Il a également insisté sur ce que ce double sauvetage ne pourrait pas se faire sans l’union des Européens face aux défis mondiaux et aux superpuissances ainsi que face aux ennemis de la liberté.
Regrettant que la Gauche n’est pas acceptée de participer au gouvernement, il a également et à nouveau plaidé pour l’instauration de la proportionnelle pour les prochaines élections législatives.
Il a également rappelé qu’à l’opposé de ce que prétendent la Gauche et l’extrême-droite, personne n’a remporté les législatives anticipées, estimant qu’au premier tour un vote d’humeur avait permis au RN d’être en tête et qu’au second, un vote républicain avait écarté la menace d’extrême-droite et avait placé le NFP en tête mais sans aucune majorité, ni légitimité à gouverner seul.
► Voici
le discours de François Bayrou
Mes chers amis, cher Bernard Cazeneuve,
Merci d’avoir partagé cette matinée avec nous pour dire des choses dont elles
m’ont semblé qu’elles étaient importantes et qu’elles avaient du sens pour
notre avenir commun, comme démocrates, comme Français, comme militants de
l’Europe. Donc merci de ta présence et chacun connait la signification de cet
effort que tu as fait pour être avec nous ce matin. Chacun connaît la
signification de cet effort que tu as fait pour être avec nous ce matin.
Tout le monde sait, tout le monde voit, que les Universités de rentrée que nous
tenons à Guidel tous les ans – je crois que c’est la 12ème de suite
– interviennent dans un moment dont les historiens se souviendront. Je ne sais
pas encore si ce sont les historiens politiques ou si ce sont les historiens de
la Grande histoire, mais je suis persuadé que c’est un moment plein de sens
parce qu’il est plein de risques.
J’étais très heureux que nous nous retrouvions, tous les militants, autour de
Maud Gatel, nos députés, autour de Marc Fesneau, nos sénateurs, Isabelle
Florennes en particulier était là, nos parlementaires européens et européennes,
et puis nos ministres, Jean-Noël Barrot, Ministre des Affaires étrangères,
Geneviève Darrieussecq, Ministre de la Santé, Marina Ferrari, Ministre du
Tourisme, et je n’aurai garde d’oublier, il est venu comme tous les ans passer
l’après-midi avec nous, Fabrice Loher, maire de Lorient et nouveau ministre de
la mer. Quatre responsabilités ministérielles éminentes, probablement plus
importantes qu’aucun des épisodes gouvernementaux précédents nous a permis
d’occuper.
Nous sommes dans une situation démocratique inédite. Je n’emploie pas le mot
démocratie au hasard. Tous les mouvements politiques qui nous ont permis
d’incarner notre engagement au cours du temps ont tous porté le mot Démocratie
dans leur titre : Union pour la Démocratie Française, au Centre Démocrate,
au Centre des Démocrates Sociaux, Force Démocrate, et au Mouvement démocrate.
Parce que ce mot « démocratie » a un sens extrêmement précis et
profond : porter chaque citoyen, permettre à chaque citoyens de se porter,
au maximum de conscience et au maximum de responsabilité. C’est la formule que
Marc Sangnier avait choisie pour la démocratie, et tout le monde voit ou
devrait voir que ce binôme conscience et responsabilité est au centre du moment
historique que nous vivons.
Nous savons tous très bien que partout dans le monde la démocratie est en
danger. Et le danger est inscrit dans son nom même : δῆμος, c’est
le peuple des citoyens, κράτος, c’est la souveraineté. Peuple des
citoyens et souveraineté des citoyens. Or, il se trouve que s’amenuisent chaque
jour dans le monde cet idéal qui veut associer les citoyens à la conscience des
enjeux et à leur capacité de décider du destin et de l’avenir.
C’est pourquoi, nous savons exactement ce que nous avons à faire quand la
situation est si grave, quand on traverse les tempêtes. C’est le moment de se
serrer les coudes, c’est le moment d’aider, ce n’est pas le moment des
querelles et des préoccupations d’intérêt personnel ou partisan. Ces temps sont
des temps de menace sur la nation, et quand viennent les temps de menace on se
regroupe, on s’unit, on travaille ensemble, on met les intérêts individuels ou
de clans au deuxième plan. Nous ne cédons et ne céderons rien – je vais essayer
de le montrer dans ce propos – de ce à quoi nous croyons, mais nous aiderons
avec franchise et désintéressement, franchise et désintéressement, autant que
nous le pourrons pour que le pays traverse et surmonte ce moment de menaces et
de risques.
Et d’abord parce que, à l’ouverture de ces journées, je l’ai rappelé, la
planète – on parle beaucoup de notre pays naturellement – mais la planète
traverse elle-aussi des moments qui sont sans précédent : une lutte
de titans, d’une capacité et d’une puissance jamais atteints. Les unes
militaires et économiques (je pense à la Chine, aux États-Unis), les autres
idéologiques (les pays islamistes), les troisièmes nationalistes et
impérialistes, mettant la force militaire au service de leur volonté
d’asservissement (la Russie de Poutine). La lutte entre ces puissances a pris
ces dernières années un tour si aigu que nous, Européens, avons l’air parfois
d’enfants désarmés face à de telles machines et de telles mobilisations de
moyens.
Et donc l’enjeu est assez simple : il s’agit de défendre notre mode de vie
et de notre liberté en trouvant entre états des équilibres et des méthodes qui
permettent de sortir des affrontements de plus en plus violents.
Voilà pourquoi – Bernard Cazeneuve et Marc Fesneau l’ont dit, je le dis à mon
tour – la question européenne se trouve désormais posée en termes nouveaux face
à une vague de remises en cause et de désintérêt qui s’additionnent et
multiplient leurs effets. Qui peut prétendre, qui pourrait prétendre, en dehors
des deux extrêmes de notre vie politique, qu’aujourd’hui, en 2024, avec ce que
nous venons de vivre en quelques mois, qui pourrait prétendre qu’il y aurait
une autre réponse concevable que la réponse de l’alliance et de l’union des
pays européens, chacun avec sa culture, mais avec pour tous ou presque la même
conception de la liberté individuelle et des libertés publiques ? Hélas,
j’ai dit tous, ou presque, parce que même dans notre Union européenne nous
voyons désormais des ferments de pays qui refusent ces principes et cette
volonté de coopération en trouvant les mêmes règles pour les mêmes droits.
Bien sûr, nous ne sommes que 450 millions, mais ces 450 millions constituent à
eux seuls un immense patrimoine d’intelligence, de recherche, d’industrie, et
un immense marché, cela compte aussi. Simplement nous savons aujourd’hui,
maintenant, pour paraphraser Valéry, que nous, cette société et civilisation
européenne, nous sommes mortels. C’est ce qu’a rappelé le Président de la
République lors de son deuxième discours de la Sorbonne : on peut, nous
pouvons, si nous restons les bras ballants, ou plus grave encore, si nous nous
contredisons perpétuellement les uns les autres, on peut être soumis, condamnés
à l’impuissance, isolés, appauvris et secondarisés, du point de vue de
l’influence.
C’est pourquoi, dans tous les choix que notre pays a à prononcer, la question
européenne est évidemment une dimension centrale. Encore faut-il qu’il y ait
des forces politiques pour porter cette volonté. Et encore faut-il que ces
forces politiques soient capables de s’associer au lieu de se combattre et avec
la volonté de se détruire les unes les autres pour laisser la place et
l’influence à ceux qui veulent exactement le contraire de ce que nous voulons.
Par exemple, cela a été dit par toi, Bernard Cazeneuve, nous croyons
profondément à l’unité. Vous vous souviendrez peut-être du slogan que j’avais
choisi pour la campagne présidentielle de 2012 : « Un pays uni, rien
ne lui résiste », avions-nous écrit sur notre affiche. Et ce slogan, que
je crois profondément juste en 2024, a sa réplique négative : un pays
désuni, rien de bon ne peut lui arriver. Or nous avons, depuis des décennies,
construit des institutions qui ont beaucoup de mérite (et d’abord le mérite
d’avoir duré : notre Ve République), mais qui n’ont pas permis
de construire l’unité à long terme, ce dont les récentes élections législatives
et la physionomie de l’Assemblée nationale donnent aujourd’hui le plus
caricatural constat.
Nous nous sommes peu à peu habitués à une idée que je considère parmi les plus
dangereuses. Nous en sommes arrivés à considérer que la démocratie, c’est
purement et simplement la victoire d’une majorité et tous les pouvoirs à
exercer par elle. Or, nous avons cru que le travail militant consistait à
construire cette victoire, et une fois la victoire acquise, à se servir de la
majorité pour imposer ses idées aux autres. Et je crois, je confesse que j’ai
mis longtemps à arriver à cette conviction, que cette idée est fausse et
dangereuse. Elle constitue un piège dont nous aurons du mal à sortir.
Nous, nous croyons que la démocratie ce n’est pas l’affrontement de deux camps
qui fourniront à la sortie les vainqueurs et les vaincus.
Nous, nous croyons que la démocratie c’est au contraire la capacité, ayant
mesuré l’influence des uns et des autres, de permettre à toutes ces
sensibilités de vivre ensemble, d’être reconnues et respectées chacune pour ce
qu’elle est, et de trouver ainsi leur place dans la symphonie nationale. Comme
chaque pays doit trouver sa place dans la symphonie européenne. Non pas la
domination de la majorité sur des minorités, mais la capacité de se rassembler,
de se fédérer pour qu’il n’y ait pas d’exclus dans le concert des convictions,
en tous cas, des convictions qui partagent le socle démocratique et républicain
que chacun d’entre nous avons évoqué à cette tribune. La capacité de se
rassembler, de se fédérer, non pas une domination, mais un concert.
Et la clé de cette unité, je fais ainsi écho au débat que Marc évoquait au sein
de notre groupe, c’est la reconnaissance de la légitimité de l’autre. Tu es
plus à droite, eh bien tu es légitime à exprimer les attentes que tu
ressens : besoin d’ordre, besoin d’identité. C’est juste, moi qui
m’apprête à travailler avec toi, je reconnais que c’est juste. Tu es plus à
gauche, eh bien tu es légitime : besoin de solidarité, besoin de veiller
sur les plus faibles. La générosité est légitime, la volonté sociale est
légitime. Tu es avec nous au centre, tu penses que l’ordre n’est pas l’ennemi
de la générosité, tu penses que la création de richesses en est au contraire la
condition, tu penses que tous les peuples, toutes les communautés, où qu’elles
soient, ont besoin d’identité, c’est une exigence de notre temps, on aura
beaucoup l’occasion d’y revenir, et qu’il faut savoir qui on est pour pouvoir
avancer et avancer ensemble. Et nous pensons que non seulement nous pouvons
travailler ensemble, mais que c’est notre devoir, pas seulement que nous ne
sommes pas qu’en capacité de discuter de ces nuances, mais aussi de les
fédérer. Et que c’est notre devoir. C’est naturellement dans ce cadre que les
discussions de notre groupe ont été assez fortes et musclées.
Il faut naturellement une direction, il faut naturellement un fédérateur. C’est
pourquoi l’élection présidentielle est la clé de voûte de la Ve République.
C’est ce devoir-là que les présidents successifs doivent remplir, non pas d’un
camp, mais d’un pays tout entier, avec les nuances et les composantes qui
l’habitent.
Les élections législatives sont intervenues. Je ne reviens pas sur la décision
de dissolution, elle a été commentée beaucoup. Mais on a entendu, à la lecture
de leur résultat, beaucoup de propagande, beaucoup de revendications absolument
infondées de victoire, toutes aussi scandaleusement mensongères les unes que
les autres. Que s’est-il passé ? C’est très simple. Au premier tour s’est
fait entendre le mécontentement des citoyens. Ce mécontentement a été porté en
premier par le Rassemblement National qui a obtenu 11 millions de suffrages, et
en second par l’alliance qui s’est appelée Nouveau Front Populaire — sous
influence idéologique de La France Insoumise.
Et le corps des citoyens ayant pris acte du rejet exprimé au premier tour s’est
trouvé au deuxième tour, devant une question déterminante : fallait-il
accepter la perspective d’un Rassemblement National ayant conquis la majorité
absolue des sièges ? C’était cela, la question du second tour, chacun de
nous le sait et chacun des Français ayant participé à cette campagne le sait.
Et vous vous souvenez que le président du Rassemblent National, M. Bardella, a
affirmé tous les jours pendant cette semaine décisive, qu’il demandait la
majorité absolue et qu’il refuserait de gouverner s’il ne l’avait pas. Et la
réponse des autres forces politiques, celles de la majorité sortante — nous, au
centre et Renaissance — tous ont décidé d’un Front Républicain qui permettrait
aux mieux placés des adversaires du Rassemblement National de recueillir les
voix de tous ceux qui lui refuseraient le pouvoir, de sorte que comme cela a
été rappelé, les électeurs de droite qui ne voulaient pas que le RN ait tous
les pouvoirs ont apporté leur vote à des candidats auxquels ils n’auraient
jamais songé apporté leur vote : les candidats du Nouveau front populaire.
Ce front populaire a gagné le deuxième tour, chacun des électeurs acceptant de
soutenir le candidat opposé au RN sans considération d’étiquette, chacun
acceptant de renoncer à ses préférences pour conjurer un danger, sans qu’il
soit à aucun moment question du programme des uns ou du programme des autres.
C’était un vote de défense républicaine contre la prééminence de
l’extrême-droite.
Et donc toute revendication de victoire des uns ou des autres est évidemment
déplacée. Vainqueur du premier tour : vote sanction. Vainqueur du deuxième
tour : vote de défense républicaine.
J’ai la certitude, et j’imagine que vous la partagez, que si la question avait
été : est-ce qu’on donne tous les pouvoirs à l’extrême droite ou est-ce
qu’on donne tous les pouvoirs à l’extrême gauche ? J’ai la certitude que
la réponse aurait été la même. Et que les échanges de soutien, ce que les
Français ont repoussé, c’est l’extrémisme, l’idée que des gens voulaient
imposer une vision du monde qui était en réalité une contradiction et une
menace pour les principes qui ont fait notre société politique, notre
démocratie et notre République.
Et donc la tentative qui a été conduite de prétendre à la victoire d’un courant
ou d’un autre n’était pas autre chose qu’une tentative de hold-up sur les
résultats de ces élections. Une tentative qui aurait été vouée à l’échec parce
que le pouvoir de censure des députés aurait inéluctablement entraîné la chute
de ces gouvernements que j’appellerais latéraux, d’un côté ou d’un autre.
Et comme la Constitution fait obligation au Président de la République
« d’assurer par son arbitrage le fonctionnement régulier des pouvoirs
publics »..., il a nommé à la tête du gouvernement une personnalité,
Michel Barnier, dont il était relativement assuré qu’il pourrait au moins
entamer la tâche si importante qui serait la sienne. Il aurait pu faire un
autre choix. Pour ma part, cher Bernard, j’avais d’autres idées, et peut-être
que tu aurais accepté une telle mission. Mais il faut bien avouer que le vote
du PS, repoussant la motion qui mettait en attente une censure éventuelle, a
fourni à tous ceux qui n’avaient pas envie de cet équilibre au centre et au
centre-gauche un prétexte d’une efficacité redoutable. J’exprime le regret que
nous n’ayons pas réussi à convaincre autour de nous pour qu’une majorité assez
large se fasse entendre. Et comme tu l’as dit, nous avons proposé notre aide au
gouvernement Barnier, dont nous connaîtrons les axes après-demain. Il y avait
un mérite à la nomination de Michel Barnier : il apportait l’assurance
d’élargir le socle de soutien en apportant l’adhésion du groupe LR, 47 voix. Il
apportait aussi, et c’est très important, l’adhésion de la majorité du Sénat.
Ce n’est pas mince. Cet élargissement est un pas en avant, je regrette
simplement que ce pas en avant d’un côté n’est pas été équilibré par un pas en
avant de l’autre. Ce choix-là, évidemment, crée une situation politique
nouvelle.
J’entends beaucoup d’affirmations étranges sur ce sujet. On dit que le
gouvernement serait à la merci du Rassemblement national : je m’inscris en
faux. Le gouvernement est à la merci de tous les groupes politiques qui
seraient capables de voter une motion de censure qui le renverserait. L’idée
qu’il y a un monopole de la menace d’un groupe ou d’une autre n’est pas la
réalité, et il est bon de le rappeler.
Notre conviction c’est que la France ne comptera en Europe et dans le monde que
si elle sait résoudre ses problèmes intérieurs. Il n’y a qu’un chemin, c’est le
réformisme. Socio-démocrates, écologistes responsables, démocrates-chrétiens,
libéraux démocrates, gaullistes : il n’y a entre eux que des nuances. Et
donc, ils n’ont qu’un devoir, prendre leur part dans le ressaisissement de
notre nation.
Nous voyons bien que les deux extrêmes nous plongeraient dans un cycle de
division, d’affaiblissement et de violence.
LFI : ce que Mélenchon lui-même a défini comme méthode le conflit
systématique, quel que soit le sujet, « tout conflictualiser »
disait-il, l’affrontement généralisé dans le but de susciter la révolution. La
révolution, c’est le désordre, la violence généralisée, la déstabilisation du
pays, son effondrement face aux pays concurrents, la division et l’échec. C’est
ce que nous rejetons dans ce courant politique.
RN : le soupçon généralisé, le ciblage de toute une partie de nos
compatriotes, ceux qui ont des noms venus d’ailleurs, l’obsession de l’Islam,
la remise en cause des droits, la violence dans les affrontements politiques,
la déstabilisation et au bout du compte, la division et l’échec.
Quelle est la première condition de l’unité nationale ? C’est qu’on accepte de
vivre, de parler et de travailler avec des gens différents de soi ! Sinon,
ce n’est pas l’union, c’est voisinage et parenté, c’est endogamie.
La feuille de route de ceux qui sont élus aujourd’hui et du Gouvernement, c’est
qu’ils doivent affronter les périls qui menacent notre pays. Je voudrais en
décliner quelques-uns. Le premier de ces périls, c’est un péril mondial, c’est
la violence du monde. Et la violence des rapports de force.
Le monde est plus violent en réalité qu’il ne l’a jamais été, entièrement
tourné vers l’esprit de domination et la volonté de soumission, avec le retour
de tous les impérialismes, militaire, économique, matières premières,
technologique, numérique, religieux, donc le devoir européen est le premier de
nos devoirs.
Dans ce monde des rapports de force, il est inutile de vouloir jouer un rôle si
l’on est soi-même fragile, fatigué, en déséquilibre.
Or ces déséquilibres français nationaux, après trois crises majeures et
successives, ils se sont aggravés. La crise morale, sociale et sociologique des
gilets jaunes, la crise terrible du Covid, la crise énergétique et monétaire
provoquée par la guerre déclenchée par Poutine en Ukraine, inflation et
renchérissement de l’énergie, ces trois crises se sont additionnées pour mettre
notre pays en difficulté.
Je veux dire un mot du déséquilibre des finances publiques : Dieu sait que
nous n’avons pas été nombreux depuis des années à nous saisir de cette question
et à présenter ce problème comme crucial, le déficit et la dette ! Nous
l’avons fait. J’ai même eu l’imprudence de conduire une campagne présidentielle
centrée autour de ce sujet des déficits et de la dette. Et à l’époque, tous les
observateurs experts et patentés présentaient le choix de ce sujet comme une
dangereuse, électoralement, lubie. Simplement, nous avions parfaitement vu le
dérapage, l’addiction à laquelle notre société et notre pays étaient en voie de
se soumettre. Ce dérapage a été patent depuis le début des années 2000,
d’ailleurs exactement symétrique, ce n’est pas par hasard, d’un dérapage
semblable sur le commerce extérieur. Si vous regardez les courbes de
l’influence et des réalisations de la France, l’année 2000 a été une cassure de
ces courbes. En l’an 2000, autant dire hier à l’aune de l’Histoire, nous étions
devant l’Allemagne, en tête de tous les pays de l’Union européenne. En 25 ans,
nous avons décroché et sommes passés au plus bas du classement, au plus bas en
termes de déficit, au plus bas en termes de dette, au plus bas en termes de
commerce extérieur.
Que peut-on proposer pour en sortir ? Il ne suffit pas de se lamenter et
de chercher des responsables toujours dans le camp des autres. Il faut un plan
décennal de retour à l’équilibre des finances publiques. Je défends cette idée
depuis longtemps : en prenant soigneusement, chapitre par chapitre, nos
sources de déficit, et en relisant, chaque année, nos lignes de dépenses
publiques. Beaucoup d’entre nous, élus locaux, savent que l’on peut réinventer
l’action publique, pour que ces agents soient plus épanouis dans leur travail,
que les résultats soient meilleurs, grâce à une organisation différente et que
le coût soit moindre. C’est ce que nous faisons dans nos mairies, chaque fois
que c’est nécessaire et que les contraintes existent. Mais cela ne peut pas se
faire par à-coups. On a l’impression en écoutant les responsables publics, que
la veille on peut dépenser sans limites et que le lendemain c’est fini, on
passe à la rigueur extrême. Ces démarrages et freinages successifs sont du plus
mauvais effet pour nos concitoyens car ils les empêchent de prendre conscience
de la difficulté qui se présente à eux et des résolutions qu’il faut prendre
pour en sortir. Les citoyens ont le sentiment que pendant des années l’argent
est facile et que le lendemain la malédiction fera qu’il sera impossible de
maintenir des efforts.
Pour cela il faut de la continuité, de la persévérance dans l’action, des
principes qui ne peuvent pas durer qu’une année. Je vais dire quelque chose
d’hétérodoxe : il n’y a rien de plus stupide que la principe d’annualité
budgétaire. L’idée que chaque année, on revote sans prendre compte ce que tous
vivent chaque jour. Quand on achète une voiture, c’est pendant plusieurs années
qu’on programme le service de son emprunt ! Quand on achète une maison,
cela se compte parfois en décennies ! Cette manière de décliner
annuellement… tous les membres du gouvernement le savent… Il est des ministères
où il fallait impérativement dépenser avant le 31 décembre de manière à ce que
les crédits soient réinscrits pour l’année suivante… Les principes qui sont les
nôtres dans l’examen et le vote de nos budgets sont stupides. Je suis persuadé
qu’un jour ou l’autre, il faudra remettre tout cela en cause. Les temps
changent, mais pas trop, n’est-ce pas. Il y a là une vision des choses, un
plan, à mon avis, de dix ans, c’est d’ailleurs ce qu’a soutenu Jacques de
Larosière, vendredi soir, qui du haut de ses 94 ans d’expérience à la Banque de
France, à la Banque européenne, au FMI, est venu soutenir une idée
semblable : on peut réduire de 200 milliards la dépense publique tout en
maintenant les acquis sociaux. Cela mérite d’être affiné et vérifié. Moi qui ai
tant insisté pour que renaisse un Haut-Commissariat au Plan, je suis persuadé
que cette nécessité d’introduire le long terme dans notre vision est nécessaire
et central. Il faut donc un plan décennal de rééquilibrage des dépenses
publiques.
Je voudrais évoquer le sujet de l’immigration. Sujet crucial pour tous les pays
qui nous entourent. Je regarde les pays autour de nous, l’Italie par exemple.
Mme Meloni s’est fait élire avec l’idée « immigration zéro ». Cette
année, elle a annoncé 450 000 régularisations de travailleurs clandestins, et
le Président des chambres de commerce et d’industrie italien a fait la
déclaration suivante : « c’est insuffisant, il en faut au moins 800
000 probablement plus d’un million ! » Mme Meloni, alliée du RN, en Italie !
En GB, le Brexit s’est joué sur le slogan : take back control, et
notamment sur l’immigration. Écoutez bien les chiffres, au moment du Brexit,
l’immigration nette par an en GB était de moins de 500 000 personnes par an, ce
qui était en effet beaucoup (en France, c’est 180 000 cette année). Depuis le
Brexit, ce chiffre de l’immigration clandestine en GB a explosé atteignant 800
000 personnes par an. Et 850 000 si l’on ajoute l’estimation du nombre de
clandestins, qu’on n’arrive pas à repérer. GB, Brexit, explosion de
l’immigration.
Et l’Allemagne ! Le chancelier Scholtz a annoncé cette semaine qu’il
allait rétablir les contrôles aux frontières. Le même jour, ou la veille de
cette annonce, il a annoncé, en catimini qu’il allait signer un accord spécial
avec le Kenya pour importer 250 000 émigrants kenyans ! 250 000 d’un coup
après le million de Syriens, vous vous en souvenez, que l’Allemagne a reçus il
y a quelques années…
Alors qu’est-ce qui explique ? Il y a deux mouvements qui se
conjuguent : c’est le travail, les postes de travail qui ne sont pas
pourvus et sans lesquels, l’économie italienne, l’économie allemande,
l’économie britannique ne peuvent pas fonctionner, et c’est le besoin
irrépressible des peuples plongés dans la guerre, dans la misère, de fuir pour
aller trouver un avenir meilleur. Ce n’est pas nous, Français, qui allons
regarder cela comme épouvantable ! Et nous aussi, les Bretons, les Basques,
les Béarnais, nous aussi nous partions il y a un siècle ou un siècle et demi.
Tous les jeunes gens partaient en Amérique, notamment du Sud, pour essayer de
trouver un avenir meilleur. Si l’on ne regarde pas en face cela, on fait la
politique du bouc-émissaire, tellement classique en politique.
Et nous, dont certains voudraient nous faire croire que nous pourrions
immigration zéro. Je vous demande une chose toute simple : lorsqu’ils se
promènent dans nos grandes villes et chaque fois qu’ils passent au pied d’un
échafaudage, qu’ils lèvent les yeux. Regardez qui est sur l’échafaudage. Allez
au restaurant et jetez un coup d’œil dans les cuisines. Si vous travaillez tôt
le matin dans des bureaux, un jour venez plus tôt, vers cinq ou six heures du
matin, et dites-moi qui nettoie ces bureaux en se levant à quatre heures, en
laissant les enfants… Ce sont, bureaux, cuisines, échafaudages, ce sont ces
immigrés qu’on prétend rejeter à la mer et qui viennent chez nous parce qu’ils
fuient la misère. Je trouve indigne d’essayer d’en faire des bouc-émissaires.
Je sais très bien qu’il ne peut pas y avoir de politique d’immigration sans un
vrai effort de régulation. Je sais très bien que la question de l’immigration
est une question numérique aussi. Ce rapport de nombre n’est pas à mes yeux
fondé essentiellement sur des questions d’origine, de race, de couleur de peau.
J’ai une profonde affection pour nos amis de Mayotte. Il y a ici celle qui a
été la plus jeune conseillère générale de France, en Mayotte, Hélène. Mayotte
est parcourue de vagues de rejets d’immigrants qui viennent en très grand
nombre pour profiter des avantages d’un département français. Ce n’est pas une
question de race. Ce sont les mêmes origines, les mêmes communautés, les mêmes
langues, avec les Comoriens, et les rejets sont terribles. Pareil pour les
Haïtiens. Je ne parle pas de la Guyane, la frontière la plus importante de la
France, avec le Brésil… 1800 km de frontières. Il faut une régulation, elle est
nécessaire cette régulation. C’est très difficile à mettre au point, tous les
efforts qui doivent être faits en ce sens méritent d’être soutenus, mais il ne
faut pas déformer la réalité. Ce ne sont pas ces hommes et femmes qui viennent
de la misère qui sont la cause des difficultés de la France. Ce sont les
difficultés de la France qui ont rendu l’intégration impossible ou très
difficile.
Nous avons des centaines, à Pau, des milliers à l’échelon nationale, des jeunes
qu’on loge dans des hôtels réquisitionnés, dont la puissance publique doit
offrir des passe-temps pour les occuper et à qui on interdit de travailler.
C’est absurde. Le parcours d’intégration doit être construit avec autant de
soin que le parcours de régulation. C’est un débat que nous avons eu lors de la
loi sur l’immigration, qui dans sa première conception était équilibrée, et qui
après, par facilité de propagande, a été déviée vers un déséquilibre. Nous,
nous pensons que travailler et faire l’effort de parler la langue, c’est aussi
une manière d’échapper à cette fatalité.
Il faut dire un mot des OQTF. Tout ce qui est présenté comme laxisme des
gouvernements successifs est dû à cette réalité diplomatique internationale que
les pays d’origine refusent de reprendre leurs ressortissants alors-même qu’ils
sont frappés d’une OQTF. Il me semble qu’on n’est pas allés au bout de ce qu’on
pouvait. Mais il y a d’autres chemins, je voudrais en signaler un : on
donne des visas diplomatiques aux diplomates des pays avec lesquels nous
pouvons avoir ce genre de débats sur la reprise des OQTF, ces diplomates
peuvent venir en France sans contrôle. Peut-être faudrait-il remettre en cause
les avantages des puissants de ces pays. Ayons la sagesse et responsabilité de
le dire : si on ne traite pas cette question des OQTF, on va rester avec les
mêmes polémiques. Seules 7% des OQTF sont exécutées. L’ordre n’est pas établi
ni garanti quand les décisions de justice ne sont pas exécutées. On a beaucoup
essayé depuis 7 ans, même les années précédentes, mais l’obstacle principal à
la régulation et l’exécution des condamnations, est celui-là. Trouver un accord
avec les pays d’origine afin qu’il devienne possible de renvoyer dans leurs
pays ceux qui présentent un danger. Nous avons connu un drame ces jours-ci, le
viol et l’assassinat de Philippine, cette splendide jeune fille, car un
délinquant repéré n’avait pas pu être expulsé. Je pense à ses parents. Le
ministre de l’intérieur dit : « il faut savoir bousculer
l’impuissance et réécrire les règles ». Je suis d’accord avec cette
affirmation. Il y a vingt ans, il y a trente ans, qu’on nous dit la même chose,
que les mots sont les mêmes et que la réalité hélas est intangible, mais nous
sommes prêts à participer à toute réflexion pour que soient plus efficaces sur
ce sujet, sans toucher au principe du droit. S’il y a des chapitres
améliorables pour réprimer ou écarter les risques, nous sommes prêts à y
participer. Simplement, il faut parler du concret et pas seulement de
l’émotion, de l’excitation des émotions qui sont considérables, explicables,
louables, mais qui ne doivent pas entraîner les responsables publics à des
politiques uniquement verbales. Nous sommes prêts à y participer.
Économie et fiscalité, c’est un sujet que nous aimons beaucoup dans notre
famille politique. On entend beaucoup d’affirmations sur l’augmentation des
impôts, d’autres rangs qui disent qu’ils ne les accepteront pas... on peut
s’accorder sur une idée simple que je rougis d’avoir à rappeler : ce n’est
pas par la simple augmentation de la fiscalité qu’on remettra le pays sur les
rails. Cela peut être une mesure de justice. Ce peut être une mesure d’exemple.
Mais ce n’est pas la panacée : si les pays qui ont les impôts les plus élevés
étaient les plus prospères et les plus heureux, alors la France caracolerait en
tête de tous les classements internationaux ! Et ce n’est pas tout-à-fait
le cas. Est-ce qu’il y a un chemin à suivre ? Je le dis au Gouvernement :
oui, c’est au Parlement qu’il se trouve. Que le Gouvernement et et le Parlement
explore des voies. Je ne suis pas sûre qu’elles seront totalement nouvelles,
mais elles seront justes. Des sensibilités différentes de l’Assemblée nationale
pourront y participer. On pourra ainsi trouver un équilibre.
Je veux parler, enfin, de démocratie. Pourquoi est-il si difficile, pour des
gens qui pensent à peu près la même chose, de travailler ensemble ? C’est
que le mode de scrutin de nos institutions fait naître des affrontements
violents et continuels. J’ai des exemples sur les deux bords de gens qui la
veille n’ont pas de mots assez durs pour condamner l’extrême de leur camp… et
qui, le lendemain matin, baissent les yeux en adoptant la politique du silence
et des rougeurs sur des joues qu’on n’expose pas. Il y a eu la même chose à
droite. Vous vous souvenez que le président de LR a juré la main sur le cœur à
dix reprises qu’il n’avait rien à voir avec le RN… Pourquoi ? C’est le
scrutin majoritaire, scrutin unique aux législatives, qui oblige à la constitution
de camps. Il n’y a qu’une loi : les vainqueurs et les vaincus. Et pour
être au deuxième tour, il faut absolument se rassembler avec ceux y compris
avec qui nous n’avions rien de commun. C’est ça, le mal profond, que le scrutin
majoritaire a introduit dans notre exercice politique.
Pour que les rapports entre formations politiques passent de la soumission et
de la loi du plus fort à la reconnaissance de la légitimité de l’autre, et à la
possibilité de travailler avec lui, de l’affrontement au partenariat, il faut
et il suffit que la France retrouve une loi électorale juste, que nous appelons
la proportionnelle.
Je vais aller un peu plus loin. Cette loi, on nous l’a promise sans cesse au
cours des dernières douze années. François Hollande l’a promise dans la fameuse
énumération « Moi, Président », et il n’a pas tenu sa promesse.
Emmanuel Macron l’a promise, et elle n’a pas été mise en application. Promise
lors des élections de 2017, puis lors des élections de 2022. Nous en sommes
toujours là. Aussi lors des élections qui ont suivi la dissolution, tous les
courants l’évoquaient. Elle était reconnue, par tous, comme la clé de
comportements nouveaux qui nous permettraient de vivre ensemble.
Et puis, curieusement, on a l’impression qu’elle s’est évaporée. Et on entend
dire que le nouveau premier ministre n’est pas persuadé et le ministre de
l’Intérieur n’y serait plus favorable. Et que donc, une fois de plus, ce choix
décisif serait reporté aux calendes grecques, et que la date de la réalisation
de cette promesse, ce serait jamais.
Alors Mesdames et Messieurs de l’exécutif, du gouvernement, Mesdames et
Messieurs les provisoirement puissants, nous avons pour vos fonctions beaucoup
de respect, mais excusez-nous, nous n’avons pas l’intention de vous laisser
nous priver de nos droits ! Car c’est un droit pour les citoyens d’être
représentés ! C’est un droit que l’on tienne compte de notre suffrage.
Vous avez le pouvoir, mais les citoyens ont la légitimité. Ce n’est pas votre
bon plaisir de gouvernant qui doit compter, mais le respect des citoyens.
Alors si la raison venait à l’emporter, ce qu’évoquait Marc tout-à-l ‘heure, la
simple loi électorale peut être débattue à l’Assemblée nationale et adoptée. Ce
serait une bonne chose. Mais si l’on continue à mettre des bâtons dans les
roues, à jouer la montre, à retarder pour mieux repousser, alors il nous reste
des voies de recours. Et cette voie de recours, c’est le référendum du peuple
citoyen.
On applaudit souvent cette idée mais on ne va pas jusqu’au bout. Vous me direz
que le référendum de l’article 11 de notre constitution ne peut être demandé
que par le gouvernement, et que donc, le bon vouloir du gouvernement suffirait
à nous mettre échec et mat, ou au moins pat comme on dit aux échecs quand on ne
peut plus bouger ses pièces.
Mais on n’a pas lu l’article 11, et son quatrième paragraphe :
« Un référendum portant sur un objet mentionné au premier alinéa peut être
organisé à l'initiative d'un cinquième des membres du Parlement, soutenue par
un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales. Cette initiative
prend la forme d'une proposition de loi »
C’est le texte de la Constitution. Un cinquième des membres du parlement, c’est
si je compte bien, c’est 185 députés et sénateurs. Cela doit se trouver. Si on
nous refuse cette évolution bienfaisante, et bien il faut aller sur les marchés
faire signer les Français. Il faut faire signer quelque 4 millions de
personnes, soit 40 000 par département moyen. Si nous y croyons, nous avons les
moyens de réunir ces signatures, et c’est les Français qui peuvent prendre le
pouvoir et choisir leur influence sur une situation politique alors que la
demande est assez générale ! La démocratie est aussi importante que le
plus important de ce qui nous fait vivre ensemble. Les conditions d’exercice de
notre démocratie dépend des institutions. Je nous encourage à nous
engager à l’Assemblée nationale, au Sénat, pour ce débat qui est vital pour
l’évolution de nos pratiques.
Je dis à toutes les forces politiques qui considèrent que cette question est
centrale qu’il faut s’asseoir autour d’une table, écrivons ensemble une
proposition de loi, il en est de très simples comme celle que François
Mitterrand fit adopter pour les élections de 1986. On peut en trouver d’autres,
moi j’aime beaucoup la loi électorale allemande qui concilie les
circonscriptions avec un vote national qui fait que tout le monde a sa part.
Quand un pays est menacé par les extrêmes, le seul garde-fou qui existe est la
possibilité que se réunissent ceux qui refusent cette dérive. Cela ne peut se
faire que si nous introduisons cette manière d’être nouvelle qui considère que
ses voisins et les autres sont des partenaires, pas de adversaires ni des
ennemis. C’est ce combat que nous allons devoir mener. Nous sommes devant une
tâche plus importante qu’aucune des représentations nationales précédentes n’a
eu à affronter. Ceux d’entre nous qui sont au gouvernement sont devant des
responsabilités éminentes. Je ne sais pas comment seront les mois qui viennent.
J’aperçois exactement les risques d’échec et de désordre. Ce qui nous réunit
dans cette famille politique, c’est que nous refusons le désordre et de
favoriser les échecs. Nous sommes à notre rendez-vous. Ces journées de Guidel
auront permis de mesurer la solidarité et la solidité qui existe dans nos
rangs.