut, seul, imposer ses vues.
La coopération, c’est accepter d’endosser les mesures difficiles ou
impopulaires prises dans l’intérêt du pays, pas seulement revendiquer des
victoires quand elles sont faciles ou populaires.
Car s’il ne s’agit que de plaire, s’il ne s’agit que de voguer dans le sens du
courant, il n’est nul besoin de coopération parce que c’est la facilité du
populisme !
La coopération c’est accepter que l’opposition soit
respectée, y compris dans sa différence et pas seulement quand elle est en
accord avec nous.
La coopération c’est, pour ceux qui ont fait le choix - que je respecte - de ne
pas participer à un gouvernement pour ne pas être comptable de son action et de
se demander, à chaque instant, sur chaque vote, de bonne foi, ce qu’ils
feraient s’ils étaient demain en situation de responsabilité.
La coopération c’est accepter qu’au sein de ce gouvernement puissent s’exprimer
des nuances, des divergences mêmes mais sous la réserve que l’on respecte les
arbitrages et que l’on se concentre sur ce qui nous rassemble - et les sujets
sont nombreux. Le temps de l’expression des différences viendra, que chacun se
rassure. C’est 2027 ! Mais je propose que d’ici-là, nous soyons utiles au
pays et ne perdions pas de temps.
Ce n’est que par la coopération que nous sortirons la France de l’ornière,
d’abord ; et que nous lui donnerons à nouveau de l’espoir, ensuite. Parce
que la coopération est la conviction profonde que personne ne peut y arriver à
moins que tout le monde n’y arrive.
Par la stabilité, la lucidité et la confiance, par une éthique du dialogue et
de coopération.
Les Français nous jugeront aux actes, et nous ne pourrons agir à leur service
qu’en construisant des compromis et de la coopération.
Et nous serons au rendez-vous de cette coopération qui n’a qu’un objet :
celui de l’intérêt de la France et donc celui des Français. C’est pour nous la
seule chose qui vaille.
> Chacun est devant ses responsabilités. Le monde, Poutine, les Américains, ne nous attendent pas. Les Français voient la pagaille du pays et demandent à ce qu’on s’entende, sinon on va au chaos. Donc chacun est libre de provoquer ou d’éviter ce chaos.
> Si on additionne le déficit des retraites et la charge de la dette, ça fait déjà 100 milliards de déficit.
> Tous ces gens qui nous expliquent partout qu'on peut faire des économies, je voudrais qu'on passe du « yakafokon » à « il faut ».
> Il faut qu'on arrive à trouver un équilibre entre justice fiscale et sans matraquage fiscal.
> Si vous faites tout peser sur les salariés ou sur les entreprises, vous avez un système de déséquilibre.
> Le compromis, ce n'est pas simplement qu'on aille sur ses propres positions, ce n'est pas la loi de l'un qui s'impose aux autres.
> Les retraites sont un sujet budgétaire, de dialogue social et de justice sociale. On se donne une temporalité courte, ça donne de la crédibilité parce qu'on ne vient pas procrastiner. (…) La réforme est modifiable, qu’il s’agisse de la durée de cotisation, de l’âge pivot, de la pénibilité, des carrières longues ou encore de l’égalité hommes-femmes.
Maud Petit (députée)
> Les premiers mots du Premier ministre pour son discours de politique
générale : des mots percutants, un propos combatif et un constat pragmatique
sur les raisons de notre situation économique actuelle. Et tout le monde, oui
tout le monde, en prend pour son grade ! On peut en retenir que c'est bien dans
l'adversité qu'une équipe se révèle et qu'il nous faut travailler tous ensemble
pour progresser, dans l'intérêt de la France, des Françaises et des Français.
> Mayotte est exposée depuis de trop nombreuses années à des difficultés structurelles que la République doit enfin corriger.
Frédéric Petit (député)
> Les négociations voulues par Trump avec la Russie ne peuvent pas se
faire à n’importe quel prix. Les revendications maximalistes du Kremlin sur l’Ukraine
sont inacceptables. Nous ne devons pas céder. Ces négociations ne doivent pas
rimer avec capitulation.
● Parti radical
> [Communiqué: «Discours de politique générale : réaction du Parti radical]
Le Parti radical salue l’ambition du Premier ministre présentée dans « la
nouvelle promesse française » qui en appelle à une refondation
républicaine et à la concrétisation de l’idéal de fraternité, de solidarité, de
laïcité, avec des priorités en termes d’éducation, de justice sociale,
d’immigration et d’intégration, et cette volonté d’offrir à chacune et chacun
tout au long de sa vie de nouvelles chances.
Pour Nathalie Delattre, présidente du Parti radical, Ministre déléguée
chargée du Tourisme « les radicaux ne peuvent qu’approuver cette vision
européenne, humaniste et du long terme qui doit prévaloir. Ils partagent cet
objectif de l’indispensable redressement de nos finances publiques. Par
ailleurs, ils se reconnaissent dans la méthode de dialogue et de concertation
proposée avec les partenaires sociaux notamment dans le cadre de la réforme des
retraites, mais aussi avec les collectivités locales par exemple sur l’enjeu
fondamental de la santé et du grand âge ».
Le Parti radical se félicite aussi de la reprise de ses propositions sur le
maintien de la santé mentale comme grande cause nationale pour 2025, ou encore
la mise en œuvre de la nécessaire débureaucratisation de l’Etat.
Les radicaux restent toutefois convaincus que l’efficacité de l’action
publique passera aussi par une plus grande autonomie pour nos territoires, par
une simplification et clarification des compétences dans le cadre d’une
nouvelle vague de décentralisation.
Chacune et chacun doit maintenant prendre ses responsabilités. Des dossiers
urgents attendent : Mayotte, l’agriculture, le logement, la transition
écologique, la fin de vie, la lutte contre le narcotrafic. Le Parti radical et
ses Parlementaires continueront d’être constructifs aux côtés du Gouvernement
et de participer activement à cette refondation républicaine.
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (députée, présidente)
> [Cessez-le-feu entre Israël et le Hamas] L’annonce d’un cessez-le-feu
et d’un accord sur la libération des otages est un soulagement immense pour
toutes les familles de Gaza, pour tous les otages israéliens et leurs proches.
Il est de la plus haute importance que ce cessez-le-feu et cet accord soient
respectés. C’est un précieux pas en avant. Renew Europe maintient son appel en
faveur d'une paix durable et d'une solution à deux États.
> L’état du monde impose aux États européens d’œuvrer plus que jamais à l’unisson. Il est temps de passer à des actes communs forts pour défendre nos intérêts européens.
> La liberté d’expression est l’un des piliers de nos démocraties. Elle n’est pas, et ne sera jamais, la liberté de propager des fausses informations, de manipuler un algorithme à des fins idéologiques ni de laisser les discours de haine se propager. Stop à l’instrumentalisation.
> La montée de l’extrême-droite se fait à l’échelle de toute l’Europe. Nous devons redoubler de travail pour démontrer leur inconsistence et leur hypocrisie. Il n’y a qu’à regarder les votes de Jordan Bardella et ses alliés en Europe pour se convaincre du danger qu’il représente.
> Elon Musk a le droit d’avoir une opinion politique, aussi nauséabonde soit-elle. C’est précisément la liberté d’expression que défend l’Europe. Mais les ingérences algorithmiques dans le débat public, c’est non. Nous devons mener le combat législatif et le combat idéologique.
> Au Parlement européen, je travaille et je négocie avec les présidents de la droite européenne et des socialistes européens. Et ça marche y compris pour négocier le budget. Alors oui, je suis convaincue que c’est possible à l’Assemblée nationale. Notre famille politique y œuvre.
> Ni tabou, ni totem. Nous devons assurer la soutenabilité financière et la justice sociale de notre modèle de retraite. Voilà les deux prérequis qui me semblent fondamentaux dans les discussions.
> Un parti, ce sont des idées et des incarnations politiques. Depuis sa création et grâce à Emmanuel Macron, Renaissance occupe une place incontournable dans le paysage français. Avec nos États généraux, Gabriel Attal lui donne un nouveau souffle précieux pour l’avenir du pays.
Bernard Guetta (député)
> [Opinion : Le réveil européen a sonné]
L’Europe n’est pas morte. Elle a de formidables retards à combler. Il lui faut
s’affirmer au plus vite en puissance politique mais le nouvel impérialisme de
Donald Trump précipite le mouvement au lieu de le freiner alors même que
l’invasion de l’Ukraine avait déjà convaincu les 27 de la nécessité d’une
Défense commune.
La mission du commissaire à la Défense dont l’Union s’est maintenant dotée
est de jeter les bases d’industries d’armement paneuropéennes. L’Union pourrait
là recourir à l’emprunt car les démocrates-chrétiens qui devraient revenir au
pouvoir à Berlin en février veulent accroître le soutien allemand à l’Ukraine
et auront besoin d’élargir leur marge de manœuvre financière. En charge de la
présidence tournante de l’Union, la Pologne, cette Pologne qui avait si
longtemps refusé l’idée d’une Défense commune car elle ne croyait qu’en
l’Alliance atlantique, appelle quant à elle les Etats-Unis à admettre que
l’Europe ne peut pas augmenter ses dépenses militaires tout en continuant à
acheter américain plutôt qu’européen.
Comme l’Allemagne et les Pays baltes, la Pologne parle aujourd’hui français
sur les questions de Défense et le Triangle de Weimar, le triangle
franco-germano-polonais, s’impose toujours plus aux commandes
politico-militaires de Union.
« Peut-être, très bien, mais trop tard », objectent toux ceux qui nous
pensent trop loin de former un véritable ensemble pour pouvoir relever les
défis simultanés des Etats-Unis, de la Chine et de la Russie. « L’Europe a raté
le coche », clame sans discontinuer l’armée des résignés et le fait est que
notre retard technologique sur les Etats-Unis n’est que trop réel, que la Chine
en est à sévèrement concurrencer nos industries automobiles et que la Russie
s’est engagée dans une restauration de son Empire perdu alors que nous, les
Européens…
Eh bien, oui, c’est vrai, nous sommes, nous, les champions mondiaux de la
réglementation, du libre-échange et de la lutte contre les monopoles alors
qu’il nous faudrait favoriser l’innovation, défendre nos productions et
disposer, dans tous les domaines, de géants de taille mondiale. Nos réflexes et
nos cultures économiques datent des années 80 quand ce n’est pas des années 50.
Nous ne faisons que commencer à réaliser que les dirigeants américain, russe et
chinois raisonnent désormais en termes de zones d’influence à consolider,
reconstituer ou étendre et que le multilatéralisme et le droit international se
sont évanouis avec les générations marquées par la guerre.
Plus grave encore, alors même qu’on se bat à nos frontières et que Donald
Trump ne considère pas qu’il ait à nous défendre, l’Union européenne a pour
seule véritable armée celle de la France. Aux yeux des résignés, il y a ainsi
toutes les raisons d’enterrer l’Europe et d’aller prêter allégeance au Kremlin,
à la Maison-Blanche, voire aux deux.
« L’Europe est sortie de l’Histoire », disent même beaucoup d’entre eux
mais en quoi sa date de péremption serait-elle dépassée ? Serait-ce que nous ne
pourrions plus rien inventer alors que nous comptons tant de talents ? Que nous
serions trop pauvres pour nous armer alors que nous sommes si riches ? Que le
temps nous manquerait déjà puisque Donald Trump entre en fonction le 20
janvier, que Vladimir Poutine marque des points sur le terrain ukrainien et que
nous sommes pris en étau entre des hommes qui trouvent tout naturel de
revendiquer l’un, l’Ukraine et l’autre, le Groenland ?
Allons ! Nous n’avons pas de temps à perdre mais le monde ne changera pas à
la seconde où Donald Trump se rassiéra dans le Bureau ovale. Vladimir Poutine
ne s’assurera pas le contrôle de l’Ukraine en trois mois et ce n’est pas en
vingt-quatre heures que ces deux-là parviendront à un accord qu’ils pourraient
imposer aux Ukrainiens et à l’Union.
Les déclinistes et autres résignés d’hier et d’avant-hier, ceux qui avaient
torpillé la Communauté européenne de Défense en 1954, qui n’avaient eu de cesse
de freiner ensuite l’unification politique de l’Europe et qui avaient rejeté le
projet de Traité constitutionnel en 2005 nous ont fait perdre beaucoup de temps
mais, non, tout n’est pas perdu car de deux choses l’une.
Première hypothèse, Vladimir Poutine met la barre si haut qu’il rend
impossible tout compromis américano-russe sur l’Ukraine. Sous peine de perdre
toute crédibilité sur la scène internationale, Donald Trump est alors obligé de
donner aux Ukrainiens les moyens militaires et financiers d’aller à des
négociations en position de force. L’Alliance atlantique se consolide au lieu
de s’effacer. L’Union la dote progressivement d’un pilier européen et les
élections américaines, parlementaires dans deux ans et présidentielle dans
quatre ans, rebattent bientôt les cartes car la réussite de ce président n’aura
pas été éclatante.
Deuxième hypothèse, Vladimir Poutine devient assez réaliste pour voir que
la Russie n’est pas en situation de poursuivre cette guerre, qu’il lui faut
proclamer sa victoire et accepter que les Européens déploient des troupes sur
la ligne de démarcation qui serait alors tracée. Sous mandat de l’Union,
plusieurs des petits et grands Etats membres forment, et peut-être bien avec la
Grande-Bretagne, ce qui deviendrait la première armée européenne chargée de
surveiller et protéger ce qui constituerait, de fait, la frontière orientale de
l’Union.
Dans l’une et l’autre de ces deux hypothèses, l’Union s’affirme en
puissance politique, dotée d’une Défense commune, organisant ses marches et
prenant place, aux côté des Etats-Unis et de la Chine, sur le podium de ce
siècle.
Rien n’est bien sûr écrit. De l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite en
France à une crise économique mondiale provoquée par un brutal retour au
protectionnisme, bien des choses peuvent sérieusement contrarier ce réveil
européen mais il n’y en aurait qu’une seule pour l’interdire : notre
renoncement.
Pascal Canfin (député)
> L'Europe améliore notre quotidien : grâce à l'UE, les virements bancaires
instantanés sont désormais gratuits dans toutes les banques de l'espace
européen!
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