samedi 29 juin 2024

Editorial du CREC. L’axe central, le seul espoir de la démocratie républicaine


Il y a quelques années déjà, nous affirmions ici que la survie de la démocratie républicaine libérale passait par l’alliance de l’axe central contre les extrémismes.

Et Alexandre Vatimbella définissait ce qu’était cet axe central, l’ensemble des partis ou des courants politiques qui défendaient ce régime et qui va des sociaux-démocrates à gauche aux libéraux réformateurs à droite en passant par les libéraux sociaux au centre et qui, actuellement en France comprend une grande partie du PS, l’ensemble de la majorité présidentielle, une parti majoritaire de LR.

On pourrait même y ajouter aux franges des socialistes qui n’ont pas basculé dans le radicalisme et à droite des conservateurs qui n’ont pas basculé vers des alliances avec l’extrême-droite.

Depuis que nous avons défini cet axe central, nombre de politiques et de commentateurs se sont référés à celui-ci avec des noms parfois différents pour définit cette centralité.

Ce fut le cas, notamment, pour Emmanuel Macron et la coalition qu’il a mise sur pied en 2017, comprenant cette nécessité de cette alliance comme nous demandions déjà sa mise en place.

On peut regretter malgré tout que de «en même temps» n’est pas réuni tout l’axe central, le PS décidant d’aller voir du côté de l’extrême-gauche, LR décidant de demeurer dans une opposition frontale et, aujourd’hui, lorgnant pour nombre de ses élus et militants vers l’extrême-droite.

Au cours de cette campagne pour les législatives, François Bayrou en a beaucoup parlé mais n’a malheureusement que très peu agit au cours de sa carrière politique avec un paysage centriste français qui a été la plupart du temps morcelé et souvent par sa faute.

Ce bloc est informel et n’est évidemment pas uni dans son assise idéologique et programmatique mais il a un objectif commun: défendre sans aucune ambiguïté la démocratie républicaine libérale.

Or, aujourd’hui, en France et dans de nombreux pays du monde libre, la première tâche est de sauver cette démocratie républicaine libérale.

Cette alliance de l’axe central peut prendre évidemment diverses formes.

Cela peut être une coalition électorale, cela peut être un gouvernement d’union, cela peut être un accord de désistement automatique lors des élections, cela peut-être des majorités de projet à l’Assemblée nationale, cela peut-être plusieurs de ces éléments.

Elle peut être à géométrie variable.

Mais, fondamentalement, elle s’unie dans la défense des valeurs humanistes, dans la liberté, dans l’égalité, dans la fraternité, dans le respect de la dignité humaine, dans le projet de la démocratie républicaine libérale.

Oui, aujourd’hui, seule une alliance entre les diverses formations de l’axe central peut sauver la démocratie républicaine.

C’était déjà une nécessité hier et cela risque d’être une question existentielle demain.

L’Equipe du CREC

 

Législatives 2024 – Sondage IPSOS – RN à 32% / Nupes-Nouveau front populaire à 29% / Majorité présidentielle à 20% / Extrême-droite à au moins 33,5%


Selon un ultime sondage de l’institut IPSOS pour Le Monde en vue des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, le RN et ses alliés arrivent en tête avec 32% (=) des intentions de vote devant la Nupes avec 29% (=) et la majorité présidentielle avec 20% (+0,5).

Viennent ensuite LR avec 8% (=) et divers centre avec 1,5% (=).

L'extrême-droite est à 33,5% (-0,5) et à 37,5% (-0,5) si l’on inclut les LR alliés au RN.

Personne n’ayant exprimé aucune préférence partisane: 4%.

 

► Résultat du sondage
- Extrême-gauche: 1% (=)
- Nouveau Front populaire (Nupes): 29% (=)
- Divers gauche: 1% (=)
- Ensemble pour la république (Majorité présidentielle / Renaissance, MoDem, Horizons, Parti radical): 20% (+0,5)
- Divers centre: 1,5% (=)
- LR: 8% (=)
- LR allié de RN: 4% (=)
- RN & alliés: 32% (=)
- Reconquête: 1% (-0,5)
- Divers extrême-droite: 0,5% (=)
- Autre candidat: 2%

 

Rappel résultats
- Présidentielle 2022: Droite: 40,19%; Gauche: 31,94%; Axe central: 27,85%
- Législatives 2022: Droite: 36,80 %; Gauche: 33,20%; Axe central: 27,87%; divers: 2,13%

 

(Sondage IPSOS réalisé par internet les 27 et 28 juin 2024 auprès d’un échantillon de 10286 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus / Méthode des quotas / Marge d’erreur selon l’institut entre 0,3 et 1,2 point)

 

 

Vues du Centre. Présidentielle américaine: suffit-il de mentir pour gagner un débat?

Par Aris de Hesselin & Alexandre Vatimbella


Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste. 
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste. 
Alexandre Vatimbella est Editorialiste au CREC 

C’est vrai que la performance de Joe Biden lors du premier débat présidentiel face à Donald Trump n’a pas été bonne et que l’homme, victime d’un refroidissement, a paru hésitant et peu combatif sur la forme.

Mais cela ne justifie nullement cette campagne de dénigrement indécente et mensongère concernant l’actuel président des États-Unis.

Cette hargne, voire cette haine, contre le centriste par de nombreux politiciens et commentateurs médiatiques, vient évidemment du camp républicain mais aussi, très largement du camp démocrate, plus particulièrement de son aile gauche et de tout ce qui se trouve à gauche de cette gauche.

Cette campagne, orchestrée donc par la gauche américaine et relayée par les médias qui lui sont favorables, comme le New York Times, au-delà de la personne de Joe Biden, est menée en grande partie parce qu’il est un centriste.

En 2020, lors des primaires, cette même gauche et ses mêmes médias avaient poussé la candidature du socialiste et sénateur du Vermont non-membre du Parti démocrate, Bernie Sanders, contre Joe Biden, déjà durement attaqué.

Et ils sont en grande partie responsable de la défaite d’Hillary Clinton en 2016 face à Donald Trump, la haine qu’ils portent à la centriste avait conduit nombre d’entre eux à ne pas choisir entre un extrémiste populiste démagogue dont on a vu le mal qu’il a fait à son pays et au monde libre, certains ayant même fait le parallèle entre elle et lui, dans le style bonnet blanc et blanc bonnet.

Du coup, nombre d’électeurs de gauche n’avaient pas été voter ce qui avait fait la différence dans des États-clés alors même que la candidate démocrate a remporté le vote populaire par plus de trois millions de voix d’écart.

Cette infâmie a déréglé la démocratie américaine et cette gauche portera pendant longtemps une écrasante responsabilité dans le chaos induit par la présidence de Trump, responsabilité à laquelle on doit absolument associer des grands médias comme CNN ou, encore lui, le New York Times.

La leçon n’a donc pas été retenue et les flots de critiques qui se sont abattus sur Joe Biden ainsi qu’une campagne réactivée pour lui trouver un remplaçant, montre, à la fois, que c’est encore cette gauche qui risque de lui faire perdre l’élection en novembre prochain mais aussi une dérive des plus préoccupantes de la démocratie américaine mais aussi mondiale.

Parce que, qu’est que l’on a vu au cours de ce débat.

Certes un Joe Biden pas au meilleur de sa forme mais ne disant que des choses sensées, rappelant des faits et des résultats réels et inattaquables alors qu’en face on a vu un Trump, certes capable de ne pas hurler et insulter à chaque fois qu’il ouvrait la bouche (sic!) mais qui, en revanche, a aligné les mensonges et les propos extravagants beaucoup, beaucoup, beaucoup plus inquiétants que le phrasé hésitant de son opposant.

Oui, Joe Biden a gagné le débat sur le fond.

Et n’est-ce pas cela le plus important dans une démocratie qui n’est pas le plateau d’une émission de télé-réalité?

Comment les médias et les commentateurs dans toutes les démocraties peuvent dire que Biden a perdu et Trump gagné alors même que c’est exactement contraire sur la teneur des propos tenus?

En sommes-nous arrivés aujourd’hui où, comme sur les réseaux sociaux, peu importe la qualité de la parole, c’est la qualité du look qui prédomine?

Suffit-il donc de mentir pour gagner un débat politique?

Suffit-il seulement de ne pas «présenter bien» pour le perdre?

Ce qui signifie, que dire la vérité n’a aucune importance et qu’il suffit d’une meilleure apparence pour être déclaré vainqueur?

Si tel est le cas, et on le voit pas seulement aux États-Unis – en France, le succès de Bardella vient beaucoup de ce qu’il «présente bien» alors que son discours est d’une inanité fascinante et ses promesses irréalisables –, alors la démocratie du 21e siècle a définitivement franchi un pas supplémentaire vers sa future destruction.

Décidément, nous sommes en train de perdre le sens des valeurs.

Aris de Hesselin
Alexandre Vatimbella