Le centriste a comparé ce qu’il avait fait à la Maison blanche avec tous les échecs de son concurrent en novembre prochain, Donald Trump dont il s’est dit convaincu qu’il allait le battre.
Il a estimé que les choses avanceraient en bien avec lui alors que les États-Unis s’effondreraient avec Trump et la politique que l’extrémiste populiste entend mener.
► Voici les principaux passages de l’interview
de Joe Biden à ABC
George Stephanopoulos: Votre amie Nancy Pelosi a en fait formulé la question qui me semble être
dans l'esprit de millions d'Américains. Votre prestation lors du débat avec Trump était-il un mauvais épisode ou le signe d'une maladie plus grave?
Joe Biden: C'était un
mauvais épisode. Aucune indication d'une affection grave. J'étais épuisé. Je
n'ai pas écouté mes instincts en termes de préparation. Et j’ai passé une
mauvaise nuit.
Vous dites que vous étiez épuisé. Mais vous
êtes rentré d'Europe environ 11 ou 12 jours avant le débat, passé six jours à
Camp David. Pourquoi pas assez de temps de repos, assez de temps de
récupération ?
Parce que j'étais malade. Je
me sentais mal. Les médecins essayaient de comprendre ce qui n'allait pas. Ils
ont fait un test pour voir si j'avais ou non une infection, vous savez, un
virus. Je n’en avais pas. En fait, j’ai eu un très mauvais rhume.
Pendant le débat saviez-vous à quel point ça
allait mal?
Oui. Tout au long de ma prestation,
c’est faute de personne sauf la mienne. Je me suis préparé sur ce que je fais
habituellement reposé alors que je revenais de rencontres avec des dirigeants
étrangers puis d’un Conseil de sécurité nationale. Après le débat un sondage du
New York Times m'a fait chuter de dix points. Mais au cours de ce débat, Trump
a aussi menti 28 fois.
Mais il semblait que vous aviez des problèmes à
partir de la première question, avant même qu'il ne parle.
Eh bien, je venais de passer
une mauvaise nuit. Vous avez eu aussi de mauvaises interviews de temps en
temps.
J'en ai eu beaucoup. Le problème est ici pour
beaucoup d'Américains que vous avez dit «regardez-moi» aux gens qui sont
préoccupés par votre âge. Et, vous savez, 50 millions d'Américains ont regardé
ce débat. Il semble confirmer les craintes qu'ils ont déjà eues.
Eh bien, après ce débat, j'ai
fait dix grands meetings consécutifs, dont jusqu'à 4 heures du matin. J'ai fait
des meetings en Caroline du Nord. J'ai fait des meetings en Géorgie. J'ai fait
des meetings avec des grandes foules.
Est-ce qu'il vous est venu à l'esprit que vous
aviez cette mauvaise nuit?
J'ai réalisé que même lorsque
je répondais à une question, même s'ils avaient éteint son micro, il criait
encore. Et ça m’a distrait et j'ai alors réalisé que je n'étais pas en
contrôle.
Cela correspondre un schéma de déclin dont le
New York Times a fait un titre le 2 juillet, intitulé «Les lacunes de Biden
sont de plus en plus courantes et inquiétantes». Voici ce qu'ils ont écrit: «Les
gens qui ont passé du temps avec le président Biden au cours des derniers mois
ont dit que les lacunes semblaient s'être multipliées, plus prononcées, et
après le débat de jeudi, plus inquiétantes. De nombreux témoignages, comme en
témoignent les séquences vidéo, l'observation et les entretiens, montrent que M.
Biden n'est pas la même aujourd'hui que quand il a pris ses fonctions il y a
trois ans et demi». Reportage similaire dans The Washington Post et le Wall
Street Journal. Etes-vous le même homme aujourd'hui que quand vous avez pris vos
fonctions il y a trois ans et demi ?
En termes de succès, oui. J'ai
suis le type qui a élaboré un plan de paix pour le Moyen-Orient qui pourrait
bien porter ses fruits. Je suis aussi le type qui a élargi l'OTAN. Je suis encore
le type qui a développé l'économie. Toutes les choses qui ont été faites sous
la présidence sont des idées que j'avais et que j'ai accomplies. Et Je continue.
Et donc, par exemple, aujourd'hui, vient d'annoncer 200.000 nouveaux
emplois. Nous sommes en train d’aller dans une direction que personne n'avait
jamais réussi à prendre sur le chômage.
Je le suis battu contre les grands laboratoires pharmaceutiques. Je les ai fait
entendre raison. Personne ne pensait que je pouvais gagner.
J'ai fait toutes les choses dont on me disait que c’était impossible à faire. Ce que j'ai dit quand je me suis présenté à la présidentielle, c'est que je voulais faire trois choses : restaurer une certaine décence à la Maison blanche, rétablir un soutien économique pour la classe moyenne alors que les riches étaient toujours gagnants et unir le pays.
Mais qu'est-ce que tout ce travail a coûté au
cours des trois dernières années et demie qui vous ont coûté physiquement,
mentalement, émotionnellement?
Ça m'a juste coûté une très
mauvaise nuit et un mauvais débat. Mais, vous savez, je suis optimiste à propos
de ce pays. Je ne pense pas que nous soyons un pays de perdants comme le
souligne Trump. Je ne pense pas que l'Amérique soit dans le dur. Je pense que
l'Amérique est à l'aube de percer et possède une multitude d'opportunités
incroyables.
Au cours du prochain trimestre, je vais m'assurer que nous allons redresser le
système fiscal. Je vais m'assurer que nous sommes dans une situation où nous prodiguons
des soins de santé pour tous les gens, où nous sommes dans une position pour
prodiguer des soins d’urgence et des soins aux personnes âgées.
Une chose dont je suis le plus fier, c'est de me rappeler que quand mon plan
économique a été présenté beaucoup d'économistes ont dit: «cela ne va pas
marcher». Devinez quoi? Nous avons maintenant 16 lauréats du prix Nobel d’économie,
16 d'entre eux qui disent que «le prochain mandat de Biden sera, basé sur ce
qu'il veut faire, un énorme succès». Le plan de Trump provoquerait une
récession significative et augmenterait l'inflation. Nous avons fait de grands
progrès et j’ai bien l'intention de continuer.
Je ne le conteste pas. Ce que je vous demande,
c'est votre situation personnelle. États-vous d’accord sur le fait que vous
avez eu des lacunes, en particulier au cours des derniers mois?
Puis-je courir le 100 mètres
en 10 secondes? Non. Mais je suis toujours en bonne forme.
Etes-vous plus fragile ?
Non.
Je sais que vous avez parlé avec votre médecin
après le débat. Qu'a-t-il dit ?
Il m'a juste regardé et a dit,
«vous êtes épuisé». C'est tout. J'ai des médecins qui voyagent partout avec
moi. Chaque président le fait, comme vous le savez. Les médecins, quelques-uns
des meilleurs au monde voyagent avec moi partout où je vais. J'ai une
évaluation en cours de ce que je fais, et ils n'hésitent pas à me dire s'ils
pensent qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
Je sais que vous avez dit que vous aviez une
évaluation continue. Avez-vous eu une évaluation neurologique et cognitive
complète ?
Oui
Seriez-vous disposé à subir une évaluation
médicale indépendante qui incluait des tests neurologiques et cognitifs et publier
les résultats pour le peuple américain ?
J'ai un test cognitif tous les
jours. Chaque jour, j'ai ce test. Avec tout ce que je fais. Non seulement je
fais campagne, mais je dirige le monde. Ce n’est pas une hyperbole, nous sommes
la nation essentielle du monde. Madeleine
Albright avait raison. Avant de venir ici, j’étais au téléphone avec le Premier
ministre Netanyahou. J’étais au téléphone avec le nouveau Premier ministre
d'Angleterre.
Je travaille sur ce que nous faisons en Europe en ce qui concerne
l'expansion de l'OTAN et si elle va résister à Poutine.
Il n'y a pas de jour où je ne dois pas prendre des décisions.
Les préoccupations des Américains au sujet de
votre âge et de votre santé augmentent. C'est pourquoi je demande -- de les
rassurer, voudriez-vous avoir l'évaluation médicale indépendante ?
Il reste beaucoup de temps
dans cette campagne. Il y a plus de 125 jours. (…) Et je l'ai déjà fait.
Vous avez beaucoup parlé de vos succès au début de cette interview. Mais - comme vous le savez, les élections concernent l'avenir, pas le passé.. Et la question de beaucoup de gens en ce moment est: «pouvez-vous servir efficacement pendant les quatre prochaines années?»
Je suis le type qui a agrandi
l'OTAN alors que personne ne pensait que je pouvais le faire. Je suis le type
qui résiste à Poutine alors que personne ne pensait que c’était possible. Je
suis le type qui a mis en place l’initiative du Pacifique Sud avec AUKUS. Je
suis le type qui a fait s’unir 50 nations, pas seulement en Europe, en dehors
de l'Europe aussi, pour aider l'Ukraine.
Je suis le type qui a obtenu des Japonais qu’ils augmentent leur budget
militaire.
Nous avons inventé la puce, la petite puce, la puce informatique. C'est dans
tout, du téléphone portable aux armes. Et donc, nous ne produisions que 40% de
nos besoins, pratiquement rien. J’ai pris l'avion, contre les conseils de tout
le monde pour la Corée du Sud. Je les ai convaincus d’investir aux États-Unis
des milliards de dollars pour fabriquer des puces.
Avez-vous la capacité mentale et physique de le
faire pendant encore quatre ans ?
Je me présente à nouveau parce
que je pense que je comprends mieux ce qu'il faut faire pour faire pour cette
nation à tous les niveaux. Et puis, il y a la décision récemment prise par la
Cour Suprême sur l'immunité, vous savez, le prochain président des États-Unis,
il ne s'agit pas seulement de savoir s'il ou elle sait ce qu'il ou elle fait. Il s'agit du caractère du Président.
Le caractère du Président déterminera si cette Constitution est utilisée ou non
dans le bon sens.
Laissez-moi vous poser une question plus dure
et plus personnelle. Etes-vous sûr d'être honnête avec vous-même quand vous dites
que vous avez la capacité mentale et physique de servir encore quatre ans ?
Oui, je le suis. Je pense,
comme le disent certains des économistes et des spécialistes de haut niveau de
la politique étrangère, si je m'arrête maintenant, j'irais dans l'Histoire en
tant que président près du succès. Personne pensait que je pouvais faire ce que
nous avons fait.
Mais êtes-vous honnête avec vous-même sur votre
capacité à vaincre Donald Trump?
Oui. Oui, oui, oui.
Vous étiez proche dans les sondages avant d'entrer
dans le débat. Vous êtes plus en retard maintenant par. C'est une course à deux
hommes depuis plusieurs mois. L'inflation a diminué. Ces derniers mois, il est
devenu un criminel condamné. Pourtant, vous êtes encore plus en retard.
Vous connaissez les sondages mieux que quiconque. Pensez-vous que les données
électorales étaient aussi précises qu'auparavant?
Je ne le pense pas, mais je pense que quand vous regardez toutes les données de vote en ce moment, cela montre qu'il est certainement en avance dans le vote populaire, probablement encore plus en avance dans les États-clés. Et l'un des autres facteurs clés est que dans de nombreux États-clés, les démocrates qui se présentent au Sénat et à la Chambre des représentants font mieux que vous.
Ce n'est pas inhabituel dans certains États. (…)
Le nombre d'Américains qui pensent que vous
êtes trop vieux pour servir a doublé depuis 2020. Une analyse politique claire
ne vous dit-elle pas que ce sera beaucoup plus difficile de gagner en 2024 ?
Pas quand vous vous battez
contre un menteur pathologique. Pas quand il n'a pas été défié d'une manière
qu'il est sur le point d'être défié. (…) Je ne pense pas que quiconque soit
plus qualifié pour être président ou gagner cette élection que moi.
Vous savez, le cœur de votre affaire contre
Donald Trump est qu'il n'est que pour lui-même, mettant ses intérêts personnels
avant l'intérêt national. Comment réagissez-vous aux critiques qui disent qu'en
restant dans la course, vous faites la même chose?
Je ne pense pas que ces
critiques sachent de quoi ils parlent. (…) Avez déjà vu quelque chose que Trump
a fait qui a profité à quelqu'un d'autre et pas lui? (…)
L'homme est un menteur congénital. Au cours du débat, il a menti 28 fois. C'est
un gars qui a perdu plus d'emplois qu'il n'a créé. C'est un gars qui nous a dit
de mettre de l'eau de Javel dans nos bras pour faire face à la covid19, avec plus
d'un million de personnes qui sont mortes. C'est un gars qui parle de vouloir
se débarrasser de la fourniture de soins de santé que nous avons mise en place.
C'est un gars qui veut rendre le pouvoir aux grands laboratoires pharmaceutiques
pour pouvoir facturer des prix exorbitants pour les médicaments. C'est un gars
qui veut annuler toutes les choses que j'ai faites.
Etes-vous convaincu que vous seul pouvez le
vaincre ?
Je me suis convaincu de deux
choses. Je suis la personne la plus qualifiée pour le battre, et je sais
comment faire avancer les choses.