Voici une sélection,
ce 28 avril 2024, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias
ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Dissuasion nucléaire] Nous avons une forme de protection,
l’Otan. Comme je l’ai dit à la Sorbonne, il faut maintenant aller plus loin,
construire une défense européenne crédible. Ça peut signifier déployer des
boucliers anti-missile, mais il faut être sûr qu’ils bloquent tous les
missiles, et dissuadent de l’utilisation du nucléaire. Être crédible,
c’est avoir aussi des missiles de longue portée qui dissuaderaient les Russes.
Et il y a l’arme nucléaire : la doctrine française est qu’on peut
l’utiliser quand nos intérêts vitaux sont menacés. J’ai déjà dit qu’il y a une
dimension européenne dans ces intérêts vitaux, sans les détailler car cette
dissuasion concourrait à la crédibilité de la défense européenne. Je suis pour
ouvrir ce débat, qui doit donc inclure la défense anti missile, les tirs
d’armes de longue portée, l’arme nucléaire pour ceux qui l’ont ou qui disposent
sur leur sol de l’arme nucléaire américaine. Mettons tout sur la table et
regardons ce qui nous protège véritablement de manière crédible. La France
gardera sa spécificité mais est prête à contribuer davantage à la défense du
sol européen.
> L’abstention en général, celle des jeunes en
particulier, est préoccupante. Est-ce une fatalité? Non. Il y a cinq ans, le
dernier vote pour les Européennes, on a eu l’une des participations les plus
importantes depuis 1994. Il y a quelques mois, les Polonais ont voté et eu la
participation la plus importante de leur histoire, ce qui a permis de faire
revenir des forces plus démocratiques.
Il faut qu’il y ait le sentiment d’une responsabilité, d’un devoir de voter. Il
y a un risque à ne pas voter. On le mesure avec le Brexit. Les jeunes ne se
sont pas déplacés alors que le Brexit décidait de leur avenir. Il y a eu plus
de Brexiteurs chez les plus âgés.
> L’abstention n’est pas une fatalité, mais on doit
expliquer pourquoi voter. Le monde dans lequel on vit, avec les réseaux
sociaux, favorise l’engagement pour des causes précises, plus que vers une
politique complète. Il est plus facile de s’enthousiasmer pour un sujet plutôt
que pour une réponse politique à la vie de la cité, souvent plus complexe. À ne
s’engager que pour des causes, il y a le risque que notre vie politique soit
fragmentée.
Notre jeunesse n’est pas désintéressée par la vie politique, mais elle s’y
intéresse par des engagements sur des causes. Un engagement peut faire bouger
sur tel ou tel sujet mais ne permet pas de construire un projet de société
complet. C’est pour ça que je veux convaincre les jeunes dont je sais
l’engagement, l’envie de participer, de l’importance d’aller voter.
> La montée des populismes s’explique par la colère et
les inquiétudes. Quand on est en colère, quand on a peur, on a envie d’aller
vers ceux qui flattent vos peurs. La clé, c’est de gagner en efficacité et
c’est un défi de chaque jour. Il faut aussi éclairer le débat public, former
les citoyens, etc. On voit une forme de relâchement dans beaucoup de
démocraties, il y a une remise en cause de la vérité qui fait monter le
simplisme dans les approches. La réponse est forcément multiple.
> Il faut convaincre que la réponse du RN n’est pas la
bonne. J’en ai la conviction. Le RN ne propose rien. Il y a sept ans ils
voulaient sortir de l’Europe et de l’euro. Il y a deux ans on ne savait plus
trop. Et aujourd’hui que votent-ils quand ils sont au Parlement européen ? Ils
disent qu’ils sont avec les agriculteurs mais ne votent pas la PAC ! Ils
servent aux gens de la démagogie. Ils proposent de fermer les frontières mais
quand ils sont aux responsabilités, ils voient qu’ils ont besoin de l’Europe
pour protéger leurs frontières. Il y a une hypocrisie démocratique du RN. Un
réceptacle de colère ne fait pas un programme et l’agrégation des frustrations
ne fait pas un projet.
> Les droits des minorités sont au cœur du projet
européen. Quelle que soit son origine, sa race, sa religion, les personnes ont
droit à la même dignité. Il faut donc le porter très fort dans le discours,
aider les pays dans leurs politiques publiques et sanctionner les gouvernements
qui reviennent en arrière. On doit continuer le combat, pénaliser, et ne jamais
accepter. Dès qu’on accepte l’inacceptable, on laisse une place terrible à ce
qui est la véritable indignité.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] C’est une guerre
qui bafoue le droit international, les frontières internationales européennes,
et c’est une guerre qui nous menace. J’espère que, compte tenu de ce que nous
sommes en train de délivrer - les Etats-Unis, les Allemands, nous - dans les
prochains mois, les Ukrainiens pourront résister davantage. La seule issue de
cette guerre c’est une paix durable, qui respecte le droit international, le
droit des populations. Si on laisse la Russie gagner et qu’il y a capitulation
de l’Ukraine, c’est l’insécurité pour des décennies pour les Roumains, les
Moldaves, les Polonais. On joue vraiment notre sécurité, et on joue l’avenir de
l’Europe.
> [Ingérence russe dans les élections européennes] L’ingérence
n’est pas un risque, elle est là. Les Russes sont parmi les plus agressifs,
mais il y en a d’autres. L’objectif est de déstabiliser nos démocraties, c’est
en quelque sorte falsifier le vote, la sincérité du vote. Face à cela, il faut
des capacités de résistance et de protection de nos systèmes. La deuxième,
c’est la transparence : dénoncer ces attaques, et maintenant les
attribuer. Enfin, structurer un système européen de lutte contre les ingérences
et les déstabilisations démocratiques en période électorale.
> [Equivalence des diplômes dans l’Union européenne] On
est vigilant dans les systèmes de reconnaissance avec les autres pays. C’est
comme ça qu’on maintient la pression sur ces pays. On veut s’assurer qu’on ait
un niveau homogène entre les formations. Quand ce n’est plus le cas, il peut y
avoir des examens demandés ou des formations complémentaires.
> [Financements européens plus efficaces et moins
complexes] C’est toujours une question de mise en œuvre, de simplicité pour les
petites structures. Il ne faut jamais se décourager. La meilleure façon de pas
avoir de normes c’est de ne pas avoir de politique publique. Nous, on a une
puissance publique en France, en Europe, qui s’est engagée à un modèle à
l’anglo-saxonne. C’est normal qu’il y ait des contrôles lorsqu’il y a des
crédits publics. Notre Europe est un combat de simplification car le cœur de
l’Europe est de passer d’un système de 27 règles à une seule règle. Parfois,
face à l’actualité, on fait des règles trop longues, trop compliquées. Il faut
une simplification avec des textes plus simples, unifier les marchés, plus de
subsidiarité.
> [Apprentis] Il faut augmenter le nombre d’élèves et
continuer de valoriser ces métiers… Dès 2018, on a changé les règles via une
politique de soutien de l’apprentissage. On a simplifié les règles, ce qui fait
qu’on est passé de 250 000 à 850 000 apprentis par an depuis cette
réforme. On a regardé ce qui marchait chez les voisins, notamment chez les
Allemands, on ne va pas lâcher ce système. Jeudi à la Sorbonne, j’ai insisté
sur l’importance de décupler l’Erasmus de l’apprentissage.
> Les agriculteurs n’ont pas manifesté contre l’Europe ou
l’environnement, mais ils estiment qu’ils ont trop de contrôles et de
contraintes. Ce qui a été voté, ce sont des mesures de simplification pour
permettre aux petites exploitations de tenir. Elles ne remettent pas en cause
nos objectifs climatiques et ne servent pas les exploitations de
l’agrobusiness. (…) La clé, c’est la concurrence loyale. On a besoin d’une
vraie autorité européenne de contrôle pour avoir la même vigilance partout, car
on a trop de différences dans l’application des normes en fonction des pays.
C’est pour ça que je ne suis pas favorable au Mercosur : il faut garantir que
les produits qui arrivent sur nos marchés ont les mêmes contraintes. C’est la
fameuse clause miroir.
> La mère des batailles, c’est de produire de
l’électricité décarbonée en Europe. Il faut électrifier toutes les pratiques,
donc déployer le renouvelable et le nucléaire. Mais cette électricité doit
pouvoir circuler : il faut des interconnexions que l’on n’a pas encore. L’UE
est devant un investissement massif de plusieurs centaines de milliards d’euros
par an. Mais il faut le faire maintenant sinon on n’arrivera pas à tenir nos
objectifs, et l’on perdra des opportunités car l’innovation se fera ailleurs.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement,
certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs
propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos
critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Gabriel Attal Premier
ministre, chargé de la Planification écologique et énergétique
> [Blocage de Science Po Paris par les militants de LFI et les
pro-palestiniens] Il n’y aura jamais de droit au blocage, jamais de tolérance
avec l’action d’une minorité agissante et dangereuse qui cherche à imposer ses
règles à nos étudiants et nos enseignants. Ce spectacle est navrant et choquant. (…) Pour qu’il y ait du
débat, il faut que les règles soient respectées » et « ce n’est pas
ce qu’on a vu hier à cause d’une minorité agitée par des forces politiques
notamment LFI dont l’objectif est de chercher à perturber le fonctionnement de
cette institution.
Bruno Le Maire,
ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et
Numérique
> Le sujet qui m'inquiète c'est la perte de
productivité de l'appareil productif européen. On n'innove pas, on n'investit
pas suffisamment par rapport aux Américains.
> [Note financière de la France
maintenue] C'est un signal clair de la crédibilité de notre stratégie de
rétablissement des finances publiques et de la solidité de l'économie française.
> [Déficit public] Je veux
comprendre pourquoi il y a eu cet accident de 20 milliards d'euros sur
l'évaluation des recettes. En revanche, la dépense publique a été parfaitement
exécutée.
> [Référendum sur l'immigration] Aucune
question difficile qui engage l'avenir des Français ne doit échapper au vote
des Français.
> Nous avons manifesté notre
intérêt pour acquérir toutes les activités souveraines d'Atos. L'objectif c'est
que les activités stratégiques restent sous le contrôle exclusif de la France.
> Je tiens à Total, c'est une
entreprise française qui doit rester une entreprise française. Il faut
accélérer l'union des marchés de capitaux.
> La politique de Marine Le Pen
serait économiquement, financièrement, culturellement une catastrophe pour
notre pays. C'est la politique du pire.
> Le programme économique de
Marine Le Pen est un programme communiste (...) Il y a une capitulation
spirituelle.
Marc Fesneau,
ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
> 14 avancées
concrètes pour soutenir nos agriculteurs ont été annoncées. Elles étaient
attendues. Elles complètent les 67 engagements pris par le gouvernement sur
lesquels le ministère de l’Agriculture est engagé. Le travail se poursuit, avec
notamment :
- Le projet de loi d’orientation pour la souveraineté
agricole et le renouvellement des générations en agriculture que je porterai
dès mardi prochain à l’Assemblée.
- Le chantier majeur de la simplification, qui se décline très concrètement
avec récemment des avancées importantes que j’ai défendues au niveau européen
sur les conditionnalités de la PAC.
Souveraineté alimentaire, transition écologique, compétitivité, renouvellement
des générations : les actes sont posés. Ils se concrétiseront sur le terrain.
> [Projet de loi d'orientation agricole] Ce texte est une
brique dans la réponse que nous souhaitions" apporter à la crise.
> [Mesures pour l'agriculture] On a fait en quelques
semaines ce qui était attendu parfois depuis des dizaines d'années.
> [Mesures pour l'agriculture] On a essayé de travailler
dans l'urgence, sur les besoins urgents.
> Dans les prochains jours, le président de la République
souhaite montrer la perspective et la vision qu'il a pour l'agriculture.
> [Dégâts dus au gel] Il faut attendre un petit peu pour quantifier précisément les dégâts. Il a
touché ponctuellement, mais fortement des vignobles, notamment dans le Luberon.
On surveille cela très précisément, sachant que des producteurs fruitiers sont
touchés également. Ils peuvent bénéficier de couvertures d'assurances et
d'indemnités de solidarité nationale. Au-delà, sur l'aspect résilience, on
incite à travers des appels à projets, à utiliser des techniques comme la
micro-aspersion ou le brassage de l'air par des mini-éoliennes. On peut jouer
aussi sur la technologie de conduite de vigne (taille plus tardive des vignes),
pour que les bourgeons sortent plus tard. Les Saints de glace ne sont pas
nouveaux, mais les hivers doux sont plus nombreux et accentuent les risques.
- Le volet de la PAC
négociée en 2023 avait inclus une obligation de 4 % de jachères, sans
aucune culture, ni même valorisation des terres. Une logique décroissante de
production, alors qu'on importe beaucoup de céréales notamment. Dire qu'on doit
produire moins, c'est prendre un risque immense en termes de souveraineté. En
plus, on ne se met pas à l'abri d'accidents climatiques comme en a connu
l'Espagne l'an dernier. (…)
Le vote au Parlement européen indique, à
une large majorité, qu'on peut déroger à la jachère mais que ce n'est pas un
blanc-seing, un «faites comme
avant». Au même titre que pour les
prairies sensibles qu'on ne pouvait réensemencer, même si elles étaient
asséchées, ce qui est ridicule, ces assouplissements de règles sont de bonne
foi. On n'a pas rabaissé les objectifs sur le bio, ni sur la rotation des cultures.
Mais un peu de bon sens ne nuit pas. On ne touche pas aux haies, ni aux mares.
On a fait un énorme mouvement de simplification. J'ai mené le combat, notamment
avec mon homologue espagnol pour aller vite. Personne n'aurait pensé qu'on y
serait arrivé en deux mois.
> Certaines
contraintes normatives environnementales sont mal vécues par le monde agricole,
parce qu'elles sont parfois ubuesques. Les obligations de débroussaillement,
par exemple, entrent en collision avec l'interdiction de destruction de
certains habitats naturels. Mais il est sans doute mieux de défricher dans
l'Esterel afin de débroussailler et d'éviter des incendies qui pourraient en
brûler plusieurs centaines d'autres. Desserrer les contraintes, c'est les
rendre cohérentes. On a intérêt à préserver la biodiversité et c'est aussi dans
l'intérêt des agriculteurs.
> Cette crise
[du monde agricole] est majeure, elle est
le produit d'une sédimentation qu'il faut tous assumer, de trois politiques
agricoles communes... Je n'ai jamais pensé qu'on la réglerait en trois mois.
C'est du temps long. On a besoin de décliner nos mesures, de montrer concrètement
que les simplifications s'inscrivent dans la durée, que les moyens mis en
oeuvre assainiront les situations. On est au clair, on a un important
changement de logiciel national et européen en cours, mais on n'est pas
quittes. Quand on dit qu'on va raccourcir les procédures sur le stockage d'eau
par exemple, il y a des règles à respecter, mais il faut passer à l'acte. Je
comprends la vigilance des agriculteurs. Ils ont connu des années de promesses
et il ne s'est rien passé. Tous les éléments sont sur la table. Je ne crains
pas le débat qui s'ouvre à l'Assemblée nationale sur la loi d'orientation
agricole. On est solides sur ce qu'on veut. On peut toujours me dire qu'on ne
va pas assez loin, mais on n'est jamais allés aussi loin sur les installations,
la simplification et la souveraineté.
Rachida Dati,
ministre de la Culture
> Les libraires indépendants sont des acteurs
essentiels pour la diffusion du livre. Grâce à leur engagement leurs librairies
donnent goût à la lecture et sont des lieux de vie culturelle.
Sébastien Lecornu,
ministre des Armées
> Porte-avions
nouvelle génération : premières commandes lancées. Notification à Naval group, aux Chantiers de l’Atlantique
et à Technicatome
pour les
prestations long délai, notamment la propulsion nucléaire. Large tissu
industriel français mobilisé. Service actif prévu pour 2038.
> Partir des besoins de nos
soldats pour construire un projet de coopération industrielle, et non
l'inverse. C’est le choix que nous avons fait avec nos partenaires allemands
pour le programme de char du futur MGCS : le besoin opérationnel exprimé par
nos armées fait la commande.
> France et Allemagne, deux pays voisins, amis, alliés, membres de l'Union Européenne et de l'OTAN Il
sera temps d’ici aux années 2040 que nous ayons une cavalerie blindée
entièrement interopérable. C’est le projet de char du futur MGCS : nous pensons
en premier, et en commun, le futur du char.
Éric Dupond-Moretti,
garde des Sceaux, ministre de la Justice
> [Bilan judiciaire des opérations «Place nette»] Nous sommes à près de
900 déferrements, 250 mandats de dépôt, 123 ouvertures d'information
judiciaire et plus de 20 millions d'euros saisis. Ces opérations ont été
conduites en concertation entre forces de sécurité intérieure et procureurs, ce
qui a permis une plus grande efficacité. Je veux insister sur les
123 ouvertures d'information judiciaire parce qu'elles sont la preuve que,
en plus des petits trafiquants et des guetteurs, les opérations Place nette
permettent aussi de poursuivre des délinquants du haut du spectre. Naturellement,
elles continuent. Parallèlement, le ministère de la Justice a lancé des
opérations Cellule nette dans certains établissements pénitentiaires. Ce sont
des opérations de fouille des cellules d'individus d'ores et déjà en détention
pour trafic de stupéfiants et qui ont été repérés, grâce notamment au service
de renseignement pénitentiaire qui est très efficace. Sur plus de
120 cellules fouillées - ce qui concerne 250 détenus -
72 téléphones portables, 16 cartes SIM, 750 grammes de stups et
25 clés USB ont été trouvés. Les données de ces téléphones seront
exploitées afin que soient poursuivis ceux qui tentent de prolonger leur
activité illicite depuis leur cellule. Ces opérations Cellule nette vont aussi
continuer.
> Il n'y a pas de narco-État en Europe. Mais ce que l'on
constate, c'est qu'il y a une intensification du trafic. En Belgique, comme
vous le savez, le ministre de la Justice a été menacé physiquement, ainsi que
sa famille. Le narcotrafic, évidemment, ne s'arrête pas aux frontières. Nous
constatons aussi des difficultés dans les ports, qu'ils soient néerlandais ou
français. C'est pourquoi nous œuvrons pour mettre en place une coopération
européenne et internationale plus poussée pour lutter contre le grand banditisme.
> À la demande du président de la République et du
Premier ministre, en complément des actions Place nette, j'ai travaillé sur un
plan d'action ambitieux pour renforcer la lutte contre la criminalité organisée
et en particulier contre le haut du spectre. Dans ce cadre, je souhaite donner
une nouvelle impulsion à notre organisation judiciaire. J'ai décidé de créer un
parquet national anticriminalité organisée, le PNACO. L'idée de ce parquet
national est avant tout de mieux coordonner l'action de la justice et de la
rendre plus efficace dans sa lutte contre le crime organisé. Mais je veux être
très clair, il ne s'agit pas ici de dévitaliser les JIRS [juridictions
interrégionales spécialisées] qui font partout sur notre territoire un travail
exceptionnel et auxquelles nous donnerons des moyens humains supplémentaires
dédiés. L'idée est de capitaliser sur ce qui existe déjà, je pense notamment à
la Junalco [Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité
organisée], afin d'aller encore plus loin avec la création de ce parquet
national. Jean-François Ricard, l'ancien procureur national antiterroriste, que
j'ai la chance d'avoir désormais à mes côtés en tant que conseiller spécial,
aura pour mission de concerter dans ce but l'ensemble des acteurs concernés
afin de préciser les contours exacts de ce nouveau parquet national, que je
présenterai en octobre pour les 20 ans des JIRS. À sa création, le parquet
national antiterroriste avait fait l'objet de réserves ; il fonctionne
aujourd'hui du « feu de Dieu ». Le parquet national financier a fait
preuve également de son efficacité. Le parquet national anticriminalité
organisée viendra renforcer notre arsenal judiciaire pour mieux lutter contre
la délinquance du haut du spectre. Je veux aussi rappeler que, sans
consommateurs, pas de trafic. Car que constatons-nous aujourd'hui ailleurs
? Depuis la légalisation canadienne du cannabis il y a six ans, on compte deux
millions de consommateurs de plus avec toutes les conséquences que cela a sur
la santé publique. Et dire que certains nous ont vendu ce modèle comme la
Lune !
> Nous allons créer un véritable statut du repenti. Une
législation en la matière existe déjà mais elle est beaucoup trop restrictive
et donc peu efficace : elle n'a été appliquée qu'une vingtaine de fois depuis
2004, c'est très peu... Aujourd'hui, les gros trafiquants connaissent nombre de
techniques policières qu'ils savent contourner en repérant par exemple les
balises posées sous un véhicule. Et leurs complices sont, eux, enfermés dans ce
que les Siciliens appellent l'omerta, le silence. Celui-ci a souvent deux
fondements : soit une complaisance, soit la peur pour soi, mais également pour
sa famille. Afin de briser ce silence, je souhaite qu'on s'inspire de ce que
font les Italiens avec beaucoup d'efficacité. Face aux organisations
criminelles de la mafia, le statut du repenti italien a permis de grandes
victoires. S'il n'y avait pas eu le repenti Tommaso Buscetta, il n'y aurait pas
eu le gigantesque procès de Palerme, avec 1 002 accusés. Dans ce type
d'affaire, les complices qui témoignent sont indispensables pour faire tomber
tout le réseau criminel. (…)
Ce nouveau statut sera attribué par un juge. Comme en Italie, des personnes
impliquées dans des délits ou des crimes pourront intégrer ce statut, à
condition d'avoir collaboré avec la justice en ayant fait des déclarations
sincères, complètes et déterminantes pour démanteler des réseaux criminels. La
peine encourue par le repenti, qui aura donc permis de faire tomber un réseau
criminel, se verra réduite. Nous serons extrêmement vigilants : le statut
pourra être révoqué à tout moment si les déclarations se révèlent inexactes ou
incomplètes. Bien évidemment, un repenti qui commettrait de nouvelles
infractions se verrait immédiatement retirer le statut et la réduction de
peine. Je souhaite également que la protection de ces repentis, qui risquent
des représailles en collaborant avec la justice, soient améliorée, notamment en
leur offrant la possibilité d'un changement d'état civil officiel et définitif.
C'est là quelque chose de totalement nouveau. Je veux aussi ajouter un point :
ce nouveau statut du repenti ne coûtera pas un centime au contribuable car il
sera financé, comme aujourd'hui, grâce aux confiscations des avoirs criminels.
Frapper les criminels au portefeuille est ma priorité. Je rappelle que l'année
dernière nous avons doublé le nombre de saisies criminelles à près de
1,4 milliard d'euros !
> Aujourd'hui, le trafic de stupéfiants en bande
organisée est jugé par une cour d'assises spécialement composée de magistrats
professionnels. En revanche, les règlements de compte qui interviennent dans
les affaires de stupéfiants sont jugés par une cour d'assises ordinaire,
c'est-à-dire des jurés. Ils peuvent être l'objet de pression et être menacés.
Je souhaite donc que la logique qui a permis la création d'une cour d'assises
spécialement composée pour le trafic de stupéfiants s'applique quand ces trafiquants
commettent des crimes, des assassinats. Enfin, je souhaite créer une nouvelle
infraction d'association de malfaiteurs en matière de criminalité organisée
punie de vingt ans de réclusion. Actuellement, il y a, d'un côté,
l'infraction d'association de malfaiteurs, punie d'un maximum de dix ans
d'emprisonnement. De l'autre, il y a l'association de malfaiteurs en matière
terroriste, punie, elle, de trente ans. Mais entre les deux, il n'y a rien.
Résultat, une association de malfaiteurs pour importer de la cocaïne de
Colombie est punie de dix ans au maximum. Désormais, je souhaite qu'elle soit
punie du double. Nous nous donnons tous les moyens afin que les trafiquants
soient jugés, condamnés et purgent leur peine. (…)
Je rentre des Emirats Arabes Unis où j'ai installé un nouveau magistrat de
liaison - c'est un poste que nous avons créé -, qui permettra de faciliter
l'extradition des trafiquants qui gèrent leur réseau depuis l'étranger et se
croient à l'abri de la justice française. Qu'ils sachent que nous renforçons
notre coopération avec nos partenaires et que nous irons les chercher là-bas
aussi ! Nous ferons de même à Sainte-Lucie dans les Caraïbes qui sont une
plaque tournante du trafic de cocaïne. Ces magistrats de liaison sont des
rouages essentiels dans la lutte contre l'impunité des trafiquants
internationaux. Au Maroc, par exemple, l'action de la magistrate de liaison
facilite la procédure d'extradition actuellement en cours contre le patron du
gang Yoda bien connu à Marseille.
> Cette année la moitié des établissements pénitentiaires
du plan 15.000 fixé par le chef de l'État seront terminés. Si nous avons pris
du retard, c'est d'abord à cause de la crise sanitaire, puis de la guerre en
Ukraine, qui a provoqué des pénuries de matériaux. Mais il y a surtout un autre
facteur : les blocages de certains élus locaux qui pourtant réclament des
prisons. Ils tiennent un double discours qui est absolument insupportable, et
en particulier en Île-de-France. À Noiseau, par exemple, dans le Val-de-Marne,
le président LR du conseil départemental, soutenu dans sa démarche par Valérie
Pécresse, nous a promis, je le cite, une « guérilla administrative ». La même
Valérie Pécresse qui promettait durant sa campagne présidentielle 20.000 places
de prison supplémentaires !
> [Possible atténuation » de l'excuse de minorité] Le
président a souhaité une concertation à la façon de ce que nous avions fait
pour le Grenelle des violences conjugales. Cette concertation se met en place
pour huit semaines, comme l'a indiqué le Premier ministre. Dans le périmètre
qui est le mien, je commencerai dès la semaine prochaine avec les différentes
conférences de magistrats, les syndicats, puis les élus et parlementaires bien
sûr. La concertation permettra de le déterminer. Si je vous donnais ma position
maintenant, ces concertations n'auraient pas de raisons d'être. Pour le moment,
je dirais simplement que ma boussole, c'est la Constitution.
> [Elections européennes] l faut rappeler deux ou trois
choses. Par exemple, vous savez, moi, vu mon âge, et de ce que j'ai et qu'on a
appelé, je déteste ce mot, des comorbidités, je pense que, si Marine Le Pen
avait été au pouvoir durant la crise sanitaire, je serais mort. Parce que vous
croyez que j'aurais été soigné avec le vaccin russe Spoutnik V ?
Soyons sérieux ! Je crois que la crise sanitaire fait partie de ces
moments qui démontrent que nous avons de la chance d'avoir Emmanuel Macron et
son leadership européen à la tête de l'Etat.
> [Instauration d'un couvre-feu
pour les mineurs] Effectivement le couvre-feu est une mesure efficace.
> Depuis la légalisation du
cannabis au Canada, il y a 2 millions de stupeux en plus.
> [Projet de nouveaux parquets] Il
ne s'agit pas de renier ce qui a été fait, mais de mieux coordonner.
Stéphane Séjourné,
ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, secrétaire général de
Renaissance
> [Emmanuel Macron a dit «l’Europe est mortelle»] C’est un message à la hauteur
de l’enjeu: si nous ne réagissons pas, si nous ne prenons pas conscience de ce
qui se joue pour l’Europe, le risque est réel que nous disparaissions de
l’histoire. Tout le discours est une réponse à cet enjeu par l’investissement, l’Europe
puissance et le réarmement démocratique, et ce sera la position de la France
dans le cadre de l’après-européennes. Après le scrutin des européennes vient le
temps de la négociation par les États membres et les parlementaires européens
de l’agenda européen, celui de la Commission et du Parlement, pour les cinq
prochaines années. Ce sera donc la position de la France, qui nécessitera de ma
part une méthode pour aller convaincre l’ensemble des autres États membres. On
a eu deux discours de la Sorbonne, le premier avait d’ailleurs eu exactement le
même rôle que celui-ci. C’était un agenda de souveraineté, cette fois c’est
l’agenda d’une Europe-puissance. Durant les 48 heures qui l’ont précédé,
j’ai contacté tous mes homologues, ainsi que des chefs d’État et de
gouvernement, pour leur exposer les grandes lignes du discours. Nos
ambassadeurs en Europe ont également été «briefés». L’accueil a été très
positif et l’intérêt est marqué dans les capitales. En parallèle des élections
européennes, qui ont leur logique, va donc se dérouler un jeu diplomatique. Et
ce discours, c’est la feuille de route de la France dans les discussions
européennes sur l’agenda des cinq prochaines années. Le président a décidé de
lui donner une perspective politique jusqu’à 2030, avec pour objectif, dans les
semaines et les mois à venir, au-delà de ces élections, de maximiser
l’influence de la France sur l’agenda européen à venir.
> Il y a le jeu diplomatique, au sein du Conseil
européen, dont le président de la République est membre. La différence avec les
oppositions, c’est que nous sommes les seuls à avoir les moyens de notre
action, c’est-à-dire de pouvoir traduire un discours en propositions, et ces
propositions en actes, en politiques publiques européennes qui changent la vie
des citoyens.
> Le Rassemblement national est en réalité passé maître
dans le désordre national. Au moment où se multiplient les crises
internationales, où la France va accueillir les JO, où existent des risques
d’attentats, c’est irresponsable. Ma recommandation au RN est de ne pas tirer
des leçons avant d’avoir joué l’élection. Je trouve qu’il y a une forme
d’arrogance dans cette posture. C’est un scrutin européen pour lequel on
souhaite avoir un débat européen. Quand je vois les réactions des oppositions
au discours de la Sorbonne, je trouve qu’elles ne sont pas à la hauteur. Leurs
réactions me paraissent très faibles, tant sur le fond que sur les conséquences
qu’elles veulent tirer avant même l’élection.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Il y a une
nouvelle dynamique face à un certain nombre de risques. D’abord, il faut tout
faire pour empêcher une victoire de la Russie. C’est existentiel pour les
Européens, et plus largement cela aurait un impact sur des puissances
expansionnistes qui pensent pouvoir piétiner le droit international un peu
partout dans le monde. Si l’on croit à la charte des Nations unies et à la
souveraineté territoriale des États, il faut se battre pour que la Russie ne
l’emporte pas. (…)
Depuis le 26 février on a déclenché un sursaut européen. Les munitions
tant attendues arrivent, l’aide américaine arrive, tout cela donne de l’air aux
Ukrainiens. Et notre capacité de convaincre le monde entier, y compris la
Russie, que nous irons jusqu’au bout de l’aide et que nous sommes déterminés,
est fondamentale dans ce conflit.
> On ne peut pas continuer à dépendre tous les quatre ans
de 250.000 électeurs américains dans quelques États clés, qui conditionnent le
destin de 500 millions d’Européens. Oui, l’alliance avec les États-Unis
reste pour nous fondamentale. Mais nous devons faire un effort d’autonomie
stratégique sur un certain nombre de points - sur l’industrie, la souveraineté
alimentaire, la défense. Il faut que nous puissions produire en Europe des
vaccins, de l’alimentation, des munitions… C’est cela l’objectif. On ne doit
plus être naïfs.
> Préférence européenne dans les achats d’armements et
les secteurs stratégiques] C’est une question de survie: l’Europe peut mourir
par naïveté. On peut se retrouver dans une situation de démantèlement de
l’Europe du fait de dépendances successives. La prise de conscience a lieu, il
faut qu’elle se poursuive. Cela va de pair avec la construction d’une
industrie: le premier pas est de réindustrialiser le continent si l’on veut
acheter européen. Je ne connais aucune entreprise européenne qui soit aidée par
des subventions américaines ou chinoises. Nous demandons seulement le
parallélisme.
> Il existe des capacités de financement européennes qui
ne sont pas des impôts qui pèsent sur les Européens, comme la taxe carbone aux
frontières ou des éléments de réciprocité pour l’entrée de produits sur le
marché européen. L’Europe pourrait aussi s’inspirer du visa touristique Esta,
que les Américains font payer. Et il y a des moyens de mobiliser l’épargne: les
Français adorent le livret A, ils adoreront les produits d’épargne européens.
>Depuis trois mois que j’occupe ce ministère, nous avons
construit avec mon homologue allemande, Annalena Baerbock, un lien personnel et
de confiance. Nous avons reconstruit nos capacités d’action et de mobilisation
des Européens en travaillant avec les Polonais, qui sont revenus dans le jeu.
Le format «Weimar» est un formidable moteur, qui permet d’avancer sur de
nombreux sujets. Les retours de Berlin sur le discours de la Sorbonne, y
compris du chancelier Olaf Scholz, sont très positifs.
> Le discours d’Emmanuel Macron vise à créer du consensus
en Europe tout en défendant les intérêts de la France. Ce sont des propositions
françaises, qui ont vocation à être discutées dans le cadre européen. Je pense
que la méthode est la bonne. Ces propositions ne sont pas fermées, elles
peuvent évoluer, être amendées ou enrichies. Au bout du chemin, ce doit être un
agenda européen et pas seulement français. (…)
Certaines propositions ne feront sans doute pas l’unanimité. Cela doit-il nous
empêcher d’exprimer notre position, de créer des débats dans l’espace politique
européen? Non. Je crois beaucoup à la bataille culturelle et, sur ce sujet, que
la France a inscrit dans sa Constitution, elle doit pouvoir convaincre plus
largement.
> Je ne qualifierais pas le projet d’Emmanuel Macron de
fédéraliste. C’est un projet de puissance européenne qui correspond à l’état du
monde. C’est en renforçant l’Europe qu’on renforcera la France. Le projet du
président est un projet réformiste, qui procède d’un constat lucide et vise à
une Europe plus solide, pour qu’elle ne sorte pas de l’Histoire.
> [Reconnaissance d’un État palestinien] Il n’y a pas de
tabou sur ce sujet et nous en discutons avec nos partenaires européens et
arabes. Cela ne peut pas être une posture politique, cela doit être une
contribution concrète à la solution. La France œuvrera à la reconnaissance d’un
État palestinien parce qu’elle croit à la solution à deux États, dans le cadre
d’un processus politique qui aboutirait à la paix.
Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la
Fonction publiques
> [Crise au Moyen-Orient] Honte à ceux qui
instrumentalisent un conflit. Honte à ceux qui parlent de paix tout en appelant
au « soulèvement ». Honte à ceux qui cherchent à diviser et créer une
stratégie de conflit permanent.
> Ces élections européennes sont
historiques pour notre continent. Le Président a eu raison dans son discours à
La Sorbonne d’en poser les grands enjeux. Pour garder notre capacité à décider
pour nous mêmes, mobilisons nous le 9 juin.
Prisca Thevenot,
ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée du Renouveau démocratique,
porte-parole du Gouvernement
> Monsieur Bardella:
- Contrôle
des frontières: vous avez voté contre
- Contrôle des géants du numérique: vous avez voté contre
- Contrôle des ingérences étrangères: vous avez voté contre
Votre projet est vide, comme votre siège au Parlement européen.
Sarah El Haïry, ministre
déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles
> Je souhaite que nous sortions de cette
hypocrisie pour protéger les familles dans leur diversité. Nous devons lever
les tabous sur « qu’est ce qu’une famille aujourd’hui?».
> Est ce que nous souhaitons que
ceux qui représentent la France soient les alliés d’Orban? L’Europe est
nécessaire.
> J’ai
honte du tweet de Marion Marechal. Elle nie l'existence de familles entières. En tenant de
tels propos, elle met en danger des enfants. Cette violence, elle la ramènera
dans les cours d’école.
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Journée nationale du souvenir des victimes et
des héros de la déportation. Pour ne jamais les oublier. Pour que la barbarie
jamais ne revoie le jour.
► Haut-commissariat
au Plan
François Bayrou (Commissaire, président du Mouvement démocrate)
> L'arme nucléaire qui est un
élément essentiel de la défense, ou plus exactement de la dissuasion française,
comme le général De Gaulle l'a répété 100 fois, ça veut dire, si vous nous
attaquez, à ce moment-là, vous risquez vous même votre peau. Et on voit à quel
point, depuis la Seconde Guerre
mondiale, cette dissuasion pour tous ceux qui avaient l'arme nucléaire a
fonctionné. C'est un élément essentiel de la politique française que d'avoir à
disposition cette capacité-là nucléaire. Mais cette capacité, elle est faite
pour défendre les intérêts vitaux de la France et les intérêts vitaux de la
France aujourd'hui, c'est l'Europe! Il peut y avoir des circonstances dans
lesquelles un gouvernement français, des dirigeants français, décident que une
menace sur l'Europe est une menace contre la France. Et c'est ce que le
président de la République dit en disant, mettons tout sur la table, regardons
les risques auxquels aujourd'hui nous sommes affrontés, confrontés. Il a dit à
très juste titre qu’aujourd'hui, c'est plus seulement les civilisations qui
sont mortelles, mais un grand ensemble comme l'ensemble européen, qui est
porteur de valeurs, qui est porteur d'un modèle de société que les autres n'ont
pas, et dont la France est d'une certaine manière la pointe avancée, c'est
mortel aussi, cet ensemble est mortel aussi. J'ai trouvé que le discours de
cette semaine à la Sorbonne était un moment très très important de l'évolution
de la pensée du pays. (…)
Je ne suis pas dans l'inconditionnel.
Jamais. Parce que je pense que l'inconditionnel n'est pas crédible, mais ce que
le Président de la République a dit dans ce discours, du point de vue de la
défense, de la nécessité de produire en Europe les armes des Européens et pas
d'être dépendants des autres et de la grande question économique et monétaire
dans lequel il a proposé un modèle. (…)
Alors j’ai dit cette expression « partager », c’est une expression
trompeuse : ceux qui ont la responsabilité de l'arme nucléaire française,
c'est évidemment les autorités françaises, mais les autorités françaises
peuvent toujours considérer que ce qui se joue en Europe, c'est leur destin, et
que si vous avez une menace - imaginez une menace mortelle contre l'Allemagne,
vous croyez que nous serions à l'abri ? Vous croyez que nos intérêts
vitaux ne seraient pas engagés par une menace de cet ordre ? Et donc oui,
il est normal qu'on en parle.
> Je suis un
souverainiste européen. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas de souveraineté
si nous n'appartenons pas à un ensemble crédible sur la surface de la planète.
Seul, en vérité, nous ne pouvons rien dans le domaine économique, dans le
domaine commercial, dans le domaine militaire, dans le domaine culturel. Le
monde est désormais fait de grands ensembles qui, depuis février 2022, la date
de l'invasion de l'Ukraine par Poutine, ont basculé dans un autre univers. Cet
univers, c'est la loi du plus fort. On est revenu à ces temps redoutables dans
lesquels on considère qu'il n'y a pas de droit, qu'il n'y a qu'une seule chose
qui compte, c'est la force. Il n'y a pas de souveraineté française si nous
n'avons pas constitué un ensemble crédible avec nos voisins européens qui
partagent avec nous un modèle de société… (…)
L'Allemagne sous la menace d'une invasion
ou d'une frappe nucléaire, vous croyez qu'un dirigeant français pourrait dire
ça ne nous regarde pas ? C'est un autre pays, ça n'est plus un autre
pays : nous sommes une puissance européenne souveraine parce que nous
avons notre destin en main, mais qui a conscience que sa souveraineté n'existe
que dans un ensemble européen constitué et puissant. Et assez puissant pour
impressionner les autres.
> J'ai toujours
pensé qu'au Conseil de sécurité de l'ONU, la France ne représentait pas ses
seuls intérêts nationaux, qu'elle représentait, qu’elle était la voix, la
parole de l'ensemble européen. Après, il ne faut pas pousser les choses à
l'excès. Nous ne sommes pas là pour déshabiller la France, nous sommes là pour
la renforcer. Et c'est la solitude qui nous déshabille, qui nous pousse en
touche. C'est la solitude qui fait que nous n'existons pas. C'est la solitude
qui fait que les grandes puissances, la Chine, la Russie bien sûr avec l'Iran,
avec tout le tout, le substrat, tout l'arrière-plan que l'Iran manipule et les
États-Unis qui ont eux aussi leur stratégie de domination. Le mot dans lequel
nous sommes entrés depuis février 2022, c'est domination. Jusqu'alors, la
domination était limitée par une loi internationale et on a basculé dans un
monde où la loi internationale et méprisée et on lui fait subir toutes les
rebuffades et chacun des 5 ou 6 grands ensembles que j'ai indiqués là a sa
stratégie de domination. Et nous, si nous sommes tout seuls alors nous sommes
assurés d'entrer dans la soumission.
> Le président de
la République a dit dans ce discours de la Sorbonne si important à mes yeux, que cette
souveraineté que nous avons à construire ensemble, cette indépendance que nous
avons à construire ensemble, elle passe par la production des armes dont nous
avons besoin sur notre sol. Le but à atteindre et l'orientation stratégique qui
est la nôtre, c'est de ne plus dépendre des autres et notamment pas des
États-Unis. C'est d'avoir la volonté et la capacité de produire sur notre sol
les armes qui seules peuvent nous défendre autrement comme vous savez, nous
sommes à la merci. Et j'ai tout à fait du respect et de la reconnaissance et de
l'amitié pour les pour les États-Unis. Mais il se trouve que je ne veux pas
dépendre. Je n'accepte pas l'idée que nous nous résignons ou que nous nous
organisions pour rester dans la soumission ou pour dépendre des autres. Et
d'ailleurs, heureusement que nous avons maintenu cette politique parce que le
Rafale par exemple qui a été pendant des décennies considéré comme un échec, on
voit aujourd'hui qu’on en a le plus grand besoin.
> Lorsqu'il y a un
leader européen, et il est souvent Français, Jacques Delors par exemple,
lorsque ce leader européen s'adresse aux Européens en leur proposant une
stratégie différente, en leur proposant une stratégie plus ambitieuse, une
stratégie qui va nous permettre de changer le monde. Au début, c'est haussement
d'épaule et indifférence. Et puis après, on s'aperçoit que les autres suivent.
Dans le discours de la Sorbonne 1, le président de la République avait proposé
l'idée d'emprunt commun et à cette époque, ça a provoqué une espèce de
charivari de gens qui considéraient que nous étions là, comme toujours dans le
rêve français, ces Français idéalistes dépensiers. Et puis on l'a fait !
Quand le covid19 est arrivé, on
l'a fait !
> Si l'Europe
c'était facile, ça se serait fait sans nous, ça se serait fait complètement et
nous serions ici en train de parler de la pluie et du beau temps médiatique. On
sait très bien comment se fait la pluie et le beau temps médiatique. Nous
sommes ici parce que nous parlons du plus grave, du plus lourd et du plus
essentiel. C'est ça qui se joue. Est-ce que ces autres sont tous convaincus à
l'avance ? Non, mais ils ne le seront pas. C'est ça la responsabilité des
leaders, la responsabilité de ceux qui doivent entraîner. Et la France a, à
cause de son histoire, cette vocation-là et donc l'exemple que vous avez cité,
il est très important, très important. J'avais beaucoup dans les dans les mois
et années précédentes, insisté sur ce sujet. Et c'est pourquoi je considère que
c'est vraiment très important. Si nous regardons les États-Unis, ce que vous
faites tous les jours, si nous regardons les États-Unis, on s'aperçoit d'un
ensemble économique qui a une croissance formidable, un endettement et un
déficit plus important que les nôtres et qui a décidé d'une stratégie de
reconstruction de l'intérieur de son économie. Comment ? Avec une
consommation, un socle de consommation qui la soutient et en acceptant de
dépenser de l'argent public pour - avec les très grandes entreprises qui
relaient cette volonté ou qui participent à cette volonté - pour maîtriser la
technologie, maîtriser les filières industrielles et relocaliser sur le sol
américain ce qui jadis était parti en Extrême Orient. Je ne dis pas que c'est
l'exemple qu'il faut suivre, mais c'est devant cette concurrence-là que nous
sommes. Les créateurs de start-up français les plus géniaux, ils sont inspirés
par les États-Unis. Chat GPT – je n’ai pas vérifié le chiffre - c'est une
trentaine d'ingénieurs qui ont pensé, développé l'intelligence artificielle et
en 2 ans, vous voyez à quel point ça a changé l'univers. 17 d'entre eux
m'a-t-on dit étaient français. Et j'ai dans mes fonctions de commissaire au
Plan, travaillé beaucoup avec l'Académie des sciences et je vois surgir des
start-up de découvertes formidables. Tous ont la crainte d'être captés par les
Américains. Pourquoi ? Parce qu'ils ont 2 armes formidables : ils ont
les moyens, ils ont de l'argent et ils ont le droit américain. Et avec ce
principe sur lequel on ne s'interroge pas assez à mon avis, qui est le principe
de l'extraterritorialité de la loi. C'est-à-dire, pour le gouvernement et la
justice américaine, quiconque utilise 1$ à la surface de la planète relève des
tribunaux américains. Mais ça fait 15 ans, je pense à un de mes
amis, Marc Lassus, qui avait inventé la carte à puce et Gemplus. Il a
ouvert son capital un jour pour avoir un peu plus de moyens à 20% de capitaux
américains. En un an, il n’avait plus d'entreprise.
> Jusqu'à quelques
jours avant les élections européennes, très longtemps, les données de politique
intérieure, les humeurs de politique intérieure, les agacements ou les
mécontentements de politique intérieure jouent un rôle très important. Il faut
du temps pour qu'infuse la gravité des choses et quelquefois on n'y arrive pas.
Churchill s'est battu tout seul contre tous parce qu’il disait : mais
regardez la menace d'Hitler ! Et puis il se trouve que l'opinion publique
était pacifiste, que les grands partis ont choisi le pacifisme pour garder les
élections.
> Je connais mal
Monsieur Glucksmann. Et je n'ai pas vu pendant 5 ans qu'il ait fait quoique ce
soit de très important. Mais ces derniers temps, il a fait des choses qui sont
pour moi, pour un européen, inacceptables. Il se trouve que les opinions
publiques européennes et les gouvernements européens sont très préoccupés des
problèmes de l'immigration. Et vous savez bien que ça fait le fond de la
contestation de l'évolution du monde et du monde européen comme il va. Pour la
première fois, les gouvernements européens de toute sensibilité, y compris
socialistes, centristes et de droite se sont mis d'accord en disant : on
ne peut pas accepter les choses comme elles sont. Là, il y a vraiment des
décisions à prendre.
> Le Pacte Asile et
migration, c'est abstrait, mais ça veut dire quoi ? Ça veut dire
contrôle commun aux frontières de l'Europe, repérage et identification des gens
qui entrent et capacité de suivi à l'intérieur du territoire européen pour
qu’on puisse réguler de manière sincère, de manière indiscutable ou commencer à
réguler cette immigration. Les grands courants européens ont fait ce pas
essentiel, très difficile comme vous l'imaginez. Y compris le sien, et lui ne
l'a pas fait. Et Monsieur Glucksmann a voté contre cette semaine ! Mais
comment imaginer plus spectaculaire de la part de quelqu'un qui se prétend
européen, comment imaginer plus spectaculaire désertion ? Alors il y a des
gens qui disent, mais tout ça c'est la même chose au fond, c'est les mêmes
sensibilités… Ce n'est pas vrai ! Dans la réalité des choses, ce n'est pas
vrai, il y a ceux qui construisent et ceux qui disent non. Et je préfère que
nous soyons du côté de ceux qui construisent. C'est un très grand enjeu que
celui que nous vivons. Et c'est la même chose sur l'économie. Il a aussi refusé
le pacte de croissance dont nous avons besoin.
> Quelle est la
question ? Est-ce que dans le monde, jamais, dans aucun pays du monde,
jamais, est-ce que les extrêmes ont rendu service au pays ? Est-ce qu’il y
a eu dans le monde, jamais, une prise de pouvoir des extrêmes qui ait apporté
du bien à un pays ? Parcourez les livres d'histoire. Jamais. Et c'est bien
la raison pour laquelle la prise de conscience devrait être grave.
> Le RN est n parti
politique qui a, depuis des années et des décennies, proposé des thèses, qui se
sont trompés sur tout, sans exception. Moi je me souviens très bien de la
campagne contre l'euro. Si nous n'avions pas eu l'euro dans les circonstances
d'inflation où nous sommes, qu'est-ce qu'on aurait ? Deuxièmement, je me
souviens très bien des déclarations absolument assurées de Marine Le Pen
disant : « Mais enfin, qui peut soupçonner la Russie de vouloir
envahir l'Ukraine ? Quel esprit troublé peut imaginer ? »
Je suis à peu près exact dans les termes que je donne, ce n’est pas du mot à
mot, mais c'est exactement l’idée si vous repassez ses déclarations.
« Jamais la Russie et d'ailleurs, qu'est-ce que la Russie irait faire en
Ukraine ? » Et c'est ce courant politique-là qu'on nous donne comme
modèle et sans exception toutes les propositions qu'ils ont faites, et tous les
votes qu'ils ont émis sont des votes qui ont été démentis par la réalité. Alors
de quoi on parle ? Bien sûr, on peut dire : « Ah les sondages,
mon Dieu. » Et puis les larmes de crocodile souvent… Moi, je suis contre
la déploration. Je suis contre le fait qu'on aille pleurer sur une situation.
(…)
Ce qu'on est en train de faire, c'est
construire sur du vent, sur quelque chose qui n'existe pas. C'est un vote de
protestation, disons-le. Il y a des Français et ça arrive souvent dans
l'histoire, c’est arrivé sous tous les présidents de la République, qui ont
envie de protester. Mais présenter cette option comme une option qui puisse
avoir du crédit auprès des Français et spécialement auprès des Français les
plus jeunes ou auprès des Français qui ont le plus de difficultés, c'est une
escroquerie et c'est une escroquerie qui devrait mobiliser ! Alors faisons
ça, mobilisons pour défendre ce que nous considérons comme l'essentiel du
destin du pays. Ce qui est en jeu aujourd'hui, ce n’est pas tant la
représentation française, c'est de savoir si la question européenne est une
question centrale pour l'avenir de la France. Et pour moi il n'y a à cette
question qu'une réponse possible et il n'y a aujourd'hui qu'un choix européen
crédible.
> Le paysage a
changé en raison de la confrontation entre la stratégie économique américaine
et la stratégie économique européenne. Il faut voir que les choses se sont
déplacées. La note stratégique du
Plan que nous avons consacré à la dette disait qu’il y a deux utilisations de la dette. La première, qui est vertueuse, qui est juste,
qui est essentielle, c'est d'emprunter pour équiper le pays, Investir :
investir dans la recherche, investir dans les entreprises, certains disent
investir dans l'éducation. Où place-t-on le curseur ? Mais en tout cas, la
dette doit servir à préparer l'avenir du pays. Je prends un exemple très
simple, quand vous construisez un hôpital ou que vous construisez une
université, c'est pour les décennies qui viennent.
Et c'est exactement pourquoi, j'ai tiré
la sonnette d'alarme - comme on dit en latin, Vox clamantis in deserto,
« une voix qui crie dans le désert ». C'est vrai, si on avait
réfléchi tous ensemble à cette époque-là, je suis sûr que la situation serait
différente aujourd'hui. Mais nous avons choisi l'autre utilisation de la dette
et celle-là est pernicieuse. C'est emprunter pour dépenser pour la vie de tous
les jours. Panier percé. Et vous savez bien à quel point je me suis battu sur
la question du financement des retraites, du système de retraite où nous avons
établi contre le COR ce qu'était la réalité du financement des systèmes de
retraite, c'est-à-dire que l'équilibre n'est obtenu que parce que on verse de
l'argent public, entre 30 et 40 milliards par an, 30 et 40 milliards chaque
année, il n’y avait pas beaucoup de monde pour le dire au moment où nous
l'avons dit, au moment de
décembre, avant la réforme des retraites. Et on avait le temps. Si j’avais été
en situation de responsabilité, j'aurais adressé à tous les foyers français ces
comptes-là parce que rien n'est plus immoral que de faire payer par les
générations qui viennent les pensions de retraite des retraités
d'aujourd'hui ! C'est dingue !
> Du ce point de
vue de la dette, pourquoi est-ce
que les agences n'ont pas dégradé la France ? Moi je crois qu'il y a 2
raisons très importantes, c'est parce que les agences, elles ne mesurent pas
seulement la dette, elles mesurent le potentiel pour rembourser la dette. C'est
d'ailleurs la vérité pour les collectivités locales aussi, toutes les
collectivités locales de France qui sont les principaux investisseurs publics.
Toute collectivité locale, elle sait, on lui dit, l'État lui dit combien
d'années il lui faudrait pour rembourser sa dette si elle y consacrait tous ses
excédents. Et donc ils ont regardé le potentiel, et le potentiel, il est
double : il y a l'épargne des Français qui est très importante, 6 000
milliards. Je crois qu'on peut dire un chiffre de cet ordre. (…)
Et deuxième raison, le potentiel de
croissance. C'est un pays qui a, et c'est un indicateur que je crois on ne
regarde pas assez, nous sommes un pays qui a une formidable capacité d'avancer,
de construire et au fond, de croître. Simplement cette capacité, elle n'est pas
mise en œuvre. Mais quand une agence regarde la dette d'un pays comme la
France, elle regarde aussi la capacité du pays. Et le message qui a été envoyé
par les agences, l'une d'entre elles avait dit très tôt - Fitch - que selon
elle il y avait pas de raison de baisser la note de la France et cependant tous
les officiels considéraient que c'était acquis. Vous le savez bien, on disait,
c'est fait ! Eh bien, ça prouve que jamais les combats ne sont perdus
d'avance et jamais la capacité à défendre la situation réelle d'un pays n'est
prise en défaut si on se bat bien.
> Un : Total,
c'est pour la France une partie de son capital, de sa capacité, de son
patrimoine et de son avenir. Parce que Total avant d'être Total, c'était Elf
Aquitaine. Et Elf Aquitaine, c'étaient les pétroles d'Aquitaine, c'est à dire
chez nous, précisément à Lacq, où on a découvert, au début des années 50, le
plus important gisement de gaz naturel, qui à l'époque était sur le continent,
qui était celui du continent européen à l'époque. Et cette entreprise est un
immense patrimoine de recherches, de connaissances du sous-sol. Et donc de ce
point de vue-là, ça serait peut-être mieux de pas prendre Total en cible tous
les jours. Alors je sais bien que c'est la mode. Il arrive même que des
responsables politiques assez peu inspirés considèrent qu’il faut faire une
cible de notre principal ou d'un de nos principaux atouts.
> Comme un citoyen
français et comme un ancien ministre de de l'enseignement supérieur que je
trouve ce qui se passe à Sciences Po terriblement inquiétant. Sciences Po, ça a
été le lieu de formation le plus éminent qu'on a pu pendant des années avec
Raymond Aron, avec Jean-Claude Casanova, qu'on a pu développer chez nous, sur
une idée d'indépendance, c'est l'école libre, les héritiers de l'école libre,
des sciences politiques. C'était un lieu où on avait l'impression que pouvait
s'imposer un sens de l'intérêt général au-dessus des intérêts partisans. Ça a
dérivé ces dernières années et ça a dérivé jusqu'au point que vous avez montré,
mais sur lequel je voudrais attirer l'attention sur un détail. C'est les mains
rouges, vous avez le nombre d'étudiants qui avaient les mains peintes en rouge.
Qu'est-ce que c'est les mains rouges ? C'est une allusion symbolique à une
scène absolument atroce qui s'est passée en 2002, je crois dans lequel des
soldats israéliens ont été martyrisés, torturés et au bout du compte lynchés,
et un combattant du Hamas de cette époque-là ou un est apparu à la fenêtre avec
les mains rouges de sang juif, israélien et juif. Est-ce qu'on peut imaginer
pire dérive que ce que ce genre de scène ? Quand est-ce que vont se
ressaisir ceux qui, à Sciences Po ou par Sciences Po, ont construit un capital,
un patrimoine de connaissances et d'intelligence et de sens de l'intérêt
général ? Est-ce qu'on va laisser ce bien précieux, être déchiré,
abandonné à l'encan à tous ceux qui ont envie d'en faire un lieu de haine et de détestation. Moi
je considère que l'État a une responsabilité. L'État joue un rôle, par exemple,
dans la nomination des responsables de Sciences Po, il donne son aval. C'est la
responsabilité de l'État de ne pas laisser continuer cette dérive-là . Alors
c'est difficile parce qu'on est sous la pression de courants sectaires,
d'opinions qui veulent faire un lieu de de haine, de guerre et de déchirement.
Je pense qu'il faut que l'État prenne ses responsabilités. Je pense qu'il faut
que l'État impose le retour à Sciences Po du pluralisme, de la tolérance et de
la compréhension mutuelle, nécessaire à la science. (…) Il faut intervenir, ne pas accepter que ce genre de
scène d'exclusion, d’un étudiant juif qui est sorti manu militari ou bien l'excitation
des passions. Sciences Po, c'est pas un lieu de meeting politique. C'est un
lieu de confrontation, c'est un lieu de discussion et la France a besoin de ce
que Sciences Po a été et la France, ou en tout cas les responsables français,
ont le droit de s'inquiéter de la dérive de Sciences Po.
> La stratégie
de LFI est transparente. La stratégie de
Jean-Luc Mélenchon, elle est double, il a souvent expliqué qu’il faut, un, tout conflictualiser, il faut de tous les sujets, faire un affrontement de
camp. Et Deuxièmement, si c'est la révolution qu'on cherche, pour la
révolution, on a besoin de troupes et les troupes de la révolution, c'est ce
qu'on a appelé le lumpenprolétariat, et celui-ci étant majoritairement
musulman, ça entraîne des choix qui sont des choix de sectarisme des uns contre
les autres. Je ne pense pas qu'on puisse mettre en cause mon respect de la
religion musulmane et mon respect de la culture musulmane. Je suis un croyant,
je comprends assez bien les croyants et je suis un laïc, c'est-à-dire défenseur
de l'idée que là est la clé pour que dans les décennies qui viennent nous
puissions vivre ensemble. Nous puissions échapper à la guerre civile. J'ai
écrit plusieurs livres sur les guerres de religion. Je sais exactement comment
ça marche. (…)
Un : si
le lumpenprolétariat est musulman comme il l'analyse parce qu'il
réduit ses convictions philosophiques et religieuses de ceux qui ont une fois
et de ceux qui n'en n'ont pas, il le réduit à cet aspect identitaire des
choses, pour trouver des troupes de bataille, pour trouver un corps électoral.
Et de ce point de vue-là, je trouve que c'est un double danger et un double
risque. Conflictualiser tout dans une société aussi violente que la nôtre,
c'est un énorme risque et transformer la question des convictions religieuses
en convictions de troupes de bataille, de masse de bataille, c'est un 2ème
risque absolument essentiel. Et là, c'est l'essentiel qui est en jeu. Tout ce
que nous avons sous les yeux - c'est pourquoi ces élections sont tellement
importantes - tout ce que nous avons sous les yeux, c'est tous les éléments des
drames que nous avons vécus dans notre pays pendant des années et du mal
français que nous connaissons aujourd'hui. Les risques du pays, ils sont sous
nos yeux.
> Il y a des
parents qui simplement n'arrivent pas à contrôler leurs enfants. Il y a des
parents qui s'en foutent, c'est possible, je n'en connais pas. Mais si vraiment
il y a des parents sans aucune préoccupation de leurs enfants, cela, il est
légitime qu'on les poursuive ou qu'on les ramène dans une attitude différente.
Il y a des parents qui ne peuvent pas, la principale responsabilité, elle est
de construire une stratégie éducative ou rééducative, une stratégie de reprise
de contrôle et de reconstruction de ces enfants qui très tôt sont dans une
situation d'abandon et de dérive. Et il faut bâtir une stratégie scolaire
éducative. J'avais proposé, j'avais appelé ça « collège hors les
murs ». Il faut les sortir des collèges où ils sont parce que les
transférer d'un collège à un autre, ça ne résout rien, ça ne fait que
compliquer la situation et ça leur donne un sentiment d'absolue impunité qui en
fait des petits caïds respectés dans la cité. Si nous n'avons pas une réponse
collective, pédagogique et éducative avec des éducateurs, c'est-à-dire des
personnes non impressionnables. Et pour l'instant, cette stratégie-là, nous ne
l'avons pas.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Benjamin Haddad (porte-parole du groupe
à l’Assemblée nationale)
> Alerte fake news ! Contrairement à l’instrumentalisation
mensongère qui est faite de sa décision sur Israël, la présidente de la Cour
Internationale de Justice explique que la Cour n’a jamais dit qu’il y avait un
« risque plausible de génocide ».
> Le blocus illégal de Sciences
Po est inacceptable. Cette école vise à former des esprits libres. Rien ne doit
entraver la liberté d’apprendre. Honte à LFI qui instrumentalise cet évènement
en appelant au chaos à des fins électoralistes.
Pieyre-Alexandre
Anglade (député)
> A la Sorbonne Emmanuel Macron est venu sonner
le réveil des Européens face au risque d'effacement qui menace notre continent.
Nous pouvons reprendre en main notre destin par la puissance, la prospérité et
l’humanisme.
Maud Bregeon
(députée)
> Les députés LFI
présents au blocage de Sciences Po se comportent comme des pompiers pyromanes, exploitant
des tensions identitaires à des fins électorales. L’instrumentalisation
politique sans limite à l’approche des élections.
● MoDem
Maud Gatel (Secrétaire générale)
> Je joins ma voix à l'appel pour demander la
libération immédiate de Toomaj Salehi, rappeur iranien engagé condamné à mort, et de tous les
prisonniers politiques en Iran.
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (présidente)
> En 2050, l’Europe sera neutre en carbone. Pour
que ça marche, nous défendons une transition verte adaptée aux territoires.
Alors nous avons obtenu l’exclusion des vols vers les Outre-mers du marché
carbone européen. C’est ça, le réflexe outre-mer!