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dimanche 19 janvier 2025

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Trump à nouveau président, c’est d’abord la défaite du projet démocratique


Non, il n’est guère étonnant que Donald Trump ait gagné l’élection présidentielle américaine du 5 novembre 2024 qui signe son retour à la Maison blanche si on analyse cette victoire non par le vote des électeurs grâce leur manipulation par une droite extrémiste et par un populiste corrompu mais par la défaite, voire la faillite du projet démocratique en ce début de troisième millénaire.

Ainsi, si la démocratie peut plier voire s’effondrer sus les coups de boutoir de ses ennemis, c’est parce qu’elle na pas réussi à s’implanter et que ses racines ne sont pas assez profondes.

Car la démocratie n’est pas le régime politique «naturel» qui s’impose à l’Humanité.

Bien au contraire, il est une construction issu des idées des philosophes et des penseurs qui ont cherché quel était le meilleur système pour les sociétés humaines qui donneraient le plus d’opportunités à ses membres.

Un système qui permettrait à tous et donc également aux plus faibles de profiter des droits «naturels» de tout individu, la liberté, l’égalité, le respect de sa dignité et de son individualité et une certaine solidarité de la société, la fraternité.

La démocratie c’est d’abord le refus de la loi du plus fort, du plus malin, du plus retors, du plus corrompu.

Toute l’Histoire de l’Humanité nous montre que sans règles, c’est bien ceux qui appartiennent à cette catégorie qui gagnent généralement la partie.

Un projet politique s’est donc construit petit à petit pour aboutir à l’établissement de la démocratie aux Etats-Unis (très imparfaite puisqu’elle ne concernait pas les esclaves et les peuples amérindiens) et, surtout, en France, où son universalisme a été reconnu par la Révolution française.

Mais ce projet était, à la fois, fragile et un pari sur l’humain.

Quand surviennent l’indépendance étasunienne et la Révolution française, il est évident que la grande majorité des peuples des Etats-Unis, de France et d’ailleurs sont incapables de vivre la démocratie parce qu’ils n’ont pas le savoir pour l’appréhender et les comportements pour la pratiquer.

Le projet démocratique se propose donc de les former pour qu’ils soient aptes à vivre et utiliser le meilleur régime qui puisse exister, de leur transmettre le savoir et les règles de vie en commun nécessaires.

D’où le rôle cardinal de l’école dans ce projet.

Or la formation d’un citoyen éveillé et responsable, capable d’assumer ses choix et de construire son projet de vie tout en respectant celui se son voisin et la dignité de celui-ci dans le cadre de la liberté et de l’égalité, a largement failli.

Une formation qui aurait du s’accompagner d’une information citoyenne capable de donner à chacun les clés pour comprendre le monde et se faire, à partir de la réalité de ce monde, sa propre opinion.

Or, ici, l’appât du gain et la volonté partisane ont fait que les organes d’information n’ont jamais réellement rempli cette tâche.

Pire, les services publics de l’information n’ont que peu rempli leur mission pourtant essentielle.

Dès lors, on peut même s’étonner qu’une démocratie républicaine libérale, certes largement imparfaite, ait pu fonctionner sur une durée assez longue dans quelques pays.

Certains prétendent que c’est du à la croissance économique et à l’amélioration des conditions d’existence qui ont accompagné l’établissement et l’existence de ce régime associé faussement au capitalisme qui n’est qu’un système économique qui, on l’a vue avec la Chine, n’est pas propre aux démocraties.

C’est possible que la progression du bien-être matériel concomitant à l’existence de la démocratie ait joué en sa faveur.

Bien sûr, ce projet démocratique a chancelé à plusieurs reprises, souvent attaqué par des forces extérieures ou des groupes violents mais aussi par des décisions populaires qui étaient parfois des votes lors d’élections.

Mais ce projet était en devenir, il se bâtissait au cours des 19e et 20e siècles, ce qui pouvait permettre d’espérer qu’il aboutirait à ancrer la démocratie dans les esprits et les comportements.

Aujourd’hui, en ce 21e siècle, après près de 250 ans d’existence, alors qu’il n’est plus au début de son existence (sauf à prendre en compte l’Histoire de l’Humanité), que constatons-nous?

Que le projet démocratique a failli dans la plupart des pays démocratiques et que la démocratie est en danger de mort.

La réélection de Trump quatre ans après sa tentative d’un coup d’Etat participe évidemment de cette faillite du projet démocratique.

Ce qu’il reste à savoir c’est si ce siècle va être celui de la défaite et de  disparition de la démocratie moderne ou si celle-ci est capable de reprendre la main.

Mais pour cela, les défenseurs de la démocratie républicaine libérale doivent enfin comprendre que l’élection de Trump et d’événements similaires dans les démocraties à travers le monde ne sont pas les causes de la déconfiture actuelle de la démocratie mais ses conséquences.

 

 

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