lundi 30 septembre 2024

Propos centristes. France – Défense l’Etat de droit / La proportionnelle est une nécessité pour sauver la démocratie / Pas d’augmentation d’impôts / Crise au Moyen-Orient / Droit à l’avortement…


Voici une sélection, ce 30 septembre 2024, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France. 

► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, désormais dirigé par Michel Barnier, nous ne reprenons que les propos des membres centristes de celui-ci, c’est-à-dire de 13 d’entre eux; Le parti Renaissance compte 12 de ses membres dans cette équipe gouvernementale mais trois d’entre eux sont des personnalités qui se revendiquent de droite dont nous ne reportons donc pas les propos puisque la ligne politique de ce gouvernement n’est plus centriste mais essentiellement droitiste]

Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des affaires étrangères)
> Échanges avec les autorités libanaises. Les solutions diplomatiques existent : cessez-le-feu, respect du droit international et humanitaire, mise en œuvre de la résolution 1701. La France reste aux côtés du Liban.

> à Beyrouth où la France est engagée dans la protection des civils. Ce sont 12 tonnes de matériel médical que j’ai remis à nos partenaires libanais. Elles soigneront 1000 blessés graves. Nous serons toujours aux côtés des civils.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre de la transition écologique, de l’énergie, du climat et de la prévention des risques)
> [Propos polémique de Retailleau] Oui, le droit doit savoir évoluer et s’adapter. Mais l’Etat de droit dans une démocratie est un intangible pour assurer l’égalité de chacun face à la loi.

> Le droit à l’avortement est un droit fondamental, inaliénable, capital. Fière, en cette journée mondiale, que la France soit le premier pays du monde à avoir inscrit ce droit si important dans sa constitution. Vive le 8 mars 2024. Vive la France, pays des Lumières. Vive les droits des femmes !

 

Astrid Panosyan-Bouvet (ministre du travail et de l’emploi)
> Cette semaine, je me suis rendue sur un chantier à Paris où un ouvrier est décédé lors d’une opération de décoffrage Les accidents graves & mortels au travail ne sont pas une fatalité. Les chantiers des Jeux olympiques ont montré qu’on peut changer les choses Ce sera une de mes priorités.

 

Maud Bregeon (porte-parole du gouvernement)
> Les sous-entendus nauséabonds de Jean-Luc Mélenchon à l’encontre du ministre chargé de l’Europe Benjamin Haddad, sont indignes d’un responsable politique. La gravité de la situation requiert de la décence et du sang-froid.

 

Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre de l’économie, des finances et de l’industrie, chargé de l’industrie)
> Député, je suis fier d'avoir voté pour l'inscription de l'IVG dans la Constitution. Nous devons défendre sans relâche le droit fondamental des femmes à disposer de leur corps.

 

Marina Ferrari (ministre déléguée auprès du ministre de l’économie chargée de l’économie du tourisme)
> Aller vers davantage de sobriété c'est bon pour la planète, c'est bon pour notre économie mais c'est aussi bon pour nos territoires. Le secteur du Tourisme s'est déjà beaucoup engagé pour limiter son impact environnemental : je suis convaincue que c'est en poursuivant cette logique d'incitation, en accompagnant chaque acteur de la chaîne de valeur que nous pourrons aller encore plus loin. La France est la première destination touristique mondiale. Nous pouvons également en faire la première destination durable. Ce défi ne pourra être relevé que collectivement, en adaptant notre offre mais aussi en avançant sur la question des mobilités douces.

 

Olga Givernet (ministre déléguée auprès de la ministre de la transition écologique, de l’énergie, du climat et de la prévention des risques, chargée de l’énergie)
> En tant que ministre de l'Énergie, je suis résolue à réduire les émissions de CO2 et à renforcer l'indépendance énergétique de la France.

> Oui, dans une démocratie, l’État de droit est sacré. Merci Elisabeth Borne de rappeler que la protection de nos libertés et le respect de nos institutions doivent être au cœur de toute décision politique. L’heure est à l’apaisement, surtout quand on est aux responsabilités.

> On a cette volonté au gouvernement de poursuivre notre développement équilibré entre les énergies renouvelables, le nucléaire et l'hydroélectricité.

 

► Assemblée nationale 
Yaël Braun-Pivet (présidente) 
> Demain, le Premier ministre présentera son gouvernement et sa feuille de route, car il est responsable devant le Parlement. Je suis sereine et convaincue que cette Assemblée, représentant les Français, vivra des moments clés pour l'intérêt de tous.

> Nous devons faire un effort commun pour que le budget de la France soit davantage à l’équilibre. Travailler sur les dépenses, chercher plus d’équité fiscale, sans casser la croissance.

> [Propos polémique de Retailleau] L'État de droit est sacré. Il nous protège, il garantit que personne, pas même un ministre, ne puisse faire ce qu'il veut. Renforçons l'application de nos règles, mais sans jamais contourner le cadre qui nous protège tous : l'État de droit.

> L’avortement n’est pas un privilège, c’est un droit. La France a fièrement gravé la liberté d’y recourir dans sa Constitution le 8 mars 2024, mais tant que ce droit sera refusé ailleurs, notre combat continue. Pour toutes les femmes, partout.

 

► Haut-commissariat au Plan 
François Bayrou (Commissaire, président du Mouvement démocrate) 
> [Discours à l’université d’été du MoDem]
Merci d’avoir partagé cette matinée avec nous pour dire des choses dont elles m’ont semblé qu’elles étaient importantes et qu’elles avaient du sens pour notre avenir commun, comme démocrates, comme Français, comme militants de l’Europe. Donc merci de ta présence et chacun connait la signification de cet effort que tu as fait pour être avec nous ce matin. Chacun connaît la signification de cet effort que tu as fait pour être avec nous ce matin.
Tout le monde sait, tout le monde voit, que les Universités de rentrée que nous tenons à Guidel tous les ans – je crois que c’est la 12ème de suite – interviennent dans un moment dont les historiens se souviendront. Je ne sais pas encore si ce sont les historiens politiques ou si ce sont les historiens de la Grande histoire, mais je suis persuadé que c’est un moment plein de sens parce qu’il est plein de risques.
J’étais très heureux que nous nous retrouvions, tous les militants, autour de Maud Gatel, nos députés, autour de Marc Fesneau, nos sénateurs, Isabelle Florennes en particulier était là, nos parlementaires européens et européennes, et puis nos ministres, Jean-Noël Barrot, Ministre des Affaires étrangères, Geneviève Darrieussecq, Ministre de la Santé, Marina Ferrari, Ministre du Tourisme, et je n’aurai garde d’oublier, il est venu comme tous les ans passer l’après-midi avec nous, Fabrice Loher, maire de Lorient et nouveau ministre de la mer. Quatre responsabilités ministérielles éminentes, probablement plus importantes qu’aucun des épisodes gouvernementaux précédents nous a permis d’occuper.
Nous sommes dans une situation démocratique inédite. Je n’emploie pas le mot démocratie au hasard. Tous les mouvements politiques qui nous ont permis d’incarner notre engagement au cours du temps ont tous porté le mot Démocratie dans leur titre : Union pour la Démocratie Française, au Centre Démocrate, au Centre des Démocrates Sociaux, Force Démocrate, et au Mouvement démocrate. Parce que ce mot « démocratie » a un sens extrêmement précis et profond : porter chaque citoyen, permettre à chaque citoyens de se porter, au maximum de conscience et au maximum de responsabilité. C’est la formule que Marc Sangnier avait choisie pour la démocratie, et tout le monde voit ou devrait voir que ce binôme conscience et responsabilité est au centre du moment historique que nous vivons.
Nous savons tous très bien que partout dans le monde la démocratie est en danger. Et le danger est inscrit dans son nom même : δῆμος, c’est le peuple des citoyens, κράτος, c’est la souveraineté. Peuple des citoyens et souveraineté des citoyens. Or, il se trouve que s’amenuisent chaque jour dans le monde cet idéal qui veut associer les citoyens à la conscience des enjeux et à leur capacité de décider du destin et de l’avenir.
C’est pourquoi, nous savons exactement ce que nous avons à faire quand la situation est si grave, quand on traverse les tempêtes. C’est le moment de se serrer les coudes, c’est le moment d’aider, ce n’est pas le moment des querelles et des préoccupations d’intérêt personnel ou partisan. Ces temps sont des temps de menace sur la nation, et quand viennent les temps de menace on se regroupe, on s’unit, on travaille ensemble, on met les intérêts individuels ou de clans au deuxième plan. Nous ne cédons et ne céderons rien – je vais essayer de le montrer dans ce propos – de ce à quoi nous croyons, mais nous aiderons avec franchise et désintéressement, franchise et désintéressement, autant que nous le pourrons pour que le pays traverse et surmonte ce moment de menaces et de risques.
Et d’abord parce que, à l’ouverture de ces journées, je l’ai rappelé, la planète – on parle beaucoup de notre pays naturellement – mais la planète  traverse elle-aussi des moments qui sont sans précédent : une lutte de titans, d’une capacité et d’une puissance jamais atteints. Les unes militaires et économiques (je pense à la Chine, aux États-Unis), les autres idéologiques (les pays islamistes), les troisièmes nationalistes et impérialistes, mettant la force militaire au service de leur volonté d’asservissement (la Russie de Poutine). La lutte entre ces puissances a pris ces dernières années un tour si aigu que nous, Européens, avons l’air parfois d’enfants désarmés face à de telles machines et de telles mobilisations de moyens.
Et donc l’enjeu est assez simple : il s’agit de défendre notre mode de vie et de notre liberté en trouvant entre états des équilibres et des méthodes qui permettent de sortir des affrontements de plus en plus violents.
Voilà pourquoi – Bernard Cazeneuve et Marc Fesneau l’ont dit, je le dis à mon tour – la question européenne se trouve désormais posée en termes nouveaux face à une vague de remises en cause et de désintérêt qui s’additionnent et multiplient leurs effets. Qui peut prétendre, qui pourrait prétendre, en dehors des deux extrêmes de notre vie politique, qu’aujourd’hui, en 2024, avec ce que nous venons de vivre en quelques mois, qui pourrait prétendre qu’il y aurait une autre réponse concevable que la réponse de l’alliance et de l’union des pays européens, chacun avec sa culture, mais avec pour tous ou presque la même conception de la liberté individuelle et des libertés publiques ? Hélas, j’ai dit tous, ou presque, parce que même dans notre Union européenne nous voyons désormais des ferments de pays qui refusent ces principes et cette volonté de coopération en trouvant les mêmes règles pour les mêmes droits.
Bien sûr, nous ne sommes que 450 millions, mais ces 450 millions constituent à eux seuls un immense patrimoine d’intelligence, de recherche, d’industrie, et un immense marché, cela compte aussi. Simplement nous savons aujourd’hui, maintenant, pour paraphraser Valéry, que nous, cette société et civilisation européenne, nous sommes mortels. C’est ce qu’a rappelé le Président de la République lors de son deuxième discours de la Sorbonne : on peut, nous pouvons, si nous restons les bras ballants, ou plus grave encore, si nous nous contredisons perpétuellement les uns les autres, on peut être soumis, condamnés à l’impuissance, isolés, appauvris et secondarisés, du point de vue de l’influence.
C’est pourquoi, dans tous les choix que notre pays a à prononcer, la question européenne est évidemment une dimension centrale. Encore faut-il qu’il y ait des forces politiques pour porter cette volonté. Et encore faut-il que ces forces politiques soient capables de s’associer au lieu de se combattre et avec la volonté de se détruire les unes les autres pour laisser la place et l’influence à ceux qui veulent exactement le contraire de ce que nous voulons.
Par exemple, cela a été dit par toi, Bernard Cazeneuve, nous croyons profondément à l’unité. Vous vous souviendrez peut-être du slogan que j’avais choisi pour la campagne présidentielle de 2012 : « Un pays uni, rien ne lui résiste », avions-nous écrit sur notre affiche. Et ce slogan, que je crois profondément juste en 2024, a sa réplique négative : un pays désuni, rien de bon ne peut lui arriver. Or nous avons, depuis des décennies, construit des institutions qui ont beaucoup de mérite (et d’abord le mérite d’avoir duré : notre Ve République), mais qui n’ont pas permis de construire l’unité à long terme, ce dont les récentes élections législatives et la physionomie de l’Assemblée nationale donnent aujourd’hui le plus caricatural constat.
Nous nous sommes peu à peu habitués à une idée que je considère parmi les plus dangereuses. Nous en sommes arrivés à considérer que la démocratie, c’est purement et simplement la victoire d’une majorité et tous les pouvoirs à exercer par elle. Or, nous avons cru que le travail militant consistait à construire cette victoire, et une fois la victoire acquise, à se servir de la majorité pour imposer ses idées aux autres. Et je crois, je confesse que j’ai mis longtemps à arriver à cette conviction, que cette idée est fausse et dangereuse. Elle constitue un piège dont nous aurons du mal à sortir.
Nous, nous croyons que la démocratie ce n’est pas l’affrontement de deux camps qui fourniront à la sortie les vainqueurs et les vaincus.
Nous, nous croyons que la démocratie c’est au contraire la capacité, ayant mesuré l’influence des uns et des autres, de permettre à toutes ces sensibilités de vivre ensemble, d’être reconnues et respectées chacune pour ce qu’elle est, et de trouver ainsi leur place dans la symphonie nationale. Comme chaque pays doit trouver sa place dans la symphonie européenne. Non pas la domination de la majorité sur des minorités, mais la capacité de se rassembler, de se fédérer pour qu’il n’y ait pas d’exclus dans le concert des convictions, en tous cas, des convictions qui partagent le socle démocratique et républicain que chacun d’entre nous avons évoqué à cette tribune. La capacité de se rassembler, de se fédérer, non pas une domination, mais un concert.
Et la clé de cette unité, je fais ainsi écho au débat que Marc évoquait au sein de notre groupe, c’est la reconnaissance de la légitimité de l’autre. Tu es plus à droite, eh bien tu es légitime à exprimer les attentes que tu ressens : besoin d’ordre, besoin d’identité. C’est juste, moi qui m’apprête à travailler avec toi, je reconnais que c’est juste. Tu es plus à gauche, eh bien tu es légitime : besoin de solidarité, besoin de veiller sur les plus faibles. La générosité est légitime, la volonté sociale est légitime. Tu es avec nous au centre, tu penses que l’ordre n’est pas l’ennemi de la générosité, tu penses que la création de richesses en est au contraire la condition, tu penses que tous les peuples, toutes les communautés, où qu’elles soient, ont besoin d’identité, c’est une exigence de notre temps, on aura beaucoup l’occasion d’y revenir, et qu’il faut savoir qui on est pour pouvoir avancer et avancer ensemble. Et nous pensons que non seulement nous pouvons travailler ensemble, mais que c’est notre devoir, pas seulement que nous ne sommes pas qu’en capacité de discuter de ces nuances, mais aussi de les fédérer. Et que c’est notre devoir. C’est naturellement dans ce cadre que les discussions de notre groupe ont été assez fortes et musclées.
Il faut naturellement une direction, il faut naturellement un fédérateur. C’est pourquoi l’élection présidentielle est la clé de voûte de la Ve République. C’est ce devoir-là que les présidents successifs doivent remplir, non pas d’un camp, mais d’un pays tout entier, avec les nuances et les composantes qui l’habitent.
Les élections législatives sont intervenues. Je ne reviens pas sur la décision de dissolution, elle a été commentée beaucoup. Mais on a entendu, à la lecture de leur résultat, beaucoup de propagande, beaucoup de revendications absolument infondées de victoire, toutes aussi scandaleusement mensongères les unes que les autres. Que s’est-il passé ? C’est très simple. Au premier tour s’est fait entendre le mécontentement des citoyens. Ce mécontentement a été porté en premier par le Rassemblement National qui a obtenu 11 millions de suffrages, et en second par l’alliance qui s’est appelée Nouveau Front Populaire — sous influence idéologique de La France Insoumise.
Et le corps des citoyens ayant pris acte du rejet exprimé au premier tour s’est trouvé au deuxième tour, devant une question déterminante : fallait-il accepter la perspective d’un Rassemblement National ayant conquis la majorité absolue des sièges ? C’était cela, la question du second tour, chacun de nous le sait et chacun des Français ayant participé à cette campagne le sait. Et vous vous souvenez que le président du Rassemblent National, M. Bardella, a affirmé tous les jours pendant cette semaine décisive, qu’il demandait la majorité absolue et qu’il refuserait de gouverner s’il ne l’avait pas. Et la réponse des autres forces politiques, celles de la majorité sortante — nous, au centre et Renaissance — tous ont décidé d’un Front Républicain qui permettrait aux mieux placés des adversaires du Rassemblement National de recueillir les voix de tous ceux qui lui refuseraient le pouvoir, de sorte que comme cela a été rappelé, les électeurs de droite qui ne voulaient pas que le RN ait tous les pouvoirs ont apporté leur vote à des candidats auxquels ils n’auraient jamais songé apporté leur vote : les candidats du Nouveau front populaire.
Ce front populaire a gagné le deuxième tour, chacun des électeurs acceptant de soutenir le candidat opposé au RN sans considération d’étiquette, chacun acceptant de renoncer à ses préférences pour conjurer un danger, sans qu’il soit à aucun moment question du programme des uns ou du programme des autres. C’était un vote de défense républicaine contre la prééminence de l’extrême-droite.
Et donc toute revendication de victoire des uns ou des autres est évidemment déplacée. Vainqueur du premier tour : vote sanction. Vainqueur du deuxième tour : vote de défense républicaine.
J’ai la certitude, et j’imagine que vous la partagez, que si la question avait été : est-ce qu’on donne tous les pouvoirs à l’extrême droite ou est-ce qu’on donne tous les pouvoirs à l’extrême gauche ? J’ai la certitude que la réponse aurait été la même. Et que les échanges de soutien, ce que les Français ont repoussé, c’est l’extrémisme, l’idée que des gens voulaient imposer une vision du monde qui était en réalité une contradiction et une menace pour les principes qui ont fait notre société politique, notre démocratie et notre République.
Et donc la tentative qui a été conduite de prétendre à la victoire d’un courant ou d’un autre n’était pas autre chose qu’une tentative de hold-up sur les résultats de ces élections. Une tentative qui aurait été vouée à l’échec parce que le pouvoir de censure des députés aurait inéluctablement entraîné la chute de ces gouvernements que j’appellerais latéraux, d’un côté ou d’un autre.
Et comme la Constitution fait obligation au Président de la République « d’assurer par son arbitrage le fonctionnement régulier des pouvoirs publics »..., il a nommé à la tête du gouvernement une personnalité, Michel Barnier, dont il était relativement assuré qu’il pourrait au moins entamer la tâche si importante qui serait la sienne. Il aurait pu faire un autre choix. Pour ma part, cher Bernard, j’avais d’autres idées, et peut-être que tu aurais accepté une telle mission. Mais il faut bien avouer que le vote du PS, repoussant la motion qui mettait en attente une censure éventuelle, a fourni à tous ceux qui n’avaient pas envie de cet équilibre au centre et au centre-gauche un prétexte d’une efficacité redoutable. J’exprime le regret que nous n’ayons pas réussi à convaincre autour de nous pour qu’une majorité assez large se fasse entendre. Et comme tu l’as dit, nous avons proposé notre aide au gouvernement Barnier, dont nous connaîtrons les axes après-demain. Il y avait un mérite à la nomination de Michel Barnier : il apportait l’assurance d’élargir le socle de soutien en apportant l’adhésion du groupe LR, 47 voix. Il apportait aussi, et c’est très important, l’adhésion de la majorité du Sénat. Ce n’est pas mince. Cet élargissement est un pas en avant, je regrette simplement que ce pas en avant d’un côté n’est pas été équilibré par un pas en avant de l’autre. Ce choix-là, évidemment, crée une situation politique nouvelle.
J’entends beaucoup d’affirmations étranges sur ce sujet. On dit que le gouvernement serait à la merci du Rassemblement national : je m’inscris en faux. Le gouvernement est à la merci de tous les groupes politiques qui seraient capables de voter une motion de censure qui le renverserait. L’idée qu’il y a un monopole de la menace d’un groupe ou d’une autre n’est pas la réalité, et il est bon de le rappeler.
Notre conviction c’est que la France ne comptera en Europe et dans le monde que si elle sait résoudre ses problèmes intérieurs. Il n’y a qu’un chemin, c’est le réformisme. Socio-démocrates, écologistes responsables, démocrates-chrétiens, libéraux démocrates, gaullistes : il n’y a entre eux que des nuances. Et donc, ils n’ont qu’un devoir, prendre leur part dans le ressaisissement de notre nation.
Nous voyons bien que les deux extrêmes nous plongeraient dans un cycle de division, d’affaiblissement et de violence.
LFI : ce que Mélenchon lui-même a défini comme méthode le conflit systématique, quel que soit le sujet, « tout conflictualiser » disait-il, l’affrontement généralisé dans le but de susciter la révolution. La révolution, c’est le désordre, la violence généralisée, la déstabilisation du pays, son effondrement face aux pays concurrents, la division et l’échec. C’est ce que nous rejetons dans ce courant politique.
RN : le soupçon généralisé, le ciblage de toute une partie de nos compatriotes, ceux qui ont des noms venus d’ailleurs, l’obsession de l’Islam, la remise en cause des droits, la violence dans les affrontements politiques, la déstabilisation et au bout du compte, la division et l’échec.
Quelle est la première condition de l’unité nationale ? C’est qu’on accepte de vivre, de parler et de travailler avec des gens différents de soi ! Sinon, ce n’est pas l’union, c’est voisinage et parenté, c’est endogamie.
La feuille de route de ceux qui sont élus aujourd’hui et du Gouvernement, c’est qu’ils doivent affronter les périls qui menacent notre pays. Je voudrais en décliner quelques-uns. Le premier de ces périls, c’est un péril mondial, c’est la violence du monde. Et la violence des rapports de force.
Le monde est plus violent en réalité qu’il ne l’a jamais été, entièrement tourné vers l’esprit de domination et la volonté de soumission, avec le retour de tous les impérialismes, militaire, économique, matières premières, technologique, numérique, religieux, donc le devoir européen est le premier de nos devoirs.
Dans ce monde des rapports de force, il est inutile de vouloir jouer un rôle si l’on est soi-même fragile, fatigué, en déséquilibre.
Or ces déséquilibres français nationaux, après trois crises majeures et successives, ils se sont aggravés. La crise morale, sociale et sociologique des gilets jaunes, la crise terrible du Covid, la crise énergétique et monétaire provoquée par la guerre déclenchée par Poutine en Ukraine, inflation et renchérissement de l’énergie, ces trois crises se sont additionnées pour mettre notre pays en difficulté.
Je veux dire un mot du déséquilibre des finances publiques : Dieu sait que nous n’avons pas été nombreux depuis des années à nous saisir de cette question et à présenter ce problème comme crucial, le déficit et la dette ! Nous l’avons fait. J’ai même eu l’imprudence de conduire une campagne présidentielle centrée autour de ce sujet des déficits et de la dette. Et à l’époque, tous les observateurs experts et patentés présentaient le choix de ce sujet comme une dangereuse, électoralement, lubie. Simplement, nous avions parfaitement vu le dérapage, l’addiction à laquelle notre société et notre pays étaient en voie de se soumettre. Ce dérapage a été patent depuis le début des années 2000, d’ailleurs exactement symétrique, ce n’est pas par hasard, d’un dérapage semblable sur le commerce extérieur. Si vous regardez les courbes de l’influence et des réalisations de la France, l’année 2000 a été une cassure de ces courbes. En l’an 2000, autant dire hier à l’aune de l’Histoire, nous étions devant l’Allemagne, en tête de tous les pays de l’Union européenne. En 25 ans, nous avons décroché et sommes passés au plus bas du classement, au plus bas en termes de déficit, au plus bas en termes de dette, au plus bas en termes de commerce extérieur.
Que peut-on proposer pour en sortir ? Il ne suffit pas de se lamenter et de chercher des responsables toujours dans le camp des autres. Il faut un plan décennal de retour à l’équilibre des finances publiques. Je défends cette idée depuis longtemps : en prenant soigneusement, chapitre par chapitre, nos sources de déficit, et en relisant, chaque année, nos lignes de dépenses publiques. Beaucoup d’entre nous, élus locaux, savent que l’on peut réinventer l’action publique, pour que ces agents soient plus épanouis dans leur travail, que les résultats soient meilleurs, grâce à une organisation différente et que le coût soit moindre. C’est ce que nous faisons dans nos mairies, chaque fois que c’est nécessaire et que les contraintes existent. Mais cela ne peut pas se faire par à-coups. On a l’impression en écoutant les responsables publics, que la veille on peut dépenser sans limites et que le lendemain c’est fini, on passe à la rigueur extrême. Ces démarrages et freinages successifs sont du plus mauvais effet pour nos concitoyens car ils les empêchent de prendre conscience de la difficulté qui se présente à eux et des résolutions qu’il faut prendre pour en sortir. Les citoyens ont le sentiment que pendant des années l’argent est facile et que le lendemain la malédiction fera qu’il sera impossible de maintenir des efforts.
Pour cela il faut de la continuité, de la persévérance dans l’action, des principes qui ne peuvent pas durer qu’une année. Je vais dire quelque chose d’hétérodoxe : il n’y a rien de plus stupide que la principe d’annualité budgétaire. L’idée que chaque année, on revote sans prendre compte ce que tous vivent chaque jour. Quand on achète une voiture, c’est pendant plusieurs années qu’on programme le service de son emprunt ! Quand on achète une maison, cela se compte parfois en décennies ! Cette manière de décliner annuellement… tous les membres du gouvernement le savent… Il est des ministères où il fallait impérativement dépenser avant le 31 décembre de manière à ce que les crédits soient réinscrits pour l’année suivante… Les principes qui sont les nôtres dans l’examen et le vote de nos budgets sont stupides. Je suis persuadé qu’un jour ou l’autre, il faudra remettre tout cela en cause. Les temps changent, mais pas trop, n’est-ce pas. Il y a là une vision des choses, un plan, à mon avis, de dix ans, c’est d’ailleurs ce qu’a soutenu Jacques de Larosière, vendredi soir, qui du haut de ses 94 ans d’expérience à la Banque de France, à la Banque européenne, au FMI, est venu soutenir une idée semblable : on peut réduire de 200 milliards la dépense publique tout en maintenant les acquis sociaux. Cela mérite d’être affiné et vérifié. Moi qui ai tant insisté pour que renaisse un Haut-Commissariat au Plan, je suis persuadé que cette nécessité d’introduire le long terme dans notre vision est nécessaire et central. Il faut donc un plan décennal de rééquilibrage des dépenses publiques.
Je voudrais évoquer le sujet de l’immigration. Sujet crucial pour tous les pays qui nous entourent. Je regarde les pays autour de nous, l’Italie par exemple. Mme Meloni s’est fait élire avec l’idée « immigration zéro ». Cette année, elle a annoncé 450 000 régularisations de travailleurs clandestins, et le Président des chambres de commerce et d’industrie italien a fait la déclaration suivante : « c’est insuffisant, il en faut au moins 800 000 probablement plus d’un million ! » Mme Meloni, alliée du RN, en Italie !
En GB, le Brexit s’est joué sur le slogan : take back control, et notamment sur l’immigration. Écoutez bien les chiffres, au moment du Brexit, l’immigration nette par an en GB était de moins de 500 000 personnes par an, ce qui était en effet beaucoup (en France, c’est 180 000 cette année). Depuis le Brexit, ce chiffre de l’immigration clandestine en GB a explosé atteignant 800 000 personnes par an. Et 850 000 si l’on ajoute l’estimation du nombre de clandestins, qu’on n’arrive pas à repérer. GB, Brexit, explosion de l’immigration.
Et l’Allemagne ! Le chancelier Scholtz a annoncé cette semaine qu’il allait rétablir les contrôles aux frontières. Le même jour, ou la veille de cette annonce, il a annoncé, en catimini qu’il allait signer un accord spécial avec le Kenya pour importer 250 000 émigrants kenyans ! 250 000 d’un coup après le million de Syriens, vous vous en souvenez, que l’Allemagne a reçus il y a quelques années…
Alors qu’est-ce qui explique ? Il y a deux mouvements qui se conjuguent : c’est le travail, les postes de travail qui ne sont pas pourvus et sans lesquels, l’économie italienne, l’économie allemande, l’économie britannique ne peuvent pas fonctionner, et c’est le besoin irrépressible des peuples plongés dans la guerre, dans la misère, de fuir pour aller trouver un avenir meilleur. Ce n’est pas nous, Français, qui allons regarder cela comme épouvantable ! Et nous aussi, les Bretons, les Basques, les Béarnais, nous aussi nous partions il y a un siècle ou un siècle et demi. Tous les jeunes gens partaient en Amérique, notamment du Sud, pour essayer de trouver un avenir meilleur. Si l’on ne regarde pas en face cela, on fait la politique du bouc-émissaire, tellement classique en politique.
Et nous, dont certains voudraient nous faire croire que nous pourrions immigration zéro. Je vous demande une chose toute simple : lorsqu’ils se promènent dans nos grandes villes et chaque fois qu’ils passent au pied d’un échafaudage, qu’ils lèvent les yeux. Regardez qui est sur l’échafaudage. Allez au restaurant et jetez un coup d’œil dans les cuisines. Si vous travaillez tôt le matin dans des bureaux, un jour venez plus tôt, vers cinq ou six heures du matin, et dites-moi qui nettoie ces bureaux en se levant à quatre heures, en laissant les enfants… Ce sont, bureaux, cuisines, échafaudages, ce sont ces immigrés qu’on prétend rejeter à la mer et qui viennent chez nous parce qu’ils fuient la misère. Je trouve indigne d’essayer d’en faire des bouc-émissaires.
Je sais très bien qu’il ne peut pas y avoir de politique d’immigration sans un vrai effort de régulation. Je sais très bien que la question de l’immigration est une question numérique aussi. Ce rapport de nombre n’est pas à mes yeux fondé essentiellement sur des questions d’origine, de race, de couleur de peau. J’ai une profonde affection pour nos amis de Mayotte. Il y a ici celle qui a été la plus jeune conseillère générale de France, en Mayotte, Hélène. Mayotte est parcourue de vagues de rejets d’immigrants qui viennent en très grand nombre pour profiter des avantages d’un département français. Ce n’est pas une question de race. Ce sont les mêmes origines, les mêmes communautés, les mêmes langues, avec les Comoriens, et les rejets sont terribles. Pareil pour les Haïtiens. Je ne parle pas de la Guyane, la frontière la plus importante de la France, avec le Brésil… 1800 km de frontières. Il faut une régulation, elle est nécessaire cette régulation. C’est très difficile à mettre au point, tous les efforts qui doivent être faits en ce sens méritent d’être soutenus, mais il ne faut pas déformer la réalité. Ce ne sont pas ces hommes et femmes qui viennent de la misère qui sont la cause des difficultés de la France. Ce sont les difficultés de la France qui ont rendu l’intégration impossible ou très difficile.
Nous avons des centaines, à Pau, des milliers à l’échelon nationale, des jeunes qu’on loge dans des hôtels réquisitionnés, dont la puissance publique doit offrir des passe-temps pour les occuper et à qui on interdit de travailler. C’est absurde. Le parcours d’intégration doit être construit avec autant de soin que le parcours de régulation. C’est un débat que nous avons eu lors de la loi sur l’immigration, qui dans sa première conception était équilibrée, et qui après, par facilité de propagande, a été déviée vers un déséquilibre. Nous, nous pensons que travailler et faire l’effort de parler la langue, c’est aussi une manière d’échapper à cette fatalité.
Il faut dire un mot des OQTF. Tout ce qui est présenté comme laxisme des gouvernements successifs est dû à cette réalité diplomatique internationale que les pays d’origine refusent de reprendre leurs ressortissants alors-même qu’ils sont frappés d’une OQTF. Il me semble qu’on n’est pas allés au bout de ce qu’on pouvait. Mais il y a d’autres chemins, je voudrais en signaler un : on donne des visas diplomatiques aux diplomates des pays avec lesquels nous pouvons avoir ce genre de débats sur la reprise des OQTF, ces diplomates peuvent venir en France sans contrôle. Peut-être faudrait-il remettre en cause les avantages des puissants de ces pays. Ayons la sagesse et responsabilité de le dire : si on ne traite pas cette question des OQTF, on va rester avec les mêmes polémiques. Seules 7% des OQTF sont exécutées. L’ordre n’est pas établi ni garanti quand les décisions de justice ne sont pas exécutées. On a beaucoup essayé depuis 7 ans, même les années précédentes, mais l’obstacle principal à la régulation et l’exécution des condamnations, est celui-là. Trouver un accord avec les pays d’origine afin qu’il devienne possible de renvoyer dans leurs pays ceux qui présentent un danger. Nous avons connu un drame ces jours-ci, le viol et l’assassinat de Philippine, cette splendide jeune fille, car un délinquant repéré n’avait pas pu être expulsé. Je pense à ses parents. Le ministre de l’intérieur dit : « il faut savoir bousculer l’impuissance et réécrire les règles ». Je suis d’accord avec cette affirmation. Il y a vingt ans, il y a trente ans, qu’on nous dit la même chose, que les mots sont les mêmes et que la réalité hélas est intangible, mais nous sommes prêts à participer à toute réflexion pour que soient plus efficaces sur ce sujet, sans toucher au principe du droit. S’il y a des chapitres améliorables pour réprimer ou écarter les risques, nous sommes prêts à y participer. Simplement, il faut parler du concret et pas seulement de l’émotion, de l’excitation des émotions qui sont considérables, explicables, louables, mais qui ne doivent pas entraîner les responsables publics à des politiques uniquement verbales. Nous sommes prêts à y participer.
Économie et fiscalité, c’est un sujet que nous aimons beaucoup dans notre famille politique. On entend beaucoup d’affirmations sur l’augmentation des impôts, d’autres rangs qui disent qu’ils ne les accepteront pas... on peut s’accorder sur une idée simple que je rougis d’avoir à rappeler : ce n’est pas par la simple augmentation de la fiscalité qu’on remettra le pays sur les rails. Cela peut être une mesure de justice. Ce peut être une mesure d’exemple. Mais ce n’est pas la panacée : si les pays qui ont les impôts les plus élevés étaient les plus prospères et les plus heureux, alors la France caracolerait en tête de tous les classements internationaux ! Et ce n’est pas tout-à-fait le cas. Est-ce qu’il y a un chemin à suivre ?  Je le dis au Gouvernement : oui, c’est au Parlement qu’il se trouve. Que le Gouvernement et et le Parlement explore des voies. Je ne suis pas sûre qu’elles seront totalement nouvelles, mais elles seront justes. Des sensibilités différentes de l’Assemblée nationale pourront y participer. On pourra ainsi trouver un équilibre.
Je veux parler, enfin, de démocratie. Pourquoi est-il si difficile, pour des gens qui pensent à peu près la même chose, de travailler ensemble ? C’est que le mode de scrutin de nos institutions fait naître des affrontements violents et continuels. J’ai des exemples sur les deux bords de gens qui la veille n’ont pas de mots assez durs pour condamner l’extrême de leur camp… et qui, le lendemain matin, baissent les yeux en adoptant la politique du silence et des rougeurs sur des joues qu’on n’expose pas. Il y a eu la même chose à droite. Vous vous souvenez que le président de LR a juré la main sur le cœur à dix reprises qu’il n’avait rien à voir avec le RN… Pourquoi ? C’est le scrutin majoritaire, scrutin unique aux législatives, qui oblige à la constitution de camps. Il n’y a qu’une loi : les vainqueurs et les vaincus. Et pour être au deuxième tour, il faut absolument se rassembler avec ceux y compris avec qui nous n’avions rien de commun. C’est ça, le mal profond, que le scrutin majoritaire a introduit dans notre exercice politique.
Pour que les rapports entre formations politiques passent de la soumission et de la loi du plus fort à la reconnaissance de la légitimité de l’autre, et à la possibilité de travailler avec lui, de l’affrontement au partenariat, il faut et il suffit que la France retrouve une loi électorale juste, que nous appelons la proportionnelle.
Je vais aller un peu plus loin. Cette loi, on nous l’a promise sans cesse au cours des dernières douze années. François Hollande l’a promise dans la fameuse énumération « Moi, Président », et il n’a pas tenu sa promesse. Emmanuel Macron l’a promise, et elle n’a pas été mise en application. Promise lors des élections de 2017, puis lors des élections de 2022. Nous en sommes toujours là. Aussi lors des élections qui ont suivi la dissolution, tous les courants l’évoquaient. Elle était reconnue, par tous, comme la clé de comportements nouveaux qui nous permettraient de vivre ensemble.
Et puis, curieusement, on a l’impression qu’elle s’est évaporée. Et on entend dire que le nouveau premier ministre n’est pas persuadé et le ministre de l’Intérieur n’y serait plus favorable. Et que donc, une fois de plus, ce choix décisif serait reporté aux calendes grecques, et que la date de la réalisation de cette promesse, ce serait jamais.
Alors Mesdames et Messieurs de l’exécutif, du gouvernement, Mesdames et Messieurs les provisoirement puissants, nous avons pour vos fonctions beaucoup de respect, mais excusez-nous, nous n’avons pas l’intention de vous laisser nous priver de nos droits ! Car c’est un droit pour les citoyens d’être représentés ! C’est un droit que l’on tienne compte de notre suffrage. Vous avez le pouvoir, mais les citoyens ont la légitimité. Ce n’est pas votre bon plaisir de gouvernant qui doit compter, mais le respect des citoyens.
Alors si la raison venait à l’emporter, ce qu’évoquait Marc tout-à-l ‘heure, la simple loi électorale peut être débattue à l’Assemblée nationale et adoptée. Ce serait une bonne chose. Mais si l’on continue à mettre des bâtons dans les roues, à jouer la montre, à retarder pour mieux repousser, alors il nous reste des voies de recours. Et cette voie de recours, c’est le référendum du peuple citoyen.
On applaudit souvent cette idée mais on ne va pas jusqu’au bout. Vous me direz que le référendum de l’article 11 de notre constitution ne peut être demandé que par le gouvernement, et que donc, le bon vouloir du gouvernement suffirait à nous mettre échec et mat, ou au moins pat comme on dit aux échecs quand on ne peut plus bouger ses pièces.
Mais on n’a pas lu l’article 11, et son quatrième paragraphe :
« Un référendum portant sur un objet mentionné au premier alinéa peut être organisé à l'initiative d'un cinquième des membres du Parlement, soutenue par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales. Cette initiative prend la forme d'une proposition de loi »
C’est le texte de la Constitution. Un cinquième des membres du parlement, c’est si je compte bien, c’est 185 députés et sénateurs. Cela doit se trouver. Si on nous refuse cette évolution bienfaisante, et bien il faut aller sur les marchés faire signer les Français. Il faut faire signer quelque 4 millions de personnes, soit 40 000 par département moyen. Si nous y croyons, nous avons les moyens de réunir ces signatures, et c’est les Français qui peuvent prendre le pouvoir et choisir leur influence sur une situation politique alors que la demande est assez générale ! La démocratie est aussi importante que le plus important de ce qui nous fait vivre ensemble. Les conditions d’exercice de notre  démocratie dépend des institutions. Je nous encourage à nous engager à l’Assemblée nationale, au Sénat, pour ce débat qui est vital pour l’évolution de nos pratiques.
Je dis à toutes les forces politiques qui considèrent que cette question est centrale qu’il faut s’asseoir autour d’une table, écrivons ensemble une proposition de loi, il en est de très simples comme celle que François Mitterrand fit adopter pour les élections de 1986. On peut en trouver d’autres, moi j’aime beaucoup la loi électorale allemande qui concilie les circonscriptions avec un vote national qui fait que tout le monde a sa part.
Quand un pays est menacé par les extrêmes, le seul garde-fou qui existe est la possibilité que se réunissent ceux qui refusent cette dérive. Cela ne peut se faire que si nous introduisons cette manière d’être nouvelle qui considère que ses voisins et les autres sont des partenaires, pas de adversaires ni des ennemis. C’est ce combat que nous allons devoir mener. Nous sommes devant une tâche plus importante qu’aucune des représentations nationales précédentes n’a eu à affronter. Ceux d’entre nous qui sont au gouvernement sont devant des responsabilités éminentes. Je ne sais pas comment seront les mois qui viennent. J’aperçois exactement les risques d’échec et de désordre. Ce qui nous réunit dans cette famille politique, c’est que nous refusons le désordre et de favoriser les échecs. Nous sommes à notre rendez-vous. Ces journées de Guidel auront permis de mesurer la solidarité et la solidité qui existe dans nos rangs.

 

► Partis politiques 
● Renaissance 
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Elisabeth Borne (députée, ancienne Première ministre)
> [Propos polémique de Retailleau] L'heure n'est pas à tenir des propos clivants. L'État de droit est sacré. C’est le fondement de notre démocratie. Quand on est en responsabilité, il est nécessaire d’apaiser.

> L'heure est au rassemblement. Mettons tous ensemble, notre expérience et nos idées au service du pays et de nos concitoyens.

> Évidemment, Renaissance retrouve une forme de liberté. Le parti doit se réinventer et proposer un projet qui redonne de l’espoir à nos concitoyens

> Je veux mettre mon expérience au service du parti. Je souhaite rassembler notre famille politique, mobiliser tous nos talents pour produire des idées et des réponses concrètes pour les Français.

 

Aurore Bergé (députée)
> Il n'aura pas fallu longtemps à JL Mélenchon pour prendre benjamin haddad pour cible. Ses sous entendus sont insupportables (et désormais récurrents) et devraient révolter tous les républicains.

> En France, nous avons protégé une liberté fondamentale pour toutes les femmes : l'avortement. Beaucoup nous disaient que c'était inutile ou impossible. En cette journée mondiale pour le droit à l'avortement, j'adresse mon soutien à toutes celles qui sont entravées dans leur accès à leurs droits fondamentaux. C'est pour elles que nous devons nous battre.

 

Sylvain Maillard (député) 
> Sachons garder le cap dans la tempête ! Avec plusieurs députés Ensemble pour la république, nous plaidons pour préserver la stabilité fiscale instaurée depuis sept ans. Elle est essentielle pour poursuivre la réindustrialisation de la France et continuer de viser le plein-emploi.

 

Pierre Cazeneuve (député)
> [Propos polémique de Retailleau] Depuis le début de mon mandat, je me suis toujours levé contre ceux qui remettaient en cause l'État de droit. Notamment l'indépendance de la justice, la neutralité du Conseil constitutionnel et l'égalité de tous les citoyens devant la loi. Je continuerai à le faire.

 

Olivia Grégoire (députée)
> [Propos polémique de Retailleau] L’Etat de droit est intangible et sacré.

 

Prisca Thevenot (députée)
> [Propos polémique de Retailleau] On peut parler immigration sans dénigrer les Français qui en sont issus. Notre langue permet de faire la différence entre immigration illégale et légale. La 1ère est à combattre, la 2ème à contrôler. Ne pas faire la distinction fait le lit du RN.

> Le papillomavirus (HPV) est responsable de 6 000 cancers chaque année en France. Alors qu’un vaccin existe, la France était en retard sur le sujet. En 2023, grâce à Emmanuel Macron notre pays s’est enfin doté d’une campagne de vaccination et de dépistage accessible à tous.

 

● MoDem 
Maud Gatel (Secrétaire générale)
> [Discours à l’université d’été du MoDem]
Ce matin s'achève trois jours, trois jours où nous avons beaucoup travaillé dans le cadre de cinquante-deux ateliers, douze plénières, trois jours où nous nous sommes retrouvés, beaucoup de convivialité, particulièrement sous le chapiteau des villages et je voudrais vraiment remercier tous les animateurs. Des kilomètres ont été engloutis par vous tous pour rejoindre Guidel, par les grands sportifs, les élus du cœur qui, à 7h du matin hier, étaient déjà sur le pont - et d'ailleurs, Jean-Noël aussi ce matin, puisque c'était à peu près l'horaire où tu courais.
Alors au cours de ces trois jours, j'ai ressenti beaucoup de choses. Beaucoup de choses : d'abord l'enthousiasme, votre enthousiasme. J'ai aussi ressenti beaucoup d'émotion. L'enthousiasme de se retrouver en famille, l'enthousiasme de confronter nos idées avec des personnalités absolument remarquables qui nous ont beaucoup appris, formés et qui nous permettent d'être mieux armés pour faire face aux défis qui sont devant nous. Et puis nous avons aussi ressenti beaucoup d'émotion. J'ai beaucoup d'émotion quand je vous vois toutes et tous ici, réunis si nombreux. Nous avons également ressenti beaucoup d'émotion, l'émotion de Daniel lorsqu'elle nous a parlé de son rôle d'aidant, ciment de notre société. Nous avons partagé le courage de Sandrine dans son combat contre les violences faites aux femmes, la rage de Mona sur la situation des femmes dans le monde et l'impérieuse nécessité de défendre la laïcité. Et puis nous avons pleuré, pleurés avec les Ukrainiens, pleurés en leur affirmant que comme depuis deux ans et demi, nous resterons toujours à leurs côtés jusqu'à la victoire. Dans un pays en proie au doute, tiraillé en son sein, perméable aux soubresauts géopolitiques, nous avons affirmé nos convictions et nos valeurs, refusé la fatalité et le spectre du déclin. Et pour tout cela, merci à tous. (…) Parce que cette année, j'ai été particulièrement fière et reconnaissante de tout ce que vous avez accompli. Le travail programmatique s'est poursuivi autour des villages dont on a vu le succès ce week-end de nos élus locaux, nationaux, nos parlementaires. Un travail qui naturellement continuera à se renforcer dans les mois qui viennent. Les équipes se sont renouvelées, rajeunies, féminisées et sont désormais présentes dans l'ensemble des territoires. Nous avons eu un congrès extraordinaire à Blois, extraordinaire à bien des titres, qui nous a permis de rappeler que nous venions de loin et que nos convictions avaient été forgées au fil du temps et des années. Et que c'était sans doute cela qui expliquait la force de nos valeurs et de nos combats.
Et puis, il y a eu des échéances extrêmement importantes, les élections européennes. Vous avez fait preuve d'un dynamisme, d'une énergie incroyable. Et pourtant, les choses n'étaient pas simples. Parfois, vous avez été un petit peu seul, nous le savons, et c'est grâce à vous, grâce à vous aujourd'hui, que nous pouvons compter sur quatre parlementaires européens extraordinaires sur lesquels nous comptons beaucoup et donc je voudrais que nous puissions les applaudir : Marie-Pierre, Laurence, Sandro et Christophe.
D'autres campagnes difficiles sont arrivées. Et malgré cela, vous avez été au rendez-vous, vous avez été au rendez-vous de nos candidats, toutes celles et tous ceux qui ont porté nos couleurs, toutes celles et tous ceux qui vous doivent beaucoup. Et donc pour cela merci à tous. Dans les échecs comme dans les réussites, il faut tirer les enseignements et les enseignements, c'est d'abord votre abnégation, votre courage, votre détermination, votre énergie sans faille et la force de vos convictions. Parce que finalement, et cela nous a été beaucoup dit : « Le MoDem, vous n'êtes pas pareil. » C'est vrai et d'ailleurs, nous le revendiquons : oui, nous affirmons notre singularité. On ressent les choses dans nos tripes, sans avoir à attendre des éléments de langage, on peut avoir des différences sur les modalités, jamais sur l'essentiel, ce qui nous unit, ce que nous portons, nos valeurs. Et je l'avais dit l'an passé, la France a besoin du MoDem et nous devons cultiver ce que nous sommes, pas simplement pour satisfaire l'ego de la Secrétaire générale que je suis, mais parce que je suis profondément convaincue que ce que nous sommes, ce que nous portons, la manière dont nous faisons, dont nous concevons l'action publique est ce dont la France a besoin, ce que nos concitoyens attendent.
Alors dans les mois qui viennent, nous aurons l'occasion de le démontrer une nouvelle fois. Nous devrons continuer à montrer ce que nous sommes, ce que nous défendons et la manière dont nous faisons les choses. Nous devrons affirmer ce en quoi nous croyons. Remettre l'humain au cœur de toutes les politiques publiques dans les services publics, donner une place à chacun, redonner du sens, renforcer les liens qui nous unissent et qui font société, affirmer nos fondamentaux, liberté, égalité, fraternité, laïcité. Prôner la justice fiscale et sociale et œuvrez pour la préservation de la planète. Avec une méthode, accepter de questionner ses certitudes, travailler ensemble et avec les autres, considérer chacun comme un citoyen responsable à même de prendre des décisions. Et puis ne pas faire peser sur les autres nos propres turpitudes. Les élections municipales seront une opportunité pour se faire et nous en avons parlé ce matin lors de la table ronde autour de Marc. C'était le sujet de la plénière ce matin, ce sera le sujet des prochaines semaines et des prochains mois. Alors hier, Philippe des Bouches-du-Rhône, Philippe m’a dit : « Le MoDem permet de vivre la société dont nous rêvons. » Eh bien, c'est ça la feuille de route que je vous propose pour les prochaines élections municipales : ne pas dévier de notre cap, rester ensemble, s'ouvrir aux autres. Alors ce week-end, j'ai ressenti beaucoup d'émotion, de la reconnaissance, de la fierté, de la fierté d'être avec vous, car je sais qu'ensemble nous avons énormément de choses à accomplir.

 

Bruno Millienne (porte-parole)
> Dites donc Michel Barnier aucun recadrage de votre ministre de l'intérieur sur ses propos tenus  Rien à dire sur l'immigration qui dans son ensemble serait un problème ? Que fait-on de l'immigration économique ou de l'asile politique ? Pareil pour les propos sur l'état de droit. Des propos choquants qui nous laissent à penser que Bruno Retailleau serait le faux nez du RN dans votre équipe gouvernementale.

 

Marc Fesneau (député, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale)
> [Discours lors de l’université d’été du MoDem]
Guidel doit être, cette fois, bien plus encore que toutes les précédentes éditions, le point de départ d’un serment retrouvé pour notre famille politique. Une aventure humaine qui puisse nous rassembler et nous ressembler, pour être ensemble utiles au pays, dans la crise profonde qu’il traverse. Je voudrais d’abord ici saluer Bernard Cazeneuve : monsieur le Premier ministre, dans ce contexte particulier, nous sommes ici nombreuses et nombreux ici à considérer que ce que vous êtes, peut et doit être utile à la nation, y compris dans ce qui nous différencie.
Je l’avais dit moi-même au président de la République, au lendemain des élections législatives. Nous nous réjouissons par conséquent tout particulièrement de votre présence, qui est pour nous une marque de reconnaissance et d’intérêt à l’égard de ce que nous sommes, des valeurs et des idées que nous défendons.
La France a besoin de dialogue et d’apaisement, pas d’affrontements inutiles. Elle n’a pas besoin de « boutiquiers de partis ». Elle a besoin d’hommes et de femmes qui ont le sens de l’État. Elle a besoin de rassembleurs. Monsieur le Premier ministre, vous en êtes. Nous en sommes, et je suis certain qu’il en existe dans cet arc républicain.
Et, Monsieur le Premier ministre, vous faites :
- Honneur à ce que nous croyons être les nécessités de l’engagement politique ; 
- Honneur à l’histoire du parti de gouvernement qu’était jadis le parti socialiste ;
- Et, enfin, vous faites honneur à l’histoire de la gauche !
Plus encore que votre engagement, votre sens de l’intérêt général est infiniment précieux, alors que tant de femmes et d’hommes de gauche sont pieds et poings liés aux extrêmes et à La France Insoumise.
Comme, par effet de symétrie, à celles et ceux qui, à droite, se sont liés, par leurs renoncements idéologiques, à l’extrême droite… Avec, à chaque fois, le même résultat, à droite comme à gauche : devenir définitivement les otages des extrêmes et les esclaves de leurs thèses.
L’histoire politique, ou plutôt les lâchetés qui en font partie intégrante, sont toujours précédées par :
- Des excuses ;
- Des prétextes ;
- De grands mots pour parler de petites choses.
Et cela justifie toujours les reniements et toutes les trahisons des valeurs.
Ce n’est pas le choix que vous avez fait, monsieur le Premier ministre, et je voudrais qu’il soit ici salué ! Parce que nous avons su, nous, au Mouvement démocrate, par le passé, prendre des risques et s’affranchir de considérations partisanes ! Et je pense en particulier au choix difficile et courageux que tu as fait, François, en 2012, et nous avec toi, de soutenir François Hollande. Et c’est parce que tu as su prendre ce risque que nous avons survécu et que nous sommes encore vivants aujourd’hui ! Ce jour-là, nous étions quelques-uns – et certains sont encore présents dans cette salle – à prendre le risque de tout perdre. De tout perdre pour, au fond, ne pas perdre l’essentiel.
Je l’ai souvent dit, ces derniers jours, et je le pense depuis toujours : si l’on veut vraiment, au nom des valeurs, « faire la guerre », alors il faut être prêt à tout perdre. Tout.  Non pas en étant détachés de tout ou inconscients mais, au contraire, comme un acte de liberté absolue.  Et si l’on n’est pas prêt à cette liberté ultime, alors on ne « fait pas la guerre ».
Je l’avais dit devant les députés de notre groupe, en février 2024, lors de la nomination de Gabriel Attal et alors que j’étais encore le seul ministre de notre famille politique nommé. J’avais indiqué que je trouvais logique de renoncer à mes fonctions de ministre, François, lorsque, et puisque, tu évoquais l’absence « d’accord profond » avec la politique menée. Telle n’a pas été la décision collective, mais il m’arrive parfois de penser que cela aurait peut-être été utile pour la suite.
Et je pense que les temps qui viennent nous appellent à retrouver cette liberté parce qu’elle sera bien utile pour un jour, si besoin, savoir et pouvoir dire non. Et c’est face à ce choix, que le groupe que j’ai l’honneur de présider, s’est trouvé confronté ces jours derniers :
Je le dis sans détours devant vous : beaucoup et beaucoup plaidaient pour que nous ne participions pas au Gouvernement de Michel Barnier. Et j’ai, avec les députés du groupe que je préside, profondément douté, comme vous, en militantes et militants de notre mouvement, sur ce que nous devions faire. Avec une première interrogation lourde : est-ce que les équilibres dans la composition de ce Gouvernement correspondent au rassemblement le plus large possible autour des forces démocrates et républicaines qu’attendaient les Françaises et les Français et que nous appelions de nos vœux ?
La vérité m’oblige à dire que non. Je n’en fais pas, pour autant, principalement grief au Premier ministre tant le Nouveau Front Populaire s’est employé à développer une forme d’arc « antirépublicain » en refusant toute forme de dialogue avec des forces politiques qui n’appartenaient pas à son cartel électoral, quand tout aurait incité au contraire. Et donc je le regrette comme vous : cette union nationale que nous appelions de nos vœux, n’a pas été rendue possible.
Mais le refus ou le renoncement des partis de gauche ne peut en aucun cas constituer une invitation ou une incitation à mener une politique contre la gauche et contre toutes celles et ceux qui, de bonne foi, nous ont apporté leurs suffrages, parfois contre leurs convictions profondes. Ils l’ont fait seulement pour éviter ce qu’ils considéraient comme le pire : l’arrivée au pouvoir du Rassemblement National.
À la gauche la plus bête du monde ne peut se substituer la droite la plus bête du monde. À l’arrogance qui a souvent été reprochée à notre ancienne majorité – et que nous étions souvent seuls, au MoDem, à regretter – ne peut succéder l’arrogance d’un nouveau camp, celui de la droite ! Ce n’est pas parce que la gauche a refusé que la droite a gagné ! Et l’ancienne majorité non plus ! Personne n’a gagné ! Personne ! Et donc personne ne peut s’arroger à lui seul l’exercice du pouvoir ou revendiquer une quelconque victoire idéologique !
Car au-delà du déséquilibre du gouvernement, comment ne pas s’interroger plus
encore sur la ligne qui sera portée, à l’aube de la déclaration de politique générale du Premier ministre ? Je lui ai dit avec force que nous demandions des éclaircissements sur un certain nombre de sujets et, à date, nous ne les avons pas.
Ce qui fait que, concrètement :
- Nous ne sommes pas liés par un programme ou un projet ;
- Et qu’il ne s’agit ni d’une coalition rendue possible par la proportionnelle ni d’un pacte de gouvernement rendu possible par un dialogue préalable !
Dont acte. Il nous faut désormais inventer une manière de naviguer ensemble, au service de la France.
Et puisque l’objectif est de servir la France, je le dis devant vous, nous ne renoncerons :
Ni à la justice fiscale et sociale ;
- Ni aux nécessités d’une transition écologique juste ;
- Ni à l’amélioration et à la simplification de nos services publics, en particulier notre santé et notre éducation ;
- Ni à aucun combat que nous menons ici au MoDem depuis des années !
Et de la même manière, il ne faut pas non plus renoncer à poursuivre le parcours de projets de loi utiles pour le pays, comme sur l’agriculture, la simplification ou la fin de vie.
Et puisqu’il s’agit d’agir au service de la France, nous n’accepterons pas le renoncement annoncé sur la proportionnelle. A la vérité, il s’agit non seulement d’un renoncement depuis 2017, mais aujourd’hui d’un autre renoncement, celui du nouveau Premier ministre ! Je ne l’accepte pas, vous ne l’acceptez pas, et ensemble nous l’obtiendrons ! Et si nous nous battons ainsi, ce n’est pas seulement une question de « marotte » du MoDem, mais une question, je le dis avec gravité, de survie de notre démocratie. C’est pourquoi je m’engage devant vous à mener ce combat.
Mes chers amis, oui comme je l’ai dit, tout ou presque plaidait pour que nous nous opposions à l’entrée de ministres issus du Mouvement Démocrate au Gouvernement… Tout, sauf le sens du devoir et l’esprit de responsabilité qui nous a toujours animés et l’attente irrépressible des Françaises et des Français de nous voir coopérer. Comme au lendemain de la seconde guerre mondiale, le moment exige que les femmes et les hommes de bonne volonté dépassent leurs différences, parfois leurs désaccords, et cherchent authentiquement à se retrouver pour avancer sur l’essentiel.
Au fond, il s’agit du choix auquel nous nous sommes résolus et je l’assume :
- Pas au nom d’une coalition gouvernementale qui n’existe pas… ;
- Ni au nom d’une union nationale qui n’existe pas davantage… ;
- Mais parce que tout, dans l’histoire de notre mouvement, dans notre identité, appelle à exiger de nous-mêmes de se rassembler sur l’essentiel.
Alors j’entends et je lis que nous avons débattu et que cette décision n’était pas évidente pour notre groupe, comme elle ne l’était pas pour vous toutes et tous.
Oui, et je crois que débattre est sain, que la recherche du point d’équilibre passe par le doute et le débat : c’est ce que nous avons toujours fait au MoDem.
J’entends et je lis également, et je ne doute pas que cela soit bienveillant, que mes doutes personnels, pourtant partagés par une immense partie du groupe, seraient liés au fait que je ne sois pas devenu à nouveau ministre. Alors aux bienveillantes et aux bienveillants, je vais le dire de la manière la plus claire qui soit : lorsque je me suis présenté à la présidence de notre groupe, j’ai pris devant l’ensemble des députés réunis, l’engagement que je ne serai pas candidat à une fonction ministérielle dans le nouveau Gouvernement.
Je ne fais que tenir cet engagement, et mettre en cohérence les paroles et les actes… Et je comprends que cela puisse étonner ! Mais, par pitié, tenez-moi à l’écart de tout cela. Cela fait plus de 30 ans que je fais de la politique ainsi, et je n’entends pas me dévoyer, au sens premier du terme.
Après six années passées au Gouvernement, j’ai plaidé pour le renouvellement des visages et je me l’applique le premier.  Et je vous le confie : cela n’a pas été la décision la plus difficile à prendre dans ma vie publique. J’étais un vétéran du MoDem au sein de ce Gouvernement. Et je n’avais nulle intention de m’accrocher à quoi que ce soit.  Il faut savoir aussi partir, si l’on veut être crédible et libre.
Je suis fier, dans ce contexte politique, d’être le président de notre groupe à l’Assemblée nationale pour essayer de tenir un cap, celui de notre histoire et celui de nos valeurs. Et je suis fier que Jean-Noël, Geneviève et Marina soient membres de ce Gouvernement et nous y représentent. Nous devons les aider parce que nous avons pris cette décision par sens du devoir, en étant pleinement responsables et lucides. Et je leur dis : chers Jean-Noël, Geneviève, Marina, cette décision nous engage collectivement ! Sinon, j’ai la conviction que nous ferions défaut au premier principe qui doit nous lier : celui de la solidarité entre nous. Et j’en serai l’un des garants !
J’ai dit à Michel Barnier quelle était la nature notre engagement. Nous le faisons :
- Sans arrière-pensées ;
- Sans calculs politiciens ;
- Sans avoir les yeux rivés sur le coup d’après, quel qu’il soit, d’ailleurs.
Nous le faisons non pas comme celles ou ceux qui pensent que ce moment peut servir leur équation et leur destin personnels, mais parce que nous voulons la réussite de la France. Et nous le ferons, avec le sens des responsabilités que nous avons toujours prôné et assumé, lors du débat budgétaire, parce qu’il s’agit d’un impératif moral. Les Français ne pourraient comprendre que les jeux politiciens l’emportent sur la nécessité de relever la France.
Nous le ferons aussi en assumant ce que nous portons depuis des années. Parce que, mes chers amis, ce moment, doit nous inviter à reprendre les combats que nous menons depuis toujours. Et il faut, à vrai dire, reconnaître que nous n’avons pas assez identifié et assumé collectivement les combats que nous devons mener. C’est à ce sursaut, au nom de nos valeurs, que je vous invite !
Car perdre de vue cela, c’est perdre de vue ce que nous sommes, perdre de vue les valeurs qui, ici, nous rassemblent depuis 2007 et la création du MoDem. Et je l’ai dit en votre nom au Premier ministre : si nous avions été d’accord sur tout, nous n’aurions pas attendu 7 ans pour nous asseoir autour de la même table, ou travailler au sein d’un même Gouvernement ou d’une même majorité. Nous sommes différents et nous allons le montrer pour mieux mettre en exergue les possibilités de rassemblement !
Nous entendons être respectés, c’est-à-dire respectés dans nos différences, et ce n’est pas une question de nombre de membres du Gouvernement. Alors, j’assumerai, avec vous, en votre nom, de dire non. De dire non avec notre groupe, comme nous avons su le faire par le passé, au MoDem, et comme nous ne l’avons plus fait depuis trop longtemps ! Parce que nous n’accepterons plus d’être les vassaux de qui que ce soit, nous qui avons fait, seuls au centre, contre vents et marées, le chemin difficile, et parfois douloureux, de l’indépendance. Oui, nous devrons être prêts à assumer des désaccords profonds et à en assumer ensemble les conséquences. Jamais nous ne pourrons soutenir un Gouvernement qui s’affranchisse du cadre européen sur telle ou telle politique. Jamais nous ne pourrons soutenir un Gouvernement qui mette en cause les fondamentaux de notre système de solidarité ou de notre cadre constitutionnel. Jamais nous n’accepterons, parce que nous sommes des humanistes, que la recherche de boucs émissaires fasse office d’excuse à nos propres échecs politiques, par exemple sur la justice ou la sécurité.
Je veux enfin, avec notre groupe parlementaire, avec vous toutes et tous, être les dépositaires du sens du vote des Français. Ils ont exprimé une colère au premier tour et un sursaut républicain au second. Ils n’ont pas désigné de vainqueur, aucun : pas plus le Nouveau front populaire qui voulait gouverner seul… que Les républicains, qui ont le sentiment qu’ils pourraient désormais imposer leurs vues. 
Nous sommes les dépositaires des nuances qu’ils ont exprimées, mais aussi de la volonté de dialogue entre les différentes forces politiques, à laquelle nous avons toujours cru, et dont nous avons toujours été les premiers partisans. Et cette volonté, il faudra l’imposer à l’Assemblée nationale, et c’est avec votre soutien que nous y parviendrons. Je dis aux femmes et aux hommes de gauche : vous trouverez toujours en nous des alliés pour défendre les valeurs républicaines et œuvrer pour plus de justice, et nous sommes prêts à y travailler avec vous. Nous assumerons toutes les alliances en ce sens. Je leur dis aussi que je sais comme il est difficile de s’affranchir de ses chaînes. Je ne vous juge pas, mais faites-le, dans l’intérêt du pays. Souvenez-vous de la fable du loup et du chien, gagner sa liberté n’est que provisoirement inconfortable, y renoncer l’est définitivement.
Je dis, de la même manière, aux femmes et aux hommes de droite : ne vous laissez pas emporter par le populisme ambiant, ne cédez pas à la tentation du nationalisme. Vous nous trouverez toujours en soutien des principes de l’ordre juste et de la sécurité, dans le respect des libertés des publiques et de nos principes fondamentaux. Et nous ne laisserons pas les principes démocratiques disparaître sous les applaudissements inconscients de la foule aux passions exacerbées. Comme vous, nous partageons une certaine idée de la France qui n’a jamais été aussi grande que quand elle a décidé de rayonner plutôt que de se replier.
Enfin, je le dis aux femmes et hommes du centre : ne courez pas les écuries présidentielles. Sachez, aussi, que les revanches personnelles sont mauvaises conseillères. Assumons notre bilan, nos réussites comme nos échecs. Et surtout, surtout, ne tombez pas dans la facilité de la bipolarisation qui rassure en ces temps troublés.
Nous n’avons pas fait tout cela, tout ce chemin :
- Pour être condamnés à ne choisir qu’entre la droite et la gauche ;
- Ni pour nous éloigner du projet de dépassement que nous avons toujours défendu !
Et, au MoDem, nous continuerons de défendre cette idée fondamentale du dépassement, comme femmes et hommes du centre.
Les combats pour notre avenir, celui de notre mouvement, et pour nos valeurs, se mèneront aussi depuis l’Assemblée nationale.
Comme vous l’aurez compris, je serai à la tête de ces combats avec mon groupe et ceux qui voudront bien s’y joindre. Le MoDem est désormais l’un des plus vieux partis, par son histoire évidemment, mais aussi par la date de sa création ; c’était il y a plus de 15 ans.
Je n’ai pas renoncé à notre idéal depuis, qu’en 1997, je me suis engagé dans ce mouvement qui s’est affranchi progressivement de ses chaînes. Je n’y ai pas renoncé et je suis fier :
- Fier de 1998, lorsque nous avons refusé l’alliance honteuse d’une partie de la droite, et de certains qui se réclamaient du centre, avec l’extrême droite ;
- Fier de 1999, lorsque nous n’avons pas accepté de figurer sur la même liste que Philippe Séguin parce qu’il s’agissait pour nous d’une question de valeurs sur le projet européen ;
- Fier de 2002, lorsque nous avons su dire non au parti unique alors que de nombreux membres de notre famille politique désertaient les rangs pour rejoindre l’UMP ;
- Fier de 2007, lorsque malgré la vague, nous avons refusé de soutenir Nicolas Sarkozy et de participer à sa majorité ;
- Fier de 2012, lorsque nous sommes allés plus loin encore et avons définitivement largué les amarres.
Mes chers amis, on ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d’années, on le devient parce que l’on a déserté son idéal. Les années rident la peau. Renoncer à son idéal flétrit l’âme.
Et en ces temps troublés qui réclament de nous dépasser dans l’intérêt du pays, je nous invite, lucidement mais aussi avec enthousiasme, à ne pas renoncer à notre idéal.
Mes chers amis, c’est cela le sens de Guidel, c’est cela le sens du voyage dont je vous parlais. Et c’est le combat auquel je nous invite, celui que je mènerai avec vous, à vos côtés.

> Nous sommes entrés dans un gouvernement qui n’est pas à l’équilibre du message des Français – la gauche ayant refusé d’y participer – et dont on ne connaît pas encore la ligne politique. C’est une originalité, puisque des forces politiques se sont rejointes après sept années d’incapacité à se mettre d’accord sur l’essentiel.
J’attends avec impatience la déclaration de politique générale de Michel Barnier, mardi, pour savoir ce qu’il propose sur les retraites, la fiscalité et le budget, l’écologie, les services publics…

> À la vérité, beaucoup de facteurs plaidaient pour ne pas entrer dans ce gouvernement. Mais nous pensons qu’à un moment donné, et alors que c’est notre message depuis des années, il faut travailler ensemble sur ce qui nous rassemble. Mais je le dis, rien ne sera accepté qui ne serait pas conforme à nos valeurs et à notre histoire. Rien !

> Nous ne sommes pas dans une logique de coalition, mais d’union nationale pour ne pas laisser la France dans cette crise.

> [Budget] Il nous faut absolument tendre vers un équilibre. C’est la souveraineté de la France qui est en jeu. Au MoDem, nous ne sommes pas fermés à demander des efforts aux personnes les plus riches - vraiment aux tranches les plus élevées - et aux très grandes entreprises.  Non pas dans une logique de chasse aux plus fortunés, mais d’effort de redressement national via une contribution exceptionnelle pour ceux qui le peuvent le plus. Nous sommes, par ailleurs, prêts à nous attaquer aux niches fiscales, à analyser les situations de rente et à annuler les baisses d’impôts prévues, comme la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises.

En matière de dépenses, il nous faut aussi faire des choix d’économie sans sacrifier la sécurité, la justice, la transition écologique et les engagements déjà pris.

> Une abrogation de la réforme des retraites serait totalement irresponsable. Cela nous obligerait à baisser les pensions faute de pouvoir les payer. Tous les pays, de la Chine à l’Italie en passant par la Grande-Bretagne, confrontés à un problème démographique comme nous, sont en train d’augmenter l’âge légal de départ et/ou la durée de cotisations.
On peut toujours faire des moulinets avec une épée en bois, mais il n’y a plus un sou, en France, pour financer l’abrogation de la réforme des retraites !

Ce sujet-là ne devrait pas susciter un débat aussi intense. Notre démocratie est en train de mourir de la démagogie ambiante.

> Personne ne devrait parier sur l’échec de Michel Barnier. Seul l’intérêt général nous guidera. Nous devons nous souvenir que notre Assemblée est le produit d’une colère de premier tour et d’un sursaut républicain de second tour, et qu’au sein de l’arc républicain 30 à 40 % des électeurs - des modérés et des gens de gauche - ne se reconnaissent pas dans ce qui se passe. Le Premier ministre doit donc en tenir compte. Et nous en serons les garants.

> [Propos polémique de Retailleau] Au second tour des élections législatives, les démocrates et républicains de notre pays, par un sursaut collectif, ont surmonté leurs préférences politiques pour faire le choix résolu de l’intérêt supérieur de la Nation et avec lui, celui de la protection de notre État de droit. Le Groupe démocrate s’opposera par essence et sans aucune concession à tout choix politique et à tous ceux qui agiront à l’inverse du message des Français. L’État de droit c’est ce qui fonde les démocraties. C’est ce qui protège chacun d’entre nous de l’arbitraire. C’est ce qui a pu protéger, quand sous la pression des foules aux passions exacerbées par les populistes, certains étaient prêts au pire. Le pays n’a nul besoin d’encore plus de populisme, encore moins que l’on sape ses fondements communs multiséculaires. Il a besoin d’un ordre juste mais aussi d’ordre dans les esprits qui dans les temps actuels semblent se désorienter. Nous y veillerons. J’attends que le gouvernement y veille également.

 

Erwan Balanant (député)
> [Propos polémique de Retailleau] Petit rappel L’Etat de droit c’est le respect de trois principes : - la hiérarchie des normes - l’égalité des citoyens devant la loi - la mise en place de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et de l’autorité judiciaire.
La démocratie est constitutive de l’Etat de droit et non l’inverse. Le peuple souverain sans l’Etat de droit c’est la dérive immédiate vers le populisme et le rêve des extrêmes. Monsieur le Premier Ministre recadrez votre ministre de l’intérieur.

 

● Parti radical 
Laurent Hénart (président) 
> [Démission de la présidence du parti] La situation politique actuelle de notre pays oblige plus que jamais les forces républicaines à se renouveler et à travailler sur les idées en profondeur.

 

► Autres 
● Organisations centristes 
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen) 
Valérie Hayer (députée ,présidente)
> Il y a 24 ans, tout le monde était indigné. Aujourd'hui, certains pourraient considérer banal qu'un parti qui a été autrefois dirigé par un ancien SS remporte des élections. Ce n'est pas notre cas. Un tel choix ne sera jamais le bon choix. Nos démocraties méritent qu’on se rappelle sans cesse le danger inouï que représente l'extrême-droite. Une menace pour les droits des gens, pour la prospérité et le pouvoir d'achat, pour la cohésion sociale. Ne cédons jamais rien aux partis de la haine et de la division.

> [Propos polémique de Retailleau] L’état de droit est la pierre angulaire de toutes les démocraties. Nos lois doivent être protectrices et appliquées avec fermeté dans le cadre des principes supérieurs de notre République. Nul ne saurait s’y soustraire. Oui, l’état de droit est sacré.

> Réussir la transition verte est un impératif pour protéger les Français et les Européens. Une Europe qui innove, investit et accompagne, voilà la clé du succès ! Avec Renew Europe, nous sommes à la tâche pour atteindre ce but.

 

Bernard Guetta (député)
> La force et l’intransigeance d’Israël ont payé. Contre le Hamas et le Hezbollah. Mais aussi face au président américain, à la justice internationale, et aux opinions publiques occidentales. L’avenir demeure pourtant incertain car, sous les bombes, les enfants n’apprennent pas à tendre la main.
En trois mots comme en cent, il a gagné. Avec la mort de Hassan Nasrallah, Benyamin Nétanyahou a virtuellement gagné cette guerre, car après avoir brisé le Hamas en un an de bombardements de Gaza, il a décapité le Hezbollah en écrasant son chef sous les ruines de son bunker.
Les armes ne s’en tairont pas d’un coup. Il y aura d’autres rebondissements, mais d’abord ébranlé par un massacre comme Israël n’en avait jamais connu, ce Premier ministre a su débarrasser son pays des deux plus grandes menaces auxquelles il était confronté. Rien d’étonnant à ce que les Israéliens l’en applaudissent, mais voudra-t-il maintenant, et le saurait-il, transformer cette victoire en une paix durable ?

 

● Propos collectifs
> [Tribune: « Le rétablissement des comptes publics passe avant tout par la création de richesses et le plein-emploi »]
« Faites-moi de bonne politique, et je vous ferai de bonnes finances. » Cet adage, prêté au baron Joseph-Dominique Louis, nommé grand argentier de notre nation à cinq reprises tout au long du XIXe siècle, constitue un écho éclairant aux choix politiques décisifs qui nous attendent à l'automne pour donner un budget à la France. Le Premier ministre, Michel Barnier, a fait du rétablissement des comptes publics une priorité de l'action de son gouvernement. Il a raison.
Cette ambition est indispensable à la protection de notre souveraineté, tout comme doivent l'être les politiques mises en œuvre pour y parvenir. En la matière, les périodes de préparation budgétaire sont toujours l'occasion de voir fleurir mille et une propositions qui, bien souvent, mêlent l'Arlésienne au baroque. Celles-ci nous invitent, nous députés, à exprimer publiquement deux convictions profondes qui guideront nos choix politiques pour la préparation de ce budget.
Premièrement, les impôts. Depuis 2017, avec le président Emmanuel Macron, nous avons engagé le réarmement économique de la France. L'ouverture de plus de 200 usines a contribué à la création de 2,5 millions d'emplois, mettant fin à ce mal français qu'était le chômage de masse. Notre pays est devenu le plus attractif d'Europe. Ces succès, nous les devons notamment au volontarisme politique de l'ancienne majorité, qui a massivement baissé les impôts des ménages comme des entreprises. Mais malgré cette politique fiscale massive et sans précédent - 60 milliards d'euros de baisse d'impôts en sept ans ! -, la France demeure l'un des pays dont le taux de prélèvements obligatoires est le plus élevé au monde.
Il nous paraît donc impensable qu'après sept années de baisse d'impôts ce soit l'alliance du bloc central qui finisse par renoncer à la stabilité fiscale pour les augmenter. Trop d'impôt tue l'impôt. La justice sociale ne saurait constituer le prétexte d'un défouloir fiscal : toute hausse d'impôt contribuerait à dégrader la compétitivité retrouvée de notre pays, à rompre le pacte de confiance noué avec les Français, à faire fuir les entreprises et à condamner tout partage de la valeur.
Deuxièmement, les lois de programmation budgétaires. Depuis sept ans, nous avons engagé le réarmement régalien de la France pour renforcer la sécurité des Français, améliorer l'efficacité de la réponse pénale, réduire l'immigration illégale et renforcer notre puissance militaire. Là encore, il nous paraît impensable que ce soit l'alliance du bloc central qui remette en question ce cap clair défini par les trois lois de programmation budgétaires des ministères de l'Intérieur, des Armées et de la Justice. Aux solutions de facilité, nous préférons des combats certainement plus difficiles, mais fondamentaux pour rétablir durablement les comptes publics.
Oui, le rétablissement des comptes passe avant tout par la baisse de la dépense publique. Depuis le début des années 2000, celle-ci a doublé dans notre pays. Les Français sont-ils pour autant deux fois plus heureux ? Dans leurs pactes d'action respectifs présentés cet été, le bloc central comme la droite républicaine en ont fait la mère des batailles : la baisse des dépenses de l'État - par le culte de la performance de nos politiques publiques, par la suppression de dizaines d'agences et de comités Théodule, et de milliers de doublons, par la simplification de l'action publique et la baisse du nombre de fonctionnaires en préservant nos services publics de proximité - et l'amélioration de l'efficacité des dépenses sociales par la poursuite et le maintien des transformations profondes engagées ou à venir, comme les retraites et la solidarité à la source.
Oui, le rétablissement des comptes publics passe avant tout par la création de richesses et le plein-emploi. La baisse massive du chômage depuis sept ans a rapporté 40 milliards d'euros aux comptes publics. Si notre taux d'emploi atteignait celui de l'Allemagne, la France pourrait combler durablement son déficit public. Là est le chemin pour financer notre modèle social sans porter atteinte à la compétitivité de nos entreprises ni pénaliser les Français qui travaillent. Assumons de mener des réformes courageuses - notamment celle de l'assurance chômage - pour atteindre le plein-emploi.
Enfin, le rétablissement des comptes publics passe par la poursuite de notre lutte sans merci contre la fraude sociale et fiscale qui gangrène encore notre pays - malgré les progrès notables de ces dernières années - et dont dépend grandement le consentement des Français à l'impôt.
Parce que nous croyons à l'émancipation par le travail pour achever le réarmement économique de la France et parce que nous croyons aux vertus du temps long pour accomplir son réarmement régalien, nous appelons Michel Barnier et son gouvernement à ne pas céder au chant des sirènes de ceux qui nous promettent plus d'impôts et moins de dépenses régaliennes.
[Liste des députés Renaissance signataires: Aurore Bergé, Yannick Chenevard, Romain Daubié, Jean-Marie Fiévet, Moerani Frébault, Brigitte Klinkert, Daniel Labaronne, Jean Laussucq, Mathieu Lefèvre, Constance Le Grip, Annaïg Le Meur, Marie Lebec, Sylvain Maillard, Denis Masseglia, Nicolas Metzdorf, Laure Miller, Karl Olive, Béatrice Piron, Natalia Pouzyreff, Charles Rodwell, Laëtitia Saint-Paul, Liliana Tanguy, Jean Terlier, Annie Vidal, Corinne Vignon, Eric Woerth, Caroline Yadan]