Mais il s’est focalisé sur la formation de son gouvernement qu’il espère dévoiler avant Noël et peut-être même ce week-end ainsi que sur sa constitution avec les l’ensemble des forces républicaines donc en excluant LFI et le RN qui ont déjà annoncé qu’ils étaient dans l’opposition.
François Bayrou a également évoqué une nouvelle discussion sur les retraites.
Il a affirmé qu’il lutterait contre les déficits publics.
Il a expliqué qu’il n’alourdirait pas les impôts des entreprises mais il a précisé que tout le monde devait participer à la sauvegarde du modèle social français.
Quant aux Budget 2025, il espère pouvoir le faire adopter par le Parlement en février prochain.
Voici les propos
tenus par François Bayrou :
Mayotte :
C'est à mes yeux la plus grande catastrophe que notre pays ait connue depuis
très longtemps. La seule à laquelle on puisse remonter qui soit plus grave,
c'est l'éruption de la Montagne Pelée en Martinique en 1902, donc, il y a 122
ans qui a fait 30 000 morts. Mais les dégâts étaient circonscrits c'était sur
une toute petite base, là, l’ile est entièrement dévastée.
Quant aux maisons au moins trois sur quatre ont vu leur toit soufflé. Les
menuiseries, les fenêtres, les portes, tout ça a été emporté.
Ce sont des villages, donc ils vivent beaucoup en mangeant les produits du
jardin. Les jardins sont entièrement dévastés, les congélateurs comme ils n'ont
pas eu d'électricité, toute la nourriture qui est à l'intérieur est avariée.
[En ce qui concerne la
reconstruction] il faut se fixer un délai beaucoup plus bref que les cinq
années. Je dis peut-être deux ans. J'espère qu'on y arrivera. C'est une tâche
surhumaine, immense. Il se trouve que j'ai demandé des précisions à des
entreprises que je connais, des Pyrénées qui ont une antenne à Mayotte, et tout
le monde dit que c'est très lourd et très lourd en coût, en devis.
Parce que pour remplacer un toit, vous pouvez difficilement remplacer un toit à
moins de 60 000 ou 80 000 €. Et comme il y a au moins 80 000 maisons
atteintes, vous voyez la somme en milliards d'euros que cela représente. (…)
L’État est présent et sera présent. Il y aura une loi spéciale qui sera
présentée au Parlement. Comme il y a eu une loi spéciale pour Notre Dame, pour
pouvoir accélérer les délais, simplifier. Grave difficulté : Le nombre de
maisons assurées est extrêmement faible.
Nouveau
gouvernement :
> Ce week-end, il faut que
le gouvernement soit présenté. En tout cas, avant Noël. Noël, c'est mardi soir.
Participation des
forces républicaines au gouvernement:
> Nous n'avons pas de
budget, c'est la première fois depuis 65 ans. Nous n'avons pour l'instant pas
d'organisation de la majorité. Il y a eu une censure votée par des forces
politiques totalement différentes et même antagonistes, qui se combattent mais
qui ont voté ensemble pour abattre le gouvernement de Michel Barnier. Sans
faire attention aux dégâts que ça pourrait faire, que ça fait pour les familles
et que c'est fait pour les entreprises.
Dans le budget, il y avait des mesures, par exemple l'extension du prêt à taux
zéro. Par exemple, la question de l'impôt sur le revenu c'est à dire que chaque
année, les seuils d'impôt sur le revenu sont remontés en fonction de
l'inflation. Et là, ils vont peut-être vous monter, c'est-à-dire que des
dizaines de milliers ou centaines de milliers.
Formation du
gouvernement:
>J'ai réuni les forces
politiques hors Rassemblement National et LFI qui eux avaient déclaré à
l'avance que non seulement ils ne participeraient pas, mais qui seraient de
toute manière hostile, et donc je ne voulais pas alourdir le débat. Non pas que
je les exclue du champ politique national. Pour moi, je trouverais les moyens
au moins de les informer, de partager des informations avec eux.
Mais les autres forces politiques, depuis le parti communiste jusqu'à la droite
de gouvernement républicaine, je leur dis : « nous ne pouvons pas
nous en sortir si nous ne sommes pas ensemble. » On voit la situation, on
voit les conséquences de la division, l'obstacle est immense. J'ai dit
« un Himalaya » et c'est exactement ce que je pense. Tous les
prévisionnistes, tout le monde dit « mais vous n'y arriverez pas mais
franchement, vous vous rendez compte ? » Et ils choisissent ou plutôt tout
le monde spécule sur le chaos. (…) Tout le monde : les observateurs, les
partis associés, ceux qui sont des savants sur la politique, tout le monde
dit : « vous n’y arriverez pas. » (…)
Moi je dis on doit essayer. Et je crois qu'on peut y arriver. Et je crois que
le chemin existe. Alors, c'est peut-être un optimisme délirant, c'est peut-être
quelqu'un qui ne voit pas la réalité. Mais je vous dis avec certitude si on ne
réussit pas dans cet essai, alors c'est la dernière station avant la falaise. (…)
Ce n’est pas moi ou le chaos, heureusement. C'est nous tous ensemble. J'espère
qu'il y a des millions de ceux qui nous écoutent et qui nous écouterons, qui
disent : « on ne va pas quand même laisser faire ça. »
> François Bayrou : J'ai proposé une
géographie de cette nouvelle organisation. J'ai dit, en fait, il y a trois
cercles. Il y a le cercle de ceux qui vont dire « nous souhaitons
participer » et je souhaite qu'ils participent avec leur leader, parce que
je pense qu'il faut que tout le monde prenne ses responsabilités et que tous
ceux qui participent ne restent pas en situation d'observateur.
Je pense que ce que nous avons devant nous est tellement difficile qu'il faut
qu'on s'associe.
> [Participation des socialistes] Je crois qu'ils ont une réflexion entre
eux. Ils n'ont pas envie d'être assimilés, ils n'ont pas envie qu'on dise
« ils ont changé de camp. » Parce que vous voyez bien les débats internes
aux partis politiques et dans le rapport avec ceux qui les soutiennent. Mais je
crois qu'ils ont envie de ne pas aller à la catastrophe. Et ne peut pas aller à
la catastrophe, c'est exactement ça, pendant un temps donné, accepter que le
gouvernement vive et dialogue. (…) Je ne dis pas de partenariat, mais de de
quelque chose qui ressemble au partage des responsabilités.
> Mon souhait à moi, c'est que nous ayons un soutien puissant de la droite
républicaine
> Qu’il y ait un
courant qui vient de la gauche démocratique et de gouvernement, des gens par
eux-mêmes une signification dans la sensibilité de la gauche démocratique
française, de la social-démocratie comme on dit, je souhaite qu'ils soient là.
Alors évidemment, peut-être certains d'entre eux ont-ils envie et hésitent
t-il, c'est possible. Mais j'ouvre la porte, et je serai heureux, moi, si on
peut montrer que se conjuguent ces sensibilités différentes. Avec une
condition, c'est qu'on traite des vrais sujets en se mettant d'accord sur les
termes des vrais sujets.
Façon de gouverner :
> J'ai dit :
« moi, je n'utiliserai pas le 49.3, sauf s'il y a blocage absolu sur le
budget. » On peut expliquer ça à ceux qui nous écoutent, quand il y a
blocage absolu sur le budget, alors il n'y a que deux solutions pour que la
France puisse vivre : ou bien on fait un 49.3, ou bien on va plus loin, on
fait des ordonnances, c'est à dire c'est le gouvernement qui dit :
« vous n'êtes pas capables d'adopter un budget, c'est moi qui vais
l'imposer. » Je souhaite qu'on ait le plus de dialogue possible. Et sur
les autres textes, je n'utiliserai pas le 49.3, sauf catastrophe.
Chaos politique :
> Dans ce chaos-là, avec
des forces politiques qui disent : « On abat le gouvernement. » Alors
vous abattez un gouvernement, deux gouvernements et après, qu'est-ce que vous
faites ? On abat le gouvernement. Dans ce chaos-là, il y a une question qui a
été lourdement combattue en inflammable et enflammée, c'est la question des
retraites.
Réforme des retraites !
> J'avais trouvé que pour la réforme des retraites, le débat aurait pu être
porté avec, au milieu des Français. Le débat aurait pu être porté dans les
familles. Et j'avais, fait une analyse, la première qui n’ait jamais été faite
du financement du système de retraites dans laquelle je montrais que ce
financement était pour le moins bancal, discutable. (…)
Quand on ouvre un débat, il faut l'ouvrir de bonne foi. Il faut dire :
« Écoutez, on va se mettre autour de la table » ce qui nous avait
été, selon les Français, insuffisamment fait dans la période précédente. On va
se mettre autour de la table, qui ? Le gouvernement, les forces qui sont au
Parlement et les partenaires sociaux, les syndicats, les représentants des
entreprises de toutes les sortes d'entreprises, mais le mouvement des
entreprises, on va se mettre autour de la table. (..)
J'ai parlé avec beaucoup de ceux qui participaient à la discussion sur les
retraites et ils disaient tous : « mais on a des possibilités
d'avancer, mais on n'a pas voulu les regarder. » Moi, j'accepte de les
regarder. J'accepte que chacun des syndicats mette sur la table ce qu'il
considère comme souhaitable, comme acceptable, des faits concrets. Par exemple,
il est normal que ceux qui sont au marteau piqueur, il y en a moins aujourd'hui
qu'il n'y en avait autrefois, ils partent plus tôt.
Chacun des intervenants met en valeur une ou deux ou trois difficultés sur la
réforme des retraites. J’accepte qu'on rouvre tous les sujets.
> J'ai été un militant de la retraite à points. J'ai pensé, c'est d'ailleurs le cas pour les retraites de base du secteur privé Agirc-Arrco, c'est-à-dire des retraites gérées par les partenaires sociaux et qui arrivent à équilibrer Et donc je pense que oui, on peut trouver une organisation différente. Mais il va aussi falloir se poser la question du financement. Croire que croire qu'on peut en rester à la situation actuelle. La situation actuelle, c'est assez simple 30 %, 25 %, ça dépend comment on calcule des retraites versées aujourd'hui en France seront payées par les enfants parce qu'on emprunte et c'est eux qui rembourseront.
Moi, ça me fait honte qu’on
ait accepté, qu’on accepte de bon cœur, que ce soient les générations qui
viennent, qui vont avoir à travailler beaucoup dans les années qui viennent,
les plus jeunes, ceux qui ne travaillent pas encore, ceux qui sont des enfants
aujourd'hui, c'est à eux qu'on va donner la charge.
> [Réforme des retraites] Je dis on reprend, mais on ne suspend pas parce
que quand on suspend, évidemment, on ne reprend jamais. Mais je vais plus loin
dans la réforme, il y a des avantages, notamment pour les petites retraites qui
vont là toucher pour une retraite autour de 1 000 €, ce n’est pas
beaucoup, vont toucher 60 € de plus, vous suspendez aussi les
avantages ? Qui peut dire je suspens le avantages ? Et donc je dis, je reprends le chantier, c'est
beaucoup, parce que pour l'instant ce n'était pas proposé c'était même refusé
et c'était même des accusations réciproques. (…)
C’est un acte de bonne foi, c'est une porte ouverte de bonne foi où chacun qui
s'intéresse au destin du pays peut retrouver une part de ce qu'il croit si ce
qu'il affirme est vrai. Parce que tout au long de cette période, on a entendu
des gens très importants éminents dire : « mais il existe une autre
organisation, il existe une autre solution. » Et je dis :
« examinons là. ».
Si on trouve une solution en commun, c'est celle-là qui s'appliquera, si on ne
trouve pas de solution on restera avec la loi d'aujourd'hui, ce qui veut dire
que chacun est placé devant ses responsabilités.
Budget :
Je discuterai de ça avec les groupes dès l'instant que le Gouvernement sera
nommé. C'est ouvert, à condition qu'on aille vers un plan de rééquilibrage de
nos finances publiques. (…=
J'avais dit dix ans dans des travaux précédents, au Plan. J'avais dit :
« Il faut viser de revenir à l'équilibre en dix ans. » Aujourd'hui,
on est très, très loin de l'équilibre, comme vous le savez. Je pense qu'on peut
trouver un équilibre qui respecte le plan et qui en même temps, soit acceptable
ou supportable ou soutenable.
Modèle social :
> La France est le pays le
plus imposé d'Europe et, pas loin, du monde. Le pays où les impôts et les
prélèvements sont les plus lourds. Et Sophie Binet nous dit : « Mais
enfin, ça ne va pas du tout ! Regardez les hôpitaux, les écoles, les services
sociaux, les retraites. » Alors ça veut dire une chose précise, c'est que
ce n'est pas par l'impôt qu'on fait la bonne marche d'une société. Il faut des
impôts, des contributions, il faut que chacun aide à la solidarité. (…)
Nous avons un modèle social peut être, il faut le rappeler, qui est unique au
monde, il n'y a aucun autre pays qui a le même modèle. Les autres pays, c'est
le modèle du « chacun pour soi », on paie pour l'éducation des
enfants, on paie pour s'assurer pour la santé. Vous savez bien, aux Etats-Unis,
on vous demande la carte bleue quand vous quand vous arrivez à l'hôpital, on
paie pour sa retraite, une retraite par capitalisation, c'est le chacun pour
soi.
Nous, nous avons un modèle unique au monde qui est le tous pour un. La
solidarité nationale comme pour la retraite, c'est la même chose, c'est ceux
qui travaillent, qui paient pour ceux qui sont assurés. Et donc je dis que le
système est malade. Je suis pour notre modèle social.
Impôts :
> Il faut préserver les
entreprises. Tout le monde veut faire payer l'entreprise et faire payer
l'entreprise... C'est le seul lieu où on crée de l'emploi et de la richesse.
Alors je sais bien que c'est tellement facile : vous allez mettre un impôt
sur les entreprises. On dit généralement les grosses entreprises, excusez-moi,
les grosses entreprises, c'est le tissu économique de la France.
Mais qui va payer ? Je vais vous apporter exactement la réponse. Si nous avions
le même taux d'emploi que l'Allemagne et la même productivité que nos voisins -
progression de la productivité, c'est à dire si on produisait aussi bien que
les autres. Et il n'est pas possible que la France soit considérée comme
incapable de faire ça. Mais si on avait le même taux d'emploi et de
productivité, on n'aurait pas de problème de financement de la retraite. (…)
Nous allons reprendre avec chacun des groupes parlementaires pour poser la
question des financements de notre action publique. On va prendre cette
question au sérieux et j'espère
Déficits publics :
Je pense qu’il faut des
économies. J'ai posé la question des déficits et de la dette dans la vie
politique française depuis longtemps, depuis 2007, parce que je voyais venir le
mur. À l'époque, on me disait : mais enfin Monsieur Bayrou, vous n'allez
pas faire une campagne présidentielle en posant la question de la dette. La
dette me disait-on ça emmerde tout le monde, pardon d'utiliser l'expression que
les gens utilisaient, et ça fait fuir les gens. Nous y sommes, nous sommes
devant le mur.
> Nous avons, j'en ai la certitude, à trouver une meilleure organisation de l'État central, des multiples organisations, milliers d'organisations qui ont été installées à chaque instant et qui coûtent très cher, les yeux de la tête. Mais il y a des gens qui y travaillent, donc il faut faire attention. C'est pourquoi je dis qu'il faut un plan pluriannuel.
Réconciliation :
> Écoutez, vous êtes
président de la République, vous êtes devant une crise terrible qui est venue
de l'extérieur. Une de l'intérieur très importante, c'est les gilets jaunes. Je
considère que c'est la crise la plus révélatrice qu'on ait eu ces dernières décennies.
Parce que c'est la crise des gilets jaunes, ça veut dire qu’il y a des gens
dans la société, des gens en bas, comme ils disent, qui ont le sentiment, la
certitude qu'on ne tient pas compte, qu'on ne les regarde pas. Et pour moi,
s'il y a un but à atteindre, c'est le but de la réconciliation entre la base et
le prétendu sommet. (…)
Vous êtes président de la République, vous êtes devant cette multiplicité de
crises – le covid, la guerre en Ukraine, l'augmentation du prix de l'énergie…
Nous allons payer l'énergie 20 fois plus cher que les Etats-Unis. Vous vous
rendez compte ce que ça veut dire ? (…)
Vous êtes président de la République, vous êtes devant une crise comme ça, vous
n'avez pas le droit de réfléchir à qui vous allez mettre à Matignon et
d'hésiter entre plusieurs hypothèses ?
[Emmanuel Macron] a hésité. Et après tout, pourquoi aurait il fait autrement ? Et nous avons eu une discussion dans laquelle j'ai essayé de lui montrer que je pensais qu'il fallait faire différemment. Et c'est le choix qu'il a fait au terme de cette discussion.
Gisèle Pelicot !
>J'ai envie de lui dire qu'elle est très courageuse. Tout le monde le lui
dit et c'est vrai. Elle a osé affronter le pire du pire, c'est-à-dire l'horreur
absolue, dégueulasse, par l'homme dont elle partageait la vie, qui était
l'homme de sa vie. On peut difficilement imaginer pire que ça, pire comme
évocation de salissure et pire comme pire que trahison. Je ne sais pas quel mot
on pourrait trouver. C'est quelque chose qui n'est envisageable par personne. (…)
Je lui dis merci et je lui dis que j'ai été éperdu d'admiration devant cette
incroyable audace d'accepter d'exposer le pire du pire pour les autres.