► Emmanuel Macron (Président de la République)
> Félicitations chers Ursula von der Leyen, Kaja Kallas et
Antonio Costa. Au Conseil européen ce soir, nous faisons le choix de
l’expérience et du reflet des équilibres politiques de notre Union, au service
de notre agenda stratégique.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement,
certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs
propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos
critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Gabriel Attal Premier
ministre, chargé de la Planification écologique et énergétique
> Ce qui se joue dans cette élection, c'est
aussi la question des valeurs. Avec le RN, le programme change tous les jours
mais rien ne change sur les valeurs.
> J'ai la chance et l'honneur d'exercer les fonctions de Premier ministre depuis désormais près de six mois. C'est une fonction aussi exigeante que passionnante. Nos concitoyens ont exprimé le besoin d'aller beaucoup plus loin sur le pouvoir d'achat, la sécurité et l'autorité dans notre pays. Et d'œuvrer, sans cesse, pour apaiser les débats dans notre pays. Je souhaite que nous puissions organiser, peut-être une fois par an, un référendum sur une question d'importance pour les Français. Et je souhaite que le prochain budget puisse être adopté sans recours au 49.3.
> Sur le pouvoir d'achat, je
propose :
- Indexation des retraites sur l'inflation.
- Baisse de 200 € sur la facture d'électricité.
- Hausse des salaires par l'allègement des charges.
> En tant que ministre de l’Education, j’ai garanti l’application de la loi de 2004 sur la laïcité à l’école, en interdisant le port de l’abaya et du qamis dans les établissements scolaires. Faire respecter la laïcité, c’est essentiel.
> Le chef des armées, c'est le Président de la République et ce n'est pas un titre honorifique. Marine Le Pen et le Rassemblement national ne sont même pas encore élus et disent déjà vouloir remettre en cause cette chaîne de commandement. C'est très grave.
> Pour empêcher la victoire du RN, ce n’est pas avec l’extrême gauche qu’on y arrivera. Les Français ne veulent pas de Mélenchon premier ministre. La façon d’éviter le RN à Matignon est de voter pour les candidats Ensemble pour la République dès le premier tour.
> [Binationalité] Derrière leur proposition, il y a une idée qui a toujours été celle du Front national de Jean-Marie Le Pen : un binational serait un demi-national.
> Délinquance des mineurs] Je propose:
- une comparution immédiate pour les mineurs
- une atténuation de minorité dans certains cas
- la retenue de la responsabilité des parents s’il y a un manquement
d’obligation parentale.
> J'ai entendu le message des Français lors des élections européennes : ils attendent des réponses concrètes sur le pouvoir d'achat et la sécurité. Je leur dis : le Rassemblement national n'apportera aucune solution à ces problèmes.
> La réalité est que ce soit le RN ou la Nupes, c’est un projet de matraquage fiscal, qui serait forcé par des mesures de dépenses massives. Je le dis aux Français : ne vous faites pas avoir.
> Sur les plateaux télé, Jordan Bardella cherche à masquer les fondamentaux du RN. Pourtant, ils n’ont pas changé. Éloquent aveu de ce député RN, présenté comme le futur ministre de l'Éducation nationale, qui considère qu'un Français binational a nécessairement « un problème de loyauté ». Oui, le RN trie les Français. Oui, le RN insulte les 3,5 millions de Français binationaux. Oui, on trouve plus de 100 candidats du RN qui ont tenu des propos racistes, sexistes, xénophobes ou antisémites. Je me battrai toujours contre eux. Je défendrai toujours une société fondée sur les valeurs de la République.
> [Homophobie] Je l'ai vécue et je la vis encore, mais la chance que j'ai, c'est d'être bien entouré. Je pense à tous les jeunes Français qui vivent l'homophobie ou n'osent pas s'assumer. Dans la société que je défendrai, tous auront leur place.
> On ne peut pas faire confiance à l'extrême droite en ce qui concerne les droits des femmes. Dans tous les pays où l'extrême droite a pris le pouvoir, les droits des femmes ont systématiquement reculé.
> Si les Français nous font confiance, nous réduirons de 10% le coût de la rentrée pour les familles grâce à un achat groupé des fournitures scolaires. Et ce dès la rentrée prochaine.
> Tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l'autorité, on t'apprend à la respecter. Je crois que les Français se retrouvent derrière ce principe. Je propose de rendre responsables les deux parents même s'ils ne vivent plus sous le même toit.
> Dire qu'un Français binational ne peut pas accéder à certaines fonctions envoie à 3,5 millions de nos compatriotes le message qu'ils seraient plus corruptibles. Mon message : quand on est Français, c'est parce qu'on l'a mérité, notre pays vous fait confiance.
> Sur l’immigration, je ne crois pas du tout que les Français attendent que l'on ferme tout ou que l'on ouvre tout. Notre ligne est claire et rassemble : accueillir moins pour intégrer mieux.
> Le RN veut supprimer les éoliennes : chaque année, nous implantons l'équivalent d'un réacteur nucléaire. Dans le monde de Bardella, les factures augmenteront. La Nupes, elle, ne répond jamais, son programme n'inclut même pas le mot «nucléaire».
> Les effets du dérèglement climatique se voient déjà aujourd'hui et vont s'accélérer. Depuis 7 ans, nous avons réduit les émissions de gaz à effet de serre de 20 %, conformément à l'engagement pris par la France.
> La Nupes propose la CSG progressive. Cette mesure aura un baissera massivement le montant des retraites.
> Tous les représentants d'entreprises disent que l'application des programmes du RN et de la Nupes entraînerait un décrochage durable de l'économie française.
> J’essaie d’être sérieux et crédible. Je ne propose pas la lune, contrairement à certains, mais je propose des mesures dont on sait qu’elles sont finançables et réalisables. Je prends un engagement clair : pas d'augmentation d'impôts.
> Marine Le Pen a tenu cet après-midi des propos graves au sujet de notre armée. C'est grave d'abord parce qu'elle ne respecte pas notre Constitution mais aussi parce que le message envoyé à l'international met en risque la sécurité des Français.
> Les Ukrainiens défendent les valeurs qui sont les nôtres. En les soutenant, nous défendons également les Français et leur quotidien.
> Bardella ne peut se présenter comme l'homme du rassemblement quand il propose de stigmatiser 3,5 millions de Français. On ne peut apaiser les tensions en présentant plus de 100 candidats aux propos racistes, antisémites, homophobes.
> Je me fixe pour objectif d’avoir une démocratie et une Assemblée nationale plus vivantes et moins brutales, c’est aussi ce que demandent les Français.
> Cela fait 20 ans qu'il n'y a pas eu de référendum dans notre pays. Je proposerai d’organiser chaque année un référendum sur un sujet d'importance pour les Français.
> On est malheureusement habitué aux outrances de Jean-Luc Mélenchon et à ses propos insupportables sur nos forces de l'ordre. Je déplore que le PS et les Verts aient fait le choix de se mettre avec Philippe Poutou et derrière M. Mélenchon dans cette alliance.
Gérald Darmanin,
ministre de l’Intérieur et des Outre-mer
> Jean-Luc Mélenchon et l’extrême-gauche une
nouvelle fois dans l’infâme et dans la haine des forces de l’ordre. Comment les
électeurs de gauche sincères peuvent accepter cela ? Cracher sur le cercueil de
nos policiers et de nos gendarmes pour quelques voix… à vomir.
Catherine Vautrin,
ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités
> Sur le terrain pour convaincre que la majorité
présidentielle est le seul bloc républicain qui porte un projet responsable et
le seul capable de battre les extrêmes.
> Monsieur Bardella, la Constitution de
notre 5e République n’est pas comme votre programme : elle est claire. Pour
mémoire:
«Article 15. Le Président de la République est le chef des armées. Il préside
les conseils et les comités supérieurs de la défense nationale.»
Cette remise en cause des fondements de nos institutions est particulièrement
inquiétante. Entre la 6e République de Mélenchon et le reniement de l’héritage
gaulliste par le RN, choisissons la stabilité et l’unité de la Nation
> Je le sens en cette fin de campagne, il n’y a pas de fatalité à la victoire du RN. Partout sur le territoire, les Français refusent de se laisser enfermer entre la faillite et la haine. Nous ne sommes pas condamnés à avoir Mélenchon ou Bardella à Matignon. Les choses sont claires aujourd’hui, voter NFP, c’est faire élire le RN. Le sursaut est en cours, les candidats Ensemble pour la république sont les seuls qui peuvent nous éviter l’aventure des extrêmes. Mobilisons nous !
Nicole Belloubet,
ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse
> Sur le nouveau stage de seconde, j’ai entendu
tout et son contraire. Et finalement, ce fut une grande réussite : plus de 85%
des élèves ont trouvé un stage grâce à la mobilisation de tous. Une bonne
nouvelle pour nos jeunes et une formidable avancée pour leur orientation !
Marc Fesneau,
ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
> L’antisémitisme, l’homophobie, les atteintes
aux droits des femmes n’ont pas leur place dans notre République. C’est contre
ces extrémismes que je continuerai à me battre parce que c’est mon engagement.
Les partis de gauche ont décidé de retirer leur soutien et son investiture à
Reda Belkadi. Je salue cette décision responsable qui s’imposait. Chaque jour
démontre que cette élection législative est celle des valeurs. J’ai confiance
en les électeurs de notre circonscription qui sauront faire le bon choix pour
notre démocratie, pour notre avenir.
Rachida Dati,
ministre de la Culture
> Mettre en cause les Français qui ont une
double nationalité est une faute morale. Les binationaux sont des citoyens qui
ont les mêmes droits & devoirs que tous les Français. Fidèles à la France,
à son histoire et à son idéal de fraternité, ensemble, ne cédons pas aux
extrêmes.
> Je ne suis jamais partie perdante dans tous les combats que j’ai menés dans ma vie. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais commencer. Je suis sur le terrain tous les jours pour convaincre encore et encore que l’avenir de notre pays et le vote pour les extrêmes sont deux concepts totalement opposés. Je suis convaincue de la pertinence et de la solidité de notre projet et du danger que fait courir à notre pays comme à tous les Français le programme des deux extrêmes. Le risque d’un chaos économique, social et sécuritaire n’est pas un vain mot.
> Cessons de refaire le match tous les jours. Avec les extrêmes au pouvoir, le quotidien des Français serait une succession de crises : économique, sociale, financière et culturelle. Plus grave, les deux extrêmes portent en eux, par des moyens différents, le ferment d’une crise fondamentale : la remise en cause de l’appartenance à une même République, au risque de plonger le pays dans le chaos.
> Certains mettent en garde contre le danger de l’extrême
droite. J’en fais partie. Mais je crois qu’il ne faut pas en rester là. Les
acteurs culturels, comme d’autres, ont parfois fait preuve de cécité devant les
préoccupations et le quotidien des Français. Certains l’ont d’ailleurs reconnu
avec courage et lucidité, comme Ariane Mnouchkine
Aujourd’hui, les propositions du RN comme de LFI sont deux recettes différentes
pour un même désastre. La vocation du ministère de la Culture est de soutenir
les artistes, d’encourager la création, de défendre envers et contre tout la
liberté de créer, et notamment de s’opposer à toutes les censures. Notre projet
est celui de la liberté artistique. Pas celui d’une culture idéologique, quelle
qu’elle soit, dans laquelle les Français ne se reconnaissent pas.
> Nous ne pouvons plus regarder le monde qui nous entoure avec des œillères d’un autre temps. Le danger est aussi à l’extrême gauche. Il suffit de lire le projet et les déclarations des membres de LFI et de leurs alliés pour s’en rendre compte. Ils cultivent l’ambiguïté sur l’antisémitisme, veulent ouvrir toutes les frontières sans limite, acceptent le communautarisme, favorisent le séparatisme en acceptant l’Islam radical, veulent désarmer la police et considèrent que la justice est trop répressive. De surcroît, leur projet livrera toute une partie de nos compatriotes aux communautarismes, aux séparatismes et à l’Islam radical. Il suffit de lire leur programme.
> Je refuse de m’inscrire dans la préparation de l’après-élection : entretenir cet état d’esprit, c’est la meilleure recette pour subir la défaite ! Toute ma vie, j’ai tout donné à fond et jusqu’au bout pour défendre les Français et nos valeurs communes. Je n’ai pas l’intention de changer. Alors, ne jouons pas petits bras et petits calculs. Aujourd’hui, mon engagement pour la France, c’est de ne pas tourner la page de la stabilité.
> Nous avons tous besoin d’un audiovisuel public de qualité, pluraliste et indépendant. Surtout dans un paysage médiatique très agité et devenu extrêmement concurrentiel. Que proposent nos adversaires ? Des solutions de facilité. LFI et ses alliés promettent un statu quo, qui dans les faits ne résoudra aucun des problèmes structurels de l’audiovisuel public. Le RN et ses alliés ont réaffirmé leur intention de le privatiser. Le statu quo, c’est l’affaiblissement de l’audiovisuel public. La privatisation, c’est sa disparition. Mon projet, c’est son maintien, son indépendance, le renforcement de son pluralisme et la garantie de son financement.
> On ne peut pas défendre le patrimoine français sans l’entretenir. Nous avons un patrimoine exceptionnel qui attire des visiteurs du monde entier. Il me semble donc normal que la charge de rénovation et d’entretien soit partagée davantage avec les touristes du monde entier, dans le respect évidemment des règles européennes. Il y a un problème de surtourisme qu’il faut aussi nommer. C’est pour cette raison que je suis favorable à des tarifs différenciés : pourquoi un visiteur francilien du Louvre devrait payer autant qu’un visiteur brésilien ou chinois qui n’y vient qu’une fois dans sa vie ? Je suis pour des politiques d’ouverture, de gratuité, mais aussi pour faire contribuer un peu plus ceux qui viennent de loin pour admirer ce patrimoine.
Sébastien Lecornu,
ministre des Armées
> La Constitution n’est pas honorifique.
« Suivant la Constitution, le président est, en effet, garant, vous entendez
bien? - garant de l'indépendance et de l'intégrité du pays, ainsi que des
traités qui l'engagent. Bref, il répond de la France. D'autre part, il lui
appartient d'assurer la continuité de l'Etat et le fonctionnement des pouvoirs.
Bref, il répond de la République. Pour porter ces responsabilités suprêmes, il
faut au chef de l'Etat des moyens qui soient adéquats. La Constitution les lui
donne. (…). Dans les domaines essentiels de la politique extérieure et de la
sécurité nationale, il est tenu à une action directe, puisqu'en vertu de la
Constitution, il négocie et conclut les traités, puisqu'il est le chef des
armées, puisqu'il préside à la défense.»
(Allocution du général de Gaulle en 1962)
Éric Dupond-Moretti,
garde des Sceaux, ministre de la Justice
> Binational, avec «seulement» 2 grands-parents
italiens, je n’aurais donc jamais pu devenir ministre selon le RN. Mais avec 3
grands-parents italiens, Jordan Bardella, lui, pourrait être Premier ministre ?
Faire le tri entre les bons et les mauvais Français, voilà leur projet.
Stéphane Séjourné,
ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, secrétaire général de
Renaissance
> La baisse de nos émissions de gaz à effet de
serre s’accélère ! -5,3% au premier trimestre 2024 par rapport au 1er trimestre
2023. Notre modèle d’écologie à la française porte ses fruits ! Protéger
la planète, c’est protéger nos territoires, nos concitoyens et nos générations
futures.
Christophe Béchu,
ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
> On ne peut pas ne pas se remettre en cause,
quand vous avez l’extrême-gauche et l’extrême-droite qui sont à des niveaux
aussi élevés dans le pays, ça montre bien qu’il y a une déception.
> Bardella n’a eu besoin de personne pour, tout seul, aller sur la question des retraites en allant sortir un exemple qui montre qu’au mieux il ne connaît pas le sujet, au pire il raconte des craques aux Français.
> Il n’y a pas un camp qui a le monopole de la haine (...) LFI est un parti extrémiste. Je n'ai jamais considéré que le RN était un parti comme les autres.
> Eric Ciotti a vendu mon ancienne famille politique, celle de Jacques Chirac, de Nicolas Sarkozy à Jordan Bardella en acceptant de devenir le marchepied de l'extrême-droite pour accéder au pouvoir.
Aurore Bergé, chargée
de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les
Discriminations.
> Le
RN change constamment son programme. Sur la binationalité, elle est supprimée
puis maintenue puis on les empêche de travailler. Sur l'abrogation de la
réforme des retraites, on découvre qu'il faudra travailler jusqu'à 66 ans quand
on commence à 24 ans.
Olivia Grégoire, ministre
déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation
> A tous ceux qui se disent « le RN on a
jamais essayé » : un isoloir, ce n’est pas une cabine d’essayage. Certains
ont essayé aux élections municipales et ils en ont eu pour leurs frais Le RN a
un bilan. Et il n’est pas glorieux
Jean-Noël Barrot, ministre
délégué chargé de l’Europe
> Quelle arrogance de Marine Le Pen qui considère que le RN a déjà gagné
les élections au mépris des électeurs français, au mépris de la démocratie !
> Les partis nationalistes et populistes arrivés au pouvoir en Europe ont mis en place une stratégie méthodique pour s’arroger les pleins pouvoirs. Ils ont remis en cause des principes fondamentaux, tels que l’indépendance de la justice ou la liberté de la presse.
> Les partis nationalistes et populistes, lorsqu'ils ont conquis le pouvoir en Hongrie, en Pologne, en Slovaquie... ils ont effectivement mis en œuvre une stratégie méthodique pour s'arroger les pleins pouvoirs, en commençant par la liberté de la presse continuons avec l'indépendance de la justice, puis avec la liberté académique, puis avec l'égalité de tous les citoyens, y compris des minorités.
> Il n'y a pas de signe égal entre le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national.
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Le combat républicain, celui de l’union, n’est
pas perdu. Dimanche, l’avenir est entre les mains des citoyens.
> Mon grand-père était un réfugié polonais, naturalisé après avoir résisté en France. Deux générations après, sa petite-fille est devenue présidente de l’Assemblée. C’est cela la France que l’on aime, la République, son histoire et ses valeurs.
> Le 28 juin 2022, j’étais élue présidente de l’Assemblée nationale. Deux ans plus tard, je suis fière d’avoir explosé ce plafond de verre, je suis fière d’avoir ouvert grand les portes de l’institution aux citoyens. Et je suis toujours convaincue que la voie du compromis est possible si les vrais républicains s’en donnent la peine. Alors que la République, ce bien immense que nous avons en commun, est menacée, elle est même plus nécessaire que jamais.
> Ils tentent d’avancer masqués, mais le vrai visage du RN est toujours là : un racisme décomplexé, un tri entre les Français. Le 30 juin, soyons au rendez-vous, ensemble pour la République et son universalisme.
> Sur les binationaux, le RN se défausse en disant que peu d’emplois seront concernés. Mais regardez le texte déposé il y a quelques mois : ils écrivent noir sur blanc que sont visés des emplois des administrations, des entreprises publiques, des entreprises privées qui ont une mission de service public.
> Une nouvelle coalition procédera du Parlement et donc des Français. Je suis convaincue qu’il y a, en dehors des extrêmes, de grands républicains de tous bords qui peuvent se retrouver autour de valeurs et de mesures.
> Lorsqu'on voit certains candidats, on voit qu'il y a des propos racistes, xénophobes, ça entraine une libération de la parole.
> Se considérer gagnant et s’asseoir sur la Constitution : mépris pour les Français et mépris pour l’État de droit. Le RN, ça n’est que ça.
► Haut-commissariat
au Plan
François Bayrou (Commissaire, président du Mouvement démocrate)
> Ce que je vois et ce que je vis,
ce sont des candidats mobilisés sur le terrain qui sont actifs, actifs,
vaillants, courageux, parce que les temps que nous traversons sont extrêmement
difficiles, naturellement, et qui ne sont en rien démobilisés. Alors je ne sais
pas dans quel cercle parisien vous trouvez cette démobilisation. C’est
possible. C’est même classique. Mais ce que je vois, moi, c'est ceux qui se
battent, qui sont courageux, qui défendent quelque chose de tout à fait
essentiel et qui va se jouer à partir de dimanche. C'est, premier objectif,
écarter les extrêmes.nJamais, dans
aucun pays du monde, les extrêmes n'ont apporté quelque chose de bien.
> On a vécu pendant 2 ans une situation particulière à l'Assemblée nationale, créée en partie par le fait qu'il n'y avait pas de majorité à l'Assemblée et également par le fait que les textes les plus difficiles ne pouvaient passer qu'avec le 49.3, et vous savez que le 49.3 était très impopulaire chez les Français qui trouvaient que c’était un abus alors que c'était en réalité le seul moyen de pouvoir faire passer des textes. Et puis aussi par le fait qu'une partie de l'Assemblée, LFI pour la désigner clairement, avait transformé l'Assemblée nationale en champ de bataille dans lequel on pouvait proférer n'importe quelle injure, adopter n'importe quelle attitude, faire n'importe quel geste qui apparaissait être une provocation ou choquant à l'égard des règles de l'Assemblée nationale. Et ça devenait absolument ingérable. Vous savez les électeurs et les spectateurs, ce sont les mêmes, ne se rendaient pas compte que dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, on ne pouvait pas s'entendre. J'ai souvent dit, que vous, les chaînes, pour de bonnes intentions, vous adoptiez une manière de retransmettre les débats qui était complètement faussée parce que vous coupez les micros de l'hémicycle. Si vous aviez laissé les micros ouverts, les Français se seraient rendu compte qu'on ne s'entendait même pas. C'était à certains moments, tellement violent et tellement bruyant, qu’il était impossible de débattre. C'est cette situation-là qui a trouvé une issue. Est-ce qu'on pouvait faire autrement dans le calendrier, est ce qu'on pouvait prendre d'autres initiatives ? Sûrement oui. Mais aujourd'hui, la question, c'est de mener le combat avec la vigueur nécessaire et la lucidité nécessaire.
> Il y a évidemment des gens qui veulent manifester un mécontentement parce que la vie a duré, puis peut-être parce qu’on n'a pas su trouver, au bout de 7 ans, le renouvellement nécessaire du débat public, une autre manière de s'adresser aux Français. Comme vous le savez, je l'ai dit avec force à de très nombreuses reprises, le drame de la situation dans laquelle nous sommes, c’est la rupture entre la base de la société, ceux qui travaillent ou ceux qui cherchent du travail, ceux qui sont jeunes ou ceux qui sont à la retraite et qui ne comprennent pas, ne sentent plus que le sommet ou le prétendu sommet, ceux qui sont dans les situations de responsabilité, portent leur parole. Très souvent, on ne comprend pas ce qu'ils disent et vivent, dans un univers clos. Et c'est vrai depuis 30 ans au moins.nC'est vrai depuis des décennies.
> Le président de la République, dans son premier mandat, avait réussi, un peu, à faire sauter cette barrière. Elle est peut-être revenue. Mais ce que je sais, c'est que les raisons de mécontentement, elles peuvent exister. Les raisons de colère, probablement, elles existent. Mais ce qui est en jeu aujourd'hui dépasse de beaucoup le mécontentement, la mauvaise humeur et la colère. Ce qui est en jeu aujourd'hui, c'est que le destin du pays est menacé par des dérives, par 2 camps, qui sont chacun regroupés autour de leur extrême. L'un partiellement et l'autre donc complètement. Ces 2 camps-là menacent notre avenir, notre avenir comme pays, la France, et notre avenir comme famille, comme travailleur, comme entreprise.
> Je pense que les mea culpa, qui sont une perpétuelle revendication, ont des limites. Ce qu'il faut, c'est trouver une manière d'être différente, plus simple, plus directe et qui soit au contact avec les citoyens, vous voyez ? Je vais vous dire quelque chose qui probablement ne paraîtra pas d'immédiate actualité. Je pense qu'on s'est trompé en interdisant que des élus locaux puissent exercer des fonctions nationales. Qu’on puisse avoir le député maire ou le sénateur maire comme on l'avait. Vous voyez, je suis à Pau et le contact de près, dans les réalités, avec la vie économique, avec les problèmes sociaux les plus durs, avec l'école, avec la culture et la vie associative qui tient une grande partie du pays, ce contact direct, manque beaucoup dès l'instant qu'on entre dans les cercles de pouvoir et des responsabilités les plus éminentes. Je pense qu'on a fait une erreur de ce point de vue-là et il me semble que ce lien a été fragilisé alors qu'il devrait être constamment renforcé.
> J'ai défendu toute ma vie l'idée que, ce qui manquait au pays, c'est une force centrale, capable de dialoguer avec les uns et avec les autres, qui soit compréhensive et qui veuille chercher des compromis et des solutions qui permettent aux uns et aux autres de se rassembler. C'est le combat de toute ma vie. Pendant que beaucoup d'autres plaidaient la droite contre la gauche. On voit aujourd'hui que la droite contre la gauche, on le voit en France, on le voit aux États-Unis par exemple, ça ne peut faire que des affrontements. Ça nourrit des affrontements. Et donc pour moi, tous ceux qui sont des démocrates et des républicains, pour employer un mot très large, c'est-à-dire ceux qui veulent respecter les valeurs qui nous font vivre ensemble et débattre autour des solutions que proposent les uns et les autres, ces forces-là démocrates et républicaines, elles doivent se rassembler pour former, si possible, ça dépendra du résultat des élections, pour former une majorité d'action pour le pays. Cette orientation, elle est inscrite aujourd'hui dans les résultats que nous avons vécus depuis un mois dans les élections européennes et dans la suite de ces élections législatives. Désormais, on ne pourra plus faire comme avant. Les gens qui veulent que cette manière de pratiquer la politique change, ils ont déjà obtenu et ils vont obtenir dans les jours qui viennent un résultat impossible à détourner. Bien sûr qu'il va falloir qu’on se rassemble plus largement. Et bien sûr qu'il va falloir qu'on le fasse autour de valeurs fondamentales et pas autour de polémiques et de chicayas comme le monde politique en est trop souvent marqué.
> Il y a sur l'échiquier politique, une droite républicaine, une gauche républicaine, une droite du gouvernement, une gauche de gouvernement, avec la grande force centrale que nous avons besoin de construire en rassemblant ces sensibilités, qui peut évidemment participer à l'avenir. Et beaucoup le savent et beaucoup le pensent. Mais ce n’est pas très facile à dire dans les circonstances que nous traversons.
> Je n'ai aucune envie de faire de la polémique avec Raphaël Glucksmann qui a trompé une grande partie de Français, à laquelle je suis, moi, très attaché. Je connais beaucoup de gens qui ont voté pour la liste que Glucksmann conduisait aux élections européennes, parce qu'il avait donné la garantie, l'assurance, l'engagement, que jamais il ne se retrouverait avec Mélenchon. Il avait dit, « C'est fini et je m'engage ». Et le lendemain matin, ils sont allés signer un accord, lequel accord donne évidemment la prééminence, la plus grande part des circonscriptions à LFI. Cet abandon d'idéal, je suis persuadé que Glucksmann doit le vivre très mal. Ceux qui ont cru en lui le vivent encore plus mal. Et moi, je plaide pour qu’on n’abandonne jamais ses idéaux.
> Je pense qu'il y a, aujourd'hui, une partie très importante des citoyens français qui voudraient que se forme cette alliance, ce rassemblement de tous ceux qui ne veulent pas des extrêmes, qui portent des idées et des idéaux. Vous me trouverez sans doute trop idéaliste, mais j'accepte ce reproche. Je pense qu'on ne peut pas faire de politique sans idéal et que l'extrémisme, c'est un renoncement à ses idéaux et c'est un renoncement dangereux pour chacun d'entre nous. Et l'étape dans laquelle nous sommes, ici, au premier tour, pour moi, elle se caractérise par cet impératif d'écarter les extrêmes pour que le champ politique permette de nouveau des rassemblements et des dialogues.
> Alors je ne sais pas ce que vous voulez dire quand vous dites que ça ne marche plus parce que ça prouverait que vous considérez qu'il est secondaire de défendre l'essentiel pourvu qu'on obtienne des voix. Et je crois que cette démarche-là n'est pas une démarche civique. Ce n'est pas parce que l'opinion est aujourd'hui un peu vaccinée mithridatisée contre ces poisons-là, qu’il ne faut pas les rappeler, vous voyez ? À Blois, hier, le candidat LFI a été convaincu d'avoir tenu par écrit des propos anti-juifs, des mots qui sont inacceptables dans la manière dont on s'adresse aux gens. Et c'est vrai sur l'autre rive, vous avez raison de le rappeler. C'est là que se joue une partie du drame qui menace la France aujourd'hui, qu'on ait pu réveiller des injures. Vous savez, il y a aujourd'hui en France, à cause de cette probabilité, de possibilité de victoire des extrêmes, partout des gens qui se lâchent. Partout, on commence à parler de la couleur de la peau, de l'origine, de la religion. On envoie des lettres anonymes. Il y a des injures dans la rue, dans le voisinage. On balance des peaux de banane dans le jardin des familles parce qu'elles ont la peau noire. Tout ceci, vous dites, ça ne marche pas de le dénoncer ? Et bien moi, je ne cesserai jamais de dire que ceci, c'est le contraire de ce que nous avons voulu construire en construisant la France. L'idée qu’on va mettre en question les femmes, les hommes, les enfants dans les cours de récréation en fonction de leur nom ou de l'endroit d'où ils viennent ou de la religion qui est la leur, pour moi, c'est la défaite de la République, de la liberté, de l’égalité, de la fraternité. Et vous me dites, « Mais Monsieur, il faut que vous vous accommodiez de cette défaite, parce que vous voyez bien que ça ne marche pas ». Et bien en tout cas moi, je ne céderai jamais un millimètre et je suis sûr que tous ceux qui sont engagés avec moi ne se résigneront jamais à cet effondrement du plus précieux de ce que nous avons.
> Je ne crois pas que les gens aient oublié [que le RN est d’extrême-droite], mais probablement une partie des Français considère qu’après tout, dire ce genre de chose, c'est libérer des sentiments qui étaient jusque-là dissimulés. Or, c'est cette libération du pire, qui est un risque. Ces pratiques et ces attitudes sont, pour moi, la négation de la France, de ce que nous avons voulu et ceci va avoir des répercussions partout. Ça va avoir des répercussions dans la paix sociale, ça va avoir des répercussions dans la démocratie, ça va avoir des répercussions dans l'économie parce qu’un pays qui se livre à ce genre d'abandon est un pays sur lequel le monde entier, l'Europe entière, va avoir des doutes. Et ça va entraîner des très grandes difficultés économiques, des grandes difficultés pour la dépense publique et des grandes difficultés pour investir. Puisque vous voyez bien le mécanisme. On doute de vous, les taux d'intérêt explosent. Vous ne pouvez plus construire des maisons ou acheter des voitures parce que les mensualités deviennent trop lourdes. Les entreprises souffrent, il y a des licenciements. Et qui est licencié alors ? C'est très simple. Les licenciés, ce sont les moins qualifiés, c'est-à-dire les plus fragiles. Autrement dit, ce sont des politiques qui prétendent défendre les plus fragiles et qui en réalité les condamnent aux plus graves accidents qu'ils vont recevoir dans leur propre vie.
> Il y a un proverbe chinois qui dit « Quand le doigt montre la Lune, l'imbécile regarde le doigt ». Évidemment, présenté comme ça, c'est une mesure qui paraît banale dans la manière dont elle est présentée. Il faut voir ce que ça signifie. Est-ce qu'on a déjà nommé des binationaux dans des postes de responsabilité ? À ma connaissance, jamais. Alors il y a peut-être une exception ici ou là. Donc cette annonce, cette déclaration, elle ne vise pas les postes de responsabilité, elle vise à mettre dans l'esprit des Français que « binational », c'est un soupçon. J'ai des petits enfants belges. Ils sont belges parce qu'ils sont nés en Belgique et parce que leur papa est Français et leur maman est Belge. Faut-il qu'ils renoncent à l'une des 2 traditions culturelles d'enracinement que la vie leur a offert ? C'est scandaleux. Cette mise en cause, qui ne repose sur absolument rien dans la fonction publique, mais qui envoie des signaux aux plus irrités, aux plus éruptifs, à ceux qui soupçonnent qu'il y a derrière chaque visage un peu basané ou avec un accent qui vient d'ailleurs, des allégeances qui nuisent à la France, elle est faite pour faire apparaître ce genre de sentiment là. Pas du tout pour s'occuper de la haute fonction publique. Il n'y a jamais eu de nomination de binationaux dans la haute fonction publique. Et s'il y en avait, ce serait qu'on aurait vérifié la loyauté de ceux qui ont ainsi des racines dans des pays différents. Mais il y a beaucoup de gens en France qui ont des racines dans des pays différents et dans les autres pays européens des racines françaises. Ils veulent vivre la loyauté immense qu'ils doivent à leur pays, qu'ils aiment. On est en train de faire porter le soupçon sur des gens qui sont, pour notre pays, une richesse.
> La cohabitation est réglée par des institutions, par des textes, par une Constitution, par une pratique. On a vécu en France, j'ai vécu au gouvernement, des cohabitations. Il y a eu des cohabitations entre Chirac et Jospin. Il y a eu des cohabitations entre Mitterrand et Balladur et avant entre Mitterrand et Chirac. Les règles sont établies par la Constitution. C'est pourquoi l'attaque que Marine Le Pen a faite hier contre la responsabilité du président de la République dans l'ordre de la défense nationale, c'était évidemment avec l'idée de déstabiliser les institutions. Tout est écrit, tout est clair et la responsabilité du gouvernement, je ne sais pas quel pourrait être ce gouvernement, mais la responsabilité du gouvernement et la responsabilité du président de la République sont absolument établies par les textes. Et le respect de ces textes-là, c'est la sauvegarde du vivre-ensemble dont nous avons besoin en France. Peut-être qu’il pourrait y avoir des gouvernements d'une orientation différente. Ce que je souhaite, moi, c'est que le gouvernement de demain soit un gouvernement de rassemblement. C'est qu’on ait réussi à écarter le risque des 2 extrêmes et que des personnalités responsables, venus d'une tradition plus à gauche, d'une tradition plus à droite et du grand courant central, que ces personnalités puissent regarder en face les difficultés du pays et leurs propres engagements. Et qu’ils se regardent comme des responsables actifs et pas comme des spectateurs ou de ceux qui jettent de l'huile sur le feu.
> La Constitution, elle ne souffre pas de discussion. À l'article 15, il est indiqué, tout le monde peut sur Internet trouver le texte de la Constitution, que « Le président de la République est le chef des armées et le responsable de la défense », qu' « Il préside tous les comités de défense ». Et un peu plus haut, à l'article 13, il est marqué que c'est « Le président de la République qui nomme à tous les emplois civils et militaires de l'État » avec consultation du gouvernement. La responsabilité présidentielle, c'est le général De Gaulle qui l'a voulu comme ça, elle est la clé de voûte de notre démocratie et de notre manière de faire fonctionner les institutions civiques. La Ve République, elle est construite autour de ça pour échapper à la IVe République, dans laquelle, précisément, les conflits étaient de chaque heure et les gouvernements chutaient.
> [61% des Français
disent qu'ils redoutent des troubles à l'ordre public lors de ces législatives]
Je pense que c'est une inquiétude
légitime. Il suffit de regarder les écrans depuis des semaines, et peut-être
même avant, pour voir un degré de violence, de brutalité, le refus d'accepter
les situations institutionnelles, et même les textes constitutionnels. Tout
cela ouvre la voie ou en tout cas
permet de redouter des troubles qui mettraient en cause l'ordre public.
(…)
On parle souvent des Black blocs d'un
côté et on voit des groupes qui, de l'autre côté, sont aussi des groupes
violents et qui cultivent une violence aveugle. Bien sûr, il y a de quoi
redouter et c'est pourquoi il est très important de rechercher la stabilité de
nos institutions et de nos orientations politiques. Je plaide pour ce grand
bloc central, ce groupe central, uni autour des valeurs de la République et qui
est un pôle d'ordre, de stabilité et de bon fonctionnement des
institutions.
> Je pense que la
menace que représente l'extrême droite, le Rassemblement national et ses
alliés, et la menace que représente LFI et tous ceux qui gravitent autour de
cette proposition politique là, sont un danger pour la France dont j’ai la
certitude que nous ne nous remettrions pas sans accident et sans accident
durable. Parce que quand des orientations sont prises, et qui opposent les
Français entre eux, il faut des années après pour cicatriser. (…)
Ce sont des fractures graves, je me suis
moi-même beaucoup exprimé sur ces sujets. La fracture entre des courants, des
blocs, avec des brutalités dans les mots et des brutalités parfois dans les
gestes, qui ont été encouragés. Vous voyez combien l'Assemblée nationale
depuis 2 ans a été profondément déstabilisée au point de ne pas pouvoir
débattre. Donc tout cela, ce sont en effet des menaces. On vient d'en voir une
hier soir ou ce matin. (…)
Il faut mesurer que, quand il y a des
divisions, des fractures dans un pays, des affrontements, des brutalités, on a
un garde-fou. Et ce garde-fou, c'est la constitution de la Ve République. C'est
le général De Gaulle qui l'a écrite précisément pour échapper à ces
divisions-là. Et cette Constitution est d'une clarté biblique. Alors on va la
lire ensemble. C'est l'article 15
de la Constitution, « Le président de la République est le chef des
armées, il préside les conseils et les comités supérieurs de la défense
nationale » et un peu plus haut, à l'article 13 « Le président de la
République nomme, lui, aux emplois civils et militaires de l'État ».
Alors si vous prétendez, que celui qui
nomme aux emplois civils et militaires de l'État, celui qui préside les
conseils de défense, celui dont la Constitution dit en toutes lettres « Il
est le chef des armées », si vous prétendez que « ce n'est pas
vrai », que ce serait des « titres pour faire joli », alors vous
mettez en cause profondément la Constitution. Peut-être un très grand nombre
des électeurs de ce courant du Rassemblement national sont des électeurs qui
expriment un besoin d'ordre et de
sécurité, ça commence quand on respecte les institutions du pays et le texte
fondamental, la loi qui dépasse toutes les lois. Et si vous mettez en cause le
texte même de la Constitution, alors vous mettez en cause l'ordonnancement du
pays, l'ordre dans le pays, la manière que nous avons puisque c'est ça une
démocratie, de pouvoir vivre ensemble avec des opinions différentes, et même
divergentes, et même opposées, parce que nous avons une règle du jeu qui
s'impose à tout le monde. Je trouve que cette déclaration est extrêmement
grave.
> On croit que
c'est une élection nationale. Ce n’est pas une élection nationale, c'est une
élection qui aura des conséquences sur l'Europe et sur le monde. Vladimir
Poutine a 2 partis, qui sont, ou ont été, ses alliés quasiment officiels tout
au long du temps. Marine Le Pen, vous vous souvenez de ces photos dans la
datcha de Poutine ?
Mais Poutine a 2 porte-paroles dans cette
élection. Ces 2 porte-paroles ont la même intention, c'est-à-dire de désarmer,
d'enlever les moyens de pression que l'Europe et les alliés de l'Ukraine
peuvent avoir dans un affrontement qui est un affrontement qui a déstabilisé
l'Europe et le monde, qui n'avait pas été réalisé depuis Hitler. Un pays
puissant qui se jette sur son voisin pour l'annexer et en prendre le contrôle,
jamais ça, ça ne s'était fait. Et donc Poutine, il est en train d'ouvrir le
champagne à cette heure-ci. Il a fait livrer du champagne dans sa datcha et
dans son bureau. Comment en serait-il autrement ? Les 2 forces, qui depuis
le début, essayent d'empêcher l'Europe d'apporter son soutien à l'Ukraine sont
sur le point d'avoir en France des scores prépondérants. Comment voulez-vous
que l'image de la France ne soit pas profondément atteinte ?
> Il y a un débat ce soir je crois. Vous avez Trump d'un côté qui affirme haut et fort qu’avec lui, l'Ukraine ça sera fini. Vous avez les élections en France, déstabilisation de l'Europe. La conséquence mécanique de tout cela, c'est que nous allons donner un atout extraordinaire à celui qui a décidé de menacer la paix du monde par la force militaire.
> Il suffit
d’ouvrir les yeux depuis 2 ans sur ce qui s'est passé à l'Assemblée nationale.
Il suffit de voir les mots qui ont été utilisés. Il suffit de voir le sentiment
de ceux qui se sont retrouvés dans un affrontement musulmans et juifs, pas
seulement sous-entendu, mais autour duquel on multiplie les insinuations et les
excitations. On ne mesure pas ce qu’une grande partie des Français, c'est vrai
pour nos compatriotes juifs, ont le sentiment qu’est revenu le temps de la
stigmatisation et de l'antisémitisme. Et de l'autre côté, nos compatriotes
musulmans qui ont le sentiment qu'ils vont être ciblés. Et ceux qui
« n'ont pas la bonne couleur de peau ».
Je racontais hier, sur une autre chaîne,
l'histoire d'une jeune femme en pleurs parce qu’elle a adopté un petit garçon
venant de Haïti, à la peau noire et que tout d'un coup, elle s'est dit,
« mais ces questions de couleurs de peau reviennent, ces questions de
prénoms reviennent ».
Et ce sont des questions qui sont
cruellement blessantes pour un très grand nombre qui ressent une menace ;
qui se disent « Ça n'est plus le pays de paix et de concorde dans lequel
nous avons voulu vivre ».
Qui touche à un Juif, touche à la France,
qui touche à un musulman, touche à la France, qui touche à un chrétien, touche
à la France, qui touche à un agnostique ou à un athée, touche à la France. Nous
sommes le pays qui a fait de la concorde et de la compréhension mutuelle sa
charte même d'existence. Et nous serons nombreux pour empêcher que l'on remette
cela en cause. Et ça commence dimanche, par le choix du bulletin sur la table
de vote.
> La colère des Français existe et la prise de conscience aussi, et le sentiment qu’on va vers des risques considérables et le sentiment de beaucoup de Français que je ressens qu'ils ne veulent pas être obligés de choisir entre le pire et le pire. Qu'il y a du pire des 2 côtés et que ces pires-là, il faut les conjurer, il faut les écarter par un engagement qui durera jusqu'à dimanche, et qui je crois, peut faire bouger les choses, qui doit faire bouger les choses. Autrement, probablement, nous risquons de nous trouver devant de très graves difficultés. Pas probablement, certainement. Et ces très graves difficultés, qui les paiera ? Les plus fragiles d'entre nous.
> Ça ne sert à rien d'avoir raison. C'est satisfaisant pour soi-même. Ça vous donne au fond la certitude, qui est une consolation parfois, que votre boussole est plutôt juste. Ce n’est pas le seul sujet sur lequel on a pu faire ce constat. Mais celui-là, est un sujet absolument central. J'ai expliqué plusieurs fois dans des émissions que le scrutin, la loi électorale proportionnelle, c'est un garde-fou contre les extrêmes. Le scrutin majoritaire, c'est un amplificateur de vagues. Et c'est ce qui est constaté depuis qu'on s'intéresse à cette question. J'ai souvent la sensation en France qu'il y a une case qui manque chez les décideurs politiques et chez les citoyens, ils ne savent pas que les causes ont des conséquences. On croit toujours qu'on va pouvoir faire de la magie. Et moi je pense que c'est une humilité nécessaire que de comprendre que toutes les démocraties européennes, sauf nous, ont décidé précisément pour éviter ce genre de risque, d'avoir un scrutin qui permet une représentation juste de tous les courants, donc une possibilité des courants modérés, inquiets sur des dérives, d'empêcher que tous les pouvoirs tombent entre les mêmes mains.
> Ma conviction profonde c’est qu’il faudra, si on veut que la France retrouve l'équilibre, que se réunissent, que se rassemblent des volontés politiques qui apprendront à se respecter et à se comprendre mutuellement. Et vous voyez bien qu’aujourd'hui il y a un très grand nombre de Français qui dit, « Mais pourquoi vous n’avez pas fait ça avant ? ». Ils ont parfaitement raison de poser la question. Parce que notre système politique, les acteurs et les commentateurs, privilégient toujours le plus engagé, radical, brutal. Vous savez, j'avais autrefois édité une maxime, qui avait fait rire de manière un peu mal intentionnée, j'avais dit « Les partis se tiennent par leur noyau dur ». Pour moi, c'est une loi.
> Il se passe des choses dans les consciences aujourd'hui, je le crois. En tout cas, je pense qu’un grand nombre de Français commence à mesurer les risques que nous sommes en train de prendre. Je ne parle pas seulement des risques économiques.
> Je suis
exactement sur la même position qu'ont exprimée une trentaine de responsables
politiques de gauche très, très importants, Bernard Cazeneuve, Manuel Valls,
Julien Dray qui est de dire en une phrase, « Nous ne voterons ni pour un
candidat du Rassemblement national, ni pour un candidat LFI ».
LFI. Pourquoi je fais la différence ?
Mais peut-être faudrait-il aussi se poser la question de savoir pourquoi des
forces politiques que je considère comme républicaines sont allées s'installer
sous la coupe et sous le joug d'une extrême gauche très radicale, très brutale
et très violente dans ses expressions et dans ses attitudes. Un grand nombre de
Français vit douloureusement les mises en cause, les injures d'ordre raciste.
J'étais à Pau hier matin, un homme est venu me voir, pour me dire, « Merci
de tout ce que vous faites ». Et il m'a dit « Je ne dis pas ça parce
que politiquement je suis d'accord avec vous. Vous savez comment je m'appelle
? » dit-il, et il me dit un nom juif absolument caractérisé et
caractéristique. Et il vivait dans la crainte que des 2 côtés, ces questions
reviennent au centre des relations personnelles, des cours de récréation. Un de
mes amis a rencontré une jeune femme qui pleurait. Et il lui dit
« Pourquoi pleurez-vous ? ». Elle dit, « J'ai adopté un petit
garçon haïtien, et je me dis depuis quelques semaines, comment va être sa
vie si on recommence à regarder la couleur de la peau ? ». Alors ce n’est pas
de l'économie, c'est pire ! C'est plus profond et c'est plus grave parce
que ça touche aux relations personnelles, aux relations de palier. Vous avez vu
sur les réseaux sociaux cette scène des voisins qui insultent une jeune femme
soignante ? Et donc c'est d'une violence inouïe.
> Je considère que d'avoir accepté de donner beaucoup plus de circonscriptions, c'est-à-dire un poids prépondérant à ce mouvement-là, 39%, ça justifie l'appel que les responsables que je citais, Bernard Cazeneuve, Valls et cetera ont lancé. Ce n’est pas le ni/ni. Ce n’est ni le RN, ni la France insoumise.
> Vous voyez bien le piège un peu politicien qui se tend dans cette affaire. Parce que ça veut dire que si vous commentez en donnant des consignes le mercredi soir, pour une élection qui aura lieu dimanche, ça veut dire que vous acceptez la défaite, et moi je n'accepte pas la défaite. Je ne crois pas que nous soyons sans ressources et sans recours en face de dérives qui sont, je pense, la négation de ce que nous avons construit en France depuis 2 siècles, c'est la négation de tout ça. Alors vous me dites, « Est ce que finalement vous ne pourriez pas à l'avance nous signer un papier en disant que vous avez perdu ? ». Non. Je signe toutes les déclarations de volonté d'intention, de mobilisation. C'est ça qui m'importe. Je ne crois pas que la France en soit réduite à ce choix-là. Et peut-être pourrais-je ajouter à l'intention de ces forces qui se drapent de vertu, qu'il serait temps qu'elles se distancient, elles, de ce que la France Insoumise a introduit dans le débat national, de cette peur, de cette crainte et de ce retour des affrontements tribaux entre eux.
> [LFI et RN] Alors je ne mets pas au même plan, je ne mets pas de signe égal. Je dis que le risque que porte l'un et l'autre, exactement comme Bernard Cazeneuve le dit, ce risque-là est nuisible, je crois également mortel, pour une certaine idée que nous nous faisons de la France.
> Comment se fait
le financement des retraites aujourd'hui ? Je l'ai montré dans une analyse du
Plan. Comment se fait le financement des retraites ? Il se fait par les
cotisations salariales, par les cotisations patronales, par les cotisations
normales payées par l'État pour les fonctionnaires, et ensuite, dans l’objectif
de trouver l'équilibre : 30 ou 40 milliards d'euros d'argent public qui sont
payés ou ajoutés par l'État au bilan des retraites. Et ces 30 ou 40 milliards
d'euros, si nous les avions, ça pourrait se discuter, ça serait juste. Nous
n'en avons pas le premier euro, on l'emprunte. Et donc ça a une signification
extrêmement précise, c'est que les retraites que touchent les pensionnés
aujourd'hui, tous les mois, ces retraites-là, elles sont payées par leurs
enfants bientôt, et leurs petits-enfants un jour.
Aucune famille n’accepterait de mettre à contribution ses enfants quand ils
travailleront, quand ils gagneront de l'argent, qu'ils auront leur propre
charge à assumer de faire en sorte que ce soient eux qui payent ce qu'on a
aujourd'hui. Je trouve ce système immoral. Je trouve ce système inacceptable.
On ne devrait pas oser quand on tient des propos comme ceux qu'on vient
d'entendre, regarder ces enfants dans les yeux. Parce que, mine de rien, on
charge leur sac à dos des retraites d'aujourd'hui. Et ceci a été
maintenant reconnu par le COR comme chacun sait. Pour moi, c'est une
condamnation. Il ne s'agit pas de solidarité, il ne s'agit pas de fraternité.
Il s'agit de l'inconscience et de l'immoralité de générations qui laissent à
leurs enfants la charge qu'ils n'assument pas eux-mêmes.