Voici une sélection,
ce 2 mars 2024, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou
sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la République)
> Profonde indignation face aux images qui nous parviennent de
Gaza où des civils ont été pris pour cible par des soldats israéliens.
J'exprime ma plus ferme réprobation envers ces tirs et demande la vérité, la
justice et le respect du droit international.
À Gaza la situation est dramatique. Toutes les populations civiles doivent être
protégées. Un cessez-le-feu doit être mis en place immédiatement pour permettre
à l’aide humanitaire d’être distribuée.
> Grâce aux réformes et à notre
stratégie d’attractivité, la France attire toujours plus d’investissements
internationaux. Nos partenaires nous font confiance ! C’est bon pour
l’emploi et la vie des territoires.
> Le projet semblait assez fou et
incertain. Démonstration que nous sommes au rendez-vous des jeux olympiques et
paralympiques, que la France est une Nation de bâtisseurs, le village des
athlètes est prêt ! Héritage immense pour la Seine-Saint-Denis, les
Franciliens et la France. (…)
Le plus grand projet de création et d’aménagement de France s’achève, en temps
et en heure, au budget. On avance et on sera tous au rendez-vous des jeux de
Paris 2024 !
> Contre le trafic de drogue et les organisations criminelles,
nous ne relâchons pas la pression. En 9 jours, 8,3 tonnes de cocaïne ont été
saisies en mer aux Antilles. C’est presque autant qu’au cours de toute l’année
passée. Merci à toutes nos forces engagées.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement,
certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs
propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos
critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Gabriel Attal Premier
ministre, chargé de la Planification écologique et énergétique
> Le Travail est un droit et un devoir. Derrière
chaque emploi retrouvé, derrière chaque petit point de baisse de chômage, il y
a des Français qui retrouvent fierté et dignité.
Et il faut regarder la réalité en face : sept ans après, seul un bénéficiaire
du RSA sur dix a retrouvé un emploi durable.
C'est pourquoi nous menons depuis un an une expérimentation dans de nombreux
départements : jusqu’à quinze heures par semaine de formation, de stage et
d'insertion, en contrepartie de l'allocation.
C’est un pari gagnant : une personne sur deux a trouvé un emploi dans les cinq
mois suivants leur entrée dans ce programme.
Puisque les résultats sont là, nous accélérons. Cette expérimentation va être
élargie à de nouveaux départements et généralisée à travers toute la France dès
l'année prochaine.
> Pas de pays fort sans
agriculture forte.
> [Discours lors de sa
rencontre avec son homologue tunisien
Permettez-moi de vous dire, Monsieur le Premier ministre, cher Ahmed, le
plaisir que j’ai à vous recevoir aujourd’hui à Matignon pour votre première
visite en Europe.
C’est pour nous l’occasion d’illustrer la relation spéciale qui existe entre la
France et la Tunisie, deux pays qui renvoient pour nous deux à des liens
affectifs particuliers, via nos familles : vous, votre mère, et moi, mon père.
C’est la force du lien unique entre nos deux pays, qui nous est rappelée chaque
jour par l’entrelacement de nos sociétés qui, chaque jour, se parlent,
échangent, inventent ensemble.
Votre visite aujourd’hui est aussi une visite de travail. Le Président de la
République, je vous l’ai dit, a une très grande ambition pour la relation avec
la Tunisie. Et c’est à nous qu’il revient de mettre en œuvre les choses.
Il nous appartient d’être à la hauteur de l’ampleur de cette coopération, pour
continuer de la porter à un niveau plus élevé encore et être au rendez-vous des
défis et des crises majeurs de notre temps, qu’ils soient géopolitiques,
économiques, climatiques, migratoires, culturels ou encore relatifs à
l’éducation et à la promotion de la langue française.
Nous venons d’en parler, c’est tout cela qui est en jeu dans la rencontre
d’aujourd’hui. Et c’est pourquoi je me réjouis que vous ayez répondu
favorablement à mon invitation. Vous étiez l’un des premiers chefs de
Gouvernement que j’ai eu au téléphone après ma nomination, et le premier que je
reçois à déjeuner à Matignon depuis ma nomination.
Ceux qui prospèrent sur les crises et les malentendus prétendaient que ce
dialogue et cette influence réciproque perdaient du terrain : nous sommes là
pour montrer combien cette relation dépasse les aléas, elle dépasse même les
hommes et le temps court, elle s’inscrit dans la durée.
C’est donc un honneur pour moi de poursuivre et d’approfondir notre dialogue
politique, dans un esprit de partenariat d’égal à égal.
La Tunisie, monsieur le Premier ministre, peut compter sur l’écoute et la
disponibilité de la France, comme nous comptons sur la vôtre. Pour ce faire, je
souhaite que nous puissions échanger très régulièrement ensemble, sur tous les
sujets, en nourrissant notre coopération, en multipliant les déplacements
ministériels de part et d’autre, et en poursuivant le dialogue auquel nos deux
pays et sociétés sont si fortement attachés.
Nos ministres des Affaires étrangères ont abordé de nombreux domaines de
coopération ce matin, dans un esprit très constructif, et nous nous apprêtons à
les aborder également. Je vais en citer quelques-uns rapidement :
- D’abord, la densité de notre relation, qui ne s’est jamais tarie ni démentie
et qui peut s’appuyer sur la richesse exceptionnelle des liens humains qui font
vivre l’ensemble des domaines de la coopération franco-tunisienne.
- Ensuite, notre volonté commune de renforcer encore notre partenariat
économique. Près de 1 500 entreprises françaises implantées en Tunisie font
vivre notre relation. Elles contribuent à l’économie et à son dynamisme dans
nos deux pays. Nous allons travailler ensemble pour renforcer encore cette
dynamique.
Dans ce contexte, et alors que mon Gouvernement fait tout pour aider nos
agriculteurs, y compris à identifier si besoin des débouchés, je souhaite que
nous avancions ensemble sur les sujets de souveraineté alimentaire. Nous en
avons parlé, et je vous annonce que j’ai décidé de remobiliser le dispositif
français de garantie export (CapFranceExport) pour faciliter l’exportation de
céréales françaises vers la Tunisie.
Un mot aussi sur la Francophonie, que la Tunisie fait rayonner chaque jour de
façon remarquable. C’est un honneur pour la France de reprendre le flambeau en
octobre prochain à Villers-Cotterêts, après la très grande réussite du Sommet
de Djerba. C’est un flambeau que nous nous passons.
Je veux aussi le rappeler aujourd’hui : pour l’Union européenne, la Tunisie est
un partenaire stratégique. Ce sont les messages que nous passons auprès de nos
partenaires européens. Le mémorandum d’entente, destiné à renforcer en
particulier la coopération en matière économique et migratoire entre l’Europe
et la Tunisie, doit être mis en œuvre dans un esprit de partenariat d’égal à
égal. J’insiste à nouveau sur ces mots.
Enfin, face aux crises multiples et dans un contexte international extrêmement
incertain, notre dialogue franc et constructif est essentiel. Je souhaite que
nous le poursuivions ensemble.
Vous l’aurez compris, ma feuille de route pour la relation franco-tunisienne
est ambitieuse, et c’est avec enthousiasme que j’aborde ces consultations.
A nouveau, bienvenue à Paris, cher Ahmed, bienvenue à votre délégation, et au
travail pour avancer ensemble au service de la relation unique entre la France
et la Tunisie.
Bruno Le Maire,
ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et
Numérique
> Comme promis, l’inflation passe sous les 3 %
en février ! Une première depuis deux ans. Le combat contre l’inflation est en
train d’être gagné. D’ici la fin de l’année, nous devrions nous rapprocher de
notre cible de 2 %.
> Je m'y étais
engagé le 14 novembre 2023 ! Aujourd'hui, l'Assemblée nationale a adopté à
l'unanimité l'extension des tarifs réglementés de l’électricité aux TPE et aux
petites communes ! C'est une excellente nouvelle pour nos boulangers, nos
artisans, nos agriculteurs, nos communes ! Merci à l'ensemble des groupes
parlementaires pour ce consensus au service des Français. Rendez-vous le 3
avril au Sénat pour l’adoption définitive !
Gérald Darmanin,
ministre de l’Intérieur et des Outre-mer
> Baisse record des agressions de
sapeurs-pompiers. En 2023, pour la deuxième année consécutive, les agressions
de sapeurs-pompiers dans l’exercice de leurs fonctions sont en baisse de 7%,
même si elles sont encore trop nombreuses. Le plan de prévention des violences
contre les soldats du feu que nous avons mis en place en 2020 porte ses fruits
sur la durée. Nous ne relâcherons pas nos efforts pour les protéger.
Catherine Vautrin,
ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités
> Notre but est de
faire du RSA un véritable dispositif d'accompagnement vers l'emploi. Avec Gabriel Attal, nous avons détaillé aujourd'hui
l'expérimentation pour que le RSA soit versé en contrepartie de 15h d'activité
par semaine. Objectif plein emploi!
> Je suis favorable à ouvrir la
possibilité dans la loi d’accueillir les animaux de compagnie en EHPAD.
Respectueuse du travail du parlement et de son calendrier, j’invite la CMP à se
saisir de cet enjeu de société en vue d’humaniser davantage nos EHPAD.
> 3,5 millions de Français
souffrent d’une maladie rare. Nous devons tout faire pour améliorer leur prise
en charge. Pour la journée internationale des maladies rares, l’action se mêle
à la sensibilisation. Voici nos premières mesures issues du 4ème plan national.
À l'occasion de la journée internationale des
maladies rares, je me suis rendue sur ce lieu symbolique de la Plateforme
maladies rares où j'ai échangé avec les associations. Je suis convaincue que
notre force réside dans notre unité et notre engagement dans la recherche, et
dans l'investissement pour lutter contre l'errance médicale sur tout le
territoire. Un immense merci à tous les acteurs associatifs qui portent avec passion
cette mission. Cette journée internationale, née sur la Plateforme des maladies
rares, a rayonné à travers le monde, faisant de ce combat une source de fierté
française, unissant nos efforts pour apporter un soutien vital à 3,5 millions
de personnes en France. Je me suis ensuite rendue à la maison des maladies
rares à l’hôpital Bicêtre de l'APHP. Installée depuis 2020,
cette structure est devenue un acteur majeur de la prise en charge des patients
et de leurs proches contre les maladies rares. Elle rassemble l'ensemble des
structures de coordination du parcours de soin et de la recherche et de l'enseignement
autour des maladies rares du groupe hospitalier Paris Saclay. Je tiens également
à exprimer ma gratitude envers tous les soignants qui travaillent sans relâche
pour apporter le meilleur accompagnement aux patients.
Nicole Belloubet,
ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse
> [Paris: proviseur de lycée menacé de mort
après avoir demandé à une élève d’enlever son voile] J’adresse tout mon soutien
au proviseur et à l’ensemble des équipes du lycée Maurice Ravel face à cette
situation inacceptable. Nous ne laisserons rien passer. Dès la connaissance des
faits, j’ai mobilisé les services pour garantir la sécurité du proviseur et
saisi le procureur.
> Annoncé
par Gabriel
Attal, les
élèves de seconde réaliseront désormais un stage obligatoire. À
Saint-Maur-des-Fossés, où cette démarche était déjà en place, les témoignages
des élèves de première sont très positifs. Un gain pour leur orientation et la
découverte des métiers ! Et nous accélérons pour aider chaque élève dans sa recherche
de stage.
Marc Fesneau,
ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
> Très heureux le
développement de solutions concrètes pour les agriculteurs dans le cadre de
France 2030 et du Plan stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait
européen des substances actives et le développement de techniques alternatives
pour la protection des cultures (Parsada).
Ce seront 218 millions d’euros investis dans de nouveaux dispositifs de
recherche et d’innovation en faveur de la transition agro-écologique et des
alternatives aux produits phytosanitaires. Merci aux acteurs de la recherche,
dont l’INRAE, l’ACTA et les instituts techniques, et aux acteurs des filières pour
leurs engagements dans le Programme de recherche (PEPR) consacré à la sélection
végétale avancée, dans le Grand défi biocontrôle et biostimulation, et dans le
Parsada, dont je viens de signer les 2 premières lettres d’engagement, pour
développer des alternatives sur le désherbage des fruits et légumes transformés
d’une part, des céréales, betteraves et légumineuses d’autre part.
> [Deux accords de libre-échange
signés entre l'UE, le Chili et le Kenya] Il y a des accords qui peuvent être
acceptables et d'autres non. Personne chez nous n'a jamais dit qu'il fallait
renoncer à commercer. Ce serait une hypocrisie vaste.
> [Prix-planchers] Le président
de la République ne compte pas fixer des prix. C'est construire le prix à
partir d'indicateurs.
> [Colère des agriculteurs] Il y
a un certain nombre de gens qui se servent de cette colère, sans apporter le
moindre début du commencement d'une réponse en dehors du célèbre «y'a qu'à,
faut qu'on».
> Le Gouvernement est au
rendez-vous de ses engagements. L’arrêté mettant à jour la liste des métiers en
tension vient d’être publié. Quatre familles professionnelles sont désormais
considérées comme métiers en tension sur tout le territoire métropolitain (agriculteurs
salariés, éleveurs salariés, maraîchers et horticulteurs salariés, viticulteurs
et arboriculteurs salariés). Les entreprises du secteur agricole pourront ainsi
recruter, en tant que de besoins, de la main d’œuvre hors Union européenne par
la dispense de l’opposabilité de la situation de l’emploi.
> L’objectif du plan de
Souveraineté blé dur porté par la filière que j’ai présenté, est double :
Produire plus et plus durablement.
Organisé autour de 3 volets concernant la sécurisation de la filière sa
décarbonation et la sélection variétale, ce plan a pour objectif de proposer à
tous les maillons de la filière des solutions concrètes. Prévu sur une durée
initiale de 5 ans, avec un montant de 43 millions d’euros, dont une part Etat
susceptible d’y être consacrée estimée à 11 millions d’euros. Les travaux se
poursuivront dans les semaines qui viennent afin que les premières actions
puissent être lancées au plus vite.
> Heureux de retrouver un an
après au Salon de l’agriculture la
filière fruits et légumes pour marquer ensemble une nouvelle étape vers la
souveraineté. Le plan que nous avons lancé lors du dernier salon
résultant d’une démarche collective vise à atteindre l’objectif cible de gagner
5 points de souveraineté en fruits et légumes dès 2030 et d’enclencher une
hausse tendancielle de 10 points à horizon 2035. Ce plan répond à un double
enjeu :
- Celui de la reconquête de notre souveraineté dans un secteur clé de
l’alimentation ;
- Celui d’une production durable et résiliente face au dérèglement climatique.
Grâce au cadre cohérent et ambitieux que nous nous sommes fixés, cette année
2024 sera marquée par une poursuite de nos engagements et notamment par la
mobilisation de 100 millions d’euros supplémentaires.
> L’agriculture biologique
connaît des difficultés conjoncturelles liées à un fléchissement de la demande.
Le ministère de l’agriculture entend renouveler le
soutien du Gouvernement aux exploitations en bio, avec la mise en place d’un
nouveau fonds d’urgence, doté d’une enveloppe réhaussée à 90 millions d’euros.
Nous devons également inciter la consommation. C’est tout l’enjeu du prochain
programme Ambition bio qui visera à :
- Stimuler la demande
- Consolider et développer les filières
- Accompagner les opérateurs face aux enjeux sociétaux et environnementaux
d’aujourd’hui et de demain.
La communication sera également renforcée. La signature du Contrat d’objectifs
et de performances de l’Agence bio y contribuera. Maintenons le cap, des engagements et des
moyens pour la bio.
Rachida Dati,
ministre de la Culture
> Tour Eiffel, rétablissons la vérité des faits
: Anne Hidalgo est manifestement mal informée. Le ministère de la
Culture s’est acquitté de toutes les factures qui lui ont été présentées.
Pourront être versés par le ministère de la culture 1,4M€ restant à la société
d’exploutation de la Tour Eiffel. Dès que les travaux auront été effectués et les factures
présentées. Il n’y a donc aucun retard du côté de l’administration
Le ministère de la Culture qui fait les versements,
comme à l’accoutumée. La Tour Eiffel est un patrimoine qui appartient à toute
la nation et qui mérite une véritable attention et non des insinuations
malveillantes de Mme d’Anne Hidalgo.
> Félicitations au Musée du Louvre dont la dernière
opération « Tous mécènes ! » pour Le Panier de fraises (1761) de Chardin est un
immense succès. Merci aux 10.000 donateurs individuels et à LVMh pour sa participation
exceptionnelle. Grâce à vous, les plus belles fraises du monde entrent au Louvre.
Éric Dupond-Moretti,
garde des Sceaux, ministre de la Justice
> [IVG dans la Constitution] Les femmes sont
libres, il était important que les deux assemblées le disent.
Stéphane Séjourné,
ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, secrétaire général de
Renaissance
> [Crise Gaza] La situation humanitaire à Gaza est catastrophique depuis
plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Et cela crée des situations
indéfendables et injustifiables dont les Israéliens sont comptables ; il
faut qu’Israël l’entende. Nos efforts auprès des autorités israéliennes pour
augmenter le nombre de points de passage et de camions humanitaires n’ont pas
été satisfaits. La famine ajoute à l’horreur. Les gens attaquent le peu de
convois qui passent ; les responsabilités sur le blocage de l’aide sont
clairement israéliennes. Comme nous avons été très clairs après les attaques du
7 octobre [2023] pour rappeler le droit d’Israël à se
défendre, on doit être clair sur les dérives dans Gaza.
> [Crise Gaza] La Cour internationale de justice et la
Cour pénale internationale sont saisies. Sur le volet génocide, je ne souhaite
pas que ce mot soit utilisé politiquement, notamment par les oppositions, parce
qu’il y a une question d’intentionnalité qu’il revient à la justice
internationale de trancher. Je veux tordre le cou à cette idée du deux poids,
deux mesures qu’on peut entendre de la part d’un certain nombre d’Etats. Il
suffit de regarder nos votes aux Nations unies, notre mobilisation humanitaire…
> [Crise Gaza] Israël n’a pas modéré ses opérations et
notre rôle est de le dire publiquement. Ce que demande la CIJ correspond à ce
que le gouvernement français demandait avant même cette décision. Nous le
disons aussi au gouvernement israélien. Aujourd’hui, on est dans une impasse
sur Rafah et une opération militaire telle que les Israéliens la conçoivent
serait un nouveau désastre humanitaire ; nous faisons tout pour l’éviter.
> [Preuves des allégations israéliennes accusant des
personnels palestiniens de l’agence de l’ONU pour les réfugiés (UNRWA) d’avoir
participé aux attaques du 7 octobre 2023] Non. Mais ces allégations
ont provoqué un malaise chez les donateurs. Il nous faut de la transparence
grâce aux audits en cours et des garanties pour l’avenir ; mais la France,
contrairement à d’autres, n’a pas suspendu ses financements. Ce n’est pas parce
qu’un service public détecte des gens indésirables qu’on ferme le service
public.
Il faut que les Israéliens comprennent que l’UNRWA ne concerne pas seulement
Gaza, mais aussi les pays qui accueillent des réfugiés palestiniens, comme la
Jordanie. L’Union européenne vient d’annoncer le versement de 50 millions
d’euros. Vu la situation catastrophique sur place, on ne gagnerait rien à ce
que l’UNRWA se retire de la bande de Gaza.
> [Crise Gaza] Les Etats-Unis déploient une force
diplomatique irréprochable. Nous travaillons ensemble à chercher des solutions,
à créer des coalitions avec les pays arabes modérés. Dans plusieurs semaines ou
plusieurs mois, nous pourrons proposer un débouché politique, et pas seulement
sécuritaire. Le contexte électoral américain pèse sur la situation et
l’inflexibilité du gouvernement israélien est sans doute liée aussi à ces
échéances américaines.
Certains sont tentés de négocier un cessez-le-feu uniquement humanitaire avec
une libération des otages, pour reprendre le jour d’après les opérations
militaires. Mais un cessez-le-feu doit être durable et il y a urgence.
> [Crise Gaza] Il ne faut pas penser que la France toute
seule aura un impact sur le Proche-Orient. Chacun a son levier. La diplomatie
française le dit pour la première fois : la reconnaissance de l’Etat
palestinien est un élément du processus de paix qu’il faut utiliser au bon
moment. Ce bon moment s’évaluera le moment donné.
L’Arabie saoudite a d’autres leviers, avec notamment la question de la
normalisation avec Israël ; les Etats-Unis sont capables d’actionner
ou non leur soutien militaire. Ce n’est pas nous qui pouvons imposer un embargo
sur les armes ! C’est une conjonction d’éléments qu’il faut utiliser de
manière coordonnée au niveau diplomatique.
> [Sanctions contre vingt-huit colons israéliens] C’est
plus que les autres pays qui ont pris de telles mesures. Cela donne le ton de
notre positionnement diplomatique et met un élément de visibilité sur ce qui se
passe en Cisjordanie, qui est totalement inacceptable.
> [Crise Gaza] Israël est une démocratie, qui choisit ses
dirigeants politiques et que nous respectons, même si nous ne partageons pas
toutes leurs convictions. Cela constitue l’une des limites de l’exercice pour
nous. On ne peut pas imposer une solution qui ne serait pas partagée. La
question du gouvernement israélien existe donc, mais, avec les Etats concernés
dans la région, les pays arabes, les Occidentaux, notre capacité à faire
pression devra porter ses fruits.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] La France doit
être du bon côté de l’histoire. Nous ne voulons pas nous retrouver dans une
situation analogue à celle de septembre 1938. Pour comprendre notre logique, il
faut avoir conscience de la situation. Il s’agit probablement d’un moment de
bascule. Il faut que notre soutien à l’Ukraine dure si nous voulons protéger
les Français.
Le risque de victoire russe en Ukraine aurait un coût exorbitant. Pour notre
sécurité collective, ce ne serait plus 2 % du PIB qui serait nécessaire en
matière de défense, mais bien plus. La situation serait également
catastrophique sur le plan économique. Dans le seul domaine agricole, la Russie
prendrait le contrôle de plus de 30 % de la production mondiale de blé, au
risque d’utiliser sa position sur ces marchés comme une arme contre nous,
Européens.
Nous savons par ailleurs que la Russie ne s’arrêtera pas là, tout cela dans un
contexte d’incertitude dans la perspective des élections américaines. Si nous
n’avons pas les Américains à nos côtés, il va falloir que l’on mette beaucoup
plus. Sans oublier les attaques russes contre la France qui se multiplient sur
le plan cyber et informationnel, autour de deux grands rendez-vous, les
élections européennes et les Jeux olympiques.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Il s’agit de
mettre en échec la Russie sans faire la guerre à la Russie. Rien n’est exclu
dans ce cadre-là. Cela ajoute de l’ambiguïté stratégique à notre engagement, ce
qui permet de démontrer à la Russie notre détermination à envisager d’autres
actions sur le terrain. Cela a été envisagé pendant la conférence de Paris, le
26 janvier. Quand on parle de déminage, de défense cyber, de productions
d’armes, de formation, nous aurons besoin de personnel sur le terrain.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Non. Il ne s’agit
pas de faire la guerre en Ukraine. On nous a accusés à chaque étape de franchir
ce seuil. C’est faux à chaque fois et ça reste faux cette fois. Nous nous
sommes posé la question à chaque étape de notre soutien à l’Ukraine. Quand nous
avons envoyé de l’aide humanitaire, on nous a dit attention à la cobelligérance
parce que vous soutenez un pays en guerre. Pareil pour les armes, les chars,
les avions. Ce n’est surtout pas à la Russie de déterminer quel doit être le
mode d’action des Européens pour soutenir l’Ukraine.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] La menace
nucléaire a été agitée régulièrement par Vladimir Poutine à chaque étape du
renforcement de notre soutien, lors de l’envoi des canons Caesar par exemple.
Cette désinhibition à utiliser la dissuasion nucléaire est à la fois
inquiétante mais elle montre aussi que notre débat a eu un impact.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Nous avons besoin
de cohérence. Quand on entend quinze jours avant la réunion le ministre de la
défense allemand, Boris Pistorius, dire que nous serons probablement en guerre
avec la Russie d’ici à cinq ans, il faut selon nous en tirer les conséquences. Ce
débat vieillira très bien en Europe car il est nécessaire. Il ne demandait qu’à
émerger.
Les dirigeants participant à la réunion n’ont pas été pris au dépourvu. Ils
savaient très bien quel était l’ordre du jour, et qu’il ne s’agissait pas
d’envoyer des troupes combattantes au sol. Nous avons en tête de faire plus,
mieux et autrement, pour renverser le rapport de force avec Moscou. Il est
nécessaire de poser ce débat entre nous, même s’il n’y a pas encore de
consensus. Sur l’essentiel, nous avons la même analyse de la situation et les
mêmes objectifs : faire échec à la Russie.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Il n’y a pas de
clash franco-allemand, nous sommes d’accord sur 80 % des sujets. J’ai
parlé avec mon homologue allemande, Annalena Baerbock, nous nous verrons mardi
prochain à Paris. Il y a la volonté de se parler. Je le dis de façon très
sincère, tout ce que nous avons exclu de faire à un moment donné, nous l’avons
fait six mois plus tard du fait de la situation. Nous avons déjà des degrés
d’engagement différents avec l’Allemagne, par exemple sur les missiles. Il n’y
a là aucun drame puisque nous avons le même objectif de soutien à l’Ukraine.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Pour l’instant, il
n’y a pas de présence militaire [en Ukraine], seulement du soutien sous forme
de matériel et d’armement. Il y a d’ailleurs beaucoup de désinformation de la
part des Russes, qui anticipaient les débats de ce type en Europe en pointant
du doigt la présence de présumés mercenaires. C’est faux et cela cherche à
déstabiliser nos opinions publiques en affirmant que c’est nous qui agressons
la Russie. Les Russes ont une capacité incroyable à renverser le narratif.
C’est un pays agresseur, qui viole le droit international et la souveraineté
d’un Etat, et donc la charte des Nations unies. Nous aidons l’Ukraine à
défendre ses frontières ; nous ne faisons pas la guerre à la Russie, mais
elle veut nous faire croire que nous l’agressons. Nous ne devons pas nous
laisser prendre à ce piège.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] La question n’est
pas électorale, elle est existentielle. L’Ukraine est au centre des débats
électoraux [pour les Européennes] parce qu’il y a de fait des différences de
position sur le sujet. Je préférerais que cela ne soit pas le cas et qu’il y
ait un large consensus au-delà des clivages partisans. Je le dis aux
oppositions du bloc pro-ukrainien : évitons de nous diviser sur ce sujet.
Nous n’avons rien à gagner à une polémique nationale sur l’aide à l’Ukraine et
j’invite chacun à mesurer que ce qui se passe en Ukraine nous concerne tous.
> On a tendance à oublier que la Russie a fait campagne
contre nous en 2017, que Poutine lui-même a fait campagne pour Marine
Le Pen, qu’il l’a reçue à Moscou. En 2022, elle proposait encore dans
son programme une alliance militaire avec la Russie. Je me rappelle aussi des
déclarations, avant l’invasion, de Jean-Luc Mélenchon, par antiaméricanisme, et
de Le Pen, par pro-poutinisme. Il y a soit beaucoup de naïveté, soit de la
complaisance. On peut avoir des divergences d’appréciation ou de calendrier,
mais reprendre à son compte les contrevérités russes, cela n’est pas possible.
> On ne peut pas se retrouver
dans la même période que septembre 1938. Notre objectif : mettre en échec la
Russie, sans faire la guerre à la Russie.
> Si l'Ukraine tombe aux mains de
la Russie, les conséquences économiques et humanitaires pour les peuples
européens seraient catastrophiques.
> Ceux qui nourrissent
aujourd'hui l'escalade, ce sont les Russes. Ceux qui attaquent aujourd'hui
l'Ukraine, ce sont les Russes. Ceux qui mettent en danger la sécurité de
l'Europe, ce sont les Russes.
> Nous soutiendrons la demande de
l’ONU d'une enquête indépendante sur les événements injustifiables de la nuit
dernière à Gaza.
> Sur les événements à Gaza, nous
ne pouvons pas justifier l'injustifiable, notamment en ce qui concerne la
situation humanitaire. Nous continuons d'œuvrer à un cessez-le-feu.
Christophe Béchu,
ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] j'aimerais qu'on se rappelle dans
quel contexte cette phrase [sur une éventuelle présence de troupes françaises
en Ukraine] a été prononcée, elle a été prononcée à l'occasion du deuxième
anniversaire, si j'ose utiliser ce mot, de l'invasion par la Russie d'un pays,
l'Ukraine, qui est en Europe et qui est à nos portes. Tous les chefs d'Etat et
de gouvernement se sont retrouvés pour réaffirmer un soutien à l'Ukraine. Et
dans ce contexte, le président de la République a rappelé le chemin qu'on avait
parcouru, en disant : il y a deux ans, vous aviez dans tous les cénacles, y
compris parmi une partie des dirigeants européens, des gens qui disaient : on
est d'accord pour envoyer des sacs de couchage et des gilets pare-balles, mais
pas d'armes. Il y a un an, on avait un débat sur le fait de savoir s'il fallait
faire en sorte de donner des blindés, des missiles, pour permettre aux Ukrainiens
de se défendre, et en rappelant ce qu'avaient été les étapes, et en mesurant la
nécessité de maintenir un soutien à l'Ukraine, le président de la République,
dans cette continuité, qui n'a pas annoncé un calendrier de déploiement, il a
dit : on ne peut rien exclure, et dans un contexte où ça n'est pas notre
guerre, mais où c'est déjà notre sécurité qui se joue en Ukraine, nous devons
donner aux Ukrainiens les moyens de ne pas perdre, sinon, après, où s'arrêtera
la Russie ?
D'abord, je rappelle le contexte. Ensuite, j'écarte totalement la question
américaine, compte tenu de ce qui est déjà l'élection présidentielle dans
quelques mois, avec les positions de Trump sur l'OTAN et sur d'autres sujets,
les déclarations de Biden, elles n'ont rien à voir avec la guerre en Ukraine.
Elles ont toutes à voir avec la politique intérieure américaine.
En ce qui concerne nos alliés européens, il y a eu par le passé, y compris à
l'intérieur de tous ceux qui aujourd'hui soutiennent de façon ferme et unanime
la coalition, plus exactement, les Ukrainiens, il y a eu par le passé des
désaccords avec certains disant qu'il ne faudrait jamais envoyer de blindés,
qu'il ne faudrait jamais envoyer de missiles, qu'il ne faudrait jamais envoyer
d'avions et à toutes les étapes, le consensus a été de mesurer que si nous
n'aidions pas les Ukrainiens, à terme, ce qui se passerait, ce serait la remise
en cause de nos valeurs.
On part d'une phrase dans laquelle le président dit qu'il ne faut rien exclure,
qu'il faut maintenir une ambiguïté stratégique par rapport à la Russie. Mais
une phrase qui a le mérite de rappeler une évidence, détourner le regard de ce
qui se passe en Ukraine. Mais le président de la République n'a pas dit qu'il
voulait envoyer les troupes belligérantes, quand il dit qu'on ne peut pas
exclure les troupes au sol, il parle aussi bien d'instructeurs, de gens
capables d'aller conduire et accompagner.
La phrase est suffisamment large pour, dans le cadre d'une ambiguïté
stratégique, qui fait partie des armes dont nous avons besoin vis-à-vis des
Russes, bien insister sur le fait que notre soutien aux Ukrainiens, il est
potentiellement sans limites.
> Le Premier ministre n'a pas dit : il y a dans ce pays
des électeurs pro-Poutine. Il a dit : il y a des dirigeants politiques qui, à
toutes les étapes, malgré les propos sur les plateaux de télévision, ont au
Parlement européen, refusé d'aller voter les sanctions, ont émis des doutes sur
la nécessité de renforcer le soutien à l'Ukraine, se sont interrogés sur le
fait qu'il ne fallait pas qu'on aille trop loin dans ce qu'on leur apportait.
Et de ce point de vue, il y a une étrange symétrie entre une extrême gauche et
une extrême droite qui, des deux côtés, avaient à la fois une fascination pour
Poutine et, sous couvert de : attention à ce qu'il n'y ait pas de débordements,
à toutes les étapes, se sont finalement efforcés de limiter ce que pouvait être
notre soutien à l'Ukraine. Je le redis, c'est facile de détourner le regard.
C'est facile d'oublier que c'est à 3h. C'est facile d'oublier qu'il y a plus de
30.000 jeunes Ukrainiens qui sont morts dans ces conflits. Mais il se passe
quoi après ? On s'est gargarisé pendant des années de vivre dans un continent
qui connaissait la paix. Ça n'est plus le cas. On a aujourd'hui les
conséquences économiques, et on commence à avoir une partie de pressions sur
nos valeurs, sur l'ambiance du débat. (…)
Enfin, on peut tout effacer, on peut oublier le passé. Mais quand le Premier
ministre rappelle qu'il y a deux ans, Marine Le Pen expliquait qu'il nous
fallait une alliance militaire avec la Russie. Le débat que vous auriez si le
résultat de l'élection aux présidentielles avait été différent, c'est
d'interroger un ministre de Marine Le Pen pour savoir si nous allions envoyer
des troupes aux côtés des Russes pour les aider à finir le travail en Ukraine ?
Enfin, je veux dire, il faut quand même remettre les choses à leur place. Le
Premier ministre n'a pas inventé des propos, quand le président rappelle ce
qu'ont été les fidélités passées des uns et des autres. Effectivement, cette
phrase de Marine Le Pen, rappelant qu'elle était favorable à une alliance
militaire avec la Russie, elle devrait nous faire aujourd'hui bien plus réagir
que l'étendue de notre soutien aux Ukrainiens.
> Quand on a des débats sur les insectes pollinisateurs,
il faut mesurer que si demain on n'a plus d'insectes pollinisateurs, et qu'il
faut que des agriculteurs doivent eux-mêmes polliniser, les conséquences, y
compris économiques, croyez-moi, elles seront lourdes. Donc c'est l'intérêt de
tout le monde qu'on préserve cette nature.
> Il y a une ligne rouge absolue, c'est la santé humaine.
Rien, dans ce qui a été annoncé, ni par le Premier ministre, ni par le
Président de la République, ni par le gouvernement, ne remet en cause la santé
humaine. Les sujets sur lesquels nous avons cheminé, c'est, 1°) : la question
de l'indicateur, on va être très simple, si on a des règles qui s'appliquent en
France, que vous interdisez des produits, mais que les mêmes substances sont
autorisées de l'autre côté de la frontière, et que vous trouvez dans les rayons
de votre supermarché des produits qui ont été faits avec ça, c'est hypocrite.
C'est scandaleux, donc, très concrètement, quand vous dites : on va prendre un
indicateur européen, et c'est sur la base de cet indicateur européen qu'on va
regarder si on est bon ou si on n'est pas bon, je pense que c'est un moyen
d'objectivité. (…)
Des plans Ecophyto, il y en a depuis 2008, et vous savez, le premier, il ne
s'est rien passé, 2008-2012, le deuxième, 2012-2017, il ne s'est rien passé. Le
troisième, on a eu pour la première fois une baisse sur une chose, pas l'usage
global, mais la dangerosité, 96 % des phytosanitaires les plus dangereux, ceux
qui sont classés CMR1, ont disparu. Et le rappeler, c'est à la fois rappeler
que les agriculteurs, ils ne sont addicts, accros, et ils ont envie d'aller
utiliser des produits qui sont dangereux pour leur santé. Ils ont besoin
d'avoir des solutions pour être capables de nous nourrir et de produire. Et
que, si on veut interdire des produits, et il y en a que nous devons interdire
pour préserver la biodiversité et y compris pour avoir des conséquences sur la
santé humaine, il faut en parallèle qu'on les aide à trouver des solutions, et
qu'on sorte de l'hypocrisie qui consiste à les laisser autoriser à l'extérieur
de nos frontières. Ça me semble une proposition simple
> Si en matière de finances publiques, on se contente de
regarder les moins sans regarder d'où on part, on ne peut pas ne pas
s'apercevoir qu'on est le pays aujourd'hui en Europe qui a le niveau de
prélèvements obligatoires le plus élevé, le niveau de dépenses publiques le
plus élevé. Donc si à chaque fois que vous touchez à 1 euro de dépenses
publiques, vous dites : c'est l'austérité, on est à l'os, c'est une cata, que
dirait-on de nos voisins ? Et je le redis, le budget de cette année, eh bien,
oui, c'est plus 8, au lieu de plus 10, parce qu'on a moins de croissance. Eh
bien, à la fin, si on augmente notre dette, et qu'on pense que c'est comme ça
qu'on sauvera la planète, je pense qu'on se plante. Il faut qu'on soit capable
de mesurer un effort qui tienne compte aussi de l'impact et de la pression. Je
suis pour une écologie de progrès. Je ne suis pas pour une écologie qu'on
assimile à des hausses de taxes ou à des interdictions.
> Le pouvoir d'achat immobilier des Français, il a reculé
parce que vous avez au cours de ces derniers mois une explosion des taux
d'intérêt et puis une inflation liée à la guerre en Ukraine qui a fait exploser
les coûts de construction. Face à ça, où vous mettez la tête dans le sable ou
vous vous dites que pour redonner du pouvoir d'achat immobilier, il faut qu'on
soit capable de regarder ce que sont la façon dont on emprunte. Et très
clairement, y compris en allant regarder au-delà de nos frontières ce que sont
les exemples. Les propositions qui sont sur la table, je ne les ai pas
inventées, elles consistent à regarder ce que nous faisons. Mais nous Français,
on est très forts dans plein de domaines. On a parfois le droit d'avoir un peu
d'humilité et de se dire que d'autres, confrontés aux mêmes soucis, ont
peut-être trouvé des solutions qu'on a le droit de copier.
Amélie Oudéa-Castéra,
ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques
> Une étape de plus est franchie dans la lutte
contre les violences dans le sport ! Avec l’adoption définitive de cette
proposition de loi, nous renforçons à la fois l’obligation de signalement des
acteurs sportifs, le contrôle de l’honorabilité des encadrants et son
efficacité dans l’éloignement des comportements à risque.
> Inauguré ce matin par le
Président de la République, Emmanuel Macron, le Village des athlètes des JO de Paris est l’emblème du modèle
d'organisation des grands événements sportifs que nous portons :
- Une livraison du site dans les temps et les budgets annoncés, et un véritable
exploit piloté par la Solideo de faire sortir de terre en 6 ans un village de
52 hectares, avec la mobilisation de plus de 1700 entreprises, vitrines des
savoirs-faire français, et l’implication de toutes les collectivités concernées
!
- Un projet exemplaire sur le plan social et environnemental, avec un bilan
carbone réduit de moitié par rapport à un chantier classique, grâce à
l'utilisation des matériaux bas carbone, du transport fluvial et au recours au
réemploi. Et plus de 2000 travailleurs auront bénéficié d’1,5 million d’heures
d’insertion sur le chantier, dépassant ainsi largement nos objectifs.
- Un site qui restera en héritage pour le territoire et ses habitants. Après
les Jeux, 6 000 personnes bénéficieront d'un logement dans le village
reconverti, et autant de salariés viendront y travailler, concrétisant ainsi
notre ambition de Jeux durables et transformateurs pour la Seine-Saint-Denis. Un grand bravo
à tous les acteurs mobilisés dans ce projet, la France est une nation de
bâtisseurs !
Sylvie Retailleau,
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
> Notre agriculture est une fierté. Les acteurs
de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation œuvrent chaque
jour pour l’accompagner dans la transition agroécologique. Leur talent et leur
travail sont une chance pour relever collectivement ce défi immense !
> La coopération
scientifique franco-britannique
est profonde et historique. Au comité mixte pour la science, la technologie et
l’innovation, nous la renforçons autour de l'hydrogène bas carbone, l'éthique
en IA, l'observation spatiale et la sécurité de la recherche. 850 000€ y seront
dédiés.
Marie Lebec, ministre
déléguée auprès du Premier ministre chargée des Relations avec le Parlement
> [Lutte contre la violence sexuelles dans le sport] En tant que responsables publics, notre premier
devoir était de regarder les violences dans le sport avec lucidité. Elles
concernent un enfant sur sept, chiffre qui recouvre autant d’existences abîmées
et de vies parfois brisées. Elles prennent des formes diverses, qu’il faut
dénoncer clairement pour en faire prendre pleinement conscience :
harcèlement, agression sexuelle, viol ou encore pédocriminalité. Elles
s’observent du sport amateur jusqu’au plus haut niveau de performance avec,
dans plus de 80 % des cas, des victimes mineures, filles et garçons. Elles
ne constituent pas une exception pour un sport en particulier mais un mal
transversal à éradiquer dans toutes les disciplines.
Cette lucidité a d’abord demandé une
prise de conscience collective, malheureusement toujours trop lente quand il y
a des victimes. Elle a malgré tout permis d’engager une lutte sans merci pour
éradiquer ces violences. Nous avons pour boussole un principe très clair qui
nous guide chaque jour : la tolérance zéro. C’est en l’appliquant que, ces
trois dernières années, nous avons considérablement renforcé notre arsenal.
Il comporte un volet répressif. Pour ne plus laisser passer ces violences, nous
avons créé la cellule Signal sports, qui centralise les signalements de
violences sexuelles et sexistes. Elle a déjà traité plus de
1 250 dossiers pour des faits de violences, dont 90 % à
caractère sexuel. Une campagne a été lancée cette semaine pour mieux faire
connaître le dispositif.
Nous mobilisons l’ensemble des leviers à notre disposition, à commencer par les
leviers judiciaires. Un signalement systématique au procureur de la République,
au titre de l’article 40 du code de procédure pénale, rend possible de diligenter
des enquêtes, y compris en l’absence de dépôt de plainte.
Nous actionnons également des leviers administratifs, par le biais
d’inspections et d’enquêtes que la ministre n’hésite pas à lancer, d’autant
qu’elle peut compter sur le renforcement sans précédent des moyens humains
obtenus en 2023 et 2024 avec la création de 56 équivalents temps plein
(ETP) consacrés aux enquêtes et aux contrôles destinés à assurer la protection
des publics. À cela s’ajoutent des mesures d’interdiction d’exercer ou des fermetures
d’établissements sportifs, y compris en urgence, pour faire cesser les
maltraitances et prévenir tout risque de réitération.
Ces leviers sont enfin disciplinaires.
Nous nous assurons que toutes les fédérations respectent bien leurs obligations
en matière de lutte contre ces violences, notamment celles qui ont failli en la
matière, parfois dans un passé pas si lointain.
Notre action collective, soulignons-le, commence à porter ses fruits, qu’il
s’agisse des victimes, grâce à l’allongement des délais de prescription, en
2018 puis en 2021, ou des bourreaux puisque plus de 600 mesures
d’interdiction d’exercer ont été prononcées et plus de
1 300 personnes ont été mises en cause.
Notre arsenal comporte également un volet préventif. Là encore, nous sommes
montés en puissance en renforçant nos exigences et nos moyens, notamment au
travers du contrôle d’honorabilité. Fondé sur la vérification des antécédents
judiciaires, il vise à s’assurer qu’une personne ne fait pas l’objet d’une
condamnation pénale incapacitante prévue par la loi. Auparavant limité aux
250 000 éducateurs titulaires d’une carte professionnelle, il a été
étendu, grâce à la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes
de la République, à plus de 2 millions de personnes, dont les éducateurs
bénévoles, les juges et les arbitres, les maîtres-nageurs titulaires du brevet
national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA) ainsi qu’à toutes les
personnes intervenant auprès de mineurs.
Depuis près d’un an, les services du ministère des sports se sont fortement
investis pour traduire concrètement cette mesure sur le terrain. Nous avons
déployé un dispositif efficace, qui, quoiqu’en grande partie automatisé
– transmission par les clubs des données d’identité, développement d’un
système d’information du contrôle de l’honorabilité –, donne aux services
de l’État la faculté de procéder à des contrôles complémentaires ponctuels,
sans jamais, je tiens à le signaler, pénaliser l’engouement pour le bénévolat
sportif, ni faire peser sur les clubs locaux de trop fortes exigences.
Là encore, les résultats sont au rendez-vous. Les 40 000 nouvelles
cartes professionnelles délivrées en moyenne chaque année font désormais
l’objet d’un contrôle systématique. S’agissant des bénévoles, les fédérations,
qui sont très attendues, se mettent en ordre de marche, comme en témoigne la
multiplication par plus de deux des contrôles réalisés par la fédération
française de football (FFF), par la fédération française de boxe (FFB) ou par
la fédération française de handball (FFH). À la fin du mois de janvier 2024,
1,6 million de personnes ont d’ores et déjà été contrôlées et près de
300 incapacités et mesures de police administrative ont été prononcées
– dont 129 incapacités et 16 mesures d’interdiction d’exercer à
l’encontre d’éducateurs bénévoles.
Pourtant, des faits extrêmement graves sont encore régulièrement révélés, grâce
autant aux médias qu’aux enquêtes que nous diligentons. Cela signifie que nous
pouvons – et que nous devons – faire mieux encore. Tel est l’objet de
cette proposition de loi, qui va contribuer, dès sa promulgation, à renforcer
notre arsenal législatif.
À cet égard, je veux souligner le rôle précieux joué par Sarah Abitbol dans la
rédaction de ce texte, saluer votre travail, madame la rapporteure, et me
féliciter, plus largement, de l’esprit constructif qui a accompagné l’examen de
la proposition de loi et conduit à un vote conforme dès la première lecture à
l’Assemblée nationale.
Ce texte comporte d’importantes améliorations. L’une de ses avancées majeures
consiste en l’introduction dans le champ sportif des modalités de contrôle
d’honorabilité prévues dans le champ social et médico-social, dont la nécessité
de consulter à la fois le bulletin no 2 (B2) du casier judiciaire et le
fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes
(Fijais) lors du contrôle de l’honorabilité. Cela rendra notamment possible de
déclarer l’incapacité, même en cas d’effacement du B2, dès lors que la
condamnation concernée figure toujours au Fijais.
Il inscrit dans la loi l’annualité du contrôle de l’honorabilité et soumet les
responsables d’établissements d’activités physiques et sportives (EAPS) à une
obligation administrative de signaler d’éventuels comportements à risque au
sein de leur club.
En outre, il introduit une mesure administrative d’interdiction de diriger de
tels établissements pour ceux qui seraient peu enclins à lutter contre les
violences à caractère sexuel ou qui seraient eux-mêmes mis en cause. C’est là
sans doute l’apport majeur du texte. Les remontées de faits inquiétants seront
ainsi systématisées et le préfet prendra, chaque fois que c’est nécessaire, des
mesures administratives d’interdiction d’exercer.
Enfin, il ouvre la possibilité de sanctionner administrativement un président
de club qui emploierait un éducateur sportif à l’encontre duquel le préfet
aurait prononcé une interdiction d’exercer parce qu’il présente un risque pour
les pratiquants.
Ce texte apporte une nouvelle brique à l’édifice que nous devons continuer à
bâtir ensemble. Pour avancer dans cette construction, Amélie Oudéa-Castéra a
lancé le 29 mars dernier le Comité national pour renforcer l’éthique et la
vie démocratique dans le sport, coprésidé par Marie-George Buffet et Stéphane
Diagana, dont l’un des chantiers concerne explicitement la protection des
pratiquants contre toutes les formes de violences.
Le Gouvernement souhaite maintenant que le rapport de ce comité, fort de son
approche transversale et concrète, marque l’ouverture d’une nouvelle étape dans
la rénovation de notre modèle sportif. À partir de ses recommandations, une
concertation sera menée dès le début de cette année 2024. Elle prendra toute sa
place dans le cadre de la grande cause nationale. Elle associera notamment les
acteurs territoriaux réunis localement dans les conférences régionales du sport
(CRDS), le mouvement sportif représenté par ses structures faîtières que sont
le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et le Comité
paralympique et sportif français (CPSF) ainsi que par ses fédérations et ses
ligues professionnelles, l’Association nationale des élus en charge du sport
(Andes), les parlementaires, notamment ceux impliqués dans le champ sportif, et
des personnalités qualifiées issues d’horizons divers.
Elle s’appuiera sur les principales propositions du rapport, y compris celles
dont l’ampleur et les modalités de mise en œuvre doivent être encore discutées,
mais pourra également intégrer d’autres dimensions et mesures qui font l’objet
de réflexions en cours, en particulier celles qui résultent des conclusions de
la commission d’enquête de l’Assemblée nationale relative à l’identification
des défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport,
du mouvement sportif et des organismes de gouvernance du monde sportif en tant
qu’elles ont délégation de service public. Je remercie les députés qui ont
œuvré en son sein et plus particulièrement sa présidente Béatrice Bellamy.
Ce temps de concertation prendra place au premier semestre pour aboutir, d’ici
à la fin de cette année, à la construction d’un projet de loi pour rénover le
sport français, qui portera l’héritage des Jeux de Paris 2024. Nous aurons dans
ce cadre un débat essentiel pour améliorer l’éthique du sport français. Notre
seule exigence est de toujours mieux protéger les pratiquants.
Aurore Bergé, chargée
de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les
Discriminations.
> Avec nos agricultrices et nos agriculteurs au Salon de l’agriculture. Ceux qui nous nourrissent. Ceux
qui méritent notre reconnaissance. Ceux pour qui nous devons nous battre pour
des revenus dignes et des droits effectifs. Dans 10 ans, la moitié des chefs
d'exploitation partiront à la retraite, renouveler les générations, c'est aussi
féminiser la profession.
Thomas Cazenave, ministre
délégué chargé des Comptes publics
> 20 millions de produits de contrefaçons saisis
par les douanes en 2023 ! Face à ce fléau qui menace notre sécurité, notre
santé, notre économie, j’ai annoncé aujourd’hui un plan d'action pour renforcer
les moyens des douaniers et démanteler les filières criminelles.
> Baisse de la TVA, retraite à 60
ans, grand emprunt national, exonération d’impôt sur le revenu pour les moins
de 30 ans : 100 milliards d’euros de déficit en plus par an, c’est le prix de
votre démagogie Marine Le Pen.
> Nos services publics sont notre
bien commun et il n'y a pas de bien commun durable si nous ne garantissons pas
la maîtrise de nos finances. Moins de recettes implique moins de dépenses, et
nous faisons porter les efforts sur l'Etat par souci d'exemplarité. Tout cela
sans renoncer à nos ambitions et surtout pas à notre ambition écologique : ce
budget est toujours le plus vert de notre histoire.
Frédéric Valletoux, ministre
délégué chargé de la Santé et de la Prévention
> [Pénurie de médicaments] Cette proposition de loi visant à lutter
contre les pénuries de médicaments traite d’un thème qui fait l’objet d’une
attention prioritaire du Gouvernement, et ce depuis la précédente législature.
Je tiens à saluer l’engagement de la majorité, qui a été volontariste et a
permis de grandes avancées pour nos concitoyens depuis 2017. La disponibilité
des médicaments dans les pharmacies est un sujet de préoccupation majeur pour
tous nos concitoyens et a des conséquences importantes sur leur vie
quotidienne.
Le constat est là : les tensions d’approvisionnement de médicaments sont
devenues courantes en France tout comme dans le reste du monde et ne cessent de
s’aggraver depuis plusieurs années. Chacun ici a pu être confronté à des
problèmes de pénurie et nous comprenons l’inquiétude de nos concitoyens. Les
conséquences des ruptures de stock ne se limitent pas aux hôpitaux et aux
officines, où les pharmaciens passent parfois des heures à trouver des
solutions. Elles se font aussi, et surtout, ressentir pour chaque patient dont
la santé dépend de traitements qui font l’objet de difficultés
d’approvisionnement, ce qui nuit à l’accès équitable à des soins de qualité
pour tous. Rien qu’en 2023, l’ANSM a enregistré une augmentation des
signalements de ruptures de stock et de risques de rupture de plus de 30 %
en un an. Ces chiffres ne sont pas anodins : ils témoignent des
difficultés de nos concitoyens.
Toutes les classes de médicaments sont désormais concernées par les ruptures de
stock ou les risques de rupture. Elles concernent en général les médicaments
matures, c’est-à-dire les plus anciens, donc les moins rentables. Elles peuvent
aussi toucher des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, comme des
médicaments utilisés pour traiter des maladies cardiovasculaires ou des
troubles du système nerveux, ou encore des anti-infectieux et anticancéreux,
vitaux pour les patients qui les prennent chaque jour.
Nous le savons, les causes des tensions d’approvisionnement sont le résultat
d’un faisceau de facteurs concordants. D’abord, elles sont la conséquence du
croisement de plusieurs épidémies hivernales qui provoque une plus forte
demande dans certaines spécialités, alors même qu’on constate déjà une
augmentation globale du besoin en médicaments, dans un contexte de
vieillissement de la population.
Ensuite, la configuration du marché du médicament, qui compte peu de
producteurs mais beaucoup de consommateurs, renforce les risques de pénurie.
Près de 40 % des médicaments génériques sont produits par deux
laboratoires dans le monde et la France n’est qu’un pays demandeur parmi
d’autres.
Enfin, les industriels font face à des tensions sur les matières premières,
aggravées depuis la crise sanitaire, et ils n’ont pas la capacité d’accroître
de manière illimitée et immédiate leur production. Lorsque s’y ajoutent
différents problèmes dans les chaînes de fabrication ou de distribution,
l’arrivée des molécules ou des produits peut être ralentie et augmenter la
durée nécessaire à l’approvisionnement.
Face à ce constat et à la multiplication des pénuries, le Gouvernement n’est
pas resté les bras croisés et a avancé avec méthode. Depuis 2019, nous nous
sommes engagés pour préserver l’accès des Français aux médicaments dont ils ont
besoin. La mise en œuvre de la feuille de route 2019-2022 a permis des avancées
majeures, notamment la constitution de stocks de médicaments minimum pour les
patients, l’interdiction des exportations par les grossistes ou encore des
informations régulières aux prescripteurs. Des actions ont donc été lancées sur
tous les maillons de la chaîne de production et de distribution des
médicaments : les industriels, qui fabriquent les médicaments et alimentent
le marché ; les grossistes répartiteurs, qui les distribuent aux
pharmaciens ; les pharmaciens, qui sont le point de contact des
patients ; enfin, les patients eux-mêmes, sensibilisés au bon usage du
médicament.
Plus récemment, la France s’est dotée de nouveaux outils réalistes et
efficaces, coconstruits avec les acteurs du secteur.
Je le disais, le premier facteur de pénurie est l’augmentation de la
consommation, donc les épidémies croisées, ce qui rend la période hivernale
particulièrement sensible. Pour prévenir une crise hivernale et agir sur les
différentes causes des ruptures de long terme, nous avons pris de nombreuses
mesures visant à garantir des stocks plus importants pour limiter les tensions
d’approvisionnement.
Ainsi, en 2023, de nouvelles étapes ont été franchies. Grâce à la loi de
financement de la sécurité sociale pour 2024, notre cadre juridique, l’un des
plus protecteurs à l’échelle européenne, a été complété afin d’accroître la
capacité d’action des autorités sanitaires pour lutter contre les tensions
d’approvisionnement. Je pense notamment au renforcement des pouvoirs de police
sanitaire et de sanction de l’ANSM, mais également à la dispensation
d’antibiotiques à l’unité, à la production de certaines spécialités par le
service public ou encore à la possibilité pour l’ANSM de requalifier un
médicament pour le considérer comme présentant un intérêt thérapeutique majeur.
Rappelons par ailleurs que depuis les tensions connues l’an dernier, nous avons
élaboré une liste de 450 médicaments essentiels pour la santé de nos
concitoyens, sur la base de recommandations des représentants de prescripteurs.
Ces médicaments font l’objet d’un suivi et d’actions renforcées.
Au-delà du cadre juridique, il faut également responsabiliser tous les acteurs
de la chaîne du médicament. C’est pour cette raison qu’à la demande du
Gouvernement, une charte d’engagement des acteurs de la chaîne du médicament a
été signée en novembre 2023, à l’initiative du ministre Aurélien Rousseau. Elle
comporte neuf engagements visant à mieux contrôler et réguler, favoriser la
transparence de l’information, et responsabiliser chacun dans l’intérêt premier
du patient. Cette charte a permis de fluidifier les relations entre les
différents partenaires, en engageant dans un cercle vertueux les différents
acteurs du secteur, pour pallier notamment le phénomène du surstockage. Elle a
ainsi contribué à lutter contre la répartition très hétérogène des médicaments
entre les territoires et entre les officines d’un même bassin de vie, en réinstaurant
de la confiance entre les différents maillons de la chaîne.
Enfin, nous devons continuer à promouvoir cette ambition au niveau européen,
pour réduire collectivement les tensions d’approvisionnement et renforcer notre
capacité de production. En France, sous l’impulsion du Président de la
République et dans le cadre du plan France 2030, la production de
vingt-cinq médicaments stratégiques sera relocalisée pour les rendre plus
facilement disponibles sur les marchés français et européen. J’en suis convaincu,
la réponse passe par le renforcement de notre souveraineté industrielle.
À l’échelle européenne, notre engagement porte déjà ses fruits. Sous l’égide de
la France et de la Belgique, la Commission européenne a annoncé la création
d’une alliance pour les médicaments critiques, qui sera opérationnelle dès
cette année. Elle sera complétée par un mécanisme européen de solidarité
volontaire en matière de médicaments. Le plan européen prévoit aussi
l’autorisation de dérogations réglementaires à compter de cette année, comme la
prolongation de la durée de conservation de certaines molécules ou
l’acquisition de stocks conjoints entre États membres.
Toutes ces réponses contribuent déjà à faire bouger les lignes, mais il
convient d’aller plus loin et d’agir plus efficacement pour anticiper davantage
les risques et mieux réagir en cas de tensions. À cette fin, les ministres
Catherine Vautrin, Roland Lescure et moi-même avons lancé le 21 février
dernier un plan d’action volontariste pour les trois prochaines années. Cette
feuille de route, fruit de travaux concertés avec l’ensemble des acteurs,
constitue une étape cruciale dans notre engagement collectif à améliorer
l’accès des Français aux médicaments. Elle doit nous permettre de relever le
défi des pénuries avec méthode, détermination et réalisme.
De nombreuses mesures ont déjà été annoncées. Elles visent en premier lieu à
agir sur la répartition territoriale des stocks par la diminution de la vente
directe et le recours aux grossistes répartiteurs, qui alimentent souvent les
petites pharmacies. En second lieu, il s’agit de mieux faire coïncider les
quantités prescrites avec les conditionnements dans les boîtes pour éviter le
gaspillage et limiter la surconsommation de médicaments. Enfin, nous entendons
améliorer la visibilité sur les stocks disponibles, de manière à anticiper les
ruptures de stock dès les premiers signaux et à renforcer l’information des
prescripteurs et des patients. Les grandes orientations proposées dans cette
feuille de route, qui aura vocation à être actualisée régulièrement,
constituent ainsi un éventail de solutions de nature à lutter contre les
pénuries, combat qui nécessite la pleine mobilisation de tous les acteurs de la
chaîne.
Si la conjonction de toutes ces mesures et initiatives volontaristes donne déjà
des résultats encourageants, elle ne doit pas nous faire oublier les
difficultés qui persistent. En 2023, seuls 40 % des signalements de
rupture ont débouché sur des mesures spécifiques de contingentement ou de
substitution pour garantir la couverture des besoins des patients. Une dizaine
de laboratoires ont été sanctionnés par l’ANSM, à hauteur de
500 000 euros, pour avoir déclaré trop tardivement des risques de
tensions ou pour n’avoir pas respecté leurs obligations.
J’ai conscience que la situation reste compliquée, notamment dans certains
territoires ou pour certaines spécialités, et qu’il nous faut amplifier nos
efforts. En ce sens, la proposition de loi inscrite à l’ordre du jour de la
séance de ce soir par les députés du groupe Socialistes et apparentés a pour
ambition de compléter les moyens d’ores et déjà déployés pour lutter contre les
pénuries de médicaments. Si les intentions qui le sous-tendent sont louables,
le texte ne permettra pas de répondre complètement à nos préoccupations. En
effet, le problème des pénuries est protéiforme et ses causes sont
multiples : en la matière, une solution simpliste et unique n’est pas la
panacée.
L’article 1er de la proposition de loi introduit une notion de
stock minimal de sécurité pour tous les médicaments. Pour mémoire, la
constitution de stocks de sécurité, entrée en application en 2021, est une
mesure récente et efficace, qu’il ne faut en aucun cas remettre en cause.
L’amélioration de la situation observée pour certains médicaments montre que
c’est en optant pour une position d’équilibre, proportionnée et négociée avec
les parties prenantes, que nous pourrons avancer. Or la commission des affaires
sociales a adopté un amendement de réécriture globale déposé par la rapporteure
Valérie Rabault et sous-amendé par la rapporteure générale Stéphanie Rist, en
vue d’inscrire dans la loi que le stock de sécurité minimal doit être compris
entre deux et quatre mois.
Augmenter les stocks de médicaments, ou même les rendre obligatoires, ne
sauraient pourtant constituer l’alpha et l’oméga de la gestion des pénuries.
D’une part, il est inimaginable que chaque industriel ou exploitant conserve
deux mois de stock pour chaque référence de médicament, en particulier pour les
plus courants d’entre eux, dont les volumes de vente sont très importants.
D’autre part, le ressenti de pénuries persistantes pour certaines molécules est
en réalité le reflet de disparités territoriales entre pharmacies, parfois au
sein même d’un bassin de vie, d’une ville ou d’un quartier. Comme le souligne
la directrice de l’ANSM, l’enjeu réside dans la gestion et la visibilité des
stocks tout au long de la chaîne de production et dans leur répartition sur le
territoire national.
S’agissant de la remise d’un rapport sur l’opportunité de créer une catégorie
plus restreinte de molécules indispensables aux patients, prévue à
l’article 1er bis, je rappelle que des travaux sont
en cours depuis un an pour établir une liste de médicaments essentiels et que
cette initiative est reproduite au niveau européen, selon une méthodologie
proche de celle déployée en France. Une telle demande semble donc prématurée.
L’article 2 de la proposition de loi vise à renforcer les contrôles ainsi
que les sanctions encourues par les industriels en cas de non-respect d’un
certain nombre d’obligations. Or le fait d’alourdir fortement les sanctions
comporterait un risque de perte d’attractivité du marché français face à une
concurrence mondiale aiguë et, à terme, de non-commercialisation, voire de
dé-commercialisation de certains produits. Cet outil doit donc être manié avec
précaution. L’ANSM doit exploiter davantage le pouvoir de sanction dont elle
dispose – ce qu’elle a commencé à faire, d’après les données
récentes – avant de le renforcer s’il se révélait insuffisant.
Vous l’aurez compris, le Gouvernement, constatant que le phénomène prend de
l’ampleur depuis quelques années et que beaucoup reste à faire, partage la
volonté d’agir pour éviter les ruptures d’approvisionnement, qui constituent un
enjeu majeur pour nos concitoyens. La stratégie récemment annoncée – qui
s’inscrit dans la continuité des nombreuses mesures déjà prises – vise à
atteindre des objectifs ambitieux pour répondre efficacement et définitivement
aux difficultés constatées partout en France.
En revanche, malgré les bonnes intentions qui animent ses auteurs, le texte
présenté ce soir ne répond pas complètement à l’enjeu. Si de nombreux leviers
sont pertinents pour lutter contre les pénuries de médicaments, la constitution
d’un stock minimum obligatoire et généralisé – indépendamment de la nature
du médicament, de sa visée thérapeutique ou du volume de consommation –
n’est pas une solution adaptée ou proportionnée.
D’autres mesures utiles existent pour compléter le plan que nous avons présenté
la semaine dernière en vue de lutter contre les tensions d’approvisionnement
persistantes. Je pense notamment à l’allongement de la durée de publication,
sur le site de l’ANSM, du nom des entreprises sanctionnées pour manquement à
leurs obligations en matière de lutte contre les pénuries ou à la limitation de
la publicité pour certains médicaments en rupture, proposées par Mme la
rapporteure. Je songe également, parmi les mesures défendues par les députés de
la majorité – notamment par Stéphanie Rist, Cyrille Isaac-Sibille et Paul
Christophe, dont je salue l’engagement –, aux amendements visant à imposer
aux industriels de renseigner la cause d’une rupture lors de leur déclaration à
l’ANSM ou encore à rendre obligatoire la déclaration des stocks par le pharmacien
d’officine.
Le Gouvernement suivra donc les débats avec attention et examinera les mesures
qui figureront in fine dans la proposition de loi. Je le répète, il
continue et continuera de s’engager pour lutter contre les pénuries de
médicaments. Nous porterons un soin tout particulier à l’application de la
stratégie récemment présentée. J’y veillerai notamment en poursuivant le
travail réalisé avec tous les acteurs impliqués, et, en premier lieu avec les
industriels, les pharmaciens et les représentants des patients. Cette feuille
de route doit trouver rapidement une traduction concrète sur le terrain pour
assurer la disponibilité des médicaments pour tous et partout. Cette stratégie,
qui s’inscrit dans le prolongement des mesures déjà adoptées, n’est pas une fin :
elle doit être complétée par toutes les nouvelles mesures utiles que les
acteurs identifieront.
Dans un monde en profonde mutation, l’adaptabilité est en effet plus que
nécessaire. C’est un enjeu de santé publique, mais aussi un enjeu stratégique
pour notre pays, car il fonde en grande partie la souveraineté sanitaire de la
France et la confiance des Français vis-à-vis de notre système de santé. En
continuant à travailler ensemble, nous pourrons élaborer des solutions
pratiques pour assurer un approvisionnement stable en médicaments. Catherine
Vautrin, Roland Lescure et moi-même y veillerons.
Jean-Noël Barrot, ministre
délégué chargé de l’Europe
> Aux côtés de nos éleveurs et de nos
agriculteurs au Salon de l’Agriculture pour
rappeler que, oui, la France est une grande puissance agricole entendue à
Bruxelles. Ensemble, nous avons un objectif : assurer notre souveraineté
alimentaire.
> Le RN refuse de condamner
fermement l'action de Vladimir Poutine en Ukraine depuis deux ans (...) Poutine
a toujours été pour le RN un tiroir-caisse et une inspiration, ça explique les
positions.
> Depuis 2 ans, la France est
ciblée par de vastes campagnes de fausses nouvelles provenant de la Russie de
Poutine. A l'approche des élections du 9 juin, elles vont se multiplier. Nous
les détecterons et les dénoncerons systématiquement. Chacun doit rester
vigilant.
> Le
9 juin prochain, deux camps s'opposeront lors des élections européennes : celui
de la liberté et de la démocratie, et celui de la soumission et de la
capitulation devant les régimes autoritaires. Avec Valerie Hayer, nous défendons le projet d’une
Europe souveraine.
> « Nous
croyons à la victoire des démocraties, mais à une condition, c’est qu’elles le
veuillent » disait Raymond Aron. C’est pourquoi Emmanuel Macron a rassemblé lundi 27 nations qui
ont réaffirmé leur soutien sans faille à l’Ukraine. Le Parlement sera
pleinement associé.
Guillaume Kasbarian, ministre
délégué chargé du Logement
> [Logement] C'est une crise qui est profonde, crise de la demande,
crise de l'offre. Demande, parce que les gens n'arrivent pas à emprunter, parce
que les taux ont augmenté et que faire un prêt bancaire, c'est devenu très
compliqué. Crise de l'offre, parce que quand des candidats à la location
essaient de trouver quelques offres en agences immobilières, ils n'en trouvent
pas, et parce que les chiffres de la construction, comme vous l'avez dit, sont
très très faibles. Donc, crise de la demande et crise de l'offre, en même
temps, au même moment, de façon assez historique. Ce qu'on essaie de faire,
c'est de déverrouiller, et la demande, et l'offre. Sur la demande, on essaie de
rencontrer les banques, c'est ce qu'on va faire pour trouver de nouveaux
instruments qui permettraient, peut-être avec des prêts in fine, des prêts à
terme, de débloquer la situation et de permettre à des Français de faire
l'acquisition de l'appartement ou de la maison de leurs rêves, qu'aujourd'hui ils
ne peuvent pas se permettre d'acheter. Et puis sur l'offre, c'est un choc
d'offre qui a été annoncé par Gabriel Attal lors de son discours de politique
générale, qui vise à simplifier les procédures, qui vise à accélérer les
constructions, et c'est par exemple le sens de 22 territoires engagés pour le
logement, que nous avons sélectionnés, sur lesquels nous mettons le paquet pour
débloquer les permis de construire, pour accélérer les procédures et pour
boucler le modèle économique du programme sur les logement à construire.
Après, sur la question de l'offre locative, on fait en sorte aujourd'hui de
rénover des copropriétés dégradées. C'est le sens du projet de loi sur les
copros dégradées, qui est actuellement examiné au Sénat, et qui va permettre
d'éviter, par exemple, que 1,5 million de logements sortent du parc locatif,
parce qu'ils sont trop dégradés, trop abîmés. Donc, on va accélérer la
rénovation de ces bâtiments pour que cette offre reste sur le marché et que
l'on puisse toujours proposer des logements décents, de qualité, aux
locataires, dans les années qui viennent.
> On demande aux élus, c'est de réduire le rythme
d'artificialisation, ce n'est pas de l'interdire, c'est de réduire le rythme.
Mais pourquoi ? Nous souhaitons protéger les terres agricoles. Si demain tous
les champs nous les bétonnons et qu'il n'y a plus d'agriculture, on ne pourra
pas atteindre l'objectif non plus de souveraineté alimentaire. Donc on a besoin
de ralentir le rythme d'artificialisation.
Sur ce sujet-là, on a une ambition qui est claire, on l'a déjà d'ailleurs
adaptée avec les sénateurs pour donner un peu de flexibilité, sortir du calcul,
un certain nombre de projets. Mais effectivement, il va falloir faire avec un
rythme d'artificialisation qui sera plus faible à l'avenir. Mais il y a des
solutions pour construire différemment, pour densifier. Par exemple, le fait de
monter de quelques étages, permet d'amortir le prix du foncier, qui du coup va
augmenter dans les années qui viennent. Le fait de densifier, quand on peut, ça
permet de construire plus d'offres de logements sur un même terrain foncier. Le
faire, éventuellement sur des prêts un peu innovants, de sortir le prix du
foncier et d'avoir des mécanismes de financement qui sortent le prix du foncier
et du calcul, là aussi, c'est de nature à améliorer le système. Donc on va
essayer de trouver des solutions pour faire en sorte que cette règle sur
l'artificialisation, cette ambition pour l'agriculture, pour l'écologie, ne
soit pas incompatible avec plus d'offres de logements. On fait le maximum, mais
il faut garder une ambition quand même importante et ne pas bétonner.
> Gabriel Attal a parfaitement raison de dire que c'est
un rêve de beaucoup de Français que d'avoir un petit pavillon, un pavillon avec
un petit jardin. Et donc on veut préserver totalement ce rêve, cette aspiration
des Français. Vous ne pouvez pas aller contre, d'ailleurs, un rêve, et contre
une aspiration profonde des Français. La réalité, c'est comment est-ce qu'on
l'accompagne ? Comment est-ce qu'on la rend possible ?
> Je n'oppose pas les différents logements. Je n'oppose
pas les modèles d'habitation entre eux. Il y a dans les zones urbaines des
situations où il n'y a pas de pavillons, on est sur de la hauteur, de la
densification des appartements. Il y a dans la ruralité, dans les zones
périurbaines, un modèle de pavillon, qui est un modèle qui est louable, qui est
un modèle des Français, qui est une aspiration profonde et un rêve. Ce que nous
voulons faire, c'est faire en sorte que parfois les pavillons et les zones
pavillonnaires soient peut-être un peu plus densifiés, que l'on permette
éventuellement aux propriétaires de pavillons de construire des dépendances ou
de nouveaux logements quand ils le peuvent, des extensions favorisées, ce type
d'extension qui permettrait de louer éventuellement et d'avoir plus de
locataires, plus de personnes qui peuvent se loger dans des zones
pavillonnaires. Nous, ce qu'on essaie de faire, c'est de respecter et de
valoriser cette aspiration et ce rêve des Français et de le rendre tout à fait
compatible avec la crise du logement que nous connaissons, c'est-à-dire faire
en sorte qu'ils puissent réaliser leur rêve dans leur vie.
> Il y avait dans le budget 1,6 milliard d'augmentation
du budget sur MaPrimeRénov', finalement il n'y en aura plus que 600 millions.
On a enlevé 1 milliard de cette augmentation qui était prévue. Donc c'est quand
même un budget qui est en hausse par rapport à 2023. On a un enjeu en réalité,
de consommation, de ce budget-là. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le tuyau est
parfois bouché. Et ce que nous disent les artisans, c'est que c'est trop
compliqué, parce que MaPrimeRénov', il y a besoin parfois d'un accompagnateur
pour le faire, quand c'est des rénovations complexes, il y a des
labellisations, par exemple RGE, qui peuvent être parfois complexes et il y a
parfois des monogestes, des changements simples, par exemple de chaudière, de
systèmes de chauffage qui ne sont pas pris en charge. Ce qu'on essaie de faire
avec la FFB et la CAPEB, c'est de simplifier les règles, de telle sorte que
MaPrimeRénov' devient accessible à beaucoup de personnes
> [Rénovation] C'est le troisième budget du ministère. Je
peux vous assurer que c'est un des plus gros budgets du ministère du Logement.
Donc pas d'inquiétude sur le fait qu'il y a bien un budget, et que l'enjeu,
c'est d'ailleurs plutôt de le consommer. Non, l'enjeu sur le diagnostic que
vous venez d'évoquer, c'est de faire en sorte que les Français puissent faire
leurs travaux quand ils décident de louer leur logement et éviter toute sortie
du marché locatif. Et on a pris la décision, par exemple, de simplifier ce DPE,
et de faire en sorte, pour les petites surfaces, les petits studios, les moins
de 40 m², qu'on ait une révision de l'algorithme qui permette de mieux prendre
en compte le chauffage sanitaire, de l'eau chaude sanitaire, dans le calcul.
Concrètement, ça veut dire que vous allez avoir 140 000 logements qui vont
sortir des catégories F et G, et repasser dans un DPE supérieur et qui sont, du
coup, qui sont sur le marché. Et ce sont des petites surfaces sur lesquelles on
avait remarqué qu'il y avait un biais de calcul dans l'algorithme. Et donc là
encore, on est extrêmement vigilant, que ce soit dans les copropriétés ou à
titre individuel, à ce que cette ambition écologique que nous voulons
maintenir, de rénovation, qui est bonne pour l'environnement, qui est bonne
pour les locataires, elle soit maintenue. Mais que l'on puisse quand il le
faut, ajuster sans être un frein, et sans faire sortir du marché locatif un
certain nombre de biens, parce qu'ils sont nécessaires dans la crise que l'on
connaît. C'est tout le travail que l'on mène sur la révision du DPE, et sur
l'accompagnement avec MaPrimeRénov', avec les artisans, où nous essayons de
simplifier les choses pour que ça reste accessible au plus grand nombre.
Marina Ferrari, secrétaire
d’Etat chargée du Numérique
> Dans un monde
instable et une époque percutée par les crises, la cybersécurité est devenue un
enjeu vital pour nos états et nos démocraties. Pour accélérer sa stratégie de
cyberdéfense, notre pays s'est fortement engagé pour conforter sa filière cyber
en investissant dans l'innovation et en renforçant les partenariats entre
l'ensemble des acteurs de la cybersécurité. Le Campus cyber bâti à l'initiative d'Emmanuel Macron les rassemble, au cœur du
quartier de La Défense. Startups, laboratoires de recherche, école de
formation, services spécialisés de l’État, entrepreneurs : ce lieu unique en
France permet à toute la chaîne de la sécurité numérique de créer de nouvelles
coopérations au service de notre souveraineté nationale et de la protection de
nos concitoyens. Plus qu'un exemple à suivre ou une initiative à valoriser, ce
campus nous rappelle que la cybersécurité est l'affaire de tous et qu'elle doit
rester un pilier de notre stratégie de défense nationale.
> Assurer notre souveraineté
alimentaire, s'adapter au changement climatique, préserver nos ressources
naturelles : les pépites de l'AgriTech s'engagent pour relever tous ces défis,
au service de nos agriculteurs.
4 exemples concrets présentés à la Ferme digitale
au Salon de l’agriculture
Augmenter les
rendements et revitaliser les sols tout en réduisant l'apport en engrais et en
eau : objectif atteint par Mycophyto qui développe des solutions pour une agriculture
régénératrice et respectueuse de la biodiversité.
- 15% d'eau retenue,15 à 20% de rendement.
Pour s'adapter à climat qui change, nos agriculteurs ont besoin de
données météorologiques fiables : Weenat apporte ces informations essentielles
avec des capteurs connectés qui permettent d'économiser la ressource en eau et
de protéger les cultures.
Zéro pesticide, une consommation d'eau et d'énergie optimisée, une production
locale : les fermes verticales de Futura Gaïa apportent une solution
complémentaire à l’agriculture en plein champ et peuvent garantir des
ressources supplémentaires aux agriculteurs.
La start-up Agrithermic a conçu des serres bioclimatiques qui permettent aux
maraîchers, horticulteurs, et arboriculteurs de prolonger la saison automnale
et d’augmenter leurs rendements sans aucun chauffage. Objectif : produire plus
et mieux avec moins d'énergie.
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Demain, nous aurons besoin de tous les modèles
d’agriculture et d’élevage. Autonomie alimentaire, énergie verte,
innovation agricole : la ferme expérimentale la Blanche Maison relève de
nombreux défis écologiques et environnementaux.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Benjamin Haddad (porte-parole du groupe
à l’Assemblée nationale)
> L’extrême droite n’a jamais été patriotique
dans notre pays. Elle a toujours cru à la décadence de notre pays qui ne
pouvait être sauvé que par la soumission à un homme fort étranger. C’est une
constante de son histoire.
> Les dirigeants baltes saluent
l’initiative de la France en soutien à l’Ukraine. Après la Lituanie, l’Estonie.
Pieyre-Alexandre
Anglade (député)
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Emmanuel Macron
a eu raison de sonner le réveil des Européens.
On ne peut pas accepter que la Russie prenne l’Ukraine par la force. Les
conséquences de son effondrement seraient catastrophiques pour la sécurité de
toute l’Europe !
> Toute sa vie Navalny s’est battu pour la
démocratie en Russie. Il en a payé de sa vie. Les images et la bravoure des
Russes venus lui rendre hommage resteront dans l’histoire du pays.
> [Elections européennes] Le 9
juin prochain, nous aurons à choisir entre une Europe rabougrie avec Jordan Bardella et ses alliés
d’extrême-droite ou une Europe puissance que nous bâtissons avec Emmanuel Macron et Valérie Hayer.
Maud Bregeon
(députée)
> L’objectif du Green deal ne doit pas être abandonné : la
neutralité carbone en Europe d’ici 2050. Grâce à la transition énergétique, à
des modes de transports plus propres, en accompagnant les agriculteurs...
L’écologie ne s’oppose ni à l’agriculture, ni à la croissance.
> L’isolement de la France et
l’affaiblissement de l’Europe que prône Jordan Bardella est mortifère. Le
protectionisme du RN ne fera qu’appauvrir les agriculteurs.
> Quoi que chacun pense du
Président, il n’a jamais fui le débat. Jamais refusé la confrontation. Jamais
esquivé les colères. Je préférerai toujours les responsables politiques qui
vont au contact, même quand c’est dur, à ceux qui restent au chaud sans prendre
de risques.
Pierre Cazeneuve
(député)
Nous portons une
ambition pour notre pays : le plein emploi. J'entends encore trop dans ma circo
des employeurs qui galèrent à recruter. La généralisation des 15 heures
d'activité pour bénéficier du RSA portée par Gabriel Attal est autant un levier de
croissance que d'insertion.
Charles Sitzenstuhl
(député)
> Soutenir la politique agricole commune, c'est
soutenir l'agriculture française, la souveraineté et la puissance de la France
● MoDem
Bruno Millienne (député)
> Je ne sais pas si chacun se rend compte de la
gravité d'avoir une personnalité politique de premier plan comme vous, Marine
Le Pen, qui se prétend patriote mais relaie chaque fois qu'elle le peut la
propagande du Kremlin. Poutine est votre modèle politique et votre allié
stratégique et financier. La vie de nos enfants, je la veux libre et non
corsetée sous son influence. Deux impératifs pour cela : votre parti ne doit
jamais gouverner et la Russie ne doit pas vaincre l'Ukraine.
● Parti radical
Laurent Hénart (président)
> Solidarité avec les Russes qui bravent la
dictature de Poutine au risque de leur liberté, voire de leur vie, et qui
sauvent l’honneur de leur pays. Nous; Français et Européens, devons être
courageux et capables d’effort pour eux et l’Ukraine.
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (présidente)
> Qui je suis ? Une femme de 37 ans, de la
Mayenne, qui a grandi dans une ferme. Engagée depuis mes 21 ans, députée
européenne depuis 2019. J'ai beaucoup travaillé depuis au Parlement européen,
et je suis aujourd’hui présidente du groupe des alliés d’Emmanuel Macron.
> Ma mission, elle est très
claire : c'est de la gagner, cette campagne !
> Je sais la souffrance que
rencontrent nos agriculteurs. Le Gouvernement est à leurs côtés. Au Parlement
européen, nous les défendons, parce que notre ferme France a besoin d’Europe.
> Au
salon de l’agriculture, je suis venue rencontrer nos producteurs pour leur
rappeler notre bilan au niveau européen. En sauvant le budget de la PAC, nous
avons protégé nos agriculteurs français. Oui, pour notre indépendance
alimentaire, nous avons besoin d’Europe !
> Au Parlement européen, je me
suis battue pour augmenter le budget de l'aide sociale européenne. 1 repas sur
4 distribué par les Restos du cœur est aujourd'hui financé par l'Europe !
> J'ai
été particulièrement émue d'entendre Yulia Navalnaya, la veuve d'Alexeï Navalny, nous
dire mercredi au Parlement européen : « ne cédez pas à Poutine, vous, les
Européens ! Soyez lucides sur le danger qu'il représente. »
> On n'oppose ni l'environnement
ni l'agriculture. Et encore moins le monde agricole et l’Europe. Le Green Deal,
il est hors de question de le remettre en cause. On peut, par contre, avoir des
ajustements. C’est ce que l’on a fait ces dernières semaines.
> Nous sommes un continent
connecté au monde ! Le Chili, c’est 40% des réserves mondiales de lithium. On
en a besoin dans notre stratégie de réindustrialisation et de transition
climatique.
> Nous avons un bilan qui parle
pour nous, nous majorité présidentielle. Oui, nous avons la conviction que les
Français ont besoin d'Europe.
> Images totalement saisissantes.
Des milliers et des milliers de Russes ont défié le pouvoir et salué, au péril
de leur sécurité, la mémoire d’Alexeï Navalny. Ses funérailles entrent dans
l’Histoire de la Russie.
> Le Rassemblement national est
la courroie de transmission du Kremlin. Ce n’est pas moi qui le dis : c’est une
commission d’enquête de l’Assemblée nationale… présidée par un député du RN.
> Dans la crise agricole, un
matin Jordan Bardella dit A, l’après-midi il dit B. C’est ça, la schizophrénie
politique du Rassemblement national !
> [Elections européennes] Le
président de la République m'a proposé d'être tête de liste de la majorité pour
les élections européennes. Je mesure l'honneur qui m'est fait et l'immense défi
qui m'attend. J'ai accepté avec fierté, enthousiasme et esprit de
responsabilité. Je suis fière d'être le porte-drapeau de la seule coalition
pro-européenne de ce scrutin.
Qui ne voudrait pas faire campagne aux côtés d'Emmanuel Macron ? C'est une
force ! Nous parlons d'Europe avec le président de la République depuis le
premier jour, et nous abordons cette campagne dans les temps. Nous allons nous
engager pleinement. Aujourd'hui, on accélère ! Peut-être suis-je encore
inconnue du grand public, mais ce n'est pas le cas dans les travées du
Parlement européen. Certains de mes concurrents ne pourraient pas en dire
autant. Moi, j'exerce le mandat pour lequel j'ai été élue il y a cinq ans. Je
suis pleinement mobilisée, notamment comme présidente du groupe Renew. C'est
comme cela que je suis la plus utile aux Français, car aucun texte ne peut être
voté au Parlement européen sans notre soutien. Nous avons été décisifs.
> L'engagement européen est au cœur de notre projet.
Depuis 2017, notre bilan parle pour nous, aucun autre mouvement n'avait fait
autant en si peu de temps. En partant du discours d'Emmanuel Macron à la
Sorbonne, on a contribué à changer l'Europe. Avec un nouveau souffle et de
nouvelles idées, nous allons poursuivre ce projet.
> Est-on patriote quand on contracte un prêt directement
avec Vladimir Poutine ? Est-on patriote quand l'Assemblée nationale juge
que vous êtes la courroie de transmission de Vladimir Poutine
en France ? Le Rassemblement national se dit patriote, mais au moindre
soubresaut géopolitique, il tombe dans la soumission. Nous, nous revendiquons
un patriotisme français et européen, et français parce qu'européen. Nous sommes
patriotes, quand nous défendons nos valeurs fondamentales : l'État de
droit, le droit des femmes à disposer de leur corps et la liberté de la presse.
Autant de principes attaqués par les amis de Jordan Bardella et de Marine Le
Pen, comme le parti Pis en Pologne. (…)
Le RN, c'est la schizophrénie politique en permanence. La semaine A, Jordan
Bardella explique qu'il ne faut pas interférer dans la vie politique de
certains pays, pour ne pas avoir à se positionner sur les opposants à Vladimir
Poutine. Mais la semaine B, il vote pour une résolution soutenant les opposants
politiques à Cuba. La semaine A, il raconte qu'ils sont les premiers
écologistes de France. La semaine B, il veut mettre à bas le Pacte vert. Si le
RN a plusieurs visages, à la fin il n'a qu'une seule tête : celle de
l'opportunisme des populistes. Quand Jordan Bardella appelle à sortir du marché
commun de l'électricité, quand il appelle à sortir de Schengen, quand Marine Le
Pen appelle à ne plus contribuer au budget européen, c'est un Frexit. Je ne connais
aucune colocation où l'on peut rester sans respecter les règles communes.
>> Quand je regarde les votes de François-Xavier
Bellamy, je me demande parfois ce qui le distingue du RN ou de Marion Maréchal.
Sur le droit à l'avortement, soutient-il son inscription dans la
Constitution ? Souhaite-t-il l'intégrer à la charte européenne des droits
fondamentaux ? J'ai peur de déjà connaître sa position : c'est un
anti-avortement notoire, à l'opposé de l'Europe progressiste que l'on souhaite
bâtir. Avec Raphaël Glucksmann, on vote à 90% de la même façon au Parlement
européen. Il devrait être avec nous, et il le sait. Il serait beaucoup plus
efficace pour porter ses idées et avoir des résultats.
> Ursula von der Leyen est membre de la droite PPE,
groupe avec lequel nous formons une majorité de projets. Mais nous entrons dans
une période électorale. On verra les rapports de force au lendemain du scrutin.
> [Programme de Renaissance pour les élections
européennes] Notre priorité sera de protéger l'Europe, les Européens et nos
démocraties. L'Europe est attaquée, certains estiment même qu'elle est
assiégée. En son sein, ce sont les alliés de Poutine qu'il faut combattre. Face
à la Russie, l'enjeu est existentiel. On l'a vu avec les entreprises de
manipulation de l'opinion publique - comme les étoiles juives placardées sur
les murs de Paris, une opération fomentée par les services secrets de Poutine
après l'attaque du 7 octobre en Israël. Nous, nous voulons parler le langage de
la puissance. Nos oppositions le refusent pour l'Europe, mais l'acceptent quand
il s'agit de la Russie.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine]La sécurité des
Ukrainiens, c'est la nôtre. Aucune option ne doit donc être écartée. On ne va
pas dire à Vladimir Poutine que l'on va exclure, par principe, de nous
défendre : c'est le b-a-ba stratégique. Il n'y a aucune ambiguïté :
l'avenir de l'Europe et de la France se joue en Ukraine. Nous devons entrer
dans une véritable économie de guerre avec l'achat de munitions. Si demain
Vladimir Poutine gagnait, il contrôlerait 80% des stocks mondiaux de blé. Je
refuse que le prix de notre baguette de pain soit fixé par le Kremlin.
> [Dépendance énergétique de l’UE] On a déjà fait
beaucoup en apportant des éléments de réponse à l'IRA américain ou à la
concurrence chinoise. On doit accélérer sur le développement d'un fonds de
souveraineté pour sortir de notre dépendance. Et je le dis : ce n'est pas
en fermant nos frontières, comme le souhaite Jordan Bardella, qu'on servira les
intérêts de la France. Si on l'écoute, c'est au moins 25% de revenus en moins
pour nos agriculteurs. D'emblée. Nous, nous assumons une Europe qui s'inscrit
dans le monde.
> La décroissance, c'est le RN qui la promeut en voulant
fermer les frontières. Au contraire, nous avons démontré que nous sommes le
parti de l'attractivité retrouvée, de la réindustrialisation et des emplois
créés. Au Parlement européen, on a mis en place un plan de relance de
l'économie française et européenne, et en même temps, on a bâti ce Pacte vert
pour devenir le premier continent à accéder à la neutralité carbone en 2050.
Notre ligne est claire : on ne transige pas sur la transition écologique,
on va au bout du Pacte vert. L'enjeu, maintenant, c'est sa mise en œuvre. Il
peut être utile, quand on va trop vite, de mettre pause parce qu'il faut
s'assurer de l'accompagnement, notamment financier. Personne ne doit rester sur
le bas-côté de la transition environnementale. Ce sera l'un des enjeux de la
campagne et du prochain mandat au Parlement européen.
> [Pacte vert] Il faut sortir de l'hypocrisie, des
mensonges et des caricatures. Plus rien ne concerne le monde agricole dans ce
texte. Il fixe des obligations de moyens, et non de résultats, qui s'appliquent
aux États mais pas aux agriculteurs. C'est un texte utilisé par les oppositions
de droite, dans leur tentative de saboter le Pacte vert. C'est déplorable. Il
va falloir dénoncer leurs «fake news» pendant la campagne.
> [Europe accusée d'impuissance en matière migratoire] Premièrement,
c'est vrai, nous avons trop longtemps mis la poussière sous le tapis. La
réalité, face au phénomène mondial des crises migratoires, c'est que la réponse
doit être européenne. Cette réponse, c'est le Pacte asile et immigration
négocié au niveau européen. Ce qui marche, c'est de se retrousser les manches
ensemble, entre Européens, avec des textes efficaces et pragmatiques. Notamment
en soutenant les États du Sud de l'Europe, qui sont les principaux pays
d'entrée des migrants. À l'inverse, les amis de Jordan Bardella et Marine Le
Pen font de fausses promesses. En Italie, Giorgia Meloni a défendu un blocus
naval, avant de faire venir de la main-d’œuvre étrangère et de demander de
l'aide européenne. Au Royaume-Uni, après le Brexit, les chiffres de
l'immigration explosent, avec 682.000 entrées sur 12 mois en juin dernier.
Derrière la promesse de construire des murs, il y a l'inefficacité.
> La question, c'est comment répondre aux afflux
migratoires en Européens ? Quels migrants on accueille, comment on les
accueille - notamment les réfugiés -, comment on renvoie ceux qui n'ont pas
vocation à rester, et comment on lutte contre les réseaux de passeurs ?
Notre plus-value au niveau européen se situe là, dans une logique d'humanité et
de fermeté. Après, ce sont des discussions nationales.
> Le risque, c'est de vivre un Brexit de l'intérieur, si
les eurosceptiques sont majoritaires en Europe demain. Je refuse cette bascule
de l'Europe. Ces forces veulent mettre fin au projet de Jacques Delors et de
Simone Veil. Elles veulent détruire l'Europe de l'intérieur et mettre à bas
notre modèle et nos démocraties. Ce sont les alliés objectifs de Trump et de
Poutine ; c'est le programme de Jordan Bardella et de l'AfD allemande, un parti
néo-nazi qui défend un projet de «remigration» ; c'est Viktor Orbán, qui
ironise sur les chambres à gaz. C'est ça le projet qu'il nous faut dénoncer et
condamner. Président de la République, membres du gouvernement, parlementaires,
élus, militants... C'est un collectif qui s'engage aujourd'hui pour battre ces
forces-là.
Nathalie
Loiseau
> « On peut tuer un homme, on ne peut pas tuer
une idée. » Le combat d’Alexei Navalny pour une Russie libre continuera
après lui.
> Merci
à notre ambassadeur. Immense admiration pour le courage des Russes qui viennent
s’incliner à la mémoire d’Alexei Navalny.
> Ceux qui croient que Jean-Luc
Mélenchon plaide pour la paix en Ukraine devraient relire ses écrits,
constamment animés de haine à l’encontre de ce pays et de complaisance à
l’égard de Poutine.
> LFI toujours incapable
d’appeler Vladimir Poutine à cesser son agression et à retirer ses troupes. LFI
et les agresseurs, une histoire qui dure.
> Qui, à part LFI Reconquête et
le RN, ignore encore que Vladimir Poutine se moque des frontières, que les
exemples sont légion (Géorgie 2008, Crimée et Donbass 2014, Ukraine 2022,
Transnistrie aujourd’hui) et que la souveraineté des autres lui importe moins
que son impérialisme ?
> Insoutenable. Inacceptable.
Blocus, pénurie, famine, tuerie. Rien ne peut justifier de punir un peuple
entier pour les horreurs commises par un groupe terroriste. Israël,
réveille-toi !
Bernard Guetta
> Vladimir Poutine a tout pouvoir, malgré tout
il a peur, malgré tout il faut que compulsivement il fasse arrêter des gens.
> [Elections européennes] Nous
devons réduire l'écart avec le RN (...) Qu'est-ce qui se serait passé si Marine
Le Pen avait été au pouvoir depuis 5 ans ?
> Opinion: «L’Union doit
parler aussi net au Hamas et à Netanyahou qu’à Poutine] Il n’y a pas une mais
deux urgences. Pour faire face aux nostalgies impériales de Vladimir Poutine et
au recentrage des Etats-Unis sur l’Asie, pour prendre, en un mot, son destin en
mains et s’affirmer en puissance politique autonome sur la scène internationale,
l’Union européenne ne doit pas seulement armer l’Ukraine et se réarmer.
Elle doit aussi se faire entendre au Proche-Orient où elle ne compte
politiquement pas alors qu’elle y est économiquement tout. Un tiers des
importations israéliennes vient de l’Union, premier partenaire commercial
d’Israël mais aussi premier donateur d’aide à la Palestine qui sans les 27, ne
pourrait simplement pas payer ses fonctionnaires. L’Union est l’incontournable
partenaire de ces deux peuples mais alors même qu’elle défend le droit d’Israël
à l’existence et à la sécurité et celui de la Palestine à se doter d’un Etat,
alors même qu’elle a adopté dans ce conflit une position aussi équilibrée que
constante, elle en reste aux mots, sans prendre d’initiative susceptible de
faire avancer la paix.
L’Union ne paraît pas même se soucier de la possibilité que cette guerre ne la
déstabilise en enflammant le Maghreb et le Machrek et ce n’est pas tout. Plus
grave encore, sa passivité la fait d’ores et déjà accuser en Afrique, en Asie
et jusqu’en Amérique latine de se ranger aux côtés du plus fort, d’Israël
contre la Palestine.
Elle perd là des alliés et de vieilles amitiés. Elle dévalorise ce respect des
droits de l’homme et de l’Etat de droit dont elle est pourtant le plus vigilant
des garants. Elle perd surtout des soutiens diplomatiques et politiques qui lui
seraient extrêmement précieux dans sa défense de l’Ukraine, du droit
international et de la stabilité du continent européen. Alors même que c’est
dans une entreprise de reconquête d’un Empire perdu, dans une pure et simple
guerre coloniale, que Vladimir Poutine s’est lancé, l’Union lui offre en un mot
la possibilité de ranger d’anciens colonisés à ses côtés.
Cela ne peut plus et ne doit plus durer. Tout doit maintenant conduire l’Union
à prendre la tête de la bataille pour la solution à deux Etats parce qu’elle
dispose de leviers économiques lui permettant de le faire et que cette crise la
met tout autant en danger que l’agression russe contre l’Ukraine. Il est temps
que l’Union passe des mots aux actes, exige des Palestiniens comme des
Israéliens un retour à la table de négociations et dise à haute et intelligible
voix que le maintien de son aide aux premiers comme de son Accord d’association
avec les seconds est désormais conditionné à leur bonne foi dans la quête d’un
règlement.
Cette nécessité est tellement évidente que l’appel que trois autres eurodéputés
et moi-même avions lancé en ce sens fin janvier a déjà recueilli 53 signatures
au Parlement européen. Les choses bougent car si elle veut cesser de passer
pour une organisation humanitaire, assurer la victoire de l’Ukraine et
s’affirmer en puissance, l’Union doit savoir d’urgence montrer ses muscles
partout où elle le peut, donner aux Ukrainiens les moyens de vaincre et parler
aussi net au Hamas et à Benjamin Netanyahou qu’à Vladimir Poutine.
Pascal Canfin
> [Opinion co-écrait avec Karl Pincherelle: «Les nouveaux visages
européens de l’écoloscepticisme d’extrême droite et comment le combattre»]
L’opposition à la lutte contre le changement climatique et à la protection du
vivant a muté. Elle s’est longtemps incarnée dans le climatoscepticisme,
c’est-à-dire la négation même de l’existence du dérèglement climatique et de
ses conséquences, ou, au mieux, la contestation de son origine humaine. Ce fut
en partie la stratégie suivie par Donald Trump aux Etats-Unis entre 2016 et
2020. Face à l’accélération des impacts du dérèglement climatique, une telle
stratégie du déni s’est progressivement marginalisée parmi les gouvernements
européens, si bien qu’en décembre 2019, tous ont souscrit à l’objectif de
neutralité climatique en 2050, issu de l’accord de Paris, à l’exception du
gouvernement polonais de droite nationaliste. Et c’est une Présidente de la
Commission européenne chrétienne-démocrate, Ursula von der Leyen, qui a déployé
l’ambitieux agenda du Pacte vert (Green Deal) européen.
En a résulté une accélération de la transition écologique qui change peu à peu
la donne. En effet, les transformations qu’elle impose ne sont plus de l’ordre
de la théorie ou d’un avenir lointain : elles entrent désormais dans une phase
de mise en œuvre concrète avec de nouvelles règles du jeu notamment issues des
législations votées dans le cadre du paquet climat entre 2019 et 2023 au niveau
européen. La période qui s’ouvre n’est plus celle des promesses et des
engagements généraux mais celle de l’action, des décisions et des réalisations
concrètes. Et les changements massifs qu’elle implique comportent à l’évidence
leur lot d’opportunités et d’innovations, mais aussi de tensions. C’est un
processus inévitable qui forme une sorte de « nouvel âge de l’écologie »,
celui de l’entrée dans la transformation systémique.
Ce changement d’âge de la transition écologique affecte les stratégies des
grandes familles politiques européennes. L’opposition entre les pro-transition
et les climatosceptiques prend de nouvelles formes. Beaucoup glissent, en
particulier, de la simple négation du changement climatique à une stratégie
d’obstructionnisme vis à vis des mesures décidées pour lutter contre le
dérèglement du climat en dénonçant leur impact sur nos modes de vie. Que ce
soit au plan européen ou national, cette stratégie politique vise un rendement
électoral plus élevé que la pure posture négationniste, qui continue d’exister
notamment sur les réseaux sociaux mais qui plafonne de manière structurelle
dans l’opinion. Les mouvements qui s’engagent dans cette nouvelle stratégie
peuvent ainsi espérer élargir le champ de leurs soutiens dans la société. Cette
perspective attise les appétits non seulement de ceux qui, hier encore,
adhéraient bruyamment au négationnisme mais aussi de formations politiques
voisines, jusqu’ici moins présentes sur le sujet de l’anti-écologie. C’est la
raison pour laquelle se dessine aujourd’hui un nouvel arc écolosceptique qui
englobe, à droite de l’échiquier politique, l’extrême-droite originelle et une
part croissante des conservateurs européens. Ce positionnement est même
considéré par ses défenseurs comme un axe susceptible de structurer
idéologiquement l’alliance des droites conservatrices européennes. En
conséquence, il pourrait constituer l’un des clivages les plus importants de la
campagne pour les prochaines élections européennes de juin 2024 et de la future
mandature 2024-2029..
Analyser cette tendance nouvelle est nécessaire pour mener le combat contre
ceux qui veulent affaiblir notre volonté et notre capacité à tenir nos
engagements climatiques. Nous sommes en effet convaincus que la nouvelle
stratégie des écolosceptiques n’est qu’une nouvelle forme de déni climatique
(1) et qu’elle conduit aux mêmes conséquences : sortir des rails de
l’Accord de Paris. Nous sommes également convaincus qu’elle ferait courir un
risque majeur à la souveraineté européenne (2). Loin d’être agenda de « reprise
de contrôle », l’écoloscepticisme est en effet une soumission aux autres
puissances.
1. Les extrême droites adaptent leur
discours mais œuvrent toujours à l’inaction climatique
Le combat culturel pour la protection du climat et du vivant a
pu parfois sembler gagné. Tous les partis ont à des degrés variables, y compris
parfois en trainant les pieds, intégré les objectifs de la transition dans leur
rhétorique, et souvent aussi dans leurs programmes. L’extrême droite, notamment
en France, tente de faire oublier l’époque pas si éloignée où elle communiait
avec les fake news négationnistes et de mettre en scène
une approche plus consensuelle accommodée au localisme nationaliste. La stratégie
est claire : il s’agit de se « dédiaboliser » pour augmenter ses
chances d’accéder au pouvoir. Marine Le Pen qui accusait en 2012 les scientifiques
du GIEC d’être des « prêtres du changement climatique », affirme
ainsi en 2022 qu’elle n’a « jamais été climatosceptique ».
Ces revirements sont aujourd’hui légions. Mais ils ne résistent pas à l’examen.
Une lecture plus attentive des prises de position et des programmes des
représentants les plus éminents de l’extrême droite européenne démontre qu’en
réalité, ils n’ont pas réellement changé de doctrine vis à vis de la lutte
contre le changement climatique. Le nouvel écoloscepticisme est le plus souvent
un avatar grossier du vieux climatoscepticisme quand celui-ci n’a pas tout
simplement survécu sous ses formes les plus ordinaires.
a. Le déni de la crise climatique est
toujours constitutif de l’extrême droite
La négation de la nécessité d’agir pour protéger le climat et
le vivant reste en effet la norme de plusieurs formations d’extrême droite en
Europe. En Allemagne, l’Alternative für Deutschland (AfD) créditée de plus de
18% des voix en janvier 2024 ? déclare ainsi dans sa plateforme électorale pour
les élections européennes adoptée en juillet 2023 qu’aucune preuve scientifique
n’atteste la réalité d’un risque de changement climatique, ce qui justifie
l’inaction : l’Allemagne étant un pays riche et prospère, elle aura les
moyens de répondre à toute crise extérieure ; en revanche, si elle
s’affaiblit économiquement, elle perdra cette capacité. Cette affirmation peut
d’ores et déjà être infirmée : on sait en effet qu’une économie non
adaptée au changement climatique va vite devenir non assurable, tandis que l’effondrement
de la biodiversité pose un risque majeur pour 75% des prêts bancaires européens
car ils sont destinés à des entreprises dont l’activité dépend directement des
services rendus par la biodiversité.
Quels que soient les euphémismes qui l’accompagnent parfois, cette négation est
partagée par la plupart des formations d’extrême droite du continent : les
Démocrates suédois (parti d’extrême droite) critiquent un supposé manque de
fondement scientifique à la crise climatique tandis que le parti espagnol VOX
n’a eu de cesse d’attaquer la « religion du climat défendue par
Bruxelles » lors des élections législatives de 2023, cumulant déni du
changement climatique et déni de son soubassement scientifique. Cette relation
malléable à la science et à l’information est d’ailleurs assumée par l’ensemble
des partis d’extrême droite au niveau européen : le groupe Identité et
Démocratie (ID) qui réunit le RN français et d’autres partis d’extrême droite
comme la Lega italienne et l’AfD allemande a soutenu en novembre 2023 un
amendement au Parlement européen supprimant les appels à combattre la
désinformation liée au changement climatique. Difficile d’être plus explicite.
La permanence du climatoscepticisme à l’extrême droite se traduit également par
un rejet explicite ou implicite de l’Accord de Paris sur le climat. En France,
Marine Le Pen a nié, pendant la campagne présidentielle 2022, vouloir sortir de
cet accord mais son programme prévoit de l’appliquer au rythme voulu par la
France. Or, l’Accord de Paris repose justement sur un engagement des Etats à
atteindre des objectifs de baisse des émissions à une date précisée dans
l’Accord, en l’occurrence la neutralité climat en 2050 au plus tard pour les
pays les plus riches (Europe, Etats-Unis, Japon). Remettre en cause ce
calendrier, c’est donc, de fait, sortir de l’Accord de Paris. De plus, le RN
s’est opposé à toutes les mesures qui figurent dans tous les scénarios du GIEC
pour atteindre nos objectifs climatiques. Il s’est opposé à l’accélération du
déploiement des énergies renouvelables, tant en Europe qu’en France (loi ENR et
directive RED). Il a même défendu un moratoire sur les nouvelles installations
renouvelables et le démantèlement de certaines installations existantes en
France, rendant de facto impossible le respect des engagements climatiques
français. En effet, aucun rapport du GIEC ne prévoit de scénario énergétique
compatible avec un réchauffement climatique inférieur à 2 degrés sans
développement massif des renouvelables, mais aussi du nucléaire et de la
sobriété. Le RN n’est pas le seul à rejeter en bloc ce triptyque sobriété,
renouvelables, nucléaires : l’AfD en particulier s’oppose à la sobriété
énergétique de l’industrie et, comme le RN, combat
toute politique active d’implantation de capacités éoliennes terrestres.
De même, au Parlement européen, le groupe ID a voté contre l’électrification du
secteur de l’automobile alors même que tous les scénarios scientifiques
cohérents avec l’Accord de Paris prévoient une électrification massive des
transports pour réduire l’utilisation des énergies fossiles. Plus explicite
encore, en Allemagne, l’AfD a déposé une résolution parlementaire demandant à
l’Etat fédéral de se retirer officiellement de l’Accord de Paris. Aux
Etats-Unis, la première action climatosceptique de Donald Trump fut justement
de sortir son pays de cet accord international. L’unanimité de facto ou de jure
contre les accords internationaux démontre le rejet de l’approche coopérative
au niveau international dans la lutte contre le changement climatique et la
protection du vivant, rendant caduque le succès de celle-ci et rangeant
définitivement les partis d’extrême droite dans le camp des climatosceptiques,
quel que soit le degré auquel ils assument politiquement cette posture.
b. Une extension du terrain du scepticisme
écologique : des fausses solutions à débusquer
Ce climatoscepticisme classique a toutefois trouvé un nouveau
terrain de jeu à la faveur de l’extension du domaine de l’action
environnementale. Impliquant des changements profonds dans tous les secteurs de
l’économie et dans nos vies quotidiennes, la transition fournit des
opportunités nouvelles à l’extrême droite de s’opposer à ce qu’ils considèrent
comme une remise en cause inacceptable de nos modes de vies. La position des
écolosceptiques est ici celle d’un obstructionnisme : sans remettre ouvertement
en cause la nécessité de la transition écologique, il empêche tout ce qui
pourrait la traduire en actes, ce qui revient à sortir sans le dire de l’Accord
de Paris, à ruiner le Green Deal, et ainsi à produire les mêmes conséquences
que la mise en pratique du déni climatique : un monde à plus de 4 degrés
de réchauffement, donc une Europe à plus de 8 degrés car notre continent se
réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale ! C’est la réalité et la
conséquence des tous les programmes d’extrême droite en Europe, comme hors de
notre continent, aux Etats-Unis, au Brésil ou en Argentine. Et c’est ce que
promeut très clairement l’ensemble des familles d’extrême droite européenne qui
appelle à « abolir » le Green Deal européen.
Trois secteurs sont particulièrement visés par ces familles politiques et
indiquent que le climatoscepticisme est désormais un obstructionnisme
anti-écologique plus complet : la mobilité, l’agriculture et le logement. Pour
chacun d’eux, les extrêmes droites activent le clivage classique
centre/périphérie, urbain/rural, élites/peuple en l’appliquant à l’écologie.
Sur la mobilité : c’est l’un des sujets les plus saillants du discours de
l’extrême droite, notamment après l’adoption de la législation européenne sur
les standards d’émissions des voitures au titre de laquelle tous les véhicules
neufs vendus à partir de 2035 devront être zéro-émissions. La plupart des
partis d’extrême droite européens se sont emparés du sujet pour le décrire
comme un danger pour la liberté d’aller et de venir, et comme une injustice à
l’égard des habitants des périphéries et des zones rurales, en raison du prix
de ces véhicules électriques, que seuls les habitants aisés des centres
pourraient se permettre d’acheter, et de l’absence d’infrastructures de bornes
de recharges dans les zones rurales. Le programme de l’AfD est particulièrement
explicite sur ce sujet : « L’AfD soutient le maintien du moteur à
combustion. La préférence unilatérale de l’UE pour l’électromobilité doit être
immédiatement stoppée, car celle-ci ne peut pas être utilisée sur l’ensemble du
territoire pour des raisons de manque de capacité électrique et
d’infrastructure. En outre, la production de batteries est bien plus polluante
que le moteur à combustion».
Revenons aux faits : selon la législation européenne, les véhicules neufs mis sur
le marché à partir de 2035 devront être zéro-émissions (ce qui aujourd’hui
signifie électriques même si la législation ne porte pas sur une technologie
particulière mais sur un niveau de performance), mais elle n’interdira pas la
circulation des modèles thermiques mis sur le marché précédemment. Si vous
achetez une voiture thermique neuve en 2034, elle pourra toujours rouler en
Europe après 2035, et même être revendue sur les marchés d’occasion. La durée
de vie d’une voiture étant en moyenne de 15 ans, il est raisonnable de dire que
des voitures thermiques seront disponibles en Europe jusque 2050. Cela nous
donne le temps nécessaire pour déployer massivement les bornes de recharges et
pour développer une industrie de la batterie et de son recyclage via la
législation européenne sur les batteries qui génère des résultats sur le
terrain avec, par exemple, la vallée de la batterie dans les Hauts-de-France,
l’implantation de l’usine Northvolt en Suède via un soutien financier inédit de
la Banque Européenne d’Investissement, ou bien en Pologne où des projets de
méga usine de batterie sont portés par Volkswagen, Umicore et PowerCo. Cela
nous donne également le temps d’investir dans notre industrie pour développer
une offre européenne de véhicules électriques abordables : Renault prévoit
déjà de lancer une voiture électrique neuve à moins de 20.000 euros dès 2025 et
Volkswagen de lancer son modèle ID.2 à moins de 25.000 euros en 2025 également.
Cette accélération législative impacte d’ailleurs dès maintenant le déploiement
industriel avec par exemple une multiplication par 10 en trois ans (2019-2022)
du rythme d’installation de bornes électriques en France et l’atteinte dès 2023
des objectifs européens prévus pour 2026 en la matière. L’extrême droite
écolosceptique crée en réalité de toutes pièces les craintes qui lui servent
électoralement, au mépris des faits et des actions déjà à l’œuvre. Et elle
déploie une stratégie obstructionniste vis-à-vis du déploiement massif de la
mobilité électrique qui, si elle était suivie, rendrait impossible l’atteinte
de nos objectifs climatiques européens et donc ceux de l’Accord de Paris.
L’extrême droite n’est pas là pour chercher les solutions, mais au contraire
pour faire en sorte qu’elles ne se déploient pas!
Sur la transition agricole et alimentaire, les partis d’extrême droite
affichent une volonté de structurer le débat autour du « pour ou contre » :
« pour ou contre » la viande, « pour ou contre » le modèle
de production conventionnel, « pour ou contre » la souveraineté
alimentaire… Cela s’est vu à grande échelle lors de la crise agricole récentes
ou en cours dans de nombreux pays européens. En Espagne par exemple, Vox se
pose comme le défenseur de la consommation de viande et de lait, pour maintenir
les activités d’élevage sur le territoire national. Fratelli d’Italia, Vox ou
l’AfD reprennent les rumeurs complotistes, pourtant démenties, selon lesquelles
les gouvernements européens seraient sur le point d’obliger leurs citoyens à
manger des insectes comme substitut à la viande d’élevage, et font des
propositions législatives pour l’interdire. Ils soutiennent également sur le
plan symbolique la consommation de viande comme un acte politique. Alice
Wiedel, leader de l’AfD, déclarait ainsi le 4 septembre 2023 : « Ils
veulent nous interdire le jarret de porc, la saucisse grillée… l’escalope ! Et
je peux vous dire que je n’accepterai pas qu’on me prive de mon escalope. Que
personne ne touche à mon escalope!».
Que répondre à cette intensification des clivages liés à l’agriculture ? Tout
d’abord que l’inaction climatique est en effet déjà un problème pour
l’agriculture, pour les rendements et donc pour les revenus de nos agriculteurs
et pour notre souveraineté alimentaire. En Italie par exemple, la production
agricole totale diminue et des surfaces de production de riz dans le Nord du
pays sont perdues à cause du changement climatique, alors qu’il s’agit du plus
gros producteur européen de cette céréale. En Espagne, la production d’huile
d’olive a chuté de plus de 50% en volume entre 2021 et 2023, expliquant
l’augmentation des prix de ce produit de base de la cuisine méditerranéenne. En
France, le secteur de l’élevage bovin est déjà en crise et le cheptel des
élevages extensifs se réduit inexorablement d’année en année alors que c’est
celui qui est le plus vertueux sur le plan écologique en contribuant à un
système de polyculture élevage. Ce n’est donc pas la transition qui le
fragilise mais au contraire l’absence de solutions environnementales. La
Politique agricole commune actuelle continue, malgré nos efforts, d’encourager
la concentration en Europe au détriment des petites et moyennes exploitations,
qui ont souvent à la fois un modèle environnemental plus pertinent car plus
diversifié et des coûts économiques plus élevés en raison de leur moindre
taille.
Inversement en s’opposant au développement des énergies renouvelables comme à
la décarbonation du secteur aérien, les partis d’extrême
droite privent les agriculteurs d’une source de revenu et de créations de
valeur à travers l’utilisation d’une biomasse agricole qui contribuera à la
disponibilité de biocarburants de seconde génération pour l’aviation ou à
l’inaction de gaz vert issu de la méthanisation dans notre mix énergétique.
Sans objectifs accrus sur les renouvelables ou sur la décarbonation de la
mobilité, pas de revenus issus de la méthanisation des déchets ou de
l’installation de parcs éoliens ou solaires (agrivoltaïsme).
Par ailleurs, en Europe, l’augmentation des prix de nos productions agricoles
est directement liée aux prix des énergies fossiles et en particulier du gaz
naturel qui est l’un des composants de bases des engrais synthétiques. La
déstabilisation de certaines exploitations agricoles qui en a résulté n’est
donc en rien liée à la transition mais au contraire a tout à voir avec
l’absence actuelle d’engrais verts produits en Europe, par exemple avec de
l’hydrogène décarboné, que le Pacte vert cherche justement à développer. En
définitive, l’extrême droite écolosceptique continue de nier en bloc la
nécessité de l’adaptation de notre système alimentaire et agricole à un
changement climatique qui a déjà des impacts dramatiques sur les exploitations.
Les agriculteurs et les consommateurs seraient les premières victimes de ce
déni si ces formations accédaient demain au pouvoir.
Sur le logement : la question de la rénovation thermique a déclenché un
débat profond dans certains Etats de l’Union, en particulier en Allemagne et en
Italie. L’AfD a présenté cette mesure comme une attaque au sacro-saint droit de
propriété, un élément constitutif des
démocraties libérales, dont le parti d’extrême droite se fait (ironie de
l’Histoire) le défenseur. sur ce sujet précis. En Italie, la rénovation
thermique des bâtiments a été mise en contradiction avec l’héritage identitaire
et architectural du pays par la Lega et par Fratelli d’Italia. Ces deux
réactions font suite à la loi européenne EPBD (pour Directive sur les
performances énergétiques des bâtiments) dont la négociation finale s’est
conclue en décembre 2023 et qui prévoit des obligations progressives de
rénovation des bâtiments pour les Etats jusqu’en 2050. Que répondre à cette
opposition de l’extrême-droite ? D’une part, le secteur du bâtiment, à travers
l’énergie utilisée pour le chauffage de tous les Européens, est responsable
d’environ un tiers de nos émissions annuelles de gaz à effet de serre ;
sans solution sur le sujet, nous ne pourrons tout simplement atteindre ni les
objectifs climatiques européens, ni ceux de l’Accord de Paris. D’autre part,
les habitants des passoires thermiques sont aujourd’hui les plus exposés à la
hausse significative des factures de chauffage à la suite de la guerre en
Ukraine et pour le cas des locataires sont entièrement dépendants des
incitations et obligations qui visent leur propriétaire. En outre, ces trois
partis (AFD, Lega et Fratelli d’Italia) se sont laissé aller à de nombreuses fake
news car leur critique porte sur des mesures qui en réalité…
n’existent pas ! Les États auront en effet toute liberté d’exclure les
bâtiments historiques s’ils le jugent utile pour ne pas abimer le patrimoine
européen auquel nous sommes évidemment tous attachés ! Et il n’y a pas
d’interdiction stricte sur la commercialisation de chaudières fossiles, pas
plus que d’obligation à remplacer toutes les chaudières fossiles d’ici 2040.
Enfin, notons que cette opposition à la rénovation thermique des bâtiments est
un agenda socialement injuste de la part de l’extrême droite car les premières
victimes des passoires thermiques sont celles qui souffrent des températures en
hausse dans leur logement, en particulier pendant les canicules (en 2022 en
France, près de 60 % des ménages ont souffert de la chaleur dans leur logement,
8 points de plus en seulement deux ans) et qui, inversement, se ruinent en
facture énergétique quand il fait froid. Avec l’extrême droite, elles seront
condamnées à rester vulnérables et à subir cette amputation massive de leur
pouvoir d’achat.
En définitive, il ne s’agit bien sûr pas de nier les enjeux, les tensions, les
difficultés liées à la transition écologique, comme celles liées à toute
transition quelle qu’elle soit, mais de constater l’existence de deux positions
politiques qui marquent une ligne de démarcation claire : d’un côté, un
positionnement obstructionniste qui conduit à renoncer à respecter tout
objectif climatique, et de l’autre, des forces politiques qui tentent de
dénouer méthodiquement les uns après les autres les nœuds bloquant les
transitions (cadre légal cohérent, incitations financières claires, ingénierie
financière adéquate pour porter les risques, protection contre les concurrence
déloyales…).
c. Une porosité nouvelle entre les
conservateurs de droite et les droites extrêmes : fake news, rejet de la
science, l’exemple de la loi sur la restauration de la nature
Ces stratégies des extrêmes droites européennes seraient moins
préoccupantes si elles ne rencontraient pas une plasticité idéologique nouvelle
dans les partis conservateurs classiques en Europe. Ces derniers sont sous
tension : le centre droit pro-européen a cherché historiquement à occuper un
espace central qui lui assure des majorités soit seul soit en coalition. Cette
stratégie est aujourd’hui percutée par la monté en puissance des partis
d’extrême droite qui grignotent la frange la plus conservatrice de leur
électorat. Ce qui amène certains leaders de la droite classique européenne à
envisager une coalition avec l’extrême droite plutôt qu’avec le centre ou le
centre gauche. Quel que soit le choix politique stratégique qui sera fait dans
les prochains mois après les élections européennes de juin 2024, il est clair
que sur le sujet de l’obstructionnisme climatique la porosité s’est accrue
entre une partie des conservateurs et les droites extrêmes.
Le Parlement européen a été le témoin d’un des exemples les plus flagrants de
cette plasticité de l’écoloscepticisme entre la droite et l’extrême droite lors
des débats et des votes très tendus qui ont accompagné la loi sur la
restauration de la nature au cours de l’année 2023. Le PPE (qui regroupe les
partis conservateurs européens), sous l’impulsion directe de son leader Manfred
Weber, a mené une bataille pour le rejet de cette législation, sans tenter de
négocier ni même d’amender le texte. Cette position a été rendue possible par
l’unité totale entre son positionnement et celui des droites plus radicales
(les groupes ID qui regroupe les partis d’extrême droite classique comme le RN,
et ECR qui regroupe les partis de droite souverainiste) dont l’alliance a mis
sous pression une partie conservatrice minoritaire des libéraux européens. En
outre, l’irruption au mois de mars 2023 du Mouvement Agriculteurs-Citoyens
(BoerBurgerBeweging/BBB) dans le paysage politique néerlandais a largement
impacté les délégations parlementaires de ce pays à droite et au centre et les
a également poussées à se radicaliser. Ce combat a ainsi servi de galop d’essai
à une alliance entre la droite, la droite nationaliste et l’extrême droite au
niveau européen, au détriment de ce qui avait fait le succès parlementaire du
Green Deal depuis 2019, à savoir une alliance entre la droite, le centre et les
sociaux-démocrates, et au cas par cas avec les Verts. Il est utile de rappeler
que cette stratégie s’est soldée par un échec. Le texte a finalement été adopté
en plénière même s’il a été largement modifié, et le PPE s’est lui-même divisé
face à la tactique jusqu’au-boutiste de son leader et face à la stratégie
d’alliance à droite. C’est d’ailleurs grâce à la division de la droite que le
texte a pu passer.
En adoptant une ligne de rejet pure et simple de ce texte, la majorité du PPE a
de fait copié-collé ce qui relève d’habitude des pratiques de l’extrême droite.
Ainsi, l’extrême droite dépose régulièrement des motions de rejet au Parlement
européen comme elle l’a fait contre la loi climat ou contre la loi sur les
véhicules zéro-émission. La plupart du temps, cela est sans effet. Sauf lorsque
la droite conservatrice rejoint ses positions. En faisant ce mouvement, le PPE
a non seulement pesé en faveur de l’obstruction mais il a également adopté
certaines pratiques généralement réservées à l’extrême droite, notamment celles
de la désinformation systématique. Les fake news ont été multiples
sur ce texte : on a prétendu qu’il serait interdit de construire des
projets éoliens sur des zones restaurées alors que des dispositions explicites
le permettent ; on a mis en avant un danger pour la sécurité alimentaire
européenne à la suite de la guerre en Ukraine alors que la Commission
européenne venait de publier une analyse soulignant que l’approvisionnement en
denrées alimentaires pour l’Europe n’était pas en risque mais qu’à moyen terme
l’effondrement de la biodiversité était l’un des problèmes les plus graves pour
la capacité productive de la ferme Europe ; on a affirmé que la loi
obligerait à retourner à un état de la nature similaire à celui de 1950, alors
qu’il s’agissait en réalité de réunir des informations sur l’état des
écosystèmes forestiers, agricoles, naturelles sur les 70 dernières années, soit
entre 1950 et 2020, ce dont toutes les administrations européennes disposent en
partie, etc. Sur ce texte, la « Trumpisation » du PPE a été assumée
par son leader, sans s’embarrasser de nuances, de véracité ou de cohérence de
l’action politique. Deux exemples frappants : la CSU, le parti de Manfred
Weber, met en œuvre lui-même en Bavière des mesures de protection de la nature
similaires et parfois plus ambitieuses que ce qui est inclus dans la
législation européenne ; autrement dit, ce parti conservateur démontre
dans les faits que la mise en œuvre de la législation est faisable et
économiquement soutenable pour les agriculteurs sans remettre en cause la
sécurité alimentaire. Ensuite, le PPE a largement critiqué l’avis de près de
3.000 scientifiques qui appelaient au soutien de cette loi, une rhétorique
anti-science habituellement réservée à l’extrême droite. Cette stratégie est
dangereuse car elle accompagne la normalisation du discours et des méthodes
d’extrême droite et leur offre une respectabilité nouvelle. Là réside l’un des
dangers les plus forts de cette stratégie politique de la part du PPE, y
compris pour lui-même, comme le montrent les innombrables exemples historiques
où les électeurs ont toujours fini par préférer l’original à la copie.
2. L’écoloscepticisme accroît nos
dépendances et aiguise les injustices
Comme on vient de le voir, les visages de l’écoloscepticisme
sont nouveaux car les terrains de jeu le sont également du fait des nombreuses
avancées du Pacte vert européen. Mais les fondamentaux et les conséquences
restent les mêmes, à savoir une idéologie de l’inaction climatique. Pour y
faire face, il faut bien sûr rappeler la nécessité d’agir pour le climat, mais
il faut aussi aller chercher l’extrême droite sur son propre terrain : celui de
la défense des « petits » et de la souveraineté, du « take back
control » affiché par la plupart de ses représentants. Et il faut montrer
que s’opposer aux politiques climatiques c’est justement organiser sciemment
l’absence de souveraineté de l’Europe et de la France à tous les niveaux. En un
mot : c’est organiser notre soumission aux autres puissances et la
fragilisation de ceux qui sont déjà les plus vulnérables.
a. L’écoloscepticisme organise la soumission
européenne aux puissances fossiles
Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, les
enjeux géopolitiques de notre approvisionnement énergétique ne sont plus un
mystère pour personne : la grande dépendance de l’Europe à l’égard des pays
producteurs d’énergies fossiles apparaît en plein jour et nous éclate à la
figure. Au début de l’invasion russe, certains pays européens comme la
République tchèque étaient encore dépendants à 100% de la Russie pour leurs
importations de gaz tandis que l’Allemagne en dépendait à hauteur de 55%. C’est
pour cela que la poursuite du déploiement du Green Deal après février 2022 a
immédiatement pris une dimension géopolitique : celle du refus du chantage
au gaz russe, c’est-à-dire du refus de la vassalisation énergétique. En effet,
pour un continent comme l’Europe qui ne produit que très peu d’énergies
fossiles et à des coûts très élevés, il est de notre intérêt vital de réduire
cette dépendance au moment où elles deviennent les armes géopolitiques de nos
concurrents. Or, cette bataille n’est pas partagée par les écolosceptiques
issus de l’extrême droite et de la droite nationaliste. Elle ne l’est pas non
plus par certains leaders de gauche ultraconservateurs comme en Slovaquie. Ils
ont en effet en commun cette volonté de ne pas s’extraire de la dépendance aux
carburants fossiles quitte à devoir la payer d’une soumission aux puissances
fossiles étrangères. Le PiS polonais a par exemple voté systématiquement contre
toutes les législations européennes issues du Green Deal, y compris après le
début de la guerre en Ukraine et en dépit de sa forte défiance à l’égard de
Moscou. En s’opposant à la neutralité climat, les nationalistes polonais se
sont mis eux-mêmes dans le piège de leur dépendance au gaz et au charbon
russes, dénoncé d’ailleurs depuis par leur opposition de centre droit et du
centre, prête à mener une politique bien plus favorable à l’action climatique
depuis leur accession au pouvoir en décembre 2023, au nom justement d’une plus
grande souveraineté de la Pologne vis à vis de la Russie. Dans le même temps,
en Suède depuis l’arrivée au pouvoir de la coalition soutenue par les
Démocrates Suédois, les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la
hausse pour la première fois depuis deux décennies, à rebours des efforts de
sobriété du reste du continent pour faire face aux conséquences de la guerre en
Ukraine. En Allemagne, l’AfD est on
ne peut plus claire sur sa vision de la politique énergétique : les
énergies renouvelables n’ont pas leur place dans l’avenir de l’Allemagne. Leur
porte-parole au Bundestag pour les questions énergétiques Steffen Kotré ne
craint pas de déclarer : « Nous avons du gaz, nous avons du pétrole.
(…) Le gaz viendra à nouveau de Russie quand nous aurons trouvé un accord». Cet
exemple montre le lien direct qui existe entre le négationnisme climatique de
partis comme l’AfD et le positionnement pro-Poutine adopté par une grande
partie de l’extrême droite (à l’exception notable des plus atlantistes du
groupe ECR et notamment de Giorgia Meloni). Au-delà des concessions honteuses
qu’elle implique sur le front ukrainien, une telle politique ne ferait
qu’entretenir la vulnérabilité énergétique et économique de l’Europe à un
moment où les différentiels de prix de l’énergie entre notre continent et le
reste du monde sont la principale source de préoccupations pour notre
industrie. Or, il faut le rappeler avec force : la crise des prix de
l’énergie à laquelle nous avons face en Europe en 2022 et 2023 est entièrement
une crise des énergies fossile (pétrole, gaz) et non une crise des énergies
renouvelables ou décarbonées qui, elles, n’ont pas vu leur prix exploser depuis
2022.
Derrière ces positions se cachent néanmoins une réalité très embarrassante pour
ces partis écolosceptiques : la consommation d’énergie fossile en Europe
coûte une fortune à nos économies. Chaque année, ce sont près de 700 milliards
d’euros qui partent dans les
importations d’énergie fossiles en provenance désormais principalement des
monarchies pétrolières du Moyen-Orient et d’Algérie, dans une moindre mesure de
Norvège. En France, cette facture s’élève à 100 milliards d’euros par an (soit
70% du déficit commercial français en 2022 !), en Allemagne à 130
milliards d’euros (facture qui a provoqué une baisse de 56% de l’excédent
commercial allemand en 2022) ou encore entre 20 et 12 milliards d’euros en
Pologne. Des sommes considérables qui alimentent souvent des régimes
autoritaires alors qu’elles pourraient très bien être redirigées vers
l’investissement et le développement économique sur le sol européen. Et les
partis d’extrême droite en particulier le savent ! En novembre 2023, dans
une résolution parlementaire donnant des directions à la diplomatie européenne
pour la COP28, le groupe ID a cherché à faire disparaître la mention de notre «
dépendance aux énergies fossiles ». Le groupe ID fait ici clairement le jeu des
pays producteurs de pétrole et de gaz comme l’Arabie saoudite, le Qatar ou la
Russie. Autrement dit, en tentant de nous maintenir dans une économie
dépendante des énergies fossiles, à rebours de la stratégie économique que nous
déployons avec le Green Deal européen, les écolosceptiques organisent notre
soumission géopolitique et économique à des forces étrangères dont nous sommes
souvent très loin de partager les valeurs. S’opposer aux politiques
climatiques, c’est de fait financer les compagnies pétrolières et gazières de
l’Arabie saoudite et du Qatar dont les connexions avec le financement
d’organisations islamistes radicales ne sont plus à démontrer. Ces mêmes
organisations que l’extrême droite prétend pourtant vouloir combattre….
b. Refus de la transition et sortie de
l’histoire : les conséquences de l’opposition à la transformation verte de
notre industrie
Cette opposition au déploiement du Green Deal est également une
opposition au déploiement d’une politique industrielle verte en Europe. L’AfD
et Vox lient ainsi tous deux désindustrialisation et action climatique dans
leur plateforme électorale respective au moment même où l’Union européenne se
dote d’une politique industrielle grâce au Green Deal. Les partis
écolosceptiques d’extrême droite au Parlement européen ont voté contre les
textes législatifs renforçant le marché du carbone en Europe, créant un mécanisme
d’ajustement carbone aux frontières pour assurer une concurrence loyale entre
nos industries et le reste du monde, les objectifs européens rehaussés en
matière d’énergie renouvelable, les nouveaux standards d’émissions pour les
voitures, mais aussi contre le plan de relance post Covid et ses composantes
vertes, soit un paquet de mesures qui doivent nous permettre justement d’avoir
un rôle dans la compétition mondiale engagée pour la localisation des chaines
de valeurs vertes. Les Américains ne font pas autre chose lorsque Joe Biden met
sur la table l’Inflation Reduction Act qui lie un soutien financier public
massif à des obligations de localisation pour la manufacture de batteries
électriques aux Etats-Unis ou chez ses alliés. Les Chinois de leur côté
investissent toujours massivement dans l’électrification de la mobilité et de
l’énergie, en s’en faisant désormais à bien des titres le leader mondial.
Les partis écolosceptiques d’extrême droite ont même poussé leur incohérence
anti-souveraineté jusqu’à ne pas soutenir le mécanisme d’ajustement carbone aux
frontières (MACF) au Parlement européen. Ce mécanisme égalisera les conditions
concurrentielles entre les industries européennes soumises au marché du carbone
européen et le reste du monde où la majeure partie des acteurs n’est pas
soumise à un tel prix du carbone. C’est difficilement justifiable pour nos
entreprises qui investissent massivement dans la transition climatique, mais
c’est aussi difficilement justifiable alors que les mouvements d’extrême droite
n’ont de cesse de critiquer les travers de la mondialisation et que le MACF
permet en partie d’en reprendre les rênes en connectant les règles commerciales
et les règles climatiques.
Les écolosceptiques veulent nous empêcher d’entrer dans cette compétition qui
pourrait se jouer sans nous. Ils veulent aussi nous empêcher de construire les
instruments climatiques qui assureront la juste concurrence entre nos
entreprises et le reste du monde, et nous prémuniront contre les risques de
délocalisations. La conséquence de leurs choix est une sortie de l’histoire
pour l’Europe et une absence totale de souveraineté pour les Européens dans
l’économie de demain car ils dépendront entièrement des Chinois et des
Américains pour l’obtention des biens de l’économie décarbonnée, et des pays
producteurs d’énergies fossiles pour faire tourner la dernière économie encore
dépendante d’eux : la nôtre.
c. La stratégie écolosceptique menace notre
souveraineté alimentaire
De la même façon, l’écoloscepticisme appliqué à l’agriculture
empêche l’organisation d’une agriculture européenne réellement souveraine. Et
ce pour deux raisons.
- D’abord, il entérine la dépendance de l’agriculture européenne aux pays
producteurs d’énergies fossiles et de phosphate, en particulier la Russie et
les pays du Maghreb. En effet, le modèle d’agriculture dominant en Europe est
un modèle intensif qui est très dépendant des intrants de synthèses pour
fonctionner car la fabrication des pesticides et des engrais nécessite beaucoup
de matière première fossile (de gaz en particulier). Ce lien direct entre gaz
et engrais explique en grande partie l’augmentation des prix alimentaires qu’a
connue l’Europe au début de la guerre en Ukraine, avec des taux d’inflation
pour des pays comme la Hongrie qui ont pu atteindre plus de 50%, frappant de
plein fouet les familles les plus vulnérables. L’un des moyens de réduire cette
dépendance est à la fois de soutenir l’émergence de filières de production
européenne d’engrais verts pour remplacer les engrais de synthèse. Toutefois,
que constate-t-on du côté des écolosceptiques qui prétendent vouloir défendre
la sécurité alimentaire en Europe ? Qu’ils n’ont justement pas soutenu les
législations européennes en faveur de l’émergence d’une industrie des engrais
verts comme le MACF et le marché du carbone qui rend plus compétitifs ces
engrais face à leurs concurrents carbonés ;
Cette approche à courte vue compromet notre sécurité alimentaire et, renforce
notre dépendance à des acteurs étrangers. C’est donc le contraire d’un agenda
de souveraineté alimentaire européen !.
Ensuite, il entérine la dépendance aux importations agro-alimentaires. Si
l’agriculture européenne est une puissance exportatrice, elle n’est pourtant
pas autonome pour la consommation protéique des Européens. Autrement dit, pour
répondre à nos besoins alimentaires journaliers, nous ne produisons pas
suffisamment de denrées et de produits destinées à l’alimentation humaine, car
une très grande partie des surfaces agricoles européennes sont utilisées pour
l’alimentation animale (près des deux tiers de notre surface agricole utile et
de notre production de céréales). La défense à tout prix des modèles
industriels intensifs comme le font les écolosceptiques empêche de répondre aux
enjeux économiques d’un secteur en difficulté (le secteur bovin et le secteur
de la volaille en particulier) et aux enjeux de souveraineté de notre
production. Pour dépolariser le débat et atteindre ces deux objectifs, il
convient, non pas de lutter contre l’élevage, mais de permettre un retour bien
plus important de la polyculture dans le cas de l’élevage bovin notamment.
Concernant la production et la consommation de viande, la bonne doctrine n’est
donc « pour ou contre » mais bien quelle viande veut on produire et
consommer ? De la viande issue de modèle extensif de polyculture élevage et de
la viande issue d’exploitations cohérentes avec les objectifs environnementaux
et climatiques européens, ou de la viande dépendante des importations
d’Ukraine, de Thaïlande ou du Brésil, et d’importations significatives de soja,
notamment du Brésil et des Etats-Unis, pour nourrir le bétail. La saucisse de
porc prise en exemple par Markus Söder, leader de la CSU, comme l’idéal type de
l’alimentation traditionnelle locale est en fait une saucisse dont les boyaux
sont produits en Chine et fabriquée à partir de porcs qui ont été nourris
d’aliments importés du Brésil ! C’est le produit mondialisé par excellence
!
d. L’obstruction anti-ecologique fragilise
ceux que l’extrême droite prétend protéger
L’inaction climatique et environnementale de l’extrême droite
écolosceptique (qu’elle soit ouvertement assumée ou qu’elle prenne la forme
d’un obstructionnisme de fait) a des conséquences très concrètes en termes de
non préparation aux événements climatiques qui se multiplient. Et les premières
personnes à en pâtir sont et seront… les électeurs principalement visés par
l’extrême droite ! Prenons quelques exemples concrets.
En s’opposant à la lutte contre l’artificialisation des sols, l’extrême droite
écolosceptique renforce la vulnérabilité de nos territoires, y compris de notre
agriculture. Les inondations dans le Pas-de-Calais en France de la fin de
l’année 2023 ne font pas uniquement suite à des précipitations exceptionnelles
mais aussi aux conséquences de l’artificialisation des sols et à de mauvais
choix de planification urbaine selon les spécialistes. Or, le RN et une partie
de la droite française s’opposent becs et ongles à la mise en place de la loi
Zéro Artificialisation Nette (ZAN). Le Pas de Calais étant un département où le
vote RN se situe à un niveau élevé, c’est un exemple intéressant montrant à
quel point les propositions et les combats anti-écologiques du RN desservent
l’intérêt des plus vulnérables sur ces territoires. Pour les (nombreux)
producteurs de betteraves du département français qui n’avaient pas encore
arraché leur récolte avant novembre dernier, le message est difficilement
acceptable. De même, lors des récents mouvements agricoles, l’extrême droite
n’a eu de cesse de vilipender l’agenda européen du Green Deal (alors même qu’il
est pour la plupart des textes pas encore en vigueur) tout en ignorant ou
minimisant le fait que les enquêtes d’opinion font ressortir une
incompréhension face à certaines mesures écologiques, mais aussi et surtout une
volonté de défendre le modèle de l’agriculture de petite et moyenne taille à la
française via un rééquilibrage des relations commerciales, de meilleures prises
en compte des intérêts des petits producteurs face aux plus grandes exploitations
dans le débat public, la lutte contre la volatilité des prix agricoles, etc.
autant de sujets superbement ignorés par le RN en France et qui constituent
pourtant le cœur de la demande de protection de nos agriculteurs.
En Allemagne, l’AfD nie la réalité du changement climatique et prône en
conséquence l’inaction, alors même que les épisodes climatiques extrêmes sont
en partie à l’origine des graves inondations qui ont touché la Basse Saxe à la
fin de l’année 2023, frappant un électorat que l’AfD comme l’ensemble des
écolosceptiques espèrent capter : les agriculteurs. Il en est de même en
Italie, où les écolosceptiques au pouvoir n’hésitent pas à mettre en œuvre une
politique obstructionniste vis-à-vis du Green Deal européen, et notamment de
l’agenda de transition agricole, alors que le volume de production des cultures
agricoles est dans tout le pays structurellement en baisse à cause de
l’aggravation du changement climatique selon leur propre analyse (-3,7% en 2022). On pourrait aussi prendre
l’exemple de VOX au pouvoir en coalition avec le Partido Popular en Andalousie
qui pourfend la religion du climat et promeut l’inaction alors que 50% de la
production d’huile d’olive du pays a été perdue en raison du manque d’eau
structurel depuis 3 ans, alors même qu’il s’agit de l’une des activités
économiques les plus importantes de cette communauté autonome espagnol… Une
fois de plus, l’écoloscepticisme de l’extrême droite conduit à une
fragilisation croissante d’une partie de la société qui est pourtant
aujourd’hui largement tentée par ce vote.
La même logique s’applique lorsque les écolosceptiques de l’extrême droite
s’opposent aux mesures européennes de rénovation thermique comme nous l’avons
vu plus haut, alors que les plus vulnérables (classes populaires, personnes
âgées) sont les catégories les plus représentées dans les passoires thermiques
et souffrent le plus de la chaleur en été et des factures énergétiques très
élevées en hiver.
e. Migration et migration climatique : la
stratégie écolosceptique aggravera le problème.
Même sur le sujet migratoire, le positionnement écolosceptique
de l’extrême droite va à l’encontre de l’objectif de souveraineté. Depuis 2009,
22,5 millions d’individus sont obligés de partir de chez eux à cause des
catastrophes climatiques ; d’ici 2050, ce sont 216 millions de personnes
qui pourraient être déplacées dans le monde à cause de l’inhabitabilité de
leurs lieux de vie du fait du changement climatique; certaines études parlent
même de 1,2 milliards de personnes déplacées d’ici 2050 pour ces mêmes raisons.
Aujourd’hui, ces déplacements existent bien sûr déjà et sont principalement des
mouvements sud-sud qui déstabilisent les pays en question, mais il est
difficile d’imaginer que sur le long terme les impacts sur les mouvements
sud-nord soient inexistants. Les pays qui sont frappés par cette
insoutenabilité climatique deviennent instables ce qui ouvre la voie à toute
sorte de conflictualité générant davantage de migrations locales et
internationales, au détriment premier des personnes concernées, puisque le
premier des droits est de pouvoir vivre chez soi en sécurité sans être forcé à
la migration.
La stratégie de l’autruche, que ce soit par déni climatique ou par
obstructionnisme vis-à-vis des mesures pour y remédier, entre en contradiction
directe la maitrise mondiale des flux migratoires forcés. Or, il est impossible
de répondre à ce défi en refusant de respecter et de promouvoir les Accords de
Paris. Ce serait pourtant la conséquence de la mise en œuvre du projet de
l’extrême droite écolosceptique. S’opposer à l’action climatique, c’est donc
augmenter les conséquences du dérèglement climatique et donc le nombre de
migrants climatiques potentiels. Au nom des valeurs qu’ils sont censés
représenter, les partis d’extreme droite devraient donc logiquement être les
premiers à vouloir agir pour le climat. C’est évidemment l’inverse de ce qu’ils
font au mépris des besoins et des intérêts de leur propre électorat… et bien
sûr au mépris du respect des droits des personnes à vivre chez elles sans être
contraintes de migrer en raison des sécheresses, des événements météorologiques
extrêmes, etc. Autant de conséquences funestes du changement climatique.
Conclusion
Les écolosceptiques sont donc bien le nouveau visage des climatosceptiques
historiques. Leurs positionnements comme leurs discours marquent une différence
de degré mais pas de nature dans le déni climatique. Même lorsque les partis
d’extrême droite ou proches de cet écoloscepticisme prétendent vouloir
s’attaquer à la crise climatique, l’examen de leurs propositions ne laisse pas
aucun doute sur leur imposture. Pire, leur discours sur notre souveraineté est
en fait un leurre car la mise en œuvre de leurs propositions provoquerait en
réalité une dépendance accrue de l’Europe en matière migratoire, alimentaire,
industrielle et géopolitique. Leur projet est un projet de soumission. Ne lui
cédons rien.
Sandro Gozi
> Il y a des moments où toute une
génération doit se lever et faire face à des défis historiques. C'est l'un de
ces moments. Avec 27 membres, l'Union n'est pas en mesure de prendre ses
responsabilités. Avec l'arrivée de nouveaux membres et sans réformes, l'UE sera
complètement paralysée. Nous devons relever ce défi et lancer une révision des
Traités en vue de démocratiser l'Union, renforcer nos politiques communes et
notre budget en vue des futurs élargissements. Réformons l'Union pour unifier
le continent !