Site politique sur le Centre et le Centrisme

mercredi 8 janvier 2025

Propos centristes. France – Dixième anniversaire de l’attentat contre Charlie hebdo / Négociations pour un gouvernement stable / Budget 2025 / Feuille de route de la diplomatie française / Décès de Le Pen…


Voici une sélection, ce 8 janvier 2025, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France. 

► Emmanuel Macron (Président de la République)
> La France exprime ses condoléances aux familles des victimes du terrible tremblement de terre qui vient de frapper le Tibet et propose son assistance pour venir en aide aux populations himalayennes touchées.

 

► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité d’un Président de la République et d’un Premier ministre centristes/centraux ; néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un côté les ministres centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un gouvernement de coalition du fait que le Président de la République et le Premier ministre ne disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]

Ministres centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> Il y a 10 ans, Charlie Hebdo, morts pour la liberté d’expression : Charb, Cabu, Wolinski, Honoré, Tignous, Elsa Cayat, Mustapha Ourrad, Bernard Maris, Michel Renaud, Frédéric Boisseau, Ahmed Merabet et Franck Brinsolaro. C’est notre deuil et c’est notre combat.

> Abattue parce qu'elle portait l'uniforme, Clarissa Jean-Philippe tombait sous les balles de la haine il y a 10 ans. Son nom symbolise le courage et le dévouement de ceux qui servent. Nous ne l'oublions pas.

> Au-delà des polémiques qui étaient son arme préférée et des affrontements nécessaires sur le fond, JM Le Pen aura été une figure de la vie politique française. On savait, en le combattant, quel combattant il était.

 

Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> Il y a 10 ans, les journalistes de Charlie Hebdo étaient frappés par le terrorisme islamiste pour ce qu’ils représentaient : la liberté d’expression, la démocratie et le pluralisme. Dix ans après, continuons d’honorer leur mémoire, de lutter sans relâche contre le terrorisme et la barbarie, et de former de futurs citoyens éclairés.

 

Manuel Valls (ministre d’Etat, ministre des Outre-mer)
> [Dixième anniversaire de l’attentat contre Charlie hebdo] Il y a beaucoup de complices, d'idiots utiles, autour du 'oui mais'. C'est ceux qui n'étaient pas Charlie et qui le revendiquaient: c'est une partie de la gauche, de la presse, de certains intellectuels, ceux qui n'avait pas soutenus Salman Rushdie, qui ne soutiennent pas aujourd'hui Boualem Sansal et s'en prennent à Sofia Aram. Ce sont ceux qui considèrent que combattre l'islamisme et l'islam radical c'est être islamophobe.

> C'est normal que je prenne des coups, qu'on me critique sur mon bilan social, économique, c'est logique. Mais les attaques que je subis, avec cette violence et ces relents antisémites parce que je soutiens le droit d'Israël à exister, nous les retrouvons pour Boualem Sansal ou Kamel Daoud parce qu'ils combattent avec un immense courage et sont attaqués sur les réseaux par les islamistes et une partie de la gauche.

> [Mayotte] Il faut prendre la dimension de ce qu’a été ce cyclone historique, ravageur pour l'île. Il y a une situation catastrophique. Les Mahorais attendent beaucoup de la France.

> La violence en politique a toujours existé. Je reviens en ayant appris ce qu’est la vie politique, appris de mes erreurs, ma manière d’être, mes propres réactions. Il ne faut pas participer à des polémiques. Je me consacrerai à 100 % à mes ministères.

> Il faut aimer prendre des risques pour rentrer dans un gouvernement sans majorité, aimer la responsabilité. On est dans un moment où on doit totalement s’engager pour le pays.

> L’histoire du PS est celle d’avoir toujours accepté la responsabilité du gouvernement. J’espère que ce nouveau contexte et la personnalité de Bayrou permettront de trouver une voie. Le gouvernement et chacun des groupes ont une part de responsabilité.

> La discussion est engagée entre les ministres et l‘ensemble des groupes. Il faut attendre le discours de politique générale de Bayrou. Est-ce qu’on peut se permettre une nouvelle motion de censure ? Le pays a besoin de stabilité.

 

Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> Il y a 10 ans, le terrorisme islamiste frappait la France. 10 ans plus tard, nous sommes toujours Charlie. Pensées aux victimes, aux familles et à leurs proches.

> En 2022, nous nous sommes dotés en Européens de règles claires de protection du débat public en ligne. Si la Commission européenne n’exerce pas ses compétences avec fermeté, elle devra laisser la liberté aux États membres qui le souhaitent de prendre des mesures nationales.

> La France et la Pologne, nations amies et alliées, sont unies pour bâtir une Europe plus forte et mieux protégée.

> Le mécanisme franco-américain au Liban produit ses effets : les troupes israéliennes commencent à se retirer de Naqoura, au sud du pays. Pour la paix et la sécurité, tous les acteurs doivent respecter les termes de l’accord de cessez-le-feu.

> [Discours lors de la 30e conférence des ambassadrices et des ambassadeurs]
Je suis très heureux de vous retrouver à l’occasion de la 30e édition de la Conférence des ambassadrices et des ambassadeurs. Une édition qu’avec la Secrétaire générale et son équipe nous avons souhaité placer sous le signe de l’action, l’action de notre diplomatie au service de la France et des Français.
C’est dans un contexte particulier que nous nous réunissons. L’année 2025 s’ouvre avec son lot de craintes et d’espoir, marquée par les crises internationales, le bruit des bottes, le retour des guerres commerciales, les conséquences tragiques du dérèglement d’une planète désormais en ébullition.
Le Président de la République nous a appelés hier à aborder avec réalisme l’état du monde d’aujourd’hui et les perspectives pour demain. Réalisme sans résignation, lucidité sans défaitisme, optimisme de la volonté, avec au fond du cœur l’intérêt national, l’intérêt des Français.
La sécurité des Français, la prospérité de notre pays, l’affirmation de notre modèle : nous avons collectivement beaucoup à faire. Et c’est grâce à vous que la feuille de route présentée hier pourra se déployer.
Ambassadrices, ambassadeurs, vous exercez un métier unique, à nul autre pareil. Vous avez été appelés à cette vocation par le goût de l’altérité, de l’action ou du grand large. Et voilà que vous sillonnez la planète, projetés tous les trois ou quatre ans de part et d’autre, sans oublier de revenir faire étape au ministère. Enjeux bilatéraux, négociations multilatérales, affaires consulaires, directions d’administration centrale : cette carrière si particulière vous mène sur tous les fronts. Des fronts auxquels vous montez au prix de sacrifices dont on ne saurait sous-estimer le poids dans vos vies personnelles et familiales. Des fronts qui vous exposent parfois aux grandes convulsions du monde.
Je me joins, avec les ministres délégués, à la reconnaissance exprimée hier par le Président de la République à l’endroit des agents engagés à Kaboul, à Kiev, à Port-au-Prince au plus fort des violences, à Beyrouth, à Tel-Aviv, à Jérusalem et sur tant d’autres théâtres où ils font preuve d’un courage qui force notre admiration.
Et je n’oublie pas nos collègues qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leurs fonctions au service de la France. Louis Delamare, tué par balle à Beyrouth alors qu’il se rend en voiture de la Chancellerie à sa résidence en septembre 1981. Philippe Bernard, fauché par une balle dans son bureau, alors que des émeutes agitent les abords de l’ambassade à Kinshasa en janvier 1993. Nous mettons tout en œuvre pour que de tels drames ne se reproduisent pas, mais les Françaises et les Français doivent savoir que représenter la France partout dans le monde emportera toujours une part de risque car il y a dans l’arbitraire de la violence une part d’irréductible.
Ambassadrices, ambassadeurs, dans les pays où vous êtes envoyés, vous portez une lourde charge, celle de représenter la France, notre Nation, dans son entièreté, et dans sa diversité. Cela n’est pas rien. Vous êtes investis d’une mission presque impossible, en tout cas très exigeante : celle de défendre, en toute circonstance, l’intérêt national, l’intérêt des Français. Et pour cela, vous cheminez en permanence sur des chemins de crête. S’immerger sans se noyer dans des méandres culturels et politiques qu’il vous faut parcourir les yeux fermés pour agir efficacement. Garder un pied dans l’immédiat, pour saisir ce qui peut l’être maintenant ; l’autre dans le temps long, pour surmonter les défaites et préparer l’avenir. Chercher le compromis lorsqu’il est possible, tout en restant intransigeant sur l’essentiel. Manier alternativement et avec habileté ou la séduction ou le rapport de force, selon les circonstances.
Voilà un métier qui suppose de cumuler quelques qualités qui ne sont pas tout à fait universelles. Je parlais du courage. Je veux parler de persévérance. Celle qui vous donne la force de remettre inlassablement l’ouvrage sur le métier, comme nous l’avons fait depuis près d’un an au Liban, jusqu’à obtenir un cessez-le-feu qui commence à produire des effets, avec les premiers retraits de troupes israéliennes au Sud-Liban hier. Première interruption des hostilités dans la région depuis le 7 octobre 2023, véritable succès diplomatique français, nous le devons à la patience acharnée de notre ambassadeur et de nos équipes, que je remercie et félicite pour leurs efforts. Et je pourrais multiplier les exemples. Alors oui, il faut parfois attendre des mois, des années, recommencer et recommencer encore. Mais il faut imaginer Sisyphe heureux, surtout lorsque l’Histoire, à la fin, nous donne raison.
Je veux parler enfin d’humanité. Car vous êtes entrés dans cette Maison, dans ce métier, avec la passion de servir notre pays en contribuant à construire pour lui des relations apaisées avec les autres nations du monde. Vous avez choisi de placer vos pas dans ceux de générations d’hommes et de femmes qui, par la diplomatie, ont épargné à la France le conflit et la guerre, d’être celles et ceux qui, poussant à son extrémité l’art de la langue et de la traduction, trouvez les mots et les réponses aux problèmes les plus insolubles. Vous savez pouvoir obtenir bien plus de vos interlocuteurs par l’intelligence que la force, par le dialogue que la brutalité, en utilisant votre humanité pour éveiller la leur.
Ces qualités auxquelles je viens de rendre hommage, vous les mettez au service d’un métier que je souhaite vous voir exercer pleinement, et que je souhaite faire mieux connaître aux Françaises et aux Français.
C’est la raison pour laquelle nous allons faire évoluer nettement certains aspects de notre organisation collective.
Je voudrais tout d’abord renforcer votre pouvoir d’agir, car vous avez toute ma confiance. Pour cela, nous allons vous donner davantage de latitude pour gérer votre budget, un agenda de déconcentration et de délégation à votre profit avec davantage de liberté d’arbitrage sur vos crédits de fonctionnement - y compris pour ce qui relève de la formation, de l’entretien immobilier et des opérations d’urgences - et davantage de marge de manœuvre pour le recrutement local. Pour renforcer votre pouvoir d’agir, je souhaite aussi vous rendre du temps : nous allons chaque mois supprimer une commande qui vous est adressée, chaque semaine supprimer un processus qui n’est pas indispensable.
Ensuite, je souhaite poursuivre le développement de nos outils de formation aux métiers diplomatiques et consulaires. L’Académie diplomatique et consulaire prendra véritablement son envol en 2025, avec notamment un cycle de préparation des secrétaires des affaires étrangères et cadres A au concours des administrateurs de l’État, ainsi qu’une offre structurée autour de l’intelligence artificielle. Dans ce même élan, je vous annonce que la première promotion de la réserve diplomatique sera constituée dans les mois à venir, avec 300 participants.
Enfin, je souhaite que les métiers, les lieux, les succès de notre diplomatie puissent être mieux connus des Françaises et des Français. Au second semestre 2025 sera créé un circuit labellisé de 50 sites remarquables de nos territoires qui ont été au cours de l’Histoire le cadre d’événements diplomatiques majeurs en France. Nos concitoyens pourront ainsi être fiers de voir que la diplomatie française a agi au plus près d’eux et a avec chacun d’entre eux des lieux en partage. Comme vous le savez, nous avons lancé cet automne le festival « Cinéma et diplomatie » pour échanger avec le grand public sur la perception et les représentations autour de nos métiers. Je vous annonce que nous lancerons cet hiver le Prix littéraire du Quai d’Orsay, qui sera remis pour la première fois à l’été, avec la participation d’un comité de présélection composé d’agents du ministère volontaires et celle d’un jury trié sur le volet. Il a vocation à s’installer durablement dans le paysage des prix littéraires les plus prestigieux.
Mesdames les ambassadrices, Messieurs les ambassadeurs,
Après avoir rendu hommage à votre action et évoqué la noblesse du métier qui est le vôtre, je voudrais vous soumettre une question, une question existentielle pour nous : qu’est-ce qui fait la force de notre diplomatie ? Quels sont les atouts qui permettent à la France de boxer, comme on le dit parfois, au-dessus de sa catégorie, d’être entendue dans le vacarme ambiant et d’entraîner d’autres nations avec elle ?
La réponse me semble résider dans trois dimensions, trois atouts maîtres de notre diplomatie qu’il est de notre responsabilité collective de renforcer. Le premier, c’est sa voix singulière. Le deuxième, c’est sa puissance créative. Le troisième, c’est son orientation au service des Françaises et des Français. Permettez-moi de les aborder tour à tour, en commençant par la voix singulière.
Sur les décombres de la Seconde Guerre mondiale qui déshonora et ruina l’Europe, et au moment où se tissait la réconciliation entre la France et l’Allemagne, nos prédécesseurs ont œuvré avec la conviction qu’il n’y a pas de paix durable sans la justice et pour que s’édifie un ordre international reposant sur le droit, sur des principes d’autodétermination des peuples et d’intégrité territoriale, qui ont été ancrés dans la Charte des Nations unies.
Alors que cet acquis majeur a été progressivement contesté et relativisé, alors qu’il risquait d’être relégué au rang de « modèle parmi d’autres », nous n’avons jamais dévié. Et si la voix de la France est toujours entendue, si elle est toujours attendue et si elle est parfois redoutée, c’est parce qu’elle est toujours du côté de la justice, du droit et des règles collectives, dans un monde ou ces dernières sont constamment remises en cause.
Et souvent, l’Histoire nous a d’ailleurs donné raison. Il suffit de nous souvenir de celles et ceux qui, hier, ont creusé ce sillon. C’est la voix singulière d’Aristide Briand devant la Société des Nations. Celle de Robert Schuman dans le salon de l’Horloge, qui fait basculer le destin de l’Europe. Celle de Maurice Couve de Murville, artisan de la grandeur de la France et de la politique de dissuasion nucléaire. Celle d’Hubert Védrine, dénonçant l’inacceptable unipolarité du monde. Celle de Dominique de Villepin, refusant d’engager la France dans une guerre injuste en Irak. Celle de Laurent Fabius, annonçant il y a 10 ans l’adoption historique de l’Accord de Paris.
Et si depuis bientôt trois ans nous nous mobilisons si fortement pour que l’Ukraine puisse repousser l’agression russe et retrouver sa liberté, c’est bien sûr parce que le combat des Ukrainiens, c’est aussi le nôtre. Chaque fois que les Ukrainiens reculent la menace se rapproche de nous, et c’est bien la sécurité des Françaises et des Français qui est en jeu. Mais c’est aussi parce qu’accepter de laisser triompher la force brutale de l’envahisseur, fermer les yeux sur ses crimes de guerre aujourd’hui, ce serait autoriser par avance toutes les violations futures, où qu’elles soient, et consacrer définitivement la loi du plus fort.
Il en va de même en Syrie, où nous avons combattu avec intransigeance le régime Assad. Nous n’avons jamais cédé à la tentation, que certains partenaires ont pu avoir, de la normalisation. Nous n’avons cessé de soutenir la société civile, les oppositions en exil, les communautés chrétiennes, et toutes celles et ceux qui sont aujourd’hui appelés à construire un nouvel avenir pour le pays. Nous avons été le fer de lance de la lutte contre l’impunité en protégeant César et les lanceurs d’alerte de Tadamon, et en aidant à documenter les crimes du régime, qui devront être punis pour qu’advienne le redressement moral et spirituel du pays.
Car pour la France, en Ukraine, en Syrie comme ailleurs, toutes les vies humaines sont égales en dignité. C’est pourquoi nous dénonçons les violations du droit international et du droit international humanitaire partout et en tout temps - en Israël par le Hamas, à Gaza par Israël, au Liban par Israël, en Israël par le Hezbollah, au Soudan par les forces armées, en Syrie et en Irak par les bourreaux des Yézidis, en Afghanistan par les Talibans. Il n’y pas, dans le langage de la France, de double standard.
Et ces dénonciations ne sont pas des incantations. Elles se prolongent dans l’action au service des populations civiles. Chaque fois que les vies sont en jeu, la France se mobilise.
Un mois après le 7 octobre, pire massacre antisémite depuis la Shoah, c’est à Paris qu’a été accueillie la première conférence internationale de soutien à Gaza. Un an après le début de la guerre meurtrière au Soudan, c’est à Paris qu’a eu lieu une conférence internationale permettant de lever 2 milliards de promesses de dons. Un mois après le début de l’escalade militaire au Liban cet automne, c’est encore à Paris que nous avons réuni les donateurs pour lever plus d’1 milliard de dollars et éviter ainsi l’effondrement du Liban.
Et au-delà des questions de sécurité et d’humanitaire, la France ne détourne les yeux d’aucun des enjeux qui désormais engagent la planète entière, qui ne s’arrêtent pas à nos frontières et qui pèsent lourdement sur le destin des peuples. Dix ans après le succès diplomatique de l’Accord de Paris sur le climat, nous avons rendez-vous avec l’ambition, à Paris, à Nice, puis à Belém. La conférence de Nice doit être pour l’Océan ce que l’Accord de Paris a été pour le climat. Le traité BBNJ, pour lequel notre pays et notre ministère en particulier ont joué un rôle majeur et décisif, doit entrer en vigueur. Je vous appelle à aller chercher les ratifications de vos pays de résidence et j’appelle, avec Éléonore Caroit et les autres parlementaires, à une mobilisation collective pour que nous puissions atteindre nos objectifs. Plus largement, dans la perspective de Nice, je vous appelle à demander aux autorités d’annoncer de nouveaux engagements jusqu’en juin prochain.
Mais la voix de la France, qui inlassablement défend l’équilibre et le droit, ne restera crédible, à l’heure où le droit est contesté, que si nous réformons le droit.
Mesdames les ambassadrices, Messieurs les ambassadeurs,
Nous ne pouvons plus attendre pour rendre plus juste ce qui est fort et rendre plus fort ce qui est juste.
Cela suppose que chacun trouve sa place dans la gouvernance mondiale. Chaque seconde que nous perdons sur le chemin de la réforme du multilatéralisme alimente le procès en illégitimité de ses institutions. Le succès des BRICS réunis à Kazan, alors même que ses membres n’ont pas de vision commune de ce que doit être demain, est une nouvelle alerte que nous ne pouvons ignorer. Nous en avons parlé ensemble hier.
Ainsi, je souhaite qu’aboutisse à l’horizon 2026, quand notre pays présidera le G7, des chantiers cruciaux pour l’avenir de la paix et de la gouvernance mondiale. Alors que l’ONU fêtera son 80ème anniversaire, avançons résolument pour qu’une juste place soit donnée à nos partenaires africains au sein de la gouvernance mondiale, du Conseil, des institutions financières internationales ; pour l’adhésion la plus large possible et la mise en œuvre concrète du Pacte de Paris pour les peuples et la planète initié par le Président de la République ; pour que les initiatives du Forum de Paris sur la Paix porte leurs fruits ; pour qu’aboutisse l’initiative du CICR - à laquelle nous contribuons aux côtés du Brésil, de la Chine, de la Jordanie, du Kazakhstan et de l’Afrique du Sud - pour une pleine applicabilité du droit international humanitaire. Sur ces sujets, je compte sur votre mobilisation sans faille et je vous solliciterai dans les prochaines semaines avec des instructions en méthode. Il en va de la crédibilité de la voix singulière de la France, dont nous sommes les dépositaires, et qu’il est de notre devoir d’entretenir, dans l’intérêt du pays et dans l’intérêt des Français.
J’en viens à notre second atout : notre puissance créative. Dans un environnement en perpétuel mouvement, où la communication est définitivement désintermédiée, nous avons réussi à nous adapter et à renouveler notre manière de faire de la diplomatie.
Comment défendre nos intérêts dans cet environnement ? Tout d’abord en nous transformant.
Lors des États généraux de la diplomatie voulus par le Président de la République et initiés par Catherine Colonna, nous nous sommes posé des questions existentielles. Les 350 recommandations figurant dans le rapport qui s’en est suivi ont été notre boussole et nous les avons suivies scrupuleusement. 80% d’entre elles ont été mises en œuvre ou lancées. Le processus d’affectation est désormais mieux anticipé, les concours se modernisent, les agents sont mieux accompagnés. Fonds Équipe France, conseillers enjeux globaux, renforcement de la communication - notamment en Afrique -, poursuite de la modernisation de nos services aux Français de l’étranger, assises de la diplomatie parlementaire et de la coopération décentralisée… tant de changements qui, ces dernières années, ont fait souffler sur notre ministère un vent nouveau, qui devra s’amplifier. Je présiderai régulièrement un comité exécutif de la transformation pour y veiller.
Devant la reconfiguration des équilibres de la puissance, l’émergence des questions globales, qui ont besoin du concours transversal de toutes les parties prenantes de nos sociétés, la diplomatie française a véritablement fait sa mue. Aux enceintes traditionnelles et historiques, elle a ajouté des formats inédits, qui associent pleinement la société civile, toutes les composantes du multilatéralisme, les fonds internationaux, les grands leaders d’opinion, mais aussi les territoires et les entreprises.
Sans chercher ici l’exhaustivité, je citerai néanmoins quelques exemples marquants de formats que nous avons su inventer ou réinventer.
Le format du Triangle de Weimar, auquel Stéphane Séjourné a redonné vie, et que nous cultivons avec Benjamin Haddad, que je remercie de s’en être pleinement saisi. Ces concertations resserrées visent, en complément de nos efforts en Europe, à mettre le poids du corps sur les dossiers les plus critiques, alors que la guerre est revenue sur le continent européen. J’adresse avec vous tous mes vœux de succès à Radek Sikorski, mon homologue polonais, pour la présidence polonaise du Conseil de l’Union européenne, à un moment charnière pour notre continent, sur lequel le Président est longuement revenu hier.
Le Sommet sur l’intelligence artificielle, que nous accueillerons en février, une initiative résolue pour peser sur la conversation internationale, sur ce qui est sans doute la révolution copernicienne de notre temps. Comme le Président l’a indiqué hier, il s’agira d’élaborer une stratégie française et européenne sur ce sujet majeur, par le dialogue avec les grandes puissances, y compris les grands émergents, au service de l’intérêt public et de la formation.
Les formats que nous avons su créer pour promouvoir la diplomatie féministe, tout en montrant l’exemple, avec la feuille de route égalité Hommes-Femmes dont nous nous sommes dotés en décembre dernier, et la charte de l’Autre Cercle pour lutter contre les discriminations LGBT+, que je signerai en janvier. En juin, nous accueillerons à Paris une grande conférence sur les diplomaties féministes.
Et puis le 19e Sommet de la francophonie, enfin, qui fut l’occasion d’engager tous les États et gouvernements membres, mais aussi, et je voudrais insister là-dessus, la participation de jeunes, d’entrepreneurs, et qui prouve que la diplomatie française sait investir d’autres lieux, d’autres dimensions, autour d’une langue qui peut être un accélérateur de transformation et d’opportunités.
Ambassadrices, ambassadeurs, sur le terrain, vous êtes les créatifs en chef de notre diplomatie. Vous pilotez l’Équipe France et savez agréger l’ensemble des forces vives qui contribuent à notre influence dans le monde. Soyez-en remerciés. Mais le monde évolue trop vite pour que nous nous reposions sur nos acquis. Cette puissance créative qui est la nôtre, nous devons la renforcer, peut-être même la décupler.
Nous avons besoin de plus d’agilité encore. Je souhaite pour cela réduire considérablement la distance entre le Département et le réseau. Pour cela, j’instaurerai une conférence permanente qui poursuivra l’élan donné par notre grand rendez-vous annuel, en associant les postes, et au premier chef, les ambassadrices et les ambassadeurs que vous êtes, à l’élaboration de notre stratégie sur les enjeux transversaux. Votre voix doit compter. De même, lorsqu’il s’agira de mener les grandes négociations, je souhaite que des task forces interministérielles soient montées à l’initiative du Quai d’Orsay, afin que notre maison contribue à la coordination de toutes les filières afin de porter une voix plus unie et plus forte.
Pour être plus agiles, nous ferons dès cette année notre révolution de la donnée. Dès 2025, je souhaite que l’intelligence artificielle soit intégrée à nos outils pour assister nos agents dans des tâches comme la revue de presse ou la recherche juridique. En 2026, nous utiliserons l’IA pour l’assistance à la rédaction. Toutes les tâches que nous pouvons confier à ces outils libèreront du temps collectif et individuel pour nous concentrer sur le cœur de nos métiers, là où nous devons consacrer notre énergie. Dans ces chantiers, vous serez force de proposition et levier d’action.
Je souhaite enfin lancer une réforme de la direction de la communication et de la presse, qui doit nous permettre de développer une véritable communication d’influence à l’ère de la guerre informationnelle. Cette réforme doit se faire en lien étroit avec nos opérateurs et partenaires de l’audiovisuel extérieur français et francophone, et avec nos opérateurs plus largement.
Nous devons ensuite muscler notre capacité d’entraînement en mobilisant autour de notre action les acteurs économiques, ceux des territoires mais aussi les acteurs européens et internationaux, dans une logique de cercle d’influence. J’ai ainsi décidé de confier à Catherine Pégard, que je remercie chaleureusement, une mission portant sur la contribution des entreprises et des mécènes au financement ou cofinancement de notre action dans tous les domaines, de l’aide humanitaire aux enjeux globaux.
Je souhaite également que nous articulions de manière plus serrée la coopération décentralisée des collectivités et l’aide publique au développement, pour que nos villes, nos départements et nos régions soient davantage associés à notre action. Nous évoquerons ce sujet ce soir à l’occasion d’une rencontre dédiée et, d’ores et déjà, je souhaite que nous puissions mettre en place un suivi exhaustif et annualisé de tout ce que notre diplomatie apporte à nos territoires, sur le territoire national, au plus près des Françaises et des Français.
Enfin, pour mieux fédérer, convaincre, promouvoir nos messages, je souhaite, avec le ministre délégué, inviter au moins une fois par an l’ensemble des délégations françaises du Parlement européen au Quai d’Orsay pour faire le point sur les grandes priorités françaises.
J’en viens à notre troisième atout. C’est peut-être le plus important mais aussi le moins bien connu. Notre action au service des Françaises et des Français, dans les moments heureux comme les plus difficiles, pour répondre à leurs préoccupations du quotidien.
Vous pilotez, dans l’action consulaire, un service public envers lequel les attentes de nos concitoyens sont fortes et dont ils attendent de l’efficacité. Je connais votre engagement pour en améliorer la qualité, avec l’appui du Département, et je vous en remercie. À nos compatriotes établis hors de France, une communauté toujours plus nombreuse, vous apportez un service public de plus en plus performant.
Vous avez modernisé les modalités de vote et l’identité numérique sera bientôt déployée. Vous avez mise en œuvre la dématérialisation d’un certain nombre de démarches qui facilitent le quotidien de nos compatriotes. Vous avez amélioré les dispositifs sociaux, par exemple ceux qui nous permettent de lutter contre les violences familiales.
Lorsque nos concitoyens se trouvent dans des situations difficiles et quand, parfois, des drames viennent bouleverser leur existence, la diplomatie française est là pour leur porter secours.
J’ai à cet instant une pensée pour nos otages, que nous n’oublions pas une seule seconde. La situation de nos compatriotes otages en Iran est tout simplement inadmissible ; ils sont détenus injustement depuis plusieurs années, dans des conditions indignes qui, pour certaines, relèvent de la définition en droit international de la torture. Depuis l’élection du président Pezechkian et malgré nos efforts d’engagement au plus haut niveau, leur situation s’est dégradée. Et je le dis avec vous aux autorités iraniennes : nos otages doivent être libérés. Nos relations bilatérales et l’avenir des sanctions en dépendent. Et jusqu’à la libération complète de nos otages, je demande à nos compatriotes de ne pas se rendre en Iran.
Mesdames les ambassadrices, Messieurs les ambassadeurs, nos compatriotes établis à l’étranger peuvent aussi compter sur notre action en matière d’éducation. Grâce à vous, se développent partout dans le monde des établissements scolaires de grande qualité. Le Président en a parlé hier : plus de 600 de ces établissements, français comme francophones, permettent à leurs enfants de suivre une scolarité d’excellence. À la rentrée 2024, 25 nouveaux établissements ont rejoint ce formidable réseau, grâce à votre engagement total, du Cambodge au Maroc en passant par les États-Unis.
Et la diplomatie française est au service de nos compatriotes de bien d’autres manières pour répondre à leurs préoccupations.
Préoccupations de nos compatriotes dans les situations les plus extrêmes. Nous avons pris notre part des efforts de la Nation au chevet de Mayotte en coordonnant l’aide internationale et européenne et nous poursuivrons ces efforts sur le temps long, sous l’autorité du Premier ministre. Encore récemment, nous avons mobilisé nos moyens au service de nos compatriotes après le violent séisme au Vanuatu, comme nous l’avions fait au Liban au mois d’octobre, lorsque la situation sécuritaire s’est considérablement dégradée. Je salue à cet égard le Centre de crise et de soutien, qui veille, protège, secourt partout où le monde s’embrase.
Préoccupations de nos compatriotes en matière de sécurité. Alors qu’il y a 10 ans jour pour jour, le terrorisme islamiste ensanglantait Paris et tentait de briser la liberté d’expression, les Français peuvent compter sur la diplomatie française pour contribuer à leur protection. Je veux ici et avec vous saluer la mémoire des victimes de l’attentat de Charlie Hebdo et leur rendre hommage. Et je remercie le dessinateur Jul, véritable ambassadeur de l’humour, qui est venu croquer nos échanges ce matin, comme un hommage.
Les messages que j’ai portés en Syrie il y a quelques jours mais aussi partout dans la région visent exactement cet objectif. Nous ne baisserons pas la garde, devant quelque foyer de terrorisme potentiel que ce soit. Et à ceux qui s’offusquent que nous soyons allés rencontrer les autorités de fait en Syrie, je leur dis avec vous : la diplomatie, le dialogue, c’est la première ligne de défense des Français. C’est la première ligne de défense de nos intérêts. Et la diplomatie française tient toujours sa première ligne.
Préoccupations de nos compatriotes en matière d’immigration. Le Président de la République l’a rappelé hier. C’est une de leurs attentes les plus pressantes et nous devons être pleinement mobilisés pour contribuer à mettre en œuvre une politique migratoire efficace et une politique de visas équilibrée. Et nous sommes à la manœuvre pour cela, à travers l’action de nos consulats et de nos services de coopération. Notre action produit des résultats en matière de lutte contre l’immigration irrégulière. Mais les Français attendent de nous que nous fassions beaucoup plus. Le Président de la République nous l’a demandé hier : nous devons « aider notre pays à reprendre le contrôle » en changeant de culture. La vigilance, l’exigence et les résultats au plan bilatéral seront les conditions pour que nos politiques d’attractivité portent leurs fruits et soient audibles. C’est pourquoi nous avons consacré une rencontre à ce sujet dans le courant de cette conférence. Et c’est pourquoi je vous demande, Mesdames et Messieurs les ambassadrices et les ambassadeurs, dans vos pays, de vous saisir pleinement de cette question et de faire remonter vos propositions au Département. Notre diplomatie œuvre déjà beaucoup pour installer les meilleures coopérations possibles en matière de politique migratoire, en intégrant toutes les dimensions de nos relations bilatérales aux accords auxquels nous parvenons à aboutir. À ceux qui sont tentés de caricaturer ou de diminuer ce travail, n’opposons pas seulement notre désaccord. Faisons tout simplement la démonstration de l’efficacité de ce travail. Soyons lucides et à l’initiative quand nous devons faire mieux.
Préoccupations de nos compatriotes en matière d’emploi. Les résultats de notre politique d’attractivité et d’export sont édifiants, et je veux saluer l’arrivée récente au Quai d’Orsay de Laurent Saint-Martin, l’un des artisans de ce succès français. Deux tiers des investissements étrangers en France se portent vers les villes moyennes, là où le pays a tant souffert de la désindustrialisation des décennies passées. Et nous poursuivons ces efforts pour étendre le champ des possibles de nos entreprises comme l’a rappelé hier le Président de la République avec la grande Europe et ses 700 millions de consommateurs, en commençant par le Royaume-Uni, avec lequel nous partageons beaucoup, ou les Balkans occidentaux, en Indopacifique sur le modèle de nos coopérations acquises en matière de défense, en Amérique Latine pour les matériaux rares, et bien sûr en Afrique, continent d’opportunité et de croissance, où nous reconfigurons nos partenariats, où nous déployons activement l’agenda de Ouagadougou au service duquel nous ouvrirons cette année MansA, la Maison des mondes africains, véritable incubateur pour les industries créatives et culturelles.
Préoccupation de nos compatriotes au sujet de notre indépendance et de la sécurité de nos approvisionnements. La France est engagée à ce sujet depuis 2022, sur les recommandations du rapport Varin, dans une diplomatie de partenariats en matière de métaux critiques, qui a conduit à la mise en place de coopérations : RDC, Australie, Canada, Kazakhstan, Norvège, Japon, Brésil, Serbie, Vietnam, Maroc, Mongolie. Le Président de la République a été très clair sur ce sujet : dans chacun des pays où vous nous représentez, soyez les relais de cette stratégie, qui doit être plus offensive.
Pour traiter de toutes ces préoccupations que je viens d’évoquer, nous disposons de leviers puissants. Je pense, en premier lieu, mon cher Thani Mohamed Soilihi, à l’aide publique au développement, dont nous devons toujours rappeler, pour mieux la préserver des coupes budgétaires, qu’en accompagnant le développement dans le domaine du climat, de l’environnement, de la santé, de l’éducation, de l’égalité entre les femmes et les hommes, elle aide à bâtir un monde plus stable, plus équilibré, ce qui permet de répondre puissamment aux attentes des Françaises et des Français.

Tout cela est très bien. Mais, Mesdames et Messieurs les ambassadrices et les ambassadeurs, il ne suffit pas de faire, mais de faire toujours mieux, et, surtout, de faire savoir.
Car non, tout ce que je viens d’évoquer n’est pas su. Chacun de nous a pu s’en apercevoir lors des débats budgétaires - et je m’exprime devant des parlementaires -, où la contribution du ministère à la réponse aux attentes des Français est parfois passée sous silence. Tout le ministère, des agents en début de carrière jusqu’à à la Secrétaire générale, doit être aujourd’hui pleinement conscient de la réponse que nous apportons aux préoccupations de nos compatriotes, doit être en mesure de l’objectiver, de la caractériser le plus précisément possible et doit contribuer à la faire connaitre, à la rendre visible.
Je souhaite pour cela que nous unifions enfin la marque d’intervention des opérateurs sous Marianne et drapeau tricolore. Nos visuels de communication devront s’adapter à cette nouvelle donne.
Ensuite, je confie au CAPS un chantier qui visera à la fois à mesurer qualitativement et quantitativement l’efficacité et l’impact de notre diplomatie, mais aussi à décupler notre puissance de frappe sur les enjeux de migration, d’emploi, de sécurité des approvisionnements, d’écologie et les questions liées à la protection de nos concitoyens face au terrorisme.
Je souhaite que nous prenions l’habitude d’une communication beaucoup plus proactive vis-à-vis des élus locaux et parlementaires des bénéfices engendrés par notre action au profit de leurs territoires. Fonds européens, attractivité, export, ils seront informés au fil de l’eau par les ministres délégués et moi-même. Et je solliciterai les conseillers diplomatiques auprès des préfets de région pour cultiver ces liens dans l’esprit des initiatives impulsées par Jean-Yves Le Drian. Nous veillerons aussi, sous l’autorité du Premier ministre, à ce que les grands opérateurs publics aillent chercher les fonds européens qui sont insuffisamment mobilisés aujourd’hui. Il y a 1,6 milliards d’euros à récupérer.
Je veillerai, comme le Président de la République m’y a invité hier, à agir avec le ministre d’État, ministre chargé des outre-mer à une meilleure intégration de nos territoires ultramarins dans leur environnement régional en m’appuyant sur vous.
Après les succès déjà obtenus en matière d’accompagnement à l’export et d’attractivité, je souhaite que nous puissions étendre les missions de la diplomatie économique à l’attractivité des investissements financiers. Les fonds d’investissements français dont nous soutenons l’expansion avec l’union des marchés de capitaux, doivent pouvoir bénéficier de sommes considérables déployées aujourd’hui par les grands investisseurs souverains.
Enfin, pour nos compatriotes de l’étranger, le service France consulaire de réponse téléphonique sera étendu au monde entier d’ici la fin de l’année. Le vote par internet sera étendu à tous les scrutins, et la propagande électorale deviendra entièrement numérique. Nous dématérialiserons l’état civil et nous étendrons le pilote de renouvellement des passeports à distance, qui facilite tant la vie de nos concitoyens.
J’ai été un peu long, mais vous me pardonnerez ; j’avais tant à vous dire. Et je conclurai, cher Jul, par un dessin. « Le vrai visage de la paix », réalisé à quatre mains par Picasso et Eluard, qui nous adressait une invitation :
« Nous fuirons le repos, nous fuirons le sommeil
Nous prendrons de vitesse l’aube et le printemps
Et nous préparerons des jours et des saisons
À la mesure de nos rêves. »
Pour y parvenir, notre pays peut compter sur des équipes d’exception, pilotées et animées par vous, ambassadrices et ambassadeurs. Sur sa voix singulière, sur sa puissance créative, sur son orientation au service des Français. Autant d’atouts que je veillerai, avec vous, à renforcer pour promouvoir les intérêts de notre pays, de notre Europe, pour que vive la République, et que vive la France.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> Il y a dix ans, le 7 janvier 2015, la rédaction de Charlie Hebdo était frappée par le terrorisme islamiste. Douze vies étaient tragiquement fauchées ce jour-là, et cet acte de barbarie bouleversait la France et le monde entier. Ce n’était pas seulement un journal qui était visé, mais un principe fondamental de notre démocratie : la liberté d’expression. C'était toute la France qui était attaquée, et avec elle sa liberté de penser, de critiquer, de rire.
Mais la France a tenu bon. Parce qu’au cœur de notre diversité, de nos différences, il existe une force collective : celle des valeurs républicaines. Nous avons face et nous avons tenu bon. Je n’oublie pas ce moment où le temps s’est arrêté. Ce moment où nous sommes massivement descendus dans les rues pour dire «Je suis Charlie». Cette manifestation où mon fils de 8 ans avait réclamé d’aller « parce que c’était important pour lui ». Où, pour la première fois, j’ai marché avec lui et mes parents, que je n’avais jamais vus manifester, unis. Comme beaucoup d’autres familles. Comme des millions de Français, avec au cœur la fierté de l’être. « Nous sommes un peuple » titrait si justement Libération. Debout.
Face à la barbarie. Face à l’intolérance. Face à la terreur. 10 ans après je veux me dire que cette force est toujours là. Que la mémoire des victimes, le souvenir de la douleur, le courage, la solidarité sont toujours là. Que ce qui nous a révolté face à l’attaque de l’hypercasher est toujours là. La liberté, l’égalité et la fraternité ne sont pas seulement des mots gravés sur le fronton de nos institutions. Ce sont des acquis fragiles qu’il appartient à chaque génération de protéger et de transmettre.
Restons encore et toujours Charlie.

 

Patrick Mignola (ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Relations avec le Parlement)
> Toujours Charlie. Hier, aujourd'hui, comme demain.

 

Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations)
> Il y a 10 ans, à la rédaction de Charlie Hebdo, à Montrouge, à l'Hyper Cacher, des femmes et des hommes étaient assassinés. Pris pour cibles pour ce qu'ils incarnaient : la liberté, le droit à la caricature et au blasphème. Pris pour cibles pour ce qu'ils étaient : Juifs, policiers, militaires, journalistes, dessinateurs. Ni oubli, ni peur, ni pardon ne doivent gagner. Un seul rempart : la République.

> À Charlie, à tous ceux qui défendent le droit au blasphème et celui de critiquer les religions. Ces libertés doivent chaque jour être réaffirmées et protégées.

 

Astrid Panosyan-Bouvet (ministre déléguée auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargée du Travail et de l’Emploi)
> Ce que nous a rappelé Charlie, c’est que ce que nous croyons immuable est fragile et le bonheur ne fait de bruit que quand il tombe. Il est nécessaire aujourd’hui de renforcer la sensibilisation de la jeunesse de notre pays aux valeurs de laïcité et de liberté d’expression qui s’inscrivent dans la culture française.

> En France, le taux d’activité est inférieur de 100h par an à la moyenne de l’UE. Nous sommes également derrière en termes d’emploi des jeunes et des seniors. Il y a donc deux 2 sujets : le travail tout au long de la vie, et le coût du travail élevé, qui creuse l’écart entre le salaire brut le salaire perçu par l’employé.

> Il faut arrêter avec les fantasmes : les 15 heures d’activité, ce n'est pas du travail forcé, ni du travail gratuit. C’est un accompagnement renforcé : aide à la rédaction des CV, formation, immersion en entreprise… Les expérimentations le montrent, les bénéficiaires du RSA se sentent considérés et accompagnés. Cet accompagnement, c’est aussi la recherche de solutions à des freins à l’emploi comme le transport, la garde d’enfants, la santé...

> Les expérimentations sur la réforme de l'accompagnement des bénéficiaires du RSA donnent de très bons résultats : sur 70 000 personnes, 42% sortent du RSA. Le succès c'est aussi, pour ceux qui sont accompagnés, un gain en confiance et en estime de soi.

> Les sanctions liées au RSA ne sont pas nouvelles, elles existent déjà. J'ai souhaité que ce soient les conseils départementaux qui gardent la main dessus comme c'est le cas aujourd'hui, pour déterminer les barèmes les plus adaptés aux situations individuelles.

> Sur la réforme des retraites, il y a d’abord besoin d’un diagnostic partagé et d'une vraie discussion avec les partenaires sociaux.

> Les images du nouvel an à Damas témoignent de l’espoir réel, même s'il reste fragile, d’une transition politique en Syrie qui inclurait la société civile, les femmes et minorités religieuses.

 

Amélie de Montchalin (ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique, chargée des Comptes publics)
> [Situation des agriculteurs] Ce que je peux garantir, c'est que le Gouvernement, avec Annie Genevard, la ministre de l'agriculture, la première mesure que nous avons prise après notre installation, et c'est, d'ailleurs, le premier communiqué que j'ai signé au ministère avec Eric Lombard, le ministre de l'économie et des finances, c'est pour les agriculteurs. C'est pour leur dire que nous, le Gouvernement, dès que le budget sera voté, on mettra en œuvre toutes les mesures, que ce soit sur la transmission, sur les vaches laitières, sur le gazole non routier, sur toutes les aides qui ont été négociées depuis, maintenant, plusieurs années, certaines qui ont tardé à être mises en œuvre. Et au fond, les agriculteurs ont dit une chose, c'est qu'ils sont, comme beaucoup de Français, dans l'attente d'un budget, parce qu'ils voient l'urgence et voient, notre côté, de l'attentisme qui a été créé par la censure et par l'absence de budget.

> S'il n'y a pas de Budget, nous, on peut faire des choses d'urgence, mais tous les mécanismes de soutien à la trésorerie, à l'investissement, à la transmission, à l'installation des agriculteurs, cela demande un budget et c'est pour cela que vous le savez. Avec Éric Lombard, nous recevons toutes les forces politiques, parce que nous devons trouver un compromis pour avoir, le plus vite possible, un cadre qui redonne un cap aux Français. Les agriculteurs sont dans la situation, il y a les patrons de PME, les artisans, tout le monde. (…) Et cela a une conséquence sur l'économie. Et, donc, plus on attend, plus l'économie ralentit et plus ce sera difficile. C'est bien pour cela qu'on veut agir vite et agir bien.

> Aujourd'hui, il faut qu'on ait un appel collectif de toutes les forces politiques, à la responsabilité. Il y a eu la censure. Certains ont voulu bloquer, certains ont pensé que ça allait donner des solutions au pays. Je peux vous dire que depuis six jours, nous n'avons pas de budget en France et je peux vous dire qu'aujourd'hui, je crois que beaucoup de Français et donc j'espère, beaucoup de responsables politiques, voient que nous avons besoin d'un sursaut collectif. Si on est responsable, aujourd'hui, vouloir jouer politiquement la carte de l'immobilisme, le blocage, la rupture avec la vie concrète, c'est être déconnecté. Moi, je suis fondamentalement convaincu. (…)
Je ne regarde pas les étiquettes, Je regarde le sens des responsabilités des parlementaires. Je suis convaincu, et je le dis avec beaucoup de lucidité, que nous avons la capacité de trouver, à l'Assemblée, une majorité de députés qui considèrent que leur devoir, c'est de soutenir un Budget. Ce ne sera un budget de compromis, ce ne sera pas le budget de la Droite, ce ne sera pas le budget de la Gauche, ce ne sera pas le budget du Centre, ce ne sera pas le budget du Gouvernement, ce sera le Budget du pays dont nous avons besoin maintenant.

> Il y a le budget 2025. Mais il y aura aussi plein d'efforts à faire en 2026, en 2027, en 2028. Pourquoi ? Parce que, d'ici 2029, il faut que nous soyons revenus aux 3% de déficit. Pas parce que c'est une idéologie et parce que si nous ne revenons pas là, nous ne serons plus capables le jour où il y aura une prochaine crise. Et puis quatre ans, il y a eu le covid19, il y a eu l'inflation, il y a eu la guerre en Ukraine, pourquoi on a pu faire face ? Parce que nous avions assaini les comptes avant d'autres objectifs. En 2018, le déficit, c'était 2,3%, donc on l'a déjà fait. Il faut refaire cet effort pour que le jour où une nouvelle crise arrive, eh bien, nous soyons en capacité d'y faire face. Et donc oui, nous allons présenter des mesures d'économies parce que notre boussole, c'est que la solution, ce n'est pas de taper sur le pouvoir d'achat des Français. La solution, ce n'est pas des impôts sur les classes moyennes. La solution, c'est de faire des économies et des économies pour rendre l'argent public efficace partout, ligne à ligne politique, pas politique. Vous avez des tonnes de gens très respectables à la Cour des comptes, dans les inspections des ministères, au Parlement qui font des rapports toute l'année.

> Aujourd'hui, on n'a pas le choix, on n'a pas le luxe d'attendre, on n'a pas le luxe de dire, «les rapports, on va faire une petite pile et puis on attendra plus tard». Aujourd'hui, on doit, on peut faire des économies, on doit faire plus.

> On vise, d'abord, à rattraper l'impôt sur les sociétés, qui n'a pas été payé par les très grandes entreprises en 2023-2024, pour des raisons qui sont complexes. Mais, il y a un rattrapage nécessaire. Cet impôt exceptionnel, il va avoir lieu, on va le mettre en place. Il y avait aussi des propositions sur les hauts revenus. Ma conviction, c'est qu'on ne veut pas créer des impôts nouveaux. Mais pour les hauts revenus, tout le monde doit payer sa part. J'ai une conviction, je crois, qui est très partagée par tout le monde, c'est que pour que le système fonctionne, tout le monde doit payer l'impôt qui est sur la table. (…)
Il faut qu'on puisse, potentiellement, changer les règles pour vérifier que tout le monde paye sa juste part d'impôt. C'est la condition de cette contribution différentielle sur les hauts revenus.

> Il y a un sujet où il y a une majorité au Parlement, il y a un sujet sans chercher des consultations très compliquées, c'est la lutte contre la sur-optimisation fiscale et la lutte contre la fraude. Je prendrai, dans les prochaines semaines, un plan d'action très concret, très ambitieux. Les parlementaires ont beaucoup travaillé. Ils peuvent compter sur moi parce qu'on a besoin, et vous venez d'en montrer un exemple, de nous assurer que tout le monde paye. Parce que ce qui rend les Français dans la défiance, c'est de se dire qu’il y a des impôts, mais il y a manifestement certains qui ne payent pas, ça, on doit lutter contre pour les hauts revenus qui parfois sur optimisent et pour tous les fraudeurs, pour tous les trafiquants. Ma main ne tremblera pas. Le parlement, sur ce sujet, a des accords trans-partisans et je peux vous dire que j'irai chercher des majorités.

> Chaque ministre, aujourd'hui, a une mission, contribuer au rééquilibrage des comptes. Donc soit c'est des nouvelles recettes. Vous voyez que notre conviction, c'est que comme on veut, le pouvoir d'achat, ce n'est pas vraiment la piste qu'on privilégie. C'est pour ça qu'on ne privilégie pas du tout la hausse de TVA. C'est pour ça qu'on ne privilégie pas d'aller créer des impôts à toute vitesse. Mais chaque ministre a la responsabilité. Qu'est ce qui peut être fait sur les recettes à la marge s'il y a besoin ? Mais surtout, qu'est-ce qu'il peut faire en économie ? Et chaque ministre, ensuite, viendra présenter sa copie. Et vous voyez, ce n'est pas dans mon bureau que je vais, d'un trait de plume rayer, telle ou telle politique.

> Cette semaine, on consulte les forces politiques. Je fais la même chose sur la Sécurité sociale, qui est aussi un budget essentiel pour les Français. Vous savez que la santé finira à l'année 2024 avec un déficit de 15 milliards. Ce n'est pas moins important que le budget de l'Etat et donc la santé au travail. (…) On commence ensuite à nouveau le travail parlementaire mi-janvier et on vise d'avoir un budget, on espère, courant février pour que, au plus tard fin février, les Français sortent de l'incertitude, sort de l'immobilisme et que les agriculteurs et tous les autres y voient clair. Et c'est comme ça qu'on agit. Donc c'est à la fois une course contre la montre, mais on le doit aux Français, on le doit en responsabilité.

> Cette deuxième journée de consultations sur le Budget a démontré, une fois encore, le sens des responsabilités partagées des forces politiques que nous recevons face à l’urgence et la gravité de la situation. (…) La voie du compromis est la seule possible au service de notre pays.

 

Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique, chargé de l’Industrie et de l’Energie)
> Il y’a dix ans la liberté était attaquée par la barbarie islamiste. Nous n’oublions pas.

> J’ai eu l’occasion d’échanger avec Jean-Pierre Raffarin, président de la fondation Prospective et innovation et de profiter de son expérience pour aborder les enjeux comme la nécessité de stabilité et de réflexions à long terme. Ces éléments sont essentiels pour offrir perspective et visibilité à nos industriels, dans un contexte où anticiper et s’adapter aux mutations est plus important que jamais.

> Avec son électricité nucléaire, fruit d’un pari industriel lancé il y a 50 ans, la France est un champion mondial de l’énergie décarbonée. Il est essentiel de s'appuyer sur un mix équilibré entre nucléaire et renouvelables. Nos industries ont besoin d’un mix équilibré entre nucléaire et renouvelables pour rester compétitives.

> Nous agissons pour la relocalisation des médicaments essentiels. Dans un contexte de concurrence internationale de plus en plus forte, renforcer notre souveraineté sanitaire est un impératif.

> L’industrie peut attirer des jeunes : 70 000 postes restent vacants. Les métiers d'aujourd'hui sont modernes, décarbonés et porteurs de sens, avec des conditions de travail en constante amélioration.

 

Nathalie Delattre (ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique, chargée du Tourisme)
> Il y a 10 ans, l’horreur frappait Charlie Hebdo. Nous pensons aux victimes, à leurs proches. La liberté d'expression est un pilier de notre République. Nous la protègerons, toujours. Nous n’oublions pas.

 

Patricia Mirallès (ministre déléguée auprès du ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants)
> Rire, dessiner, penser : ce sont nos libertés qu’aucune barbarie ne pourra menacer. Dix ans après, nous nous battons tous les jours pour notre liberté.

 

Juliette Méadel (ministre déléguée auprès du ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation chargée de la Ville)
> Il y a 10 ans, le terrorisme islamiste ravageait la rédaction de Charlie hebdo, tuait Clarissa Jean-Philippe à Montrouge et assassinait à Vincennes, à l’hypercacher. Pour les victimes la souffrance est quotidienne depuis janvier 2015, je pense à elles. Le totalitarisme islamiste ne passera pas en République française.

> > [Etre Charlie, aujourd'hui] C'est être fier de ce que la République française a construit depuis toutes ces années, où nous sommes une république qui accueille, qui intègre, mais qui est aussi exigeante sur le respect de nos quatre principes. La liberté, l'égalité, la fraternité, la laïcité, moi je ne choisis pas, je veux les quatre, et c'est ça être Charlie. Et c'est partager cet idéal. Pourquoi ? Parce que c'est ce qui nous permet de vivre en paix, c'est ce qui nous permet aussi, qui permet à chacun, de vivre sa religion comme il l'entend. Mais la religion, c'est à la maison, et c'est aussi ce qui nous permet d'accueillir la différence. On accueille à condition que le cadre républicain soit respecté. C'est un modèle dont, moi, je suis fière. Je sais qu'à l'étranger, on ne comprend pas notre laïcité, notre fraternité, mais j'en suis fière parce qu'accueillir la différence, l'intégrer, c'est partager cet idéal républicain, et c'est faire de nous, en fait, une nation unie. Et c'est ça qui m'inquiète, aujourd'hui. Donc je me demande si, aujourd'hui, nous aurions la force d'être à nouveau Charlie. Est-ce que nous sommes…

> La liberté d'expression, c'est l'un des biens que nous avons de plus cher en démocratie, et nous devons la chérir.

> LFI a délaissé la laïcité, et quand on compare l'attitude de Jean-Luc Mélenchon au moment des attentats de Charlie Hebdo, et le Jean-Luc Mélenchon, d'aujourd'hui, il n'a plus rien à voir. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, non seulement, ils prennent des distances par rapport à la laïcité, mais ils font entrer le fait religieux dans le débat public et politique (…) volontairement, en s'adressant à des catégories. Mais bien entendu, en s'adressant à des catégories. Ce qui est d'ailleurs, en fait, quand on regarde bien, ce qui est insultant, aucun citoyen de France ne veut, aujourd'hui, se revendiquer sur des discriminations religieuses. Les musulmans de France, si tant est qu'il y ait une communauté, je ne crois pas, il n'y a qu'une seule communauté la France, mais admettons, aujourd'hui, n'ont aucune envie qu'on les distingue et qu'on les désigne selon leur religion. La plupart ont envie de vivre, et sont d'abord des citoyens français, mais n'ont aucune envie d'être assimilés à une petite fraction d'islamistes.

> Je pense qu'il [Mélenchon] insère et il essaie de fracturer la République avec toutes les différences possibles en les exacerbant. La différence religieuse, la différence sociale, il exacerbe toutes nos fractures, et je pense qu'au lieu d'essayer, au contraire, de lutter contre les inégalités, de résorber les fractures, il les accentue. Mais il n'est pas le seul, il n'est pas le seul, le Rassemblement national fait ça aussi. (…)
Il instrumentalise une forme de, parfois oui, de désespérance sociale, qui s'explique par toute une série de raisons, qu'il l'instrumentalise, mais ce faisant, il emboîte le pas aussi d'une forme de radicalité religieuse. Et c'est pour ça que je lui en veux, parce qu'il jette l'opprobre sur une partie de la population qui n'a pas besoin d'être pointée du doigt. Et d'ailleurs, en faisant ça, en réalité, il complète la démarche de Marine Le Pen, qui, pour une partie de ses soutiens, discrimine aussi selon les origines. Et moi, vous voyez, ce qui me pose problème, c'est que je ne veux pas m'adresser aux citoyens de France en pointant leur origine, que ce soit leur origine nationale, religieuse. Non, vous êtes en France, vous êtes en situation régulière, vous payez vos impôts, vous travaillez, vous êtes conformes à la loi, vous êtes français, on ne vous demande pas d'où vous venez, quelle est votre religion. La religion, encore une fois, c'est à la maison, et on s'adresse à vous comme un citoyen français.

> Il faut lutter sans aucune précaution, si ce n'est le cadre légal, contre les mouvements islamistes qui tendent, qui sont des mouvements politiques. Soyons tout à fait clairs, l'islamisme fondamental est un mouvement politique, qui est d'ailleurs destiné à fracturer notre pays, ce que nous avons vécu depuis 2012, parce que les attentats terroristes qui font entrer la France dans les années noires, on peut commencer à 2012, même si on pourrait commencer avant 2012, c'est Toulouse, c'est Montauban, c'est l'école aux Aratoras, c'est cette petite fille qui est tuée à bout portant par le terroriste. En réalité, c'est une guerre idéologique contre notre modèle démocratique, républicain et laïc. Ce n'est pas de la religion, c'est de l'instrumentalisation de la religion à des fins politiques de déstabilisation de la France.

> Depuis la dernière motion de censure, nous avons payé, nous sommes en train de payer, nous, contribuables citoyens, le prix de cette censure. Alors la censure, c'est une expression normale et légitime de la démocratie, mais ça a un prix économique, ça a un prix dans la stabilité politique du pays et maintenant, il faut que nous arrivions à de la stabilité. Le président de la République a été élu jusqu'à 2027, il est indispensable de permettre, maintenant, aux institutions de fonctionner, ne serait-ce que pour que les agriculteurs puissent être payés, pour que, ce qui concerne mon sujet, qui est la politique de la ville, les associations puissent recevoir leurs subventions dans les quartiers, pour qu'on puisse, à nouveau, faire fonctionner correctement, notamment les conditions de vie dans les immeubles, et puis que tous les services publics fonctionnent.

> Je suis aussi une femme de gauche qui veut construire, qui veut aider le Premier ministre à pouvoir mener son projet à bien, et pour cela, je ne peux pas croire que tout le PS s'enferme dans une posture d'insoumis qui cherchent le chaos. Je sais, aujourd'hui, que j'ai d'anciens camarades qui veulent construire.

> [Opposition à la loi immigration] Toujours aussi fermement, pas toute la loi, parce qu'il y avait des choses bien dans la loi, mais surtout la préférence nationale. (…) Le Premier ministre a dit, avant même de constituer son gouvernement, qu'il souhaitait une conférence sociale sur la réforme des retraites. Il l'a dit. (…) L'ancien président de la République, François Hollande, vient de dire, a dit hier, qu'il était favorable à des discussions, qu'il était aussi favorable évidemment à une conférence sociale, et que bien évidemment, il ne fallait pas déstabiliser le gouvernement de ce pays, et encore moins le président de la République, Jusqu'en 2027. C'est une attitude responsable, qui est l'attitude d'un ancien président, et j'espère qu'elle sera durable.

> Si les socialistes veulent éviter de donner trop d'importance au Rassemblement national, et bien qu'ils prennent leurs responsabilités. Moi je suis venue dans ce gouvernement, aussi parce que j'ai entendu ce qu'ont dit les Français aux élections législatives, ils ont dit qu'ils ne voulaient pas donner le pouvoir au Rassemblement national. Et bien donc le Parti socialiste, sa responsabilité, en jouant son rôle constructif, en venant discuter, en travaillant, en essayant d'améliorer les projets, son rôle c'est d'éviter que le Gouvernement ne dépende de la censure du Front national, du Rassemblement national.

> La politique de la ville c'est surtout des zones de France, qui sont des zones à la fois denses, mais pas tant que ça, mais surtout pauvres, frappées par la pauvreté, mais également frappées par la difficulté d'avoir accès aux services publics. Alors, le service public, aujourd'hui, dans ces quartiers politiques de la ville, il est assumé par tous les autres ministres, l'éducation, la santé, etc. Mais ce que fait le ministre de la ville, c'est non seulement qu'il impulse, mais il soutient les associations.

> [Rénovation urbaine] Il s'agit dans les quartiers politiques de la ville, c'est-à-dire ces quartiers, encore une fois, pauvres, qui donnent lieu à des contrats. Il y a aujourd'hui 1 600 contrats partout en France signés entre l'État, les communes et les associations dans ces quartiers. Ces quartiers-là, ils doivent être privilégiés, soutenus, non pas privilégiés, mais soutenus davantage par les pouvoirs publics parce qu'ils sont en situation de grande pauvreté. Qu'est-ce que c'est l'argent de la politique de la ville ? Aujourd'hui, c'est à peu près 12 milliards d'euros avec ce qu'on appelle la rénovation urbaine, c'est-à-dire qu'on reconstruit des immeubles qui sont en décrépitude. Cet argent-là, il sert à améliorer les conditions de vie quotidiennes. Mais il n'y a pas que ça. L'État et les communes utilisent vos impôts pour aider les bailleurs sociaux, c'est-à-dire ceux qui entretiennent votre immeuble dans lequel vous vivez, quand vous vivez, par exemple, dans un logement social, en échange d'une obligation d'entretien. Il faut que les ascenseurs fonctionnent, il faut que les poubelles soient bien relevées, que les boîtes aux lettres soient sécurisées, bref, que vous puissiez, tous les matins, vivre tranquillement, que vous puissiez sortir de chez vous sans être menacé par du trafic de drogue. Eh bien, en échange d'une aide de 315 millions d'euros, les bailleurs sociaux doivent entretenir correctement ces immeubles.

> Un euro dépensé doit être un euro utile. On est dans une période difficile sur le plan budgétaire. Il faut que l'argent public soit bien utilisé. Cette somme de 315 millions d'euros, c'est une somme qui pèse sur quoi ? Sur le budget des communes et sur le budget de l'État. Alors, attention. Heureusement que les bailleurs sociaux sont là, parce qu'ils ont un rôle fondamental, que la vie n'est pas toujours facile pour eux sur le plan économique. Mais la seule chose que je leur demande, c'est faites le job pour lequel vous avez une aide publique, faites-le.

> J'étais à Clichy, à Montfermeil, et j'étais dans le Val d'Oise à Argenteuil, encore avant-hier. J'ai constaté, dans certains immeubles, que les trafiquants s'installent, font des trous dans les murs pour cacher la drogue, et installent, dans les sous-sols, des supermarchés de la drogue. Mais heureusement, l'État est là, l'État veille, et on lutte contre ça. Ce n'est pas facile, attention. Mais c'est ça qui pourrit la vie des habitants. Et donc, il faut une présence. La présence des bailleurs sociaux, elle est indispensable, parce qu'ils mettent des systèmes de gardiennage, ils mettent des systèmes même de surveillance, de propreté. Quand les ascenseurs tombent en panne tous les deux jours, moi j'en ai discuté avec les habitants, hier, c'est insupportable. Donc maintenant, moi, je souhaite que les bailleurs sociaux fassent leur job. Il faut que les ascenseurs fonctionnent, il faut que ce soit propre, il faut que les boîtes aux lettres ferment, c'est simple. C'est ça la ministre de la Ville. Si je dois être la ministre des ascenseurs qui marche, je serai la ministre des ascenseurs qui marche.

 

Laurent Saint-Martin (ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger)
> Dix ans après : nous sommes et serons toujours Charlie.

> À tous nos ambassadeurs, l'audace et la stabilité s'imposent comme moteurs de notre action. L’audace pour défendre nos entreprises face aux pratiques déloyales, la stabilité pour maintenir l’attractivité de la France. Continuons à construire un avenir économique prospère.

 

Thani Mohamed Soilihi (ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères chargé de la Francophonie et des Partenariats internationaux)
> Il y a 10 ans, le terrorisme frappait notre pays au cœur. 10 ans plus tard, nous demeurons animés par la force de rire, la défense de la laïcité, la liberté de penser. Hier comme aujourd’hui, je suis Charlie.

> En 2025, au service de la France, nous défendrons un agenda ambitieux pour notre politique de développement: visibilité, efficacité et impact de l’aide, influence, soutien aux pays les plus pauvres, appui aux pays fragiles et en crise, climat, égalité femmes hommes, promotion de la francophonie, nous serons collectivement au rendez-vous.

> Piliers de la lutte contre l’extrême pauvreté et vecteurs d’influence au service de nos intérêts, nos investissements solidaires sont aussi la réponse de la France aux défis mondiaux. Ils nous permettent de tenir notre rang et nos responsabilités sur la scène internationale. Nos travaux ont permis d’identifier les axes pour mieux faire, mieux faire savoir et accroître l’impact de notre aide.

> Protection, prospérité, capacité à agir face aux grands défis globaux : le cap est clair et tout l’appareil diplomatique va y concourir.

 

Autres ministres
Gérald Darmanin (ministre d’Etat, garde des sceaux, ministre de la Justice)
> [Lutte contre les narcotrafiquants] Il faut tout revoir et il faut faire ce que nous avons fait contre le terrorisme. Il y a une dizaine d'années, nous avons changé notre paradigme sur le terrorisme en ayant beaucoup plus de services de renseignement - on n'a pas de renseignement criminel aujourd'hui ou quasiment pas - en ayant un parquet des juges spécialisés - ce que nous n'avons pas tout à fait aujourd'hui… (…)
Il faut
avoir des enquêteurs spécialisés, beaucoup plus nombreux ; travailler beaucoup sur les saisies et confiscations, ce que nous ne faisons pas assez du tout ; travailler en coopération internationale. Quand j'étais ministre de l'Intérieur, nous constations que sur les 50 plus grands trafiquants de drogue, plus d'une quarantaine étaient à l'étranger et donc qui continuent leur trafic de l'étranger, qui continuent une partie de leur trafic en prison, pour ceux qui sont en prison. Il y a déjà 17 000 détenus pour trafic de stups dans nos prisons. Mais une grande partie d'entre eux continuent à communiquer à l'extérieur, ce qui est évidemment inacceptable. Et puis, bien évidemment, en luttant extrêmement fortement contre la corruption et les menaces qui touchent nos agents publics.

> Il n'y a pas eu de construction de prison, ou très peu ; 4 000 places en net de plus. Et nous avons une Justice qui, contrairement à ce que l'on peut penser parfois, ne manque pas d'avoir la main lourde sur les trafiquants de stupéfiants, mais dont la plupart des personnes, par manque d'audience, c'est-à-dire par manque de comparution et de jugement, mettent beaucoup trop de temps à être jugées. Il y a des affaires criminelles à Paris, c'est 11 années d'attente pour être jugée. Et deuxièmement, sont libérées de leur détention provisoire parce que nous ne sommes pas capables de faire de l'audiencement dans la justice. Rien ne va dans le ministère qui m'appartient sur cette question de la drogue. Quand vous mettez quasiment plus d'une dizaine d'années pour juger quelques affaires, quand vous avez dans les Bouches-du-Rhône plus de 200 procès d'assises en attente, quand vous avez des milliers de personnes qui attendent leur bracelet électronique, et quand le travail de certains avocats - pas tous évidemment - il y a une minorité, c'est de travailler non pas à l'innocence de leurs clients, mais d'emboliser la chambre de l'instruction, d'emboliser le processus judiciaire pour libérer des détentions provisoires des personnes parce qu'on sait qu'elles ne seront plus ou pas jugées, on voit bien que le travail des forces de l'ordre est assez inefficace. (…)
Rien ne fonctionne correctement. Et dans le fait que ça ne fonctionne pas correctement, il y a la surpopulation carcérale et le manque d'isolement des individus les plus dangereux. D'abord, il ne faut pas traiter tous les détenus, pareil. Il y a des détenus dangereux qui continuent leur trafic, qui commandent des assassinats, et puis il y a des gens qui purgent leur peine et qui vont tout à fait pouvoir se réinsérer dans la société. L'erreur de la prison française, c'est de mettre les détenus condamnés dans les mêmes prisons partout.

> Il faut faire, pour ceux qui ont des très courtes peines et de courtes peines, des gens qui peuvent se réinsérer des prisons à taille humaine, qu'on peut construire plus facilement, où on peut accepter des communications avec l'extérieur pour une vie privée et familiale. Et puis, il y a ceux qui sont des vrais trafiquants, qui commandent des assassinats, qui menacent des juges, qui menacent des policiers, qui menacent des agents pénitentiaires, des journalistes, des avocats, avec des assassinats comme aux Pays-Bas ou en Belgique. Alors ceux-là, il faut les isoler bien plus.

> Je vais demander quatre choses. D'abord, que toute violence faite contre les forces de l'ordre, contre les agents pénitentiaires, contre les magistrats, contre les élus, contre tous ceux qui sont dépositaires de l'autorité publique soient poursuivis avec la plus grande fermeté. Ce n'est pas encore tout à fait le cas. La deuxième des choses, c'est lutter contre les violences faites aux femmes et aux enfants qui se multiplient dans notre pays. Je voudrais d'ailleurs attirer votre attention sur le continent caché que sont les violences faites aux enfants qui sera sans doute le prochain scandale de politique publique que nous n'avons pas su régler. Il faut régler absolument cela. C'est souvent dans le même cocon familial qu'on s'en prend à la femme et aux enfants. Troisièmement, le narcobanditisme doit être la priorité absolue et notamment les saisies-confiscations. Ce qui m'intéresse, c'est de taper au portefeuille. La vérité aujourd'hui, c'est qu'une partie de nos condamnés ou de nos trafiquants s'en fichent de la prison et considèrent que c'est un mal nécessaire dans leur fonctionnement de vie. En revanche, ce qui leur fait de mal ce sont les saisies et les confiscations. Le trafic de stups en France, c'est entre 3 et 6 milliards d'euros par an. Nous saisissons un peu plus d'un milliard et nous confisquons un peu moins de 400 millions d'euros. > Il y a 9 procureurs de la République qui s'occupent du grand banditisme en région Île-de-France, notamment dans le ressort du parquet de Paris. Bon, chacun voit que ce n'est pas assez. Il faut que nous mettions des personnes à la bonne place. Il n'y a que 8 000 magistrats en France quand il y a 250 000 policiers et gendarmes. Il ne faut pas s'étonner que la justice soit lente. Et les magistrats ont besoin d'avoir des moyens pour travailler. Donc oui, nous demandons des moyens supplémentaires.

> Il faut bien comprendre que le budget de la Justice, c'est 2% du budget de l'Etat avec quelques millions d'euros de plus, je sais que c'est beaucoup pour les Français, mais nous faisons des miracles, le ministère de la Justice. Tous les jours, les magistrats, les greffiers, le ministère de la Justice font des miracles. Mais il faut continuer à en faire pour qu'on n'ait pas 200 procès d'assises en attente dans les Bouches-du-Rhône, il y a 200 procès d'assises en attente. Il y a 1 500 personnes dans les Bouches-du-Rhône qui attendent leur brasse électronique. Il faut que les peines soient exécutées ; pour ça, il faut des moyens.

> [Revenir sur le droit du sol] Je l'ai demandé, désormais il y a quasiment un an. Il y avait beaucoup de gens dans le Gouvernement et en dehors du Gouvernement qui le critiquaient à l'époque ou qui ne l'ont pas poussé au Parlement. Je constate qu'il y a beaucoup désormais de convertis dans cette question du droit du sol. Il faut évidemment, à Mayotte et en Guyane, revenir sur le droit du sol. Ce n'est pas possible de continuer à avoir plus de 60-70% de parents non français qui donnent naissance à Mayotte. Ce n'est pas bon pour les Mahorais. Ce n'est pas bon pour les personnes qui viennent sur le sol Mahorais parce qu'on leur fait croire qu'ils ont un eldorado et après ils vivent dans les bangas de manière tout à fait inacceptable et inhumaine. Il faut donc arrêter les bons sentiments et être réaliste. Donc il faut mettre fin au droit du sol à Mayotte et en Guyane.

 

Eric Lombard (ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique)
> [Devenir ministre] C'est parce que c'est difficile que j'ai accepté le défi. Avant de l'accepter, j'ai eu trois entretiens avec le Premier ministre pour parler de la ligne politique qu'il allait suivre, pour parler des défis et de la façon de travailler. Et pourquoi est-ce que j'ai accepté ? Aujourd'hui, la France n'a pas de budget. On est le 6 janvier, je peux déjà vous dire que c'est une situation inconfortable. Le 31 décembre, avec la ministre des Comptes publics on a signé une communication permettant de lancer un certain nombre de sujets, de maintenir un certain nombre de situations en place, notamment, par exemple, je pense aux agriculteurs qui défilent aujourd'hui, et pour lesquels, dans ce budget, dans ce projet de budget, il y a des mesures qui sont prévues. Mais pour qu'elles s'appliquent, il faut bien que le budget soit voté. Donc c'est important que ce budget soit voté. Pour ça, il faut dialoguer. Et ce que j'ai enrichi dans mon parcours à la Caisse des dépôts, c'est des liens avec l'ensemble des partis politiques, avec l'ensemble des acteurs politiques, une capacité de dialogue que je veux mettre au service des Françaises et des Français, pour parvenir à un accord ou, à minima, un accord de non-censure, pour que, dans les meilleurs délais, notre pays ait un budget. Et il y a des situations, quand on vous demande de vous engager, eh bien, la responsabilité commande de dire oui, c'est ce que j'ai fait.

> Quand on est nommé ministre de l'Economie et des Finances. On a des pouvoirs importants que j'aborde avec humilité, c'est au service des Françaises et des Français, et ça donne des grandes responsabilités. La responsabilité, là, c'est que le Budget soit voté pour que les Françaises et les Français bénéficient de services publics qui ne soient pas en service minimum, ce qui va être un petit peu le cas dans les semaines qui viennent. (…)
Le Gouvernement a fait passer une loi spéciale qui permet d'être sous le régime des services votés. Et donc, les budgets qui avaient été votés pour 2024 peuvent continuer à s'appliquer. L'administration fonctionne, la Sécurité sociale fait ses remboursements, les fonctionnaires de la République, que je remercie de leur engagement, sont évidemment rémunérés, mais on ne peut pas engager de nouveaux projets, de nouvelles politiques, ce qui est quand même très embêtant quand on est dans un Gouvernement.

> Nous avons accumulé, au cours des dernières années, plus de 3 000 milliards d'euros de dettes. Ça va nous coûter plus de 50 milliards d'euros par an. Le service de la dette, les intérêts que nous versons à nos créanciers, c'est le deuxième budget de l'État. C'est quoi cette dette ? C'est quelque chose que nous allons léguer à nos enfants. Quand on est une famille, on ne veut pas léguer des dettes à ses enfants, on veut leur léguer un petit peu de biens, un petit peu de patrimoine quand on en a. Et nous, on va léguer 3 000 milliards de dettes à nos enfants. C'est insupportable. C'est grave. Donc, il est impératif de modifier notre trajectoire. La dette vient des déficits parce que nos trois fonctions publiques sont en déficit : la sécurité sociale, la collectivité locale et l'État. Elles sont toutes en déficit. Donc il faut traiter sérieusement ce sujet pour inverser l'évolution de nos finances publiques, que le déficit décroisse progressivement de façon à ce qu'en 2029 - et nous nous y sommes engagés - on atteigne les 3%. Et les 3%, ce n'est pas une règle européenne, c'est une règle de bonne gestion des finances publiques de notre pays.

> En 2024, le déficit sera probablement autour de 6,1% de la richesse nationale. Un ajustement se mesure en écart. Si on vise 5%, c'est un écart de plus de 1%, c'est considérable ; je pense que c'est trop. Parce qu'il faut aussi soutenir l'économie. Moi, je pense à nos entreprises qui sont dans l'hésitation.

> Il ne faut pas casser la croissance. Il faut protéger la croissance. Ce sont les entreprises qui créent la richesse, qui créent l'emploi. Et donc, on vise un déficit, avec le Premier ministre - le chiffre n'est pas encore complètement calé - qui se situerait entre 5 et 5,5%. C'est dans cette fourchette. Donc, avec un petit peu plus de souplesse que ce que le Gouvernement de Michel Barnier avait prévu.

> [Retraites] Je vais écouter l'ensemble des partis, l'ensemble des responsables. Nous allons, avec le Premier ministre, avec les autres membres du Gouvernement concernés notamment Catherine Vautrin, qui gère les questions de retraite, regarder à qui nous pouvons non pas donner de satisfaction, mais plutôt quelle politique qui nous paraît conforme aux objectifs que nous nous sommes donnés, et qui répond à leurs demandes aussi. Et on pourra vérifier à la fin de la semaine, si cela nous permet d'obtenir des uns et des autres. Mais nous prendrons nos responsabilités. C'est-à-dire que ce n'est pas une négociation, parce que si on négocie avec tout le monde, on finit par arriver à une situation, encore une fois, où il n'y a plus de possible. On va écouter, on va intégrer, on va faire une synthèse et on la proposera aux partis, et puis ils se détermineront. Ils se détermineront.

> Je pense qu'il y a des convergences possibles avec le PS, mais aussi avec le Parti communiste et avec les verts. Pourquoi ? Moi, je suis pour la justice fiscale. Il y a, dans ce pays, des mécanismes, par exemple, d'optimisation fiscale, qui font que des personnes qui ont des revenus importants ne paient pas leur part d'impôt. Il ne s'agit pas de proposer des impôts nouveaux. Il y a déjà vraiment toute la panoplie qui convient, il s'agit de vérifier que chacun paie sa juste part de l'impôt et contribue à l'action de l'État, l'action de la sécurité sociale. C'est un point, par exemple, sur lequel nous pouvons trouver des convergences.

> En réalité, nos systèmes de retraite sont déjà très déficitaires. Donc, je souhaite que cette réforme s'applique en n'aggravant pas ce déficit, et même si possible, en le redivisant. Mais on dépense 14% de la richesse nationale pour payer les retraites. A l'intérieur de ces 14%, on peut changer beaucoup de curseurs. Comme disait un grand syndicaliste, il y a du grain à moudre. Et donc, nous allons regarder quels sont les curseurs que nous pouvons bouger, quels sont les principes intangibles. La réforme qu'Elisabeth BORNE a apportée augmentait les retraites les plus basses. Il faut évidemment maintenir cela. Il y avait déjà des actes qui étaient posés pour les carrières longues, pour les carrières hachées, notamment pour beaucoup de femmes qui, pour des raisons de parcours de vie, ont des carrières hachées. Donc, il faut continuer à protéger ces Françaises et ces Français qui sont défavorisés devant les régimes de retraite. Cela peut se financer par d'autres mesures. Il y a des choses à faire. (…)
Le Premier ministre n'a pas dit que nous allons revenir sur les 64 ans. Si un accord global, qui est riche, qui est équilibré, qui apporte beaucoup, et sur lequel il y aurait des amodiations, je pense qu'on peut tout à fait le regarder. Et effectivement, c'est un des points qui est porté par le Parti socialiste avec beaucoup de force et sur lequel nous allons dialoguer. Mais j'ai parlé aussi des verts.

> Quand j'étais patron de la Caisse des dépôts, j'avais placé la transformation écologique en première priorité. En tant que ministre des Finances, je garde cette priorité. C'est une priorité absolue pour notre pays. Et donc, il y a aussi là de quoi dialoguer. Il y a beaucoup de choses à faire sur la transformation écologique. Il faut qu'on fasse plus. Il faut qu'on fasse plus avec les collectivités locales, d'ailleurs, qui sont des agents de transformation absolument essentiels. Donc, il y a beaucoup de sujets sur lesquels, moi, je suis absolument convaincu que le dialogue nous permettra de trouver des convergences. Et ces convergences vont permettre peut-être qu'une partie de la gauche ne nous censure pas tout de suite et nous laisse notre chance pour continuer à travailler sur un budget 2025 et ensuite pour préparer un budget 2026. Parce que moi, je ne sais pas exercer une responsabilité publique sans nous projeter dans le moyen terme.

> Il n'y aura pas de nouvelles hausses d'impôts par rapport à celles qui ont déjà été annoncées. D'abord parce que la pratique budgétaire à l'Assemblée nationale et au Sénat ne nous le permet pas. On va repartir pour des raisons pratiques - et pardon, je crois que c'est important que les auditrices et les auditeurs le savent - du texte, parce que le budget est toujours à l'examen devant le Sénat. L'examen du texte va se poursuivre au Sénat. C'est-à-dire qu'on ne peut pas ajouter de mesures nouvelles. On peut modifier des mesures qui sont en débat. Mais donc ça réduit un peu nos marges de manœuvre. Le Budget sera profondément transformé.

> Ce qui se passe en conséquence du covid19, on avait beaucoup protégé les entreprises. Il y a une sorte de retour à la normale. Mais malgré tout, l'économie tient, l'emploi tient et notre situation relative en Europe est mauvaise. Notre conviction avec le Premier ministre, c'est que quand il y aura un budget et que ce budget aura été établi dans le cadre que je vous indique avec non pas un soutien mais une absence de censure, ça va rassurer les entrepreneurs. Ça va aussi rassurer les Françaises et les Français. Donc, ça va avoir un effet positif sur les perspectives.

 

► Assemblée nationale 
Yaël Braun-Pivet (présidente) 
> Ils ont été tués parce qu’ils incarnaient la liberté d’expression. 10 ans après, je me souviens de chacun d’eux. 10 ans après, je refuse toujours les « oui, mais ». Se souvenir, ne rien céder, défendre nos valeurs républicaines contre le terrorisme et tous les fanatismes : nous le leur devons, à jamais.

> Il y a 10 ans, Clarissa Jean-Philippe tombait, victime du terrorisme, parce qu’elle portait l’uniforme, parce qu’elle avait choisi de servir. À sa famille, à nos forces de l’ordre : nous n’oublions pas.

 

► Partis politiques 
● Renaissance 
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Gabriel Attal (député, président du groupe Ensemble pour la république à l’Assemblée nationale)
> 10 ans après, toujours Charlie. Le terrorisme islamiste, la barbarie fanatique, la haine de ce que nous sommes n’auront jamais raison de nous.

 

Roland Lescure (député)
> Nous nous souvenons tous de là où nous étions, de ce que nous faisions le 7 janvier 2015. Dix ans après, nous n’oublions rien. Que ce souvenir nous guide pour continuer le combat, dans l’unité, face à la barbarie et à l’obscurantisme. Nous vaincrons.

 

Thomas Cazenave (député)
> 7 janvier 2015 - 7 janvier 2025. Dix ans après, nous n’oublions pas. Défendre la liberté d’expression, c’est honorer leur mémoire chaque jour.

 

Olivia Grégoire (députée)
> 10 ans. Notre ennemi n’a pas changé et chaque jour il essaie de gagner du terrain mais nous ne céderons rien, pas un bout, au fanatisme et au fondamentalisme. En mémoire de tous ceux qui sont morts ce jour-là, jamais, nous ne devrons transiger avec notre liberté d’expression.

 

Violette Spillebout (députée)
> Il y a 10 ans, 17 victimes perdaient la vie lors des attentats contre Charlie hebdo et l’hypercasher. Leur souvenir nous rappelle l’importance de défendre, toujours, la liberté d’expression et les valeurs républicaines qui nous unissent. Nous n’oublions pas.

 

● MoDem 
Maud Gatel (Secrétaire générale)
> 7, 8, 9, 11 janvier 2015 : jamais ne s'éteindra le souvenir de Charlie, Montrouge et l'hypercasher. 10 ans plus tard, ne transigeons sur rien et soyons collectivement à la hauteur de cette mémoire.

 

Bruno Millienne (porte-parole)
> J’ai été le premier en France hexagonale à me désister sans attendre les consignes des chefs (...) le problème c’est qu'au soir du 7 juillet Jean-Luc Mélenchon a tué le Front républicain (...) il faut que le NFP comprenne que l’ensemble des Français qui a voté au deuxième tour des législatives n’a pas voté pour le programme du NFP (...) tout le monde doit faire un pas vers l’autre.

> Je suis assez frappé de la cécité politique du personnel à l’Assemblée nationale (...) on est entrés dans une démocratie parlementaire qui nécessite de faire des compromis les uns envers les autres.

 

Marc Fesneau (député, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale)
> Ahmed Merabet, Bernard Maris, Cabu, Charb, Elsa Cayat, Frédéric Boisseau, Franck Brinsolaro, Honoré, Michel Renaud, Mustapha Ourrad, Tignous, Wolinksi. Ces noms, ces visages, nous ne les oublions pas 10 ans après, jour pour jour et heure pour heure. Ils sont ceux des victimes d’un abject massacre terroriste commis par des fanatiques islamistes. Ils sont les visages de la résistance à la bêtise, à la haine et à l’intolérance à laquelle nous devons toutes et tous, plus que jamais, prendre notre part. En ce triste anniversaire, mes pensées accompagnent les familles et les proches des victimes, la rédaction de Charlie Hebdo et celles et ceux qui, partout dans le monde, brandissent fièrement l’étendard de la liberté d’expression et de l’impertinence. Cette liberté qu’ils défendent encore chaque jour, c’est la nôtre.

> Des compromis budgétaires sont possibles. Il me semble que les compromis, on peut les trouver sur la question de la justice fiscale et de la justice sociale.

> Je salue la volonté du gouvernement de (...) conforter le développement économique, la croissance et d'avoir des ajustements qui permettent de procéder à la question de la justice fiscale et de la justice sociale.

> La volonté, ce n'est pas de faire du matraquage fiscal et de faire en sorte que là où il y a de la suroptimisation fiscale, ndlr) là où il y a des effets d'aubaine, on puisse réajuster les dispositifs.

> On a besoin d'avoir avec les socialistes, et avec d'autres, des points d'atterrissage sur la façon dont on peut trouver une voie budgétaire qui ne soit pas (...) la somme des lignes rouges de chacun ou la somme des concessions qu'on doit faire aux autres.

> Il faut regarder où les économies peuvent être faites. On dit les opérateurs de l'Etat, OK, mais où, comment, et en quoi ça obère ou pas la capacité de tel ou tel acteur à pouvoir développer ses projets.

 

● Parti radical 
> 10 ans...Ne les oublions jamais ! Leur combat pour la liberté d'expression contre la haine et le terrorisme doit continuer de nous unir. Seules lois de la République s'appliquent, elles sont au-dessus des préceptes religieux.

 

► Autres 
● Organisations centristes 
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)

> Le groupe Renew Europe du Parlement européen condamne fermement l'ingérence croissante d'Elon Musk dans la politique européenne, par le biais de sa plateforme de médias sociaux, X (anciennement Twitter). Nous sommes profondément préoccupés par l'impact de telles actions sur le processus démocratique et l'intégrité du discours politique en Europe.
A la lumière des récents développements, le groupe Renew Europe demandera un débat urgent en plénière du Parlement européen sur cette question, exigeant des réponses claires de la Commission européenne sur la mise en œuvre de la législation européenne et sur la façon dont les plateformes comme X sont utilisées pour influencer les résultats politiques et saper les valeurs démocratiques au sein de l'Union européenne.

 

Valérie Hayer (députée, présidente)
> L'Europe ne peut pas être naïve ou aveugle face à la détermination de M. Musk d'utiliser X pour s'immiscer dans les affaires démocratiques des États membres de l'UE, en soutenant les causes de l'extrême droite. Les citoyens européens doivent décider qui les représente, et non l'homme le plus riche du monde. Nous avons la responsabilité d'appliquer le droit européen et de défendre nos démocraties contre les ingérences étrangères.

 

Sandro Gozi (député)
> Il est inacceptable que la Commission européenne se limite à de vagues déclarations sur la liberté d'expression d'Elon Musk tout en n'agissant pas contre les violations évidentes du règlement sur les services numériques par la plateforme X. Un milliardaire du Texas qui utilise sa plateforme pour s'immiscer dans les élections européennes est intolérable.

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.