dimanche 7 juillet 2024

Propos centristes. France – Spécial résultats des législatives


Voici une sélection, ce 7 juillet 2024, des propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France à l’issu du second tour des élections législatives.

► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste] 

Gabriel Attal Premier ministre, chargé de la Planification écologique et énergétique
> Ce soir, aucune majorité absolue ne peut être conduite par l'un des extrêmes. Nous le devons à cet esprit français, si profondément attaché à la République et à ses valeurs. Grâce à notre détermination, et grâce à la force de nos valeurs, nous sommes debout, avec trois fois plus de députés élus que ce que donnaient certaines estimations au début de cette campagne.

> Être Premier ministre est l'honneur de ma vie. Le lien que nous avons tissé est ce que j'ai de plus précieux. Ce soir, la formation politique que j'ai représentée dans cette campagne ne dispose pas d'une majorité. Fidèle à la tradition républicaine et conformément à mes principes, je remettrai demain matin ma démission au président de la République.

> Je sais qu’à la lumière des résultats de ce soir, bon nombre de Français ressentent une forme d’incertitude sur l’avenir, puisque aucune majorité absolue ne se dégage. Notre pays connaît une situation politique sans précédent et se prépare à accueillir le monde dans quelques semaines. Aussi, j’assumerai bien évidemment mes fonctions aussi longtemps que le devoir l’exigera.

> Là où je serai, j'aurai toujours le même objectif : apaiser, unir et agir. Je le ferai avec une méthode claire : ne jamais trahir nos valeurs et ne jamais nous allier avec ceux avec qui nous ne partageons rien.

> Ce soir une nouvelle ère commence. (…)Le destin de la France se jouera plus que jamais au Parlement.

 

Stéphane Séjourné, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, secrétaire général de Renaissance
> Contrairement à ce que certains prédisaient, le bloc central républicain modéré est encore là, debout. Ensemble pour la République a participé à la victoire sans appel des démocrates.

> Je suis prêt à travailler avec l’ensemble des partis républicains dans l’intérêt de la France et des Français. Il est donc évident que Jean-Luc Mélenchon et un certain nombre de ses alliés ne peuvent pas gouverner la France.

> Aucune force politique n’a la majorité à l’Assemblée nationale. Renaissance sera intransigeant sur la défense des principes républicains, et notamment de la laïcité, ainsi que la lutte contre le racisme et l’antisémitisme ainsi que sur la poursuite résolue de la construction européenne et du maintien du soutien de l’Ukraine face à la Russie.

 

Aurore Bergé, chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les Discriminations.
> On nous prédisait notre disparition. Nos idées ont résisté. Plus que jamais le Parlement est le cœur de notre vie démocratique. Des compromis devront être trouvés qui ne peuvent jamais être des compromissions.

> Au soir de la dissolution, on nous prédisait notre disparition. Au soir du premier tour, le RN devait avoir une majorité absolue. Ce soir, le RN n'a pas de majorité absolue. Nos idées n'ont pas disparu. Nous sommes le seul bloc cohérent.

 

 

► Assemblée nationale 
Yaël Braun-Pivet (présidente) 
> Je remercie les électeurs pour leur confiance renouvelée ! Comptez sur moi pour mettre toute mon énergie au service du rassemblement et de l’action au service de tous, à l’Assemblée et sur notre territoire.

 

► Haut-commissariat au Plan 
François Bayrou (Commissaire, président du Mouvement démocrate) 
> Je pense que les Français ont voté parce qu'ils ne voulaient pas une majorité absolue du RN. Ils n'ont pas voté NFP pour leur programme. Beaucoup se sont fait violence pour faire barrage au RN.

> Dans le discours de Bayeux, le général de Gaulle dit que sous la Ve République, ce n'est plus les combinaisons de partis qui nomment le gouvernement, mais le président qui nomme le Premier ministre en tenant compte des nuances de l'Assemblée.

> Ce que Mélenchon dit est le contraire de ce que Raphaël Glucksmann dit. Ce dernier souhaite un gouvernement qui réunisse des gens de bonne volonté, qui parlent pour faire avancer les choses. La majorité à l'ancienne, avec ceux qui gouvernent et les autres, c'est fini.

 

► Partis politiques 
● Renaissance 
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits] 
> Merci. Nous participons ce soir à la victoire sans appel des forces démocratiques et républicaines. Des dizaines de millions de Français ont souverainement et massivement dit non à l’extrême droite.

 

► Autres 
● Organisations centristes 
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen) 
Valérie Hayer (présidente)
> Le sursaut a eu lieu. Les Français se sont mobilisés par millions pour faire barrage au Rassemblement national et à ses alliés. C’était l’enjeu majeur de cette élection : empêcher l’extrême-droite d’accéder au pouvoir. Victoire pour notre République et immense soulagement. Merci, immense, lui aussi.
À présent, tout reste encore à faire pour que le pays avance. Aucun bloc n’aura la majorité à lui seul. Une nouvelle page de notre Histoire parlementaire s’ouvre ce soir. Une nouvelle page où nous devrons travailler différemment. Une nouvelle page où nos convergences devront dépasser nos divergences pour offrir un chemin au pays. Pour le pouvoir d’achat des Français et nos PME, pour la protection du climat, pour la sécurité de nos compatriotes, pour la construction européenne et le soutien résolu à l’Ukraine.
Notre culture politique nationale connait peu les coalitions. Au Parlement européen, nous bâtissons chaque jour des compromis ambitieux afin d’écrire des lois utiles à nos concitoyens à travers l’Europe. Saisissons cette nouvelle situation parlementaire pour moderniser nos pratiques politiques en France.
Notre famille politiques sera l’un des piliers indispensables pour construire les projets majoritaires de demain. Bravo à tous les candidats
Ensemble élus ou réélus ce soir.
Notre France que nous aimons tant mérite le meilleur des avenirs, au service d’abord et avant tout de nos compatriotes.

 

Nathalie Loiseau 
> Ce soir, Vladimir Poutine a perdu.

 

Pascal Canfin 
> Après les résultats de ce soir les partis français de gauche et du centre doivent apprendre la culture de la coalition. Aucun programme n’a la majorité absolue. Cet esprit de coalition fonctionne dans de nombreux pays européens il peut réussir chez nous.

 

 

Editorial du CREC. Ouf! Les Français ont refusé l’aventure de l’extrême-droite… pour l’instant


L’extrême-droite ne sera donc pas au pouvoir en France ce soir.

Voilà une bonne nouvelle que nous devons apprécier à sa juste valeur.

Mais si l’extrême-droite a perdu, ce n’est qu’une bataille et nous ne devons pas oublier que son principal objectif c’est l’Elysée, donc la présidentielle de 2027.

D’autant que le RN sera le premier parti de France même si il ne sera à la tête que de la troisième coalition électorale derrière la Nupes-Nouveau front populaire et Ensemble.

Dès lors, la période qui s’ouvre sera cruciale pour barrer la route à Marine Le Pen dans trois ans.

Car le RN à la tête de l’Etat c’est bien pire qu’à la tête du gouvernement.

Pour l’instant, il est difficile d’imaginer quel gouvernement va être mis en place et s’il peut durer pendant trois ans.

En tout cas, les responsables des partis de l’axe central (EELV, PS, Renaissance, MoDem, Horizons, UDI, LR) ont une écrasante responsabilité dans ce qui va survenir et dans la perspective de s’opposer avec succès à une possible victoire du RN en 2027.

En rappelant que, pour l’instant, face à Marine Le Pen, il n’y a aucun candidat de poids déclaré dans ces partis pour l’empêcher de gagner.

Mais réjouissons-nous en tant que démocrates et centristes de ce que la France ne connaîtra pas un gouvernement d’un parti fondé par des nazis ainsi que des fascistes et nostalgiques du pétainisme.

Un parti ami de Poutine et d’Orban.

L’Equipe du CREC

 

 

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Et si mécontentement et colère n’avaient nul besoin de justification mais étaient inhérents à la condition humaine


Que tout aille bien ou que tout aille mal, les humains sont toujours mécontents et «en colère», selon une expression loin d’être neutre dans son utilisation par les médias mais les motifs de leur ire varient.

Que ce soit pour la sécurité ou l’environnement ou l’inflation ou l’école ou l’immigration ou quoi que ce soit d’autre, les raisons du mécontentement et de la colère sont interchangeables comme le montrent les sondages à travers les années.

Quand il n’y a pas d’événements violents – manifestations qui dégénèrent, attentats terroristes ou crimes particulièrement crapuleux ou abominables – qui peuvent justifier un mécontentement ou une colère en matière de sécurité, les gens trouvent matière à se plaindre dans une pollution quelconque ou bien dans un dysfonctionnement de l’école à moins que ce soit une hausse des prix voire que des bateaux d’immigrés qui accostent dans les ports.

D’où cette réalité: le mécontentement et la violence changent de causes qui ne sont donc que des fausses justifications pour un état qui, lui, est permanent.

Cela ne veut évidemment pas dire que les choses vont bien ni que les événements qui se déroulent n’ont pas de raison de provoquer une légitime indignation.

Non, cela signifie que, de toute façon, les humains trouveront un motif pour être mécontent ou «en colère» alors qu’ils pourraient jauger entre ce qui va bien et ce qui va mal et adopter une vision plus équilibrée.

Et ils sont mécontents et «en colère» qu’ils vivent dans un pays pauvre ou dans pays riche.

Qu’ils soient des privilégiés ou non.

Que leur niveau de vie et leur condition d’existence se soient nettement améliorées ou non.

Donc c’est de condition humaine qu’il faut parler.

Être mécontent et être «en colère» face à l’existence ne peuvent être niés dans le comportement humain.

Quel que soit le monde dans lequel nous vivons, notre existence n’est jamais parfaite et si elle l’est, elle ne dure que peu de temps.

Il y a toujours quelque chose qui cloche.

Et à la fin, nous disparaissons sans jamais avoir su pourquoi nous avions existé.

Tout cela est anxiogène pour tout le monde.

Et notre révolte face à la vie est in fine vaine.

Nous pouvons bien sûr changer des choses dans le monde que nous vivons, surtout dans les sociétés que nous créons mais nous ne pouvons pas changer de monde.

Et ça, c’est une grande frustration qui, de manière souterraine, alimente sans cesse un mécontentement et une colère latente qui n’attend qu’une étincelle, souvent peu rationnelle, pour exploser.

Car, oui, notre quotidien, pour une raison ou une autre, sera toujours difficile avec des événements que nos subirons.

Et au lieu de nous réjouir de ce qui va mieux, nous serons toujours plus prompts à nous plaindre de ce qui va mal ou de ce qui va moins bien, même si cela est conjoncturel.

Dès lors, nous devons faire le constat que l’Histoire nous apprend: nous ne pourrons jamais connaître le vrai bonheur – encore faut-il que nous puissions le définir comme nous le rappelle Kant – parce qu’il y aura toujours des interférences plus ou moins importantes qui rendront notre existence tout sauf un long fleuve tranquille.

Une des preuves les plus flagrantes de cet état d’insatisfaction chronique qui provoque notre mécontentement et notre colère, est que quelle que soit l’amélioration de nos conditions de vie nous continuons à nous plaindre.

Qu’un peuple mangent à sa faim alors que d’autres meurent de famine et que ses ancêtres en ont été victimes, qu’un peuple vive en paix alors que d’autres meurent dans des guerres et que ses ancêtres sont morts par millions dans des conflits barbares, qu’un peuple ait les moyens de se payer des loisirs et de partir en vacances pendant que d’autres ne voient pas plus loin que de survivre une journée de plus et que ses ancêtres travaillaient sans congés payés, qu’un peuple ait la capacité de se soigner pendant que d’autres meurent lors d’épidémies ravageuses et que ses ancêtres étaient décimés par des maladies que l’on soigne et guérit désormais et ainsi de suite, ce peuple trouvera toujours des motifs pour estimer qu’il est victime et exprimer ses frustrations contre un état que personne sur terre ne pourra changer.

Bien sûr, il nous faut évoquer ces autres sondages qui semblent dire le contraire de la thèse que je viens de défendre.

Ainsi, quand les instituts de sondage demandent si l’on est heureux, il y a le plus souvent une double réponse.

On se dit heureux de sa condition mais on se plaint de la marche du monde.

Cette sorte de schizophrénie n’est qu’apparente.

Une analyse plus poussée montre que l’on peut se dire heureux tout en étant insatisfait.

Ainsi, si en France, 69% des sondés jugent leur situation économique satisfaisante (sondage IPSOS réalisé en mars 2024), cela ne veut pas dire que l’on n’est pas satisfait de ne pas gagner plus.

D’autant que les «autres» auxquels on a tendance à se comparer, c’est-à-dire, en l’occurrence, gagnent plus que nous, ce que nous avons tendance à considérer comme injuste.

Dès lors, il n’est pas étonnant que le dernier sondage en la matière (Elabe réalisé en juin 2024) montrent que la principale préoccupation des Français est le pouvoir d’achat (il est cité en premier par 58% d’entre eux) alors même que celui-ci est en constante augmentation depuis 1945.

Quand nous visualisons notre existence, nous en sommes majoritairement globalement satisfaits (71% des Français s’affirment heureux selon le même sondage) mais quand nous nous comparons aux autres, nous trouvons des motifs de plainte qui se transforment en mécontentement et en colère.

Nous serions ainsi satisfait de notre monde «intérieur», notre sphère privée, mais insatisfait du monde «extérieur» sur lequel nous déverserions toutes nos peurs, nos angoisses et nos revendications.

Dans une poursuite effrénée du «bonheur», nous en voudrions toujours plus et nous serions, en plus, frustrés de voir d’autres en avoir plus que nous.

D’où notre insatisfaction chronique et notre «colère» exprimée face à un monde que nous ne maîtrisons pas et qui semble toujours plus clément aux «autres», que nous les considérions comme des bons ou des méchants.

Ce qui suscite une interrogation à laquelle nous devons nous confronter en essayant de trouver des solutions positives: le projet démocratique peut-il vivre, de développer et prospérer sur cet état d’esprit humain?

Car, plus la démocratie va irriguer la société, plus l’individu acquerra une plus grande autonomisation, plus son mal-être sera le fondement de ses revendications sociales, plus il sera frustré de ne pas obtenir tout ce qu’il veut, plus il sera alors mécontent et «en colère».

A moins que le projet démocratique parvienne à inverser une tendance très inquiétante.

Mais pour cela, il faut d’abord le vouloir.