Voici une sélection,
ce 12 janvier 2024, des derniers propos tenus par des centristes dans les
médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement,
certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs
propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos
critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Gabriel Attal Premier
ministre, chargé de la Planification écologique et énergétique
> Ma méthode c'est d'être lucide et de dire la vérité. Tout ne va pas
bien dans le meilleur des mondes. Ma responsabilité c'est de dire ce qui va, et
ce qui ne va pas, et pour ce qui ne va pas, de chercher des solutions et de les
mettre en œuvre rapidement.
> Moi, ce que je veux, c'est de l'action, de l'action, de
l'action et des résultats, des résultats, des résultats. (…) Les ministres sont engagés à 200% pour répondre aux attentes
des Français.
> Le président s'est engagé à baisser les impôts de deux
milliards d'euros, et évidemment, on sera au rendez-vous de son engagement car
les Français attendent qu'on agisse pour eux.
> Le Gouvernement et la majorité sont unis derrière Emmanuel
Macron. Cohésion absolue au service du projet qu'il a porté et présenté aux
Français.
> Je veux valoriser le travail, le mérite et l'engagement
de tous ces Français de la classe moyenne, qui travaillent tous les jours, qui
sont toujours au rendez-vous de leurs responsabilités mais qui ont parfois le
sentiment de donner beaucoup et de recevoir assez peu.
> La cause de l’école est la mère de toutes les
batailles. C’est sur l’école que reposent les espoirs de nos concitoyens pour
une vie meilleure, en particulier ceux de la classe moyenne.
Bruno Le Maire,
ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et
Numérique
> Merci au président de la République et au Premier ministre pour leur
confiance. C’est avec rigueur, détermination et enthousiasme que je vais
poursuivre mon travail à Bercy au service des Françaises et des Français. En
avant !
> J’ai encore plus d’énergie et d’enthousiasme qu’au
premier jour. C’est le moment d’accélérer, d’aller au bout de cette
transformation.
> Avoir la responsabilité de l’énergie, c’est se donner
les meilleures chances d’accélérer la réindustrialisation du pays et la
réalisation du programme nucléaire français.
> Je pousserai la question de la rémunération et des
salaires. C'est une question politique incontournable pour éviter le RN.
> Ce remaniement montre que la majorité est capable de se
réinventer et lui redonne un élan pour mener le mieux possible les élections
européennes.
> Je vais continuer à défendre mes convictions alors que
les Français veulent de l'ordre, de la sécurité, le contrôle de l'immigration
irrégulière. Je le dirai et jamais je ne mettrai un voile sur mes convictions.
> Pourquoi venir en France ? Tout simplement parce qu'en
Europe, c'est «the place to be.» Et que nous avons réussi, avec le président de
la République, à transformer radicalement l'économie française en 7 ans et que
nous allons continuer, croyez-moi, avec encore plus d'énergie et encore plus de
détermination.
Nous étions un pays qui fiscalisait lourdement le capital, nous avons allégé la
fiscalité sur le capital. Nous étions un pays qui perdait son industrie, nous
sommes en train de réindustrialiser notre nation. Nous étions un pays qui était
hostile à la finance, même les plus hautes autorités de l'Etat disaient
qu'elles étaient hostiles à la finance, nous sommes devenus le pays qui attire
aujourd'hui en Europe le plus d'investissements financiers. Et merci à nos amis
britanniques qui, grâce au Brexit, nous permettent de récupérer toute la
finance mondiale ici à Paris. Encore quelques décisions comme cela, Mesdames et
Messieurs les Britanniques et nous serons encore plus tranquilles.
Nous avons aussi transformé le modèle social, nous avons réformé l'assurance
chômage, nous avons réforme des retraites, bref, nous avons fait de la France
un pays qui innove, un pays qui réussit, un pays qui s'approche du plein emploi
et un pays totalement déterminé à rester un des leaders au XXIe siècle.
Cela vaut en particulier, Olivia Grégoire, l'a parfaitement rappelé, dans le
domaine touristique. La France reste la première destination mondiale quasiment
chaque année depuis 30 ans. Et moi je voudrais que les choses s'améliorent
encore. Il ne faut pas être premier, il faut être le premier des premiers. Il
faut que la France devienne «the place to be» pour les investisseurs, pour les
touristes, pour tous ceux qui envisagent de voyager.
Et il faut se demander pourquoi est-ce que le monde entier veut venir ici en
France? Je pense que ça tient à l'immense singularité de la nation française.
Tant de lieux dans si peu d'espace, tant de mondes dans une seule nation, tant
de mémoires dans un seul peuple. Il n'y a qu'en France que vous trouverez ça.
Il n’y a qu’en France qu'à quelques dizaines de kilomètres, vous pouvez passer
d'un paysage de montagnes, les écrins escarpés, sublimes, avec des glaciers qui
malheureusement disparaissent mais qui essaient de résister au temps qui passe,
à des plaines, à des marais, aux Dombes, aux mystères, aux Briare que vous
pouvez trouver dans ces paysages.
C'est le seul endroit où vous vous êtes ouverts vers
l'Atlantique. Et quand vous allez à Brest, quand vous allez vers le Finistère
qui mérite tellement bien son nom, la fin de la Terre, vous êtes tout d'un coup
ouvert vers l'océan Atlantique, ouvert vers le grand large, ouvert vers les
Etats-Unis d'Amérique.
Et puis vous faites quelques centaines de kilomètres vers l'est et vous vous
retrouvez enclavé dans la plaine d'Alsace et imprégnée d'une culture
germanique. Et puis, vous remontez vers le nord et vous voyez les canaux, vous
voyez des plaines, vous voyez un paysage étale, vous voyez les nuages qui fond
sur ces plaines du nord, et vous êtes immédiatement ouvert vers la Belgique,
vers les Flandres, vers les Pays-Bas, vers un autre univers.
Et puis, vous redescendez 800 kilomètres plus bas, et vous allez vers l'est et
vous tombez à Sète, au bord de la Méditerranée, avec les éclats métalliques que
l'on peut voir l'été. Et puis, vous repartez vers l'ouest, dans un endroit qui
m'est cher, qui est la Côte Basque. Et vous voyez là un territoire qui a du
caractère, du tempérament, qui est coincé entre la mer et la montagne.
Et puis, vous prenez l'avion, vous allez encore beaucoup plus loin, et dans
cette grande République qu'est la France, vous allez à Tokyo, vous faites 4
heures de halte, vous reprenez l'avion pour aller à Nouméa, vous arrivez en
Nouvelle-Calédonie, vous avez déjà 24 heures de vol dans les pattes et je vous
recommande de prendre le petit avion qui va de Nouméa à Wallis et le tout petit
avion qui va de Wallis à Futuna. Et vous arrivez à Futuna, au cœur de la très
grande République qu'est la nation française dans une monarchie. Car oui, il
reste des rois dans la République française. Il y a un roi de Wallis. Et il y a
un roi de Futuna. Aucune autre République est à la fois une république et une
monarchie. C'est ça la singularité française qui attire tant les touristes.
Tant de mémoires dans un seul peuple. Une grande République qui a gardé deux
monarchies : la monarchie de Wallis et la monarchie de Futuna. Et je peux vous
dire qu'un ministre en déplacement à Wallis et Futuna a tout intérêt à rendre
ses plus grands respects au roi de Wallis et Futuna quand il arrive sur leur
territoire.
Voilà ce qu'est la France. Et je pense très profondément que c'est cela qui
attire les touristes ; une nation qui est entièrement, intégralement,
totalement cultivée, cultivée dans son esprit et cultivée dans ces territoires.
Il n'y a pas une parcelle du territoire français qui ne soit chargée de culture
et qui n’ait été cultivée. Je pense que c'est aussi cela que viennent chercher
les touristes. 7% du PIB français, ça a été rappelé par Olivia, 200 milliards
d'euros de PIB, 2 millions d'emplois, c'est absolument considérable. Alors
maintenant, nous voulons évidemment renforcer l'attractivité du paysage
français. Nous avons été envahis par César il y a quelques siècles. Donc, nous
savons qu'il ne faut pas se reposer sur ses lauriers et qu’il faut toujours
faire mieux pour attirer les touristes.
Nous avons d'abord des grands rendez-vous : les Jeux Olympiques et
Paralympiques, le 80e anniversaire du débarquement, les 150 ans de
l'impressionnisme. Tout cela va arriver dans cette année 2024. Et donc, nous
voulons profiter de ces événements mondiaux pour attirer encore plus les
touristes en France et pour améliorer l'offre touristique française. Et pour
ça, je vois deux conditions. Je terminerai par là.
La première, c'est le dialogue. Et c'est le sens de cette rencontre que nous
avons aujourd'hui. Je vais voir certains d'entre vous dans des rendez-vous
bilatéraux dans quelques instants. Dites-nous ce qui ne va pas. Dites-nous ce
que vous attendez de nous. Je suis, nous sommes avec Olivia Grégoire, nous
sommes avec le président de la République, à votre service et à votre
disposition.
Tout ce que nous pouvons faire de mieux pour que l'offre touristique française
reste aux meilleurs standards mondiaux, nous sommes prêts à le faire. À vous de
nous dire ce qui doit être modifié, corrigé, amélioré. C'est le dialogue
nécessaire, très franc, qui doit avoir lieu cet après-midi dans la table ronde
qui va suivre et dans les échanges bilatéraux que j'aurai avec vous.
La deuxième condition, bien entendu, le nerf de la guerre, ce sont vos
investissements. Vous êtes les bienvenus pour investir massivement dans notre
pays, nous avons besoin dans les parcs touristiques, dans l'hôtellerie, dans la
restauration du plus grand nombre d'investissements. Et la France est un pays
ouvert, ouvert à vos investissements, ouvert à vos projets économiques.
Et nous sommes là, la banque des territoires est présente, un certain nombre
d'institutions financières également, pour vous accompagner dans ces projets et
faire en sorte qu'ils puissent réussir et être les plus rentables possible pour
vous toutes et pour vous tous. Voilà ce que je tenais à vous dire aujourd'hui.
Je veux vous remercier tous de votre présence. Je vois le président du CIO Tony
Estanguet qui est présent, je le remercie également de sa présence et je veux
dire sur un ton plus personnel : plus je vieillis, moins je voyage. Sauf
professionnellement. Pourquoi ? Parce qu'à chaque fois que j'envisage une
destination étrangère, je me dis que le plus beau voyage qu'on puisse faire,
c'est ici. C'est en France.
Catherine Vautrin,
ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités
> Je mesure
l’honneur que me font le Président de la République Emmanuel Macron
et le
Premier ministre Gabriel Attal à travers cette nomination qui m’oblige. Hâte de me
mettre au travail au service des Français.
Amélie Oudéa-Castéra,
ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux
Olympiques et Paralympiques
> L’école est une terre de possibles. Le sport
est une terre de possibles. La jeunesse a besoin et envie de ces possibles. La
France des Jeux olympiques et paralympiques doit être plus que jamais cette
terre de possibles.
> M. le Premier Ministre, cher
Gabriel, merci encore pour votre confiance. Votre action pour notre École a été
marquée par le refus de tous les statu quo, de tous les faux semblants, de
toutes les violences. C'est votre feuille de route que je suivrai, au service
du « réarmement civique de notre jeunesse ». Ce continuum de politiques
publiques que vous m'avez confié, de l'Éducation aux Jeux, doit nous permettre
de tenir notre promesse pour la jeunesse : celle de permettre à chaque jeune de
devenir un citoyen libre et éclairé, un individu instruit mais aussi épanoui.
Je mettrai toute mon énergie à servir ce Ministère autour d'une devise claire :
lire, écrire, compter, bouger !
> Fière
et honorée par la confiance du Président de la République et du Premier
Ministre. En devenant Ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse, des
Sports et des Jeux olympiques & paralympiques, je suis déterminée à
m’inscrire dans le cap fixé par Emmanuel Macron depuis 2017 et à poursuivre le plan d’action porté avec
une exceptionnelle vigueur par Gabriel Attal:
- Restaurer au cœur du service public de l’Education l’exigence fondée sur le «
choc des savoirs » et sur l’autorité des professeurs ;
6 Régénérer
le métier d’enseignant, en poursuivant les réformes engagées pour une
attractivité renforcée et une revalorisation des carrières ;
- Construire plus que jamais une Ecole de l’épanouissement républicain, capable
de protéger enfants et professeurs et de faire grandir tous les talents. Je
poursuivrai pleinement, avec la même passion, mon action au service de la
réussite des Jeux et de la construction de notre nation sportive, qui
bénéficiera de l'élan formidable donné par Paris 2024 et par la Grande cause nationale
2024 consacrée à l'activité physique et sportive.
Marc Fesneau,
ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
> Merci Emmanuel Macron et Gabriel Attal de leur confiance. Heureux de
poursuivre le travail patient, déterminé et de long terme engagé au Ministère
de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.
Je poursuivrai les objectifs fixés:
- Renforcer notre souveraineté alimentaire ;
- Accompagner la transition écologique de l’agriculture et de la forêt ;
- Relever le défi du renouvellement des générations. Et plus que jamais
déterminé à renouer le lien entre le monde agricole, agroalimentaire et les
Français.
Sébastien Lecornu,
ministre des Armées
> Une nouvelle étape
décisive est franchie avec la commande de 42 Rafale pour l'Arméede l’air! C’est une excellente nouvelle
pour notre souveraineté, notre sécurité et pour nos armées, qui bénéficieront
de Rafale supplémentaires aux capacités opérationnelles modernisées.
Première commande majeure financée par la LPM, elle illustre
l’excellence industrielle française et contribue à plus de 7 000 emplois dans
plus de 400 entreprises en France. Cet investissement de plus de 5 milliards
d'euros va irriguer de nombreux territoires.
> Merci au Président de la
République Emmanuel Macron pour sa confiance renouvelée au service des Armées. La feuille de route est
claire : plus que jamais, la France doit se réarmer pour défendre ses intérêts,
sa sécurité et sa souveraineté.
> [Discours de vœux] Ce qui a changé en un an.
En me présentant sur cette illustre place d'armes des Invalides l'année
dernière, j'avais, convoquant les années 60 et le fondement même du gaullisme
militaire, exhorté chacun à se concentrer sur les menaces réelles qui pèsent
sur la Nation.
Un an après, le contexte stratégique a évolué puissamment, mais il valide
tristement les orientations et intuitions que nous avions eues.
Certes nous ne sommes pas en guerre, mais force est de constater lucidement une
accélération depuis notre dernière prise d'armes à l'occasion de la nouvelle
année :
- retour d'une compétition stratégique plus dure entre les grandes puissances ;
- poursuite d'une guerre conventionnelle par la Fédération de Russie, sous
voûte nucléaire aux portes de l'Europe en Ukraine ;
- prolifération nucléaire en Iran et en Corée du Nord ;
- permanence du risque terroriste qui s'internationalise du Sahel - où il
reprend pied avec méthode - à l'Afghanistan, en passant par le Levant, sans
oublier notre territoire national ;
- déstabilisations en série en Afrique où des coups d'Etat se succèdent et
plongent le Sahel et l'Afrique de l'Ouest dans l'incertitude ;
- montée des tensions dans l'Indopacifique ;
- et depuis le 7 octobre dernier, un conflit consécutif à un attentat
terroriste au Moyen-Orient qui tue, blesse et divise plus profondément encore
cette région du monde, où vivent de très nombreux Français et où nous avons des
intérêts à défendre.
Ces dangers, que le XXe siècle nous a plutôt habitué à traiter par phases ou
par périodes, se cumulent aujourd'hui et se posent désormais à nous, en «même
temps», comme des crises mondiales et régionales simultanées qui, sans toujours
nous toucher directement, doivent nous alerter et nous mobiliser.
Tout cela n'est pas sans conséquences sur l'activité actuelle de nos forces qui
sont incontestablement plus exposées qu'elles ne l'étaient il y a tout juste un
an.
A la fois sur notre territoire, où la Nation attend de ses militaires qu'ils la
protègent, notamment dans le cadre des futurs Jeux Olympiques et Paralympiques
de Paris. Ce sera vrai pour l'opération Sentinelle, comme pour la protection du
ciel.
Mais aussi à l'extérieur de nos frontières où nos marins veillent à protéger
nos intérêts, comme c'est le cas actuellement en Mer Rouge, où la frégate
Languedoc a riposté en légitime défense face aux attaques des Houthis, pour
préserver la liberté de navigation de nos navires de commerce.
Et encore au Proche et au Moyen-Orient, où la France s'honore d'être la
première puissance à avoir déployé un navire militaire en Egypte à proximité de
Gaza pour accueillir et soigner les civils gazaouis blessés. Je veux remercier
le Service de santé des Armées (SSA) et l'équipage du Dixmude qui font là-bas
notre fierté.
Nos forces terrestres et aériennes sont également largement mises à
contribution dans la région. Alors que nous venons de commémorer le 40e
anniversaire de l'attentat du Drakkar - où 58 de nos soldats sont tombés - je
salue leur engagement au Liban où la France déploie au sein de la FINUL (Force
intérimaire des Nations unies au Liban) son dernier grand contingent sous
mandat onusien, afin d'empêcher une escalade du conflit à la frontière avec
Israël, dans des conditions qui sont chaque jour plus dangereuses.
Dans le même temps, la France assume aussi ses responsabilités, en allié
engagé, comme Nation cadre au sein de l'OTAN, pour réassurer la frontière
orientale de l'Alliance en Roumanie, en plus de notre soutien résolu et directe
à l'Ukraine depuis février 2022, par la mobilisation du ministère des Armées
comme de notre industrie de défense. 2024 sera l'année de l'endurance dans
notre soutien à l'Ukraine : nous devons faire mentir les belligérants qui -
faute de pouvoir remporter la victoire sur le champ de bataille - parient sur
l'essoufflement des démocraties partageant nos valeurs dans leur soutien à
l'Ukraine.
Ce constat montre que nous avions eu raison de nous préparer dès l'année
dernière, et même depuis 2017. Il dessine aussi l'ampleur des défis qui nous
attendent au cours de cette nouvelle année et doit nous engager à poursuivre
l'indispensable introspection de nos armées : de leur histoire, de leur format,
de leurs missions, pour tracer ce que doit être leur avenir.
Pour y répondre, à l'heure où la Nation fait des choix difficiles en matière de
finances publiques, le président de la République, le Gouvernement, et les
représentants de la Nation ont fixé un cap clair : celui de nous réarmer, en
regardant devant nous.
Ce réarmement ne saurait nous préparer à affronter des guerres du passé:
c'était la mise en garde que j'avais exprimée il y a un an. C'est au fond le
piège tendu à chaque fois que des moyens budgétaires augmentent. Tout en
s'inspirant du courage de nos grands anciens qui ont su, en leur temps, faire
évoluer et transformer les armées françaises en prenant des paris stratégiques,
dont certains pouvaient paraître incertains sur le long terme. Cette
méthodologie doit désormais rester la nôtre, en regardant froidement,
cliniquement, les menaces directes et indirectes et hybrides qui pèsent
réellement sur nous: les identifier, en les qualifier, pour mieux nous
préparer, et pour mieux y répondre. Sans naïveté ni faux-semblants.
Y répondre sans peur, c'est sans nul doute faire émerger la meilleure partie de
nous-mêmes, celle qui se révèle à la Nation et au monde lorsque les temps sont
durs, et qui, trop souvent, chez nous Français, disparaît par temps calme.
C'est donc prendre des risques. C'est être audacieux, et innover face aux
contraintes, plutôt que de les intégrer et de les subir.
Les conditions de réussite de la LPM (Loi de programmation militaire)
L'année 2024 confrontera les armées françaises à un dilemme quotidien: agir sur
le court terme face aux crises, pour soutenir la stratégie voulue par le
président de la République; assurer la sécurité des Français, et défendre nos
intérêts. Agir pour maîtriser tout risque d'escalade tant à l'Est de l'Europe,
qu'en Afrique et au Proche et au Moyen-Orient. C'est là notre défi immédiat :
il s'impose à nous. Mais nous passerions à côté de cette année 2024 si nous
nous contentions de gérer cette actualité.
Il faut agir dans le même temps pour nous transformer et être prêts face aux
menaces qui visent la Nation sur le moyen et long terme. Les armées que nous
connaissons aujourd'hui ne seront plus les mêmes dans cinq ans: elles ne
doivent plus être les mêmes.
A l'occasion de cet ordre du jour de voeux pour l'année 2024,je veux donc vous
présenter les conditions qui permettront la réussite de cette première année de
la programmation militaire. Il nous faudra pour cela - je le disais - prendre
des risques.
- Prendre des risques pour garantir que la France ait toujours demain un accès
souverain aux technologies, actuelles comme futures, comme le quantique, le
cyber, le spatial et l'intelligence artificielle, qui appelleront des décisions
inédites lors de ce premier semestre, afin d'assurer la fiabilité et la
supériorité de nos armes pour les décennies à venir.
- Prendre des risques pour pousser encore plus loin l'économie de guerre,
voulue par le Président de la République. Elle n'est pas qu'un slogan, c'est
devenu une nécessité, une condition même, pour notre industrie de défense qui
repose beaucoup sur l'export, et doit donc s'adapter aux demandes de ses
clients - et au premier chef l'armée française - qui attendent des livraisons
toujours plus importantes et plus rapides dans des enveloppes maîtrisées.
- Prendre des risques, c'est appréhender les menaces hybrides, détournées du
champ civil à des fins militaires, dans l'espace cyber ou informationnel,
venant d'une puissance étatique ou d'un groupe terroriste. Ces menaces à coup
sûr sont les plus évidentes, les plus directes et pourtant elles sont
pernicieuses et réelles sur une puissance nucléaire comme la nôtre. Jamais
autant la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), la DRM
(Direction du renseignement militaire) et la DRSD (Direction du renseignement
et de la sécurité de la défense) auront à se pencher sur celles-ci.
- Prendre des risques pour relever le défi décidé par le président de la
République de la réarticulation de nos dispositifs en Afrique. Jusqu'au 31
décembre, nos soldats étaient encore présents au Niger, d'où ils sont désormais
partis sans encombre, aux termes d'une opération logistique qui posait de
nombreux défis, et je veux les en remercier, et au premier rang votre chef
d'état-major des armées. En 2024 nous bâtirons une nouvelle relation avec nos
partenaires africains, notamment dans le domaine de la formation, tout en se
déployant plus encore vers l'lndopacifique et le Golfe, où nos partenaires
stratégiques attendent une présence plus forte encore de la France: nous ne
devons pas les décevoir.
Oui, nous devrons prendre des risques ! Pour nous adapter aux aléas et aux
incertitudes qui - à n'en pas douter - feront naître des paris sur l'avenir.
Nous ne pourrons pas camper sur des choix qui seraient intangibles. La mise en œuvre
de la loi de programmation militaire sera vivante et s'adaptera aux évolutions
technologiques et stratégiques à venir. Nous devons vivre avec l'obsession de
financer les technologies et programmes d'armement de demain, en ayant le
courage de mettre un terme à ceux qui n'auront pas rempli leurs promesses.
Une révolution culturelle
Comme le disait Pierre Messmer dans ses mémoires, une armée c'est tout
simplement une doctrine, des équipements et des hommes. Les moyens budgétaires
désormais sont là. Il reste donc une rupture culturelle à mener au sein du
Ministère et des Armées et de notre BITD (Base industrielle et technologique de
défense). Ce défi est sans doute le plus dur à relever. Tout ne peut pas et ne
peut plus être une affaire d'argent avec un budget qui aura doublé sous le
décénnat d'Emmanuel Macron !
Cette révolution est celle de l'audace, pour ne pas abandonner notre méthode
d'introspection et continuer de nous regarder tels que nous sommes pour se
préparer à gagner une guerre ou des opérations qui pourraient un jour,
concerner encore plus directement la France ou l'un de nos alliés.
Nous ne pouvons rester figés. Les armées ont le courage et l'audace pour mener
cette rupture culturelle. Elles en ont fait la démonstration à maintes reprises
dans notre histoire, à chaque fois qu'il a fallu sauver la Nation du péril.
Nous devons faire prendre le dessus à cet esprit victorieux qui veut que «la
gloire se donne seulement à ceux qui l'ont toujours rêvée», comme le disait de
Gaulle dans l'Armée de métier. Cette gloire sera celle de la France, l'ambition
que nous portons pour elle, les risques que nous consentons à prendre pour
elle, et le courage dont nous ferons preuve pour elle.
Cette quête nous commande d'être lucides et de ne pas se raconter d'histoire
sur les missions qu'ont à accomplir nos armées. Être soldat en 2024 demande de
l'entraînement et une connaissance de plus en plus fine des outils
technologiques et tactiques à mettre en œuvre pour vaincre. Être soldat est un
métier de plus en plus compliqué. Il n'y a désormais plus de schémas dans
lequel on pourrait gagner une guerre sans une armée de métier, résolument
professionnalisée, avec son corollaire d'une réserve durcie, mieux formée,
mieux équipée et totalement intégrée à l'active.
Nous devrons avoir le courage de nous poser en permanence les bonnes questions.
Notre modèle de souveraineté est formidable, unique, crédible. Il crée de la
richesse et de l'emploi. C'est une véritable transformation culturelle et un
retour à l'esprit pionnier des années 60 que nous attendons, tant au sein de
notre industrie de défense qu'au sein de la DGA (Direction générale de
l'armement), et dans toutes les filières techniques du ministère. A ce sujet,
la somme de compétences patiemment accumulée depuis 60 ans dans les métiers de
l'armement constitue un trésor pour l'Etat.
C'est notre responsabilité que d'en prendre soin pour l'avenir. j'ai donc
demandé au délégué général pour l'armement et au conseil général de l'armement,
de transcrire d'ici la fin du mois, les orientations que j'ai données pour
mettre en œuvre la modernisation des ressources humaines qui s'impose.
La lucidité, c'est enfin de regarder en face nos résultats en matière de
recrutement et de fidélisation. Si la qualité de nos militaires et des civils
recrutés reste au haut niveau attendu, les chiffres nous commandent d'agir
vigoureusement. Dans les prochaines semaines j'aurai l'occasion de communiquer
les instructions aux armées et au secrétariat général pour l'administration
pour structurer une nouvelle politique de recrutement et de fidélisation, qui
intégrera les défis du logement, de la mobilité, de parcours de carrière et de
rémunération, laquelle a déjà substantiellement augmenté fin 2023 avec les
dernières mesures de la NPRM (Nouvelle politique de rémunération des
militaires).
L'audace de prendre notre part au réarmement civique auquel le président de la
République appelle la Nation, intégrant notre contribution au SNU (Service
national universel) et une profonde réflexion sur la journée de défense et de
citoyenneté.
Par ailleurs, cette programmation ne pourra être réussie sans s'ancrer dans les
territoires qui accueillent nos militaires et leurs familles. C'est là un défi
qui passera par une indispensable déconcentration des décisions au niveau des
unités et des liens plus forts avec l'ensemble des acteurs locaux, en
particulier les collectivités territoriales, qui apporteront une contribution
essentielle à la résilience de notre pays.
Enfin le dernier défi est celui de la fidélité à notre histoire, à notre
mémoire collective, pour honorer les combats qu'ont mené nos grands anciens,
qui, après les plus dures défaites, ont su se relever pour porter nos armées
vers les plus belles victoires. Nous le ferons cette année en célébrant le 80e
anniversaire de la Libération de la France, des plages de Normandie, à celles
de Provence et jusqu'à Strasbourg. Célébrer leurs combats nous engagent à nous
questionner sur ce que seront demain les nôtres, pour assurer, sans états
d'âme, les prochains succès des armes de la France.
Dans cette époque où les menaces et les crises se multiplient et se cumulent
plus qu'elles ne se succèdent; malgré certains retards que nous avons dû
rattraper, et que les décisions du président de la République depuis 2017 ont
permis de combler; et sans tenir compte des mauvais esprits qui entretiennent
un sentiment de déclin pour servir des intérêts qui vont à l'encontre de ceux
de la France.
Nous y arriverons.
Nous y arriverons, comme nous l'avons démontré en 2023, à la condition de faire
preuve de lucidité sur les menaces qui nous visent.
Nous y arriverons à la condition de ne pas nous mentir à nous-mêmes, d'être
fiers de ce qui fait notre force objective : notre dissuasion nucléaire, notre
armée d'emploi qui a démontré qu'elle est capable de se déployer partout, à
bref préavis, même dans les théâtres les plus hostiles. Peu d'armées en sont
capables aujourd'hui dans le monde. Comment ne pas penser à nos tués, à nos
blessés et à leurs familles.
Nous y arriverons à la condition aussi que nous nous remettions en question et
que chacun entende que tous les crédits, toutes les technologies, toutes les
stratégies ne remplaceront jamais la volonté farouche qui nous a guidé vers nos
plus grandes victoires. Cette volonté doit entraîner au sein de nos armées, de
nos administrations, de nos entreprises un changement de culture pour réussir
l'ensemble des défis de court et de long termes, que nous aurons à relever au
cours de cette nouvelle année.
Nous y arriverons.
Nous y arriverons parce que c'est notre mission, et parce que c'est le destin
de la France.
Vive les armées françaises !
Vive la République !
Et vive la France !
Éric Dupond-Moretti,
garde des Sceaux, ministre de la Justice
> Honoré de
poursuivre la transformation en profondeur de notre Justice. La confiance d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal m’oblige. Comme
depuis le premier instant, je suis à la tâche pour ceux qui servent notre
Justice et surtout ceux au nom de qui elle est rendue: les Français.
Stéphane Séjourné,
ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, secrétaire général de
Renaissance
> Je mesure l’honneur qui m’est fait
aujourd’hui. Représenter mon pays dans le monde, porter sa voix singulière, sa
conception de la dignité humaine, est une charge lourde. Je remercie le
président de la République et le Premier ministre pour leur confiance.
Il fallait du sang-froid et de la détermination
pour mener la diplomatie française dans les vents mauvais du monde. Merci chère
Catherine Colonna pour ton action résolue
au service des intérêts de notre pays.
Ayant grandi à l’étranger, je sais ce que
représente « la France dans le monde ». Je connais aussi tout le
pouvoir de la négociation et de la diplomatie. Les négociations européennes ont
été, pour moi, le lieu de tous les possibles.
Je compte sur eux pour mener à bien la feuille de route du président de la
République. Cette feuille de route est celle d’une France indépendante dans une
Europe puissante, capable de porter haut sa voix dans un nouvel ordre
multilatéral.
D’une part, la refonte de l’ordre
international autour du multilatéralisme. Je souhaite que la France s’emploie à
convaincre nos partenaires du bien-fondé d’une réforme des Institutions
internationales.
D’autre part, je m’engagerai à ce que la France promeuve une
« diplomatie du réel ». Une action qui permet d’aider, sur le
terrain, les populations civiles, au Proche-Orient et en Ukraine notamment.
Enfin, cela ne surprendra personne. L’avènement de l’Europe puissance sera ma
priorité absolue. Le réarmement de la France passe évidemment par un réarmement
de l’Europe. Je me rendrai d’ailleurs dans les prochains jours à Berlin et à
Varsovie.
Je le dis aux Français : ce ministère est votre voix
dans le monde et votre bouclier face au désordre mondial. Notre mission est
d’offrir à notre pays un monde plus sûr, pour vous et vos enfants.
Rien n’est plus concret que l’action de ce ministère. Des prix de l’énergie de
nos foyers, à la défense de nos valeurs démocratiques. Pour la France, être
acteur du monde est la condition de la réalisation de sa promesse républicaine.
> À
la demande du président de la République, je reste Secrétaire général de Renaissance. Je proposerai au
parti une nouvelle organisation de la direction et du bureau exécutif en vue
des élections européennes, sur lesquelles je me déporterai le temps de la
campagne.
Christophe Béchu,
ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires
> Je tiens à
remercier le Président de la République Emmanuel Macron et le Premier ministre Gabriel Attal pour leur confiance renouvelée.
Comme depuis un an et demi à la tête du ministère de la Transition écologique
et de la Cohésion des territoires, je poursuivrai mon engagement auprès des
agents du ministère, des élus, des associations, des entreprises et,
inlassablement, au service de toutes les Françaises et de tous les Français. Il
nous reste tant à faire : l’adaptation de notre pays aux conséquences du
dérèglement climatique, le développement d’une économie plus durable, la
planification écologique dans tous nos territoires. En avant pour une
transition écologique juste, sociale. L’écologie à la française !
Sylvie Retailleau,
ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
> Servir la France
est un honneur, préparer son avenir est un devoir. Je poursuivrai avec
toute mon énergie les travaux engagés à la tête du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Recherche et remercie à nouveau le Président Emmanuel Macron et le Premier ministre Gabriel Attal pour leur confiance.
> Choisir sa formation, ce n’est
pas un moment facile. Pour accompagner son orientation, chaque jeune bénéficie
de l’engagement quotidien des équipes éducatives, et de l’amélioration continue
de Parcoursup.
Prisca Thevenot,
ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée du Renouveau démocratique,
porte-parole du Gouvernement
> Écouter, échanger et agir. Honorée d’avoir été
nommée ministre déléguée, chargée du renouveau démocratique, porte-parole du gouvernement. Je remercie Emmanuel Macron et Gabriel Attal pour leur
confiance.
Marie Lebec, ministre
déléguée auprès du Premier ministre chargée des Relations avec le Parlement
> Je remercie le Président de la République et
le Premier ministre pour leur confiance qui m’honore. Au travail !
> Tout mon soutien à nos
journalistes Français et à leurs confrères étrangers, qui séjournaient dans
hôtel bombardé hier soir par la Russie. Vous vous battez pour la liberté
d'information.
Aurore Bergé, chargée
de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les
Discriminations.
> Les
solidarités et les familles, l'égalité entre les femmes et les hommes et la
lutte contre les discriminations méritent des combattantes et des combattants.
Parce que ce sont ces combats qui définissent notre société, notre cohésion
sociale et nationale. C'est un honneur et une fierté de poursuivre ma mission à
la demande du président de la République et avec la confiance du Premier
Ministre. Au travail !
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Sylvain Maillard (président du groupe à
l’Assemblée nationale)
> Sincères
félicitations aux ministres nommés ce jour. Merci aussi à ceux qui, ces
derniers mois, ont oeuvré dans l’intérêt des Français. Les députés Renaissance seront aux
côtés du Premier ministre et de son Gouvernement pour mener à bien les réformes
dont notre pays a besoin.
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Nathalie Loiseau
> Il faut se rendre à L’évidence : la guerre est de
retour en Europe et nous devons protéger notre continent. En agissant ensemble
nous serons plus forts.
> Jordan Bardella a d’étranges
amis: ses alliés de l’AFD veulent expulser 2 M d’Allemands d’origine étrangère
qui ne seraient « pas suffisamment assimilés ». Mais sinon le RN ne
veut pas qu’on dise qu’il est d’extrême-droite.
Bernard Guetta
> [Opinion: «Juin 2024, naissance
de l’Europe politique»]
Elles ne seront à nulles autres
pareilles. Parce qu’elles auront en toile de fond deux guerres à nos frontières
et l’éloignement des Etats-Unis, les élections européennes de juin prochain
porteront pour la première fois sur des enjeux immédiats de sécurité commune.
Il ne s’agira pas d’élections de
mi-mandat. Il ne s’agira pas même de départager des forces – socialistes et
centristes, conservatrices et vertes – qui convergent déjà sur l’essentiel au
Parlement européen comme au Conseil. Non, il s’agira de débattre des trois
menaces auxquelles nous faisons face, de décider des meilleurs moyens que notre
Union aura d’y répondre et de mandater le Parlement à cet effet.
A l’Est, Vladimir Poutine veut faire
plier l’Ukraine avant qu’elle ne dispose d’avions de combat et qu’il n’ait à
signer un nouvel ordre de mobilisation dont son autorité souffrirait. Sitôt
passé le temps du dégel et des boues, une offensive russe est donc à craindre.
Elle peut marquer des points et c’est à ce moment-là, lorsque les primaires
battront leur plein aux Etats-Unis, que la campagne électorale s’ouvrira dans
l’Union et qu’il se sera fait lui-même réélire, que Vladimir Poutine pourrait
proposer un cessez-le-feu.
Ce serait pour lui le moyen de s’assurer
un partage de l’Ukraine avant qu’une prolongation de la guerre ne devienne pour
lui bien incertaine. Donald Trump et les extrêmes-droites européennes
appelleraient à accepter cette offre. Les opinions occidentales en seraient
divisées et Vladimir Poutine en sortirait gagnant à tout coup. Il se ferait au
minimum applaudir par une part conséquente des échiquiers occidentaux et s’il
réussissait à faire accepter sa proposition, il s’adjugerait le temps de
préparer de nouveaux assauts, comme il l’avait fait après l’annexion de la
Crimée.
Si nous ne voulons pas que le président
russe poursuive ses visées impériales et continue à travailler à la division
des Démocraties, il doit être clair que notre objectif est de le contraindre à
admettre sa défaite et à rappeler ses troupes afin qu’une Russie démocratique
puisse contribuer demain à la force et à la stabilité de notre continent
commun.
Au Sud, c’est tout différent. Nous n’y
avons pas un adversaire en face de nous mais un chaos croissant où se mêlent
l’affirmation politique des monarchies pétrolières, l’haletante quête de survie
du régime iranien, la détermination du Hamas à détruire l’Etat juif en lui
faisant perdre la Raison et la cécité d’une droite israélienne croyant pouvoir
échapper par la force à la création d’un Etat palestinien. Si nous ne voulons
pas que ce chaos nous gagne, nous ne devons plus hésiter à mettre en balance
nos accords commerciaux avec les Israéliens et notre soutien financier aux
Palestiniens pour les conduire à négocier la coexistence de deux Etats.
A l’Ouest enfin, le défi est plus grand
encore. Quel que soit leur prochain président, les Etats-Unis vont continuer à
s’éloigner de l’Europe et si Donald Trump revient à la Maison-Blanche, il
défera l’Alliance atlantique et s’entendra avec Vladimir Poutine sur le dos des
Ukrainiens et de nos 27 Etats. Il a commencé à le faire en faisant bloquer
l’aide américaine à l’Ukraine par ses amis de la Chambre mais une fois élu, il
reconnaîtrait une suzeraineté russe sur le Donbass et la Crimée afin de nous
affaiblir et de distendre les liens de la Chine et de la Russie.
Vite ou très vite, parce que le problème
des Américains n’est plus la Russie mais la Chine et que Donald Trump voit en
nous des rivaux à écarter, nous pouvons nous retrouver seuls face à Vladimir
Poutine et aux chaos proche-orientaux. Ce moment, il ne faut pas l’attendre
bras croisés mais mettre nos moyens en commun pour développer les industries
paneuropéennes d’armement qui nous permettront d’assurer notre autonomie
stratégique, de nous tenir aux côtés de l’Ukraine et peut-être aussi, s’il en
est encore temps, de transformer l’Otan en une alliance entre deux puissances,
les Etats-Unis d’Amérique et l’Union européenne.
Tout nous menace mais le plus grand
danger pour nous serait de nous croire impuissants et perdus alors que nous ne
le sommes pas.
Au coude à coude avec la Chine, nous
sommes la deuxième économie du monde et pourrions rapidement conforter cette
place puisque la croissance chinoise s’essouffle et que les Britanniques vont
maintenant chercher à se rapprocher de l’Union par des coopérations
industrielles, civiles et militaires. Notre monnaie est solide. Nous avons tous
les moyens d’investir dans notre sécurité et tout est parallèlement en train de
changer dans l’Union.
Il n’y a plus de tabou sur la Défense
commune. Nous en sommes déjà à commander des munitions en commun et, au-delà
des marchandages de M. Orban, l’Union reste unanime dans son soutien à
l’Ukraine. Elle l’est tout autant sur la question israélo-palestinienne puisque
les Etats-membres appellent tous à la création d’un Etat palestinien. Avec des
positions communes sur les deux plus grandes crises du moment, l’Union fait ses
premiers pas sur la longue route de la constitution d’une union politique et
c’est unanimement encore qu’elle vient de décider d’ouvrir des négociations
d’adhésion avec l’Ukraine.
Cela signifie qu’elle va progressivement
s’élargir à huit nouveaux pays mais attention ! Elle ne peut pas le faire
en se contentant d’espérer une suppression du droit de veto alors même que
beaucoup de ses membres y sont attachés. Il faut être là beaucoup plus
audacieux et aller vers une Union faisant coexister, sous un même drapeau, des
degrés d’intégration différents.
C’est déjà le cas avec
la zone euro ou l’espace Schengen auxquels ne souhaitent pas appartenir tous
les 27. Il faudra nous inspirer de l’existant pour inventer l’Union de demain,
celle d’un siècle où notre unité politique assurera notre rayonnement et notre
souveraineté.
Pascal Canfin
> Nous entamons aujourd’hui les négociations sur la nouvelle loi
européenne pour réduire la pollution par les micro plastiques. Les
microplastiques sont partout. Nous devons réagir. Nous ferons tout notre
possible pour voter sur cette loi au Parlement avant la fin de son mandat.