► Emmanuel Macron (Président de la République)
Je tiens à féliciter Maïa
Sandu pour sa réélection à la tête de la Moldavie. La démocratie a triomphé de
toutes les interférences et de toutes les manœuvres. La France continuera de se
tenir aux côtés de la Moldavie sur son chemin européen.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, désormais
dirigé par Michel Barnier, nous ne reprenons que les propos des membres
centristes de celui-ci, c’est-à-dire de 13 d’entre eux; Le parti Renaissance
compte 12 de ses membres dans cette équipe gouvernementale mais trois d’entre
eux sont des personnalités qui se revendiquent depuis toujours de droite –
Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu et Benjamin Haddad – dont nous ne reportons
donc pas les propos puisque la ligne politique de ce gouvernement n’est plus
centriste mais essentiellement droitiste]
Anne Genetet (ministre de l’Education nationale)
> Aujourd'hui s'ouvre le procès de l'attentat islamiste ayant coûté la
vie à Samuel Paty, assassiné parce qu'il était professeur. La transmission des
savoirs et la force des Lumières l'emporteront toujours sur le terrorisme
islamiste. Nous poursuivrons ce combat avec détermination.
Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires
étrangères)
> L'élection américaine doit réveiller l'Europe. Elle doit sortir de son
complexe d'infériorité, en se musclant sur les plans militaire, industriel et
commercial.
> [Elections étasuniennes] Nous prendrons le président que les Américains nous donnerons. (...) Nous nous tenons prêts, le cas échéant, à faire avec une nouvelle administration Trump.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Aucune paix juste et durable ne peut être conclue dans le dos des Ukrainiens et par-dessus la tête des Européens.
> [Crise au Moyen-Orient] Il faut arrêter d'importer ce conflit dans le débat public en France.
Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition
écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des risques)
> Nous avons collectivement un travail titanesque à entreprendre pour
réussir la transition écologique et énergétique. Se fixer des objectifs
ambitieux, réalistes, en fait partie. En lançant aujourd'hui la consultation
publique sur la Stratégie nationale bas-carbone et la Programmation
pluriannuelle de l'énergie, nous complétons, après le PNACC, la Stratégie française
pour l'énergie et le climat. Nous renforçons les ambitions de la France :
- Nous visons désormais un objectif de réduction des émissions de gaz à effet
de serre de 50% d’ici 2030, contre 40% précédemment.
- Nous nous fixons le défi de passer d’une consommation énergétique à 60%
carbonée à une consommation énergétique à 60% décarbonée d’ici 2030.
> La Stratégie française pour l’énergie et le climat est désormais entièrement soumise à l’avis du public. Il s’agit là de définir notre cadre d’action pour répondre aux objectifs ambitieux que nous nous sommes fixés : atteindre la neutralité climatique à horizon 2050. Aujourd’hui, conformément aux objectifs européens, nous rehaussons notre ambition de réduction des gaz à effet de serre afin d’atteindre une diminution de 50 % en 2030 par rapport à 1990. Cet objectif ambitieux, nous pouvons l’atteindre avec la mobilisation de tous, en concertation et en responsabilité. Les efforts menés depuis 2017 dans la lutte contre le dérèglement climatique ont des résultats concrets, qu’il nous faut poursuivre. La marche est haute, mais la baisse importante des émissions de gaz à effet de serre de 5,8 % entre 2022 et 2023 nous montre qu’il est possible d’agir et d’avoir des résultats !
> L’objectif de réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre au niveau européen se traduit pour la France par une réduction de ses émissions brutes de 50 %, contre 40 % aujourd'hui, comme en atteste le rapport annuel du Haut Conseil pour le Climat. Chaque État membre a un objectif différent, puisque chaque État membre part d’une situation différente… L’objectif de l’Allemagne c’est -65% par exemple. Et la France compte déjà parmi les pays les moins carbonés d’Europe… Grâce notamment à son parc nucléaire.
> Stop à la naïveté. Certains pays produisent massivement des véhicules électriques, à des prix très compétitifs. Si nous Européens ne créons pas nos propres chaînes de production, c’est toute notre industrie automobile qui s’effondrera. Nous devons aussi la protéger de la concurrence déloyale. C’est pour cela que l’Union européenne peut taxer jusqu’à 35% les voitures produites en dehors de son territoire. C’est aussi pour cela que j’ai travaillé à conditionner les aides à l’achat de voitures électriques à leur empreinte écologique, souvent bien meilleure en France et en Europe qu’ailleurs. Tout est fait pour accompagner notre industrie automobile et ses efforts de décarbonation, qui sont essentiels.
> Respecter l’autorité, c’est pour tout le monde, et à tous les âges. Nous avons entamé avec Gabriel Attal un travail pour la rétablir partout, à l’école, à l’hôpital et évidemment dans la rue. Il faut aussi être attentifs aux familles, souvent monoparentales, qui sont parfois dépassées par leurs adolescents. Je souhaite que l’on continue à les accompagner avec pragmatisme et humanité. Loin des grands discours et des effets de manche.
> Eric Dupond-Moretti avait préparé un projet de loi très structurant contre le narcotrafic : parquet spécialisé, statut de repenti… Tout est prêt ! Je soutiens sa mise en œuvre, pour mettre fin à un fléau qui gangrène la vie des habitants des quartiers concernés.
Antoine Armand (ministre de l’Economie, des Finances et
de l’Industrie)
> Le débat parlementaire doit avoir lieu, c'est l'expression
démocratique de nos compatriotes. Nous devons la respecter. Mais, s'il devait
aboutir à un budget irresponsable, qui conduit au matraquage fiscal des
Français et des entreprises, alors nous prendrons nos responsabilités.
> [Union européenne] En ce qui concerne les questions de
compétitivité, comme vous le savez, il est temps d’agir.
Tout d’abord, il est temps d’agir car nous savons que l’Union européenne est à
la traîne de la Chine et des États-Unis, du côté de la croissance. (…) Nous
avons maintenant un diagnostic commun dû notamment aux nombreux travaux
réalisés par Mario Draghi et Enrico Letta ou encore Christian Noyer. Il faut
agir.
Il est temps d’agir aussi parce que, comme vous le savez, nous aurons bientôt
une nouvelle Commission européenne qui devra avoir une feuille de route très
claire et ambitieuse sur les questions de croissance et de compétitivité. Et je
suis heureux que nous puissions approuver dans les prochains jours une
déclaration de l’Eurogroupe sur le programme en matière de compétitivité.
Et enfin, comme vous le savez, nous avons aujourd’hui des élections aux
États-Unis. Nous sommes à la veille d’un changement dans le monde et aux
États-Unis. Nous savons que l’Europe devra compter d’abord sur elle. Il est
donc temps d’agir. Faisons le travail.
> Le premier défi crucial pour l’Europe est la croissance européenne. Tout d’abord, si nous sommes plus forts en Europe, nous pourrons mieux et beaucoup plus efficacement parler avec tous nos partenaires. Bien sûr, c’est le cas des États-Unis, quel que soit le résultat de l’élection américaine.
> C’est l’industrie automobile qui est en jeu maintenant.
Les industries automobiles européennes ont beaucoup investi pour atteindre
l’objectif 2035, qui est un très bon objectif, tant pour la transition verte
que pour la compétitivité européenne. Dans ce cadre, il faut être très prudent
quant aux effets contre-productifs que certaines réglementations auraient sur
nos industries. Dans cette mesure, nous sommes maintenant au stade des
réflexions et échanges avec tous nos homologues, tous les États membres en Europe.
Et nous devrons faire bientôt, très bientôt, des suggestions et des
propositions à la Commission européenne pour agir rapidement, en restant sur
les rails, en gardant l’idée et l’objectif du règlement 2035, mais en ayant les
bons outils pour aider et non pas entraver la croissance des industries
européennes. (…)
Il faut voir comment ces amendes vont affecter les industries européennes. Nous
devons voir comment ces amendes affecteraient les industries européennes. Et si
ces amendes devaient avoir un impact sur les industries européennes, alors il
faudrait les examiner de près et voir comment on peut faire autrement sans
changer la direction, la direction 2035. (…)
Nous avons maintenant ces discussions avec les partenaires européens. Comme
vous le savez, la France n’agit jamais seule. Nous parlons toujours avant,
agissons ensemble et faisons ensuite des propositions très constructives pour
toutes les industries européennes parce qu’il ne s’agit pas seulement
d’industries françaises ou allemandes. Nous devons aider, protéger et
promouvoir l’ensemble des industries européennes".
> La quantité de travail qu'il y a en France ne suffit plus à financer notre modèle social et si on veut le conserver, il faudra travailler davantage.
> Le monde est plus concurrentiel que jamais. Il faut soutenir la compétitivité des entreprises française et européenne plutôt que toujours alourdir les normes. Ce sera mon combat en France et auprès de nos partenaires de l’Union européenne : faire simple, pour nos entreprises.
> La transition automobile est une nécessité et les constructeurs européens ont investi. À nous de les accompagner et pas de les entraver avec des amendes contre-productives.
Geneviève Darrieussecq (ministre de la Santé et de l’Accès
aux soins)
> Parmi les produits de vapotage, certains sont déjà taxés – ils
offrent une solution de substitution au tabac –, et nous ne comptons pas
faire évoluer les dispositions dont ils font l’objet.
En revanche, de nouveaux produits, comme les puffs à usage unique, sont
récemment apparus, ainsi que d’autres substituts à usage sublingual ou
consommable par absorption gingivale, les pouches. Présentant un très fort taux
de nicotine, ils sont prisés par une jeunesse sensible à leur packaging et pour
laquelle ils constituent le point d’entrée dans le tabagisme : ils sont
donc très dangereux.
D’abord en raison de leur dosage, si élevé qu’il peut provoquer des
intoxications nicotiniques aiguës et les troubles graves qui peuvent en
découler, ensuite parce qu’ils induisent progressivement une dépendance à la
nicotine – la substance en cause dans l’addiction à la cigarette.
Compte tenu de leur composition, du marketing dont ils font l’objet et du fait
que les jeunes, voire les très jeunes y ont directement accès – les
buralistes ne vérifient pas toujours l’âge de leurs clients –, je demande
l’interdiction de ces produits, qui, contrairement au vapotage que nous
connaissons depuis quelques années, ne contribuent pas au sevrage tabagique.
Nous devons travailler avec les fabricants des puffs et des pouches pour nous
assurer de leur composition et de leur dosage en nicotine – parfois nul.
Je rappelle que les puffs ont fait l’objet d’une proposition de loi, adoptée
par l’Assemblée nationale, et d’un avis favorable à leur interdiction par la
Commission européenne. Nous devons désormais trouver rapidement les voies et
moyens permettant de faire appliquer cette mesure ; pour ma part, je
m’attellerai dès que possible à leur interdiction, par voie réglementaire.
En tout état de cause, je ne suis pas favorable à une réglementation dépendant
du dosage en nicotine de ces produits. Je soutiens plutôt leur interdiction,
tout simplement, c’est la seule solution.
Guillaume Kasbarian (ministre de la Fonction publique, de
la Simplification et de la Transformation de l’action publique)
> Quand on croit aux lois de la République, on les fait respecter avec
fermeté. Que l’on soit de gauche, de droite ou du centre. Quand un étranger
accueilli dans notre pays ne respecte pas les lois de la République, il doit
partir. Pas de tabou. De l’efficacité.
> Quand un comité ne travaille pas, ne produit pas de rapports, est inefficace ou qu'un autre fait la même chose : il faut soit le supprimer, soit le fusionner. Je ne ne serai pas celui qui freine, j'irai le plus loin possible sur la suppression des comités Théodule.
> Le dialogue social j'y suis prêt, je le souhaite, et il est utile. Je réunis jeudi les organisations syndicales pour échanger en toute franchise, pour améliorer le quotidien des agents, pour renforcer la qualité et l’efficacité de nos services publics.
> Jamais je ne ferai de fonctionnaire bashing. Oui, les 5,7 millions d’agents publics font un travail remarquable. Oui, les agents sont les premières victimes de l'absentéisme. Ce sont eux qui subissent le report du travail des absents et la désorganisation des services.
> En quelques années, les jours d'absence dans la fonction publique ont augmenté de 80%. Concrètement, cela équivaut à près de 350.000 postes à temps plein, soit plus que les effectifs de La Poste ou de la SNCF. Pour les agents, pour nos finances publiques, nous devons agir.
> Depuis leur lancement en 2019, les maisons France services incarnent une des réponses de l’État aux défis de la fracture territoriale et numérique. Avec 2 753 implantations en octobre 2024 et l’objectif de 2 800 d’ici la fin de l’année, elles symbolisent un engagement fort de l’État : garantir un accès aux services publics, pour chaque citoyen, à moins de vingt minutes de son domicile. Face aux difficultés que rencontrent certains usagers, parfois perdus face à la complexité des procédures administratives, les maisons France services offrent un accompagnement personnalisé à tous. En regroupant des services essentiels et en accompagnant les démarches du quotidien, tels que la retraite, les impôts, ou les allocations familiales, elles simplifient les procédures, répondant ainsi aux attentes concrètes des usagers. Avec un taux de satisfaction de 96 % et plus d’un million d’accompagnements mensuels, le dispositif prouve son efficacité et son ancrage dans la vie quotidienne des Français. Ce sont des initiatives comme celles-ci que je souhaite encourager pour construire un service public de proximité, plus simple et plus accessible pour tous.
Laurent Saint-Martin (ministre auprès du Premier
ministre, chargé du Budget et des Comptes publics)
> L'efficacité des achats de l'Etat est un enjeu de bonne gestion de
l’argent public. J'ai lancé une mission d'inspection car on ne peut pas
demander aux Français, aux entreprises de participer à l'effort nécessaire sans
que l’État ne montre l’exemple. C’est ma responsabilité.
> [Budget de la Sécurité sociale] Les recettes votées hier sont révélatrices d'une alliance des contraires entre le NFP et le RN adoptant des dizaines de milliards d’impôts en plus. Cet emballement de taxes, ce sont des cotisations en plus pour tous les Français, notamment ceux qui travaillent.
Maud Bregeon (porte-parole du Gouvernement)
> Ce matin, nous nous sommes réunis à Matignon pour un deuxième
séminaire gouvernemental. Sur des sujets importants pour les Français - la
relation entre l'État et les territoires, le travail et les prestations
sociales, la simplification, l'immigration et l'intégration, les Outre-mer -
chaque ministre référent a présenté enjeux et pistes de réflexion avant
d'ouvrir un dialogue franc et direct avec l’ensemble du gouvernement. Nous
avons également eu un échange nourri sur la prévention des risques, les enjeux de
prévention, de culture, d'indemnisation des victimes, d'assurabilité des
collectivités autour des grands risques. L’actualité nous montre l’importance
du sujet. Nous voulons être à l’initiative. Cet exercice était utile et sera
poursuivi, dans un prochain séminaire en décembre, sur de nouveaux sujets. Nous
voulons traiter ensemble de sujets d’action de long terme, et relever ensemble
la ligne d’horizon. C'est par l'explication et le débat que nous pouvons
prendre les bonnes décisions, souvent exigeantes, parfois difficiles, mais
toujours tournées vers l'objectif d'améliorer le fonctionnement de notre pays
et de créer les conditions d'un progrès collectif. Nous proposerons bientôt aux
Français un programme d’actions, nourri de ces échanges. Le pays a besoin d’un
cap, nous y travaillons, dans un dialogue franc et riche, dont je remercie les
ministres.
> [Étudiante iranienne manifestant son opposition au régime en sous-vêtements] Un courage sans nom, la tête haute et les cheveux au vent face à l’obscurantisme qui invisibilise, rabaisse et détruit les femmes. Un message qui doit raisonner bien au-delà des frontières iraniennes.
Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre de l’Economie,
des Finances et de l’Industrie, chargé de l’Industrie)
> Soutien à l’économie, réduction du déficit : ce sont les deux fronts
d’un même combat pour notre avenir.
> L'action publique et le travail collectif en faveur de notre industrie portent leurs fruits. À Annonay, Iveco Bus assoit son empreinte industrielle : 500 personnes recrutées, doublement de la production pour lancer la fabrication de bus électriques. Faire de l'industrie le coeur battant de nos territoires.
Olga Givernet (ministre déléguée auprès de la ministre de
la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des
risques, chargée de l’Energie)
> Pour atteindre nos objectifs
énergétiques, nous devons avancer sur deux fronts : réduire nos consommations
grâce à la sobriété et à l'efficacité, tout en développant massivement la
production d’énergie décarbonée. Ce n’est pas qu’une question d’énergie, c’est
un choix de société qui déterminera notre avenir. Pour sortir des énergies
fossiles, nous nous appuierons sur la construction de nouveaux réacteurs
nucléaires et l'expansion des énergies renouvelables, qui devraient représenter
la moitié de notre production d'énergie décarbonée d'ici 2035. L’ambition de la
PPE est claire : réaliser une transition historique, en passant d’un modèle encore
largement carboné – 60 % en 2022 – à un modèle 60 % décarboné d’ici 2030, avec
des objectifs encore plus ambitieux pour 2035. Notre seule boussole dans cette
transition est le dialogue. Depuis le lancement de notre programmation
pluriannuelle de l’énergie, nous avons engagé des consultations approfondies
avec tous les acteurs concernés pour garantir que nos choix soient collectifs.
Cette démarche, orchestrée sous l'égide de la CNDP, nous permettra de dévoiler
une première version de notre travail, suivie d'une consultation finale avant
la publication.
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> En conférence des présidents, j’ai obtenu du gouvernement l’engagement
d’inscrire le texte sur la fin de vie à l'ordre du jour des semaines du 27
janvier et du 3 février 2025. L'Assemblée est prête à avancer sur ce nouveau
droit attendu par tant de Français. Il est temps.
> J’adresse toutes mes félicitations à Maia Sandu pour sa magnifique réélection [à la présidence de la Moldavie]. La démocratie a triomphé. La Moldavie va continuer à s’engager résolument vers son avenir européen, nous serons à ses côtés .
> [Étudiante iranienne manifestant son opposition au régime en sous-vêtements] Femme Vie Liberté.
► Haut-commissariat
au Plan
François Bayrou (Commissaire, président du Mouvement démocrate)
> [Tribune: « Contre l’absentéisme dans l’Hémicycle, il est urgent de
réviser le règlement de l’Assemblée nationale »]
La question de l’absentéisme parlementaire est redevenue brûlante. Des
désignations importantes, présidences de commissions ou responsabilités au
bureau de l’Assemblée nationale, des votes symboliques essentiels, comme la
contribution du budget de la France à l’Union européenne, ne sont acquis,
contre le rapport de force loyal, qu’en raison de l’absence d’une partie des
députés. Images de rangées de fauteuils vides, incompréhension des citoyens.
Sensation d’autant plus choquante que l’élection de ces mêmes députés a eu lieu
il y a à peine plus de trois mois !
J’ai exprimé à plusieurs reprises le sentiment de frustration qui est celui des
défenseurs de la démocratie parlementaire. S’y ajoute pour nos compatriotes
l’indignation de voir dans une situation grave pour le pays des attitudes
qu’ils ressentent comme désinvoltes. Cette situation est dangereuse et tout
montre qu’elle risque de s’aggraver, augmentant les risques d’un accident
démocratique majeur. Cela est purement et simplement inacceptable.
Une telle attitude de désintérêt a, je le sais bien, des raisons
substantielles. Prisonnière de règles archaïques, l’Assemblée travaille dans
une désorganisation systématique et démobilisatrice, débats et votes sans
programmation précise, suspensions de séance, rappels au règlement, députés
obligés d’interrompre leur travail et de courir entre les commissions et
l’Hémicycle lorsque retentit la cloche annonçant les scrutins publics.
Des horaires déraisonnables, prolongés en interminables et épuisantes séances
de nuit, qu’aucun travailleur n’accepterait dans aucune entreprise, devant
lesquelles aucun inspecteur du travail ne fermerait les yeux, mettent en danger
l’équilibre et la santé des plus courageux et des plus robustes.
Il faut ajouter un climat inédit de violence, de hurlements, d’insultes, de
cris si assourdissants dans la lumière artificielle de l’Hémicycle, que le
vertige prend nombre d’élus et que leur concentration et leur équilibre nerveux
se trouvent menacés.
Plus grave encore le sentiment qu’éprouvent les députés que les débats et les
votes parlementaires ne comptent guère, qu’en l’absence de majorité le 49.3
viendra de toute façon mettre un terme au débat et que tout cela est vain et
décourageant.
Que dans la semaine les débats se déroulent prenant tout le
temps nécessaire. Mais que les votes des textes et des amendements soient tous
regroupés en une seule demi-journée, par exemple le jeudi après-midi
Nos institutions méritent évidemment une réflexion large qui conduirait à une
réorganisation profonde. J’ai sans cesse défendu une réforme de notre loi
électorale, allant vers la proportionnelle, pour que les forces politiques
apprennent à se respecter et à travailler ensemble.
Mais à défaut d’obtenir tout de suite une pareille réflexion et une
reconstruction d’ampleur, sommes-nous condamnés à assister impuissants à
pareille décomposition ? Je ne l’accepte pas et je ne le crois pas. Je pense
qu’il faut agir. Tout de suite. Et qu’il existe au moins une réforme simple qui
supprimerait l’absentéisme sans porter atteinte au libre arbitre et aux droits
des élus.
Le temps des débats est un droit inaliénable. Mais on peut séparer le temps
long du débat du temps concentré des votes. Que dans la semaine les débats se
déroulent prenant tout le temps nécessaire. Mais que les votes des textes et
des amendements soient tous regroupés en une seule demi-journée, par exemple le
jeudi après-midi. Les délégations de vote n’auraient plus lieu d’être. La
présence physique du parlementaire devient obligatoire au moment du vote et
tous les scrutins sont publics. C’est la règle qui s’est imposée au Parlement
européen.
Ainsi, l’adoption des textes, des amendements, et les désignations sont-elles
toujours décidées par des hémicycles au complet. Personne ne peut plus spéculer
sur les absences au sein de tel ou tel groupe. Rien ne se fait plus par
surprise. Chaque parlementaire est responsable personnellement du vote qu’il
émet. Les électeurs peuvent vérifier la totalité des orientations soutenues par
leur député. Le bilan démocratique est incomparable par rapport à la situation
actuelle de l’Assemblée nationale française.
J’ajoute, même si ce n’est que secondaire, au moins à mes yeux un peu
idéalistes, qu’au Parlement européen la participation au vote conditionne le
versement de l’indemnité parlementaire.
On m’oppose parfois que cette méthode de votes regroupés « n’est pas la culture
parlementaire française ». Mais lorsqu’on en arrive à un si profond malaise, il
devient urgent de changer de culture.
Je sais bien que ces dispositions relevant principalement du règlement de
l’Assemblée nationale, elles ne peuvent être établies que par une majorité des
députés d’accord pour ces règles nouvelles, ce qui paraît à beaucoup
inatteignable. Mais l’urgence doit imposer de dépasser sur ce point les
clivages partisans.
J’ajoute que l’adoption d’un si simple changement de méthode permettrait des
progrès substantiels, par exemple en autorisant l’examen simultané de plusieurs
textes, tous en séance publique, dans le cadre de commissions élargies, ce qui
permettrait d’échapper à la thrombose de l’ordre du jour. Il n’y aurait plus de
blocage. Le tout sans aucun inconvénient et sans aucun coût.
Je suis certain que très nombreux sont les élus qui mesurent le risque que
court notre démocratie, le ridicule et le désordre. Il est urgent d’agir.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Gabriel Attal (député, président du
groupe Ensemble pour la république à l’Assemblée nationale)
> [Étudiante iranienne manifestant son opposition au régime en
sous-vêtements] Femme Vie Liberté.
Aurore Bergé
(députée)
> [Sandrine Rousseau compare la
situation des femmes en Iran avec celle des françaises] La honte, la nausée.
Cette jeune femme prend tous les risques pour nous montrer le chemin de la
liberté et de l'émancipation. Elle mérite mieux qu'une capitulation face à
l'islamisme ou de petits accommodements qui sont autant de défaites.
Jean-René Cazeneuve
(député)
> Je suis surpris par le pressing de certains élus locaux pour créer un
nouveau impôt local. Local ou national, c'est plus d'impôts pour les Français
et plus de dépenses publiques. Les recettes des collectivités territoriales ont
augmenté de +3,3% en 2023 et +3% en 2024 (à fin septembre).
Pierre Cazeneuve
(député)
> La gauche vend un monde où l'on peut travailler 32 heures par semaine,
partir à la retraite à 60 ans et gagner plus à la fin du mois : ils mentent aux
Français. Ils souhaitent travailler moins, pour gagner moins. Nous voulons
travailler plus, pour partager plus.
Pieyre-Alexandre
Anglade (député)
> [Étudiante iranienne manifestant son opposition au régime en
sous-vêtements] Femme Vie Liberté.
> Félicitations, chère Maia Sandu pour votre réélection à la Présidence moldave ! Par cette confiance renouvelée et malgré les tentatives d’ingérences russes, la Moldavie réaffirme son engagement européen. Nous sommes à vos côtés dans ce destin partagé.
● MoDem
Maud Gatel (Secrétaire générale)
> Il y a des millions de raisons pour espérer la victoire de Kamala Harris.
Si je ne devais en retenir qu’une seule. Vive l’Ukraine!
Bruno Millienne (porte-parole)
> Le narcotrafic ne date pas d’hier ey il touche surtout les quartiers
les plus défavorables. Il faut augmenter les forces de l’ordre pour qu’elles
soient de plus en plus présentes et une « réponse pénitentiaire importante.
> Il faut rétablir cette police de proximité dans les quartiers qui avait été laissée tomber par Nicolas Sarkozy qui avait réduit considérablement les effectifs.
> On ne peut pas laisser dans notre pays des zones de non-droit avec cette économie parallèle .
> Si la taxe d’habitation a été supprimée, c’est parce qu’elle était excessivement injuste et qu’elle frappait avant tout les classes moyennes.
> Il y a une philosophie au MoDem qui est assez simple : moins taxer ce qui retourne dans l’économie, dans la production, et plus taxer la rente.
Marc Fesneau (député,
président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale)
> Revenir sur la suppression de la taxe d'habitation reviendrait à revenir
sur la justice fiscale et le pouvoir d'achat.
> [États-Unis] Le symbole est celui d'une démocratie américaine soumise au plus incroyable des populismes.
> [Abrogation de la réforme des retraites proposée par le
RN] Voter une telle réforme sans avoir la moindre idée de la façon dont on
finance à la fin le système des retraites : autant dire qu'on délibère, qu'on
légifère dans le vide.
Si c'est pour dire « on peut travailler moins, on peut financer le système des
retraites, tout ça sans augmenter les cotisations et en attirant des
entreprises », ça c'est un mensonge.
> [Contribution sur les hauts-revenus] C'est à la fois pour mieux équilibrer les comptes et c'est une mesure de justice fiscale.
> [Agriculteurs] Il y a à la fois de l'impatience sur les
mesures qui avaient été annoncées, dont je note quand même que nous avions
donné le calendrier. Par exemple les mesures fiscales par nature, elles étaient
dans le PLF. Il y avait des mesures de simplification (...), c'est tous les
jours en soit. (…)
On est dans une année climatique catastrophique : le mauvais climat en
agriculture c'est le climat qui dure et cette année, c'est la pluie qui dure. (…)
Vient s'ajouter (...) la question de libre-échange, notamment le MERCOSUR. (...)
Il faut exiger de Madame Von der Leyen que les accords de libre-échange
respectent a minima les accords de Paris sur le climat.
Frédéric Petit (député)
> L’avenir de l’Europe ne peut pas être entre les mains des électeurs de
Pennsylvanie , réveillons-nous ! Une victoire de Kamala Harris ou de Donald Trump
ne changera pas cette tendance de fond : le repli américain du continent
européen. Le choix qui s’offre aux Européens aujourd’hui est clair : continuer
notre longue sieste stratégique, regarder la guerre d’Ukraine se décider à
Moscou ou Washington, continuer notre décrochage économique et acter que nous
devenons une périphérie du monde suspendue aux résultats de l’élection
présidentielle américaine ou alors bâtir une autonomie stratégique européenne,
dessiner notre prochaine architecture de sécurité et donner véritablement les
moyens à l’Ukraine de ne pas perdre cette guerre existentielle contre la Russie.
> Oui le travail pour la transition énergétique est immense, nous avons besoin de stratégies ambitieuses. La France doit également s'engager autant que possible à les travailler avec ses voisins européens. Élaborer des stratégies communes, renforcer les interconnexions, cela tout en respectant le mix de chaque pays : assurer notre souveraineté énergétique européenne c'est assurer notre souveraineté énergétique française.
Cyrille Isaac-Sibille
> La santé est liée à ce que l’on respire, à ce que l’on
boit et à ce que l’on mange.
Les difficultés rencontrées par l’assurance maladie sont liées aux maladies
chroniques dont la prévalence dans la population augmente chaque année de
4 %. Leur croissance est bien supérieure à celle de l’Ondam. C’est pour
cela que notre système est en danger.
Il est donc essentiel de jouer sur la prévention, notamment en matière
l’alimentation – et nous disposons de trois moyens pour le faire :
l’éducation, d’abord, et dès le plus jeune âge, l’information, ensuite, et
enfin la contrainte. Ces amendements visent à améliorer l’information des
consommateurs.
Le premier d’entre eux tend ainsi à rendre obligatoire, pour les industriels,
l’affichage du nutri-score sur leurs produits : c’est une mesure
d’information essentielle pour nos concitoyens. Sans savoir ce que l’on mange,
on ne peut pas bien se nourrir.
Le deuxième d’entre eux vise à rendre obligatoire l’affichage du nutri-score
dans les publicités, qu’il soit favorable ou défavorable.
● Parti radical
Véronique Guillotin (sénatrice)
> [Étudiante iranienne manifestant son opposition au régime en
sous-vêtements] Femme, vie, liberté. Soutien total à Ahu Daryaei et à toutes
les femmes qui se battent pour leurs droits en Iran.
> Grand soulagement à l'annonce de la réélection de la Présidente moldave Maia Sandu. La Moldavie poursuit son chemin vers l'Europe et pourra toujours compter sur le soutien de la France à ses côtés.
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (députée ,présidente)
> [Étudiante iranienne manifestant son opposition au régime en
sous-vêtements] Que le nom d’Ahu Daryaei s’inscrive comme un emblème de courage
contre l’obscurantisme islamiste. Pour la liberté des femmes d’Iran, elle s’est
révoltée au péril de sa propre vie. Aux côtés des Iraniennes et de toutes
celles qui se battent pour exister.
> Schengen court un grave danger. L'espace Schengen, c'est le coeur du réacteur européen. Il nous rend plus forts, pas plus faibles. Protégeons-le.
Bernard Guetta (député)
> [Opinion: «Harris ou Trump, le temps de l’Europe»]
« Si c’est Harris, vous verrez, aura-t-on beaucoup entendu : les Européens
seront tellement soulagés d’avoir échappé à Trump qu’ils se reprendront à
croire au parapluie américain et ne parleront plus de développer une Défense
commune ».
« Si c’est Trump, vous verrez, aura-t-on partout entendu : beaucoup
tenteront de négocier en bilatéral le maintien d’une protection américaine et
c’en sera fini de toute idée d’autonomie stratégique si ce n’est de
l’Union elle-même ».
C’est ce qui se sera tellement dit mais, Harris ou Trump, il n’y a pourtant
rien d’improbable à ce que l’Union européenne s’affirme en puissance politique
autonome. Elle le souhaite presque unanimement et les signes les plus probants
en sont que la prochaine Commission comprendra des Commissaires à la Défense et
à la Méditerranée.
L’un devra remettre sous 100 jours un rapport proposant une stratégie
industrielle et financière permettant de doter l’Union de capacités militaires
communes. L’autre devra jeter les bases d’un réel codéveloppement entre les
deux rives du lac méditerranéen afin de réduire la dépendance industrielle de
l’Europe vis-à-vis de la Chine, de créer des emplois en Afrique et de réduire
les flux migratoires.
Dans l’un et l’autre cas, l’Union compte prendre une dimension politique sur
ses flancs oriental et méridional tout en comblant, sur son flanc occidental,
l’éloignement des Etats-Unis et, si nouvelle qu’elle soit, cette volonté
remonte à 8 ans déjà. En 2016, au soir de l’élection de Donald Trump, les plus
atlantistes des Européens étaient en effet tombés de l’armoire en voyant
arriver à la Maison-Blanche un homme qui avait fait campagne en mettant en
doute l’engagement des Etats-Unis à défendre l’Europe.
La nécessité d’une Défense commune s’impose alors à tous. C’est la fin d’un
tabou et l’agression russe contre l’Ukraine précipite ce tournant en amenant
les 27 à vider leurs arsenaux pour aider les Ukrainiens à faire front puis à
acheter leurs munitions en commun afin d’en faire baisser les prix et
d’harmoniser leurs armements.
A l’origine de cette décision, la Première ministre
estonienne Kaja Kallas va maintenant prendre en mains la diplomatie européenne.
Le futur Commissaire à la Défense, Andrius Kubilius, est une ancien Premier
ministre lituanien. Sur la nécessité d’une Défense européenne, il y a
aujourd’hui convergence de vues entre la France et les pays sortis du bloc
soviétique et elle est si profonde que le Premier ministre polonais, Donald
Tusk, vient de déclarer que, Trump ou Harris, l’avenir de l’Europe dépendait d’abord
des Européens car « le temps de l’externalisation géopolitique était
révolu ».
On ne peut pour autant pas exclure que les pessimistes aient raison.
L’état des finances européennes est tel qu’il peut faire obstacle aux
investissements militaires des 27. Mme Le Pen peut arriver au pouvoir en
France. La dégradation de la situation internationale peut s’accélérer bien
plus vite que l’affirmation politique de l’Europe. Absolument rien n’est assuré
mais, Harris ou Trump, le repli des Etats-Unis est tellement profond et la
volonté de réémergence politique de l’Europe assez convaincante pour que même
un pays comme Taiwan veuille se rapprocher de l’Union.
La Chine démocratique accueillait pour la seule semaine dernière, trois
délégations parlementaires européennes dont l’une du Parlement européen. A
demi-mots et parfois clairement, les plus hauts responsables de ce pays nous
ont fait comprendre qu’ils avaient besoin d’une Europe forte car ils ne
pouvaient plus compter sur les seuls Etats-Unis. « Nous sommes l’Ukraine
de l’Asie », m’ont dit des étudiants – l’Ukraine dont les Etats-Unis sont
bien prêts de se détourner, l’Ukraine où se joue le sort de l’Europe comme
celui de l’Asie se jouera à Taiwan.
> Aux États-Unis comme en Europe, il y a un épuisement des forces politiques traditionnelles, et une grande moitié des électorats cherche l'homme ou la femme providentiel(le).
> Toute personne sensée craint l’élection de Donald Trump. Il souhaite décrédibiliser totalement l'alliance atlantique. C'est un homme qui veut faire un deal avec Vladimir Poutine sur le dos des Ukrainiens, c'est-à-dire sur l'ensemble des pays européens.
> Ce qui m'accable, c'est qu'une moitié des Américains s'apprêtent à voter avec détermination et enthousiasme pour un homme d'une vulgarité stupéfiante, d'une violence inouïe...
> Donald Trump a une hostilité déclarée vis-à-vis des pays européens membres de l'Union européenne ou pas.
> Kamala Harris, depuis le début de sa campagne, joue sur la décence et le sens commun, face à un homme dont les armes privilégiées sont la vulgarité.
Pascal Canfin (député)
> [Opinion: «Cette semaine débute un exercice démocratique unique en
Europe avec les auditions des commissaires au Parlement européen»]
A partir d’aujourd’hui [4 novembre] et pendant environ dix jours, le
Parlement européen auditionnera chacun des commissaires désignés pour la
nouvelle Commission européenne. Un exercice démocratique unique en Europe !
Alors que les États-Unis vont vivre un moment politique qui pourrait mettre à
mal la démocratie américaine, la démocratie européenne va au contraire vivre un
exercice unique : les auditions par le Parlement européen de chacun des membres
désignés pour faire partie de la Commission européenne 2024-2029.
Connaissez-vous un pays où les ministres sont soumis à plus de trois heures de
questions interrompues et jugés capables - ou non- de remplir leur mandat avant
de prendre leurs fonctions ? C’est ce qui va se passer pendant 10 jours à
Bruxelles.
L’exercice démocratique est intense: il questionne à la fois la capacité des
personnalités nommées par leur gouvernement pour occuper la position de
commissaire (sera-t-il ou elle capable de défendre les intérêts européens avant
les intérêts de son pays d’origine, n’a t’il pas de conflit d’intérêts? etc.)
et leur capacité à être en charge du portefeuille qui leur est attribué
(connaissent-ils les enjeux de leur secteur, leurs dossiers en profondeur, les
choix politiques qui se cachent derrière des détails techniques…?). Pendant au
moins 3 heures, chaque candidat sera ainsi auditionné par une à quatre
commissions parlementaires. Si la prestation est jugée insatisfaisante, les
députés peuvent décider d’envoyer un nouveau questionnaire écrit sur des points
précis au candidat, de le convoquer pour une seconde audition, ou bien de
procéder directement à un vote pour donner leur aval ou non.
En tant que membre de la commission des affaires juridiques et coordinateur de
Renew au sein de la commission environnement, santé publique et sécurité
alimentaire, mon rôle dans ce processus est double.
J’ai d’abord participé à l’analyse des conflits d’intérêts de tous les
candidats commissaires dans le cadre de la commission affaires juridiques. Cet
exercice a eu lieu au mois d’octobre. Il s’agissait par exemple de savoir si la
possession de quelques hectares de terres agricoles était un problème pour le
commissaire désigné à l’agriculture; ou bien quelle était l’origine des flux
financiers ayant permis l’acquisition de nombreuses propriétés par le futur
commissaire grec. À l’issue de cet examen, nous avons conclu que tous les
candidats présentés étaient recevables. Soyons clairs : les informations dont
nous disposons ne sont pas suffisantes pour établir un constat sans faille. Et
il est tout à fait questionnable de confier à des parlementaires dont ce n’est
pas le métier, cette fonction de vérification de l’absence de conflits
d’intérêts. C’est pourquoi, avec le groupe Renew, nous continuons de plaider
pour un véritable organe indépendant dont la mission serait de s’assurer de
l’absence de conflit d’intérêts, comme le fait, en France, la Haute autorité
pour la transparence de la vie publique (HATVP).
Deuxième temps, à partir d’aujourd’hui en commission Environnement, santé
publique et sécurité alimentaire. Pour qu’un candidat soit directement validé,
il lui faut la confirmation des coordinateurs de chaque groupe politique dans
les commissions compétentes représentant 2/3 des députés. Étant donné la
fragmentation actuelle du Parlement européen, notamment avec la multiplication
des groupes d’extrême droite, cette majorité des 2/3 pourrait être difficile à
obtenir directement et il est possible que l’exercice dure quelques jours de
plus sachant qu’à la fin il suffit d’une majorité simple pour valider le ou la
future commissaire. Il n’y a donc pas de risque de blocage par l’extrême droite
mais une possible ralentissement du processus.
En tant que membre et coordinateur Renew de la commission de l’environnement je
vais à partir d’aujourd’hui participer à six auditions de commissaires désignés
: Stéphane Séjourné en tant que vice-président en charge de la prospérité et de
la stratégie industrielle, Teresa Ribera en tant que vice-présidente en charge
de la transition vers une économie propre, juste et compétitive, Wopke Hoekstra
en tant que commissaire en charge du climat et de la croissance propre et
neutre en carbone, Jessika Roswall en tant que commissaire en charge de
l’environnement, de l’eau et de l’économie circulaire, Hadja Lahbib en tant que
commissaire en charge de la préparation et gestion face aux crises et de
l’égalité, et Oliver Varhelyi en tant que commissaire en charge de la santé et
du bien-être animal.
Dans chacune de ces auditions, ce sont les coordinateurs de chaque groupe qui
donnent le feu vert ou non de leur groupe respectif pour le soutien à un
candidat. Si un candidat n’est pas à la hauteur, nous demandons à la présidente
de la Commission européenne d’exiger du pays concerné un nouveau candidat. Ce
fut le cas par exemple en 2014 avec la slovène Alenka Bratusek qui ne fut pas
jugée apte pour être commissaire en charge de l’union de l’énergie, et en 2019
avec le hongrois Laszlo Trocsanyi, jugé trop proche de positions anti
européennes de Victor Orban. Cette question se posera encore cette année avec
Oliver Varhelyi désigné par Victor Orban. Est-il possible d’avoir comme
commissaire en charge de la santé des européens une personnalité issue des
rangs de l’extrême droite, famille politique qui a multiplié les positions
anti-vaccins ? Et un candidat pro-Orban à ce poste alors que le premier
ministre hongrois a tout fait pour torpiller les vaccins anti covid européens
au profit des vaccins russes ?
À l’issue de ces auditions, l’ensemble des parlementaires voteront sur le
collège des commissaires dans son entièreté fin novembre. D’ici là, je ne
manquerai pas de vous tenir au courant de l’évolution des auditions !