Voici une sélection,
ce 25 mars 2024, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias
ou sur les réseaux sociaux en France.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement,
certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs
propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos
critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Gabriel Attal Premier
ministre, chargé de la Planification écologique et énergétique
> Je suis ici, Gare Saint-Lazare,
après le terrible attentat qui a frappé Moscou en fin de semaine dernière et
qui a fait, je le rappelle, 140 victimes, de nombreux blessés. Nous le savons
et le président de la République l'a redit ce matin, la branche de l'État
islamique qui a revendiqué cet attentat a déjà tenté de s'en prendre à la
France encore ces derniers mois ainsi qu'à d'autres pays européens.
Ça nous rappelle un point qui est
absolument clair et majeur : la menace terroriste islamiste est réelle, elle
est forte, je le dis, elle n'a jamais faibli. Et autour du président de la
République, avec l'ensemble de mon Gouvernement, notre mobilisation est
évidemment totale pour y faire face.
L'ennemi il a un nom, je le redis ici,
c'est le terrorisme islamiste. Ils s'immiscent partout, l'islamisme, où nous
baissons le regard, où nous acceptons le pas de vague, où nous laissons
l'angélisme triompher. Alors partout, nous ne devons pas laisser le moindre
millimètre au terrorisme islamiste et nous agissons partout pour l'asphyxier,
pour l'asphyxier à l'extérieur de nos frontières mais aussi à l'intérieur de
nos frontières, nous ne lui laissons aucune chance.
Je le redis ici, l'islamisme n'est pas
une religion, ce n'est même pas une simple idéologie, c'est une spirale, un
engrenage de la haine qui se nourrit de notre naïveté et qui veut tuer la
République. Le terrorisme peut frapper partout, peut s'en prendre à n'importe
qui et malheureusement nous avons des exemples dramatiques encore ces derniers
mois dans notre pays d'attaques terroristes qui s'en sont pris à nos
concitoyens.
Alors, le message que je veux passer
aujourd'hui évidemment c'est que nous sommes sur le pont, partout, tout le
temps avec nos forces de l'ordre, avec les militaires de l'opération Sentinelle,
avec les agents ici de la SNCF qui assure la sécurité, avec nos services de
renseignement, nous sommes sur tous les fronts.
Il n'y aura jamais une seconde de pause
dans la lutte contre le terrorisme. Nous ne laisserons jamais une minute de
répit à ceux qui veulent s'en prendre à la France et s'en prendre aux Français.
Nous nous préparons en permanence à tous les scénarios et nous n'en écartons
aucun.
Hier, compte tenu de l'attentat de
Moscou, le président de la République a convoqué un conseil de défense et de
sécurité nationale qui s'est tenu à l'Élysée en ma présence ainsi que de
plusieurs membres de mon Gouvernement. La menace est sérieuse, la sécurité des
Français évidemment passe avant tout. Aussi, nous avons décidé de rehausser la
posture Vigipirate à son niveau le plus élevé, c'est-à-dire « urgence attentat
».
Concrètement, cela veut dire que nous
allons nous démultiplier encore davantage. Ça veut dire que nous prenons toutes
les précautions. Depuis ce matin et dans les heures qui viennent, nous allons
déployer des moyens exceptionnels partout sur le territoire. La présence
policière sera renforcée sur les lieux sensibles, devant tous les lieux
sensibles, notamment évidemment les écoles.
Et je vous annonce que nous avons décidé
de mobiliser des militaires supplémentaires pour l'opération Sentinelle. Très
concrètement, vous le savez, l'opération Sentinelle, ce sont des militaires, et
je les remercie, nous étions au contact d’eux (ph) il y a encore quelques
instants ici, Gare Saint-Lazare, ce sont des militaires qui patrouillent devant
nos gares, devant nos écoles, devant nos lieux de culte, nos salles de spectacle,
au cœur de tous nos lieux de vie pour protéger les Français face à la menace.
Il y a aujourd'hui 3 000 militaires
de Sentinelle qui sont déployés partout sur le territoire. Je vous annonce que
4 000 militaires supplémentaires sont désormais en alerte et mobilisables
partout sur le terrain, mobilisables en cas de besoin et en fonction des
besoins sur chaque territoire.
Je connais l'importance de cette mission,
je connais l'engagement et la responsabilité hors du commun des forces de
l'ordre et des militaires de Sentinelle. C'est pourquoi j'ai tenu à me rendre
aujourd'hui ici, gare Saint-Lazare, d'abord pour les remercier pour leur
mobilisation, leur dire combien les Français ont de la chance de pouvoir
bénéficier de leur engagement et combien évidemment nous allons continuer à
agir ensemble pour assurer la sécurité des Français. Je veux vraiment leur
dire, au nom de mon Gouvernement, au nom de la nation tout entière, notre
reconnaissance et notre confiance. Ils sont les visages de la République face
au terrorisme, face à l'islamisme. Ils sont les visages de la protection pour
les Français et je veux vraiment les remercier et les saluer. Le plan
Vigipirate et l'opération Sentinelle, nos forces de l'ordre et nos militaires,
tous sont notre bouclier contre le terrorisme islamiste. Et plus notre
vigilance collective sera élevée, plus notre bouclier sera puissant.
Depuis la première seconde et jusqu'à la
dernière seconde, autour du président de la République, la protection des
Français sera notre première mission. Nous sommes intraitables et nous ne
lâcherons rien.
Et je veux rappeler ici l'engagement qui
a été pris dès les premières heures du premier quinquennat du président de la
République en 2017, nous sommes en permanence montés dans notre arsenal pour
lutter contre le terrorisme islamiste et contre l'islamisme. Nous avons voté un
texte en 2017, la loi SILT, Sécurité Intérieure et Lutte contre le Terrorisme,
qui permet de fermer des mosquées radicalisées, de renforcer les mesures de
surveillance sur notre sol. Nous avons augmenté les moyens de nos services de
renseignement comme jamais auparavant, ils ont doublé par rapport à 2015 et 1
900 agents supplémentaires ont été recrutés.
Nous avons décidé d'attaquer le mal à la
racine et de nous doter pour la première fois d'une stratégie de lutte contre
le séparatisme islamiste dans les lieux de culte, dans les écoles, dans les
associations, dans les clubs de sport. Nous avons renforcé le contrôle des
lieux de culte et avec la loi immigration, nous avons encore renforcé la garde
en simplifiant les expulsions de ceux que nous soupçonnons d'être radicalisés.
C'est bien simple et je le redis ici de manière extrêmement ferme : « nous ne
laisserons jamais tranquille ceux qui contestent nos valeurs et ceux qui
veulent s'en prendre aux Français. »
Nous avons des résultats, 45 attentats
ont été déjoués depuis 2017 et depuis le début de cette année, il y a quelques
mois seulement, déjà deux projets d'attentats ont été déjoués dans notre pays.
760 étrangers radicalisés ont été reconduits à la frontière depuis 2017,
plusieurs imams ont été expulsés, des mosquées ont été fermées, des
associations ont été dissoutes en conseil des ministres. Nous agissons en
amont, nous agissons sur tous les fronts, notre lutte contre le terrorisme, je
le dis ici ne se paye pas de mot, elle est très concrète et notre main ne
tremblera jamais face au terrorisme, jamais face à l'islamisme.
Tout est mis en œuvre pour protéger les
français, pour protéger leur vie de tous les jours et nous allons continuer. (…)
Évidemment, nous avons une vigilance qui
est d'ores et déjà très forte autour de nos établissements scolaires. Ça fait
maintenant plusieurs mois, plusieurs années, que les moyens ont été renforcés.
Ils l'ont été encore davantage après l'assassinat de Dominique Bernard à Arras. Mais précisément en passant, en
rehaussant notre posture Vigipirate au niveau urgence attentat, ça permet le
déploiement de moyens supplémentaires, notamment de militaires. Et évidemment,
les établissements scolaires sont toujours notre priorité absolue dans la
protection que nous apportons à nos concitoyens, bien sûr.
Pour ce qui est des menaces cyber, je le
redis ici, à chaque fois, des enquêtes sont menées. Nous identifions
régulièrement les auteurs et nous les sanctionneront. Je rappelle que pour les
menaces, les alertes à la bombe qui sont envoyées à des établissements
scolaires notamment, ça va jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros
d'amende. Nous avons déjà plusieurs dizaines d'auteurs de ces menaces qui sont
parfois, excusez-moi de le dire, des gamins qui veulent faire une blague. Nous
en avons identifié plusieurs dizaines. Ils sont judiciarisés, ils sont
poursuivis en ce moment par la justice et évidemment, ils seront sanctionnés et
condamnés très fermement.
> 45 projets
d'attentats déjoués depuis 2017 et rien que depuis janvier de cette année déjà
deux attentats, deux projets d'attentats qui ont été déjoués. Ça me permet à
nouveau de saluer le travail de nos services de renseignement. Nous avons
doublé les effectifs de nos services de renseignement, 2 000 recrutements. Ils
font un travail absolument exceptionnel dans l'ombre. Et bien souvent
évidemment pour des raisons liées au secret défense et à la sécurité des
Français, on ne peut pas en dire beaucoup sur leurs actions et sur les projets
qui sont déjoués.
Pour autant, ce que je peux vous dire, et
nous avons fait le point hier autour du président de la République en Conseil
de défense, c'est que tous les premiers éléments qui sont à notre disposition
attestent du fait que la branche de l'État islamique qui a revendiqué
l'attentat de Moscou est une branche de l'État islamique qui a développé
plusieurs projets d'attentats visant des pays européens, notamment la France et
l'Allemagne ces derniers mois et qu’un projet visant la ville de Strasbourg
avait notamment été identifié et heureusement nos services ont pu interpeller
les personnes qui visaient de s'en prendre à la ville de Strasbourg et à ses
habitants.
Donc au quotidien, il y a une
surveillance. Au quotidien, il y a une traque de tous ceux qui pourraient
vouloir s'en prendre à la République et aux Français. On a des services qui, je
le dis encore une fois, font un travail absolument remarquable et admirable.
Mais la revendication de l'attentat de Moscou par une branche de l'État
islamique qui avait elle-même menacé et développé des projets sur des pays
européens dont la France nous a amenés à prendre cette décision de rehausser la
posture vigipirate à son plus haut niveau.
> La menace
terroriste est multiple. Elle peut avoir
diverses sources, diverses origines, et que l’essentiel pour nous, c’est d’être
prêt face à tous types de menaces. Il y a la menace endogène avec des personnes
effectivement qui ont grandi en France, parfois sont nées en France, et c’est
là où tout le travail que nous faisons contre l’islamisme, contre le
séparatisme en fermant des lieux de culte radicalisés, des associations
radicalisées, des clubs de sport radicalisés, des écoles radicalisées ou
clandestines, nous agissons à la racine. Et ensuite, il y a la menace
extérieure, et évidemment tous nos services sont totalement mobilisés pour la
prévenir. Merci beaucoup.
> À la suite de l’attentat de
Moscou, un Conseil de Défense et de Sécurité nationale a été réuni ce soir à
l’Elysée par le Président de la République. Compte tenu de la revendication de
l’attentat par l’état islamique et des menaces qui pèsent sur notre pays, nous
avons décidé de rehausser la posture Vigipirate à son niveau le plus élevé :
urgence attentat.
> L'ennemi est connu, c'est le
terrorisme islamiste. La menace qu'il fait peser sur notre pays est forte et
réelle. Depuis le début de l'année, deux attentats ont été déjoués. Nous ne
laisserons jamais une seule seconde de répit à ceux qui souhaitent s'en prendre
à la France. Nous allons dans les heures qui viennent renforcer les moyens et
les effectifs sur le terrain, en particulier à proximité des établissements
scolaires.
> [Discours au congrès du MoDem]
Je suis très heureux d'être parmi vous
ici ce soir parce que pour le Premier ministre que je suis, retrouver le MoDem,
ses militants, ses élus, ce n'est pas aller intervenir en périphérie de la
majorité. Ce sont des partenaires, comme on dit. C'est se plonger au cœur de la
majorité présidentielle. Vous êtes le cœur de la majorité présidentielle. C'est
une grande fierté pour moi d'être votre Premier ministre.
Une grande fierté pour moi parce que
cette majorité présidentielle, elle a un cap, elle a des valeurs et elle a une
ligne directrice. Et ce cap, ces valeurs, cette ligne directrice, doivent
beaucoup à l'engagement constant et historique du modem. Notre ligne
directrice, c'est bien celle du dépassement politique, de la capacité à
échanger avec des personnalités politiques issues de la société civile. Pas
forcément d'accord sur tout, mais en tout cas d'accord sur la nécessité d'agir
au service du pays et de l'intérêt général. Nos valeurs se sont évidemment
celles de notre devise républicaine, la liberté, l'égalité, la fraternité.
C'est aussi évidemment les valeurs de l'Europe qui, je le sais, est un élément
fondamental de l'engagement au MoDem. Et j'y reviendrai dans un instant,
évidemment, que nous aurons besoin de tout l'engagement du MoDem pour ces
élections européennes qui sont absolument, absolument majeures.
La ligne du MoDem, son engagement
historique, c'est évidemment aussi celui de la responsabilité et notamment de
la responsabilité budgétaire qui là aussi est un enjeu absolument majeur, non
pas comme une fin en soi, mais comme le moyen d'investir davantage pour le
progrès et pour les générations à venir. Et donc le premier message que je veux
vous passer ce soir, c'est vraiment un message de remerciement. Merci d'abord à
toi François d'être évidemment un pilier majeur de cette majorité, une vigie
absolument essentielle des engagements que nous avons pris devant les Français,
et des valeurs qui nous tiennent toutes et tous ensemble. Merci d’éclairer
comme tu le fais le débat politique national. Merci de nous guider aussi dans
la bonne direction pour agir toujours davantage au service des Français. Merci
à toi pour ton implication au sein de la majorité.
Je veux évidemment remercier aussi mes
ministres et au premier rang desquels mes ministres issus du MoDem. Je vois ici
Jean Noël Barrot, Sarah El Haïry, Marina Ferrari, évidemment Marc Fesneau, dont
je dois dire que depuis ma nomination à Matignon, je le vois plus que ma
famille puisque nous avons été mobilisés ensemble sur un dossier absolument
majeur sur lequel je reviendrai dans un instant. Merci Marc pour ton
implication au sein du gouvernement. Nous avons de la chance de t'avoir
aujourd'hui à la tête du ministère de l'Agriculture. Je le salue également
puisque je le vois ici devant moi, Éric Dupont-Moretti, dont je ne savais pas
encore qu'il avait rejoint le MoDem, mais il y a des transferts qui se font!
Je veux remercier aussi les
parlementaires du MoDem, à l'Assemblée nationale, au Sénat, au Parlement
européen. On a de la chance de vous avoir particulièrement investis autour à
l'Assemblée nationale de Jean-Paul Mattei qui fait un travail absolument formidable
à la tête de ce groupe, je le dis. Là aussi, c'est une chance pour le Premier
ministre que je suis d'avoir avec Jean-Paul, avec d'autres, des interlocuteurs
d'une très grande confiance, très grande franchise aussi et d'une très grande
loyauté au président de la République.
Saluer aussi parce que je sais que ce
sont les plus nombreux ici, nos élus locaux, les élus locaux. Je suis l'un des
vôtres, je suis conseiller municipal dans ma commune depuis 10 ans maintenant.
Je sais l'implication qui est la vôtre au quotidien. Je sais combien vous êtes
en première ligne, je sais combien les Français attendent de vous et combien
vous vous donnez corps et âme pour les Français. Je sais aussi que dans notre
majorité, nous devons notre enracinement, notre connexion avec le terrain et avec
les Français, à notre réseau d'élus locaux toujours en capacité de nous faire
remonter ce qui va, ce qui ne va pas, et de nous guider dans la bonne
direction. Merci, on ne vous le dit pas assez souvent, merci pour votre
implication quotidienne.
Alors je vais pas être trop long.
D'abord, parce que François me l'a dit en arrivant, ce n'est pas ici un
meeting, c'est un moment de travail, c'est un congrès où on réfléchit et
j'essaierai dans un instant d'apporter ma pierre à la réflexion. Ensuite, parce
que quand on m'a dit que je venais intervenir lors de votre congrès, on m'a dit
que je venais le samedi soir et non pas le dimanche matin. Et on m'a dit
« alors le samedi soir, c'est pas les discours du dimanche matin de
clôture, mais tu vas voir, c'est très sympa parce que le samedi soir c'est
l'apéro ». Et donc je comprends qu'il y a un apéro qui nous attend après,
et c'est pour moi le plus important de pouvoir échanger très directement avec
vous, sans filtre, sans être sur une tribune derrière un pupitre, mais très
directement avec vous.
Je veux peut être pour alimenter la
réflexion qui est la vôtre, qui vous a conduit à avoir des tables rondes
absolument essentielles sur des sujets majeurs, vous dire comment je perçois le
moment et la responsabilité qui, je crois, est la nôtre s’agissant de la
majorité présidentielle.
Je crois que nous sommes à la croisée des
chemins, à la croisée des chemins en France, en Europe et dans le monde. On
voit le chemin qui a été parcouru depuis 2017 et l'élection du président de la
République grâce à notre majorité. On le voit sur le front de l'emploi, avec un
taux de chômage au plus bas depuis 25 ans, un taux de chômage des jeunes au
plus bas depuis 40 ans, un taux d'emploi au plus haut depuis qu'il est mesuré.
On voit que nous avons inversé la courbe de la désindustrialisation. Il y a enfin
davantage d'usines qui rouvrent que d'usines qui ferment dans notre pays,
davantage d'emplois industriels qui sont créés que d'emplois industriels qui
sont détruits. Ça n'était pas arrivé depuis plusieurs décennies. Nous le devons
à l'action de cette majorité et dans le même temps, dans le même temps, oui, on
peut applaudir ce bilan économique et social qui est majeur.
Et dans le même temps, on voit que cette
baisse inédite du chômage s'accompagne de nouveaux défis, de nouveaux enjeux
évidemment, une attente très forte des Français qui travaillent, une attente
d'avoir un modèle social davantage tourné vers l'incitation à l'activité quand
beaucoup de nos concitoyens, ils nous le disent au quotidien, ont le sentiment
de travailler pour financer un modèle qui parfois permet à certains de ne pas
travailler. Il faut entendre ce cri des classes moyennes françaises qui attendent
de nous une action résolue en la matière. Une attente aussi des jeunes
générations pour un nouveau rapport au travail qui tient mieux en compte de
leurs aspirations, de leur vie personnelle, de la réorganisation de la société,
des mutations de la société.
Nous avons beaucoup agi s'agissant de
l'environnement. Nous avons un bilan en la matière et ne laissez jamais
personne vous faire la leçon et vous expliquer que d'autres faisaient mieux que
nous avant, ça n'est pas vrai. Nous avons agi massivement depuis 2017. Avant
l'élection du président de la République en 2017, nos émissions de gaz à effet
de serre baissaient d'environ 1% par an en moyenne. Dans le premier quinquennat
du président de la République, nous avons doublé le rythme de réduction des
émissions de gaz à effet de serre. On est passé de 1% à 2% par an. Nous avons
continué à agir méthodiquement, pragmatiquement, massivement. Et l'année
dernière, nous venons d'avoir les chiffres. Cette semaine, les émissions de gaz
à effet de serre en France ont baissé de près de 5% sur une année. C'est inédit
dans l'histoire de notre pays. Et nous le devons à notre action. Nous le devons
à ce que nous avons construit. C'est une écologie à la française, une écologie
qui assume de ne pas chercher à brutaliser les Français, à les punir, à les
sanctionner en permanence. On a vu ce que ça donnait au début du précédent
quinquennat avec la taxe carbone et le mouvement des gilets jaunes. Non, nous
assumons de vouloir investir, accompagner et planifier, cher François. C'est ce
que nous avons fait avec la planification écologique et nous avons des
résultats. Ne laissez personne vous faire la leçon en la matière, ceux qui sont
véritablement efficaces et engagés pour la transition écologique, la lutte
contre le réchauffement climatique, c'est notre majorité, c'est le président de
la République. C'est nous qui assumons de prendre toutes les décisions, y
compris quand elles sont difficiles. J'entends régulièrement les Verts nous
faire la leçon en la matière, ceux-là même qui nous ont expliqué pendant des
décennies que le combat écolo en France se résumait à des grands projets
d'artificialisation des sols contre lesquels il fallait lutter. Ils ont été au
gouvernement à l'époque de François Hollande. Est-ce qu'ils ont réglé ces dossiers ?
Est-ce qu'ils ont agi pour avancer sur ces questions-là ? Non. Qui a
assumé et qui a eu le courage de prendre ses responsabilités ? Pour
décider de mettre fin au chantier de Notre-Dame-des-Landes ? Et évidemment que
c'était difficile. Europa City dans le Val d'Oise ? La montagne d'or en Guyane
? Ces grands projets d'artificialisation des sols qui étaient dénoncés par les
écologistes depuis des décennies ? C’est cette majorité présidentielle et ce
président de la République. C'est nous qui avons assumé d'aller plus loin que
tous les autres avant nous et que tous les pays européens sur la lutte contre
le gaspillage, contre l'utilisation du plastique à usage unique. Nous sommes
beaucoup plus efficaces et beaucoup plus ambitieux que ceux qui nous donnent des
leçons en la matière.
Nous sommes à la croisée des chemins
aussi s'agissant de nos finances. Et je sais combien cet enjeu, évidemment,
vous tient à cœur. Il est au cœur de l'engagement de François Bayrou et je le
dis ici et nous partageons cette conviction. Le redressement de nos finances
publiques, ça n'est pas une fin en soi, c'est un moyen, un moyen qui doit nous
permettre d'investir au service des générations futures. On le voit dans le
débat public aujourd'hui, il y a ceux qui veulent léguer aux générations
futures de la dette, des déficits et donc des impôts supplémentaires. Il y a
ceux qui veulent léguer aux générations futures un pays qui a investi
massivement dans la transition écologique, pour le renouvellement des services
publics, l'école et la santé, pour le redressement évidemment de nos services
publics régaliens, notre armée et notre police. Nous sommes dans le 2ème camp,
nous sommes dans ceux qui sommes responsables, au service des générations à
venir.
Alors, face à ces défis majeurs, face à
cette croisée des chemins, je vais vous dire ce que je crois être absolument
fondamental pour nous, pour continuer à avancer. D'abord, je crois qu'on doit
toujours réaffirmer qui nous sommes. Nous sommes une majorité issue de divers
horizons politiques et nous croyons profondément au dépassement politique. Nous
devons réaffirmer que le dépassement politique, ça n'est pas la recherche de
l'eau tiède. C'est au contraire assumer une radicalité, aller plus loin que la
gauche ne l'a été sur certains sujets quand elle était aux responsabilités,
aller plus loin que la droite ne l'a été sur certains sujets quand elle était
aux responsabilités. Le dépassement politique, ça n'est pas une synthèse molle,
ça n'est pas faire du surplace, c'est au contraire assumer d'avancer
radicalement sur un certain nombre d'enjeux. Je viens de donner certains
exemples.
Oui, nous allons devoir avancer
radicalement dans les semaines et les mois qui viennent. Sur la question du
travail, nous sommes très attendus par nos concitoyens, nous devrons aller plus
loin dans la réforme de notre modèle social. Nous avons un modèle social qui
peut être moins coûteux et plus efficace. Inciter davantage à la reprise
d'emploi. Nous assumerons d'avancer sur la réforme de l'assurance chômage et
dans le même temps, nous assumerons aussi de tenir compte des aspirations des
jeunes générations et plus largement des Français dans le renouvellement du
rapport au travail. On le voit, beaucoup de français nous le disent. On veut
que notre vie personnelle, notre vie familiale, nos projets soient davantage
pris en compte et davantage de place dans nos vies à côté du travail. Je ne
crois pas du tout que ces Français aspirent au droit, à la paresse ou à une
forme de conviction qu'on pourrait ne plus travailler et que la société
pourrait fonctionner toute seule sans travail. Je crois que les Français aspirent
à davantage de souplesse, davantage de liberté dans leur organisation du
travail. Et je le dis ici avec mon gouvernement, l'État sera exemplaire en la
matière. Nous assumerons d'ouvrir dans tous les ministères l'expérimentation de
la semaine en 4 jours, qui n'est pas la semaine de 4 jours avec réduction du
temps de travail, mais qui est tout simplement la possibilité donnée à ceux qui
le souhaitent d'arriver un peu plus tôt le matin, de partir un peu plus tard le
soir, mais de travailler un jour de moins dans la semaine. C'est aussi la
marque de notre majorité d'être capable d'ouvrir de nouveaux droits, nous
assumerons. De tenir compte de l'évolution des familles, oui, des familles qui
sont divorcées, qui veulent pouvoir travailler différemment. Quelqu'un qui est
divorcé, qui a ses enfants un jour sur deux, s'il veut pouvoir travailler deux
fois plus quand il n'a pas ses enfants et deux fois moins quand il a ses
enfants, si c'est compatible avec les attentes de l'administration ou de
l'entreprise, on doit lui donner ce ce droit et on doit lui ouvrir cette
possibilité.
Nous nous battrons aussi pour ce beau
projet que nous avons porté dans la campagne présidentielle du compte épargne
temps universel, ce véritable sac à dos social qui doit permettre à des jeunes
générations de travailler davantage s'ils le souhaitent et s'ils en ont le
temps, pour pouvoir, à d'autres moments de leur vie, travailler un peu moins,
parce qu'ils ont un enfant, parce qu'ils doivent accompagner un proche en perte
d'autonomie, parce que tout simplement, ils ont envie de développer des projets
à côté de leur travail. Nous sommes la majorité en capacité d'entendre ces
nouvelles aspirations sociétales et ce nouveau rapport au travail. Nous ne
sommes pas dans les vieilles solutions, les vieux logiciels qui sont souvent
avancés à gauche ou à droite. Nous assumons une marque de de fabrique qui est
celle du progrès social et sociétal. Ces beaux chantiers, nous les porterons
ensemble dans les mois à venir.
De la même manière, nous continuerons à
assumer le réinvestissement massif dans nos services publics clés et la
transformation de ces services publics. Je prends un exemple ici et vous savez
combien il nous tient à cœur, combien il me tient à cœur : l’école de la
République. Nous avons assumé de réinvestir massivement pour l'école, avec une
revalorisation importante, historique, même si, évidemment, qu'elle se
traduisait par une forme de rattrapage de sous-investissement des dernières
décennies, mais une revalorisation inédite de nos enseignants.
Nous continuerons à avancer pour répondre
à un phénomène que nous voyons partout et en tant qu'élus locaux, vous le
voyez, qui est une perte de confiance de beaucoup de familles vis-à-vis de
l'école publique et le sentiment qu'elles ont parfois le devoir de se tourner
vers l'école privée pour faire réussir leurs enfants. Nous n'accepterons jamais
qu'en France, des familles se considèrent obligées de devoir mettre leurs
enfants dans l'école privée si elles veulent qu'ils réussissent. C'est à
l'école publique qu'on doit toujours pouvoir réussir et s'élever. Et nous
continuerons à avancer avec le choc des savoirs pour redonner confiance dans
l'école de la République.
Sur la santé, évidemment, nous
continuerons aussi à avancer pour permettre aux Français d'accéder davantage
aux soins. Nous savons, et vous le savez, vous venez de tous les territoires,
combien il est difficile dans beaucoup de territoires de pouvoir se soigner,
combien il est difficile de pouvoir trouver un médecin. Nous avons pris des
décisions inédites en mettant fin au numerus clausus, en le transformant en
numerus apertus au début du précédent mandat. Nous savons que nous aurons
davantage de médecins dans les années à venir, ils sont en formation. Je crois
que nous devons aller plus loin. Nous devons aller plus loin avec les
universités pour qu'elles ouvrent davantage de places de formation en médecine.
Je ne me résous pas à ce que nous ayons des jeunes de très grande qualité, qui
ont beaucoup travaillé, qui soient condamnés à les faire leurs études de
médecine en Roumanie, dans des pays à l'est de l'Europe, pour ensuite revenir
en France quand ils peuvent revenir. Nous devons former encore davantage de médecins.
Et nous devons continuer, continuer à agir massivement pour libérer du temps
médical à nos professionnels de santé au service des Français ; en
continuant à déléguer un certain nombre d'actes et de taches des médecins vers
d'autres professionnels médicaux ; en continuant aussi à accompagner
davantage les médecins. C'est très concret. Nous avons aujourd'hui 6 000
assistants médicaux dans notre pays. Nous passerons à 8 000 cet été, 10 000 à
la fin de l'année. Ce sont 2 500 000 consultations médicales en plus pour les
Français grâce à l'allégement des contraintes administratives qui pèsent sur
les médecins. De la même manière, nous assumerons et là aussi, c'est notre
marque de fabrique, nous assumerons de mettre en place à l'été un système pour
inciter les Français qui ont un rendez-vous chez le médecin à honorer leur
rendez-vous chez le médecin. On ne peut plus accepter qu'il y ait 15 millions
de rendez-vous médicaux perdus chaque année parce que des Français ont
rendez-vous chez le médecin et n'y vont pas sans prévenir. Quand on a
rendez-vous chez le médecin et qu'on ne s'y présente pas, on doit payer. C'est
le seul moyen d'inciter les Français à honorer leurs rendez-vous et à libérer
des créneaux pour les Français qui en ont besoin.
Enfin, nous assumerons de continuer à
agir massivement pour la sécurité et pour l'autorité dans notre pays. Ce qui se
joue aujourd'hui et les Français nous le disent, c'est ce sentiment
d'impuissance des pouvoirs publics face à la délinquance, face à une perte de
civisme. Là aussi, nous n'avons pas de leçon à recevoir. Nous avons créé plus
de postes de policiers et de gendarmes que toutes les majorités qui nous ont
précédé. Nous avons assumé, cher Éric, d'accroître comme jamais le budget du
ministère de la Justice, quasiment 50% de hausse depuis 2017. Mais on le voit,
ce qui se joue, c'est la question du respect des droits et devoirs dans la
société, du civisme, du respect de l'autorité. L'école, là aussi, a un rôle
absolument majeur. Au printemps prochain, nous présenterons avec Éric
Dupond-Moretti, avec Gérald Darmanin, avec Nicole Belloubet, nous présenterons
des mesures sur cette question de l'autorité et de la justice des mineurs. Les
Français ont été très marqués, je le crois, par les émeutes qui se sont tenues
il y a près d'un an. Nous devons être capables de répondre à ce qui s'est joué
à ce moment-là, être capables de construire des politiques publiques à même de
montrer aux plus jeunes ce que sont les droits et devoirs, ce qu'on doit
respecter quand on est dans la République. Et évidemment en premier lieu,
l'autorité est une valeur absolument fondamentale.
Enfin, nous sommes à la croisée des
chemins, et je terminerai par-là, évidemment, en Europe et dans le monde. Ma
génération a grandi en considérant que la paix en Europe était un acquis
intangible. Et si elle a grandi avec cette conviction, c'est précisément grâce
à l'Union européenne qui nous permet de vivre, d'avoir vécu, la période la plus
longue en paix sur le continent européen grâce à l'Union européenne. Or, on le
voit : la guerre est revenue au cœur de l'Europe, aux portes de l'Union
européenne.
Évidemment que le rendez-vous du 9 juin
prochain est absolument fondamental. Ce qui se joue le 9 juin, ça n'est pas
seulement une question de politique nationale, de rapport de force entre la
majorité et ses oppositions. Ça, c'est ce que souhaiteraient les oppositions.
Ce qui se joue le 9 juin, ce n'est pas, comme je l'entends parfois dans les
oppositions elles-mêmes, une forme de primaire de la présidentielle de 2027 qui
permettrait aux différents partis de la Nupes de savoir qui est en position de
force pour 2027 et aux différents partis de droite et d'extrême droite de
savoir qui est en position de force pour 2027. Ça, c'est ce que pensent les
oppositions. Nous, nous avons une conviction : c'est que ce qui se joue le
9 juin prochain, c'est l'Europe, c'est l'Europe et son avenir qui se joue le 9
juin prochain. Et je reprendrai la très belle, le très beau slogan ou la très
belle phrase de Jean Louis Bourlanges qui a dit : « l'Europe nous
protège. Aujourd'hui, l'Europe a besoin que nous la protégions ». Et c'est
ce qui se joue le 9 juin prochain.
Là aussi, nous avons un bilan. Et ne
laissez personne, personne, vous faire la leçon en la matière. Depuis 2017,
depuis le discours de la Sorbonne du président de la République, l'Europe a
fait des pas de géant. On nous disait que c'était impossible d'avoir un
mécanisme budgétaire commun en Europe pour investir sur des grands enjeux, sur
la transition écologique, pour répondre aux vulnérabilités de l'Europe en
termes de souveraineté stratégique sur les semi-conducteurs, sur un certain
nombre d'enjeux… Nous avons démontré le contraire avec le président de la
République. On nous disait que c'était impossible de parler de défense
européenne. Nous avons démontré le contraire avec le président de la
République. On nous a dit que c'était impossible de faire plier les géants du
numérique. Nous avons démontré le contraire avec le président de la République.
Nous avons montré qu'il était possible de faire bouger l'Europe sur des enjeux
absolument fondamentaux.
Ce qui se joue le 9 juin, et ce que nous
devons montrer d'ici au 9 juin aux Français, c'est que nous n'arriverons pas à
répondre à ces grands défis que je viens d'évoquer : le réchauffement
climatique, l'émergence des grandes puissances américaines et chinoises, la
guerre aux portes de l'Union européenne, l'intelligence artificielle qui va
profondément bouleverser notre économie et notre rapport au travail. Qui peut
croire que nous arriverons à répondre à ces grands défis en Franco
français ? Qui peut croire que nous pourrions répondre à ces défis sans
investir au niveau européen, sans peser en Europe face aux grandes puissances
et aux géants du numérique ? Personne ne peut y croire. Et je vais vous le
dire, je suis convaincu, les Français sont intelligents et ils le savent. À
nous d'aller leur dire, à nous d'aller leur rappeler. À nous de leur rappeler
que c'est ça qui se joue le 9 juin prochain.
À nous de leur rappeler aussi que ce qui
se joue le 9 juin prochain, c'est la capacité des Ukrainiens à continuer à
tenir face à l'agression russe. Au moment où je parle de la guerre en Ukraine,
je veux évidemment avoir une pensée et dire ma solidarité au peuple russe qui a
subi une attaque terroriste atroce revendiquée par l'État islamique hier à
Moscou. Je veux apporter, au nom de mon gouvernement, mon soutien aux familles,
aux blessés et au peuple russe. Nous n'avons jamais confondu le peuple russe avec
ses dirigeants.
Et ce qui se joue le 9 juin prochain,
c'est notre capacité à continuer à soutenir les Ukrainiens. Les Ukrainiens
résistent de façon héroïque. Souvenez-vous il y a 2 ans au début de la guerre,
ce qu'on entendait : du côté du Rassemblement national, il ne fallait pas les soutenir. Du
côté de la France Insoumise et de Jean Luc Mélenchon, souvenez-vous de cette
phrase : « les Ukrainiens ne tiendront pas deux mois face à la
Russie ». Ça fait deux ans que les Ukrainiens tiennent et résistent face à
la Russie, qu'ils se battent pour leur liberté et leur souveraineté, mais pour
des valeurs qui sont celles qui nous rassemblent : celle de la liberté des
peuples à disposer d'eux-mêmes et celle de la souveraineté. Alors que l'offensive
russe se durcit, alors qu'il y a des doutes sur la poursuite du soutien
américain à l'Ukraine, si l'Europe se désunit le 9 juin prochain, les
Ukrainiens auront le plus grand de mal à continuer à tenir et à résister pour
être en position de négocier une solution politique à ce conflit. Ce qui se
joue donc le 9 juin prochain, c'est notre capacité à continuer à soutenir les
Ukrainiens et pour eux à continuer de résister.
Et d'ici là, nous devons aussi rappeler
aux Français ce qu'entrainerait une victoire de la Russie en Ukraine. D'abord,
ce serait toutes nos valeurs qui seraient qui seraient bafouées. Je les
évoquais il y a un instant : la liberté des peuples, la souveraineté. Ce
serait finalement un nouvel ordre mondial, celui de la loi du plus fort, celui
de la possibilité pour une puissance d'asservir une autre puissance
démocratique par la force. Mais cela aurait aussi des conséquences bien
concrètes dans la vie des Français. Et ça, je crois que c'est notre
responsabilité de leur dire. Parce que la réalité, c'est que cette guerre,
évidemment qu'elle a un coût. Évidemment qu'elle entraîne une forme
d'insécurité, qu'elle entraîne une inflation que subissent les Français au
quotidien. Mais ce coût n'est rien comparé au prix que nous payerions si la
Russie devait gagner sur l'Ukraine. La réalité, c'est que si la Russie gagnait
sur l'Ukraine, ce serait le premier producteur de blé au niveau mondial qui
gagnerait sur le 2e plus grand producteur de blé au niveau mondial. Ce serait
une profonde déstabilisation du marché des céréales au niveau mondial, plus
forte encore que celle que nous connaissons aujourd'hui, et donc une inflation
alimentaire massive que subiraient les Français.
Si la Russie devait gagner sur
l'Ukraine, ce serait une déstabilisation énergétique encore plus forte que
celle que nous connaissons aujourd'hui. Au total, je le dis, ce serait un
cataclysme pour le pouvoir d'achat des Français et des Européens. Si la Russie
devait gagner sur l'Ukraine, ce serait l'un des mouvements migratoires les plus
vastes que nous aurions connu dans l'histoire de l'Union européenne. Tout ça,
il nous faut l'expliquer aux Français, le dire aux Français. La réalité, c'est
que défendre les Ukrainiens, défendre la capacité de l'Ukraine à rester une
nation qui défend ses frontières, c'est défendre les intérêts des Français et
de tous les Européens.
Chers amis, dans cette campagne
européenne, n'ayons pas peur d'affirmer notre conviction, d'affirmer une phrase
qui, pour certains, a l'air de ressembler à un gros mot : nous sommes
pro-européens ! Nous soutenons l'Union européenne. Et dans le même temps
que nous soutenons l'Union européenne, nous sommes conscients que nous devons
la faire évoluer. C'est ce que nous avons fait avec Marc ces derniers mois sur
les questions agricoles. L’Europe a bougé à l'initiative de la France parce que
nous nous sommes mobilisés. Nous soutenons l'Union européenne, nous sommes
pro-européens et je le dis ici devant vous, j'ai une conviction qui se renforce
jour après jour dans cette campagne européenne : je crois que nous avons
gagné une bataille idéologique en France. Souvenez-vous, en 2017. À l'extrême
gauche comme à l'extrême droite, on avait que le Frexit à la bouche. La sortie
de l'Union européenne était un objectif assumé, affirmé dans les programmes
politiques et dans les discours politiques. Aujourd'hui, que voit-on ? On
voit que ces partis ont toujours un programme qui correspond à une sortie de
l'Union européenne. Méthodiquement, ce qu'ils organiseraient, s'ils étaient
majoritaires, c'est la sortie de l'Union européenne. Mais aujourd'hui, ils se
cachent, ils n'osent plus assumer qu'ils veulent sortir de l'Union européenne,
ils démentent vouloir sortir la France de l'Union. Mais quelle victoire
idéologique pour nous qui avons toujours affirmé qu'il n'était pas dans
l'intérêt de la France de sortir de l'Union européenne ? S'il se cache,
s’ils mentent aujourd'hui aux Français en faisant croire qu'ils n'ont pas pour
projet de sortir de l'Union européenne, c'est parce que nous avons gagné une
bataille idéologique qui est celle de montrer aux Français qu'ils ont besoin
d'Europe et un intérêt concret à rester dans l'Union européenne.
Alors nous allons nous battre. Nous
allons nous battre dans les semaines et les mois à venir. Nous allons nous
battre évidemment pour faire valoir les convictions qui sont les nôtres, faire
valoir le projet qui est le nôtre pour l'Europe. Nous allons nous battre pour
faire valoir aux Français leur intérêt, l'intérêt qui est le leur, celui
d'avoir une Europe forte en capacité de les protéger. Nous allons nous battre
pour montrer que la ligne qui est la nôtre, celle du progrès au service des
Français, celle du travail au cœur de la société pour financer des progrès pour
les Français et le renouvellement des services publics. Nous allons nous battre
pour montrer aux Français quelle est la seule ligne qui permet de donner à
leurs enfants et à leurs petits enfants à l'avenir. Nous allons nous battre
pour la France, nous battre pour l'Europe, nous battre pour nos valeurs, nous battre
pour l'Union européenne que nous avons construite. Ils veulent que nous ayons
l'Europe honteuse. Nous aurons l'Europe heureuse et quand je vous vois, je le
sais, nous aurons l'Europe victorieuse. Je vous remercie.
Gérald Darmanin,
ministre de l’Intérieur et des Outre-mer
> Notre combat contre la drogue et les dealers
est total. Nous allons désormais multiplier les opérations que nous avons
préparées pendant des mois pour taper très fort.
> Ce matin, nous lançons à la
demande du Président de la République un coup de filet inédit contre la drogue,
la délinquance et la criminalité. En parallèle des opérations « Place
nette » qui se déroulent partout en France, 4 opérations « Place nette
XXL » ont débuté ce matin.
Plus de 15 000 policiers, gendarmes et douaniers sont mobilisés chaque semaine
pour ces opérations, qui permettront notamment d’interpeller cette semaine 850
individus en lien avec la Justice
À Marseille, les opérations continuent, notamment dans les quartiers Nord,
comme à la Castellane. La semaine passée, 97% des individus ciblés ont été
interpellées, de la drogue, des armes et de l’argent ont été saisis. On
continue.
Catherine Vautrin,
ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités
> [Accord sur l’emploi des seniors] Depuis ma prise de fonction en janvier, j’ai
rencontré plusieurs fois les partenaires sociaux. Ils m’ont indiqué leur
échéance du 26 mars. Je n’interfère pas dans leurs discussions en cours.
Toutefois, j’aimerais que ces discussions aboutissent le plus rapidement
possible et avec un accord ambitieux. (…)
Sur la question de l’emploi, j’ai vraiment deux priorités : les jeunes
d’un côté, les seniors de l’autre. C’est vraiment sur ces deux sujets que l’on
peut gagner la bataille du plein-emploi, car ce sont les deux catégories pour
lesquelles nous sommes le plus en retard, avec les taux d’emploi les plus
faibles. Pour les plus jeunes, le président de la République a lancé un grand
plan pour l’apprentissage, qui donne des résultats sans précédent : nous
en sommes à 852 000 nouveaux contrats conclus en 2023.
La bataille culturelle est gagnée : l’apprentissage est devenu une voie de
réussite, avec l’objectif d’un million d’entrées en apprentissage à la fin du
quinquennat. Quant aux seniors, la principale difficulté, c’est que, pour
quelqu’un qui perd son job à 55 ans, si on n’a pas la capacité de le former et
de l’accompagner tout de suite, malheureusement, chaque mois qui passe
l’éloigne un peu plus du travail.
Selon l’étude « Les seniors et l’emploi en 2023 », sept seniors sur
dix ont connu une période de chômage de 2,2 ans en moyenne en fin de
carrière.
> Il faut anticiper le vieillissement des salariés. Parce qu’il y a un
certain nombre de métiers où les contraintes physiques sont des freins à
l’emploi. Une femme qui a 58 ans, de l’arthrose, si elle doit être pliée toute
la journée pour s’occuper de petits enfants en crèche, c’est compliqué. Mais
si, à 45 ou 50 ans, on lui fait un bilan, pour voir comment elle envisage les
quinze ans de vie professionnelle qui lui restent, on peut préparer avec elle
la suite de sa carrière. Elle pourrait, par exemple, devenir l’assistante d’un
médecin libéral, puisqu’en ce moment nous créons 10 000 postes d’assistants
pour ces médecins.
Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas, aussi, améliorer les conditions de
travail, mais la clé, avec des carrières qui deviennent plus longues, c’est
vraiment de pouvoir anticiper en s’appuyant sur les formations et les
reconversions professionnelles.
> La réalité, c’est que le taux d’emploi des 60-64 ans
est de seulement 33 %. C’est 12,4 points de moins que la moyenne
européenne et c’est plus de 20 points de moins qu’en Allemagne, par exemple. Il
faudrait quasiment doubler ce taux d’ici à 2027. Pour cela, il faut aller
chercher tous ceux qui ont entre 55 et 64 ans pour les faire revenir dans
l’emploi de façon à remonter, année après année, le taux d’emploi. Donc, il y a
clairement un sujet…
Je ne suis pas du tout en train de dire que les seniors ne veulent pas
travailler. En revanche, toute la question est de regarder comment on peut les
faire remonter dans le train de l’emploi et donc comment renforcer leur
employabilité. Or indemniser plus longtemps les seniors, les maintenir au
chômage, ce n’est pas les aider. Pour moi, rendre service à quelqu’un de 55-57
ans au chômage, cela veut dire l’accompagner plus tôt, pour l’aider à retrouver
un emploi plus vite en faisant un bilan avec lui pour regarder quelles sont ses
aspirations, quelles sont ses forces, quels sont les prérequis qui posent des
difficultés et comment on lui apporte une solution. Je fais partie de ceux qui
pensent que l’émancipation passe par le travail plutôt que par les aides.
> Il y a une responsabilité sociale et sociétale des
entreprises. Je rappelle aussi que nous allons avoir d’ici à 2030 un
virage démographique important, avec le départ à la retraite de toute la
génération des baby-boomers, et qu’il faudra bien des bras et des cerveaux pour
faire tourner les entreprises. Je pense qu’il est grand temps de se rendre
compte de la richesse que représentent ceux qui sont dans l’entreprise et de
réellement miser sur ce capital humain. Lorsqu’il y a des PSE, nous devons être
très vigilants avec cette population-là, parce qu’il est plus difficile pour
elle de retrouver ensuite un emploi, alors que, potentiellement, elle peut
offrir des réponses à l’entreprise en étant assez souvent immédiatement
opérationnelle.
Je ne suis pas la reine de la contrainte, je suis plutôt pour l’incitation. Il
faut voir, donc, comment inciter les entreprises à conserver leurs salariés de
plus de 50 ans.
> Je pense qu’on est en train d’opérer un virage sur le
sujet, notamment en raison du changement démographique. Mais aussi parce qu’on
s’est enfin rendu compte que le risque avec ces départs, c’est d’avoir
d’importantes pertes de savoir-faire. Moi, je crois beaucoup au compagnonnage,
à la transmission, au mentorat. C’est un sujet absolument majeur.
> Les seniors d’aujourd’hui ont vécu l’avènement du
numérique et donc sont moins déconnectés que ne pouvaient l’être il y a vingt
ans des gens qui, eux, n’avaient pas du tout été préparés à ça. Il n’empêche
que, quand on regarde les évolutions techniques et technologiques de ces
quarante dernières années, si quelqu’un n’a pas du tout été formé, je peux
concevoir qu’il puisse avoir des difficultés, aujourd’hui, sur certains sujets.
D’où l’importance de la formation tout au long de la vie pour cultiver l’employabilité.
> J’entends des entreprises dire que ce qui les freine
dans le recrutement des seniors, c’est qu’aujourd’hui un salarié peut décider
de continuer à travailler jusqu’à l’âge limite de départ à la retraite. Or
l’entreprise n’a pas nécessairement envie de conserver des salariés jusqu’à cet
âge. Il y a donc peut-être une réflexion à ouvrir autour de ce sujet. Je pense
aussi qu’il y a une responsabilité des entreprises à s’interroger sur leurs
pratiques RH, et ces questions doivent être abordées dans le dialogue social
d’entreprise comme dans celui des branches.
> [Retraites] Je suis attachée à notre système par
répartition, qui est au cœur de notre système de retraite. Ce qui m’interpelle,
c’est le vieillissement de la population : en 2030, nous aurons plus de
Français de plus de 65 ans que de moins de 15 ans. Et cela va aller en
s’amplifiant. Il faut donc une réflexion globale sur la structuration
démographique du pays et ses conséquences pour le financement de notre modèle.
Sinon, nous ne parviendrons pas à tenir l’objectif visé dans le cadre de la
réforme des retraites, c’est-à-dire l’équilibre du système en 2030.
Marc Fesneau,
ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
> Le plan de soutien
de 90 M€ aux exploitations en agriculture biologique entre dans sa phrase
opérationnelle. Les agriculteurs bio qui ont subi des pertes économiques
importantes ces derniers mois peuvent dès aujourd’hui déposer leur dossier
d’aide jusqu’au 19 avril. Nous restons engagés à maintenir le potentiel de
production biologique français.
>
[Crise de l’agriculture] La crise vient de tellement loin et ses
causes sont si multiples que les réponses à y apporter sont par nature
complexes. L'Espagne, la Pologne, la Roumanie, les Pays-Bas, la Belgique sont
confrontés au même problème. La logique des politiques publiques vis-à-vis de
l'agriculture est en train de changer, mais il reste à crédibiliser la parole
de l'État. Nous avons annoncé de nombreuses mesures. Je sais que l'attente pour
avancer est très forte. Ce que nous pouvions faire immédiatement, nous l'avons
fait. Mais nous sommes en démocratie : les lois doivent être adoptées par le
Parlement, une modification réglementaire nécessite un décret en Conseil
d'État. Je comprends les impatiences, mais nous sommes en train de régler des
sujets qui traînent depuis quinze ou vingt ans.
> Après avoir dialogué avec les syndicats, nous avons
pris 62 engagements, et je les mets en œuvre un à un avec la volonté d'aller le
plus vite possible. Il y a des attentes exprimées par les agriculteurs
eux-mêmes, comme le changement de l'indicateur du plan Écophyto et
l'inscription dans la loi que l'agriculture est d'intérêt général majeur, qui
n'entraînent pas d'effet immédiat dans les cours de ferme. Tout cela aura à
terme un vrai impact sur la transformation de l'agriculture. Nous accélérons
également le stockage de l'eau, mais tous les projets ne peuvent pour autant
sortir de terre la semaine prochaine. Beaucoup d'avancées sont déjà visibles :
les mesures de soutien pour les exploitations frappées par la maladie des
bovins [MHE], par les tempêtes Ciaran et Domingos, pour la viticulture,
l'évolution du statut du loup... Le plan de souveraineté fruits et légumes et
le plan protéines, c'est de l'argent sonnant et trébuchant. Ce serait injuste
de dire qu'on n'a pas progressé. Aucun responsable syndical n'aurait pensé il y
a un an qu'on accélérerait autant en deux mois. À bas bruit, mes interlocuteurs
le reconnaissent. Même si cela ne veut pas dire que la crise est derrière nous.
> [Projet de loi «d'orientation pour la souveraineté
agricole et le renouvellement des générations en agriculture » Je mettrai toute
mon énergie pour un texte qui soit équilibré : qui donne de l'espoir et de
l'attractivité au métier, qui contienne des mesures de simplification et engage
aussi les agriculteurs sur la voie de la transition écologique, car
l'agriculture en a besoin. Le Parlement va naturellement s'en saisir et
l'enrichir.
> La Russie met à l'œuvre une stratégie de
déstabilisation de l'Europe, en envoyant de surcroît sur nos marchés des
céréales volées à l'Ukraine. La mesure adoptée par l'UE vise donc à répondre,
par des droits de douane, à cette déstabilisation et à cette déloyauté
commerciale. Face à des acteurs économiques qui jouent contre la sécurité
alimentaire et les intérêts de l'Europe, c'est tout à fait légitime. Je salue
donc la sévérité de la réponse européenne.
> Poutine utilise sciemment l'alimentation comme une
arme. C'est ce qu'il fait depuis le début du conflit en inondant les marchés
mondiaux de blé de mauvaise qualité et à prix cassés, tout en bloquant la mer
Noire, porte de sortie des céréales ukrainiennes. Devant cette menace, il
est de notre responsabilité de renforcer notre souveraineté alimentaire,
c'est-à-dire de défendre nos intérêts vitaux, en protégeant notre capacité de
production, et de réduire nos dépendances pour garantir en quantité et en
qualité l'alimentation des Européens. Mais aussi pour faire en sorte de nourrir
des pays dont on ne veut pas qu'ils dépendent de la Russie.
> Ceux qui, dans les mondes agricole ou politique,
s'opposent par principe aux traités de libre-échange, doivent assumer leur
choix. Ils doivent répondre à cette question : l'agriculture française est-elle
une agriculture autarcique, repliée sur elle-même, qui ne doit couvrir que les
besoins de sa population ? Moi, je dis non. Grâce au talent de ses
agriculteurs, à sa compétitivité et à la qualité de ses produits, l'agriculture
française peut s'exporter au-delà de ses frontières.
Elle n'a pas vocation à être simplement vivrière, elle a vocation à produire du
revenu pour les agriculteurs et à nourrir plus que jamais le monde. La France
s'oppose avec force au Mercosur, car tous les accords ne sont pas bons, mais le
Ceta va dans le bon sens pour la « ferme France ». Peut-on aujourd'hui se
priver de 250 millions d'euros d'échanges avec le Canada sur les fromages ou
sur les vins et les spiritueux ? J'avais plutôt compris qu'on avait besoin de
trouver de nouveaux marchés. Ceux qui votent contre font donc de la démagogie
sur le dos de l'agriculture française. Que va-t-on faire des surfaces viticoles
en trop, que les exportations permettaient de valoriser ? Si on a 50 % de
surfaces de céréales qui vont à l'exportation et qu'on s'y ferme, à la fin on
ne produira plus de céréales. Et c'est vrai aussi pour l'export intra-européen
: si on n'exporte plus de bovins vers l'Espagne et l'Italie, c'est la mort de
la filière bovine française. Je n'étais pas habitué à la démagogie sénatoriale.
Jusqu'à présent, les sénateurs trouvaient que c'étaient plutôt les députés qui
étaient trop souvent dans les jeux de posture. Mais manifestement, en ces
temps, la démagogie est contagieuse. Je rappelle que le Ceta a été lancé sous
Jacques Chirac, négocié sous Nicolas Sarkozy, signé par François Hollande, et
que ceux qui ont été à la manœuvre hier appartenaient à leurs partis
politiques. Tous ces gens-là avaient accueilli Justin Trudeau les bras
ouverts...
> On est sans doute la puissance agricole la plus
exportatrice, et on est le pays qui est le plus rétif aux accords de
libre-échange. C'est du faux patriotisme. À deux mois des européennes, c'est
commode. Mais ceux qui agissent ainsi signent la mort de l'agriculture
française. (…)
À l'extérieur du Sénat, jeudi, c'était la Confédération paysanne qui
manifestait contre le Ceta. Si certains sénateurs LR sont les alliés de la
Confédération paysanne, qui milite contre l'agriculture dans sa version
exportatrice, qu'ils aillent faire des communiqués de presse communs. Il faut
que chacun sorte de son ambiguïté.
> Dans la vie politique, le mieux, c'est d'être soi-même.
Le MoDem a toujours eu une vision particulière sur les sujets démocratiques,
sur la justice sociale et sur l'Europe. Ce n'est pas illogique pour une
formation politique d'exprimer ce qu'elle est dans sa différence.
> En premier lieu, je trouve que sur les questions
fiscales comme sur les prestations sociales il ne doit pas y avoir de débat
tabou. Deuxièmement, l'engagement du président de la République est d'avoir une
fiscalité qui soit incitative : en faveur de l'activité, de l'emploi et de la
réindustrialisation. Et en troisième lieu, j'ai entendu avec intérêt Bruno Le
Maire dire qu'il prélèverait le produit de la rente de ceux qui ont profité -
parfois malgré eux - des différentes crises. Il a dit que ce serait le cas des
énergéticiens. Regardons s'il y en a d'autres. Après, on laissera faire le
débat des parlementaires. Ce à quoi il faut veiller, c'est d'avoir le bon
équilibre et donc ne pas décourager les gens qui produisent de la richesse,
ceux qui travaillent, les salariés qui essayent de s'en sortir. C'est la ligne
que nous tenons depuis 2017.
> D'abord, il n'y a pas que François Bayrou et Emmanuel
Macron qui se sont engagés pour la proportionnelle. C'est toute la majorité
qui, en 2017, s'y est engagée. Je trouve en outre curieuse cette propension à
être d'accord pour la proportionnelle quand on n'est pas élu pour ensuite
soutenir le scrutin majoritaire quand on l'est. C'est la maladie des PS, des
RPR et des UMP, cela me semble plus incohérent venant du président du groupe
Renaissance. Le sujet, ce n'est pas la façon dont on a été élu, c'est l'intérêt
du pays. Je ne suis pas un défenseur de la proportionnelle tous azimuts,
intégrale et n'importe comment. Mais reconnaissons le message qu'ont envoyé les
citoyens en 2022 : on ne vous donnera qu'une majorité relative. Résultat :
c'est une proportionnelle qui est subie et non pas voulue, et nous parvenons à
construire des majorités sur des textes mais pas une coalition sur un projet
d'ensemble. Par ailleurs, ceux qui s'opposent à la proportionnelle disent
qu'elle produirait des élus déconnectés. Mais j'entends beaucoup de Français
dire qu'avec le système actuel c'est déjà le cas. La proportionnelle
permettrait d'avoir des institutions qui leur ressemblent davantage. Elle fait
toutefois partie d'un tout. C'est aussi une attitude - et la première, dans la vie
démocratique, c'est d'essayer de comprendre l'autre dans sa différence. Je
conseille à tout le monde d'être sur cette ligne-là. Et je considère que c'est
valable au sein d'une même majorité mais aussi avec l'opposition. J'ai des
désaccords avec les LR, avec les PS et même avec les Verts. Mais il n'est pas
indécent de penser parfois qu'on pourrait être d'accord avec eux sur certains
points. La condescendance qui découle du fait majoritaire crée une incapacité à
transformer le pays et nous dresse « tous contre tous ». J'invite à ce qu'on
ait un véritable débat, au-delà des caricatures que je lis ici ou là ces
derniers jours.
> Ceux qui, dans les mondes
agricole ou politique, s’opposent par principe aux traités de libre échange,
doivent assumer leur choix. Ils doivent répondre à cette question :
l’agriculture française est-elle une agriculture autarcique, repliée sur
elle-même, qui ne doit couvrir que les besoins de sa population ? Moi, je dis
non. Nous avons une agriculture qui, grâce au talent de ses agriculteurs, à sa
compétitivité et à la qualité de ses produits, peut s’exporter au-delà de ses
frontières. L’agriculture française n’a pas vocation à être simplement
vivrière, elle a vocation à produire du revenu pour les agriculteurs. La France
s’oppose avec force au Mercosur car tous les accords ne sont pas bons. Mais le
Ceta va dans le bon sens pour la ferme France ! Peut-on aujourd’hui se priver
de 250 millions d’euros d’échanges avec le Canada sur les fromages ou
sur les vins et les spiritueux ? J’avais plutôt compris qu’on avait besoin de
trouver de nouveaux marchés ! Je rappelle que le Ceta a été initié sous
Jacques Chirac, négocié sous Nicolas Sarkozy, signé par François Hollande, et
que ceux qui ont été à la manœuvre hier appartenaient à leurs partis
politiques. Tous ces gens-là avaient alors accueilli avec les bras ouverts
Justin Trudeau.
> [Discours lors du congrès du MoDem]
(…) Je pense que dans la vie tout court
comme dans la vie politique, c’est une chance d’avoir des racines, de savoir
d’où l’on vient, de savoir qui l’on est et de porter, même si parfois la charge
est lourde, la flamme de ceux qui vous ont précédés. Pour mieux pouvoir la
transmettre ou la démultiplier, un jour. Et au fond la démultiplier chaque
jour.
Nous avons célébré et revisité ce
week-end non pas nos racines terriennes, familiales ou géographiques seulement,
mais d’autres racines. Nous avons célébré notre permanence au cours du siècle
écoulé et ce qui fait notre identité :
- La constance de nos idées,
- La modernité de nos combats,
- Et la continuité de notre engagement.
C’est ce qui fait, je le crois, la force
de notre famille de pensée. Parce que le Mouvement Démocrate, ce n’est pas un
épisode fugitif, c’est une permanence. Ce n’est pas une parenthèse, c’est une
continuité. Ce n’est pas un combat sur une cause, c’est un combat de toutes les
causes, et ce sont tous les combats qui font un projet de société qui met
l’Homme au centre de tout. Ce n’est pas la culture de l’immobilité ou celle de
la préservation des situations acquises. C’est tout le contraire : c’est un
idéal qui vit et qui va, se transforme et perdure. Et nous portons toutes et
tous une part de cela. Et dont vous êtes, ici, les infatigables
défenseurs de cette cause-là ! Mes racines et nos racines ne sont pas
que familiales, personnelles, ou géographiques je le disais. Elles sont aussi
ici, parmi vous, au MoDem, au Centre. Alors, je n’ai pas la capacité
d’endurance de Jean-Paul, ce n’est pas un demi-siècle mais c’est un peu plus
d’un quart de siècle pour ce qui me concerne. Et si j’évoque donc un quart de
siècle, c’est que je parle aussi à l’échelle du siècle d’existence du Parti
Démocrate Populaire. C’est une grande et belle page que nous avons participé à
écrire, pour ma part depuis 1997, et que nous avons, pour beaucoup, menés
ensemble. Je veux, en particulier, remercier mes compagnons de route :
ceux du national et du Loir-et-Cher, au premier rang duquel Jacqueline Gourault
et Marie-Hélène Millet, qui garde son esprit militant intact avec tous
ceux qui ont travaillé ces jours-ci avec elle !
1997 donc, une dissolution que l’on peut
qualifier de ratée, parce que perçue par les Français comme une manœuvre de
confort. Mais c’est pour moi les premiers congrès, ma première participation à
des combats électoraux, les premières rencontres. Et je le disais à l’instant
avec Jacqueline Gourault ! Avec Jacqueline, j’ai commencé d’une certaine
façon par LE combat, celui des valeurs et de l’éthique. Celui de 1998, quand
entre les deux tours des élections régionales, une partie de la droite républicaine
et, disons-le, une partie de ce qui était notre famille politique à l’époque,
se perd dans une compromission indigne avec le Front National. Pour eux,
il y avait mille et une raison d’accepter l’inacceptable. Au fond, quand on
cherche une excuse, il y en a toujours une bonne. Il y a toujours un bon motif
à trouver pour ses lâchetés et pour ses renoncements. Et, dans cette région,
c’est Jacqueline qui a dit haut et fort, sans hésitation, avec une clarté
absolue que nous n’accepterons pas de nous renier, en nous alliant avec
l’extrême droite. C’est cela, cette rencontre et bien d’autres choses avec
Jacqueline Gourault et ces convictions affirmées envers et contre tout, et
parfois contre tous, le fondement profond de mon engagement ! J’ai acquis
dès cette époque une certitude : celle que, dans les moments qui comptent
vraiment, et nous y sommes, les démocrates authentiques n’étaient pas si
nombreux et ce, quels que soient leurs camps. Que malgré les apparences, il
fallait d’abord et avant tout compter sur soi-même. Qu’il ne fallait pas
d’abord compter sur les autres, mais les entraîner. C’est notre
responsabilité singulière, ici, au MoDem : celle tracer ce sillon ! Et la
conviction que je me suis faite en ces instants graves n’a, depuis, jamais
varié : les valeurs valent plus que les victoires. Et qu’au fond, défendre
des valeurs, c’est cela la vraie victoire ! Et je sais que c’est ce qui
nous unit, ce que nous avons de plus précieux, ici, entre nous, dans cette
salle, c’est cela ! Nous avons été capables, François, toi, en
premier chef, de dire « non » quand l’essentiel était en jeu. Parce
que si la victoire électorale est une fin en soi, alors il ne faut pas faire de
politique. Parce que si nous menons uniquement les batailles que nous sommes
sûrs de gagner, alors il ne faut pas faire de politique. Parce que si nous
sommes prêts à ne plus être libres, à renoncer à tout pour « avoir »
et ne plus « être », alors il ne faut pas faire de politique. Parce
que si nous pensons que le rôle d’un responsable politique, c’est seulement
d’humer l’air du temps et de suivre les pentes faciles et les pulsions les plus
basses, alors il ne faut pas faire de politique. Et je vais vous dire un
secret, c’est inutile surtout parce que, sans aller chercher bien longtemps,
des démagogues, des lâches, des populistes, des diviseurs, des aventuriers, des
opportunistes, des inutiles, des invertébrés de la pensée politique et des
invertébrés tout court, il y en a suffisamment dans la faune politique pour que
nous ne venions pas ajouter ! Pour que nous ne venions pas ajouter nos
aboiements à la meute, l’inutilité à l’inutilité, et l’indignité à
l’indignité ! Et ces gens-là, mes chers amis, ils ne rendent jamais de
compte ! Alors, en quelques mots, devant vous je vais leur en demander quelques-uns
!
Des comptes, j’en demande à Jean-Luc
Mélenchon, qui expliquait, en janvier 2022, lorsque les Russes mobilisaient à
leurs frontières : « Qui ne ferait pas la même chose avec un voisin
pareil. Pourquoi devrions-nous garantir les frontières physiques de l’Ukraine ?
». Et qui nous disait, à la veille de la guerre que « la menace russe n'existe
pas ». Ou qui nous promettait un plan B en 2005 sur le traité constitutionnel
ou qui célébrait Chavez. Des comptes, j’en demande aussi à Marine Le Pen, la
complice de monsieur Poutine, pour qui monsieur Trump est un modèle, et dont
les partisans ont encouragé et se sont réjouis des émeutes du Capitole. Des
comptes, j’en demande à Madame Le Pen, l’amie de Boris Johnson, qui jugeait que
la « liberté irait mieux aux Britanniques que la prison de l'Union
européenne ». Voilà où ils en sont aujourd’hui !
Et, je vais vous dire, ce qui m’inquiète
le plus, c’est que je suis maintenant obligé d’en demander au PS et aux LR des
comptes. Je ne citerai qu’un seul exemple : celui de la réforme des
retraites. Là où j’ai vu une majorité solide, un groupe MoDem solide, j’ai vu
le PS refuser l’accélération d’une réforme qu’ils avaient eux-mêmes votée avec
Marisol Touraine et j’ai vu les LR refuser de voter pour une mesure inscrite
dans leur propre programme présidentiel !
Chers amis, faisons-en sorte de faire de
la politique avec enthousiasme, avec sincérité, avec lucidité et courage et je
vais oser le mot… avec désintéressement. Ne cédons rien à ces gens-là, ne
doutez pas, battez-vous, battons-nous, lancez-vous dans toutes les batailles
électorales les plus belles, celles pour nos idées !
Je voudrais partager juste avec vous un
souvenir de l’une de ces batailles. François s’en souvient bien, c’était en
2010, la bataille des régionales, j’avais atteint le score formidable de 5,08
%. Lors de la soirée électorale, Stéphane Baudu qui n’est pas là mais
Marie-Hélène s’en souvient, je croise Michel Sapin à Orléans lors de la
proclamation des résultats et il me regarde, avec une commisération, comment
dirais-je, distante, condescendante, moqueuse, que souvant avaient l’UMP et le
PS, me demander si j’avais « bon moral ». Et ma réponse l’a un peu
décontenancé. Je lui ai dit : « Oh, tu sais, moi j’avais hypothéqué
ma maison sans le dire à ma femme… Je dépasse 5 %, je garde ma maison, ça va
suffire à faire mon bonheur ce soir ». J’ai vu à sa mine, et je me suis
dit qu’il se disait qu’au MoDem, nous avions décidément une définition de la
notion de combat qui n’était pas tout à fait la sienne. Je sais d’ailleurs que
certains d’entre vous, dans cette salle, pourraient aussi partager des
anecdotes de ce type, car c’est ensemble que nous avons mené ces combats pour
l’indépendance de notre parti, afin qu’il ne soit le vassal ou qu’il ne dépende
d’aucune autre force politique.
De tout cela, nous avons fait une force.
Celle, au fond, d’être plutôt sereins face aux avis de tempête, sans crainte de
remettre tout en cause parce que nous n’avons pas une âme de bourgeois de la
vie politique. Et je nous dis, je vous le dis : gardez cet état
d’esprit, parce que vous devez en être fiers, bien sûr, mais aussi parce que
les défis devant nous sont colossaux. Dans ces combats, François, tu as
été le premier d’entre nous, et je voudrais te dire, en notre nom à tous, notre
reconnaissance pour les avoir portés si haut. Tu as su dire non, c’était
en 1999, aux compromissions sur les idées, c’était aux européennes. Non, en
2002, pour refuser le parti unique. Non, en 2007 ou en 2012 pour faire valoir
ce que nous pensions être juste pour le pays. Et en notre nom à tous, je
voudrais vraiment, sincèrement, te dire merci.
Mais, tu le sais comme moi, la vie
politique ce n’est pas seulement dire non. La vie politique, c’est aussi la
capacité à savoir dire oui. Et c’est le sens de l’alliance que tu as nouée avec
Emmanuel Macron en 2017 pour bâtir l’espace central dont la France avait besoin
et en être le point d’ancrage.
À tes côtés, François, j’ai été, comme
Secrétaire général, comme Président de groupe, l’artisan et le témoin d’une
unité et d’une force collective qui s’est forgée dans ces épreuves et qui
s’éprouve aujourd’hui dans l’exercice des responsabilités. L’un comme l’autre
sont compliqués. Peut-être est-ce plus difficile de gouverner que de commenter,
de faire que de dire… mais il y a un honneur à prendre le risque de décider, de
vouloir réussir… et parfois d’échouer. De tracer son sillon… plutôt que d’être
dans la situation de ceux qui, comme certains supporters, vous savez, du tour
de France, dans une ascension du col du Lautaret s’aventurent à dire au
cycliste « accélère et avance, feignasse ! »
Mais je voudrais aussi, et peut-être
surtout, saluer toutes celles et ceux qui ont été au centre de cette aventure
humaine. Je veux penser à Marielle : elle nous manque. Pas seulement au
parti, mais aussi à la vie politique française.
Vous me permettrez, je veux penser à ceux
à qui l’ont doit beaucoup dans leur engagement pour le parti : je pense à
Michel Mercier, à Jean-Jacques Jégou, à Bernard Lehideux, Alexandre Bardella et
dont je suis certain que l’honneur sera un jour lavé. Et tous ceux d’ailleurs
dans cet épisode qui ont été salis.
Je veux saluer ceux qui, aujourd’hui,
font vivre le parti. Et je voudrais d’abord remercier Maud Gatel, notre
Secrétaire générale. Je sais ce que c’est, je sais ce que tu vis, et je
voudrais te remercier de la capacité que tu as de toujours de dénouer les
situations les plus compliquées et à faire vivre cela dans cet esprit
collectif, ainsi que l’équipe du siège ! Et puis remercier évidemment pour
ce congrès, mais ça je l’ai dit hier, qui est une réussite, c’était d’abord une
réussite de vous voir si nombreux et d’avoir ces échanges de cette qualité.
Vous pouvez les applaudir, vous avez raison !
Je voudrais saluer celles et ceux qui
font corps, et dieu sait s’il y a besoin de faire corps, à l’Assemblée
nationale pour faire vivre nos idées et nos valeurs, et de nouveau leur chef
Jean-Paul Matteï. Nous sommes au moins 3 ou 4 dans cette salle à savoir ce que
c’est d’être le chef d’un groupe politique. Je salue Patrick qui a œuvré avant
Jean-Paul. Et je sais comme il est difficile de conjuguer politique,
diplomatie, respect de chacune des diversités d’un groupe. Et je voudrais
vraiment saluer le travail que tu fais, la force de conviction que tu y mets
chaque jour pour faire en sorte que nos valeurs soient défendues à l’Assemblée
nationale. Et saluer au passage d’ailleurs ceux qui n’ont pas été réélu, je
connais la plupart d’entre vous, pour avoir, d’abord avec François, avec
Patrick, et bien d’autres, défendu des investitures. Vous savez, les
investitures, c’est le moment le plus sympathique et délicieux de la vie
politique. Pour un secrétaire général ou pour un négociateur, mais je suis
heureux qu’on ait pu, dans ces négociations, n’est-ce pas Stéphane, faire en
sorte que nous trouvions des points d’équilibre qui soient des points de
respect entre nos différentes familles politiques. Ce sont parfois des nuits
longues et des journées complexes, mais nous y sommes arrivés et c’est bien ça
le plus important. Et dire comme frère d’armes, dans de prochains combats
électoraux, je reste un militant parmi les militants.
Je voudrais enfin saluer nos jeunes et
leur président Auguste Ott qui, ont pris part à ces combats. Et leur dire, et
là c’est le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire qui
vous parle, vous êtes les graines semées pour le prochain centenaire de notre
mouvement. Et que nous comptons sur vous ! Il n’y a pas, ici comme en
Europe, de jachère à laisser. Il faut semer partout, travailler partout,
batailler pied à terre partout pour que demain, nous redonnions partout de la
perspective aux français !
Je voudrais saluer, enfin, celles et ceux
qui font vivre le MoDem : vous, fidèles de la première heure, compagnons de
routes retrouvés au détour des chemins ou nouveaux venus. Vous êtes, quel que
soit le bastion que vous tenez, l’endroit d’où vous venez, les maillons de
cette même chaîne de l’unité et du collectif.
Ensemble, forts de ces atouts, nous avons
des défis immenses à relever. Le premier d’entre eux, c’est celui de lutter
contre la démagogie ambiante. Et je voudrais vous dire un mot du vote sur le
CETA qui, cette semaine, a parfaitement illustré la dérive démagogique à
laquelle nous assistons. Quelle alliance improbable, cher Hervé, et chers amis
sénateurs ! Que les communistes dénoncent la nécessité de faire du
commerce, pas seulement pour notre agriculture, mais par principe, pourquoi
pas… à la rigueur, ce sont des communistes… Mais que les LR, par facilité,
dans un contexte d’élections européennes, nous disent que le libéralisme
économique est un poison, qu’il ne faut pas faire du commerce avec des
partenaires, avec un pays qui a été un frère d’armes dont nous allons
commémorer dans quelques semaines le combat eux, qu’ils ont mené, pour notre
vie sur le sol de France, c’est une hérésie ! Ce serait sans doute risible, si
tout cela n’était pas mortifère pour notre agriculture, et je leur dis
donc : qu’ils assument ! Qu’ils assument, devant nos filières
d’excellence, devant nos agriculteurs que nous allons nous priver, que nous
pourrions nous priver, de 250 millions d’euros d’échanges sur le lait, sur les
fromages ou sur les vins et les spiritueux et sur bien d’autres domaines, ce
sont des revenus en moins pour nos agriculteurs qu’ils ont voté ! Et
Hervé, je veux te le dire : vous avez eu raison de dénoncer cette
mascarade et de porter la voix de la responsabilité et je t’en remercie au nom
de tous !
C’est pour cela que nous avons besoin
d’un espace central qui refuse de se vautrer dans le confort de la démagogie.
Qui refuse de faire de l’inconséquence, une ligne politique. Qui refuse de
faire de l’irresponsabilité, un mode de fonctionnement. Qui refuse de faire de
la compromission, une ligne de conduite. Ne cédons jamais à la facilité des
temps et la facilité de la pensée.
« Il y a quelque chose de pire que
d'avoir une mauvaise pensée », disait Péguy, « c'est d'avoir une
pensée toute faite ». Et vous me permettrez de le dire à propos des sujets
démocratiques. Je pense à ce que j’ai encore lu ces derniers jours sur la
proportionnelle. La proportionnelle ce n’est pas une question de calcul
électoral, c’est une question de pluralisme et de respiration
démocratique ! C’est une question de changement de culture politique, pour
sortir des logiques d’affrontements et faire travailler des élus qui ne se
vivent pas comme des adversaires, mais comme de potentiels partenaires. Tu l’as
très bien dit Yaël et merci à toi, et merci Stéphane pour ce que tu as dit
devant nous ce matin ! Et je vais vous dire le dernier point : si vous
voulez que les électeurs nous rendent crédibles, c’est quand vous avez annoncé
en 2017, confirmé en 2022, que c’était votre programme, le meilleur conseil que
je puisse vous donner, le plus crédible, c’est d’appliquer le programme.
Et le second défi, c’est de lutter contre
l’esprit de défaite, le dénigrement et le déclassement… Il y a besoin d’un
espace central qui se refuse, je vous le disais, à céder face aux coups de
boutoir des extrêmes car c’est bien la capitulation intellectuelle et morale
des démocrates et des républicains de tous les horizons qui est le ferment du
risque d’affaissement vers les extrêmes. Il y a besoin d’un espace central qui,
de toutes ses forces, appelle l’ensemble des démocrates et des républicains à
faire leur examen de conscience, et nous aussi sans doute, à dépasser leurs
différences pour s’unir sur l’essentiel. À leur proposer les voies d’un
dialogue pour faire revivre dans l’esprit des Français la conviction que :
« non, décidément non, les extrêmes ne défendent pas un projet politique
comme les autres ». Mais ce ne sont pas les seulement extrêmes qu’il
faut interpeller, c’est aussi et surtout ceux qui ont décidé de renoncer,
qui ont décidé de faire primer l’esprit boutiquier sur le collectif, de sacrifier
le long terme sur le court terme.
Car, comme le disait Péguy, deux, on aura
peut-être trois mais j’aurais presque fini François je te rassure. Mais dans
cette région, on ne peut pas ne pas citer Péguy ! « Car il y a
quelque chose de pire que d'avoir une âme, même perverse. C'est d'avoir une âme
habituée ».
Et donc nous devons et devrons parler à
tous ceux qui n’ont pas renoncé. Parce que nous sommes le point médian de
l’échiquier politique, nous pouvons être ce pôle de stabilité et de dialogue.
Parce que nous sommes ceux qui peuvent fédérer et rassembler dans cette
optique.
Et c’est notre responsabilité, c’est
notre devoir, et nous seuls pouvons le faire ! Et cela, mes chers amis,
nous ne pouvons y parvenir qu’à certaines conditions. La première, c’est celle
de notre unité et de notre solidarité.
Et l’année qui s’ouvre devra être marquée
par la volonté réaffirmée de travailler et d’avancer les uns avec les autres,
comme avance la tortue romaine : Terrain, mouvements départementaux, élus
locaux, parlementaires, ministres : chacun doit être le bouclier de
l’autre et devra veiller, dans ses mouvements, à toujours maintenir la
cohésion, épaule contre épaule. Et c’est ainsi que nous serons plus forts, au
sein de la majorité, mais surtout au-delà !
La deuxième condition, c’est celle de ne
jamais craindre, en aucune circonstance ni sous aucun prétexte, de confronter
nos idéaux et nos valeurs à l’exercice du pouvoir, à la réalité des temps. Nous
pourrions faire partie de ceux qui, comme Charles Péguy l’écrivait, Péguy un
jour, Péguy toujours, ont les mains pures, parce qu’ils n’ont plus de mains.
Dans mes fonctions de ministre, je les vois si nombreux, ces tenants du
« YaKaFoKon », ces détenteurs de solutions toutes faites, ces gens bardés
de certitudes, nous dire que nous avons tout faux. Mais soyons fiers de ce que
nous avons apporté au MoDem, à la majorité, depuis 2017. Soyons
fiers d’avoir été les premiers à tirer la sonnette d’alarme sur la taxe carbone
et les gilets jaunes, et à avoir demandé plus d’équité et de renouer le
dialogue avec les classes moyennes. Soyons fiers de nous être opposés à la
hausse trop forte de la CSG pour les petites retraites. Soyons fiers d’être les
tenants de la responsabilité budgétaire, tout en défendant la justice sociale,
cher Jean-Paul !
Enfin, la dernière des conditions pour
rassembler et élargir l’espace de la majorité, c’est la fidélité à ce que nous
sommes, et c’est avant tout une affaire d’attitude. La première des attitudes,
c’est de respecter les autres. Ne tombons jamais, et ne laissons jamais, la
place aux petites phrases, aux petites vilénies, aux petites jalousies, aux
petites querelles qui peuplent la vie politique. Les défis sont suffisamment
immenses pour qu’on puisse les dépasser.
La deuxième fidélité, c’est la fidélité à
notre indépendance d’esprit, que nous ne confondons pas avec l’isolement. C’est
notre liberté de ton, d’esprit et de proposition, et notre conviction qu’il n’y
a aucune réconciliation impossible. C’est notre capacité à ouvrir la voie, à
tenir la distance et donc à entraîner les autres dans notre sillon. Le sillon,
encore, vous le voyez : comme vous, j’ai de la suite dans les idées…
Ces orientations doivent se traduire de
manière immédiate dans la perspective, tous l’ont dit, des élections
européennes de juin.
Unité et solidarité : je voudrais
remercier en notre nom à tous, devant vous, Stéphane Séjourné pour son
engagement comme président de la délégation qu’il a eue, son engagement global
au niveau national. Je voudrais saluer nos députés européens, dont Marie-Pierre
Vedrenne que je n’ai plus sous mes yeux… si, je la vois ! Pour son
engagement et aussi le fait qu’elle soit le porte-voix de la délégation
française désormais. Et puis je voudrais évidemment saluer Valérie Hayer, pour
lui dire que notre mobilisation derrière elle est totale, elle sera totale. Je
sais l’importance du combat, ton combat, notre combat pour lequel nous allons
démultiplier dans les semaines et les mois qui viennent !
Ouverture aux autres et dans l’attitude,
aussi : je voudrais saluer Hervé Marseille une nouvelle fois, qui a dit
avec force la nécessité de se rassembler, face à la montée des périls, et en
particulier du péril du Rassemblement National. Et l’Europe nous rassemble,
nous centristes, depuis longtemps, cher Hervé. Et je sais qu’en y travaillant
ensemble, nous pouvons bâtir des ponts sur des sujets autres, tout aussi
fondamentaux que le sujet européen. Nous avons besoin que les centristes
s’unissent. Je m’y engage dès à présent, et vous pouvez compter sur ma
détermination pour le faire.
Enfin, la fidélité à nos valeurs. Nous
sommes le courant de pensée qui, de manière invariable, a toujours défendu le
sens du projet européen. Nous devons demain continuer d’être des pionniers dans
ce domaine et penser une Europe géopolitique, une Europe plus agile, dans un
monde qui évolue à toute vitesse. J’en vois la nécessité chaque jour, comme
ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Cette volonté de
défendre et transformer l’Europe, sans naïveté mais avec ambition, nous devons
l’affirmer de manière claire et je voudrais, à cet égard, souligner combien,
malgré les commentaires ou les postures, le président de la République a eu
raison de s’exprimer ainsi sur le conflit Ukrainien. Parce que poser des
limites à un soutien à l’Ukraine, c’est dire à l’agresseur qu’il est libre de
mettre en cause tout ce pourquoi nous nous sommes battus depuis 80 ans et, en
particulier, notre liberté et, dans ce contexte géopolitique, aussi notre
souveraineté. C’est dire que nous ne sommes pas conscients, comme Français,
Européens et Occidentaux, de ce qui se joue à nos portes.
C’est accepter la logique de
l’oppresseur, de la loi du plus fort et de l’effondrement des règles du droit
international, et renier les idéaux que nous défendons.
Poser des principes forts, c’est au
contraire adresser un signal de détermination auquel, d’ailleurs, commencent à
se joindre d’autres dirigeants internationaux et européens. C’est ce que nous
devons faire, comme Européens, comme porteurs d’un idéal de paix et de
progrès et comme centristes. Mes chers amis, et c’est cette même
détermination de tracer la voie qui doit nous animer, alors qu’après un siècle
d’existence du parti centriste, il nous appartient d’écrire une nouvelle page
d’histoire. J’y appose, avec vous, dès ce jour, les mots fidélité, mais aussi
collectif et ouverture.
Et c’est avec vous, chers amis –
militants, sympathisants, élus, engagés, et partenaires – que nous allons, avec
fierté, tracer notre sillon pour ce nouveau siècle ! Je vous remercie, et
je compte sur vous !
Aurore Bergé, chargée
de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les
Discriminations.
> La cause des femmes doit être systématiquement au sommet de l’agenda
international. Cela englobe notamment les deux volets que j’ai choisi de porter
aux Nations unies : les droits sexuels et reproductifs – donc l’accès
à l’avortement – ainsi que l’exploitation du corps des femmes. On ne peut
pas parler du corps des femmes sans évoquer la manière dont celui-ci est,
hélas, trop souvent abusé, torturé et mutilé. Et singulièrement du viol, qui
est devenu une arme systématique des conflits. On l’a vu de manière frappante
au moment du 7 octobre en Israël.
L’événement portant sur le viol comme arme de guerre, que j’ai choisi de porter
au nom de la France, a été celui qui a rencontré le plus de succès aux Nations
unies. À travers le monde, les femmes restent les premières victimes des
conflits : des sévices sexuels commis dans le cadre du conflit armé
colombien jusqu’aux viols perpétrés par l’occupant russe en Ukraine, en passant
par la banalisation des violences sexuelles en République du Congo ou au
Sud-Soudan, cette question demeure d’une actualité brûlante.
> L’Onu, c’est d’abord l’émanation de 193 États
membres, ce qui ne va pas sans contraintes et peut générer de la frustration.
Mais la situation a évolué ces dernières semaines. J’ai abordé ce sujet avec la
représentante spéciale de l’Onu chargée de la question des violences sexuelles
commises en période de conflit, Pramila Patten.
Fin janvier, elle s’est rendue en Israël afin d’enquêter sur les nombreuses
accusations de violences commises par le Hamas le 7 octobre. Elle a pu
s’entretenir avec des témoins, avec d’anciens otages, ou encore avec des
médecins qui savent faire parler les corps. Son rapport est sans appel :
le viol et les mutilations ont été utilisés de manière systématique ce jour-là
par les terroristes du Hamas.
> Je l’ai dit, quand on est féministe, on l’est tous les
jours de l’année. On ne choisit pas ses victimes. Le silence est insupportable.
Si une association n’est pas capable de reconnaître la nature terroriste du
Hamas ou la réalité des viols et des mutilations subis par des femmes le
7 octobre, alors il y a un vrai problème. En tant que ministre, je ne
pouvais raisonnablement laisser ces organisations percevoir de l’argent public.
J’ai entendu cette semaine l’appel du collectif « Nous vivrons » et
de plus de 70 signataires de tous bords politiques : je souhaite
organiser des assises de lutte contre l’antisémitisme. J’inviterai à ces
assises l’ensemble des partis représentés à l’Assemblée et au Sénat, toutes les
associations de lutte contre la haine, tous les cultes. L’antisémitisme n’est
pas que l’affaire des Juifs. C’est toute la société qui doit se lever avec un
message clair : la République pour tous, tout le temps, point barre !
> Il faut avoir conscience de ce que vivent aujourd’hui
les femmes américaines. Dans certains États, qui ont interdit l’avortement,
elles risquent la prison même en cas d’inceste ou de viol. Ce qui s’est passé
aux États-Unis a été l’électrochoc qui nous a menés à intégrer l’IVG dans la
Constitution.
> La question n’est pas de savoir si les droits des
femmes sont menacés aujourd’hui en France, mais s’ils sont acquis ad vitam
aeternam. En gravant ce droit à l’IVG dans le marbre constitutionnel, on a
souhaité le rendre inaliénable, sans retour en arrière possible. Ce vote a
d’ailleurs eu une résonance bien au-delà de nos frontières, je l’ai vu à
New-York, nous avons adressé un message à toutes les femmes du monde. (…) En
l’inscrivant dans la Constitution, sous l’impulsion de nombreuses initiatives
parlementaires et avec l’engagement du président de la République, nous avons
mis en place le plus haut niveau de sécurité juridique possible pour
l’avortement.
> Il y a deux sujets selon moi. Premièrement, il faut
prendre en compte la souffrance de ceux qui se sentent piégés dans une identité
qui n’est pas la leur. En même temps, la protection des mineurs doit demeurer
une priorité. La France est très claire sur ce qui peut être fait ou non avant
la majorité. Dans notre pays, il est interdit de pratiquer des opérations
chirurgicales irréversibles avant la majorité et ça doit le rester. Les retours
en arrière de certains pays comme le Royaume-Uni il y a quelques jours, me
confortent dans cette idée.
> Dans tous les lieux de pouvoir des abus peuvent
exister : l’abus d’un réalisateur sur son actrice, d’un entraîneur sur un
jeune sportif. En somme, ces relations où l’abus se niche derrière l’ambiguïté
et la promiscuité. Il faut créer des contre-pouvoirs. J’ai lancé un appel à
témoignages à celles et ceux qui ont subi ces violences :
temoignages-efh@pm.gouv.fr
> [Viol] Je souhaite que le consentement soit inscrit
dans notre Code pénal. C’est toute une culture et une éducation qui doivent
changer. Il est temps.
Fadila Khattabi, ministre
déléguée chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées
> [Plan de lutte contre la maltraitance des
personnes vulnérables] Nous allons lancer un plan de contrôle de tous les 9300
établissements qui accueillent des personnes en situation de handicap [...] Il
y aura des visites et des contrôles inopinés
► Haut-commissariat
au Plan
François Bayrou (Commissaire, président du Mouvement démocrate)
> [Discours de clôture lors du congrès du MoDem]
Un congrès – je suis très fier du congrès
que nous avons eu pendant deux jours – c’était à peu près exemplaire, dans
l’ambiance, dans l’organisation, chère Maud Gatel et toute l’équipe du siège,
c’était affectueux et c’était profond.
J’ai dit au début que ce n’était pas un
meeting. On n’a pas ici l’ambiance électrique, avec des calicots, des drapeaux,
des slogans chantés, plutôt bien… Ici, on visite nos raisons de vivre ensemble.
Et évidemment, un congrès c’est seulement tous les trois ans. On peut y faire
la part du bilan et de l’ambition. Notre dernier congrès n’était pas en
présentiel, en effet, tu l’as dit Valérie, il était numérique, et Marielle
était là. C’était en décembre 2020. C’était son dernier discours. Elle a parlé
avec une joie et une envie de vivre qui nous a fait croire qu’elle allait
surmonter le mal qui la frappait. Je veux dire, simplement, vous l’avez tous
dit, qu’elle nous a manqué et qu’elle nous manque. (applaudissements) Et c’est
bien qu’on lui dise tous ensemble.
Je veux dire, avec les ministres qui sont
là, les ministres actuels, les précédents, les parlementaires, les responsables
de terrain, et d’abord les militants qui sont aussi responsables de terrain,
qu’on ait pu retrouver Valérie Hayer. J’ai du mal à prononcer son nom pour des
raisons qu’on vous expliquera… Il y a une espèce de fraternelle des gens qui
ont un A, un Y et R dans leur nom !
Permettez-moi de vous dire la joie toute
particulière la joie de retrouver dans ce congrès Pierre Méhaignerie, mon
prédécesseur à la tête du mouvement, et ami. Et à saluer Jacqueline Gourault
parce qu’à Blois, à la Chaussée-Saint-Victor, nous avons bâti ici des souvenirs
et des rassemblements.
Un mot particulier pour Marc Fesneau.
Naturellement, tous les responsables autour de moi sont importants, ils
comptent et je les apprécie, je les aime, et j’essaie de faire en sorte que les
responsabilités qui leur sont confiées soient importantes. Mais Marc, pour moi,
c’est un bras droit de tous les instants. Il a un caractère aussi facile que le
mien. C’est donc dire, que les choses sont toujours simples entre nous... Il
est aussi libre que nous le sommes tous, il est aussi résistant en face de la
soumission, il est profondément bâti autour du socle de conviction que pour ma
part, j’apprécie à chaque seconde. Vous venez de l’entendre et de le saluer
comme tel. Je suis très content, Marc, que nous soyons chez toi !
Le dernier congrès, c’était 2020. Le
sujet du Congrès était le covid19,
sous l’angle à la fois du confinement et sous l’angle des vaccins. La question
en décembre 2020 était : « où sont les vaccins ? », et le
procès fait au gouvernement et au président de la République était « il
n’y a plus de vaccins ». Il y avait dans la vie politique française des
responsables qui n’avaient qu’une solution à la bouche : les vaccins
russes, le Sputnik 5 ! Ils conduisaient un procès au président de la
République. J’ai retrouvé une citation de septembre 2020, Jean-Luc Mélenchon
qui disait : « c’est une erreur du président qui coûtera cher
aux Français de refuser le vaccin russe ». Je suis très content que le
président ait pu dans ses responsabilités faire en sorte que l’Europe impose
une solution qui a sauvé des dizaines de milliers de vie et des avancées
scientifiques formidables. Ce qui a été fait, les vaccins ARN messager, ont
permis d’ouvrir les voies à des voies thérapeutiques nouvelles pour traiter les
pires de maladies, comme les cancers par exemple.
En même temps, ils plaidaient pour la
sortie de l’OTAN, ils disaient que nous n’avions rien à craindre de la Russie.
Je vous conseille de revoir certaines émissions, où Marine le Pen disait :
« je ne veux vois vraiment pas ce que la Russie irait faire en
Ukraine ». Dans tous les horizons, on disait que ceux qui s’inquiétaient
n’y connaissaient rien. Elle disait : « la Russie, c’est comme des
garçons qui roulent des mécaniques pour s’impressionner les uns les
autres ». Cela permet de prendre un peu de recul : si je regarde
l’histoire des 50 dernières années, ces deux forces extrêmes, gauche et droite,
si on regarde leur bilan (sans parler de leur présence aux bancs), si on refait
leur bilan historique, il y a une constante : ils ont sans cesse conseillé aux
Français des solutions désastreuses mettant en jeu leur existence et leur
avenir.
Un seul exemple : rappelez-vous le
référendum de Maastricht, créant une des œuvres marquantes, la monnaie unique.
Où en serions-nous aujourd’hui dans la tempête de l’inflation s’il n’y avait
pas eu la monnaie unique, l’euro, et la Banque centrale européenne ? Où en
serait la France, comment aurions-nous résisté à la tempête, avec notre
structure de la dépense publique ? Sans cesse et sans exception, ils ont
entraîné les Français vers les pires solutions qu’on puisse rencontrer.
Tu as cité Péguy, cher Max, c’est un des
écrivains de ma vie, il disait quelque chose de formidable : « le
courage en politique, c’est d’oser dire ce qu’on voit, mais il y a un courage
encore plus important, c’est d’oser voir ce qu’on voit ». Aujourd’hui, la
réalité parle plus fort que tous les discours : le vrai courage consiste à
prendre acte de ce qui se construit et se déroule dans l’histoire et nous place
au cœur de l’évènement pour prendre nos responsabilités. Notre honneur à nous,
c’est d’avoir sans cesse voulu voir où les tempêtes se formaient. Vous avez
dit, Marielle était à Kiev plusieurs fois, on a senti depuis le début, elle a
senti, en notre nom, depuis le début, que cette Ukraine-là allait être au cœur
de l’histoire. Pour beaucoup de Français, l’Ukraine c’était loin, c’était un
conflit de frontières, et ceux-là refusaient de voir ce qui se déroulait, ce
qui prenait corps comme un risque immense pour tout ce en quoi nous croyons.
Après tout, ce n’est pas la première fois de l’histoire qu’on voit un pays avec
une armée surpuissante s’attaquer à un pays voisin pour l’annexer par la force.
Les dictateurs qui prennent ces décisions gouvernent dans leur pays par
l’assassinat.
C’est intéressant de voir ce qui s’est
dit quand on a un découvert la chaîne d’assassinat dont Poutine était
responsable. Boris Nemtsov a été abattu, mitraillé dans le dos en 2015. A ce
moment-là, Marine Le Pen a dit : « je fais pleine confiance à la
justice russe pour éclairer cette affaire ». Serguei Skripal, espion qui
avait quitté la Russie, et sa fille ont été attaqués au novitchok (un agent
chimique qui attaque le système nerveux) à Londres. Tout le monde l’a vu. La
Première ministre britannique de l’époque avait identifié les agresseurs.
Marine Le Pen a dit : « je ne vois pas ce qui permet à la
Première britannique d’aller si vite dans ses conclusions ». Lorsque Navalny a
été attaqué par le même novitchok et sauvé par l’Allemagne, M. Bardella, qui
faisait son apparition dans la vie politique française, a dit que « M.
Navalny, c’était quand même pas clair comme parcours ». On a vu, hélas,
quand cela s’est conclu, ceux qui ont été sans cesse du côté des dissidents
russes, du côté de la liberté des opposants russes. Ceux-là, ils sont dans
cette salle. Cela fait une grande différence dans les élections qui viennent
entre ceux qui ont sans cesse justifié, soutenu, repris les éléments de langage
de la dictature russe, et les autres, ceux qui se sont battus contre les
prémices de ce qui venait.
On a fêté ces 100 ans de combat de ce
grand courant politique et philosophique français. Il y a une chose donc je
suis terriblement fier : l’histoire a conduit notre pays et toute l’Europe
dans les années 30 vers le pire, vers la résignation et la soumission, le
renoncement, alors qu’étaient en train de se nouer les drames qui allaient,
comme vous le savez, entraîner l’Europe vers le chaos et une certaine idée de
l’Homme aussi. Cela s’est joué en particulier à Munich, parce qu’Hitler avait
décidé de lancer sa puissante armée pour l’annexion des Sudètes. Nous avions,
les européens, avec les britanniques, des accords de défense avec ces pays. Le
renoncement l’a emporté, sous les applaudissements. Le président du conseil de
l’époque, Daladier, avait été ovationné. Il était plus lucide que les autres,
il a dit à l’époque : « Ah les cons… ». Ils ont tous été
accueillis avec des transports d’enthousiasme. L’immense majorité des
politiques français ont soutenu les accords de Munich, c’était tellement
populaire… Il y a un courant politique, non majoritaire, qui avait un petit
journal quotidien qui s’appelait « L’Aube ». L’éditorialiste était un
jeune agrégé d’histoire qui enseignant dans les lycées parisiens, qui y faisait
une colonne tous les jours, il s’appelait Georges Bidaut. Il allait être un peu
plus tard le président du Conseil national de la Résistance. Georges Bidaut a
écrit dans son éditorial sur Munich une phrase qui m’a toujours servi de
mantra, qui a toujours été pour moi une définition de ce qu’est la responsabilité
d’un politique. Son édito s’achevait par : « Lorsqu’il s’agit de dire non,
le meilleur moment, c’est le premier ».
Parce que très souvent, il arrive que si
vous ne saisissez pas l’occasion du premier moment pour dire « ceci est
inacceptable », alors il arrive qu’il n’y ait plus de second moment. Que
la vague de l’histoire se forme et qu’elle renverse toutes les digues, celles
qu’on croyait éternelles et invincibles. C’est un peu ce qu’il se passe. Je
veux vous dire que pour moi, ce qui est extraordinairement frappant, c’est que
la décision que Poutine a prise le 24 février 2022 a entraîné le monde, la planète
entière dans une nouvelle époque, tragique à mes yeux. Cette nouvelle époque a
fait basculé la planète entière dans le temps de la violence brutale au service
de quelque chose qui est constamment en germe parmi les nations : l’esprit
de domination. Je trouve que ces dernières années, ces dernières décennies,
l’esprit de domination a pris, ou repris, une place qui fait que désormais nous
ne vivrons plus pendant longtemps comme nous vivions avant. L’esprit de
domination qui fait que le droit doit céder à la force, que le droit et les
droits sont menacés, que la liberté et les libertés sont menacées par la force
brutale… Autrefois, on disait : « la guerre c’est le dernier recours
des rois ». Désormais, c’est le premier. En quelques semaines, la Chine a
commencé à émettre des messages agressifs envers Taiwan. Quelques mois après,
le 7 octobre, le Hamas a lancé contre Israël, contre les quartiers pacifiques
d’Israël, une opération dont il me semble qu’on n’a pas vu exactement la
nature. On a fait comme s’il s’agissait d’un conflit de frontières. Ce n’est
pas cela du tout. On a cru que ces conflits de frontières avaient des
dérapages, mais pas du tout. L’opération du Hamas du 7 octobre n’a qu’un seul
but : établir la barbarie comme arme de conflit, faire en sorte que les actions
soient si atroces qu’on était certain qu’il y aurait les représailles les plus
importantes. Derrière le Hamas, qu’est-ce qui a poussé les forces du Hamas à
massacrer, amputer, déshonorer, porter atteinte au plus précieux de ce que nous
croyons ? C’est ceux qui ne voulaient pas que la paix se construise.
C’est-à-dire, en premier lieu, puisqu’il faut appeler les forces par leur nom,
l’Iran, avec ses complices, dont l’idée était d’empêcher que les accords
d’Abraham commençant à réunir timidement l’Arabie Saoudite, le Maroc, autour
d’une pacification… Le but de guerre était d’abattre définitivement toue chance
de paix. Ces acteurs-là d’une certaine façon sont libérés. Qui fabrique les
drones que Moscou envoie sur l’Ukraine ? C’est l’Iran. Quelque chose a été
libéré par l’agression de Poutine. Ce quelque chose est terrifiant pour
l’avenir de l’humanité qui s’était construite solidement depuis la guerre sur
l’idée que ce droit international était construit sur le respect des
frontières, et qu’on allait vivre ainsi. L’esprit de domination n’est pas que
ces belligérants-là. Si on regarde les choses avec lucidité : d’autres
puissances, économiquement, bâtissent l’esprit de domination. La Chine, par le
contrôle des terres rares, par des acquisitions foncières un peu partout dans
le monde, par des pratiques de dumping commercial, aggravé par le fait que la
Chine va traverser une crise démographie terrifiante dans les années qui
viennent, puisqu’elle va perdre l’équivalent de la population européenne dans
les trente années qui viennent. Un pays dont la population s’effondre, et qui
dispose d’une telle capacité de puissance, si nous ne voyons pas tous ensemble
ce qui est en jeu, c’est que nous ne prenons pas la mesure de l’histoire qui
est en train de se vivre sous nos yeux.
Je suis très fier que nous ayons pu
manifester clairement aux yeux du monde de quel côté nous sommes, de quel côté
sont tous ceux qui sont dans cette salle : nous sommes du côté de ceux qui
opposons le droit à la force, la liberté à la tentative de soumission. Je suis
très fier qu’il y ait eu un président de la République française pour affirmer
cette conviction, pour la défendre et pour préparer le pire, si le pire devait
se produire.
Nous avons vécu une aventure politique
formidable, géniale, avec Emmanuel Macron. On avait préparé le terrain pendant
des années et des années, puis on a pu en faisant se rencontrer la force
montante qu’il représentait et la force stable que nous représentions, on a pu
permettre ce changement si profond du paysage politique. On a pu montrer que
des tas de choses qu’on ne croyait plus possible l’étaient : la
réconciliation de notre pays avec le monde d’entreprise, le fait de regarder
l’avenir technique et scientifique sans crainte, sans peur, sans timidité… ce
qu’on a appelé par un raccourci peut-être un peu rapide la Start-up Nation. Des
choses qui ont changé aussi profondément la vie que la retenue à la source
(nous l’avions inscrit dans tous nos programmes électoraux depuis 2002, et tout
le monde nous disait que c’était impossible !). Cela s’est fait. Je salue
Gérald Darmanin qui a porté cette réforme, et le Gouvernement tout entier
auquel il appartenait. On a montré tout cela, que de l’impossible était possible.
On a vérifié que lorsque les choses prenaient un tour tragique et que
l’immoral devenait le plus puissant et menaçant, alors la France, par
l’intermédiaire de son président, était là pour dire non, au premier moment,
c’est-à-dire, au meilleur.
La conviction que j’ai partagée avec vous
à l’ouverture du Congrès, c’est que nous avions désormais besoin d‘un projet
d’espoir pour le pays. Ne croyez pas que ce soit la première fois que j’utilise
cette expression. J’ai toujours pensé que c’est ce dont nous manquions le plus.
On avait montré lors d’élections précédentes que nous pouvions réunir autour
d’idées novatrices. J’ai dit à l’ouverture du Congrès que l’espoir n’était pas
tout-à-fait l’espérance. Certes, l’espérance est la plus belle des vertus. Je m’en vais pas reciter Péguy… L’espérance, c’est
la vertu qui résiste à tout. Mais l’espoir, ce n’est pas la même chose, c’est
du concret : quel est le but qu’on se propose d’atteindre et quelles
étapes pour l’atteindre ? Raison pour laquelle je suis tellement attaché à
l’idée de Plan. Sans mauvais esprit à l’égard de qui que ce soit, je rappelle
que l’idée de Plan était totalement méprisé et même moqué il y a encore trois
ou quatre ans. Le Plan, c’était le GosPlan, le soviétique. Et puis, on a réussi,
par entente avec la président de la République, à faire renaître cette idée
jusqu’à la planification écologique et à en faire un des chemins pour regarder
l’actualité politique non pas à quelques jours, ou à quelques semaines, mais à
quelques années, puisque c’est dix, vingt ou trente ans qui sont le cadre de la
réflexion du plan. Je suis pour un projet avec des étapes. Nous avons besoin,
dans ce projet d’espoir pour le pays, deux ou trois chapitres essentiels.
Le premier chapitre essentiel, parce que
les institutions sont absolument nécessaires pour qu’une société vive, c’est la
démocratie. La démocratie n’a pas d’autres définition que l’organisation du
pluralisme. L’idée du pluralisme est extrêmement profonde. Elle signifie que
nous avons décidé de vivre ensemble même si nous avons des opinions,
préférences, philosophies différentes. La démocratie, ce n’est pas autre chose
que la vertu de laïcité. Si on réfléchit à ce que la démocratie est et si on
essaie de la transposer par rapport à l’univers des convictions personnelles,
celui des libertés et des philosophies, la liberté de croire ou ne pas croire,
la liberté de manifester ses convictions profondes, et que la loi vous protège,
et qu’en même temps elle vous empêche d’imposer votre manière de voir et de
vivre aux autres. Pendant des siècles, des millénaires, il y a eu des guerres
de religion, on considérait qu’il n’était pas possible de faire coexister
ensemble plusieurs religions. On considérait que le moyen de défendre ses
convictions, c’était de convertir les autres par la force. On l’a fait chez
nous et ailleurs, pendant des siècles et des millénaires. C’était même la loi.
Lorsque le souverain changeait de religion, alors tous les sujets changeaient
de religion. Cela s’est fait chez nous il y a encore 4 siècles. Et puis un
jour, chez nous, grâce à un des béarnais célèbres, parce qu’il y a Tony
Estanguet aussi, on est sortis de cette loi-là pour entrer dans une autre
loi : celle de la tolérance. On est entrés dans l’ordre des convictions
personnelles, dans un mode de vie ensemble qui fait que plus personne
n’imagine, en tous cas chez nous, en Europe, en France, en Occident, et c’est
ce qui nous caractérise, plus personne n’imagine que parce qu’on est chrétiens,
il faudrait que les musulmans disparaissent, que parce qu’on est juifs, on ne
tolèrerait plus d’autres approches spirituelles et religieuses. En politique,
on en est encore au stade antérieur, des guerres de religion. C’est pourquoi il
est vital qu’on franchisse ce pas. C’est pourquoi la loi électorale doit être
le moment d’articulation pour passer de l’univers de ceux qui veulent à tout
prix imposer leurs idées aux autres, à un cadre où les autres ont un droit de
cité. C’est l’instauration de la proportionnelle dans la loi électorale !
En dépit de la différence d’âge, j’étais
très ami avec Helmut Kohl. J’ai eu beaucoup de discussions avec lui à ce sujet.
Il avait beaucoup d’indulgence envers moi (un moment, il a même voulu faire un
parti avec moi et Jacques Delors !). Je lui disais : « comment
se fait-il que vous, les Allemands, ne remettiez jamais en cause votre loi
électorale, alors qu’en France, c’est un sport national ? ». Il m’a
répondu : « Entre 1933 et 1946, on a réfléchi à cette question. Nous
avons bâti un mode de scrutin avec des circonscriptions dans lesquelles tout le
monde a le droit de se présenter et ensuite, des listes nationales qui
permettent de compléter grâce au choix des électeurs une assemblée nationale
parfaitement juste d’un point de vue proportionnel ». Moi je trouverais
très bien qu’on fasse comme cela, avec les deux approches : le terrain et
le choix des opinions et des représentants. Il me disait : « tu vois,
la principale vertu de cette loi électorale allemande, c’est un garde-fou
impossible à détruire contre les extrêmes. Parce que si vous avez ce pluralisme
à l’assemblée, et une menace d’un extrême ou de l’autre, de populisme, de
fanatisme, on ne sait jamais ce qui peut arriver, alors les autres ont le
devoir de se mettre ensemble pour faire barrage. » Le changement de mode
de scrutin, ce n’est pas seulement une question de justice, c’est important que
tout le monde ait le même droit à la représentation. Je dis souvent, si vous
êtes de gauche à Neuilly dans une élection nationale, ou de droite à Saint-Denis,
à quoi votre voix va-t-il servir ? Pendant si longtemps, si vous étiez du
centre, à quoi votre voix servait-elle ? Maintenant, on sait à quoi elle
sert. Il est nécessaire de rétablir le droit de chaque citoyen à être
représenté à la mesure de tous ceux qui s’expriment dans la vie politique
nationale.
C’est pourquoi, je veux dire ma
conviction et ma certitude. On a entendu plusieurs messages dans cette tribune
de responsables politiques qui confirment ce point de vue. J’ai la conviction
que nous allons y arriver, qu’après tant et tant d’années de combat à faire
entendre l’évidence, alors une fenêtre s’est ouverte et nous allons pouvoir
trouver une résolution à cette question qui est vitale pour l’avenir de la
démocratie française. Et si jamais les responsables avaient du mal à être
convaincus, il y a un moyen très simple pour les convaincre : donner la
parole au peuple français.
Il y a d’autres modifications pour que
nos institutions soient plus adaptées : est-il normal que Paris, Lyon et
Marseille, les trois principales villes françaises, soient privées du droit
d’élire leur maire ? Qu’est-ce qui justifie cela ? Je voudrais que la
loi PLM soit réformée, en sachant que le maire serait élu par les citoyens qui
voteront plutôt que par des combinaisons extrêmement difficiles à comprendre et
qui privent les électeurs de leur droit. Je suis pour qu’on apporte des réponses
à ceux qui ne participent pas aux élections parce que leur mode d’organisation
selon eux ne correspond plus à ce qu’ils sont. Aux Etats-Unis, aux dernières
élections, la moitié des électeurs a participé à distance, par correspondance.
En dépit de la folie et des millions dépensés par Trump pour démontrer qu’il y
avait eu quelque chose d’anormal dans ces votes, on n’a pas trouvé un seul
exemple. Pourquoi en France ne vote-t-on pas par correspondance ou
internet ? Pour que cela soit facile, accessible, ouvert à tout le monde ?
Si on veut aussi reconnaître le vote des électeurs, reconnaissons le vote blanc
comme un suffrage exprimé !
Un élément supplémentaire. Comment se
fait-il qu’en dépit des programmes, des convictions défendues, des assurances
données à chaque élection, comment se fait-il que la question du financement de
la vie politique soit encore aussi mal traitée, remettant à des décisions
privées ce qui est l’ouverture des moyens financiers, qui sont l’oxygène de la
démocratie elle-même ? Il faut que la Banque de la démocratie, après tant et
tant d’assurances, soit remise sur les rails. Il n’y a rien de plus facile que
cela.
Je veux ajouter quelque chose qui tient
aux forces politiques. Ce qui m’est apparu frappant dans la pratique du centre
qui est la nôtre et que nous avons les uns et les autres défendu à cette
tribune, nous avons le devoir, la mission et la vocation, d’être des
fédérateurs, de participer au rassemblement de ce qui est pour moi si
frappant : il y a un puissant mouvement en gestation, en attente. Ce
mouvement-là réunit sous des nuances politiques différentes tous ceux qui
croient qu’on peut changer le monde, que les problèmes sont solubles, que nous
ne défendons pas seulement des intérêts, mais qu’il y a au-dessus de nous un
intérêt général. Tous ceux qui croient que le projet qui est le nôtre n’est pas
seulement marqué par des conflits, mais qu’il est un projet de civilisation,
qui s’incarne notamment dans l’Europe, cette communauté que nous avons à bâtir
pour le défendre. Tous ceux qui pensent qu’on peut s’entendre avec les gens qui
ne pensent pas exactement comme nous, ou qui n’ont pas tout à fait la même histoire.
S’il n’y a que cela qui nous sépare, il ne faut pas que nous acceptions les
divisions, cela va demander de petits efforts d’un bord et de l’autre. Mais
c’est nécessaire et vital. On a besoin de construire le grand rassemblement des
humanistes et des réformistes, que la vie politique français attend, et dont
elle a tant souffert de l’absence : on le voit dans le surgissement des
extrêmes.
Enfin, je veux aborder les problèmes
économiques et de finances publiques que nous vivons aujourd’hui. Permettez-moi
de le dire à l’avance : ce que je vais défendre à cette tribune n’est pas
exactement ce que j’ai défendu pendant des décennies, parce que l’histoire a
changé. J’ai été l’un des premiers à mettre la question de la dette au centre
de la réflexion du pays. Je pense qu’il y a dans la désinvolture à l’égard de
la dette, quelque chose d’immoral, parce que vivre dans la désinvolture complète
en disant, « ce qui m’intéresse c’est moi aujourd’hui et le reste, pour
l’avenir, on verra », c’est manquer au respect élémentaire et au devoir
qu’on doit à nos enfants, petits-enfants, aux générations qui vont venir. Je
n’ai pas aimé la séquence des retraites. Nous avions établi au Plan, pour la
prochaine fois, des chiffres indiscutables sur l’équilibre financier du notre
système des retraites. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) à l’époque
prétendait que le système était comptablement équilibré, mais il oubliait de
dire qu’il n’était équilibré que parce que chaque année entre 30 et 40
milliards étaient apportés pour équilibrer le système des retraites. Nous avons
publié cette analyse le 9 décembre. Je ne sais pas pourquoi, ces chiffres n’ont
pas été utilisés. Je suis persuadé que si chaque foyer français avait reçu
l’exposé de la situation, qui fait que les pensions d’aujourd’hui sont payées
non seulement par les travailleurs d’aujourd’hui mais aussi par l’emprunt qui
va mettre à la charge pendant des décennies les enfants et petits-enfants à
venir, je suis persuadé que les Français s’en seraient saisis. Je suis certain
qu’on aurait gagné un référendum sur le sujet. Nous sommes passés à côté d’une
chance formidable de prise de conscience de la part de tout le pays. Donc je
pense que la dette a quelque chose d’immoral. Je pense que la nature de la
dette que nous vivons aujourd’hui est parce que les gouvernements ont été
laxistes, mais aussi parce qu’il y a eu des secousses considérables, comme le covid19, et nous avons eu raison de soutenir les
entreprises et les foyers, en tant qu’assureur général. Et puis la question de
l’Ukraine : j’entendais l’autre jour un responsable politique nous disait
« vous n’allez pas nous faire croire que la question de la dette est la
question de l’Ukraine », et bien mon pauvre, une crise comme l’Ukraine qui crée
une crise de l’énergie, dont vivent tant de pays européens, mais aussi une
crise sur l’inflation, et que ces deux crises se conjuguent, qui peut croire
qu’on est à l’abri des choses ? Oui, ce n’est pas par hasard, par laxisme,
que nous avons la crise de la dette d’aujourd’hui.
Il y a un élément nouveau depuis deux ou
trois ans : ce qui se passe aux Etats-Unis. Ils ont trouvé, choisi, un
projet de développement fondé sur un soutien puissant de la Banque centrale
américaine à l’économie américaine, à son investissement, aux avancées
technologiques et à la relocalisation des industries essentielles. En 4 années,
ce soutien de la Banque centrale américaine a été si puissant que la croissance
américaine a été de 10,5% alors que la croissance européenne est à peine de 4%.
L’Allemagne vit, elle, une récession dont nous sommes toujours les premières
victimes, puisque c’est notre premier fournisseur et notre premier client. Il
faut réfléchir à cela quand on pense aux dépenses publiques. Il est vital de ne
pas casser la croissance brutalement. Un des éléments de programme que nous
devons défendre devant les Français, c’est de faire pression sur la Banque
centrale européenne pour qu’elle soit davantage en soutien de la croissance et
de l’emploi. Il y a une grande différence entre la mission définie par la loi
régissant la réserve fédérale américaine et celle régissant la banque centrale
européenne. La réserve fédérale américaine a deux objectifs : lutter
contre l’inflation et soutenir l’emploi. La Banque centrale européenne n’a que
pour mission la lutte contre l’inflation. Il est important que nous
réfléchissions à une nouvelle étape de politique économique. Si nous en restons
à ce différentiel de croissance, les Etats-Unis vont capter toutes les
liquidités disponibles sur la planète. Le déséquilibre va s’accentuer. Les
Etats-Unis ont une stratégie très offensive, regardez le Numérique, regardez
les Data, le Cloud : par l’intermédiaire des grandes multinationales et
des GAFAM, on est en situation de perdre notre souveraineté et notre indépendance.
Le déséquilibre économique y contribue. Je pense que les difficultés de
finances publiques sont réelles, que le différentiel entre croissance prévue et
réalisée existe mais n’est que de 0,1%, c’est un déséquilibre mais peut-être
pas le déséquilibre déterminant. Le moment n’est pas de casser la croissance,
de se trouver dans des situations de déséquilibres nouveaux. Je le dis comme
quelqu’un qui a combattu toutes les volontés d’ignorer le déséquilibre de la
dette. On a besoin de reconstruire. Cela se fait par la croissance. La
croissance doit être le premier objectif des finances publiques : donc
priorité à l’investissement, à l’activité, à l’allègement et la simplification
des normes.
Les deux dernières années ont été les
deux années de surgissement de l’IA. Les progrès faits par l’humanité en deux
années sont stupéfiants, voire inquiétants à certains égards. J’ai été
consacrer une série d’auditions récemment à l’IA. Un des principaux acteurs de
ce sujet, dans une ambiance détendue, m’a dit qu’on ne savait pas très bien
comment cela marchait. Donc j’entends cela comme une chance, et en même temps
comme une contrainte, un risque. L’IA va tout changer, y compris dans
l’administration, il y a des marges de progrès, d’économies considérables, dans
une nouvelle utilisation de ces nouveaux instruments. Là aussi, priorité à
l’activité, à l’innovation, à l’invention.
Enfin, je voudrais dire un mot des
problèmes d’éducation. Pour moi, il n’y a pas de sujet plus important. Il n’y a
pas de sujet plus important que les fondamentaux, que la culture générale, dans
ce monde en mouvement, où il faut constamment se réorienter. Je viens de parler
de l’IA. Les fondamentaux, qui paraissaient dépassés, doivent à tout prix être
désormais notre priorité essentielle puisqu’il faut former non pas des
connaissances seulement, mais aussi la capacité et la liberté de l’esprit, la
capacité de jugement, de culture nécessaires pour identifier les risques et se
situer par rapport à ces risques. Une certitude : c’est par la confiance
au terrain que la réforme de l’Education nationale se fera la plus efficace.
Qu’on me pardonne : je ne crois pas que cela se décide à Paris. Je ne
crois pas que ce soit des injonctions nationales qui doivent conduire au
changement pédagogique de l’Education nationale. Je crois le contraire. Les
orientations nationales, y compris les injonctions, doivent fixer des progrès à
atteindre dans chaque classe, puis faire confiance aux profs. Voir ce qui
marche, et le répandre. On a des réflexions du même ordre sur les acteurs
sociaux : faites confiance, contrôler et bâtissez en analysant ceux qui
réussissent et en généralisant les méthodes qui ont été mises au point.
Un sujet brûlant pour nous tous : la
question climatique, écologique, de la biodiversité, de la sauvegarde de notre
biotope humain, la sauvegarde de notre environnement et de notre maison. On a
besoin de construire cela de manière déterminée. Les progrès signalé hier sont
formidables : avoir baissé en une année de 4,5% l’émission de GES, même
s’il y a quelque chose d’accidentel dans cela, c’est un formidable
encouragement. Nous avons mis en évidence l’extraordinaire potentiel que la
géothermie représente pour chacun de nos foyers : capacité de chauffage et
de rafraichissement, donc la source est éternelle et gratuite. Pourquoi on ne
s’en sert pas ? Il suffit de reformer des foreurs et trouver un mode de
financement qui rende cet investissement acceptable et étalé dans le temps. On
a bien en France une Caisse des dépôts, un système bancaire, pour apporter des
réponses simples. Il y a 15% d’économies immédiatement disponibles si nous
décidons de nous en occuper. Ce sont des progrès écologiques et humains très importants.
Nous allons entrer, Valérie, dans cette
campagne, avec toi. Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement électoral. C’est
de très loin, pour la première fois depuis longtemps, le modèle de société
européen et français, peut-être même de civilisation, qui est en jeu. Dans
cette élection, on nous regarde, on regarde la France, les électeurs français
et la représentation de la France. Il y a des gens pour qui ce combat n’est pas
seulement européen, mais vital. Je pense aux femmes afghanes et aux femmes
iraniennes, enfermées, mises en prison, interdites d’études, de sortir. Ce
combat entraîne des centaines de mises à mort, 850 l’an dernier… c’est un sujet
vital. C’est cela que vous allez porter. C’est le combat de l’humanisme contre
la barbarie, le combat du droit contre la force, de la liberté contre la
servitude. C’est pourquoi nous serons avec vous comme soutien et comme
co-constructeurs de ce que notre avenir doit être.
> [Augmentation des impôts] C'est une situation qui est en effet nouvelle, qui est la conséquence
directe -on oublie trop souvent de le dire - des chocs différents que nous
avons eu : le covid19 est un
choc très important et la guerre en Ukraine est un choc très important. Guerre
en Ukraine qui a provoqué une crise énergétique, une inflation, tout ce que
nous savons et qui constitue en effet une crise très importante pour nos
économies. La question qui se pose, c'est comment peut-on équilibrer nos
finances publiques le mieux possible, mieux que nous ne le faisons à l'heure
actuelle sans casser la croissance, sans casser l'activité du pays ? Et
j'ai été amené à dire ce weekend que pour nous, la question de l'activité, la
question de l'investissement, la question du renouvellement de l'économie
française, elle était une question primordiale. (…)
Je pense qu’une discussion peut être
ouverte. Le ministre de l'économie et des finances est maintenant en train de
préparer le budget de l'année prochaine. Je pense qu’un travail avec les
parlementaires qui, depuis des années, ont essayé d'explorer les pistes et de
regarder de quelle manière on pouvait avoir un meilleur équilibre à la fois en
situation de justice et sans que l'image de la France, qui permet d'attirer les
investisseurs soit atteinte. Et vous voyez que de ce point de vue-là, il y a
une quadrature du cercle. Mais si vous me permettez une phrase pour signaler
quelque chose à quoi on ne pense pas. Il se trouve qu’aujourd'hui, on est
devant une situation nouvelle. Pourquoi ? Parce que les États-Unis ont
adopté une politique économique depuis des années, depuis quatre ans au moins
ou cinq ans. Une politique économique qui fait que l'activité,
l'investissement, la croissance ont atteint des sommets puisque sur les quatre
dernières années, avec les mêmes contraintes que les nôtres, les États-Unis ont
eu deux fois ou deux fois et demi plus de croissance que nous n'avons.
Pourquoi ? Parce que l'ensemble des décideurs, et notamment la Banque
centrale américaine, ont décidé d'apporter tout leur soutien à l'activité, de
relocaliser des activités dans le pays et même de conduire à partir de ces
relocalisations une politique d'aménagement du territoire. C'est à dire
d'implanter ou de réimplanter des activités dans des lieux, par exemple les
anciennes places fortes de l'automobile américaine qui étaient désertées.
> Le bruit court
assez souvent que on va couper dans les budgets des collectivités locales. À
mon sens, ce serait une erreur. Pourquoi ? Parce que les collectivités
locales, ce sont elles qui investissent : plus des trois-quarts de l'investissement français de l'équipement
du pays, il est réalisé par les collectivités locales. Il se trouve que ce que
on ne sait pas souvent, même parfois dans les cercles politiques influents,
c'est que les budgets des collectivités locales, budgets d'investissement
dépend du budgets de fonctionnement. Vous ne pouvez investir que si vous avez
ce qu'on appelle des excédents de fonctionnement. Si au fond, à la fin de
l'année, vous avez mis de l'argent de côté pour pouvoir préparer les dépenses
d'investissement de l'année suivante. Une collectivité locale ne peut emprunter
pour investir que si elle a un très bon équilibre de son fonctionnement avec
des bénéfices. Et tout ça, les élus locaux savent bien, il y a des chiffres,
des ratios comme on dit, qui permettent de savoir si vos investissements sont à
la hauteur de vos moyens. (…)
Je pense que les collectivités
françaises, au contraire de ce qui se raconte généralement ces dernières
années, elles ont été absolument préservées. Et il y a des plaintes ou des
complaintes souvent, elles sont mal fondées parce que les collectivités ont été
garanties pendant sept années. C'était la promesse qu'avait faite le Président
de la République, depuis sept années – quatre et trois - les collectivités ont
été absolument préservées dans leurs ressources.
> [Dette publique] Le contexte mondial est en train de changer. Et on ne peut pas répondre au
contexte mondial d'aujourd'hui sans regarder les clés qui nous permettraient de
projeter l'économie française dans l'avenir, l'économie européenne dans
l'avenir, parce que beaucoup de ces sujets sont européens. L'Allemagne s'est
trouvée, en raison de la guerre en Ukraine, toujours dans une crise profonde
puisqu'ils dépendaient du gaz russe. Et qu'ils dépendaient des exportations
qu'ils projetaient vers la Chine. Et ces deux conditions, la Chine et le gaz
russe ont si profondément changé, ont été bouleversés, qu’ils sont eux dans une
situation, du point de vue de la croissance, encore plus difficile que la
nôtre. Or, ils sont notre premier client et notre premier fournisseur.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Sylvain Maillard (président du groupe à
l’Assemblée nationale)
> Nous avons un système de protection sociale
auquel nous sommes tous attachés. Aujourd'hui, on doit continuer d'accompagner
vers l’emploi, notamment par l'Assurance chômage. Nous devons travailler plus,
mais mieux.
Maud Bregeon
(députée)
> Quand vous êtes aux responsabilités, vous êtes
face à des injonctions contradictoires, à savoir aider vos concitoyens dans des
moments de crise et la réalité des finances publiques qui ne vont pas bien.
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (présidente)
> Notre projet n’est pas l’Europe partout. Mais
ça ne sera jamais l’Europe nulle part. C’est une Europe puissante, et une
France influente qui y envoie des élus qui bossent. Dans cette élection à un
tour où se jouera le destin de notre Union, votre mobilisation fera la
différence.
> Notre Europe est en danger. Et
ceux qui paieraient le prix de son affaiblissement, ce ne sont pas les
ingénieurs du chaos, ceux qui soufflent sur les braises. Ce seraient les plus
précaires, ceux qui en ont le plus besoin. Alors le 9 juin dans l’isoloir,
choisissons l’Europe !
> Nous soutiendrons jusqu'au bout
nos amis ukrainiens. C’est pourquoi nous cherchons les voies les plus efficaces
possibles pour qu'ils gagnent cette guerre, le plus tôt possible.
> Abandonner l’Ukraine serait la
meilleure manière d’enclencher la chute de notre continent. Pour la France,
pour l’Europe, pour l’Ukraine, ne cédons rien aux patriotes de papier ! Ce
besoin d’Europe qui est le nôtre, il vise à bâtir un avenir enviable pour
toutes les générations.
> Les partisans du Brexit avaient
placé le défi migratoire au cœur de leur campagne. Leurs promesses n’ont pas
marché. Giorgia Meloni promettait que son blocus naval résoudrait tout.
Moralité ? Aujourd'hui, elle appelle à une solution européenne.
> Je serai la seule
à voter le Pacte Asile et Migrations. Je vote des solutions concrètes et
j’assume. L'extrême-droite tient à son carburant électoral, l’attitude de la
droite interroge car leur groupe européen a contribué à négocier ce texte et la gauche se contente de postures !
● Propos collectifs
> [Tribune: « Pour la fin de l’anonymat total sur les réseaux sociaux »]
Pour la première fois, un sondage représentatif utilisant la méthode des quotas
dévoile que près de neuf Français sur dix sont favorables à la levée de
l'anonymat en ligne. Très concrètement, selon une enquête Harris Interactive
pour l'Association de l'économie du numérique (Acsel), 87% des Français
estiment que l'identité des personnes inscrites sur les réseaux sociaux devrait
être vérifiée pour lutter contre les comportements inappropriés
(cyberharcèlement, arnaques, fake news...) et 81% accepteraient que leur propre
identité soit vérifiée. Ce plébiscite valide l'intuition que nous avons eue,
avec près de 200 députés de la majorité présidentielle, et la proposition que
nous avons portée lors de l'examen du projet de loi numérique à l'Assemblée
nationale à l'automne dernier.
Le niveau de violence, de racisme, de sexisme, de harcèlement est bien
supérieur sur les réseaux sociaux à ce qu'il est dans la vie physique. On s'y
insulte à tout-va et cela finit trop souvent en drame : un jeune se suicide
tous les quinze jours dans notre pays, à la suite de harcèlement scolaire et de
cyberharcèlement. Sans même parler des arnaques en ligne qui explosent et des
fake news qui pullulent. Sommes-nous tous devenus fous ? Non. Mais le sentiment
d'anonymat sur les réseaux génère un sentiment d'impunité : il n'y a plus de
limites pour certains. Ce phénomène est documenté par les scientifiques.
Pour combattre ce sentiment d'impunité, commençons par appliquer les mêmes
règles dans l'espace numérique que dans la vie physique. Il faut, bien sûr,
autoriser le pseudonymat, c'est-à-dire l'anonymat entre usagers, mais il ne
faut pas permettre l'anonymat vis-à-vis des autorités de police ou de justice,
lorsqu'on commet un délit ou un crime grave. Quand je marche dans la rue, quand
je roule sur la voie publique, quand je téléphone, je peux ne pas partager mon
identité avec les personnes que je croise ou à qui je parle. Mais je n'ai pas
le droit de me cacher devant la police ou la justice si je fais quelque chose
d'illégal : je dois décliner mon identité à l'agent qui me contrôle, ma voiture
doit avoir une plaque d'immatriculation, ma ligne téléphonique est associée à
la carte d'identité que j'ai présentée en m'abonnant.
De la même façon, sur les réseaux sociaux, le droit à l'anonymat vis-à-vis des
autres usagers doit être respecté, et il doit rester possible d'avoir plusieurs
comptes avec des pseudos. C'est utile pour s'exprimer de la façon la plus libre
possible. C'est aussi utile pour que les journalistes puissent mener des
enquêtes ou pour les lanceurs d'alerte. Mais chaque compte devrait être lié à
une identité numérique vérifiée, certes inaccessible par le réseau social mais
accessible par les autorités en cas de délit ou de crime. Les potentiels
cyberharceleurs ou cyberarnaqueurs en tout genre doivent savoir qu'ils seront
retrouvés en un clic. Cela n'évitera pas tous les problèmes, mais cela devrait
aider.
Dix ans après que les Français se sont massivement inscrits sur les réseaux
sociaux, si près de neuf sur dix sont favorables à la vérification de
l'identité, c'est qu'ils ont bien compris que le fonctionnement actuel n'était
ni souhaitable ni soutenable, l'anonymat en ligne laissant libre cours à une
forme de « décivilisation », pointée très tôt par Emmanuel Macron.
Ce sujet de l'anonymat, nous devons le traiter au niveau européen, qui est le
meilleur niveau pour faire face aux géants du numérique. Les élections
européennes à venir sont l'occasion idéale pour en débattre. Protégeons nos
enfants, protégeons nos concitoyens, protégeons notre démocratie et reprenons
le contrôle de l'espace numérique. C'est possible !
[Députés Renaissance, MoDem et Horizons signataires: Paul
Midy, Olivier Véran, Clément Beaune ; Sylvain Maillard, Bérangère
Couillard, Brigitte Klinkert, Eric Woerth, Joël Giraud, Laurent Marcangeli, Jean-Marc
Zulesi, Naïma Moutchou, Mathieu Lefèvre, Benjamin Haddad, Véronique Riotton, Karl
Olive, Violette Spillebout, David Amiel, Louis Margueritte, Isabelle Rauch, Anne-Cécile
Violland, Luc Geismar, Antoine Armand, Didier Parakian, Stella Dupont, Luc
Lamirault, Louise Morel, Fanta Berete, Brigitte Liso, Agnès Firmin Le Bodo, Nicole
Dubré-Chirat, Philippe Fait, Vincent Ledoux, Denis Masséglia, Christopher
Weissberg, Mounir Belhamiti, David Valence, Laure Miller, François Gernigon, Paul
Christophe, Loïc Kervran, Bertrand Bouyx, Graziella Melchior, Caroline Yadan, Christine
Decodts, Nicolas Metzdorf, Julie Delpech, Eleonore Caroit, Eric Husson, Nicolas
Pacquot, Charlotte Parmentier-Lecocq, Hadrien Ghomi, Benoit Mournet, Chantal
Bouloux, Jean-Pierre Pont, Stéphane Vojetta, Stéphane Mazars, Christophe Marion,
Danielle Brulebois, Eric Alauzet, Stéphanie Rist, Michel Lauzanna, Philippe
Dunoyer, Lionel Royer-Perreaut, Alexandre Holroyd, Huguette Tiegna, Stéphane
Buchou, Philippe Pradal, Philippe Frei, Juliette Vilgrain, Lise Magnier, Christophe
Plassard, Stéphanie Kochert, Jérémie Patrier-Laitus, Philippe Sorez, Patricia
Lemoine, Jean-Philippe Ardouin, Damien Abad, Corinne Vignon, Jean-François
Rousset, François Cormier-Bouligeon, Vincent Thiébaut, Bertrand Sorre, Claire
Guichard, Denis Bernaert, Virginie Lanlo, Monique Iborra, Lysiane Métayer, Jean-Luc
Fugit, Félicie Girard, Thierry Benoit, Xavier Albertini, Béatrrice Bellamy, Philippe
Emmanuel, Fabrice Le Vigoureux, Henri Alfandari, Beatrice Piron, Robin Reda, Sandrine
Josso, Christine Le Nabour, Agnès Carel, Olga Givernet, Jean Terlier, Lionel
Vuibert, Ludovic Mendes, Michèle Peyron, Sarah Tanzili, Annie Vidal, Emilie
Chandler, Emmanuel Pellerin, Pascale Boyer, Laurence Cristol,Eric Poulliat, Pierre
Henriet, Remy Rebeyrotte, Nicole Le Peih, Françoise Buffet, Pascal Lavergne, Didier
Lemaire, Marie-Agnès Poussier-Winsback, Alexandra Martin, Mireille Clapot, Thomas
Rudigoz, Yannick Haury, Liliana Tanguy, Yannick Chenevard, Natalia Pouzyreff, Paul
Midy]