vendredi 29 novembre 2024

Propos centristes. France – Budget 2025 / Reconquête industrielle / Accès à l’enseignement supérieur / Crise humanitaire au Soudan / Lutte contre les contrefaçons…


Voici une sélection, ce 29 novembre 2024, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France. 

► Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Fin du chantier de reconstruction de Notre-Dame] Réaliser ensemble l’impossible. C’est la France. (…) Réaliser ensemble l’impossible. C’est la France. (…) Cette Cathédrale Notre-Dame de Paris est le trésor de femmes et d’hommes, toutes et tous nécessaires, chacun avec son rôle, métaphore de la vie de la Nation.

 

► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, désormais dirigé par Michel Barnier, nous ne reprenons que les propos des membres centristes de celui-ci, c’est-à-dire de 13 d’entre eux; Le parti Renaissance compte 12 de ses membres dans cette équipe gouvernementale mais quatre d’entre eux sont des personnalités qui se revendiquent depuis toujours de droite – Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Guillaume Kasbarian et Benjamin Haddad – dont nous ne reportons donc pas les propos puisque la ligne politique de ce gouvernement n’est plus centriste mais essentiellement droitiste]

Anne Genetet (ministre de l’Education nationale)
> L'éducation et la santé avancent ensemble pour une prévention renforcée à l'École. Vaccination contre les papillomavirus, sensibilisation aux usages numériques : la santé de nos enfants se joue aussi dans nos classes.

> Au Conseil de l’Union européenne pour faire avancer l’éducation en Europe. Intelligence artificielle, gestion du temps d’écran, formation des professeurs, orientation : plus que jamais, l’Europe doit avancer ensemble.

 

Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> C’est au Soudan qu’a lieu la crise humanitaire la plus grave de notre époque.
J’étais hier à Adré, à la frontière avec le Tchad, où trouvent refuge des centaines de milliers de femmes et d’enfants fuyant la guerre et les exactions.
J’ai annoncé 7 millions d’euros d’aide supplémentaire. Ils s’ajoutent aux engagements de la conférence internationale accueillie en avril 2024 par la France, qui a permis de lever 2 milliards d’euros d’engagements humanitaires.
J’exhorte les belligérants à cesser leurs violations du droit humanitaire et reprendre la voie de la négociation. Les puissances étrangères impliquées dans le conflit doivent cesser de jeter de l’huile sur le feu.
Je condamne l’attitude coupable de la Russie qui a opposé son veto à une résolution en soutien au Soudan. La Russie a abandonné les Soudanais et leurs voisins.
Je salue l'action admirable des travailleurs humanitaires, des agences des Nations-unies et des autorités locales. La France continuera à les soutenir.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des risques)
> Le Royaume-Uni passe une première étape pour légiférer sur la fin de vie, avec l'adoption à la Chambre des communes d'une proposition de loi autorisant l'aide encadrée à mourir pour certains malades en phase terminale. Un chemin que la France reprendra bientôt, comme s'y est engagé le Premier ministre. Un texte important, pour les droits de tous.

> Si la mode passe, l’empreinte carbone reste. À la veille du Black Friday et après un long travail collectif d’expérimentation et de concertation, j’ai tenu à lancer la consultation publique pour l’affichage du coût environnemental textile. Un logo, une méthode et un calendrier : de quoi vous montrer en un coup d’œil sur l’étiquette ou l’emballage de votre futur achat s’il est plus ou moins vertueux écologiquement. Ce marquage se fera avec un système de points, et plus il y a de points, plus l’impact sur l’environnement est important. En rayon, à prix égal, on pourra arbitrer entre deux T-shirts et prendre celui qui a le moins d’impact environnemental. Alors que l’industrie textile représente 8% de nos émissions de gaz à effet de serre et que son impact sur la biodiversité - et notamment via la pollution plastique - s’intensifie, il faut plus que jamais que les citoyens disposent d’une information claire sur ce qu’ils achètent. J’appelle tous les fabricants et toutes les marques à s’en saisir, pour piloter leur impact environnemental et montrer à leurs clients qu’ils s’engagent pour la planète. Merci et bravo à tous les acteurs mobilisés, réunis ce matin à l’Institut Français de la Mode. Rendez-vous au printemps prochain !

 

Antoine Armand (ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie)
> Il y a deux chemins et notre choix sera décisif : donner un budget perfectible à la France ou sauter dans l'inconnu et prendre le risque d'une dégradation sans précédent.

> La France a engagé une reconquête industrielle inédite. Depuis 2017, 130 000 emplois ont été créés et nous continuons d'ouvrir plus d’usines que nous en fermons. Pour autant, aucun combat n’est gagné d’avance.
Avec le Premier ministre, nous n'ignorons pas les inquiétudes et les mauvaises nouvelles et nous agissons :
1. Les crédits du fonds national pour l’emploi et la formation seront fléchés en priorité vers le secteur industriel. Nous pourrons ainsi former 80 000 salariés en 2025.
2. Si un plan de sauvegarde venait à être annoncé dans une entreprise, l’État répondra systématiquement présent au moyen d’un médiateur.
3. Le Premier ministre s'est dit favorable à ce que les nouvelles usines soient exemptées des mesures relatives aux « ZAN », conformément aux initiatives parlementaires en cours. Objectif : faciliter leur installation pour les cinq prochaines années.
4. Dans le même temps, nous renforçons notre mobilisation pour décarboner notre industrie : 1,6 Mds€ sont fléchés pour réduire drastiquement les émissions des 50 sites les plus émetteurs du pays. Je l'avais annoncé il y a quelques semaines.
5. L’urgence est aussi européenne - c’est celle de la simplification et celle de la compétitivité. C'est pourquoi les obligations prévues par la CSRD seront fortement allégées, dans les prochaines semaines, pour éviter tout risque d’excès ou de surtransposition des normes.
Notre économie dispose d'atouts robustes.

Geneviève Darrieussecq (ministre de la Santé et de l’Accès aux soins)
> Le quatrième plan national maladies rares est en cours de finalisation. Sa publication est prévue pour le premier trimestre 2025, donc bientôt. Il a été construit avec tous les acteurs concernés – professionnels de santé, chercheurs, familles et associations de patients – et a fait l’objet d’un travail commun des ministères de la santé, de la recherche et, pour la première fois, de l’industrie – afin d’y inclure les thérapies innovantes –, et de leurs agences.
L’accès aux traitements innovants, sujet majeur, sera une priorité du plan, qui comprendra aussi un volet européen concernant les pathologies ultra-rares. Dans le cadre du PLFSS pour 2025, l’objectif national de dépenses d’assurance maladie inclut son financement à hauteur de 223 millions d’euros. Ces crédits serviront par exemple à la nouvelle labellisation des centres de référence maladies rares, dont le financement est déjà effectif depuis 2024.
Enfin, l’accès au traitement pour les maladies rares ou ultra-rares est un des quatre axes directeurs du plan. Un travail est en cours pour permettre, dans le cadre d’une prise en charge spécifique, l’accès financé par l’assurance maladie à des traitements pour maladie rare ne bénéficiant pas d’une autorisation de mise sur le marché. Enfin, nous développons la collecte des données en vie réelle, capitale pour l’accès à la thérapie.
Nous traitons donc cette question, non seulement financièrement mais aussi par une approche plus complète intégrant l’industrie et la recherche.

 

Astrid Panosyan-Bouvet (ministre du Travail et de l’Emploi)
> [Retraites] Comme il l’avait annoncé lors de sa déclaration de politique générale, le premier ministre a souhaité ouvrir une concertation avec les partenaires sociaux, dans le cadre des équilibres existants, sur les aménagements justes et raisonnables en matière d’usure professionnelle, d’égalité entre les femmes et les hommes, s’agissant également des pensionnés et des polyretraités.
C’est la raison pour laquelle j’ai envoyé en début de semaine un courrier aux partenaires sociaux, afin d’ouvrir cette concertation. Je propose d’intégrer à son ordre du jour la question de la qualité des informations donnée aux futurs pensionnés comme aux pensionnés, pour réparer les dysfonctionnements que vous signalez, parce qu’ils sont particulièrement importants et préjudiciables à leur quotidien.
Au-delà de votre question très précise, je rappelle que le projet de loi de financement de la sécurité sociale intègre une amélioration pour la retraite des salariés non agricoles, conformément à un engagement pris en janvier dernier selon lequel leur retraite sera alignée sur le régime général au cours des vingt-cinq prochaines années. Grâce à un amendement voté par le Sénat, la mesure va s’appliquer dès 2026 à 90 % des personnes concernées. Des progrès importants sont donc engagés. Je sais aussi que demain, nous débattrons des retraites dans cet hémicycle. Avec mon collègue Laurent Saint-Martin, nous essaierons de vous convaincre que cette question repose principalement sur le dialogue social, que nous souhaitons relancer avec les partenaires sociaux – et le fonctionnement de la Carsat fera bien partie des questions à traiter avec eux.

 

Laurent Saint-Martin (ministre auprès du Premier ministre, chargé du Budget et des Comptes publics)
> Il faut protéger les conditions de croissance et d’investissement dans notre pays, dans le contexte du nécessaire redressement de nos comptes publics.  (…) La France, en comparaison avec d’autres pays européens, a su traverser les crises avec une résilience admirable. Nous le devons d’abord à nos entrepreneurs mais aussi à des choix collectifs quand nous avons protégé l’emploi et fait en sorte que l’activité de notre pays perdure, quand nous avons pris des décisions courageuses mais coûteuses qui nécessitent justement, dans la responsabilité qui est la nôtre aujourd’hui, le redressement des comptes publics.
La première des conditions pour garantir les investissements futurs et préserver notre croissance est donc de saluer cette faculté de résilience. La deuxième condition est de savoir redresser les comptes publics – c’est nécessaire pour les entreprises. Pierre Mendès France disait qu’un pays qui ne sait pas redresser ses comptes est un pays qui s’abandonne. L’ensemble des entrepreneurs attend de nous des preuves de sérieux, non par une augmentation aberrante de la fiscalité, comme l’examen du projet de loi de finances en première lecture en a fait la démonstration dans cet hémicycle, notamment à l’initiative du Nouveau Front populaire.
Prenons deux exemples totalement contraires à l’activité et à la croissance : la remise en cause de la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises et la remise en cause du pacte Dutreil. Vous savez à quel point ces mesures sont cruciales pour les chefs d’entreprise et vous avez eu raison, au sein du socle commun, de rejeter en première lecture un texte qui allait totalement à l’encontre de l’investissement et de la croissance.
Il est important d’être à l’écoute des entrepreneurs pour la suite de l’élaboration du budget. Nous avons dit – le premier ministre en tête – que le texte du projet de loi de finances était perfectible et nous avons entendu également les alertes relatives au coût du travail. En ce moment même, une commission mixte paritaire se réunit pour l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale ; le gouvernement est prêt à évoluer sur la question des allégements généraux de cotisations patronales, pour s’assurer que le redressement des comptes publics ne soit pas contraire au maintien de l’activité et de l’emploi.

 

Marina Ferrari (ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie chargée de l’Economie du tourisme)
> La lutte contre les trafics de contrefaçons doit évoluer rapidement, tant la circulation de produits contrefaits progresse de manière exponentielle, structurellement et quantitativement. Une étude de l’OCDE et de l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) de 2021 estimait déjà que la contrefaçon représentait 2,5 % du commerce mondial et jusqu’à 5,8 % des importations de marchandises dans l’Union européenne. Par ailleurs, les pratiques des trafiquants évoluent du fait du développement du commerce en ligne et de l’apparition de réseaux organisés calqués sur le modèle des grands réseaux criminels.
Face à ce nouveau paradigme, nous ne sommes toutefois pas restés inactifs. D’une part, nous avons fait évoluer les cadres législatifs européen et national. D’autre part, nous avons lancé deux plans d’action, en 2021 puis en 2024. Messieurs les rapporteurs, votre travail publié fin 2023 est bienvenu : il offre un état des lieux récent de la lutte contre la contrefaçon et met en perspective, à bientôt un an du lancement du second plan, les avancées obtenues et les points d’amélioration sur lesquels il nous faut travailler.
La contrefaçon est un défi majeur pour notre pays, qui est le deuxième le plus touché au monde, après les États-Unis et avant l’Italie. Au niveau européen, une production domestique de grande ampleur se développe. Les flux de produits finis de contrefaçon laissent la place à un trafic de composants ou d’ingrédients contrefaits qui sont assemblés sur le territoire national. L’exemple le plus probant de cette nouvelle pratique est celui de la contrefaçon de parfums : flacons, étiquettes, emballages, formules chimiques et matières premières arrivent séparément et sont ensuite assemblés sur le territoire français. Ces pratiques ne sont pas sans risques pour les consommateurs, les matières utilisées étant potentiellement très dangereuses.
L’évolution du nombre d’articles saisis témoigne de l’explosion de la contrefaçon : il est passé de 200 000 en 1994 à plus de 11 millions en 2022. C’est dire si la menace est grande – oui, nous devons utiliser le terme de menace pour parler de la contrefaçon. Menace, tout d’abord, pour la santé et la sécurité des consommateurs, 15 % des produits saisis au sein de l’Union Européenne étant réputés dangereux.
Menace, ensuite, pour nos entreprises et notre économie. Au niveau européen, une étude de l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle a estimé que la contrefaçon avait entraîné en 2023 des pertes de chiffre d’affaires à hauteur de 16 milliards d’euros. Cela touche particulièrement le secteur de l’habillement, avec 12 milliards de pertes, suivi du secteur de la cosmétique – 3 milliards de pertes – et de celui des jouets – 1 milliard. La contrefaçon représenterait 200 000 emplois détruits ou non créés en Europe et près de 38 000 en France, selon les dernières estimations de la Cour des comptes, qui datent de 2017.
La contrefaçon fait également peser une menace réputationnelle sur nos entreprises. Enfin, elle représente une menace environnementale. Les contrefaçons sont souvent confectionnées dans des centres de production à l’international, qui ne respectent pas les normes en vigueur en Europe et en France et les produits contrefaits contiennent parfois, je le répète, des produits toxiques.
Face à ce phénomène en constante évolution, les services de l’État adaptent leurs méthodes et leurs moyens d’intervention, ce qui commence à produire des résultats très tangibles. Alors qu’en 2022, nous avions retiré du marché plus de 11 millions d’articles contrefaits, ce chiffre a dépassé 20 millions en 2023, ce qui représente une hausse de plus de 77 % des saisies douanières.
Ces résultats sont notamment à mettre au crédit du déploiement, à partir de 2021, du premier plan d’action de la douane en matière de lutte contre la contrefaçon, lancé par le ministre chargé des comptes publics de l’époque, M. Olivier Dussopt. Ces résultats ne seraient pas ce qu’ils sont sans l’engagement des douanières et des douaniers qui agissent au quotidien pour vérifier la conformité des marchandises entrant sur notre territoire et lutter contre ces trafics. Je profite de cette tribune pour saluer leur travail et leur engagement et adresser à nos 16 000 agents des douanes un remerciement appuyé.
Je m’arrêterai quelques instants sur le travail exceptionnel conduit à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris 2024. Nous avons instauré pendant plusieurs mois, en collaboration avec d’autres pays européens, un dispositif spécifique de lutte contre la contrefaçon concernant l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, qui reposait sur des contrôles depuis la phase d’importation jusqu’à la vente des marchandises dans des boutiques, sur les marchés ou en ligne. Entre novembre 2023 et juillet 2024, cette action a permis de saisir 630 000 contrefaçons au niveau européen, dont plus de 500 000 étaient destinées au marché français.
Outre l’opération interministérielle Coubertin, qui a mobilisé près de 4 000 agents de la police, de la gendarmerie et de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), l’importante opération coup de poing Héraclès, qui a mobilisé quatre-vingts agents de cinq brigades des douanes franciliennes, a permis de saisir plus de 135 000 contrefaçons dans dix-sept entrepôts de l’Est parisien préalablement repérés. Cette opération a démontré l’efficacité incontestable des contrôles renforcés, l’importance de la formation – 1 600 agents des douanes et 130 agents de la DGCCRF ont été formés – et la place centrale du partage d’informations qualifiées entre les différents acteurs.
Le constat de l’évolution de la contrefaçon a conduit à l’élaboration du nouveau plan d’action national anticontrefaçon pour la période 2024-2026, présenté en mars dernier par le ministre des comptes publics Thomas Cazenave. Ce plan tire les enseignements du précédent, qu’il prolonge et complète. J’insisterai sur deux volets de ce nouveau plan résolument offensif, qui prouvent que nous nous adaptons aux nouveaux canaux de diffusion des produits contrefaits et à l’évolution des profils des contrefacteurs.
Le premier volet concerne l’identification et le démantèlement des réseaux organisés de fraude. En complément de l’approche traditionnelle ciblée sur les marchandises, la douane renforce le volet opérationnel de son action en mobilisant l’ensemble des services douaniers concernés, des services de renseignement aux services de constatation et d’enquête, dans une optique de lutte contre les réseaux organisés de fraude. Concrètement, il ne s’agit plus seulement de contrôler, saisir et détruire, mais bel et bien de démanteler les réseaux pour agir à la source, à l’image de l’arrestation, les 19 et 20 novembre 2024, de plusieurs individus en Grèce, en Allemagne, en Bulgarie et en France, à la suite du démantèlement par les gendarmes de Normandie d’une importante usine de fabrication de cigarettes de contrefaçon près de Rouen en janvier 2023.
Le second volet du plan porte sur le renforcement de la coopération avec les plateformes de vente en ligne pour traquer les ventes de contrefaçons dans l’espace numérique. Je l’ai dit, le développement du commerce en ligne attire les organisations criminelles, qui utilisent ces plateformes. Plusieurs mesures de régulation ont été appliquées au niveau européen, échelon pertinent pour toucher les géants du numérique, mais également au niveau national pour compléter les dispositifs.
Je citerai cinq textes très importants. Premièrement, le règlement sur les services numériques ou Digital Services Act (DSA), adopté en octobre 2022 et entré en vigueur en février 2024, repose sur un principe simple : ce qui est interdit hors ligne est également interdit en ligne. La contrefaçon est bien évidemment visée. Les dispositions du DSA portent notamment sur l’obligation de mettre en place un système de signalement des contenus illicites, la désignation d’un coordinateur national des services numériques et de signaleurs de confiance – leur désignation est en cours –, l’obligation de transparence quant à l’identité du vendeur – point essentiel –, ou sur des sanctions financières. J’ai entendu un de vos collègues dire que le texte n’était pas applicable : des enquêtes sont en cours et des sanctions, qui peuvent atteindre 6 % du chiffre d’affaires mondial annuel de l’exercice précédent pour les grandes plateformes qui ne se conforment pas au règlement, commencent à être prononcées.
Deuxièmement – et j’en profiterai pour répondre au rapporteur Mauvieux –, j’avais eu l’honneur, en tant que secrétaire d’État chargée du numérique, de défendre la loi visant à sécuriser et à réguler l’espace numérique (Sren), qui transpose le texte précédent. Elle a permis de renforcer le rôle de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), désignée comme coordinateur national des services numériques. Monsieur le rapporteur, le texte entre en vigueur, il est dans sa phase d’application et nous veillerons collectivement à ce que les choses avancent au plus vite.
Troisièmement, la loi du 18 juillet 2023 visant à donner à la douane les moyens de faire face aux nouvelles menaces offre désormais la possibilité aux agents habilités de saisir les opérateurs de plateformes en ligne pour leur demander le retrait des contenus proposant des contrefaçons. Elle autorise également la conclusion de protocoles d’accords bilatéraux entre les plateformes de vente en ligne et la direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI) afin de faciliter l’identification de vendeurs impliqués dans le commerce de contrefaçon. Ce travail est en cours.
Quatrièmement, le règlement sur la sécurité générale des produits (RSGP) adopté en mai 2023 au niveau européen, qui devrait entrer en vigueur à la fin de l’année, conduira à considérer les plateformes comme des prestataires de services d’exécution de commandes. Leur responsabilité en matière de sécurité et de conformité des produits pourra ainsi être appelée en cas d’impossibilité d’identifier les vendeurs.
Cinquièmement, la loi influenceurs, due à l’initiative des députés Stéphane Vojetta et Arthur Delaporte et promulguée en juin 2023,  permet d’interdire la promotion de tout bien ou service contrefaisant – pratique qui tend à se répandre. Grâce à l’important travail législatif que vous avez fourni, nous sommes à présent mieux armés pour agir contre la contrefaçon, mais nous devons continuer à adapter en permanence nos dispositifs.
Vous l’aurez compris, le gouvernement est pleinement mobilisé pour lutter contre le fléau de la contrefaçon. Comme nous l’avons fait pour le règlement sur la sécurité générale des produits, il nous faut toutefois sans arrêt réinterroger nos pratiques, compléter nos dispositifs et les adapter aux pratiques des contrefacteurs.
Certaines des propositions de votre rapport ont donc particulièrement attiré notre attention. Concernant la création de la réserve opérationnelle de la douane, possibilité offerte par la loi du 18 juillet 2023, les principaux textes d’application ont été remis au secrétaire général des ministères économiques et financiers pour transmission au guichet unique. Ces textes seront ensuite présentés aux instances représentatives des personnels, puis au Conseil d’État. Après leur validation, les premiers recrutements de réservistes opérationnels douaniers pourraient intervenir fin 2025. Je vous remercie d’avoir défendu ardemment la création de cette réserve.
Concernant votre proposition no 3, qui vise à ouvrir largement l’accès au rôle de signaleur de confiance prévu par le DSA, nous partageons votre sentiment et l’Arcom travaille en ce moment à la désignation des candidats. Concernant votre proposition no 7, qui vise à instaurer une traçabilité du tabac transformé importé en France ou en transit au moyen d’un numéro d’identification, les services de la DGDDI se sont positionnés en faveur d’un travail au niveau européen visant à soumettre ces catégories de produits aux accises. Cette inclusion permettrait le suivi des marchandises dans le système d’information européen – je sais que vous avez déposé une proposition de loi en ce sens, monsieur Blanchet. Enfin, pour ce qui concerne vos propositions nos 12 et 13, relatives à la communication et à la sensibilisation des publics, plusieurs actions nationales récurrentes sont conduites, mais je conviens volontiers que nous devons renforcer nos actions en la matière.
Je ne suis pas entrée dans le détail de vos quinze propositions – d’autres, comme le renforcement du rôle de la police municipale, seraient d’ailleurs à promouvoir –, mais je tenais à vous remercier à nouveau pour la qualité de vos travaux. Messieurs les rapporteurs, je me ferai le relais auprès du gouvernement de votre souhait de voir inscrire à l’ordre du jour du Sénat la proposition de la loi relative à la contrefaçon défendue par le rapporteur Blanchet et adoptée par l’Assemblée.

 

Olga Givernet (ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des risques, chargée de l’Energie)
> A Busan, en Corée du Sud, pour les négociations d’un traité historique contre la pollution plastique. Les enjeux sont cruciaux : d’ici 2040, la production mondiale de plastique pourrait atteindre 736 millions de tonnes par an, soit près du double des niveaux actuels. (…)
Nous réaffirmons notre volonté d'aboutir à un traité ambitieux, couvrant l'ensemble du cycle de vie, à commencer par la réduction de la production plastique. A cette fin, avec les représentants des Fidji, de la Micronésie, du Panama et de la présidence hongroise de l’UE, nous avons réitéré notre détermination à réduire la pollution plastique à la source, lors d'une conférence de presse conjointe.

 

► Assemblée nationale 
Yaël Braun-Pivet (présidente) 
> S’il est un combat qui rassemble l’Assemblée nationale, c’est celui contre les violences. Ici, en Haute-Savoie, aux côtés des acteurs de terrain, je vois les avancées concrètes prendre vie : aide d’urgence, ordonnances renforcées, protection des enfants. Agir ensemble, c’est faire la différence parce que chaque décision compte. Parce que chaque vie compte.

> Les invectives, les altercations et tout ce qui contribue à entretenir un climat délétère dans l’hémicycle sont graves. Elles n’ont pas leur place à l’Assemblée. Les Français exigent exemplarité et dignité de leurs élus, j’en appelle à la responsabilité de chacun.

 

► Partis politiques 
● Renaissance 
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Gabriel Attal (député, président du groupe Ensemble pour la république à l’Assemblée nationale)
> Nombreux étaient ceux à ne pas y croire, voire parfois à se moquer, mais ils ignoraient tout des forces qui habitent notre formidable nation. En 5 ans, l'impossible a pu être réalisé grâce au talent et aux compétences de nos ouvriers, compagnons, architectes et ingénieurs. Grâce à l'engagement sans faille d'un général de nos armées. Tous portés par la détermination et le soutien indéfectible du chef de l'État. Fier de notre pays la France. Heureux et reconnaissant de voir la cathédrale de Notre-Dame, joyau de notre patrimoine, renaître de ses cendres.

 

Thomas Cazenave (député)
> [Accès à l’enseignement supérieur – intervention à l’Assemblée] Briser les déterminismes, garantir l’égalité des chances, accompagner les aspirations de notre jeunesse, permettre à chacun de réaliser son potentiel, former aux métiers de demain : la politique publique de l’orientation est essentielle, comme nous devons le reconnaître pour bien la conduire. Les travaux que nous avons menés avec Hendrik Davi entre novembre 2022 et décembre 2023 nous ont amenés à dresser un constat sévère, celui d’un immense gâchis collectif.
En effet, près d’un tiers des élèves n’est pas accompagné dans le processus d’orientation. Parmi les lycéens, 83 % sont angoissés au moment de formuler les vœux sur Parcoursup. La moitié des étudiants inscrits en L1 n’obtiennent pas leur licence au bout de trois ou quatre ans. Le processus d’orientation ne parvient pas à briser les inégalités sociales : dans les établissements défavorisés, 54 % des élèves font leurs choix seuls sur Parcoursup. Un constat similaire doit être dressé à propos des inégalités de genre : le nombre de femmes est trop faible dans les filières scientifiques et l’autocensure est toujours très présente. En outre, les inégalités territoriales sont flagrantes : alors que certaines régions investissent massivement dans l’accompagnement à l’orientation, d’autres peinent à mobiliser les ressources nécessaires.
La politique publique d’orientation est actuellement en échec car elle n’a pas de cap. Reconnaissons-le : l’orientation est devenue un maquis complexe, où se croisent trop d’acteurs, aux rôles redondants, mal définis, parfois contradictoires. Chefs d’établissement, professeurs principaux, psychologues de l’éducation nationale, professeurs documentalistes, centres d’information et d’orientation (CIO), Office national d’information sur les enseignements et les professions (Onisep), régions, services de l’État : tous interviennent, mais rarement de manière coordonnée. Cette dispersion des responsabilités génère une confusion et surtout le sentiment d’une politique publique sans objectif clairement défini et donc très difficile à évaluer. Les acteurs eux-mêmes peinent à définir les objectifs qu’ils poursuivent et donc à mesurer leurs résultats.
Face à cette confusion, Parcoursup est une victime toute trouvée. La plateforme a pourtant apporté des améliorations notables, notamment avec l’instauration de quotas de boursiers et une meilleure mobilité dans les filières en tension. L’information sur les filières et l’orientation n’a jamais été aussi exhaustive ou d’aussi bonne qualité. Malgré les inquiétudes, les retours des utilisateurs de la plateforme montrent que le résultat est souvent meilleur qu’attendu. Parce que nous ne préparons pas assez bien les élèves et leur famille au moment de leur choix, la plateforme cristallise les tensions et les mécontentements.
Tout se joue pourtant avant. Il nous revient de préparer les élèves en leur offrant les outils et les clés nécessaires pour envisager sereinement leur avenir. Cela suppose un accompagnement renforcé, dès le lycée, pour faire en sorte que chaque jeune ait accès à une orientation éclairée et personnalisée. Il est urgent de bâtir une véritable politique publique de l’orientation.
D’abord, il faut redéfinir les rôles de chacun : face à l’éclatement des responsabilités, il est urgent de redéfinir un cap. Nous proposons la création d’un délégué interministériel à l’orientation, qui incarnera cette politique et pilotera les différents outils nécessaires, notamment l’Onisep et le programme Avenir.
Le deuxième volet est le temps consacré à la préparation des élèves à l’orientation. Pour garantir un suivi effectif, les cinquante-quatre heures dédiées à l’orientation au lycée doivent être garanties et inscrites dans la dotation horaire globale (DHG) des établissements, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Ensuite, il faut que les professeurs soient en mesure de répondre aux sollicitations des élèves sur le sujet, car l’orientation est au cœur de leur mission. Pourtant, 85 % des professeurs principaux ne sont pas formés à cette tâche. La formation des enseignants, initiale et continue, doit être rendue obligatoire sur le sujet.
Enfin, il me paraît indispensable de renforcer les liens entre les lycées et le monde extérieur. L’ouverture des établissements aux acteurs de qualité, pour une meilleure découverte des métiers et des formations, doit être encouragée.
Chers collègues, la politique publique de l’orientation est cruciale. Elle est urgente pour nos jeunes et déterminante pour notre avenir. Je tiens ici à saluer la volonté affichée des ministres de travailler avec les parlementaires et les acteurs sur ce sujet en lançant une consultation qui, je l’espère, monsieur le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, nous permettra d’aboutir à une réforme ambitieuse.

 

Bertrand Sorre (député)
> [Accès à l’enseignement supérieur – intervention à l’Assemblée] Depuis 2017, l’école est au cœur des politiques publiques promues par la majorité présidentielle, conformément au programme du président de la République. Elle incarne l’avenir de notre jeunesse et de notre société. La formation et l’accompagnement des élèves, s’agissant en particulier de leur orientation, constituent des moyens essentiels de combattre le déterminisme social et de renforcer l’égalité des chances. Garantir à chaque jeune, quel que soit son parcours ou son lieu de résidence, la possibilité de trouver sa voie et de réussir est une priorité pour le gouvernement et doit le demeurer.
Toutefois, les résultats des politiques publiques menées dans ce domaine ne satisfont pas encore pleinement les attentes dont elles font l’objet. En 2020 et 2023, les missions parlementaires de suivi de l’évaluation de l’accès à l’enseignement supérieur ont dressé un constat similaire : l’application de la loi du 8 mars 2018 relative à l’orientation et à la réussite des étudiants, dite loi ORE, n’a pas produit tous les effets escomptés.
Six ans après le lancement de la plateforme Parcoursup et malgré des évolutions notables, les critiques à son encontre restent nombreuses. La complexité du panorama actuel nuit à sa lisibilité. Il se caractérise par la prolifération des acteurs impliqués dans l’orientation et l’absence d’un cadre national clair et structurant au sein duquel pourraient se rencontrer les souhaits des lycéens, les besoins de formation et les offres disponibles.
Il faut prendre en considération trois éléments pour guider notre action : les aspirations des élèves et des étudiants, les besoins de formation et les offres de formation. Or ce triptyque peine encore à s’articuler de manière satisfaisante. En témoignent les chiffres : si près de 90 % des élèves obtiennent le baccalauréat, seuls 30 % réussissent leur première année d’études supérieures dès leur premier essai.
Ce décalage souligne qu’il est urgent d’assurer à chaque jeune une orientation choisie plutôt que subie. La loi ORE avait pour objectif de démocratiser l’accès à l’enseignement supérieur et de renforcer la réussite des étudiants. Pourtant, le rapport met en lumière la persistance d’une architecture confuse. Au sein du seul ministère de l’éducation nationale, la multiplication des acteurs chargés de l’orientation rend le dispositif difficilement lisible et peu efficace. D’autres acteurs se sont vu confier de nouvelles missions. C’est le cas des régions dont les choix de pilotage divers et les investissements variés créent des inégalités territoriales dans l’accès à l’information des étudiants.
Malgré certaines avancées, une véritable méconnaissance mutuelle de leurs rôles persiste parmi les différents acteurs, en particulier entre le secondaire et le supérieur. Par exemple, l’enseignement supérieur n’a pas encore tout à fait assimilé la réforme du lycée, pourtant appliquée depuis plusieurs années.
Les dispositifs d’accompagnement à l’orientation souffrent d’une grande hétérogénéité et demeurent insuffisants. Sur le terrain, cette disparité contribue à maintenir l’orientation comme une priorité secondaire et empêche de nombreux élèves d’être pleinement acteurs de leurs choix. Nombre d’entre eux s’estiment et se disent mal préparés à construire leur projet d’avenir.
Plus globalement, les réformes entreprises n’ont pas entièrement réalisé certaines des ambitions qui les animent, faute d’une adhésion suffisante et d’un accompagnement adéquat des enseignants.
Par ailleurs, les déterminismes sociaux et les inégalités socioculturelles et territoriales continuent de peser lourdement sur l’orientation des élèves, malgré l’accroissement de leur mobilité géographique constaté depuis 2018. Ces inégalités entretiennent des disparités marquées entre les parcours des jeunes, en fonction de leurs origines ou de leurs lieux de vie.
Parcoursup, malgré l’instauration de quotas pour les élèves boursiers, qui ont favorisé une plus grande mixité sociale et une meilleure mobilité dans les filières en tension, peine à convaincre pleinement ses utilisateurs. Pour 83 % des élèves et de leurs familles, le processus afférent constitue une source importante de stress. Ce sentiment n’est pas seulement lié au fonctionnement de la plateforme elle-même mais aussi et surtout à un manque de préparation et d’accompagnement en amont, qui amplifie les inquiétudes à ce moment crucial du parcours des élèves.
Pour conclure, l’absence d’un pilotage national – pourtant nécessaire – rend plus aigus les différents problèmes évoqués. Les objectifs des nombreux intervenants concernés ne s’accordent pas toujours, dans la mesure où leur coopération demeure limitée. Par conséquent, il semble essentiel de poursuivre nos efforts, afin de lever ces divers obstacles pour mieux préparer et améliorer l’orientation des élèves. Chacun d’eux doit pouvoir trouver sa voie dans l’enseignement supérieur, s’épanouir dans son parcours d’étude et accomplir, à terme, son projet personnel et professionnel.
Monsieur le ministre, nous devons à notre jeunesse d’atteindre cet objectif. À cette fin, vous pourrez compter sur l’engagement du groupe EPR.

 

Annaïg Le Meur (députée)
> La contrefaçon est une menace protéiforme qui dépasse de loin la simple atteinte aux droits de propriété intellectuelle. Elle constitue un danger économique, social et sécuritaire qu’il est urgent de combattre avec davantage de vigueur. En effet, alors que nos entreprises respectent des règles de sécurité, des règles sociales et des normes environnementales, ce n’est pas le cas des entreprises qui produisent des biens contrefaits.
Il est établi que la contrefaçon alimente directement les réseaux de criminalité organisée. Ces groupes utilisent ce trafic pour financer d’autres activités illicites comme le trafic de drogues ou d’armes. Grâce à la complexité des chaînes d’approvisionnement mondialisées, ils inondent nos marchés de produits illégaux. La lutte contre la contrefaçon doit donc être intégrée dans notre stratégie globale de lutte contre les activités criminelles. À cet égard, les recommandations de la commission d’enquête du Sénat contre les réseaux de narcotrafiquants pourraient nous inspirer. Les produits contrefaits ne sont pas de simples marchandises : ils doivent être traités comme des biens illicites.
Ensuite, la contrefaçon représente un risque grave pour la sécurité des consommateurs. Un chiffre alarmant illustre ce danger : 34 % des consommateurs ont déjà acheté, parfois sans le savoir, des produits contrefaits. Or ces derniers échappent à toute norme de sécurité, avec des conséquences parfois dramatiques : jouets toxiques, médicaments falsifiés ou encore cosmétiques irritants. Pour dissuader nos concitoyens de recourir à cette pratique, l’instauration d’une amende forfaitaire, comme pour la détention de drogue, enverrait un message clair. L’achat de produits contrefaits alimente un système criminel et met en danger nos concitoyens.
Ce combat ne peut être gagné uniquement à l’échelle nationale. Une réponse européenne et internationale est impérative. À cet égard, je tiens à saluer le travail de nos collègues auteurs du rapport d’information consacré à la lutte contre la contrefaçon, qui offre des perspectives ambitieuses et des pistes concrètes pour renforcer nos actions collectives.
Trois axes méritent d’être priorisés. Tout d’abord, il faut renforcer la traçabilité des produits grâce à des identifiants uniques qui permettraient de suivre le parcours de chaque produit importé. Ensuite, il convient d’harmoniser les actions douanières et policières au sein de l’Union européenne pour permettre des interventions plus coordonnées et efficaces. Enfin, il est nécessaire d’intégrer systématiquement des clauses de protection des droits de propriété intellectuelle dans nos accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux. En outre, il est crucial de nouer des partenariats avec les pays producteurs en liant notre aide au développement à leurs efforts dans ce domaine.
Toutefois, la contrefaçon évolue et l’essor des réseaux sociaux a donné une nouvelle dimension à ce fléau. Certains influenceurs, parfois peu scrupuleux, font la promotion de produits contrefaits, exploitant l’image et le design des grandes marques. Qui parmi nous n’a jamais vu une publicité en ligne pour un parfum « proche de Chanel no 5 » ou pour un vêtement inspiré d’une grande maison de couture ? Ces produits, même sans logo officiel, exploitent de façon abusive la créativité et le travail des créateurs. Nous devons responsabiliser ces influenceurs et renforcer la coopération avec les plateformes numériques pour retirer rapidement les contenus illicites. Ces acteurs ne peuvent plus être les complices passifs de la contrefaçon.
Enfin, la sensibilisation des consommateurs est un levier essentiel. Des campagnes nationales percutantes, en collaboration avec le secteur privé, sont nécessaires pour marquer les esprits et informer sur les risques liés à la contrefaçon. Dans les écoles, intégrer l’éducation à la propriété intellectuelle au cours d’enseignement moral et civique pourrait sensibiliser les plus jeunes à ces enjeux. La diffusion d’un film éducatif dans les aéroports ou les ports, pour informer les voyageurs en possession de produits contrefaits des conséquences économiques et sécuritaires de leurs actes, pourrait compléter le dispositif.
Pour être efficace, notre arsenal juridique doit également être modernisé. Je pense notamment à deux mesures : d’une part, la saisie des patrimoines acquis grâce à la contrefaçon et, d’autre part, l’interdiction du territoire français aux trafiquants de produits contrefaits – comme c’est le cas aujourd’hui pour les trafiquants de tabac et de stupéfiants.
La lutte contre la contrefaçon n’est pas seulement une question de propriété intellectuelle : elle concerne également notre sécurité, notre santé publique et notre combat contre les réseaux criminels. Ensemble, nous devons nous doter des outils nécessaires pour protéger nos concitoyens, nos entreprises et nos valeurs. Refuser de laisser prospérer un modèle fondé sur le danger, l’illégalité et l’exploitation, c’est aussi affirmer notre engagement pour un commerce plus juste et plus sûr.
Pour conclure, je tiens à saluer le travail remarquable accompli par les douanes, la police et la gendarmerie.

 

● MoDem 
Frédéric Petit (député)
> Nous sommes 5 députés, de 5 groupes politiques différents, à avoir écrit au ministre des Armées , pour envoyer des instructeurs militaires français en Ukraine. La dureté des combats et la pression russe croissante dans le Donbass nous conduisent à penser que les formations dispensées par l’armée française sur le territoire français et polonais doivent se poursuivre désormais sur le sol ukrainien. Nous soutenons la proposition de création d'une coalition européenne dans l'envoi d'instructeurs militaires en Ukraine. La France peut aujourd'hui prendre un rôle moteur dans cette coalition aux côtés des armées britanniques, polonaises, des états baltes et scandinaves. À l'heure où la Fédération de Russie fait appel à des milliers de soldats nord-coréens pour se battre contre l'armée ukrainienne, notre réponse doit être d'accroitre notre soutien direct à l'Ukraine ; non pas en envoyant des soldats se battre contre l'armée russe mais en envoyant des instructeurs militaires former sur le sol ukrainien des soldats qui défendent l'intégrité de leur territoire et nos valeurs démocratiques. Les perspectives autour d'éventuelles négociations se précisant, la France et les pays européens ne doivent montrer aucun signe de faiblesse ne pas se laisser dicter leurs conduites par les lignes rouges tracées par le Kremlin. Cette formation sur le sol ukrainien est aujourd'hui importante pour aider l'Ukraine à se défendre, pour protéger des vies et ne pas perdre cette guerre.

 

Delphine Lingemann (députée)
> [Accès à l’enseignement supérieur – intervention à l’Assemblée]  Je suis très heureuse de pouvoir m’exprimer au nom du groupe Les Démocrates sur l’accès à l’enseignement supérieur. En effet, bien qu’elle soit peu évoquée dans le débat public, la question de l’orientation du secondaire vers les études supérieures est pourtant décisive : 950 000 candidats avaient ainsi déposé au moins un vœu sur la plateforme d’affectation Parcoursup l’année dernière.
Le rapport de la mission d’évaluation sur l’accès à l’enseignement supérieur dresse plusieurs constats que nous partageons sur la question de l’orientation des parcours académiques. Il relève le manque de pilotage national et la multiplicité des acteurs, le transfert de compétences variables selon les régions et l’affaiblissement de l’Onisep qui en résulte, l’accompagnement hétérogène des élèves et le poids des déterminismes sociaux.
Dès 2018, la création de la plateforme unique Parcoursup a pourtant permis d’améliorer sensiblement l’orientation des futurs étudiants en réformant l’accès à l’enseignement supérieur. En premier lieu, elle a accru la transparence des procédures d’affectation, car les critères d’admission sont indiqués pour chaque formation. Avant Parcoursup, un tirage au sort était pratiqué pour départager les candidats dans les filières en tension, une procédure complètement injuste et inéquitable.
En second lieu, elle a amélioré la lisibilité. En effet, Parcoursup centralise un nombre toujours plus important d’offres de formation : en 2018, 13 000 formations étaient ainsi référencées ; ce nombre s’élève à présent à 23 000. Parcoursup est désormais incontournable pour que se rencontrent culture scolaire et universitaire.
Les efforts collectifs doivent néanmoins se poursuivre pour lutter contre les phénomènes d’autocensure et contre les inégalités sociales, territoriales ou économiques. Je voudrais tout d’abord évoquer la question de l’égalité des chances dans l’accès à l’enseignement supérieur. Elle reste bien souvent théorique. Le poids des stéréotypes de genre, qui apparaît dès le plus jeune âge, demeure important. Si les étudiantes sont majoritaires – elles représentent 56 % des effectifs – et se sont imposées dans certaines filières scientifiques comme la médecine ou les sciences de la vie, elles restent minoritaires dans d’autres formations, comme les écoles d’ingénieurs ou la filière technologique, où elles représentent un peu moins de 30 % des effectifs.
Élue d’un territoire rural, le Puy-de-Dôme, je tiens aussi à souligner l’existence d’inégalités territoriales dans l’accès à l’enseignement supérieur. En effet, à résultats scolaires égaux – voire meilleurs –, les bacheliers originaires des espaces ruraux se dirigent bien moins que leurs homologues urbains vers les filières les plus prestigieuses de l’enseignement supérieur. Il me semble donc nécessaire de renforcer le soutien à la mobilité académique des jeunes des territoires ruraux, qui s’autocensurent trop souvent.
Ces inégalités entre territoires se traduisent aussi par une plus faible implantation des services universitaires dans les territoires ruraux. En ce sens, le groupe Démocrates soutient l’annonce du ministre de l’enseignement supérieur d’instaurer une aide de 20 à 40 euros par mois pour les étudiants des territoires ruraux n’ayant pas accès aux restaurants universitaires, à compter de février 2025. Cette mesure gagnerait à s’accompagner d’un soutien à la mobilité, par le biais d’une aide financière destinée aux étudiants issus des territoires ruraux qui utilisent la voiture, faute de transports en commun. Cette aide pourrait prendre la forme d’abonnements à tarifs préférentiels, comme le forfait Imagine R en Île-de-France.
Outre la question de l’égalité des chances, c’est au moment du choix d’orientation que des disparités économiques et des asymétries d’informations entrent en jeu. Bien souvent, au moment de formuler leurs vœux, les futurs bacheliers et leurs parents sont contraints d’opérer des arbitrages économiques. La réforme du système des bourses doit donc être poursuivie afin de lutter efficacement contre ces inégalités. En 2023, une première étape s’est traduite par une revalorisation des bourses à hauteur de 37 euros par mois et par l’augmentation du nombre d’étudiants boursiers, 35 000 bourses supplémentaires ayant été distribuées. La seconde étape, celle de la réforme structurelle du système, doit être franchie dès 2026, afin de rendre le système plus lisible et progressif, et d’éviter les effets de seuil.
Face à une offre de formation pléthorique, les asymétries d’informations sont significatives. En raison de la complexité croissante du paysage de l’enseignement supérieur, les parents n’ayant pas eux-mêmes suivi de telles études sont particulièrement démunis pour guider efficacement leurs enfants dans leurs choix d’orientation. En particulier, 19 % des étudiants sont inscrits dans des établissements d’enseignement supérieur privés. Dans leur rapport sur l’enseignement privé à but lucratif, nos anciennes collègues Estelle Folest et Béatrice Descamps nous ont alertés sur les dérives de ces établissements, où la qualité et la reconnaissance des formations sont très variables. Même si ce n’est qu’une étape, il est souhaitable de créer un nouveau label, afin de mieux identifier et qualifier les formations du privé.
Le groupe Démocrates considère que l’orientation par l’information et l’accompagnement doit être une priorité, afin de rendre le plus égalitaire possible l’accès à l’enseignement supérieur.

 

Romain Daubié (député)
> Le rapport de l’Assemblée, relatif à l’évaluation de la lutte contre la contrefaçon, met en lumière une réalité alarmante : la contrefaçon représente près de 7 % des importations dans l’Union européenne, soit un coût estimé à 121 milliards par l’OCDE. À l’heure où nous cherchons des économies partout, ce chiffre est saisissant. Ce fléau n’est pas seulement économique ; il met en danger la santé des consommateurs, alimente les réseaux criminels et entraîne des pertes considérables pour nos industries.
En réponse, le rapport propose plusieurs mesures. J’en développerai trois plus particulièrement : l’obligation faite aux plateformes de retirer rapidement de leur site les produits contrefaits, la création d’un formulaire unique de signalement et le lancement d’une campagne de sensibilisation nationale par l’Inpi. Je n’aborderai pas la question du tabac, développée par le rapporteur Christophe Blanchet lors de sa présentation.
Les recommandations formulées dans le rapport soulignent un besoin urgent de moderniser nos outils et de renforcer nos efforts face à la montée en puissance de la contrefaçon, en particulier sur les plateformes numériques. En résumé, le monde change, les technologies évoluent. Il faut également faire évoluer la loi.
Tout d’abord, il est impératif que les signalements effectués sur des plateformes de commerce en ligne ou sur les réseaux sociaux soient suivis d’actions rapides et efficaces. Les délais actuels entre le signalement d’un produit contrefait et son retrait sont bien souvent trop longs, ce qui laisse le temps aux contrefacteurs de toucher des milliers de consommateurs et de faire autant de victimes. Cela implique d’attribuer une responsabilité claire aux plateformes, qui doivent être tenues de justifier les mesures prises. Il n’est pas acceptable qu’elles puissent faire des profits sans assumer leurs responsabilités.
Ensuite, il est nécessaire de simplifier les démarches de signalement. Actuellement, les procédures varient selon les plateformes et manquent de lisibilité. La création d’un formulaire unique, qui serait automatiquement transmis à toutes les plateformes, est une piste de travail. Il n’est pas entendable, comme cela a été mis en évidence lors des auditions, qu’un signalement prenne plusieurs dizaines de minutes. Dans ce cas, les consommateurs sont découragés d’agir. Un dispositif centralisé est nécessaire : il pourrait être supervisé par une autorité telle que l’Inpi.
Enfin, pour lutter efficacement contre la contrefaçon, il faut s’attaquer au problème à sa racine : la sensibilisation des consommateurs. Nombre d’entre eux ignorent les dangers sanitaires et économiques que représentent les produits contrefaits ; ils ignorent même avoir acheté une contrefaçon, pensant simplement avoir fait une bonne affaire sur internet, alors que les conséquences peuvent être gravissimes lorsqu’il s’agit de plaquettes de frein, d’un jouet pour enfant ou de médicaments dangereux.
Une grande campagne de sensibilisation nationale, financée par l’Inpi, doit donc être engagée. Elle ne doit pas être perçue comme un coût, mais bien comme un investissement stratégique, en vue de réduire la demande de contrefaçons. Elle doit être engagée sans restreindre les ressources financières de l’Inpi, qui reste un acteur clé dans la défense des droits de la propriété intellectuelle.
En conclusion, lutter contre la contrefaçon, c’est non seulement protéger des marques et des brevets et défendre des intérêts privés, mais c’est aussi, et avant tout, défendre nos emplois, notre sécurité, notre souveraineté économique et les ressources des finances publiques. Agir rapidement, simplifier les procédures et sensibiliser le public sont des étapes incontournables pour que la lutte contre la contrefaçon soit réellement efficace.

 

 

Vues du Centre. Les médias de la peur

Par Jean-François Borrou


Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste. 
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes. 

Prenons nos quatre chaînes d’information en continu (mais cela vaut pour d’autres médias audiovisuels et pour certaines publications de la presse écrite).

Avec franceinfo, chaîne de gauche plus ou moins radicale selon les factions qui s’opposent entre elles à la rédaction, tout va mal en politique et l’économie s’effondre avec des licenciements en masse et le prochain retour du chômage de masse.

Avec Cnews, chaîne d’extrême-droite, c’est la société où règne l’insécurité qui se délite avec perte des valeurs occidentales et chrétiennes.

Avec BFMTV, chaîne populiste, ce sont les élites et plus spécifiquement la classe politique qui sont responsables de tous nos maux.

Avec LCI, c’est le monde qui est devenu un vaste no man’s land et nous sommes déjà dans la troisième guerre mondiale avec l’apocalypse nucléaire qui se profile au bout du chemin.

Oui, toutes les chaînes d’information en continu jouent sur nos peurs pour leurs taux d’audience qui ont pour but de faire passer une idéologie (franceinfo et Cnews) ou leur permettre de faire plus d’argent (BFMTV et LCI).

Le problème majeur au-delà d’une déontologie journalistique bafouée allègrement et constamment par les directions et les propriétaires de ces chaînes ainsi que par leurs salariés, c’est que cette instrumentalisation jusqu’à plus soif de la peur se fait, in fine, contre la démocratie que certains de ces médias affirment pourtant vouloir défendre.

Car la peur est l’instrument privilégié utilisé par les idéologies extrémistes et populistes pour mener leur combat contre la démocratie.

Ici on veut susciter constamment de l’émotionnel et éveiller les passions tristes.

Ce n’est pas avec cette manière de procéder que l’on permettra à la population d’avoir accès à une information citoyenne qui n’est pas là, ni pour la rassurer, ni pour l’inquiéter mais pour lui décrire le monde dans lequel on vit et pour prendre les décisions qui s’imposent en regard de celui-ci.

Jean-François Borrou