Voici une sélection,
ce 22 mai 2024, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou
sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la République)
> Nous avons changé la structure de ces dépenses pour privilégier
les dépenses d’investissement plutôt que les dépenses courantes, les dépenses
préventives plutôt que curatives, et beaucoup baissé les impôts. Et parce que
nous avons fait face aux crises en protégeant les Français au moment du Covid
et de la guerre en Ukraine. En résumé, nous avons baissé les impôts, investi
dans nos services publics et su faire face aux crises. Quelle est la stratégie
menée depuis le début, avec cohérence et constance, qui nous a permis de faire
cela ? Pour la première fois depuis des décennies, la France a une politique
d’offre destinée à remuscler notre appareil productif, une politique stable, et
elle n’en a jamais changé depuis sept ans, quelles que soient les crises géopolitiques,
la pandémie ou les tensions politiques. Nous n’en avons pas changé, alors qu’il
y avait jusqu’ici, et constamment, du yo-yo, ce qui a restauré la crédibilité
de la France.
Notre politique a été de baisser le déficit public et les impôts en même temps,
en 2018 et en 2019, jusqu’à la crise des gilets jaunes. Politique qui nous a
permis de sortir du déficit public excessif et de faire de la consolidation
budgétaire sans augmenter les impôts, soit l’inverse de ce qui avait été fait
précédemment. Nous avons tenu cette ligne, ce qui fait que, sur le plan de la
fiscalité, nous avons un bilan inédit : 60 milliards d’euros d’impôts en moins,
30 sur les ménages, 30 sur les entreprises. Avec une efficacité qui se poursuit
puisque aujourd’hui les recettes fiscales sont meilleures avec un impôt sur les
sociétés à 25 %, contre 33 % précédemment. Il en est de même pour la fiscalité
du capital depuis l’instauration de la flat tax.
Par la suite, nous avons baissé les impôts plus vite que les dépenses, en
réponse à la crise des gilets jaunes. Et deux grandes crises sont venues
impacter nos finances publiques : le covid19, avec le «quoi qu’il en coûte», où
nous avons en effet décidé d’investir massivement en soutien de l’économie et
des ménages, comme l’on fait tous les Européens, et la guerre en Ukraine et ses
conséquences sur les prix de l’énergie. A l’instar de nos principaux
compétiteurs, nous avons accumulé une dette Covid, puis une dette de protection
face à la guerre en Ukraine et à l’inflation, avec notamment le bouclier
énergie et le soutien aux ménages les plus fragiles, qui ont protégé le pouvoir
d’achat des Français. Je défends cette politique. Elle était nécessaire parce
que la France est un pays qui, lorsqu’il détruit du capital productif, le
répare beaucoup plus lentement que ses voisins.
Cette protection nous a à l’inverse permis de repartir rapidement. Et durant
toute cette période, les réformes économiques en profondeur ont continué, en
particulier en matière de réindustrialisation et de travail, et grâce à ces
réformes notre économie croît, ce qui a un impact positif sur les finances
publiques. La réforme de l’assurance-chômage de 2019, dont l’évaluation vient
de montrer qu’elle était positive et qu’elle avait permis de générer des
économies et des emplois, en est une illustration. Celle des retraites, l’année
dernière, qui était indispensable et génère en année courante 15 milliards
d’euros. Et une nouvelle réforme de l’assurance-chômage, qui sera annoncée dans
quelques jours et qui va nous permettre encore de renforcer les incitations au travail
dans notre pays. (…)
Que s’est-il passé en fin d’année dernière ? Un ralentissement très fort de
notre croissance, parce que les ralentissements allemand puis italien ont
impacté l’économie française. Ce qui a conduit à une chute brutale des recettes
fiscales. Hormis une dérive des dépenses initialement prévues qui est du fait
des collectivités locales, il n’y a pas de dérapage de la dépense de l’Etat,
son budget est même plutôt sous-consommé.
Est-ce qu’il fallait changer de politique ? La réponse est non. Constance,
cohérence, confiance : on garde le cap, car notre stratégie est la bonne. Nous
avons réagi tout de suite par deux séries d’économies, 10 milliards pour l’Etat
dès la fin de l’hiver, puis encore 10 milliards comme cela a été annoncé pour
absorber ce choc. Nos finances publiques sont plus dégradées qu’avant le covid19,
comme tous nos voisins, mais on va garder la même politique avec pour objectif,
dans les années qui viennent, de pouvoir reprendre la baisse du déficit,
revenir sous les 3 % comme prévu au niveau européen d’ici à 2027 et commencer à
réduire la dette. Mais, quand on prend du recul, sur quarante ans, à quoi est
dû le problème français des finances publiques ? Deux raisons principales. Une
explosion des politiques sociales, qui représentent près de 60 % de la dépense
publique. On y a répondu à côté, en réduisant toujours davantage les dépenses
de l’Etat et sur la fonction productive, ce qui a, pour l’Etat, conduit à moins
bien payer les fonctionnaires et donc à affaiblir l’école, la justice, la
sécurité, la santé. Ensuite, un niveau d’activité et de travail insuffisant
avec une désindustrialisation massive, de sorte que la France a été incapable
pendant des décennies de réduire son chômage de masse.
Avec les réformes des retraites et de l’assurance-chômage, la création de
France Travail, la refonte des politiques de formation, du lycée professionnel
à la formation professionnelle, la politique de réindustrialisation,
l’investissement dans l’innovation, la relance du programme nucléaire d’investissement
et l’ensemble des mesures fiscales, l’objectif est de rehausser le taux
d’activité et de baisser le taux de chômage, tout en réduisant nos politiques
de transfert. C’est ça, la bonne politique.
> Je note qu’en 2023, et même au premier trimestre 2024,
nous avons continué à créer de l’emploi productif, ce qui déjoue les théories
selon lesquelles il faudrait au moins 1 ou 2 % de croissance pour commencer à
créer des emplois. Je relève aussi que le taux d’activité continue d’augmenter
et a atteint un nouveau record ce mois-ci, ce qui veut dire que notre potentiel
économique augmente. Si on avait suivi les règles de fonctionnement classiques
de l’économie française des dernières décennies, nous aurions dû, vu le niveau
de croissance fin 2023 et début 2024, détruire de l’emploi productif. Or on a
continué à en créer. Nous avons transformé le modèle productif du pays, y
compris dans l’industrie, et nous avons même mis fin au chômage de masse.
Constance, cohérence, confiance et croissance ! Sur le plan de la croissance,
on devrait avoir un deuxième semestre 2024 bien meilleur. L’inflation, par
ailleurs, a atterri de manière très rapide, beaucoup plus rapide que par le
passé. Cela a été très éprouvant pour les Français, mais nous revenons à des
étiages normaux. Et ce, sans entrer en récession contrairement à certains de
nos voisins, mais leur ralentissement nous a affectés à la fin de l’année
dernière. Sur 2025 et 2026, le taux de croissance devrait être bien meilleur.
Nous vivons dans un monde instable, mais je pense qu’entre la pandémie, la guerre
et l’inflation nous avons passé le plus dur. On sort de cette période en ayant
très bien résisté et surtout montré notre grande constance. Et précisément
parce que notre taux d’activité est encore inférieur à celui de nos grands
voisins et notre taux de chômage plus élevé, nous avons encore des marges de
progrès pour produire et créer plus de richesses. Pourquoi sommes-nous encore
cette année – et pour la cinquième fois consécutive – le pays le plus attractif
d’Europe pour les investissements étrangers ? Parce que, si vous ne changez pas
de cap au gré des crises, les investisseurs se disent : voilà des gens fiables.
Ce que la France n’était plus ces dernières décennies. Dès qu’il y avait un
coup de grisou politique, on augmentait tout de suite les impôts. Je suis très
confiant sur le fait que nous allons dans la bonne direction sur le plan
conjoncturel. Et qu’il faut continuer les réformes.
Quel pays en Europe a fait une réforme des retraites l’année dernière dans le
contexte ? Aucun. Mais on a fait le bon choix, parce que c’est celui qui
produit du résultat dans la durée. Pas seulement sur les finances publiques
mais d’abord sur l’activité. C’est aussi pour cela que j’ai voulu qu’on mette
tout de suite en place la deuxième étape de la réforme de l’assurance-chômage,
qui sera présentée très prochainement par la ministre du Travail. Cette réforme
va renforcer l’efficacité de notre système d’indemnisation et les incitations
au travail. On agit au bon moment du cycle, parce que c’est lorsque la
croissance s’apprête à repartir qu’il faut préparer les conditions du
durcissement de l’assurance-chômage. Notre pays indemnisait trop rapidement
(c’est-à-dire après une faible durée de cotisation), trop longtemps et parfois
trop certains publics, ce qui n’incitait pas à la reprise d’activité. En outre,
on ne formait pas assez les demandeurs d’emploi. Parallèlement, la création de
France Travail nous a permis de mettre beaucoup plus d’argent dans leur
accompagnement, en faveur de la qualification et, en même temps, de déployer une
politique d’incitation au retour à l’emploi pour éviter les effets d’aubaine.
C’est bon pour l’économie. C’est aussi une mesure sociale, car, comme je l’ai
toujours dit, le travail est pour nous un moyen d’intégration et d’émancipation
dans la société.
L’effet de nos mesures sur l’apprentissage continue, enfin, de monter. Elles
seront complétées par la réforme du lycée professionnel et celle du premier
cycle universitaire, qui donnera aux étudiants beaucoup plus de visibilité sur
leurs débouchés. Cette stratégie d’ensemble vise à former dans les domaines qui
embauchent, à réformer le marché du travail, pour réduire le chômage et
accroître le taux d’activité. Elle ne doit pas nous dispenser, en parallèle, de
faire des économies. C’est ce que je veux faire en responsabilisant davantage
sur les dépenses de santé. En continuant de simplifier les relations avec les
collectivités et en gagnant en efficacité au sein de l’Etat, avec plus de
numérisation, d’intelligence artificielle et, après le prélèvement à la source,
le versement à la source.
> L’objectif est le plein emploi. Je pense que l’on y
arrivera dans les prochaines années, même si cela dépend des effets de cycle et
des variations entre territoires. Il faut encourager la mobilité entre les
régions. En Vendée, en Normandie, en Bretagne, certaines zones sont aujourd’hui
à moins de 4 % de chômage. D’autres, comme certains quartiers pauvres de
métropoles, ou dans cette France désindustrialisée, sont entre 8 et 10 %. Il ne
faut pas croire qu’un salarié de l’automobile qui a subi le choc de la
désindustrialisation à Aulnay peut facilement travailler demain à Dunkerque
dans une usine de batteries. C’est beaucoup plus courant aux Etats-Unis ou dans
d’autres pays européens qui ont cette tradition. En France, un ménage qui a
emprunté pour acheter son pavillon à côté de son emploi, et qui l’a perdu au
moment d’un choc industriel il y a dix ans, a beaucoup plus de mal à bouger, et
c’est bien normal : il faut donc lever les freins, peu à peu. Cela demande de
la persévérance.
> [Réduire de 2 milliards d’euros les impôts des classes
moyennes en 2025] Oui, il faut tenir [cet objectif], parce que c’est un
accélérateur d’économies. Quand on permet à nos compatriotes qui travaillent de
mieux vivre de leur travail, cet argent rendu aux Français est dépensé,
consommé. On le retrouve dans l’économie. Il n’est pas mis de côté. Ils
l’utilisent pour faire davantage d’activités, accéder à un logement, avoir une
vie meilleure. C’est une très bonne chose.
On a mis en place, ces dernières décennies, des politiques sociales – il
fallait le faire et il faut le faire – qui ont essayé de compenser la
désindustrialisation, mais qui ont coûté de plus en plus cher à la nation. La
charge a pesé sur les entreprises et les classes moyennes, et l’écart entre la
non-activité et l’activité s’est réduit. Une partie de la France s’est
smicardisée, parce que la dynamique du smic, légèrement supérieure à
l’inflation, a complètement comprimé la courbe des salaires. Il s’agit d’un
vrai problème français : nous sommes sans doute l’un des pays au monde où
l’écart entre le salaire minimum et le salaire médian est le plus faible, ce
qui fait que l’incitation à progresser dans une carrière ou à se former est
très faible. Ce n’est pas du tout une bonne chose. En même temps qu’on remet
les gens au travail par notre politique de formation, d’incitation, de
réindustrialisation et d’accroissement de l’offre, il faut développer une
politique de dynamique salariale. Elle passe, évidemment, par les entreprises.
C’est ce que j’ai fait avec l’ouverture de l’intéressement et de la
participation – une révolution silencieuse –, qui n’ont jamais autant augmenté
que ces dernières années. Dans les branches des entreprises, cette dynamique
doit jouer à plein, pour encourager les progressions de carrière et rendre plus
d’argent.
> Nous ne sommes pas encore sortis du covid19 et beaucoup
de chaînes de production ne tournent pas au même rythme qu’avant la pandémie.
La réorganisation de ces chaînes est en train de se faire, mais c’est un
élément qui, je dirais, est connexe à la désindustrialisation.
Le deuxième point est lié aux singularités de notre économie. En accroissant le
retour à l’emploi, on fait revenir des gens qui ont moins de productivité,
c’est un fait. La France était jadis un des pays les plus productifs du monde,
parce qu’elle était un de ceux qui avaient le taux d’activité parmi les plus
faibles et le chômage le plus important. Autrement dit, comme bien moins de
Français travaillaient et qu’ils travaillaient moins longtemps, la production
par habitant était bien plus élevée et, à mesure que l’activité augmente et que
le chômage baisse, notre productivité se normalise. Statistiquement, plus on va
faire revenir vers le travail – dans l’industrie, les services ou l’agriculture
– des gens qui étaient loin de l’emploi, plus on aura une productivité dégradée
pendant un temps. Ce n’est pas grave, je ne suis pas obsédé par ça.
Troisième élément, je suis très confiant sur l’impact de notre
réindustrialisation, qui va augmenter notre productivité, et sur l’apport de
l’intelligence artificielle. Les premiers chiffres le montrent : si l’IA est
une révolution, c’est d’abord pour la productivité. Nous étions le pays
d’Europe le plus hostile à la robotisation. Or, dans un pays où, compte tenu du
modèle social, le travail à un certain coût, vous ne pouvez pas
réindustrialiser si vous ne robotisez pas. Nous avons rattrapé ce retard en robotisant
massivement grâce au plan de relance et au plan France 2030. Nous sommes en
train d’accomplir deux virages intellectuel et doctrinal chez les décideurs,
mais aussi dans la population : on ne réindustrialise pas s’il n’y a pas une
politique incitative fiscale qu’il faut assumer ; et on ne réindustrialise pas
si on ne robotise et ne digitalise pas, parce que c’est ainsi qu’on gagne
justement de la productivité et qu’on compense une partie du fait que le coût
de la main-d’œuvre est plus élevé chez nous que dans les pays à très bas coût.
> Choose France, dont c’était la septième édition, a été
un grand succès et, avec 15 milliards d’euros d’investissements annoncés et 10
000 emplois créés, a atteint un record. Mais, en parallèle, il existe une
véritable politique de réindustrialisation et d’investissement de nos
entreprises. Je l’ai rappelé à Versailles : Blue Solutions, une filiale du
groupe Bolloré, va construire une grande usine de batteries dans l’Est. Et
Sanofi va investir 1 milliard d’euros à Vitry-sur-Seine. Au-delà de ça, je vous
annonce que dix nouvelles usines vont sortir de terre dans les prochains mois,
partout, de Fos à Bourges. Ce sont des investissements de start-up, de PME et
d’ETI françaises. C’est un exemple de la réindustrialisation par l’innovation
que nous portons avec France 2030. De l’acier décarboné, des composites, ou
encore des moteurs pour satellites qui seront demain produits en France.
Et pour célébrer cette dynamique, mais aussi celle de toutes les ETI et PME de
nos territoires, nous allons organiser un sommet Choose France dédié aux
entreprises françaises, pour répondre à leurs vœux et pour mieux valoriser ce
choix du site productif France par les acteurs français, qu’il s’agisse de PME
ou de grands groupes.
> L’Allemagne est sans doute aujourd’hui un des pays
européens dont le modèle économique, fait de dépendances multiples à la Russie,
à la Chine et aux Etats-Unis, est le plus bousculé. Pourquoi ? Parce que son
économie dépendait beaucoup plus que la nôtre d’une énergie bon marché qui
venait de Russie : c’est terminé. Son secteur automobile et son hinterland, qui
s’étend en Europe de l’Est et centrale, dépendent des chaînes de valeur
mondialisées, ils ressortent de la crise Covid affaiblis et doivent se réorienter.
Son principal marché à l’export, la Chine, est lui-même en surcapacité. Enfin
son ombrelle géopolitique américaine, qui était donnée pour certaine, ne l’est
plus. Donc, l’Allemagne repense profondément son modèle, car plusieurs de ses
secteurs économiques sont en train de souffrir. La chimie, pour n’en citer
qu’un, à cause du coût de l’énergie. Notre devoir est de redoubler d’engagement
avec l’Allemagne, pour inventer ensemble ce nouveau modèle et prendre des
initiatives audacieuses. Exactement comme nous l’avons fait en 2020, avec la
chancelière Merkel, où, quelques mois après le début du Covid, nous avions pris
une position, considérée jusque-là comme impensable : un endettement commun. Ce
qui nous a permis ensuite de décider ensemble, entre Européens, dès juillet
2020, du plan de relance de 750 milliards d’euros.
J’appelle à un nouveau paradigme économique, à un nouveau modèle de croissance,
et c’est là-dessus que je vais essayer de convaincre les Allemands. Quel est-il
? Le continent européen a beaucoup de forces : c’est un des plus gros marchés
domestiques – 450 millions d’habitants, donc de consommateurs. Il a des
préférences collectives et des valeurs assez homogènes. Il est en train de se
réveiller géopolitiquement. Mais il reste un des marchés les plus ouverts du
monde, le seul qui respecte encore les règles de l’OMC, alors même que la Chine
et les Etats-Unis en sortent. Et il est encore trop fragmenté, avec une
politique monétaire et budgétaire commune beaucoup trop faible. Sa politique de
financement privé est totalement inopérante et son énergie, non compétitive. En
revanche, il a su se doter d’une stratégie sur la décarbonation pertinente, que
n’ont pas les autres.
Face à ces avantages et désavantages, nous devons clarifier notre agenda autour
de quelques piliers pour bâtir un nouveau paradigme de croissance. Premier
pilier : assumer d’être les leaders d’une réindustrialisation décarbonée. Nous
avons des points de passage – 2030, 2040, 2050 – pour décarboner que n’ont pas
les Américains ni les Chinois. Cela donne une visibilité au marché. A présent,
il faut accélérer les investissements publics et privés pour accompagner ce
mouvement. En France, nous sommes, avec notamment France 2030, en train de
décarboner des ports ou des cimenteries. On crée de l’emploi industriel, tout
en baissant nos émissions de CO2. Voilà ce qu’il faut faire au niveau européen.
C’est un enjeu de souveraineté pour l’avenir.
Deuxième pilier : une vraie doctrine de sécurité économique. Il faut assumer
une politique industrielle avec une préférence européenne, assortie d’achats
européens, dans les secteurs clés : notamment les cleantech, la défense et le
spatial. Toutes les autres puissances le font. N’essayons pas d’être les
premiers d’une classe dont nous finissons par être les seuls élèves. Il est
donc temps de sortir de notre naïveté autour de la concurrence ouverte ! La
France et l’Allemagne se sont lancées dès 2017 dans l’hydrogène et les
batteries. Or, aujourd’hui, les Américains se révèlent plus efficaces, parce
qu’avec l’IRA, l’Inflation Reduction Act, ils disposent d’un crédit d’impôt
beaucoup plus simple et lisible que chez nous. Il nous faut aussi une politique
commune sur les blocs technologiques – le quantique, l’intelligence
artificielle, les biotechnologies, les nouvelles énergies – que nous voulons
vraiment maintenir ou relocaliser.
Le troisième pilier concerne la politique commerciale. Je le disais, l’Europe
est le continent le plus ouvert, mais nous n’avons pas intégré le fait que les
deux premières puissances mondiales avaient mis en place des mesures de
protectionnisme. Je l’ai pointé dès le début, mais ça n’a pas été assez suivi
d’effets : l’IRA est une vraie révolution géopolitique. Soyons lucides : nous
devons mieux protéger nos investissements existants et notre marché dans le
commerce mondial, car on ne va tout de même pas investir massivement avec
l’argent du contribuable dans des nouvelles technologies en recourant à des
importations venues de Chine au péril de nos entreprises et de nos emplois.
Comment ? Par de la réciprocité. On veut le même niveau de jeu, pour reprendre la
formule américaine. La solution, ce sont les fameuses clauses et mesures
miroirs : si on demande des efforts à nos producteurs, on doit pouvoir réclamer
à ceux qui importent en Europe les mêmes efforts. D’où le soutien que nous
apportons aux enquêtes menées par la Commission européenne sur les véhicules
électriques chinois. Quand un pays subventionne massivement ses véhicules, il
faut des compensations, sinon nous allons subir ses surcapacités.
C’est un vrai test de crédibilité ! Celui que l’Europe a raté sur les panneaux
photovoltaïques il y a quinze ou vingt ans, et qui fait qu’on a totalement
désindustrialisé ce secteur. Il n’y a pas de décarbonation possible avec la
réindustrialisation s’il n’y a pas une politique commerciale qui protège nos
intérêts. C’est là un pilier essentiel de cette stratégie, de ce reset
économique. Quatrième pilier de ce nouveau paradigme économique :
l’approfondissement du marché unique, en visant notamment les trois secteurs
qui avaient été écartés de celui-ci (l’énergie, les télécommunications et la
finance) et le renforcement de nos investissements en recherche et innovation.
Le cinquième pilier, c’est le choc d’investissement auquel nous faisons face et
qui est inédit dans notre histoire. Il s’explique d’abord par le contexte
géopolitique : pour nous protéger en tant qu’Européens, notre budget d’armement
et d’équipements militaires doit augmenter. C’est une course, et elle se
déroule maintenant. Il y a aussi la transition climatique : adapter nos
économies et décarboner ne se fera pas uniquement avec de la réglementation. Il
faut accompagner les ménages et les industries. On parle là de plusieurs
dizaines de milliards d’euros par an pour chaque pays européen. Enfin, la
transition numérique. L’IA et le quantique nécessitent également des
investissements colossaux. Ces technologies sont de plus en plus
capitalistiques, et l’allocation des facteurs de production s’effectue en ce
moment.
> L’Europe a une politique monétaire qui n’intègre que
l’inflation. Nous devons rouvrir notre politique monétaire et lui faire
intégrer des objectifs de croissance, voire de décarbonation. C’est le débat
fondamental que j’ai lancé lors de mon discours sur l’Europe à la Sorbonne, le
25 avril. Il faut piloter l’Europe différemment : on ne peut pas rester avec
une cible d’inflation définie dans les années 1990 dans un monde
structurellement plus inflationniste.
Deuxième élément, nous devons muscler la capacité d’action financière à
l’échelle de l’Union. Le budget européen reste beaucoup trop faible à lui seul.
Ouvrons un vrai débat pour envisager comment investir en Européens. Jusqu’à
présent, la Commission se limite à concéder des flexibilités nationales, via
les aides d’Etat. Il s’agit une réponse de court terme, souvent mauvaise, parce
qu’elle fragmente le marché et ne donne, en quelque sorte, la capacité à
accompagner cette transition qu’à ceux qui ont de gros budgets. Les Français
comme les Allemands peuvent s’en sortir. Mais on casse l’Europe en faisant ça !
Il faut donc, au niveau européen, doubler la capacité financière d’action
commune. Est-ce que ça passe par un endettement commun ? Par le mécanisme européen
de stabilité, inventé en 2012, pendant la crise des dettes souveraines mais
sous-utilisé aujourd’hui ? Par davantage de mobilisation de la Banque
européenne d’investissement ? Je ne veux pas préempter le débat, mais il faut
l’avoir !
Le dernier point concerne le financement privé. Je crois qu’il y a ici une
vraie convergence franco-allemande, sur laquelle je voudrais avancer au plus
vite. Nous voulons réaliser une véritable union de l’épargne et de
l’investissement. Les trois quarts du financement de nos économies privées
passent par les banques et les assureurs, là où, aux Etats-Unis et dans le
monde anglo-saxon, les trois quarts passent par le marché. C’est beaucoup plus
désintermédié. A la sortie de la crise financière de 2008, l’Europe a surrégulé
les banques, avec les normes Bâle et Solvabilité. Le monde anglo-saxon, d’où
venait la crise, n’applique toujours pas ces règles. Il faut resynchroniser nos
agendas. Si les Américains n’appliquent pas ces règles prudentielles, on doit
les assouplir pour que nos banques et nos assureurs puissent financer les
transitions climatiques et numériques, et remettre de l’argent dans les
entreprises, ce qu’elles ne font plus.
> Les Européens ont beaucoup d’épargne, plus que les
Américains, parce qu’ils ont des populations riches, et des entreprises riches
qui ont une capacité à l’export très forte. C’est cette Europe lotharingienne
qui fait du commerce et parvient à accumuler des excédents. Mais, comme
l’Europe ne dispose pas d’un vrai marché de capitaux, ces excédents restent
concentrés dans certaines géographies ou secteurs, et sont sous-utilisés.
L’union des marchés de capitaux ou plutôt l’union de l’épargne et de l’investissement,
c’est ce qui va nous permettre de faire fonctionner cette épargne pour
l’orienter là où il y a du rendement et de la productivité. Nous avons donc
besoin d’une supervision commune, ainsi que d’une harmonisation des règles en
matière de faillites. Cette union nous permettra d’allouer plus efficacement
l’épargne des Européens vers les secteurs de la transition et de l’innovation.
Chaque année, 300 milliards d’euros épargnés par les Européens financent
l’économie américaine en actions ou en obligations, c’est une aberration.
Pour soutenir l’innovation, le financement de nos universités et de notre
recherche, publique comme privée, est clé. Quand on regarde les trente
dernières années, c’est l’absence d’une telle stratégie autour de l’innovation
qui explique pourquoi les Européens ont créé deux fois moins de richesse par
habitant que les Américains.
L’explication de ce décrochage, c’est que les Américains ont innové beaucoup
plus fort et rapidement, parce qu’ils ont mis beaucoup plus d’argent public et
privé dans l’innovation et qu’ils l’ont diffusé beaucoup plus vite que nous. Ce
décalage s’est accéléré après la crise financière, parce que nous avons
davantage pesé sur le financement de notre économie que les Américains.
> L’Europe a surrégulé et elle a sous-investi. Pour
autant, TotalEnergies est un groupe qui, lui-même, est en train de se
décarboner. Il faut qu’il soit cohérent avec ses propres choix. Il est en passe
de devenir un champion du renouvelable, du solaire. Il y aura des investisseurs
européens sur cette politique, d’évidence. Ensuite, les Américains eux-mêmes,
s’ils sont cohérents, vont durcir leur politique. Il appartient à M. Pouyanné
de clarifier son agenda. Je ne peux pas croire qu’il s’éloigne de la France.
Premièrement, parce que quiconque a vécu une cotation aux Etats-Unis sait que
cette opération est dix fois plus compliquée qu’en France ou en Europe. Quand
on observe les marchés sur lesquels opère le groupe, et qu’on connaît les
risques de contentieux lorsqu’on est coté aux Etats-Unis, je pense que cela se
regarde à deux fois. Géopolitiquement, ensuite, être une entreprise française
est un avantage incomparable par rapport à une entreprise américaine qui va
être prise dans la confrontation avec la Chine. En Afrique, au Proche-Orient ou
au Moyen-Orient, être français a beaucoup d’atouts… La France accompagne ceux
qui croient en la France, pas les autres. Je pense que Total n’a jamais eu à se
plaindre d’être français quand il partait sur ses marchés à l’export. Les
salariés de TotalEnergies sont attachés à la France. Je suis convaincu qu’ils
marqueront cet attachement et clarifieront ce qui relève de la rumeur, et pas
d’autre chose. (…)
La France, si on parle de cotation, est le deuxième marché du monde après les
Etats-Unis, le deuxième ! C’est grâce à notre CAC 40. Parce qu’on s’est démené
pour et qu’on a bénéficié du post-Brexit, en attirant de grandes banques. Nous
avons une vraie profondeur de marché. Tous les acteurs financiers le savent. Je
vais me battre dans les prochaines années pour qu’on ait beaucoup de nouvelles
capitalisations, qui viendront s’installer dans le pays du fait de son
attractivité, de sa politique indépendante et de sa géopolitique singulière.
Nous avons une proposition de loi actuellement en discussion au Parlement pour
renforcer l’attractivité de la place financière de Paris. C’est l’intérêt de
TotalEnergies de rester en France.
> On ne peut pas dire qu’on est pour l’union des marchés
de capitaux et l’union bancaire, et dire qu’on va faire, entre Européens, du
protectionnisme. Une espèce de bulle médiatique s’est formée, elle est
inappropriée. Jamais je n’ai parlé d’un cas spécifique, ce serait très malvenu.
Jamais je n’ai nourri ni ne nourrirai quelque spéculation sur quelque groupe
français que ce soit. Je parlais de manière générique. Si on dit qu’on est pour
l’union bancaire et l’union des marchés de capitaux, on est pour que les
acteurs européens s’organisent de manière optimale entre eux. Le reste, c’est
la vie des affaires, ça ne me concerne pas. Moi, ce qui me concerne, c’est que
le financement de notre économie par les banques et les acteurs de marché,
quels qu’ils soient, soit optimum.
> Nous allons mettre en place un grand plan de
mobilisation générale sur l’intelligence artificielle, nous donnant la capacité
d’être la première place européenne dans ce domaine. Nous allons investir dans
les outils et dans les compétences, avec une attention particulière à un accès
équitable sur tout le territoire. Sur l’éducation, on va se coordonner avec les
recommandations de la commission Ecrans. Il y a un apprentissage à faire, pour
nous-mêmes et pour nos enfants. Apprendre à utiliser la technologie quand elle
a le pouvoir de nous rendre plus libres, quand elle nous rend plus productifs.
Mais aussi à reconnaître la qualité des différentes sources d’information et à
poser un regard éclairé, scientifique sur l’information reçue. Apprendre à
avoir une vie affective dans un monde qui doit d’abord être un monde humain, et
pas d’emblée numérique. Parce que, au plus jeune âge, on n’a pas la capacité
d’absorber tout ce que diffuse un écran. Progressivement, en s’ouvrant aux
écrans à l’enfance, puis à l’adolescence, on en apprend les usages : coder,
naviguer dans cet espace, distinguer les productions humaines de celles de
l’IA. C’est la base d’un monde éthique qui permettra de vivre avec
l’intelligence artificielle. Dans les prochains mois, nous allons poser un
cadre sur le bon usage des écrans et de l’IA. En formant nos maîtres et en
adaptant nos programmes à cela.
> Dans un monde idéal, nous aurions des acteurs
numériques français ou européens, qui, à eux seuls, nous offriraient les
capacités de calcul et de stockage dont nous avons besoin. Dans l’IA, la France
est sans doute le pays d’Europe le plus en avance. Pourquoi ? Parce que nous
avons des talents, plus que les autres, et des écosystèmes industriels, des
start-up qu’on a su encourager, des dispositifs favorables à l’investissement
public comme privé. C’est la force de l’école de mathématiques française, de nos
data scientists et de ce que nous faisons depuis 2017 pour attirer et former
des talents. Nous allons poursuivre. L’objectif ? Doubler les formations d’ici
à 2030. Je peux ici vous annoncer que nous allons mettre 400 millions d’euros
en plus de ce qui avait déjà été prévu par la stratégie IA de 2018 sur neuf
pôles universitaires, de Saclay à Toulouse, en passant par Rennes, Nice et,
évidemment, Paris, pour aller beaucoup plus loin, beaucoup plus fort. Voilà la
voie pour la formation des talents universitaires.
Ensuite, et Mistral AI en est un parfait exemple, nous avons réussi à être en
avance dans les modèles de langage et vu émerger de vrais champions. Si nos
entreprises nouent des partenariats à l’international pour avoir une force de
frappe mondiale et pour entraîner leurs modèles, c’est une bonne chose. La clé,
c’est que l’on consolide un actionnariat européen et qu’on ancre ces
partenariats en France. C’est tout le débat qu’on a justement, avec Mistral AI
et avec les autres. Il faut conserver un écosystème, ce qui veut dire avoir les
investisseurs français ou européens, et une profondeur de marché suffisante.
Etre aidant, les accompagner, c’est ce que je ferai bientôt en détaillant les
avancées de notre stratégie nationale pour l’intelligence artificielle. Pour
autant, il ne faut pas être fermé à ce qu’il y ait des investisseurs
américains, ou autres, surtout quand ces derniers leur permettent d’accéder à
leur plateforme. L’investissement de Microsoft donne à Mistral une plus grande
force de frappe et de capacité à se développer.
Le troisième point, c’est le cloud. Nous voulons un cloud européen, mais je
pense que c’est une très bonne chose qu’on ait des acteurs comme Microsoft qui
développent une offre de cloud "souverain" sécurisé avec Capgemini et
Orange, le cloud Bleu. Il s’agit d’une excellente initiative, qui se fait en
suivant nos règles. Elle apporte les capacités de stockage et le savoir-faire
de Microsoft. L’intérêt de ce dernier se situe en termes de clientèle et de
volume. Le nôtre, c’est d’aller vite et d’amorcer. On a un cadre réglementaire
européen indépendant. Et ces modèles sont une étape décisive. Ensuite, nous
continuons à appuyer le développement des acteurs totalement français ou
européens.
> Sur les capacités de calcul, nous ne sommes pas au
niveau, malgré nos investissements. En 2023, les Gafam ont acheté près de 400
000 puces GPU, contre quelques milliers en Europe. D’ici à 2035, il faut
essayer de viser 20 % des achats mondiaux. Les capacités de calcul sont
aujourd’hui dans la main de grands acteurs anglo-saxons. Les attirer chez nous
pour permettre à notre écosystème de les utiliser, c’est une clé. Mais cela se
fait selon nos règles, en partenariat. Si nous n’avons pas les capacités de calcul,
nous perdrons les start-up, parce qu’elles iront entraîner leurs modèles
ailleurs. Il faut avoir l’honnêteté de le dire : nous n’avons pas encore la
profondeur de marché. En parallèle, on développe des solutions avec des fonds
comme celui, par exemple, de MM. Niel, Saadé et Schmidt, qui va nous permettre
d’avoir des capacités de calcul françaises. Et là, c’est de l’argent privé. La
vérité, c’est que ce ne sont pas nous, acteurs publics, qui allons les
développer.
L’IA nécessite une catégorie de semi-conducteurs plus avancés. Avec le Chips
Act européen, nous nous sommes concentrés en 2022 sur les semi-conducteurs dont
on avait besoin dans les télécoms, l’automobile, etc. La France avait
d’ailleurs une vraie force industrielle, dans le bassin de Crolles, avec
STMicroelectronics et Soitec. On l’a renforcée, notamment grâce aux Piiec
[projets importants d’intérêt européen commun] et grâce au deal avec la société
américaine GlobalFoundries à la sortie du Covid. Mais, aujourd’hui, en Europe,
nous n’avons pas d’acteurs d’envergure dans les puces sophistiquées de l’IA. Ce
sont les Taïwanais et les Américains qui mènent le bal. Notre objectif est
d’avoir une sorte de consortium européen pour sécuriser et acheter ces puces sans
dépenser trop d’argent dans une concurrence interne. De premiers pas ont été
faits vers Intel, avec l’Allemagne, l’Italie et nous. Ces actions doivent
encore montrer leurs résultats. Plusieurs fabricants taïwanais étaient présents
à Choose France pour échanger sur la production en France de puces
sophistiquées. L’hyperdépendance à quelques acteurs est un énorme problème.
Le dernier point, c’est l’énergie. Aujourd’hui, dans l’IA, le goulot
d’étranglement, ce sont les capacités de calcul et les puces. Mais, dès demain,
ce sera leur financement, parce que les centres de données sont extrêmement
gourmands en énergie. Celle-ci doit être compétitive et bas carbone. Et là, la
France dispose dans ce domaine d’un formidable avantage : le nucléaire.
> L’Europe a pour priorité les droits de ses citoyens et
ce n’est pas négociable. Réguler, oui. Et il faut le faire fortement. Mais
réguler de manière neutre à l’égard des acteurs et de leur nationalité, comme
nous avons commencé à le faire, en Européens, avec le DMA [Digital Markets Act]
et le DSA [Digital Services Act], le premier sur le fonctionnement des acteurs
d’un point de vue économique, le second sur le fonctionnement des plateformes
du point de vue des contenus. Mais nous n’envisagerions pas de discriminer un acteur
en raison de sa nationalité. L’approche est la bonne. Ces régulations
permettent aujourd’hui d’appeler les plateformes à leurs responsabilités, de
les sanctionner si elles font de l’ingérence, manipulent l’information ou
relaient des informations manipulées. Avec le DSA, nous avons un levier très
fort.
La question fondamentale au cas d’espèce est celle de la protection de nos
enfants, tous réseaux confondus. Est-ce que les algorithmes qui poussent les
jeunes à passer de plus en plus de temps sur les écrans sont optimaux pour nos adolescents
? La réponse est non. Et la même question se pose pour les réseaux sociaux
lorsqu’ils génèrent des sentiments de mal-être chez de jeunes filles ou
garçons. C’est tout le travail qu’on mène, en plus du DMA et du DSA, avec la
commission Ecrans: identifier le bon usage des écrans et des réseaux sociaux
pour les enfants et les adolescents.
Je pense que la bonne réponse n’est pas de cibler une plateforme ou un acteur.
Il faut construire un bon usage, un ordre public commun. Il en va aussi de
notre crédibilité d’Européens, comme place économique stable. Nous, on ne
pointe pas du doigt tel ou tel acteur parce qu’il est de telle ou telle
nationalité. En revanche, nous défendrons toujours la sécurité de nos enfants,
de nos adolescents, de notre démocratie, notre sécurité économique et notre
sécurité nationale, quand elles seront en jeu. Mais sans discrimination.
> [Discours en clôture du rassemblement des plus grands
talents français de l’IA]
Je tiens à remercier tous nos amis. Merci d'être là quelques jours après le
sommet Choose France, quelques jours avant les Jeux Olympiques. Ça démontre
votre engagement à la France d'être là, à l'occasion de VivaTech. Je suis
heureux de pouvoir vous réunir ici. On vole un peu le départ de VivaTech, qui
est un événement auquel nous tenons beaucoup et qui est un succès de ces
dernières années, pour vous réunir et dire d'abord toute la fierté, en tout
cas, qui est la mienne de vous avoir ici comme talents de l'intelligence
artificielle française, européenne et mondiale et puis comme partenaires de cet
écosystème français, que vous soyez décideurs publics, investisseurs ou
dirigeants de grandes entreprises venant du continent asiatique ou américain.
Ces réussites sont importantes pour évidemment le pays, pour le monde et, je
crois, beaucoup des sujets qui sont au cœur de nos agendas.
Qu'on parle de santé, d'éducation, de transformation de notre efficacité
publique, qu'on parle de climat, ce que l'IA va permettre de faire, permet déjà
de faire, est évidemment une révolution fondamentale. Je le dis dans un moment,
j'ai eu l'occasion de m'exprimer il y a quelques semaines en parlant de notre
Europe, je pense que pour la France et l'Europe, réussir à former, aider à se
développer, garder, attirer des talents de l'IA est une bataille absolument
essentielle et, je dirais même plus, existentielle pour nous.
D'abord parce que quand on regarde les choses, notre capacité à relever les
défis mondiaux, à apporter des solutions à nos compatriotes et aux générations
à venir dépend aussi de notre capacité à créer de la richesse. Et quand on
regarde les trois dernières décennies, la richesse créée, la valeur ajoutée
créée par habitant est deux fois inférieure en Europe par rapport aux US. La
principale raison, c'est que les US réussissent à innover beaucoup plus vite,
plus fort. Ils ont investi beaucoup plus et ont davantage diffusé cette
innovation au reste de l'économie. Je crois que cette bataille de l'IA
aujourd'hui, cette compétition est absolument clé à cet égard, parce qu'elle
est celle qui nous permettra de justement bousculer les choses.
Ensuite, elle est au cœur de la bataille, évidemment, du travail, on y
reviendra, de l'emploi, de la productivité et donc de l'avenir de notre
continent. Alors, à ce titre, vous réunir aujourd'hui, ce n'était pas
simplement vous dire l'admiration que j'ai pour vous et de vous dire merci
d'avoir déjà fait tout ce que vous avez fait, qu'on va continuer. Mais c'était
au fond de vous dire comment je voyais ensemble notre capacité à aller un cran
plus loin et bâtir justement un modèle français européen pour avancer.
D'abord, tout ça s'appuie sur des résultats qu'on a. Ces dernières années, on a
réussi à avoir une politique d'innovation, d'attractivité qui a amélioré nos
résultats. On a recommencé à converger, en particulier avec l'Allemagne et nos
compétiteurs.
Dans nos universités en investissant davantage, en renforçant les logiques de
sites, en poursuivant les rapprochements aussi avec le monde industriel, dans
notre recherche, avec une loi de programmation qui a consacré un effort de
financement sans précédent et un plan IA dès 2018, qui est arrivé très tôt
parmi les générations d'IA, dès la réforme qu'on a lancée il y a maintenant
quelques mois pour aller vers des vraies agences de programmes en renforçant
l'autonomie des universités, avec aussi un très gros programme de
simplification de la vie des chercheurs, qui était demandé par plusieurs
chercheurs experts présents dans cette salle.
Avec un écosystème de start-ups qui a été profondément transformé par la
FrenchTech, par Bpifrance, par l'ensemble des fonds Business Angels et
tous les fonds de croissance aux différentes étapes qu'on a mises en place.
C'est assez simple : en dix ans, on a multiplié par dix, ce qui nous met
aujourd'hui en leadership européen avec France 2030, cher Bruno, qui, en deux
ans et demi, a déjà engagé plus de 30 milliards d'euros pour financer les
innovations de rupture, en plus de toutes nos politiques sectorielles. Et puis
des initiatives pour mieux mobiliser le financement privé, comme les fonds Tibi
1 et 2 qui ont permis de rediriger une partie de l'argent des investisseurs et
des investisseurs institutionnels vers l'innovation, la prise de risque.
Et puis, avec tout ça, on a mis en place une politique fiscale beaucoup plus
attractive, qui est stable depuis 7 ans, avec 30 milliards de baisses d'impôts
pour les entreprises, le maintien du crédit impôt recherche, une flat
tax sur les gains en capitaux, des mécanismes pour que les salariés
bénéficient de la valeur créée, amélioration des systèmes de BPCE et autres. Ce
qui vraiment peut faire dire, certains étaient en avance de phase, que la
France est un paradis pour les créateurs de start-ups et les investisseurs dans
les start-ups.
On a continué à moderniser aussi le marché du travail avec des ordonnances, une
simplification des règles, un nouveau système qui est concerté en ce moment sur
le marché de l'assurance chômage. Puis France Travail, qui est aussi important
pour requalifier, et pour attirer les talents étrangers avec ce système
FrenchTech Visa qui est, je crois pouvoir le dire, une vraie révolution là
aussi en termes d'attractivité et qui est venu compléter tout un tas de
réforme. Je ne veux pas être trop long, mais celle de l'apprentissage, celle
qu'on est en train de faire du lycée pro, du premier cycle universitaire, etc.
Donc, il y a une cohérence d'une politique macroéconomique sectorielle sur le
marché du travail en termes de fiscalité, en termes d'investissement, qui nous
a permis véritablement d'être le pays, depuis 5 ans, le plus attractif d'Europe
et le plus dynamique en termes de création de start-ups et de financement de la
croissance de nos start-ups dans tous les secteurs. Ça a été complété, je le
disais, par une stratégie nationale pour l'IA qui a été lancée dès la fin 2017,
qui a permis de structurer l'écosystème de recherche national avec l'INRIA, la
création de 3 instituts de recherche de pointe en IA, les 3IA, l'arrivée du
supercalculateur Jean Zay.
Puis ensuite, on a ciblé la diffusion de l'IA au sein de l'économie en faveur
d'une IA frugale et de confiance. Cette stratégie a porté des fruits avec les
premières grandes réussites françaises en la matière, avec plusieurs
laboratoires de référence installés à Paris, Méta, figure iconique, Alphabet,
Cisco, Criteo, DeepMind, Uber et merci à Xavier Niel, Eric Schmidt et Rodolphe
Saadé, qui va travailler à l'élaboration de nouveaux modèles de pointe, et puis
beaucoup de start-ups qui se sont créées, qui se sont développées, y compris
jusqu'à ces derniers mois.
Les résultats se sont accélérés ces 18 derniers mois. Plus de 600 start-ups
françaises sont aujourd'hui spécialisées en IA. Nous annonçons dans les jours à
venir la liste de 120 start-ups les plus prometteuses en France et plus de la
moitié ont une activité dans l'IA. Le monde entier connaît désormais Mistral et
demain H, ce qui est aussi un choix qui n'était pas évident il y a encore
quelques mois et qui montre que cette révolution se poursuit. Donc, très
clairement, la capitale des Lumières est en train de devenir une capitale de
l'intelligence artificielle.
On a mis en place, pour accompagner ce travail et aller plus loin, une
commission pour l'IA, justement, la Commission de l'intelligence artificielle
avec des personnalités du monde académique, du monde de l'entreprise, de tous
les secteurs compétents, permettant aussi de penser les usages, etc. Ils nous
ont aidés à penser cette révolution technologique et, au fond, ce changement de
paradigme qui bouscule en effet notre éducation, notre démocratie, notre
administration et tous les secteurs, et essayer de bâtir au fond un même
système, si je puis m'exprimer ainsi, de langage, de compréhension, de
diffusion. Les travaux inédits de Philippe Aghion indiquent notamment que
l'impact de la diffusion de l'IA dans l'économie française pourrait être
massif, avec une croissance économique qui pourrait doubler, plus un point par
an grâce à l'IA, une hausse du PIB qui doublerait en 10 ans notre industrie et
donc des vrais leviers de transformation, très puissants sur le plan économique
et de sa diffusion.
Mais très clairement, nous sommes à un moment de rupture très profonde parce
que c'est aujourd'hui que le virage est pris ou pas, à la bonne vitesse ou pas.
C'est pour ça que la rencontre d'aujourd'hui, tous les travaux que vous avez
eus, et tout ce qu'on va faire d'ici au Sommet que la France va accueillir en
février prochain est très important.
Au fond, la question qui est posée à la France, à l'Europe, c'est est-ce qu'on
décide les investissements, la politique d'accompagnement qui nous permet de
revenir complètement dans la compétition internationale et d'être en leadership
? Est-ce que si on se met en situation de penser cette transformation et ce
nouveau paradigme avec la bonne exigence ? Parce que je pense que c'est une
nécessité de le penser pour ensuite avoir la conversation internationale
adaptée et du coup, les transformations qui vont bien et la régulation à la
bonne échelle, c’est-à-dire, à mes yeux, mondiale qui va bien.
Donc c'est véritablement un moment de réveil stratégique que nous vivons, qui
suppose des choix profonds en termes de recherche, de formation,
d'investissement business, mais également de régulation et de diplomatie. C’est
cet ensemble sur lequel nous devons avancer. Au fond, c'est autour de ça que je
veux axer mon propos et c'est une approche française et européenne, je dirais,
de manière native. La bataille pour moi, elle se fera autour de 5 grands
domaines : les talents, les infrastructures, les usages, l'investissement et la
gouvernance. C'est, au fond, autour de ça qu'il faut qu'on réussisse à prendre
les bons virages.
Alors d'abord, les talents. Si la France veut rester une très grande puissance
de l'IA au niveau européen, sans doute avec les Britanniques, mais aller encore
plus loin, la question des talents est clé. Tous ceux qui sont ici dans des
groupes asiatiques ou américains le savent, ô combien, eux qui recrutent tant
de talents européens et en particulier français. Je dirais qu'on a une chance
de départ, on est plutôt bons dans les disciplines nécessaires pour l'IA. Les
très grands mathématiciens data scientist sont des ressources rares, très
prisées. La France en forme beaucoup est de très bonne qualité. Bon, il y a une
chose qui est sûre, vous êtes nombreux ce soir et on peut souhaiter, à horizon
de 10 ans, que vous soyez plus nombreuses.
Mais je dirais qu'en termes de talent, l'un des enjeux qu'on a est clairement
de favoriser et d'encourager l'accès des jeunes femmes aux filières du
numérique et à tous les métiers qui sont au cœur de l'IA. Le programme
TechPourToutes annoncé l'année dernière à VivaTech, est à cet égard un élément
clé pour accompagner 10 000 étudiantes d'ici 2027. Mais c'est un travail sur
lequel j'ai besoin de vous toutes et vous tous. C'est que très souvent, c'est
un problème d'autocensure chez les très jeunes filles, puis après, c'est un
problème d'orientation et ensuite c’est un problème d'opportunité. Il faut
qu'on règle à chaque étape ça. Et donc je sais qu'il y en a beaucoup qui ne
sont pas à convaincre, qui se sont désengagés depuis longtemps. Donc pour moi,
c'est une priorité et on doit aller beaucoup plus loin.
Au-delà de cette féminisation qui est juste de se dire 1) ce n'est pas juste,
2) ce n'est pas représentatif, 3) ce n'est pas efficace parce qu'en fait on
n'utilise pas juste la moitié de la ressource humaine et du capital
d'intelligence de notre société, c'est idiot, avant d'aller chercher des
capacités de calcul ailleurs.
Ensuite, quand je regarde les talents, on a une offre de formation qui est trop
limitée, sans doute déséquilibrée, avec un monde de techniciens de la donnée et
peu ou moins insuffisamment pluridisciplinaire. Donc c'est pour relever ces
défis que nous souhaitons avancer avec nos universités, nos écoles, pouvoir
former encore plus massivement à l'IA. Ce donc que nous puissions travailler à
faire en sorte, suivant d'ailleurs les recommandations de la Commission
précitée, on priorise les formations de l'enseignement supérieur à la
technologie, l'IA et ses applications puissent être justement enseignées
massivement. Très concrètement, ça impose d'utiliser au maximum les nouveaux
leviers de contractualisation que nous sommes en train de mettre en place dans
le cadre de la réforme de nos universités. Et c'est tout ce que j'annonçais il
y a quelques mois, ici même, qu'on est en train de mettre en place et qui sera
parachevé d'ici un an.
Je souhaite aussi que chacun des dirigeants d'organisme de recherche, plusieurs
sont présents ici, sous l'égide de l'INRIA dans son rôle d'agence de
programmes, me propose avant la fin de l'année avec une stratégie d'ici à 2030,
des évolutions structurantes et un renforcement concret de la recherche
interdisciplinaire s'appuyant sur l'IA. Tous ces domaines doivent accélérer
avec l'IA, recruter davantage et faire entrer l'IA dans leur recherche et donc
créer plus d'interdisciplinarité intégrant l'IA.
Alors pour accompagner ce mouvement, l'Etat via France 2030 va investir, en
plus de ce qui est déjà prévu dans notre stratégie, 400 millions d'euros dans
les 9 IA clusters, donc les 9 sites universitaires et de recherche que nous
avons. Donc je veux ici féliciter ces 9 IA clusters qui sont confortés dans ce
rôle. Concrètement, l'objectif, c'est de faire un peu plus que doubler le
nombre de talents en IA que nous allons former. Aujourd'hui, on forme à peu
près 40 000 personnes par an. L'objectif, c'est de passer à 100 000 par
an, dont 20 000 en formation continue. Ces centres d'excellence de Rennes à
Saclay, de Grenoble à Toulouse et 5 autres qui devront s'organiser pour faire
émerger une recherche interdisciplinaire, auront ce travail. Et donc on va
vraiment faire un gros effort de formation supplémentaire. Là, je compte sur
tous les acteurs de l'écosystème pour donner de la visibilité, aider et donner
de la visibilité pour la suite.
Ils devront assumer, tous ces sites, des priorités sectorielles de la santé au
quantique, s'organiser pour aussi attirer des talents internationaux. En
particulier, c'est pour cela que nous allons faire venir les meilleurs et nous
lancerons en complément un nouveau programme de chaire à la main de chaque
cluster pour inciter les talents déjà reconnus, les meilleurs enseignants, les
meilleurs entrepreneurs aussi, qui accepteraient de se remettre à
l'enseignement, les attirer, leur permettre d'avoir des semestres ou des années
d'enseignement sur ces 9 IA clusters en France. Tout ça doit aller très vite.
En parallèle, on va privilégier aussi ces sites sur l'application des
simplifications pour les chercheurs, avec des systèmes de gestionnaire unique,
la suppression de la paperasse inutile, la simplification des autorisations de
cumul d'activité, l'accélération, l'harmonisation des procédures de financement
et la priorisation à l'ANR des sujets IA. Autant d'exemples où en fait, on va
appliquer ce qu'on a décidé au cœur de notre stratégie de réforme de la
recherche et de la recherche universitaire. Mais on va l'appliquer, si je puis
dire, en avance de phase sur tout ce qui touche à l'IA. Pourquoi ? Parce que
là, la course de vitesse est encore plus forte et justifie ces mesures de
simplification drastiques. Ça, c'est le premier pilier de la stratégie des talents.
Le deuxième, c'est de sécuriser la puissance de calcul et les infrastructures.
Là-dessus, on a énormément de défis. Ce n'est pas à vous que je vais le dire.
En même temps, si on regarde les choses de manière assez objective, on a des
avantages qui sont insuffisamment exploités. Là aussi, je m'explique. Quand on
regarde les choses, on a un vrai avantage. Quand on regarde, je parle sous le
contrôle des experts que vous êtes, les goulets d'étranglement, très
rapidement, ça va être l'énergie bas-carbone, pilotable, en grande quantité. Un
pays qui fournit son électricité à 75 % avec du nucléaire, qui sait donner de
la visibilité sur une stratégie de production de nouveau nucléaire et de
renouvelable, c'est un pays qui a l'énergie parmi la plus décarbonée d'Europe,
mais c'est le pays qui a l'énergie la plus décarbonée et la plus pilotable
d'Europe, by far. En plus, nous avons décidé de creuser cet avantage parce qu'on
aura totalement sorti le thermique de notre stratégie, de notre mix en 2027 et
qu'on va massivement augmenter et le renouvelable et donc le nucléaire. Nous
avons la capacité, nous, d'accueillir de nouveaux datas centers, de développer
les data centers existants et donc d'avoir aussi des capacités de calcul
supplémentaires. Ça, je crois, et je le dis pour vous tous, c'est quelque chose
qu'il faut — Pardon de cet anglicisme à nouveau — mais pitcher
pour la place française et ce sur quoi on mobilise les efforts européens.
Parce que ce qui est en train de devenir le goulet d'étranglement mondial en
développement de l'IA, c'est un énorme avantage comparatif de la France. C'est
quelque chose qu'en avance de phase, on a un peu pris, la stratégie de Belfort,
on l'a lancée en 2022 et je me réserve d'ici à la fin de l'année sur les
nouvelles tranches de réacteur qu'on va annoncer de prendre en compte
d'ailleurs la nécessité d'aller encore plus loin sur de la production. À côté
de ça, on a aujourd'hui un retard en Européens, c'est les capacités de calcul.
Je faisais cocorico tout à l'heure en parlant et je les défends nos
supercalculateurs, on en défend un nouveau. On aura, au-delà de Jean Zay,
annoncée l'année dernière, nous accueillerons le deuxième supercalculateur
Exascale EuroHPC qui est le fruit d'un co-investissement européen. Merci
Thierry, merci la Commission et français à hauteur de 540 millions d'euros.
Donc, on va mettre une deuxième étape. Ça, c'est très important. Et donc on va
avoir des capacités publiques fortes, mais elles sont très loin, si on est
lucide, des capacités de calcul à l'international. Je veux dire, aussi vrai que
je défends la place française, que je nous défends tous, je ne serais pas
crédible une seule seconde si je vous disais qu’on est au bon étiage sur ce
sujet. On a aujourd’hui 3 % des GPU mondiales déployés, ce n’est pas du tout —
au niveau européen — ce n'est pas du tout à la maille de ce qu'on doit faire.
Et donc, pour moi, la course maintenant de vitesse, c'est la capacité à faire
plus. Comment ? 1) Avec les infrastructures publiques et ouvertes, celles que
j'évoquais, 2) En attirant des grands investisseurs qui peuvent le faire et qui
vont nous mettre des capacités de calcul avec des règles d'ouverture à la
place, c'est ce qu'on a fait avec Microsoft. On peut aimer ou pas aimer, mais
ça nous fait 25 000 CPU. C'est quasiment l'objectif que nous avait fixé la
commission pour cette année qui était de 30 000. C'est beaucoup mieux que ce
qu'on a aujourd'hui. Puis, 3) Continuer d'avoir une approche avec tous les
écosystèmes, et c'est là où les initiatives type Kyutai ou autres vont nous
permettre, j'espère, d'aller plus loin, c'est que l'écosystème décide d'en bâtir
encore davantage et qu'on monte très vite à l'échelle.
L'objectif que j'essaie de nous fixer en européen, c'est de dire qu'on doit
passer d'ici à 2030-2035 à 20 % des GPU mondiaux. C'est faisable, mais c'est
une mobilisation public-privé des acteurs européens et de notre capacité
d'attractivité pour augmenter, justement, là-dessus. Je pense qu'on peut
d'autant plus le faire que nous avons un écosystème d'utilisateurs très fort,
vous, et qu'on a des infrastructures d'énergie avec des vrais avantages que
j'évoquais. Maintenant, en termes d'infrastructures, on va concentrer l'effort
sur la montée en charge de nos GPU et là aussi, comme toujours, en veillant à
ce que ce soit au maximum en architecture ouverte et à ce qu'il y ait le moins
de biais possible pour l'écosystème pour qu'on puisse permettre à tous et toutes
de les utiliser. Mais on a besoin donc de continuer, comme on l'a fait à Choose
France la semaine dernière, d'avoir des Amazon, des Microsoft, des
Equinix qui investissent en France pour nous aider à monter en la matière et
avoir encore plus de coopération internationale.
Le dernier point là-dessus, ce sont les semi-conducteurs. Et là aussi, je vous
le dis, je suis tout à fait à votre disposition pour bâtir des stratégies de
partenariat avec les acteurs de la place. On a eu une stratégie sur les
semi-conducteurs beaucoup plus utilisée dans les télécommunications et
l'automobile, sur laquelle on avait une base installée STM, Soitech,
qu'on a massivement développée grâce à ce qu'on a fait en franco-allemand et
avec la Commission européenne, où on a développé plus de capacités, bâti des
nouvelles coopérations avec GlobalFoundries. Mais ce
n'est pas le bon niveau, on le sait bien, de semi-conducteurs dont on a besoin
pour développer l'IA. Là-dessus, l'Europe est très dépendante d'offres
aujourd'hui américaines et asiatiques. Et donc, on a besoin d'attirer ces
investissements. Quand on regarde les stratégies qui sont à l'œuvre, ce qui
marche très bien, c'est des stratégies dont on a des pays, des acteurs de l'IA,
LLM et autres, et des fournisseurs de semi-conducteurs pertinents. On est en
train d'avoir des discussions avec plusieurs acteurs américains, taïwanais et
autres.
Moi, je suis disponible pour la place, et mes équipes le sont avec les
ministres, pour qu'on puisse bâtir des stratégies pertinentes. En tout cas,
notre volonté dans les 12-18 mois qui viennent, c'est de finaliser des
opérations pour produire en France et en Europe les semi-conducteurs pertinents
pour développer l'IA. Et là, c'est vraiment un des éléments de dépendance que
nous avons en termes d'infrastructures aujourd'hui.
Dernier point là-dessus, ce sont les modèles originaux de LLM. Quand on regarde
donc les choses, le développement des modèles, donc je le disais, nous avons
déjà des champions, je les ai évoqués, Mistral, H. Nous devons là aussi
accélérer. Et je veux là aussi que nous franchissions un cap en matière de
développement de modèles, et en particulier de modèles open-source. Ils sont
une force sur laquelle plusieurs sont ici engagés. Mais c'est un enjeu d'autant
plus important que seule la présence de champions français sera à même de
véritablement intégrer la force de notre écosystème, d'éviter aussi des biais
supplémentaires, d'intégrer aussi les subtilités de notre culture, de notre
langue, y compris dans ces variétés francophones. Et là-dessus, nous devons être
à l'initiative, et c'est un modèle que nous portons et sur lequel nous avons
besoin de tenir et d'avancer.
Troisième élément, je l’évoquais : c'est le financement. Financer notre
écosystème et les acteurs de la Deep Tech en IA est absolument nécessaire. Et
donc, en la matière, nous avons besoin là aussi de faire de nouveaux efforts.
Cet investissement massif dans l'intelligence artificielle exige des moyens
considérables. On a commencé, mais il y a évidemment, comme toujours, la partie
publique et la partie privée. Il y a les politiques de recherche qu'on a
évoquées ; France 2030, qui consacre déjà 2 milliards d'euros en plus de
ce qu'il y a dans les politiques publiques par ailleurs, et cette part a
vocation à doubler avant la fin du programme - donc, l'objectif de France 2030,
c'est au moins 4 milliards sur l'IA, au-delà des transdisciplinaires et de
l'interdisciplinaire. Mais le cœur de la bataille, c'est de le compléter
ensuite par beaucoup plus de financements européens et des financements privés.
Financements européens, je le dis d'un mot - je ne veux pas ici reprendre ce
que je disais à la Sorbonne il y a quelques jours : quand on regarde le
sujet climat et IA quantique, l'Europe est le continent qui régule le mieux et
le plus — donc super, je pense qu'on est à maturité ; il faut mettre en
œuvre — mais on est celui qui investit le moins. Ce n'est pas un business model
qui peut tenir longtemps ; ça ne peut pas tenir. Et donc, il en est des
clean tech comme de l'IA et du quantique. Moi, je pense que c'est une chance
d'avoir régulé ; on a donné une guidance au marché, tous les éléments sont
là, les rendez-vous. Je ne suis pas pour déréguler ou lâcher le green deal, je
vous le dis en toute sincérité, je suis pour le mettre en œuvre avec les bonnes
flexibilités. Mais là où on est en retard, c'est qu'on investit beaucoup moins
d'argent public au niveau agrégé, c'est-à-dire au niveau européen, sur la
transition climatique et sur l'IA et le quantique. Et quand on regarde les
choses, pour faire face à ces deux défis, plus le défi sécuritaire qui est le
nôtre, il faut doubler le budget européen. Le quantum est assez simple. Et en
plus, ce n'est pas du tout impossible parce que c'est exactement ce qu'on a
fait face au Covid. Donc, face à un choc externe symétrique, une pandémie, on a
su le faire, c'était le plan de relance qu'on a fait en deux mois face au
Covid. Il faut juste qu'il y ait un réveil collectif des Européens. Ce qu'on
vit, c'est un choc ; c'est un choc technologique hyper accéléré. Et sur les
clean tech, l'IA et le quantique, si ce choc technologique, on n'y répond pas
par la bonne stratégie d'investissement publique, les facteurs iront s'allouer
ailleurs et on sera dépendant de solutions qui iront se déployer en Chine ou
aux US. Donc, je pense que c'est un réveil essentiel que d'avoir une stratégie
d'investissement européenne qui soit à la bonne échelle.
Et puis, il y a évidemment l'investissement privé, et ceci en France comme en
Europe. En France, je disais, on a eu les stratégies des fonds Tibi qu'on a
européennisés avec Scale-Up Europe. Et au fond, c'est quoi ? C'est
simple : c'est de se dire notre système ne marche pas parce que les règles
qu'on impose aux investisseurs institutionnels - que je propose de changer dans
la prochaine mandature de la Commission - Solvency et Bâle, elles les
détournent de l'investissement en equity, ce qui est absurde. Or, nous, 75 % du
financement de nos économies, ce sont les banques et les assurances, et ce qui
va avec. Et donc, les fonds Tibi, on a diverti une partie de cet argent avec un
mécanisme tout à fait légal, et on a permis de l'injecter. On a environ
réinjecté 30 milliards d'euros d'investissement et co-investissement dans
l'innovation allant de la santé, Deep Tech et autres. Là, on doit accélérer sur
Tibi 2. Tibi 2, on était parti avec un objectif de 10 ; on est à 7 — 7
objectifs confirmés — on n'est qu'à 2,5. Je le dis parce que je ne peux pas
dire qu'on doit aller très vite ; on n'est pas au bon rythme et je le dis
pour tous les investisseurs institutionnels qui sont dans Tibi 2, je compte sur
vous, on n'est pas au bon rythme pour la place française et européenne. Ça doit
aller beaucoup plus vite et beaucoup plus fort : on doit d'abord passer de
7 à 10 en commitments, mais on doit surtout aller beaucoup plus vite sur les
investissements à faire. Et je le dis alors que je sais que beaucoup d'entre vous
sortent d'une période difficile où c'est beaucoup plus compliqué aujourd'hui
qu'il y a deux ans de lever des tickets et des tickets au bon niveau.
En complément de Tibi 2, on a un enjeu, on le sait, du financement late
stage, essentiel, surtout dans le domaine de l'IA, où les
valorisations sont de plus en plus élevées. Et nos acteurs privés là-dessus
doivent être en mesure de les accompagner. C'est pourquoi, en plus de Tibi 2,
ce que je voulais vous annoncer aujourd'hui, c'est que nous allons lancer un
nouveau fonds de fonds très significatif - donc là, c'est bien un fonds de
fonds, ce n'est pas un fonds primaire - souscrit à environ 1/4 par l'Etat en se
concentrant sur les secteurs les moins bien financés et les plus technologiques
liés à l'IA, des puces au cloud en passant par les LLM. Et donc, ce fonds,
l'Etat mettra une base de départ : l'engagement, c'est qu'on met au moins
¼ mais l'objectif, c'est que la place puisse le compléter. Mon objectif, c'est
qu'on puisse aussi réussir à l'européaniser : c'est pourquoi je proposerai
à nos partenaires allemands de se joindre et d'essayer d'en faire au moins un
fonds franco-allemand, voire européen. Mais à tout le moins, on ne va pas
tarder, on lance dès maintenant en franco-français ce fonds, ce fonds de fonds
très significatif sur l'IA. Et un peu comme on l'a fait sur les métaux, les
entreprises françaises, voire européennes les plus concernées, pourraient
rejoindre cette initiative, en tout cas, je les y invite. Et l'objectif est
d'avoir engagé cette dynamique et commencé vraiment les travaux très concrets
d'ici à la fin de l'année.
Après, il y a en effet au niveau européen, et l'Europe est au fond le niveau le
plus pertinent sur tous ces sujets, on a besoin de ce choc d'investissement
aussi privé - public, je l'évoquais avec le budget - et là, le cœur de la
bataille, c'est évidemment d'avoir cette union des marchés de capitaux et
d'avoir des fonds qui structurent au niveau européen avec la transformation
qu’on est en train de faire. Et là, c’est un de mes objectifs pour le Conseil
des ministres franco-allemand de la fin du mois, c’est d’avoir une vraie
stratégie franco-allemande qui, enfin, bouscule les choses sur l’union des
marchés de capitaux et qu’on propose ensemble, eh bien, d’approfondir justement
ce marché. Cette union de l’épargne et de l'investissement, c'est la clé ;
c'est celle qui va permettre d'avoir des acteurs de taille pertinente en termes
de financement de vos entreprises. Et donc, ça veut dire : supervision unique,
des systèmes de faillites uniques, une convergence des systèmes fiscaux - et
c'est tout le travail que je veux qu'on accélère dans les prochains mois. C'est
aussi au niveau européen que nous serons à même de préserver notre diversité,
là aussi, linguistique et culturelle, ce qui est l'objet de mise en œuvre de
l'Alliance européenne pour les technologies des langues, coordonnée par la
France, et que je soutiens là aussi, pour permettre l'émergence des modèles de
langues vivantes qui intègrent notre corpus culturel. Ça, c'est en termes
d'investissement, c'est une bataille absolument essentielle.
Et puis, enfin, je le disais, le quatrième élément, c'est l'appropriation
collective de l'IA, les usages, qui est au moins aussi essentielle. Pourquoi ?
Parce qu'au fond, c'est notre capacité à diffuser l'IA dans le reste de
l'économie et je le dis avec beaucoup d'ambition, sans fausse naïveté, mais en
sachant d'où je parle. Et là, il faut qu'on soit lucide sur nous-mêmes. La
France a plus désindustrialisé et moins réussi que d'autres pays il y a 30 ans
parce qu'elle a mal emmanché le débat public et le débat des usages sur les
robots. Rappelez-vous, il y a 30 ans, dans notre pays, on avait exactement le
même débat sur le travail qu'on a aujourd'hui sur l'IA avec le robot. Il y a
plein de gens qui me disaient : « Ça va être l'horreur, terrible, affreux, c'est
déshumanisant, ça va mettre tout le travail en l'air ». Il y a eu un échec de
la diffusion et des usages. Ce qui fait que le résultat, ce n'est pas tellement
qu'on a préservé les emplois, c'est qu'on les a supprimés plus vite que les
voisins. Parce que tous ceux qui ont robotisé leur économie, parce que ça a été
bien intégré, que l'usage a été pensé, ont eu une robotisation au service d'un
usage industriel, a permis d'enlever des tâches pénibles mais a maintenu, dans
nos pays à coût du travail élevé, de l'emploi industriel - là où nous, nos
entreprises, du coup, on était beaucoup plus vite sur des délocalisations vers
les pays à bas coût. Ça a été une mauvaise stratégie et c'est une mauvaise
stratégie qui s'est faite par des erreurs de choix de politique industrielle,
mais au fond aussi un débat collectif qui s'est mal engagé, une forme de
défiance de la société à l'égard de l'innovation.
Et il est absolument clé que, aujourd'hui, on ne laisse pas s'engager de cette
même manière le débat. Et pour moi, c'est très important parce que ça veut dire
que vous qui êtes par définition l'avant-garde, la pointe avancée, j'ai aussi
besoin de vous pour que vous nous aidiez à ce que, en quelque sorte, tous les
bons débats se fassent au sein de la société de la manière la plus inclusive,
la plus partagée, pour ne pas que ce soit des fake news
ou des complotistes qui emportent le débat ou le structurent, mais aussi pour
qu'on resynchronise les choses à chaque fois que c'est nécessaire. Et on a
besoin de l'innovation, de rupture de pointe pour continuer d'être les
meilleurs, d'avoir des champions. Mais si on veut bien diffuser l'IA et en
tirer tous les bénéfices, eh bien, il faut un bon usage partagé, et donc il
faut en quelque sorte un modèle d'IA ouvert, équitable, transparent, ce qui est
d'ailleurs proposé par la Commission dans ses recommandations et ce que je
souhaite qu'on mette en place.
Pour ce faire, on va d'abord défendre un principe d'accès équitable et massif à
l'IA sur tout notre territoire. C'est pourquoi je vais confier au Conseil
national du numérique, Virgile, une mission d'acculturation des citoyens à
l'IA. Vous y avez beaucoup travaillé - on en a parlé au moment de la
restitution des travaux de la commission IA - au travers de l'organisation de
cafés IA, de débats démocratiques, de partage de ressources pédagogiques
partout sur le territoire. Et là, je souhaite qu’il y ait vraiment une forme de
grand débat généralisé qui se mette en place et que vous aurez à structurer et
j'appelle tous les réseaux déconcentrés à mettre en place des actions de
sensibilisation locales, de valorisation des solutions IA et nous donnerons à
ces réseaux les moyens de le faire avec un investissement spécifique en la
matière. Et là-dessus, je le dis aussi très clairement, tous les élus qui sont
là ont un rôle très particulier à jouer - parlementaires, élus locaux - en la
matière parce que ça doit se faire au contact des territoires et de tous ces
écosystèmes.
Ensuite, l'appropriation collective de l'IA passe également évidemment par
l'école et je souhaite que nous puissions proposer des formations dès la
sixième, des tests d'évaluation des compétences numériques qui soient
agrémentées d'une brique IA. La plateforme PIX pourra être un de ces outils et
en cohérence avec les recommandations de la commission d'experts sur l'impact
des écrans sur les enfants, qui vient en parallèle de votre commission. Il
s'agit de donner aux élèves les conditions d'une appropriation éclairée de
l'IA. Mais on a là aussi à accompagner nos enseignants, les élèves et les
familles dans un bon usage des écrans, mais également une capacité à former à
l'IA. Ils doivent prendre conscience des enjeux d'éthique, de rapport à la
vérité, du caractère aussi potentiellement enfermant de certains algorithmes
pour qu'ils soient libres de se servir de cette technologie en ayant conscience
de ses limites. L'école doit être le lieu de l'autonomisation. C'est aussi le
choix d'un modèle - je reviendrai sur la régulation - mais sauf à tout fermer
ou avoir des systèmes de contrôle étatique complets - ce qui est le choix de
certains autres - nos démocraties ne pourront pas tout contrôler en totalité.
Et donc, la bataille de l'éducation et de l'information, elle est absolument
clé, si on veut une IA éthique, transparente, ouverte, loyale. Parce qu'en
fait, chaque citoyen doit être bien formé pour pouvoir être un acteur et pas
simplement un consommateur et pouvoir aider à réguler.
Après l'école, ce sera le lieu de travail. La massification de la diffusion de
l'IA dans les entreprises est cruciale. On est aujourd'hui un peu en retard
quand on regarde les chiffres de diffusion qui sont disponibles - et ça aussi,
ça va être un des objectifs de pouvoir avoir une vision complète, publique -
mais quand on regarde les chiffres, on est plutôt à 4 % ; là, d'autres
sont à 10 ou 12 déjà. Et donc, l'augmentation en tout cas de la diffusion de
l'IA dans les entreprises est cruciale dans tous les domaines. Et donc, là, le
ministre, je souhaite que nous mettions à disposition des entreprises
françaises un référentiel des cas d'usage testé et approuvé pour qu'elles aient
une vision claire des solutions disponibles, notamment françaises, d'ici la fin
de l'année. Et parce que je connais les inquiétudes légitimes sur l'impact de
l'IA sur l'emploi et les conditions de travail, parce qu’aussi, nous ne devons
pas les craindre, je souhaite que ce sujet puisse faire partie du dialogue
social. Beaucoup d'entreprises l'ont entamé et que nous puissions justement
accompagner ce travail au niveau des entreprises, des branches et de la nation.
Nous allons aussi accompagner les entreprises pionnières pour des usages clés
de l'IA en droit, comptabilité, génération, documentation, produits, etc ;
l’objectif aussi, qu'elles diffusent ces retours d'expérience, incitent les
entreprises similaires à imiter et qu'il puisse y avoir aussi des retours
éclairés. L'objectif est que ce soit un sujet de dialogue social, que ce soit
un sujet éclairé par la science, par des études objectives ad hoc qui
permettront ainsi l'acculturation dans les entreprises, les branches et en
interprofessionnel, mais qui aide à accompagner ce changement professionnel qui
ne doit pas être du tout naïf, mais qui doit être lucide, éclairé et pas
défiant.
Il s'accompagnera évidemment aussi d'un travail de préfiguration des besoins de
requalification qui seront les nôtres et ceux de la nation. Et alors même que
nous sommes, avec France Travail, en train, et avec plusieurs d'entre vous, de
travailler à requalifier plusieurs de nos compatriotes qui sont loin de
l'emploi depuis plusieurs années, eh bien, nous avons un travail d'anticipation
à faire pour préparer la requalification des secteurs qui seront le plus
impactés dans leur quotidien par l'IA. Et je crois que les changements seront
d'autant plus acceptables, qu'ils seront préparés, que les personnes seront
accompagnées, que des perspectives nouvelles soient dans les mêmes secteurs ou
dans d'autres, seront apportées.
L'usage aussi doit se faire au sein de l'État et l'appropriation de l'IA par
l'État est un élément clé de notre efficacité publique, du bien-être aussi de
nos fonctionnaires et d'une appropriation par tous nos concitoyens. Et je
dirais que la question de la confiance est là aussi encore plus essentielle. Il
n'y a pas d'appropriation collective de l'IA sans un État exemplaire en la
matière. C'est une affaire d'innovation, d'efficacité de la puissance publique,
une affaire d'éthique, de bien-être des fonctionnaires également. Alors l'État
doit utiliser l'IA pour faciliter la vie des Français ; plusieurs choses
ont commencé. Il a été évoqué le modèle Albert - je rassure les uns et les
autres, l'idée n'est pas que l'État crée son propre modèle - ce sont des
briques en open source qui ont été ici prises, mais que l'État puisse avancer
main dans la main.
Et concrètement, je souhaite qu'au moins 4 fonctions essentielles de l'État
puissent s'équiper progressivement avec tout l'écosystème, de manière
transparente, de l'IA générative. Et on va investir pour cela. L'hôpital, la
magistrature, l'éducation nationale et la défense sur laquelle un plan dédié a
déjà été présenté. Il y a des solutions spécialisées développées par les
entreprises françaises qui pourraient être adoptées rapidement et c'est
l'objectif de cette stratégie. Dans la santé, nous avons beaucoup progressé
avec, entre autres, le Health Data Hub, les entrepôts de données.
Mais ces données peuvent et doivent maintenant être partagées beaucoup plus
largement en acceptant une mutualisation sans réserve entre l'Inserm,
programmes de cohorte, hôpitaux et chercheurs. Je me permets de faire ce petit
rappel parce que c'est une stratégie à laquelle je crois. Je pense qu'on a bâti
un modèle robuste en France, protecteur des données
individuelles et justement protection de chacun. Elle est très légitime et j'y
tiens beaucoup et c'est vraiment le modèle français. On a un modèle en même temps
qui est une force parce qu'il est assez centralisé, mais on a encore dans le
domaine de la santé, permettez-moi de dire cela, trop de querelles de
chapelles. Et elles créent de la fragmentation dans le partage des données et
du coup de l'inefficacité collective. C'est un gâchis collectif d'opportunités.
C'est un gâchis d'opportunités pour nous et pour les entreprises et les
chercheurs du secteur. Donc, je demande, là, qu'on ouvre entre eux. La loi de
simplification prévue à l'été contient des premières avancées en renforçant le
mandat de la CNIL.
Mais nous devons dépasser justement ces querelles de chapelles et avoir une
politique d'ouverture entre les acteurs légitimes, beaucoup plus opérante. Et
ça, nous y veillerons avec les ministres. Dans la justice, c'est l'équipement
de l'ensemble de la magistrature d'outils d’IA générative qui pourrait
permettre de répondre aux besoins d'investissement, grâce en particulier à des
analyses prédictives élaborées, à l'extraction d'informations clés, à l'aide à
la rédaction de jugements et là aussi, à des tâches qui sont définies au
service des magistrats, des greffiers et du personnel, comme d'ailleurs
plusieurs autres pays européens, ont commencé à le faire en avance de phase. Je
pense à l'Estonie. Et donc qui permet de dégager du temps utile pour du
jugement où les tâches qui sont les plus importantes pour nos magistrats, nos
greffiers. Et je veux ici aussi dire, en étant clair, transparent, sur la place
que prendra l'IA pour éviter tout débat qui inquiéterait nos compatriotes.
Enfin, des cas d'usage générique commun à plusieurs administrations, comptes
rendus de réunion, générations de notes, de mail, etc., doivent être déployés
sous le pilotage de la direction du numérique de l'Etat.
Au fond, Monsieur le ministre, chaque administration doit expérimenter l'IA et
c'est bien notre volonté.
Et l'IA dans l'Etat, c'est aussi l'opportunité d'accélérer et de faire
bénéficier nos start-ups françaises de la commande publique. Ce sujet, on le
sait, progresse encore trop lentement et je souhaite que chaque administration
double la part de ses achats publics consacrés aux start-ups de la tech
française d'ici 2027. Les budgets sont prévus. C'est un objectif ambitieux,
mais atteignable. Je rappelle que le code des marchés publics intègre des
critères d'innovation, des critères qui permettent totalement, dans le cahier
des charges, de faire en sorte que des solutions européennes et françaises
soient les plus légitimes pour être retenues. Et là aussi, ne soyons pas plus
naïfs. Bon courage pour l'un d'entre vous d'être adopté par l'Etat américain ou
l'Etat chinois.
Et donc, ce n’est pas du protectionnisme, c'est juste de dire : on fait la même
chose que nos grands compétiteurs internationaux, on donne des programmes, des
projets, de la perspective à nos start-ups avec une vraie logique d'achats
publics. Je propose d'ailleurs d'étendre cette démarche d'achat vers les
start-ups françaises d'ici 2027, vers le secteur privé. Et c'est tout le
programme « Je choisis la French Tech » pour atteindre plus d'un milliard
d'euros d'achats entre 2024 et 2027, et donc que nos grandes entreprises
françaises et européennes puissent avoir cette logique. Je veux ici remercier
les grands groupes qui sont déjà engagés dans cette dynamique Orange, SNCF,
FDJ, ADP, EDF, CMA-CGM et plusieurs autres qui ont déjà adopté cette logique de
« Je choisis la FrenchTech » et qui doit nous permettre de donner, en quelque
sorte, du potentiel commercial aux start-ups et aux ETI de notre écosystème.
Et puis tout ça va, et je finirai là-dessus, par évidemment la gouvernance.
C'était le dernier point auquel je m'étais engagé. En la matière, je vais vous
le dire très simplement, pour aller droit au but, la seule bonne gouvernance
pour moi est mondiale. Nous avons commencé à avoir un AI Act. Alors, j'ai eu
des mots très positifs dans mon discours sur l'AI Act. J'ai un peu du mal à les
dire tels qu'ils sont écrits là parce qu’avec les moyens maintenant en usage,
il serait trop facile de retrouver le fait que quand c'était en débat au
Parlement européen, j'ai plutôt dit que ce n'était pas le bon moment pour le
faire. Donc, je ne vais pas devenir un avocat zélé de... Je pense que c'est
beaucoup mieux. Et Thierry est là, qui a beaucoup aidé à redresser ce texte, et
je l'en remercie, et avec le Gouvernement français. Il y a un travail qui a
évité, si je puis dire, le pire. Je pense qu'on a un socle qui est là.
Maintenant, il est là. Donc comme il est là, il est bon. Vous voyez comme je
suis pragmatique, je suis comme vous. Mais en tout cas, il donne des systèmes
de garantie. C'est une bonne chose. Il a envoyé un système qui, à l'époque,
était compliqué, c'est qu'on n'était pas les premiers en termes d'innovation et
de création de géants, mais très largement les premiers en termes de
régulation. Et moi, j'ai toujours une crainte en la matière, c'est qu'en fait,
on se presse à réguler des espèces qu'on n'a plus, ce qui marche moins bien
aussi. Et donc, je n'ai pas envie de devenir l'espace de consommateur le mieux
régulé pour avoir des producteurs de l'autre côté de l'océan ou de l'autre côté
de l'Oural.
Là, je pense qu'on a un socle. Il est solide, il a été amélioré dans ces
négociations grâce, je crois vraiment pouvoir le dire, à plusieurs de nos
parlementaires européens, au Gouvernement français et aux commissaires.
C'est aujourd'hui le texte qui constitue un socle de garantie des droits des
citoyens, en particulier contre la désinformation, contre les biais qui étaient
induits, donc c'est une bonne chose. Maintenant, la clé, c'est comment on
arrive à avoir une vraie régulation. En la matière, je pense qu'il faut éviter
absolument la fragmentation de la conversation internationale. Et le danger,
c'est qu'au fond, on ait une régulation européenne qui aille beaucoup plus loin
toute seule et qu'on ait, au fond, une Europe qui régule beaucoup en étant très
en retard sur l'innovation, des États-Unis qui vont être très agressifs en
termes d'attractivité et d'innovation et très peu régulatoires, et au fond qui,
diront, régulent les acteurs en place, ce qui, au fond, s'est passé sur les
plateformes et est toujours valable, et ensuite, un modèle qui régule, enfin
qui régule par des choix de gouvernement non démocratiques, si je puis dire, un
modèle à la chinoise où on le voit apparaître un peu à la golfique, qui sont
des modèles d'IA très statocentrés, avec des objectifs, des préférences
collectives qui ne sont pas les nôtres.
Et donc je pense que c'est une très bonne chose d'essayer d'avoir une
conversation internationale et d'aller vers une régulation mondiale. Pourquoi ?
Parce que je pense que nous, on a quand même des préférences collectives qu'on
veut continuer à avoir développées et qui sont d'ailleurs portées dans le cadre
de la Commission. Je pense qu'on croit à l'innovation à l'IA, mais on veut
pouvoir développer un modèle d'affaires équitable pour toutes les parties
prenantes. On veut pouvoir continuer à défendre la propriété intellectuelle,
les artistes, les créateurs, les ayants droit. Et on ne veut pas vivre dans un
monde où on ne saura pas qui a créé quoi. Je voyais que la polémique faisait
jour à Cannes, où les voix des actrices seront quasiment des voix d'IA, et où
les scripts des prochains scénarios seront des productions d'IA, et où en
quelque sorte tout ce qui était la quintessence d'une sensibilité, d'un goût,
sera substitué par de l'IA. Je crois que la créativité est importante. En tout
cas, c'est le modèle qu'on défendra. Et je pense que c'est important que les
créateurs, les artistes puissent être défendus dans leur propriété
intellectuelle. C'est dans la conversation mondiale qu'il faut le défendre. Et
je crois que tous les interdits aussi qu'on veut, par exemple la militarisation
de l'IA, les limites qu'on veut porter, ça doit faire l'objet d'un dialogue
international, parce que si on ne les applique qu'à une géographie, ce sera
inopérant.
C'est pourquoi, d'abord, nous allons continuer de mettre en œuvre de manière
intelligente l'AI ACT, parce qu'il pose les bases de ce qui nous permet de
faire ça. Et c'est dans ce cadre que nous avons lancé deux missions au Conseil
supérieur de la propriété littéraire et artistique qui visent à faire émerger
un modèle d'affaires équitable pour toutes les parties prenantes et les ayants
droit. Et je vous invite d'ailleurs à vous saisir du sujet et à contribuer. Et
nous allons aussi créer un lieu profondément nouveau, l'Usine IA, qui
accueillera un nouveau centre d'évaluation en IA et aura vocation à devenir
l'un des plus grands centres d'évaluation mondiaux des modèles d'IA. Et ça,
c'est en application de, justement, l'AI Act. Ce centre accueillera une antenne
de l'AI Office de la Commission européenne, et plus particulièrement pour
fournir une expertise technique en lien avec les surveillances des modèles. Et
il se connectera évidemment aux grands réseaux mondiaux d'évaluation des
modèles, les AI Safety Institutes britanniques et américains. Et donc l'idée,
c'est qu'on applique l'AI ACT, qu'on le fasse intelligemment avec ce que je
viens de dire là, qu'on défende notre modèle, qu'on ait une discussion aussi de
ces acteurs avec leurs partenaires et qu'on nourrisse ainsi la conversation
internationale et l'objectif qui est le nôtre.
Et l'objectif, c'est justement notre Sommet de février 2025, l’AI Action Summit
en février 2025, que la France va accueillir le 10 et 11 février 2025 avec des
acteurs du monde entier : entreprises, chercheurs, étudiants, innovateurs,
institutionnels, Etats - le logo apparaît - organisations internationales,
sociétés civiles dans toutes ses composantes. Je remercie beaucoup Anne
BOUVEROT qui a accepté d'être l’envoyée spéciale pour ce Sommet et qui, avec
les équipes du Quai, justement, notre ambassadeur en numérique, nos différents
acteurs, avec toute la plateforme qui a été créée aussi en lien avec le Forum
de Paris sur la paix, tous les laboratoires et les académiques qui ont beaucoup
contribué, va préparer ces travaux. Et je leur ai demandé de travailler sur la
manière dont l'IA peut servir le bien commun, notamment à travers des
infrastructures ouvertes, sur son impact sur le marché du travail, sur le
modèle économique que nous voulons promouvoir, concurrence, propriété
intellectuelle, sur les enjeux de sécurité, et sur la gouvernance mondiale à
mettre en place. Et comme je le disais, je la crois la plus mondiale, la plus
globale possible. On a le partenariat mondial pour l'intelligence artificielle
qui a été décidé en G7, mais qui est logé à l'OCDE, ce qui est une bonne
plateforme pour bâtir des solutions internationales. Et l'objectif ensuite,
c'est que cette architecture mondiale puisse reposer sur 3 piliers, les 3S
qu'on a défendus tout à l'heure au sommet avec les Coréens.
La science, c'est-à-dire que tout ce qu'on va définir là, sur les usages, les
opportunités qu'apporte l'IA, toute la conversation mondiale, on dit : on se
donne une règle commune, c'est la science qui est la base de la discussion. La
science ouverte, académique, reconnue entre pairs. 2) C'est des solutions
communes et ouvertes, c'est-à-dire que ce sont des solutions qu'on doit
apporter pour pouvoir réguler, corriger. Et donc ces solutions, elles doivent
être ouvertes et partagées. Et 3) ce sont des standards. Et donc l'idée, c'est
qu'on puisse émerger sur des standards internationaux reconnus par tous dans
ces enceintes et qu'on évite d'avoir justement une approche multistandard dans
laquelle, sinon, on va se perdre et on va jouer sur, quelque sorte un dumping
régulatoire, on sait très bien comment ça va se passer, si le dossier est pris
de la sorte. Et donc ce sommet réunira les meilleurs du monde dans l'IA,
structurera la discussion de cette manière et je souhaite dès aujourd'hui leur
lancer d'ailleurs un grand défi, comme les Américains ont su le faire avec la
DARPA, les challenges ou des programmes qui permettent d'attirer les tout
meilleurs.
Je souhaite qu'à l'occasion de ce Sommet pour l'action sur l'IA, on ait en
quelque sorte aussi un très grand sommet de l'attractivité des talents dans
tous les domaines, des projets entrepreneuriaux, et en quelque sorte un Choose
France de l'IA à cette occasion, et qu'on ait des lauréats qui soient
communiqués et invités lors de ce sommet. Et donc que les meilleurs chercheurs
en IA, toutes les start-ups, grands groupes qui veulent conclure pour apporter
les meilleures solutions et il y aura tout un cahier des charges qui sera
donné, détection des fake news, contenu synthétique, santé, écologie, etc.,
puissent faire partie de ce concours dont les lauréats seront dévoilés à cette
occasion et qui donnera lieu aussi à des investissements exceptionnels du côté public
pour accompagner et accélérer les choses. Voilà. Je ne veux pas être plus long,
mais c'était, au fond, les axes sur lesquels je voulais dessiner, en quelque
sorte, un peu des objectifs de la France et de l'Europe pour aujourd'hui et
pour demain : des talents, des infrastructures, de l'investissement, des usages
et une gouvernance. Et je crois qu'autour de ça, si on apporte les réponses
adaptées, nous avons les capacités à être véritablement, au-delà de ce qu'on
est aujourd'hui, l'un des grands pays champions de l'IA d'aujourd'hui et de
demain, et d'un IA au service de l'humanité, d'un IA ouvert qui correspond à
nos valeurs et nos préférences, et d'être, ce faisant en capacité
collectivement, de le faire accepter à notre pays, parce que ce sera au service
de nos objectifs, et de structurer la régulation pour la planète car ce sera au
service de l'humanité.
Voilà Mesdames et Messieurs. En tout cas, merci d'être là aujourd'hui et merci
de ce que vous faites chaque jour dans vos entreprises, vos laboratoires, vos
universités, vos organisations parce que vous ne le faites pas simplement au
service d'un objectif qui est le vôtre, mais d'une bataille collective qui est
sans doute l'une des plus grandes transformations de l'époque contemporaine, et
donc l'un des moments les plus intimidants et vertigineux, mais les plus
excitants pour nos générations. J'y crois comme vous, j'ai envie qu'on
réussisse comme vous, et que la France soit un très grand pays de l'IA et que
l'Europe soit un très grand continent de l'IA. Merci à tous. Vive la République
! Et vive la France !
> [Intervention
à l’occasion du Sommet sur l’intelligence artificielle de Séoul] Je voulais
d’abord remercier le Président Yoon, merci beaucoup cher président, et Rishi
Sunak, M. le Premier ministre pour l’organisation de cette réunion et remercier
tous les collègues, chefs d’Etat et de gouvernement et les chefs d’entreprises
et experts qui ont pris le temps aujourd’hui de cet échange essentiel. Il vient
prolonger en effet la dynamique du Sommet de Bletchley Park en novembre dernier
et nous permet de raviver les échanges tenus lors de la fondation du
Partenariat mondial pour l’intelligence artificielle à l’initiative du Canada
en novembre 2018.
Vous l’avez tous dit très clairement et cela ressort très largement des
interventions : l’intelligence artificielle n’est pas simplement une révolution
économique et technologique – elle porte le potentiel d’un profond changement
de paradigme de nos sociétés, c’est-à-dire notre rapport au savoir, notre
rapport au travail, notre rapport à l’information et donc à la démocratie,
notre rapport à la culture et même au langage. Et rapidement, nous devrons
l’adopter au sein de nos entreprises si nous ne voulons pas perdre la bataille
de la productivité, mais aussi intégrer les bons et mauvais usages dans nos
démocraties.
Pour toutes ces raisons, c’est devenu clairement un enjeu politique et ça peut
l’être pour la pire ou la meilleure des raisons, si je puis dire, et c’est
pourquoi avoir une conversation internationale intégrée qui permette de donner
une place aux leaders technologiques, aux usagers mais aussi aux gouvernants de
la planète, me parait essentiel. C’est pourquoi nous avons accepté la
responsabilité de prolonger la dynamique initiée par le Royaume-Uni et la
Corée, en accueillant en France, les 10 et 11 février 2025, un sommet pour
l’action sur l’IA, pour lequel je compte sur votre engagement.
Nous allons nous mettre au travail dès les prochains jours et mon envoyée
spéciale, Anne Bouverot, réunira ce 28 mai nos principaux partenaires en ce
sens, pour bâtir, au fond, un agenda autour de notre double responsabilité à
l’égard de l’IA et cela correspond à ce qui vient d’être dit - celle à la fois
de partager, d’innover et de continuer d’accélérer et celle de protéger face
aux mauvais usages et d’intégrer aussi les conséquences directes et indirectes
de l’IA.
En premier lieu, donc partager, ouvrir. C’est comment faire en sorte que
l’adoption massive de l’intelligence artificielle puisse réaliser la promesse
initiale du numérique, qui est l’émancipation individuelle et collective, et
donc le progrès, la connaissance et derrière la croissance économique. Pour
cela, il faut un agenda d’investissement pour favoriser l’innovation et éviter
la concentration - ce faisant, nous renforçons les libertés d’entreprendre, de
créer et d’apprendre. Il nous faut aussi encore plus fortement inciter
l’innovation en faveur du bien commun et des objectifs de développement
durable, qu’il s’agisse d’ailleurs de l’environnement ou de la santé, en
bâtissant aussi une architecture pleinement « ouverte » de l’intelligence
artificielle, je sais combien certains d’entre vous – et Yoon vient d’y faire
référence – y tiennent, et pour travailler à une technologie accessible à tous.
Je ne veux pas ici être plus long mais pour moi le premier volet de notre
agenda d’action pour l’IA, c’est en effet comment investir davantage, comment
on peut accélérer, l’innovation, la diffusion et comment s’assurer qu’il y ait
un socle d’architecture « ouverte » pour permettre le développement possible de
nos objectifs principaux.
En deuxième lieu, notre rôle est clairement de protéger les citoyens des
risques qui sont générés par le développement très rapide de l’IA, que les
usages les plus risqués soient pleinement empêchés, ce dont il avait été
beaucoup question au Royaume-Uni l’an dernier ; c’est le fil directeur du
règlement européen sur l’IA adopté en mars dernier. Et très clairement
apparaissent des usages impossibles de l’IA, la militarisation de l’IA et
autres, cela je crois qu’il faut dès le début l’intégrer. Il faut dès le début
avoir une conversation mondiale sur ce sujet si on veut être efficace et donc
se dire qu’on a une forme d’ordre public international qui doit éviter certains
mauvais usages de base. Et puis, il y a des choses qu’on doit aussi pouvoir
intégrer très rapidement et calibrer : la protection de la propriété
intellectuelle, la préservation des données de chacun, l’impact environnemental
des IA, les conditions de rémunération, la prolifération des attaques cyber et
de campagnes de désinformation. Donc, on voit bien que la protection va
supposer aussi d’avoir une approche sans doute un peu différente d’une approche
classique, c’est-à-dire d’avoir une approche par stress test, par scénario et
se mettre d’accord aussi sur un agenda commun.
Pour cela et je finirai par-là, il faut une nouvelle gouvernance internationale
de l’intelligence artificielle et je crois que le grand risque, ce serait qu’il
y ait des gouvernances régionales et qu’au fond, il y ait une fragmentation de
la conversation et des préférences parce qu’elles créeraient une forme de
disparité et viendraient obérer nos capacités à investir et innover ensemble et
créeraient des préférences collectives différentes, alors même que si on veut
être efficace, il faut bâtir un vrai socle international commun. Je crois que
cette nouvelle gouvernance internationale dont on a posé les fondements avec ce
Partenariat mondial pour l’intelligence artificielle, elle repose autour du
triptyque sciences, solutions et standards.
Sciences d’abord, il faut chercher en permanence à bâtir ensemble un consensus
scientifique robuste. Là-dessus, je veux rendre hommage aux travaux confiés au
groupe d’experts dirigé par Yoshua Bengio et dont les résultats définitifs
arriveront en février prochain mais dont les résultats provisoires ont déjà été
rendus et font déjà référence, ce qui permet d’avoir une vue panoramique des
risques et des opportunités. Je crois que c’est important que ce soit à chaque
fois scientifiquement basé, fondé, qu’éventuellement il puisse y avoir une
discussion et des désaccords mais que ce ne soit pas l’objet d’un débat de
biais politique.
Le deuxième élément pour la gouvernance mondiale, c’est de pouvoir unir nos
forces pour créer les solutions techniques ouvertes à tous, permettant ainsi
d’auditer les modèles, de déterminer les bons standards d’évaluation de
risques, d’évaluer leur impact environnemental. Je pense essentiel que nos
différents instituts d’évaluation des modèles d’IA puissent partager leurs
résultats, notamment avec les pays qui sont autant concernés par les enjeux
mais ne sont aujourd’hui pas dotés des mêmes capacités d’analyses. Les
entreprises doivent aussi pouvoir contribuer mais je pense que c’est très
important d’avoir ces solutions techniques ouvertes à tous sinon, il n’y aura
pas véritablement de gouvernance commune.
Et puis enfin, c’est des standards, des normes internationales de l’IA qu’il
nous faut bâtir pour avoir des règles communes qui soient pleinement
compatibles et qui ne créent pas de distorsion entre les espaces, de surcoût
pour les entreprises. C’est aussi pour cela que je crois beaucoup à la capacité
qu’on aura d’inclure tous les espaces géographiques et toutes les grandes puissances
technologiques et économiques de la planète. Il ne faut pas que cette
gouvernance se fasse en excluant tel ou tel, il faut vraiment éviter une
fragmentation des cadres réglementaires qui ne profiterait vraiment à
personne.
Voilà, ces trois objectifs pour moi – sciences, solutions, standards – sont au
cœur du projet de relance du Partenariat mondial pour l’intelligence
artificielle dont, on fait tous partie, aux côtés de grands partenaires comme
l’Inde, le Brésil, le Sénégal, une trentaine de pays au total, bientôt rejoints
par d’autres. C’est une nouvelle étape qui s’ouvre mais c’est autour de ces
principes qu’on va bâtir et donc mener ce travail en vue de février
prochain.
Je crois que j’ai épuisé le temps qui m’était imparti et je ne veux pas être
plus long mais l’objectif était vraiment de remercier les collègues et
dirigeants d’entreprises, contributeurs qui se sont exprimés aujourd’hui et
d’essayer ainsi de donner les principaux objectifs pour le sommet de février
prochain.
> À nos para-athlètes français, Nous avons rendez-vous dans 100
jours. Nous serons là ! La France sera là. Pour vous accueillir et vous
soutenir. Tout un peuple va vibrer au rythme de vos performances drapées bleu,
blanc et rouge. 4 400 athlètes sont attendus : en plus d'être des compétiteurs
et des champions, vous serez avec eux des ambassadeurs. Ces Jeux vous
apporteront une visibilité sans précédent : deux fois plus d'heures de
compétitions diffusées qu'à Tokyo. Ainsi, vous allez montrer au monde vos valeurs.
L'esprit d’équipe, le respect, la tolérance, le dépassement de soi. C'est vous.
C'est nous tous, la France. Si beaucoup reste à faire sur l’accessibilité, pour
le pays, il y aura un avant et un après ces Jeux. L’ensemble des sites
olympiques seront adaptés aux handicapés et nos transports en commun auront été
transformés : en Île-de-France par exemple, avec 60 gares accessibles, la ligne
14 prolongée, la mise en place d'annonces visuelles pour les malentendants. Il
y aura aussi cinq fois plus de taxis accessibles à tous. Le pays sera
transformé. Et la vie des personnes qui vivent un handicap, aussi. Aujourd'hui,
moins de la moitié pratiquent une activité physique. Rapprochons-les du sport !
Plus de 3 000 clubs sportifs ont été formés pour les accueillir. Tous au sport
! Je compte sur chacun pour s'y mettre et encourager ses proches. À dans 100
jours ! Pour l’Histoire.
> [Message
pour le forum mondial de l’eau de Bali]
Mon emploi du temps ne m'a pas permis de faire le voyage jusqu'à Bali, et je
regrette ô combien, de ne pas être parmi vous aujourd'hui pour ce dixième Forum
mondial de l'eau. Je garde en mémoire la force de ce lieu, sa capacité à
inspirer et notre G20. Mais je tenais toutefois à vous passer ce message par
vidéo, car je sais à quel point la question de l'eau est désormais vitale
partout sur la planète.
Je veux ici remercier le Président Joko Widodo pour son engagement sur le
sujet, ainsi que le Conseil mondial de l'eau pour l'organisation de cette
nouvelle édition du Forum à Bali.
Aujourd'hui, il n'y a pas de sommet international où l'on ne parle pas de
l'accès aux ressources critiques pour nos économies, qu'il s'agisse d'énergie,
de minerais, de terres rares, de composants technologiques. Ce Forum nous
rappelle que l'eau est la première des ressources critiques. L'or bleu, comme
on l'appelle parfois, a toujours été une ressource vitale et hautement
symbolique pour l'ensemble des peuples et, l'accès à l'eau, l'un des premiers
facteurs d'indépendance et d'interdépendance entre les nations. La coopération
transfrontalière pour la gestion de l'eau a donc toujours été un vecteur
d'accélération de la paix.
Aujourd'hui, s'ajoute à cela, l'impact profond du changement climatique sur le
cycle de l'eau. Partout, l'accès à l'eau devient imprévisible, entre
désertification, sécheresse prolongée, inondation soudaine ou fonte des
glaciers. Plus de la moitié de la population mondiale affronte déjà des
pénuries sévères en eau et de nombreux pays à travers le monde anticipent des
situations de stress hydrique intense dans les années à venir, mettant en
danger leur économie, leur population, mais aussi parfois la stabilité même de
leur voisinage. Dans 9 cas sur 10, l'eau est au centre des enjeux d'adaptation
au changement climatique. La communauté internationale doit prendre la mesure
de ce défi. Dans un monde qui se réchauffe, nous devons aborder la question de
l'eau comme l'un des chantiers les plus fondamentaux des prochaines décennies.
Ce chantier est aussi fondamental parce qu'il renverse des habitudes, parfois,
bien établies. Soyons clairs, beaucoup de pays dits développés, habitués à une
certaine forme d'abondance, devront, dans les prochaines décennies, apprendre
des pays du Sud qui sont plus habitués à la rareté de l'eau, changer
profondément leur manière de consommer l'eau, de recycler, etc.
La France d'ailleurs n'échappe pas à cet impératif de transformation. J'ai
annoncé il y a un an un Plan eau que nous mettons en place, avec nombre de ces
petites révolutions ou grandes révolutions. Nous avons investi dans les années
60 dans une politique de l'eau très innovante, autour de la gestion par bassin.
Ce modèle français, reconnu à l'international, nous a permis de lutter contre
la pollution de l'eau, de garantir sa qualité. 60 ans plus tard, nous avons dû
repenser ce modèle avec le Plan eau, publié en mars de l'année dernière, qui
vise à tirer toutes les conséquences d'une pression nouvelle sur la quantité
d'eau disponible, chose à laquelle nous n'étions pas habitués dans beaucoup
d'endroits. Nous sommes en train de démontrer que des solutions existent, des
transformations sont en cours, mais il y a toujours des tensions et des
inspirations à prendre du monde entier. Mais aujourd'hui, je voudrais surtout
dire à quel point, à l'échelle internationale, le chantier de l'eau est une
opportunité considérable. C'est une opportunité pour construire la paix — on le
voit d'ailleurs du Caucase à l'Asie centrale, en passant par le Proche et
Moyen-Orient — mais aussi pour construire la prospérité et nous aider à
décarboner nos économies. L'eau est sans doute l'actif le plus précieux dans
lequel nous pouvons investir aujourd'hui, si nous souhaitons vraiment
construire des économies plus durables, plus prospères, plus autonomes.
Investir dans l'eau, c'est investir dans le développement humain et la santé
humaine, nous le savons. C'est aussi investir dans l'énergie décarbonée parce
que l'eau est au cœur des modèles de production d'hydrogène, d'énergie
renouvelable, d'énergie nucléaire. C'est aussi investir dans la souveraineté de
nos modèles agricoles, en les rendant plus robustes et plus autonomes, avec la
capacité d'irriguer de manière plus efficace, de produire localement des
engrais verts, au lieu de continuer à importer des engrais très carbonés avec
des risques de dépendance et des bilans énergétiques et climatiques
catastrophiques. Dès aujourd'hui, c'est dans cet état d'esprit optimiste que je
vous souhaite le plus grand succès pour cette 10ème édition du Forum mondial de
l'eau.
J'en suis convaincu, c'est vous, la Communauté internationale de l'eau,
composée de collectivités locales, d'entreprises, d'agences de bassins,
d'experts à travers le monde, qui pourra tracer le chemin vers une gouvernance
de l'eau plus efficace et plus juste. C'est aussi avec cet esprit résolument
optimiste que la France prépare, en lien étroit avec le Kazakhstan, le
Président de la Banque mondiale, les Nations unies et de nombreux autres
partenaires, le premier Sommet One Planet sur la question de l'eau : le One
Water Summit.
Notre ambition sera de construire une grande alliance internationale sur l'eau,
qui réunisse Etats, collectivités locales, industries, secteurs privés,
associations et ONG pour investir massivement dans la nouvelle économie de
l'eau. Nous placerons aussi le sujet de l'eau au cœur de l'agenda du Pacte de
Paris pour les Peuples et la Planète, le 4P, lancé en juin dernier en France,
avec l'objectif de réconcilier des agendas de lutte contre la pauvreté et de
protection de l'environnement. Au fil de ces échéances, vous pourrez compter
sur la détermination de la France, pour faire de l'eau une question majeure au
cœur de l'agenda international.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement,
certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs
propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos
critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Gabriel Attal Premier
ministre, chargé de la Planification écologique et énergétique
> [Intervention à l’Assemblée à propos de la situation en
Nouvelle-Calédonie]
Au nom du Gouvernement, je veux à mon tour rendre hommage aux victimes des
violences de ces derniers jours. Les deux gendarmes qui ont perdu la vie
portaient l’uniforme de la République et protégeaient les populations et la
terre de Nouvelle-Calédonie. Ils s’étaient engagés pour la France et sont morts
en la servant. La République ne les oubliera jamais et sera présente,
attentive, auprès de leurs familles, de leurs proches et de leurs frères
d’armes. La gendarmerie a perdu deux hommes, mais c’est toute la France qui est
en deuil. Notre reconnaissance est infinie.
Je veux rappeler que les premières victimes des émeutes et des violences sont
les Calédoniens. Quatre personnes ont perdu la vie à l’occasion des émeutes et
des pillages. Beaucoup ont été blessés. Au nom du Gouvernement, j’exprime mon
soutien aux proches et aux familles des personnes qui ont perdu la vie. Je ne
me résoudrai jamais à ce que des jeunes, parfois très peu âgés, perdent la vie
dans une spirale de violences.
La Nouvelle-Calédonie est frappée par des violences d’une rare intensité, qui
portent le souvenir amer des déchirements sanglants du Caillou il y a quarante
ans. Les élus et les responsables politiques calédoniens, qu’ils soient
indépendantistes ou non, les ont unanimement condamnées, appelant au retour au
calme. Je salue l’esprit de responsabilité qui anime l’ensemble des forces
politiques calédoniennes.
Depuis le début de la crise, notre priorité est le retour à l’ordre, préalable
au dialogue. Le Président de la République a convoqué à trois reprises un
Conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN). J’ai moi-même présidé à
cinq reprises des cellules de crise interministérielles pour suivre la
situation en temps réel et coordonner l’action de l’État. À la demande du
Président de la République, l’état d’urgence a été décrété, le couvre-feu
maintenu et les rassemblements interdits. Avec le ministre de l’intérieur et
des outre-mer et la ministre déléguée chargée des outre-mer, nous suivons l’évolution
de la situation jour et nuit.
Ce week-end, un pont aérien a permis le déploiement de
1 000 personnels des forces de sécurité intérieure supplémentaires,
venus renforcer les 1 700 effectifs déjà présents sur place. Ces
2 700 policiers et gendarmes accomplissent un travail exceptionnel
dans des conditions très difficiles. Je veux, avec vous, rendre hommage à leur
courage. Ils ont déjà accompli plusieurs missions périlleuses, notamment en
dégageant la route entre Nouméa et l’aéroport – 76 barrages ont été
détruits –, et sont appuyés par des militaires, qui les aident à sécuriser
l’aéroport, les ports et les bâtiments publics.
Le retour au calme passe aussi par la fermeté à l’égard des auteurs
d’exactions. C’est la raison pour laquelle le ministre de la justice a pris une
circulaire demandant une réponse pénale ferme face aux pillards et aux
émeutiers.
Les violences ont des conséquences très graves sur la vie quotidienne des
habitants de Nouvelle-Calédonie. Nous mettons toute notre énergie dans le
rétablissement de l’ordre, mais nous sommes également mobilisés pour assurer la
continuité de la vie quotidienne des Calédoniens. J’ai réuni une cellule
interministérielle de crise spécifique sur le sujet des produits alimentaires
et sanitaires acheminés grâce au pont aérien. Par ailleurs, nous travaillons
déjà à la reconstruction avec Bruno Le Maire, qui a reçu l’ensemble des
acteurs économiques.
Grâce à ces moyens et aux décisions prises sans délai, la situation commence à
s’améliorer, mais, nous le savons, elle est encore fragile et notre vigilance
reste entière. Nous devons rechercher une solution politique durable et globale
pour ce territoire.
Nous ne la trouverons que par le dialogue entre les forces politiques locales.
Le Président de la République décolle ce soir pour la Nouvelle-Calédonie. Il se
rend au contact de nos compatriotes et échangera avec l’ensemble des forces
vives calédoniennes, les acteurs politiques, bien sûr, mais aussi les acteurs
de la société civile, de la jeunesse, de la vie économique et des affaires
coutumières. L’objectif est d’être à leurs côtés et de préparer la
reconstruction. Le Président de la République entend renouer le fil du
dialogue. Les personnalités qui l’accompagnent permettront de réunir les
acteurs locaux et d’avancer vers l’accord politique global que nous appelons
tous de nos vœux.
Le Président de la République a toujours été clair – je vous renvoie au
discours qu’il a prononcé il y a un an en Nouvelle-Calédonie (M. Manuel
Bompard s’exclame) : l’avenir du territoire passe par des évolutions
institutionnelles, en vertu des résultats des différents référendums, mais,
plus globalement, par la recherche d’un chemin du pardon permettant à tous les
habitants de vivre en paix. Le Gouvernement est pleinement mobilisé en ce sens.
> [Hommage aux agents pénitentiaires assassinés] Il n’était pas encore 6 heures, ce matin du 14
mai. Le calme de la nuit entourait encore la France, et les premières lueurs
s’apprêtaient timidement à franchir l’horizon. Il n’était pas encore 6 heures,
ce matin du 14 mai. Mais pour eux, pour vous, femmes et hommes de la communauté
pénitentiaire, c’était l’heure du devoir, l’heure de la mission.
Il n’était pas encore 6 heures, ce matin
du 14 mai. Mais pour Fabrice, Arnaud, Nicolas, Damien et Arnault, tels des
sentinelles de l’aube, la journée commençait. Aucune journée ne ressemble à une
autre, quand on choisit la pénitentiaire. Ils le savent et se préparent, comme
avant chaque mission, avec la même attention, le même savoir-faire, la même
vigilance. Ils ont choisi de servir la République. Choisi de servir la Justice.
Et pour eux la journée commence ; comme elle commence, partout en France, au
même moment, pour des centaines d’équipes des pôles de rattachement des
extractions judiciaires, les PREJ.
Il est 5h30, ce 14 mai, quand le
capitaine Fabrice Moello réunit ses hommes et passe en revue, avec eux, les
missions du jour. Une extraction. Un détenu à convoyer de la maison d’arrêt
d’Évreux jusqu’au tribunal de Rouen, puis revenir jusqu’à la prison. La mission
commence. Deux véhicules, trois agents dans l’un, deux dans l’autre, pour
fluidifier le trafic et sécuriser le convoi.
En ce matin du 14 mai, alors que les
véhiculent avancent dans le demi-jour : que la Normandie semble calme. Que le
drame, la violence et la barbarie semblent loin. Et pourtant.
Et pourtant chaque seconde qui passe les
rapproche inexorablement du drame et des larmes, des coups de feu, des
blessures, de la mort. Le convoi arrive à Rouen. Les auditions se déroulent,
s’achèvent.
Nous sommes en milieu de matinée, et le
fourgon repart. Il repart sur les routes de Normandie. Il repart vers la
tragédie. Les véhicules se suivent, sans jamais perdre le lien, en contact
toujours, pour faire face à tous les dangers. La circulation s’encombre,
ralentit.
Et puis soudain, à la sortie du péage
d’Incarville, l’histoire bascule, avec une brutalité inouïe.
Face aux deux véhicules de l’État, un
véhicule, à contre sens, fait bélier. Derrière, une autre voiture referme le
piège.
Et puis ce sont des tirs, des tirs
incessants, des tirs en rafale.
Ce sont les vitres qui explosent,
criblées de balles. Ce sont les tirs qui continuent, non pas seulement pour
attaquer, mais pour donner la mort. Ce sont les tirs de riposte des agents. Hommes
en noir contre hommes en bleu. Visages cagoulés contre figures de la
République.
Brutalité contre Etat de droit.
Violence contre Justice. Le détenu
s’évade du fourgon, libéré par les assaillants. Des assaillants qui incendient
leur véhicule et disparaissent. 3 minutes. 3 minutes : c’est le temps qu’aura
duré cette attaque. 3 minutes, et pourtant une éternité. Nicolas est le premier
à se relever, à héler les secours. La balle qui a blessé son oreille a frôlé
son crâne, le gilet pare-balle a évité pire.
Pour Damien et Arnault, la vie ne tient
qu’à un fil, plus gravement touchés encore par la mitraille des meurtriers.
Ils se sont relevés. Et j’ai à cet
instant, une pensée émue pour leur souffrance et leur courage. Nous ne les
oublierons pas. Nous ne les abandonnerons pas.
Mais alors que le
temps semble suspendu. Alors que le vacarme des tirs se tait, laissant place
aux cris d’effrois, aux crissements des pneus, aux sirènes de secours, Arnaud
Garcia et Fabrice Moello ne se relèvent pas.
Ils ne se relèvent pas, emportés par la
folie meurtrière. Emportés par des malfrats, devenus des tueurs. Emportés dans
un déchaînement de violence, et un torrent de brutalité. Arnaud Garcia et
Fabrice Moello ne se relèveront pas. Et pour leurs familles, pour leurs
camarades, jamais plus les matins ne seront les mêmes. Arnaud Garcia avait 34
ans, il allait devenir père. Il vous avait annoncé la bonne nouvelle il y a
quinze jours, à vous, ses collègues, autour d’un verre, avec une joie et une
fierté qui faisaient rayonner sur son visage un sourire plus large encore que
d’habitude.
Il était passé par d’autres postes
auparavant, surveillant à Grasse, à Argenton. Et s’il était entré au PREJ,
c’est par amour. C’est pour avoir des horaires plus réguliers et pouvoir se
consacrer plus facilement à Maryse et leur enfant à naître, dans la maison
qu’ils avaient construite ensemble.
Ainsi était Arnaud Garcia : sincère et
passionné. Une passion qu’il mettait en toute chose : son métier, bien sûr. Son
métier qui était bien plus qu’une profession, mais un engagement, un engagement
constant au service de la Justice. La passion de l’uniforme, celle du service
de la France, qu’il avait héritées de son père gendarme.
La passion pour la Normandie, pour
l’Histoire, pour la Grèce antique, pour la moto. La passion pour le football,
bien sûr, lui dont on pensait que le cœur de supporter ne pourrait jamais
cesser de vibrer. En sa mémoire, le stade Malherbe à Caen a applaudi à tout
rompre, tandis que le RC Lens a respecté une minute de silence. Mais dans le
recueillement de ce silence, dans la ferveur de ces applaudissements, il
manquait quelqu’un. Quelqu’un qui n’avait jamais manqué un match. Quelqu’un qui
connaissait les ressorts de chaque rencontre, les raisons de chaque victoire. Il
manquait Arnaud Garcia. Mais je crois que si l’on tend l’oreille, on peut
deviner encore dans les tribunes le son de sa voix, tant sa présence semblait
éternelle. Fabrice Moello, lui, était arrivé à Caen il y a plus de vingt ans.
Et les années ne suffirent pas à faire de ce Breton, un Normand de cœur.
Frêne, Argentan, Caen, ici-même. De
promotion en promotion, le voilà au PREJ en 2019, premier surveillant, puis
capitaine pénitentiaire.
Il avait cela en lui, cet éthos du chef,
qui incitait au courage. Cette humilité, cette maturité qui inspiraient le
respect.
Quand il emmenait ses amis courir, il
était le « présicoach », celui qui galvanisait le courage et ranimait les
forces.
Son épouse Sandrine, ses deux garçons de
21 ans, Eloann et Julian, lui emboîtaient souvent le pas.
De marathons en trails, de la « Barjo »
au Raid de l’Archange, il dévorait le sable de la Manche à longues foulées,
assoiffé de vitesse, d’endurance, de vie, car rien n’était trop difficile à ses
yeux, quand il s’agissait de se dépasser. Cette volonté de fer s’alliait d’une
bienveillance perpétuelle, teintée d’un soupçon d’irrévérence et d’humour.
Partir en extraction avec lui, c’était
être rassuré, être sécurisé. La force souriante. La force bienveillante. Une
force qui faisait de lui un chef respecté, un père aimé. Une force qui
inspirait. Cette force, encore aujourd’hui, guide ses collègues et les guidera
toujours. Fabrice Moello et Arnaud Garcia avaient en commun une jovialité, un
sourire, un bon mot. Ils avaient en commun ce chemin de la Justice, embrassé
pleinement, en pleine conscience de sa noblesse et de sa difficulté.
Ils partageaient la conviction que
l’autorité et la fermeté sont les garants de la paix civile.
Qu’un pays fort a besoin d’écoles comme
de prisons, de Justice.
Ils avaient accepté d’incarner cette
autorité de la Nation, déterminés, à être un maillon dans la grande chaîne de
la Justice.
À faire vivre cette Justice, sans
laquelle la démocratie vacille. Je veux le dire : il n’y a pas de Justice digne
de ce nom, si son autorité n’est pas respectée. Pas de Justice, s’il subsiste
une once d’impunité. Pas de Justice, si les peines ne sont pas appliquées. Alors
la Justice, c’est aussi Fabrice Moello et Arnaud Garcia. C’est Nicolas. C’est
Damien. C’est Arnault. Ce sont toutes les femmes et tous les hommes de
l’administration pénitentiaire, dont l’engagement est exceptionnel, le
dévouement remarquable, la mission essentielle. Grâce à eux, grâce à vous, les
peines prennent un sens. Grâce à eux, grâce à vous, le bras de la Justice ne
faiblit pas. Grâce à eux, grâce à vous, nos concitoyens savent qu’ils sont
protégés. Car tel est votre quotidien, tel est le quotidien des femmes et des
hommes de l’administration pénitentiaire : surveiller, sécuriser, accompagner,
réinsérer.
Prévoir, prévoir toujours ce qui peut se
passer. Agir, agir avec méthode, avec sang-froid, avec discernement. Servir,
servir la mission, parfois face aux coups, aux insultes, aux menaces. Parfois,
comme mardi dernier, jusqu’à la mort. L’uniforme des femmes et des hommes de la
pénitentiaire, c’est celui de la République doublé de celui de la Justice. Alors,
pour eux aussi, avec le Président de la République, nous nous engageons et nous
nous engagerons encore. Nous nous engageons et nous nous engagerons encore pour
qu’ils puissent accomplir leurs missions. Nous nous engageons et nous nous
engagerons encore pour une juste reconnaissance de leur statut. Nous nous
engageons et nous nous engagerons encore pour leur donner des moyens à la
hauteur de leurs besoins. Troisième force de sécurité de notre Nation, les
femmes et les hommes de l’administration pénitentiaire veillent sur l’ordre
républicain. Et ce matin, je pense à eux. Je pense à tous les membres de
l’administration pénitentiaire. Je pense à tous les membres de PREJ, si
nombreux aujourd’hui. Je pense aux agents d’établissement, aux surveillants qui
exercent leurs métiers de coursives en coursives, ou en surveillance des
placements sous bracelet électronique.
Je pense aux membres des services de
probation et d’insertion.
Je pense aux agents d’intervention, les
ERIS, qui gèrent les crises et interviennent partout où la violence gronde.
Je pense aux équipes cynotechniques, avec
leurs chiens de recherche.
Malgré les difficultés, malgré la
violence à laquelle vous faites face, malgré l’émergence d’une nouvelle
génération de prisonniers, totalement désinhibée : vous savez opposer le règne
du droit à celui de la violence. Vous savez faire en sorte que force aille
toujours à la loi. Vous savez aussi garder le cœur ouvert aux fragilités,
déceler les volontés de revenir sur le droit chemin, fidèle à ce rôle de
réinsertion qui vous revient également.
Le 14 mai, l’effroi a touché la France. Le
cœur de chaque français s’est serré en apprenant que notre pays avait perdu
deux de ses serviteurs. Que trois d’entre eux étaient gravement blessés. Je
veux redire ma solidarité, mon soutien à la communauté pénitentiaire mais aussi
judiciaire. Une communauté dont l’émotion et la douleur sont indépassables,
avec la perte de deux collègues, de deux amis. Avec cette peine qui s’ajoute au
deuil de l’agent Grégory Lesecq, mort il y a trois mois durant une intervention
de l’ERIS de Lille.
Je veux vous le dire droit dans les yeux
: leur mort ne restera pas impunie. L’enquête avance. Elle se poursuivra, aussi
longtemps qu’il le faudra. Mais elle aboutira.
Aux criminels lâches et odieux, qui ont
accompli ce crime barbare, je veux le dire à nouveau : ne dormez pas
tranquilles. Nous vous traquons. Nous vous trouverons. Et nous vous punirons. Le
glaive de la Justice ne tremblera pas. Nous vous le devons.
Fabrice Moello, Arnaud Garcia, la France n’oublie pas ses enfants qui, pour elle, ont pris l’uniforme, ceux
qui ont fait vivre ses institutions, qui ont fait régner ses valeurs
républicaines, jusqu’à en mourir.
Nous honorerons vos mémoires. Nous ferons
vivre vos combats. Nous ferons perdurer vos passions. Fabrice Moello sera promu
dans le corps de directeur des services pénitentiaires, Arnaud Garcia dans le
corps des officiers, au grade de capitaine. Nous serrerons les rangs. Nous
prendrons soin de vos familles, de vos enfants. Comme nous prendrons soin de
vos camarades blessés. Nous soutiendrons ceux qui reprennent après vous le
flambeau que vous avez placé si haut. Et c’est pour vos vies consacrées à la
justice, et emportées en son nom, que j’ai l’honneur, ce matin, de vous
remettre les insignes de chevalier de la Légion d’honneur.
Vive la République !
Vive la France !
Gérald Darmanin,
ministre de l’Intérieur et des Outre-mer
> Par trois fois, les Calédoniens ont dit non à
l'indépendance. Que faut-il faire d'autre que de constater la voix démocratique
?
> [Attaque de la synagogue de Rouen] Je vous remercie
d’avoir salué les policiers et les sapeurs-pompiers qui sont intervenus très
rapidement, alors que l’incendiaire de la synagogue était encore sur les lieux.
Celui-ci a d’abord agressé les sapeurs-pompiers qui éteignaient le feu et qui
ont heureusement permis de limiter les dégâts dans cette magnifique synagogue
située en pleine ville de Rouen. Il a ensuite attaqué au couteau les policiers.
Un jeune policier adjoint de 24 ans, après les sommations nécessaires, a
utilisé son arme, à bon droit, pour neutraliser l’assaillant qui fonçait sur
lui avec son couteau et n’était plus qu’à quelques centimètres. Permettez-moi
de le remercier et de le féliciter à nouveau ici, après que j’ai fait le
déplacement dans votre ville dès lundi pour le décorer immédiatement.
Comme je le dis depuis plus de deux ans et singulièrement depuis l’ignoble
attentat terroriste du Hamas du 7 octobre dernier, les Juifs en France
sont sous la menace d’actes antisémites particulièrement graves et qui se sont
multipliés ; c’est le cas partout dans le monde, mais particulièrement en
France.
Parce que nous avons organisé la protection des lieux de culte, la synagogue de
Rouen a bénéficié des moyens de l’État pour installer des caméras de
vidéoprotection qui nous ont aidés à intervenir ; les patrouilles de
sécurité, présentes dès six heures du matin, ont pu circonscrire le feu en
quelques secondes et empêcher l’incendiaire de s’en prendre à d’autres
personnes dans la rue avec son couteau.
Parce que nous savons que cette menace est extrêmement forte, la police et la
gendarmerie sont fortement mobilisées partout en France pour protéger tous nos
compatriotes juifs et leurs biens, à commencer par les lieux de culte. La haine
du Juif, c’est la haine de la France, c’est la haine de l’autre (M. Meyer
Habib applaudit) et, si j’ose dire, c’est la haine de soi-même.
Catherine Vautrin,
ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités
> Il nous faut revenir tout de suite sur certains éléments. En ce qui
concerne l’emploi, le gouvernement qui a mis fin au chômage de masse est bien
celui dont les membres sont issus de cette majorité ! Depuis 2017, plus de
2 millions de personnes ont retrouvé le chemin de l’emploi ; c’est
absolument indéniable.
La réforme de France Travail, qui concerne l’accompagnement, a d’abord été
expérimentée dans dix-huit départements. Les premiers résultats ayant été
particulièrement intéressants, le Premier ministre a décidé, dès le mois de
février dernier, de passer de dix-huit à quarante-sept départements, afin
d’apporter immédiatement aux femmes et aux hommes les plus éloignés de l’emploi
des réponses : une immersion de quinze heures ou la découverte, dans les
entreprises, des métiers vers lesquels ils ou elles souhaitent s’orienter.
Nous devons en effet parler de l’assurance chômage : qu’auriez-vous dit si
nous n’en avions pas parlé ! À l’automne dernier, les partenaires sociaux
ne sont pas parvenus à un accord : le Gouvernement a accepté de prendre un
décret de jointure, qui prend fin le 30 juin prochain. Par conséquent, si
nous n’avançons pas sur ce sujet, il n’y aura plus aucune réponse à compter du
1er juillet.
Il nous faut être capables d’œuvrer à une évolution de l’assurance chômage et
d’apporter aux Français des réponses ; nous le leur devons et c’est ce que
nous faisons. Après huit mois de négociations, les partenaires sociaux ne se
sont pas parvenus à se mettre d’accord. Le Gouvernement travaille sur ce sujet,
avec deux principaux objectifs : le travail doit être plus rémunérateur ;
les Françaises et les Français les plus éloignés de l’emploi doivent être
accompagnés.
> Huit mois. C’est le délai qui s’est écoulé entre le
début de la discussion sur l’assurance chômage et sa fin ; elle n’a pas
été conclusive. Vous le savez très bien, le 8 avril, les partenaires
sociaux ont fait part de leur incapacité à trouver un accord. Nous sommes le
21 mai. La question de la responsabilité du Gouvernement se pose. Il doit
procéder à une réforme, afin que le 1er juillet – c’est-à-dire, dans
six semaines, je souscris à votre décompte calendaire –, les allocations
soient versées aux bénéficiaires.
La question est celle du travail avec les partenaires sociaux. C’est la raison
pour laquelle nous lançons un nouveau tour de consultations avec eux pour
préparer la réforme de l’assurance chômage évoquée par M. le Premier
ministre. Vous le savez, elle se fera par décret. Un décret de jointure a été
publié. Il est désormais nécessaire de prendre un décret prévoyant les
différents éléments. Vous comprendrez que son contenu soit d’abord présenté aux
partenaires sociaux. Il fait l’objet des discussions que nous avons avec eux.
Oui, nous parlerons des séniors et des durées d’affiliation. Le sujet qui nous
préoccupe est de ramener vers l’emploi tous celles et ceux qui le peuvent, en
associant l’information – c’est le meilleur des moyens pour y
parvenir – à l’accompagnement de celles et ceux qui ont perdu leur emploi.
C’est en maintenant leur employabilité que nous les aiderons à retrouver un
emploi.
> l’Europe de la santé s’est révélée vitale et concrète
pendant la pandémie. En effet, nous avons commandé et distribué
1,7 milliard de doses de vaccin avant le mois de juin 2022 dans le monde
entier, alors qu’une compétition féroce avait lieu. L’OMS – Organisation
mondiale de la santé – considère que 1,4 million de vies ont été
sauvées sur le continent européen, ce qui est loin d’être neutre. Depuis,
l’Europe a su tirer les conséquences de la pandémie, en créant une véritable
Europe de la santé, avec une autorité européenne dédiée à la sécurité
sanitaire, la constitution de stocks stratégiques de matériels d’urgence, et,
enfin, l’élaboration d’un premier plan européen de lutte contre le cancer.
Voilà des éléments concrets qui nous permettent de promouvoir un effort de
recherche à l’échelle européenne. Nous devons aller plus loin. C’est le sens du
discours prononcé par le Président de la République à la Sorbonne. Nous devons
renforcer l’autonomie stratégique en matière de production de médicaments, en
créant une alliance européenne en matière de relocalisation des médicaments
critiques, ainsi qu’il en a été question lors du sommet Choose France 2024. Il
faut réviser la législation pharmaceutique européenne et élaborer un plan de
lutte contre les maladies rares, qui touchent trois millions de personnes en France
et trente millions en Europe. Cela veut dire : renforcer les réseaux
européens de recherche, adopter des recommandations européennes et mieux
coordonner l’ensemble des travaux. Les familles l’attendent. Avec l’Europe,
nous sommes capables de le faire.
> En 2030, le nombre de personnes
âgées de plus de 65 ans surpassera celui des moins de 15 ans. L'élaboration
d'une stratégie pour le grand âge n’est plus une option, c’est une obligation.
Financement, gouvernance, politique domiciliaire... Le Cese sera saisi pour engager
cette grande réflexion sociétale.
> [Santé] mon premier grand
chantier est celui des métiers du soin et de l’humain. Nous devons leur
permettre de retrouver de l’attractivité et du sens. Je souhaite agir à
plusieurs niveaux à travers:
- la construction de parcours de carrière dans chaque bassin de vie ;
- un meilleur pilotage global des rémunérations ;
- la lutte contre la sinistralité en développant de véritables plans de qualité
de vie au travail, de prévention des accidents et pour préserver la santé des
professionnels de santé ;
- des campagnes de valorisation des métiers de l’humain ;
- la simplification des 13 diplômes du travail social, création d'un socle
commun, et meilleure reconnaissance des acquis de l'expérience. Avec ambition
et sérieux, mon engagement pour revaloriser ces métiers est total.
Nicole Belloubet,
ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse
> L’effondrement du prestige du métier de professeur ? La réponse est
non. Nous faisons l’inverse en redonnant du sens au métier et en réformant la
formation initiale avec un parcours lisible en 5 ans et une fin de scolarité
professionnalisante et rémunérée.
> Notre École, c’est 12 millions d’élèves et 59 000
établissements. Et elle réussit ! Je ne nie pas la réalité en disant ça. Il y a
des difficultés mais nous devons arrêter cet école-bashing permanent.
> l’objectif de
l’éducation nationale est de répondre aux besoins de chacun des élèves en
prenant en considération leurs spécificités. C’est la raison pour laquelle nous
travaillons à l’individualisation des besoins pour leur apporter des réponses
adéquates.
L’éducation prioritaire a, depuis longtemps, fait l’objet d’une attention
particulière et bénéficié de moyens importants. Nous avons procédé au
dédoublement des classes de CP, de CE1, puis de grande section de
maternelle : c’est une avancée réelle. Nous avons déployé dans les écoles
de nouveaux personnels d’encadrement et médico-sociaux. Je ne nie pas que des
manques subsistent, mais l’objectif de cette politique publique est clair.
L’évolution de la démographie nous impose d’analyser la situation dans
l’ensemble des territoires. Je l’ai déjà indiqué à plusieurs députés, nous nous
engageons à reprendre la cartographie de l’éducation prioritaire d’ici à la
rentrée 2025. Je proposerai des évolutions à la rentrée prochaine afin de mieux
adapter la politique d’éducation prioritaire à la démographie et aux besoins
des élèves. Notre objectif est leur réussite et c’est pour elle que nous
agissons.
Marc Fesneau,
ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
> Avec le lancement
du Plan national pour améliorer le bien-être des animaux de compagnie, nous
prolongeons la dynamique positive initiée par le gouvernement depuis 2020. Cette stratégie interministérielle, en
collaboration avec les associations de protection animale et les organisations
vétérinaires, vise à :
- Prévenir et lutter contre les abandons d’animaux ;
- Améliorer la gestion de l’errance canine et féline ;
- Prévenir et lutter contre la maltraitance des animaux de compagnie.
Ce plan, articulé autour de 5 grands axes, pose les premiers jalons vers une
approche globale consistant à mieux intégrer l’animal de compagnie dans la vie
de la société.
> Pourquoi tant de haine de
l’extrême gauche contre l’enseignement agricole privé ? Sortez de vos dogmes.
Sortez de vos vieux réflexes pavloviens. Pour le bien des élèves de
l’enseignement agricole. Pour le maintien d'un équilibre privé et public qui
fonctionne bien aujourd'hui.
> Ne
cédons pas à la démagogie de ceux qui cherchent des boucs-émissaires dans la
crise agricole. Lutte contre le braconnage, préservation de la biodiversité,
actions en faveur de l’eau… les missions de l’Office français de la biodiversité sont importantes, et leurs agents
font leur travail dans des conditions parfois difficiles. Notamment parce que
les règles peuvent leur paraître ubuesques. Simplifier la réglementation,
devenue contradictoire ou incompréhensible, c'est aussi l’objet de notre texte
de loi.
> Réduire l'usage des produits
phytosanitaires est notre objectif. Insecticides, fongicides, herbicides : 150
millions d’euros par an sont dédiés dès cette année à la recherche
d'alternatives et à leur déploiement. C’est comme ça, concrètement, que nous trouverons
des alternatives, et non par la fixation d'objectifs déconnectés de toute
réalité.
Sébastien Lecornu,
ministre des Armées
> Simplifier les normes, fluidifier les
procédures et diversifier les carrières : l’économie de guerre appelle des
changements culturels de fond au sein du ministère.
> Nous avons
construit avec la Belgique une relation de confiance, et un partenariat
stratégique que nous renforçons encore. Avec mon homologue, signature d’une
lettre d’intention :
- Élargir le partenariat terrestre CaMo
(Capacité Motorisée), à travers l’acquisition par la Belgique de capacités
d’artillerie : 28 Caesar et 24 Griffon équipés de mortiers.
- Recréer une filière de petit calibre en
France, en partenariat avec l’industrie belge.
- Projet de fusion entre John Cockerill
Defense et Arquus pour créer un nouveau champion industriel européen.
Stéphane Séjourné,
ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, secrétaire général de
Renaissance
> Face aux instrumentalisations
partisanes de l’action de la Cour pénale internationale, j’ai rappelé nos
principes :
- Respect de l’indépendance de la justice
internationale ;
- Aucune équivalence possible entre le
Hamas, un groupe terroriste, et Israël, un état démocratique.
> Rappelons, sans outrance, quatre principes. Le premier,
c’est que la France reconnaît l’indépendance de la Cour pénale internationale.
C’est un principe de droit qui est peut-être évident pour vous tous, en votre
qualité de parlementaire.
Deuxième principe : ces demandes de mandat d’arrêt simultanées ne doivent
pas conduire à mettre un signe d’équivalence entre le Hamas et Israël.
D’un côté, il y a un groupe terroriste qui s’est félicité des attentats du
7 octobre, qu’il a revendiqués ; de l’autre, il y a un État
démocratique, Israël, qui doit respecter le droit international, dans le cadre
de la conduite d’une guerre qu’il n’a pas lui-même déclenchée.
Les juges de la CPI doivent désormais se prononcer sur la délivrance de ces
mandats. Ils le feront en toute indépendance.
Le troisième principe, c’est la solidarité de la France envers les Israéliens
et les Palestiniens. La France est engagée pour chercher une solution
politique. C’est le seul horizon de paix possible et nous travaillons
diplomatiquement à cette fin.
Le quatrième principe, que vous [LFI] avez peut-être oublié, est celui de
rigueur. Depuis des mois, vous donnez des leçons de droit et de morale sur
cette question.
Si vous avez écouté les propos du procureur, vous avez pu constater qu’il se
tenait à très grande distance de la notion de génocide que vous agitez à des
fins politiques depuis des mois. Vous devriez vraiment vous inspirer du
principe de rigueur.
Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la
Fonction publiques
> Il faut regarder la réalité en face, la
fonction publique n'est plus aussi attractive. Et derrière, il y a les services
publics de tous les Français. C’est l’objet du projet de loi que je suis en
train de construire avec les agents, les employeurs et les organisations
syndicales.
> Agents publics hospitaliers. La
future réforme de la fonction publique doit permettre de lever les rigidités
qu’ils rencontrent et de mieux accompagner leurs parcours et leurs conditions
de travail.
> Avec notre stratégie nationale
dotée de 1,5 milliards d'euros et consolidée avec France 2030, nous avons un
écosystème de recherche et de technologie en IA mondialement reconnu. Dans
l'administration, nous poursuivrons la construction d'Albert, l'IA souveraine
des services publics, pour simplifier la vie des Français.
Sylvie Retailleau,
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
> Qu’on se le dise :
la France est un leader de l’IA. Pour renforcer encore notre expertise, le président
Emmanuel
Macron vient
d’annoncer un financement de 400M€ de France 2030 pour 9 pôles d’excellence en IA.
Une action décisive pour nourrir la recherche, la formation et l’innovation sur
l’un des enjeux clés de demain.
Roland Lescure, ministre
délégué chargé de l’Industrie et de l’Energie
> Se battre contre la fin des voitures
thermiques en 2035, c’est accepter qu’elles soient produites ailleurs et donc
augmenter nos dépendances. Nous réconcilions l’industrie et l’écologie et
donnons un avenir à la France.
Sarah El Haïry, ministre
déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles
> Un mode d’accueil de qualité pour chaque
enfant doit être un droit, pas une chance. C'est l'ambition que je poursuis
avec le service public de la petite enfance.
Jean-Noël Barrot, ministre
délégué chargé de l’Europe
> Face à la
multiplication des crises, l’Europe a besoin d’un sursaut. Le président de la
République française Emmanuel Macron a proposé une feuille de route pour garantir notre
sécurité, notre prospérité et notre liberté. Elle s’adresse à tous les
Européens.
> Les démocraties sont pilonnées
par la propagande des régimes autoritaires qui veulent en saper les fondations
en instillant le virus de la désinformation dans le débat public. Pour y faire
face, nous construisons un bouclier démocratique européen.
> Jordan Bardella et ses amis du
RN sont des patriotes de pacotille et des déserteurs. Si nous les avions
écoutés, la France ne serait plus la France mais un satellite de la Russie.
> Face
aux manipulations de l’information qui menacent nos démocraties, nous serons
intraitables. Avec nombre de mes homologues européens, nous formulons 21
propositions pour mieux lutter contre la désinformation. L’Europe doit être un
bouclier!
> [Conseil européen des Affaires générales] Les réunions
d’aujourd’hui seront l’occasion d’exprimer le soutien de la France à la
Moldavie et à l’Ukraine dans leur chemin vers l’adhésion à l’Union européenne,
comme nous l’avons fait avec mes homologues polonais et allemand, et d’appeler
à l’ouverture effective des négociations avant la fin de la présidence belge.
Ce sera aussi l’occasion d’adopter le principe de la mobilisation des revenus
d’aubaines des actifs russes gelés, au profit du soutien militaire à l’Ukraine.
L’occasion également de soutenir la proposition de la Commission
européenne de clôturer la procédure prise à l’encontre de la Pologne au titre
de l’article 7. Le peuple polonais a fait un choix clair : celui de la
démocratie, de la liberté et de l’État de droit. Cette décision nous rappelle à
quel point ce sont des acquis fragiles qu’il convient de préserver en toutes
circonstances.
Enfin, nous réaffirmerons, comme nous l’avons fait avec l’Allemagne et la
Pologne, notre détermination à lutter activement contre toutes les formes de
désinformation, en bâtissant pour l’avenir un bouclier démocratique pour
l’Europe qui repose sur trois piliers : la détection, le traitement et
l’immunité.
- La détection des contenus de désinformation et des opérations de propagande
grâce au soutien à une presse libre et indépendante et au développement d’une
expertise, comme celle que le Président de la République a voulu créer en 2021
avec l’agence Viginum.
- Le traitement avec la suppression des comptes et la sanction des auteurs
d’opérations de propagande, comme nous le permettent désormais les textes
législatifs européens, je pense en particulier au DSA.
- Puis, enfin, le développement d’une immunité collective face à la
désinformation grâce au renforcement, dans les États membres, de l’esprit
critique, de l’éducation critique aux médias et au développement d’une
véritable plateforme européenne d’information.
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Depuis une semaine, la Nouvelle-Calédonie traverse une crise d’une
exceptionnelle gravité. Le dernier bilan est particulièrement lourd : six
morts, dont deux gendarmes, et une centaine de blessés recensés parmi les
forces de l’ordre et la population.
En notre nom à tous, je tiens à saluer l’engagement total du Gouvernement, des
agents de l’État et des collectivités locales, ainsi que des forces de sécurité
et de secours, pour rétablir l’ordre et porter assistance à chacun. Saluons
aussi les élus de Nouvelle-Calédonie, qui, unis dans leur diversité, ont tous
appelé au calme et condamné les exactions. Je veux souligner enfin la
résilience de la population dans cette épreuve. Nous sommes témoins de tous les
gestes de solidarité et de partage, des mains tendues si représentatives de ce
territoire.
Le texte des accords signés à Matignon le 26 juin 1988 commençait
ainsi : « Les populations de Nouvelle-Calédonie ont trop souffert,
dans leur dignité collective, dans l’intégrité des personnes et des biens, de
plusieurs décennies d’incompréhension et de violence. » L’année dernière,
l’Assemblée nationale a honoré la mémoire de Jacques Lafleur et de Jean-Marie
Tjibaou en donnant leurs noms à l’une de nos salles. Soyons collectivement à la
hauteur de ce qu’ils ont su construire.
Monsieur le Premier ministre, l’Assemblée nationale jouera pleinement son rôle
dans la période difficile qui s’est ouverte. Tous les groupes politiques se
joignent à moi pour appeler à l’apaisement et pour œuvrer au retour du dialogue
et de la paix.
En mémoire de ceux qui ont perdu la vie et en signe de solidarité avec leurs
familles, je vous demande de bien vouloir observer une minute de silence.
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (présidente)
> Nous sommes face aux élections les plus
importantes de notre Histoire. L’Europe est mortelle, alors prenons les bonnes
décisions car nous avons besoin d’Europe pour l’avenir. C'est ça qui se joue le
9 juin.
> Les élections sont le 9 juin,
dans trois semaines. Et le 9 juin, c’est un seul jour, un seul tour ! D’ici le
9 juin, je veux montrer aux Français à quel point nous avons besoin d'Europe.
Ne vous laissez pas duper par ceux qui vous disent le contraire.
> Les ingérences se multiplient
sur notre sol. De la Russie à l’Azerbaïdjan, l’actualité nous le rappelle
brutalement. Étoiles juives, mur des Justes, Nouvelle-Calédonie. Nos
démocraties ne se laisseront pas déstabiliser face à ces actes inadmissibles.
Front uni, en Européens.
> Je suis la seule à avoir voté
le Pacte Asile et Migration. Tous ici auraient pu sauver des migrants en mer et
réguler les flux irréguliers. Aucun n’a été à la hauteur. Avec ce Pacte, on
accueille ceux qui ont vocation à rester et on renvoie les autres.
> Pour financer nos
investissements, je veux faire payer ceux qui ne paient pas leur juste part
d'impôt. Je propose aussi un livret d'épargne européen pour faire
fructifier l’épargne des Européens en leur permettant d’investir dans nos
industries stratégiques.
> Certains appellent à un ISF
européen. Mais c’est la mauvaise échelle, car les ultrariches iraient alors
s’installer à Dubai ou ailleurs. Pour les faire rester en Europe, la taxation
des ultrariches doit se faire au niveau international.
> Les règles du jeu international
ne sont pas respectées, alors cessons d'être le dindon de la farce mondiale. Je
veux que nous soyons au rendez-vous de notre tissu industriel. Faisons revenir
nos usines stratégiques chez nous, en France et en Europe.
> Lorsque je suis allée à Kiev,
le président Zelensky m’a dit merci pour l’action du Parlement européen. Merci
aussi pour l’action et le leadership d'Emmanuel Macron, car le Président de la
République a changé les termes du débat sur le conflit en Ukraine.
> Nous sommes dans une course
contre la montre. À l’ouest, Donald Trump sera peut-être élu dans six mois. À
l’est, Vladimir Poutine menace l’Europe. Alors agissons. Mettons sur pied un
fonds de défense européen, triplons nos dépenses pour nous protéger !
> La Russie multiplie les
entreprises de déstabilisation de nos démocraties et mène une guerre qui est
existentielle pour les Ukrainiens, comme pour le projet européen et notre
économie. Les postures de Jordan Bardella sur la question sont insupportables.
> Aujourd’hui, les géants du
numérique sont moins taxés que le boulanger du coin. Les choses doivent
changer. Voilà un exemple du sens que l’Europe a à mes yeux : comment avancer
en commun. Moi, je veux servir les intérêts des Français grâce à l’Europe.
> À Budapest, les juges ne sont
plus indépendants, la liberté de la presse est mise à mal, la corruption mine
le pays. Au Parlement européen, j’ai donc négocié et fait appliquer une règle
simple : pas d’argent européen à ceux qui ne respectent pas nos valeurs.
> Sans conteste, l’Ukraine a un
destin européen. Mais elle n’intégrera pas l’Union demain matin car trois
conditions s’imposent : qu’elle ne soit plus en guerre, que Kyiv engage des
réformes, et que notre Union se réforme elle aussi.
> L’extrême-droite ne dit plus
qu’elle veut sortir de l’Europe. Mais mettez bout à bout toutes leurs
propositions, et vous aurez sous les yeux leur vrai projet : un Frexit en
pièces détachées.
> L’Europe est un levier
extraordinaire pour nous imposer ensemble face aux géants du numérique ou à nos
concurrents internationaux. Regardez le Royaume-Uni. Aujourd'hui, les
Britanniques regrettent le Brexit…
> En renforçant l’Europe, nous
renforçons la France. Au Parlement, je me bats tous les jours depuis 5 ans pour
nos usines, nos artisans, nos commerçants. La mission que je me suis donnée,
c’est de rendre l’Europe plus efficace et plus utile aux Français.