Certains sont pour parler de tout en l’accompagnant avec du fact-checking pour dire ce qui est avéré et ce qui ne l’est pas tandis que d’autres estiment qu’il faut faire un tri pour ne pas relayer les propos les plus inqualifiables et abjects ainsi que les mensonges les plus grossiers.
Le problème est que les deux attitudes ne feront sans doute pas changer les fan(atique)s de Trump qui y verront, dans le premier cas, des attaques infâmes de médias pourris jusqu’à la racine selon eux, et, dans le deuxième cas, une censure tout aussi infâme de ces mêmes médias qu’ils abhorrent.
Dès lors, il s’agit de convaincre les quelques électeurs républicains modérés, les électeurs démocrates qui hésitent à voter pour Biden et, surtout, une partie des «independents», ces électeurs qui déclarent n’être affiliés à aucune des deux grandes formations de la politique américaine.
Même si le dilemme demeure entre les deux attitudes, rappelons tout de même que la stratégie de Trump en 2016 et 2020 était de constamment occuper les médias par des comportements et des propos répugnants et mensongers, stratégie qui a fonctionné à merveille, le populiste démagogue se vantant même en 2016 que la campagne électorale ne lui avait rien coûté ou si peu grâce au relais constant des médias.
Des médias qui, après la victoire de Trump, s’étaient sentis honteux (surtout avaient été très critiqués comme CNN) ce qui avait obligé certains d’entre eux à un examen de conscience même si cela ne les a pas empêchés de recommencer en 2020 et qu’ils s’apprêtent à le faire en cette années 2024!
Dès lors, reprendre systématiquement les propos et les initiatives de Trump revient à faire ce qu’il souhaite, de la vulgaire propagande en sa faveur en l’installant au centre du débat même si du fact-cheking accompagne tous ses faits et gestes.
C’est donc plutôt dans un tri avec comme ligne de conduite d’informer réellement les électeurs sur les positions de Trump que les journalistes devraient s’orienter pour maîtriser la diffusion de nouvelles qui ont du sens (même si les réseaux sociaux se chargeront de la court-circuiter).
Sauf que…
Pour que cette ligne de conduite soit adoptée, il faudrait, d’abord que les médias pour lesquels ils travaillent soient d’accord alors que les taux d’audience et donc les revenus commerciaux n’ont jamais été aussi bons que lorsque Trump est à leur antenne (en 2016, ils n’hésitaient pas à couper des meetings d’Hillary Clinton dès que Trump prenait la parole…) et qu’ensuite les journalistes ne soient pas tentés de faire le buzz notamment pour leur propre carrière en couvrant toutes les frasques du personnage.
Il n’y a sans doute pas de solution miracle pour traiter convenablement d’un personnage tel que Trump, non pas en théorie, mais par rapport à ce que sont aujourd’hui les médias dans les démocraties et les capacités de jugement des individus mal formés et informés…