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lundi 23 septembre 2024

Présidentielles USA 2024. L’étonnante passivité des Américains face à leur mode de scrutin scandaleusement injuste


En cette années 2024, Kamala Harris est en tête de tous les agrégateurs de sondage et est en tête, sauf exceptions, dans toutes les enquêtes d’opinion au niveau national (comme c’était le cas pour Hillary Clinton en 2016 et Joe Biden en 2020).

Mais nombre de commentateurs font remarquer que cela ne veut rien dire.

Et ils ont presque raison!

Les Pères fondateurs qui n’avaient pas une grande confiance dans le peuple mais qui voulaient tout de même que le pays soit une démocratie républicaine laïque, décidèrent que l’élection du Président des États-Unis se ferait au suffrage indirect.

Les électeurs élisent ainsi des grands électeurs qui, eux-mêmes, élisent le président.

Ce système ne serait pas trop injuste s’il n’était appliqué Etat par Etat.

Et il pourrait encore limiter son injustice si les grands électeurs étaient élus à la proportionnelle.

Mais ce système cumule les dénis de démocratie: des grands électeurs choisis Etat par Etat et le candidat vainqueur de la présidentielle dans chaque Etat (sauf rares exceptions) même par une voix d’avance remporte tous les grands électeurs de son camp!

Ajoutons à cela que le pays est désormais divisé entre États bleus (démocrates) et États rouges (républicains), c’est-à-dire des États qui votent pratiquement toujours, les uns pour le candidat démocrate, les autres pour le candidat républicain.

Il n’existe qu’une floppée d’Etats que les Américains appellent les «Swing states», des États qui ne sont, ni acquis aux démocrates, ni acquis aux républicains avant le vote.

C’est donc là que la différence se fait pour l’élection du président.

Et ces États sont loin d’être les plus importants et les plus grands.

Bien évidemment, ce système a été souvent dénoncé mais jamais réformé.

Soit disant parce que la Constitution et les institutions étasuniennes seraient parfaites!

Une illusion qui a éloigné le pays d’une vraie démocratie d’autant que, rappelons-le, le Sénat est composé de deux élus par Etat quel que soit le nombre d’habitants, autre anomalie démocratique (et jusqu’au début du 20e siècle, ces sénateurs n’étaient même pas élus mais désignés par les pouvoirs en place dans chaque Etat).

Pour les Pères fondateurs, le système indirect devait éviter qu’un populiste ne parvienne au pouvoir.

Raté!

Celui qui a le plus bénéficier de ce système a été Donald Trump.

Et s’il est élu une deuxième fois à la Maison blanche ce 5 novembre, ce sera encore à cause de ce système…

En 2016, Hillary Clinton avait remporté le vote populaire avec trois millions de voix d’avance, ce qui ne l’avait pas empêché de perdre face à Trump.

En 2000, c’est Al Gore qui avait devancé George W. Bush en nombre de voix mais c’est ce dernier qui avait été élu et qui avait ensuite déclenché une guerre contre l’Irak catastrophique pour les équilibres mondiaux, la menace terroriste et l’affaiblissement de l’influence étasunienne.

La seule lueur d’espoir est que le vainqueur du vote populaire l’a toujours emporté sauf trois fois.

Malheureusement, deux des trois fois ont eu lieu dans ce début de 21e siècle…

 

La quotidienne centriste du 23 septembre 2024. Un gouvernement d’abord pour exister


Le nouveau gouvernement de la France dirigé par Michel Barnier a bien sûr des objectifs et une volonté d’agir dans la durée.

Mais l’essentiel est qu’il existe.

Personne ne sait exactement combien de temps il va durer avant d’être renversé.

Parce qu’une des données les plus évidentes, ce que son temps est compté avant même qu’il commence à fonctionner.

Le paysage politique appelle à ce qu’il ne dure que pour quelques mois.

Peut-être dix mois, délai qui court avant la possibilité pour Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale pour de nouvelles élections afin de tenter de clarifier ce paysage, peut-être un peu plus, voire peut-être un peu moins sachant qu’il faudrait alors repartir avec la même configuration partisane au Parlement pour en bâtir un nouveau.

On le voit, sa première tâche sera donc d’exister.

Cela ne veut pas dire qu’il ne prendra pas des décisions importantes, le Budget pour 2025 en étant une.

De même, il pourrait faire passer une loi pour changer le mode de scrutin et faire en sorte que la prochaine législative se fasse au scrutin proportionnel.

Il se peut également qu’il prenne des mesures concernant les retraites, l’écologie et l’agriculture et le déficit des finances publiques, entre autres, domaines qui étaient au cœur des préoccupations des députés et du gouvernement sortant.

Sans oublier toutes les décisions qui s’imposeront tant à l’intérieur qu’à l’extérieur comme par exemple les questions soulevées par la guerre de Poutine contre l’Ukraine, une aggravation de la crise au Moyen-Orient ou la victoire de Trump à la présidentielle étasunienne.

Le Premier ministre et son équipe ne seront donc pas des potiches, d’autant que la situation de la France demande d’agir.

Cependant, sa plus grande victoire sera peut-être et sans doute d’avoir existé et éviter une crise politique et un vide institutionnel qui auraient été catastrophiques au moment où les extrêmes attendent leur heure pour fonde sur la démocratie républicaine libérale et l’abattre.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]