mercredi 19 juin 2024

L’Humeur du Centriste. Législatives – Bayrou profite du moment pour se poser encore en recours


L’ambition personnelle éléphantesque et l’hubris effrénée sont peut-être des maladies qui touchent nombre de ceux qui font de la politique.

En tout cas, elles peuvent être diagnostiquées sans trop se tromper chez François Bayrou.

Oui, le constat qu’il pose sur la crise politique actuelle, voire de société, est assez juste et ses efforts de mobilisation contre les extrêmes sont louables et responsables.

Mais, immédiatement resurgit le «moi, je».

Et voilà donc le président du MoDem et fantomatique haut-commissaire au Plan qui nous indique qu’il est prêt, après les élections, à cette «union nationale» dont il rêve depuis des années et dans laquelle il se verrait bien tenir les premiers rôles.

Au quotidien Le Figaro, il confie qu’il est du côté des «fédérateurs» et qu’il fait partie de ceux qui veulent «rassembler» et pas de ceux qui veulent «diviser» tout en espérant dans le «dépassement» droite-gauche, c’est d’ailleurs pourquoi il parle «avec tout le monde».

Et ce n’est pas nouveau tant le Béarnais s’est dit disponible au cours de ces dernières années pour être le hérault de la réconciliation nationale en jouant parfois contre son camp comme en 2007 où il ne voulait plus qu’on l’appelle «centriste»...

Sauf que les Français ne manifestent guère une envie de Bayrou comme le montrent les sondages notamment ceux en vue de la prochaine présidentielle de 2027.

Qu’il soit donc le messie ou tout au moins l’homme providentiel attendu par tout un pays ne semble guère être partagé par ses concitoyens.

C’est ça, le problème avec François Bayrou, c’est qu’on a la désagréable impression qu’il attend avec gourmandise chaque crise de la démocratie républicaine, chaque jacquerie populaire et populiste, chaque menace sur la stabilité mondiale pour venir offrir ses services dans l’espoir qu’ils seront un jour, sinon plébiscités, tout au moins acceptés.

D’où un certain malaise à se dire qu’en réalité, ce n’est plus que cette attente qui le motive et la possible récompense à laquelle il semble bien seul à souhaiter.

Centristement votre.

Le Centriste

 

 

La Chronique de Jean-Louis Pommery. Législatives – Oui Macron fait un pari mais comme en font tous les autres politiques


En provoquant des législatives anticipées Emmanuel Macron peut permettre – ou pas – au RN d’accéder à Matignon.

Si tel est le cas, il pense que l’extrême-droite se déconsidèrera assez pour ne pas être capable de gagner les présidentielles de 2027.

C’est un pari.

Il est risqué.

Mais quid du pari des politiques qui fustigent cette décision soi-disant «insensée» dont les médias «oublient» de nous parler pour n’évoquer que l’«irresponsabilité» d’un Président de la république qui a perdu les pédales.

Ce pari de ne pas provoquer d’élections après la large victoire du RN aux européennes et la troisième place du camp présidentiel, de continuer à gouverner comme avant – c’est-à-dire sans majorité absolue et sous la menace constante d’une motion de censure au motif politicien – tout en laissant ainsi le parti d’extrême-droite prospérer dans l’opposition avec l’aide de la stratégie du chaos de LFI, de le laisser continuer à monter dans les sondages et faire en sorte que Marine Le Pen remporte haut la main des présidentielles de 2027 tout en espérant qu’un événement quelconque mettra à mal ce scénario…

Comme de croire qu’une personnalité providentielle – à l’instar de 2017 avec Macron – émergera certainement dans les trois ans et sera capable de barrer la route à l’extrême-droite.

Ou d’espérer que les Français qui soutiennent le RN, tout d’un coup, sans raison, estime qu’il font une erreur et une folie et qu’ils se détournent de cette formation pour s’en aller voter pour la Gauche, le Centre ou la Droite.

Ce pari est aussi «fou» que celui qu’a pris Emmanuel Macron mais encore moins gagnable.

Lui, a choisi de ne pas être dans l’attente d’un miracle mais de provoquer un sursaut démocratique en mettant, non pas le RN, mais les Français devant leurs responsabilités.

Et s’ils votent majoritairement pour le RN et lui donnent la majorité absolue à l’Assemblée (condition posée par Bardella pour accepter Matignon), eh bien, ils auront un gouvernement d’extrême-droite.

Et ils en paieront le prix au pire jusqu’au printemps 2027 (Macron pouvant dissoudre à nouveau l’Assemblée avant cette date).

Mais le Président de la république estime, à raison que ce prix sera moins élevé que l’élection de Le Pen à l’Elysée.

D’autant que le RN et le pâle Bardella seront sous le contrôle que l’on peut prévoir strict et sans concession d’Emmanuel Macron pour que les choses ne dérapent pas complètement.

Oui, Emmanuel Macron fait un pari mais il n’a rien de celui venant d’un homme dérangé ou aux aboies.

C’est même le contraire.