Voici une sélection,
ce 19 février 2024, des derniers propos tenus par des centristes dans les
médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la République)
> Il ne faut pas laisser le combat contre l’immigration
clandestine à l’extrême droite.
> La nation, ce sont des droits et des devoirs. Si elle
est ouverte à tous les vents, que les immigrés irréguliers peuvent avoir accès
à des droits sans y contribuer, qu’est-ce que cela produit? Pourquoi
croyez-vous que les classes populaires se tournent vers le RN? Ce combat est
républicain.
> Le sentiment de perte de contrôle alimente le RN.
Beaucoup de ses électeurs considèrent l’Europe comme un monde trop ouvert, trop
compliqué. Donc la formule magique serait le retour au nationalisme.
> Des politiques très à gauche dans les années 1980 ont
conduit à l’entrée, à l’Assemblée, du Front national résolument antisémite et
négationniste, ce que n’est plus ouvertement le RN. Tout cela doit conduire à
l’humilité.
> C’est la société qui a normalisé et banalisé l’extrême
droite. Elle est invitée sur tous les plateaux de télévision depuis plus de dix
ans.
> [Entrée au Panthéon de Manouchian] Comme pour l’hommage
à Robert Badinter dont les élus du RN étaient absents, l’esprit de décence, le
rapport à l’histoire devraient les conduire à faire un choix (…), compte tenu
de la nature du combat de Manouchian. (…) Juifs, Hongrois, Polonais, Arméniens,
communistes, ils ont donné leur vie pour notre pays. C’est une façon de faire
entrer toutes les formes de la Résistance intérieure, dont certaines trop
longtemps oubliées.
> Des groupes d’extrême gauche n’adhèrent pas à la
République et à ses valeurs. Certaines personnalités de La France insoumise par
leurs positions combattent les valeurs de la République.
> Je n’ai jamais considéré que le RN ou Reconquête
s’inscrivaient dans l’arc républicain mais toujours considéré, comme avec la Loi
immigration, que les textes importants ne devaient pas passer grâce à leurs
voix. Ce distinguo suffit à dire où j’habite.
> [Suppression du droit du sol à Mayotte] Il est légitime
de poser cette question car les Mahorais souffrent. Ils ont d’ailleurs
accueilli très positivement cette proposition, quelles que soient leurs
sensibilités politiques. Nous devons casser le phénomène migratoire à Mayotte,
au risque d’un effondrement des services publics sur l’île. (…)
Des familles y circulent et arrivent en France, via Mayotte, où elles ont accès
à des prestations complètement décorrélées de la réalité socio-économique de
l’archipel. (…) Ce département français est la première maternité de France,
avec des femmes qui viennent y accoucher pour faire des petits Français.
Objectivement, il faut pouvoir répondre à cette situation. (…)
A cela s’ajoute un nouveau phénomène, ces derniers mois, compte tenu des
difficultés sécuritaires dans la région des Grands Lacs : une arrivée
massive de personnes en provenance de Tanzanie et d’autres pays. Pour casser ce
phénomène migratoire, il faut aussi « restreindre l’accès aux droits
sociaux pour les personnes en situation irrégulière.
> Restreindre le droit du sol pour Mayotte ne signifie
pas le faire pour le reste du pays. Je reste très profondément attaché à ce
droit pour la France. La révision de la Constitution [pour le cas de Mayotte] n’est
pas une attaque à la République indivisible, car la Constitution la reconnaît
aussi comme plurielle et décentralisée. Nous pouvons adapter la Loi
fondamentale aux territoires ultramarins : nous l’avons fait pour la
Polynésie française, pour la Nouvelle-Calédonie.
> [Crise au Proche-Orient] Une démocratie ne peut pas
faire ce qu’Israël est en train de faire.
> ¡Mano en la mano! Vous pouvez compter, cher Bernardo,
sur le soutien indéfectible de la France à votre combat pour la démocratie au
Guatemala. Ensemble, nous allons œuvrer pour une transition plus juste à
l’international et pour approfondir les relations entre nos pays.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement,
certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs
propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos
critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Bruno Le Maire,
ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et
Numérique
> Nous n'augmenterons pas les impôts. Nous
dépenserons dans les jours qui viennent 10 milliards d'euros en moins sur les
dépenses de l'État.
> Notre prévision de croissance
était de 1,4% pour 2024 et nous la révisons à 1%.
> Nous maintenons l'objectif d'un
déficit public à 4,4% en 2024.
Gérald Darmanin,
ministre de l’Intérieur et des Outre-mer
> À la demande d’Emmanuel Macron, nous avons intensifié la lutte
contre l’islam radical et politique suivi par la DGSI : 26 % en plus
d’expulsions par rapport à 2022.
> Les forces de l’ordre font face
depuis plusieurs jours à une grande violence de la part de ceux qui cherchent à
reconstituer une nouvelle ZAD sur le site des travaux de l’A69. Qu’elles en
soient remerciées. Il en va du respect de l’autorité de l’État et des décisions
de justice. Aucune ZAD ne sera tolérée.
Catherine Vautrin,
ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités
> Les larmes de crocodile de Marine Le Pen sont
une tartuferie. Le RN siège dans un groupe pro-Russe dont certains membres
n'ont pas voté la motion de soutien à Alexeï Navalny. Quand on soutient le
bourreau, il y a un problème.
> Pour faire face aux déserts
médicaux, nous augmentons le nombre de médecins :
- nous avons supprimé le numerus clausus ;
- nous avons pris le décret permettant à des médecins formés hors UE de pouvoir
exercer ;
- nous irons chercher à l'étranger des médecins Français qui voudraient venir.
En complément de ces mesures, nous travaillerons à l’attractivité de tous les
métiers de la santé.
> Beaucoup
de nos concitoyens sont inquiets voyant qu'ils gagnent trop pour être aidés
mais pas assez pour se permettre de ne pas compter. Pour eux, avec Gabriel Attal, nous ouvrirons tous les
chantiers pour que leur travail rémunère mieux.
> On entend que l'emploi en
France se dégrade. Je veux rappeler que le taux de chômage demeure nettement
inférieur à ce que nous avons connu par le passé, tandis que le taux d'emploi
affiche une tendance très favorable depuis 2017. Pas question de baisser la
garde.
Nicole Belloubet,
ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse
> Ma boussole, c’est l’article 1er du code de
l’éducation. Il dit trois choses :
- Faire de l’éducation la priorité de la Nation
- Permettre la transmission des savoirs et l’apprentissage des valeurs de la
République
- Faire confiance aux élèves et à leur capacité d’apprendre.
> Nous lançons une
expérimentation sur la tenue des élèves. Je suis convaincue de son intérêt :
elle s’inscrit dans notre volonté de lutter contre les inégalités et de créer
une unité.
> Dans une classe et dans l’École
de la République, il y a des règles. Elles doivent être respectées. Et
l’autorité des enseignants pleinement assurée.
Marc Fesneau,
ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
> Il n'y a pas un secteur de l'activité
économique qui sache faire sans produits chimiques. La question des pesticides,
c'est est-ce qu'il y a un risque ou pas.
> Il y a de l'impatience, je ne
dis pas que le salon de l'agriculture va se passer dans des conditions de
sérénité. Mais je n'ai pas l'impression que le travail va s'arrêter après le
salon.
> Le Rassemblement national,
c'est le parti de l'adversaire, et de l'ennemi des agriculteurs en France comme
en Europe. C'est manifestement le parti de la Russie.
> Missak Manouchian, qui va
entrer au Panthéon, dans son dernier courrier, disait qu'il n'avait pas de
haine. Il se projetait dans la nécessité de la réconciliation. La force d'un
message comme celui-là devrait nous inspirer.
> Quand on donne 3 milliards
d'euros à l'Ukraine, ce n'est pas que pour l'Ukraine.
Sébastien Lecornu,
ministre des Armées
> [Accord bilatéral de sécurité avec l’Ukraine] Cet accord consacre
l’engagement continu de la France à soutenir l’Ukraine. Il couvre notamment le
renforcement du soutien militaire, tant en matière d’armement, d’entretien des
matériels fournis que de formation. La France est l’un des pays européens qui
forme le plus de soldats ukrainiens : nous en avons déjà formé 10 000
depuis le début de la guerre, et nous en formerons entre 7 000 et
9 000 supplémentaires en 2024, sur des formations généralistes comme
spécialistes. Cet accompagnement est crucial, l’armée ukrainienne subissant de
lourdes pertes.
L’effort consenti pour l’Ukraine a été permis d’abord par des cessions
d’équipements issus des stocks de nos armées, qui font par la suite l’objet de recomplètement
neuf à l’identique par un achat à un industriel. Il y a aussi des matériels
donnés encore opérationnels, mais plus anciens, que nous aurions prochainement
retirés du service et que nous remplaçons par une nouvelle génération. Nous
avons ainsi accéléré la transition et c’est particulièrement vrai pour les
véhicules terrestres, où nous avons donné des chars sur roues AMX-10 RC et des
véhicules de l’avant blindé VAB qui sont remplacés plus vite par des Jaguar et
des Griffons produits par Nexter. C’est du gagnant-gagnant. Il y a ensuite des
fonds dédiés nationaux et européens qui permettent d’aider l’Ukraine à s’armer.
(…)
La logique que j’évoquais pour les véhicules vaut aussi pour les missiles, bien
que nos stocks étaient plus limités en raison des réductions budgétaires
d’avant 2017. Nous cédons donc des missiles qui auraient été perdus du fait de
leur « date de péremption » si nous ne les avions pas utilisés. Je
peux citer en cela les systèmes Crotale. Mais de fait, depuis septembre
dernier, nous faisons évoluer la logique en privilégiant des acquisitions
directes entre l’armée ukrainienne et nos industries de défense sur des
matériels de haute valeur ajoutée et aux meilleurs standards de qualité. C’est
vrai du domaine de l’artillerie avec les canons Caesar et leurs munitions, les
drones, et bien sûr dans le domaine de la défense aérienne. Et au-delà des
sommes engagées, il y a un bénéfice et un retour direct pour l’industrie
française et ses emplois. Nous tirons aussi des enseignements de la guerre en
Ukraine pour notre propre industrie de défense et pour certains programmes
d’armement qui profiteront demain à l’armée française. C’est vrai pour la
capacité à produire plus vite et en quantité, mais c’est vrai aussi en matière
d’innovation de ce que cette guerre nous apprend. (…)
Nous prévoyons de poursuivre ce soutien dans plusieurs domaines, en particulier
dans la défense sol-air, où nous avons une expertise notable, et dans
l’artillerie, où le canon Caesar devient un symbole mondial de l’efficacité de
l’artillerie française. L’intérêt de nombreux pays pour ce canon témoigne de sa
réputation. Grâce aux programmes d’économie de guerre, nous avons pu doubler
les capacités de production, avec la possibilité de produire jusqu’à 78 canons
pour l’Ukraine dans les usines Nexter en 2024. Je tiens d’ailleurs à exprimer
ma gratitude aux ouvriers et techniciens qui travaillent parfois en trois-huit
à Roanne et à Bourges. Leur engagement est remarquable et, grâce à eux, ces 78
canons, ainsi que d’autres équipements, pourront être livrés à l’Ukraine en
2024.
Concernant les missiles et d’autres domaines critiques, le contexte est quelque
peu distinct. Prenez les missiles complexes tels que les Aster. MBDA doit
intensifier ses efforts pour réduire les délais de production, le travail est
en cours comme cela a été fait pour les missiles de courte portée Mistral.
Cette exigence s’applique aussi à la défense sol-air de moyenne et longue
portée. C’est pourquoi, en 2024, je vais commander pour la France huit unités
complètes de ce système avancé de nouvelle génération, le SAMP/T-NG, qui n’a
rien à envier au Patriot américain. Il est fort probable que nous assistions à
des succès notables sur le terrain capacitaire en 2024.
Le premier exemple concerne le développement d’une nouvelle génération de
drones kamikazes. Ce projet, que j’ai amorcé dès ma nomination, est en phase
d’expérimentation. L’Ukraine sera parmi les premiers bénéficiaires de ces
drones dans les prochaines semaines. Cela représente aussi une opportunité de
tester au combat cette nouvelle génération de matériels. Là encore, nos intérêts
convergent. Deuxième exemple, il s’agit de l’intégration de l’intelligence
artificielle pour les canons Caesar, ce qui nous permet d’accélérer
l’acquisition des cibles de tirs du canon. Nous avons donc, depuis deux ans,
des retours d’expérience sur notre propre équipement. Aussi bien sur la
quantité, avec l’augmentation de la production grâce à l’économie de guerre,
que sur la qualité, avec des innovations sur de nouvelles générations de
matériels. (…)
La problématique des munitions est cruciale, car elle soulève la question
fondamentale de notre autonomie stratégique et donc, de manière plus pratique,
de la disponibilité des stocks de poudre, en particulier pour produire les obus
de 155 mm. Nous avons réussi à augmenter notre soutien en triplant nos
livraisons mensuelles d’obus à l’Ukraine, en en produisant désormais 3 000
par mois. Toutefois, ce volume reste très insuffisant. (…)
Cette situation, mais aussi la crise du covid19, a mis en lumière une lacune,
car nous sommes actuellement très dépendants sur quelques segments et ce n’est
pas acceptable, ni conforme à notre modèle historique. Il est crucial de
retrouver une souveraineté dans ce domaine et cela est en cours. Prenons
l’exemple de Bergerac en Dordogne, où l’entreprise Eurenco a lancé avec le
ministère des Armées un projet important. Le mois prochain, nous assisterons à
la pose de la première pierre de cette usine dédiée à la production de
poudre : cela permettra d’alimenter la production de 150 000 obus par
an ! Cette usine créera 150 emplois, et c’est un domaine où la France va
retrouver sa pleine souveraineté.
Autre exemple : j’ai sollicité une étude sur les munitions de petit
calibre, qui pourrait intéresser aussi bien les armées, le ministère de
l’Intérieur, les douanes, que les tireurs sportifs du secteur civil. Nous nous
fournissons actuellement en munitions étrangères. Je souhaite donc que nous
envisagions la reconstitution d’une filière de petit calibre en France. Pour
cela, il est essentiel que tous les acteurs concernés collaborent. Leur
implication est cruciale pour créer un marché français et assurer la
compétitivité de la filière. Tout cela prend inévitablement du temps : il
aurait été plus facile dans le passé de protéger ces productions stratégiques
que de devoir les recréer aujourd’hui…
> La loi de programmation militaire, certains disent que
ce n’est pas assez. D’autres trouvent que c’est trop et ne comprennent toujours
pas la nécessité de se réarmer… Je considère que la copie arrêtée par le
président de la République, puis débattue, enrichie et votée par le Parlement
l’année dernière, constitue la bonne réponse, même s’il faudra nécessairement
faire des mises à jour pour répondre au contexte stratégique et technologique
qui évolue plus vite que jadis. Et faire preuve de patience car cette reprise
en masse musculaire prend un peu de temps : il est plus rapide de mettre
fin à un programme d’armement que d’en recréer un…
Entre 2017 et 2030, on assistera donc à un doublement du budget de la
Défense, passant de 32 milliards d’euros à 68 milliards d’euros.
J’ajoute que ce qui nous différencie des périodes précédentes est que cette
exécution de la programmation militaire se fait à l’euro près, c’est-à-dire que
ce qui est promis dans la loi votée est réellement dépensé. Le président de la
République l’a voulu, il en est le garant, et je reste persuadé que cela
restera comme un des grands éléments du bilan des deux quinquennats. C’est un
effort pour la nation et le contribuable, mais il est réaliste face au contexte
international, et indispensable pour notre sécurité et notre souveraineté. Ce
redressement est salutaire. (…)
À titre d’illustration, en 2024, nous prévoyons de commander 253 véhicules
Griffon, 45 véhicules Jaguar et 97 Serval. Nous serons livrés de
treize Rafale, treize Mirage 2000 rénovés et deux A400M. Nous recevrons un
patrouilleur outre-mer ainsi qu’un nouveau sous-marin nucléaire d’attaque. Nous
investirons dans les chaufferies nucléaires du futur porte-avions, le
successeur du Charles de Gaulle, et dans une gamme complète de drones.
Nous modernisons donc nos capacités conventionnelles mais aussi les deux
composantes de notre dissuasion nucléaire. Mais nous aurons également des
programmes nouveaux qui permettront de nous préparer aux menaces
nouvelles : le cyber, la guerre électronique, la militarisation de
l’espace et des fonds marins. Tout cela sans oublier l’entraînement des forces
et leur équipement individuel. En somme, nous poursuivons la réparation de
notre outil militaire qui en avait plus que besoin, mais cela ne suffit pas. Nous
amorçons désormais sa modernisation plus profonde pour tenir notre rang.
> Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie. Et aider
l’Ukraine, État agressé, à se défendre, n’est pas être cobelligérant. Mais
soyons lucides et regardons les choses de près : la Russie présidée par
Vladimir Poutine adopte un comportement de plus en plus agressif à notre
encontre. En 2023, nous avons ainsi recensé une centaine d’incidents agressifs,
allant de simples communications menaçantes à des tentatives de contrôle sur
des patrouilles françaises dans des espaces aériens et maritimes internationaux
libres d’accès. Un tel niveau d’agressivité n’existait pas auparavant. Il
s’agit d’une stratégie délibérée de la part du régime du Kremlin. Je rappelle
que c’est un enjeu majeur pour nos militaires d’assurer la protection de notre
liberté d’accès aux espaces internationaux, il en va du droit international et
de nos intérêts. (…)
Ce qui est crucial ici, c’est la notion d’escalade. Le régime du Kremlin joue
avec les seuils et multiplie les menaces. Un autre domaine de préoccupation
concerne les menaces liées au chantage aux matières premières, comme on l’a vu
avec les céréales. Le prix élevé des hydrocarbures en France est en partie dû à
la mainmise de Moscou sur ces ressources, ce qui affecte directement le pouvoir
d’achat de nos citoyens et affaiblit nos économies. Moscou utilise ces leviers
sans retenue : c’est le principe même de l’hybridité.
Nous avons également subi des cyberattaques d’origine russe, de plus en plus
agressives et nombreuses. Ces attaques, qui brouillent la ligne entre les
actions de l’État russe et celles d’individus russes, ciblent nos
infrastructures. Le cyberattaque subie il y a quelques mois par une importante
entreprise de défense française, repoussée mais clairement d’origine russe,
visant à perturber la production de matériel militaire pour la France et nos
alliés. Cette agressivité accrue justifie une montée en puissance de notre
défense cybernétique.
> Depuis plus de deux ans le risque que représente la
Russie va grandissant, c’est le constat partagé par l’ensemble des pays
européens. Nos services de renseignement surveillent attentivement les
tentatives de déstabilisation russes au travers de la manipulation de
l’information. En tant que démocratie, nous sommes particulièrement sensibles
aux opérations de désinformation. La France et les États-Unis ont été victimes
de telles opérations pendant des campagnes électorales au cœur de nos processus
démocratiques ces dernières années.
Sur le champ militaire, rappelons la manipulation macabre du charnier de Gossi
en 2022 : Wagner avait mis en scène un faux charnier, en allant chercher
des cadavres et en les disposant sur une ancienne emprise militaire française
au Mali, pour accuser nos forces d’être à l’origine d’un crime de guerre. Nos
capteurs prépositionnés nous ont permis de caractériser et dénoncer la
forfaiture des mercenaires russes.
Et encore très récemment, la Russie a diffusé des informations sur de prétendus
mercenaires français tués en Ukraine, en fournissant une liste mensongère de
noms, incluant des personnes n’ayant aucun lien avec le conflit ukrainien et
qui sont allées en Ukraine pour des raisons professionnelles avant le conflit.
Ces allégations sont clairement des manipulations. Il est donc essentiel
d’aborder la menace russe avec lucidité et de ne pas la sous-estimer.
> Depuis février 2022, la résilience ukrainienne
nous a enseigné à être prudents quant à nos prévisions. Initialement, peu
imaginaient que l’Ukraine pourrait tenir tête à la puissance militaire russe.
La Russie de Vladimir Poutine, tout en étant plus agressive sur le plan
hybride, rencontre en parallèle d’importantes difficultés sur le terrain
conventionnel face à l’armée ukrainienne. Cela s’explique bien entendu par les
efforts héroïques des soldats ukrainiens et de l’aide des pays occidentaux,
mais également des mauvaises analyses et décisions de la part des autorités
russes, sans oublier les désorganisations liées à la corruption et au mensonge
au sein de leur appareil de sécurité.
Il faut comprendre que même si la contre-offensive ukrainienne n’a pas eu
l’effet escompté, cela ne signifie pas pour autant que les Russes ont repris le
dessus. Suivant de près l’évolution du conflit, j’observe que la ligne de front
ne bouge que très légèrement, souvent de quelques centaines de mètres ou
kilomètres. Nous assistons à la stabilisation de cette ligne de front, mais
cela ne traduit pas un avantage décisif immédiat pour la Russie, qui va devoir
opter pour une stratégie de guerre d’usure et de pourrissement. L’enjeu actuel
est donc d’assurer que l’Ukraine conserve ses capacités défensives et de
contre-offensive, ce qui est précisément l’objectif de l’accord que le
président Zelensky vient de signer à Paris avec le président Macron.
> La mise en place d’une défense européenne suscite
diverses opinions dans les différentes familles politiques. Cela était encore
perceptible au cours de la discussion de la loi de programmation militaire.
C’est un bon débat ; que doit-on partager pour être plus fort dans un
monde global plus dur et compétitif en matière d’armement ? Que doit-on en
revanche absolument maîtriser et faire seul ? Je forme le vœu que la
campagne des élections européennes permette cette discussion.
À titre personnel, je suis profondément convaincu que notre première assurance
vie, c’est notre armée, dans les fondamentaux de son modèle gaullien dessiné
dans les années 1960, c’est-à-dire reposant sur une dissuasion nucléaire
autonome, un cadre d’emploi national d’une armée expérimentée au combat, des
alliances claires, et une industrie de défense souveraine.
Néanmoins, je crois fermement que l’Union européenne a un rôle à jouer, en ce
qui concerne le développement et la protection de cette industrie de défense,
sans jamais entrer dans les prérogatives souveraines des États, comme par
exemple les contrôles des exportations. L’Union européenne, en tant que marché
commun, doit se mobiliser pour aider en matière de production, de travail et de
finance.
> J’aime l’histoire. La paix a souvent été l’exception,
tandis que la guerre était la règle. Pierre Messmer, dans ses mémoires,
souligne qu’un bon ministre de la Défense doit être fondamentalement pacifiste,
tout en se préparant en permanence à remporter toute guerre. Je suis d’accord.
Il est crucial de ne pas renoncer à l’idéal de paix, en évitant toute forme de
naïveté. Se préparer à la guerre, dans un sens, est un moyen de préserver la
paix.
Stéphane Séjourné,
ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, secrétaire général de
Renaissance
> À l’issue de la Conférence de Munich sur la sécurité nos
objectifs sont clairs et chaque minute compte :
- soutien à l'Ukraine, encore et toujours
- avenir de notre sécurité en Europe
- désescalade au Moyen-Orient
- soutien aux populations civiles de Gaza.
> Je
l'ai rappelé à nos partenaires lors de la Conférence de Munich sur la sécurité: la lutte que nous menons contre les attaques
informationnelles et ingérences russes qui s'intensifient est fondamentale.
Elle est inhérente à la résilience de nos démocraties et au renforcement de
notre sécurité collective.
Christophe Béchu,
ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des
Roland Lescure, ministre
délégué chargé de l’Industrie et de l’Energie
> La centrale du
Bugey incarne le nucléaire d’aujourd’hui et de demain. C’est tout le sens de
mon ministère : la transformation de notre appareil industriel au service de la
transition écologique. Ici EDF installe deux EPR2, essentiels à la relance du nucléaire
français.
Olivia Grégoire, ministre
déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation
> Nous avons, depuis 7 ans, baissé de 50
milliards d’euros les impôts des Français et il n’est évidemment pas question
de les augmenter. En revanche, si l’Etat gagne moins, il doit dépenser moins.
Nous trouverons donc 10 milliards d’euros d’économies sur nos dépenses.
> Le financement c’est le nerf de
la guerre pour les entreprises qui souhaitent investir et grandir. À Bercy,
nous réunissons les lauréats du programme ETIncelles et des fonds
d’investissement pour échanger sur les solutions existantes et répondre aux
questions des dirigeants.
La raison d’être du programme ETIncelles c’est de lever les freins à la
croissance de nos PME pour qu’elles puissent grandir, recruter et s’exporter.
Comment ? En facilitant leurs relations avec les administrations et en veillant
à l’efficacité des aides et de la réglementation.
Thomas Cazenave, ministre
délégué chargé des Comptes publics
> Les 10 Milliards d’€ d’économies sont faits
sur les dépenses de l’Etat. À nous de montrer l’exemple et de faire preuve de
solidarité gouvernementale. Tous les ministères sans exception vont devoir
faire des efforts.
> [Economies dans les dépenses de
l’Etat] Il y aura moins de logements rénovés.
> Le choix de retirer 10 Mds d’€
du budget des ministères de façon immédiate est une mesure forte, de
responsabilité, pour faire face à la conjoncture économique internationale.
Tout doit être mis en œuvre pour tenir nos objectifs de finances publiques et
réduire le déficit.
> Compte-tenu de la révision de
croissance, il est fort probable que nous ayons à faire 12 milliards
d'économies supplémentaires l'année prochaine.
> [RN en dehors de l’arc républicain]
Ce n'est pas une question de mots. Ses députés sont légitimes. En revanche, on
ne construit rien avec eux, on les combat.
Dominique Faure, ministre
déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité
> En France, on compte 26 000 policiers
municipaux, essentiels à de nombreux maires pour assurer la sécurité des
habitants Depuis 1999, le monde a changé et pourtant les contours de
leur métier n’ont pas évolué. C’est pourquoi, sitôt que nous aurons trouvé un
accord pour revaloriser leurs rémunérations avec les maires, nous lancerons un
Beauvau des polices municipales pour faire évoluer leur métier et l’adapter aux
réalités du terrain. 4 rencontres seront organisées dans plusieurs villes pour
permettre à tous les acteurs concernés de mettre sur la table leurs
propositions pour renforcer l’attractivité du métier et garantir les moyens
d’agir de nos policiers municipaux.
Sarah El Haïry, ministre
déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles
> A la rencontre d'enfants et de jeunes protégés, et à l'écoute des
professionnels, des élus et des associations qui les accompagnent. Tous les
enfants ont les mêmes droits, et c'est le devoir collectif de tous les adultes
de les protéger.
> Tous les enfants, nous leur devons protection, accompagnement. Ce n'est
pas le ministère des enfants placés ou des autres, c'est celui de tous les
enfants et chaque adulte a une responsabilité. L'Etat est aux côtés de ceux qui
accompagnent.
Frédéric Valletoux, ministre
délégué chargé de la Santé et de la Prévention
> Les solutions existent partout sur notre
territoire pour résoudre les blocages dans notre système de santé : continuons
à travailler ensemble pour simplifier, améliorer et accélérer au quotidien.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Sylvain Maillard (président du groupe à
l’Assemblée nationale)
> La société dans son ensemble ne demande pas
plus de normes mais au contraire, plus de simplicité.
Benjamin Haddad
(porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale)
> 2024 sera une année existentielle pour
l’Europe, face à une Russie de plus en plus agressive, et un Trump à nouveau
aux portes du pouvoir.
> L’Europe doit prendre la
maîtrise de son destin. Face à l’agression de Poutine, et demain peut-être le
retour de Trump, nous devons investir dans notre défense et notre souveraineté
technologique et énergétique. Ce sera l’enjeu de l’élection du 9 juin.
> Le Rassemblement National nous
fait croire qu’il pleure la mort de Navalny alors qu’il a voté contre toutes
les résolutions demandant sa libération au parlement européen ! Tartufferie.
> La mort de Navalny révèle une
fois de plus la nature criminelle du régime de Poutine. Il assassine ses
opposants, agresse ses voisins et s’ingère dans nos démocraties. C’est une
attaque contre nos valeurs et nos intérêts.
> Les
Ukrainiens meurent pour la sécurité de l’Europe. Les soutenir, c’est aussi
assurer notre défense. L’accord de sécurité signé par Emmanuel Macron
et Zelensky le dit clairement : au moment où
la Russie redouble d’agressivité a notre égard, nous tenons dans le temps long.
> Quand on gagne
moins, on dépense moins. Face au contexte géopolitique et au ralentissement
économique global, l’État réduit ses dépenses de 10 milliard.
- Uniquement les dépenses de l’Etat, pas
la protection sociale ou les collectivités.
- Pas de hausse d’impôt.
> La dissuasion nucléaire est
souveraine et la France ne partage pas la décision avec ses voisins, c’est une
arme souveraine Mais Emmanuel Macron
l’a rappelé : nos intérêts vitaux sont en partie
européen. La sécurité de nos alliés européens c’est aussi la sécurité de la France
et cela affecte nos intérêts et la France a une responsabilité.
> Sur les deux mandats d’Emmanuel Macron, nous avons
doublé le budget de défense. Face aux crises à nos frontières et la guerre sur
notre continent, nous devons aller plus loin et porter la voix du réarmement
européen. Il faut investir massivement dans la défense européenne.
> Il est temps de prendre des
décisions audacieuses. Pendant le Covid, on a crée un fond européen de la dette
commune, pourquoi ne pas le faire pour la Défense ?
> Celui qui a été le plus
efficace pour lutter contre le RN, c’est
Emmanuel Macron
> Que propose M Bardella, qui ne
vient jamais au parlement européen ? Lui qui nous dit que la loi française se
fait à Bruxelles mais n’y dépose aucun amendement ? Sur l’immigration, le
Frexit, l’euro: le RN a dit tout et son contraire. Une escroquerie.
> [Grève des aiguilleurs de la
SNCF] Ces grèves empoissent la vie des français (...) Je comprends l’intention
de la proposition de loi de LR sur l’encadrement du droit de grève. Nous en
débattrons.
> L’UE doit investir massivement
dans son réarmement, le nucléaire, la transition environnementale...
Jean-René Cazeneuve
(député)
> L'État français a moins de recettes. L'État
français doit donc réduire ses dépenses. C'est aussi simple que ça, et c'est ce
que tout le monde fait dans la vie de tous les jours.
> La France n'est pas une île.
Face à une dégradation de la conjoncture économique internationale, il fallait
agir vite. Les 10 milliards euros d'économie annoncés par Bruno Le Maire vont dans le bon
sens et nous permettent de tenir notre trajectoire de désendettement.
> Malgré cette révision à la
baisse, notre croissance en 2023 et 2024 reste supérieure à la majorité des
pays européens.
Charles Rodwell (député)
> La croissance ralentit. Quand on gagne moins,
on dépense moins. Ce n’est pas aux Français, mais à l’Etat de faire cet effort. Notre choix
politique est très clair et inchangé : pas de hausse d’impôts. Nous ferons immédiatement
10mds€ d’économies sur les dépenses de l’Etat.
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (présidente)
> La défense européenne a longtemps été
un tabou. Aujourd’hui, elle devient une nécessité. Notre ambition : être à
l’avant-garde de cette nouvelle architecture de la sécurité continentale.
> [Subventionner la production pour
la défense] Renew Europe veut la création d’un fonds de souveraineté. Nous
avons besoin que la Commission européenne en fasse une priorité absolue. Le
statu quo n’est pas une option aujourd’hui, alors nous devons vraiment nous
assurer que cela est politiquement identifié. Nous devons accélérer le rythme
sur ces questions. Il y a trop peu de coordination entre les 27 États membres
sur ces questions.
> Nos lois européennes
s’appliquent à tous. Cela vaut pour ceux qui tentent de rejoindre illégalement
l’Europe. Cela vaut aussi pour ceux qui dirigent nos institutions. Fabrice Leggeri semblait croire
que les règles ne s’appliquaient pas à lui. Sa démission en dit long.
L’Office européen de lutte antifraude avait souhaité qu’une procédure
disciplinaire soit ouverte à l’encontre du directeur d’alors de l’agence
Frontex. Harcèlement, inconduite, pushbacks. Les accusations à son encontre
étaient graves. Une telle attitude ne relève pas du zèle.
Nous agissons résolument pour protéger les
frontières de l’Europe. Avec Renew Europe, nous avons été en première ligne pour bâtir le Pacte
Asile et Migrations. Nous protégeons et nous respectons. Incompétence et mépris
de nos principes : Fabrice Leggeri rejoint bien sa famille [l’extrême-droite et le RN].
Nathalie
Loiseau
> L’esprit délétère de Munich 1938 flotte encore. Le
RN n’a pas changé et continue de se ranger du côté de la Russie. La question
qui se pose est : pourquoi une allégeance aussi prolongée, la seule ligne
politique sur laquelle le RN n’a jamais varié ?