mardi 2 janvier 2024

Vues du Centre. Oui, Macron a raison, l’action n’est pas une option c’est un devoir

Par Nicolas Levé


Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste. 
Nicolas Levé est directeur des études du CREC 

Lors de ses vœux aux Français, Emmanuel Macron a répété et répété ce qui l’a fait concourir pour devenir Président de la république il y a bientôt sept ans: agir pour réformer la France.

Certains l’ont peut-être oublié mais, dès son entrée en campagne en 2016, il n’a cessé de marteler que le pouvoir ne l’intéressait que s’il pouvait agir concrètement sur le réel et lancer de grandes réformes pour mettre la France au niveau de la compétition mondiale pour le bien des Français et pour sauvegarder et améliorer le système français de protection sociale.

Qu’il ait réussi ou non est une autre question qui n’est pas mon propos ici.

C’est donc sur cette promesse de réformes fortes et parfois radicales que les Français réclamaient depuis des années qu’il a été élu en 2017.

Que, comme d’habitude, les Français se contredisent ensuite en refusant les réformes que pourtant ils appellent de leurs vœux quand celles-ci les concernent directement et non pas leur voisin est aussi une autre question!

Et l’on ne peut le contredire quand il déclare:
«Je n’ai cessé de suivre la même logique : agir avec détermination et constance pour aujourd’hui et pour demain. Depuis sept ans, là où vous m’avez placé, je tâche de rendre la France plus forte et plus juste, de libérer, protéger, unir. Tel est le cap et nous le tenons. Et il en fut de même en 2023.»

De même, il est totalement en accord avec lui-même quand il dit:
«
L’année 2024 doit avant tout être une année de détermination. Agir, agir encore, dans l’intérêt de la Nation.»

Reste que le plus important dans ses vœux aux Français c’est lorsqu’il explique que «l’action n’est pas une option» mais qu’elle est non seulement une obligation mais «notre devoir pour les générations futures».

Et de réaffirmer sa promesse aux Français:

«Voilà pourquoi je serai inlassablement du côté de ceux qui agissent au service du pays et jamais de ceux qui, refusant de vous dire la réalité pour justifier de ne rien faire, à la fin nous affaiblissent. Jamais du côté de ceux qui privilégient les calculs électoraux les petits arrangements ou leurs intérêts personnels.»

Oui, nous avons élu puis réélu un Président de la république qui ne nous a jamais pris en traitre sur son projet politique n’en déplaise à ses opposants de gauche et de droite.

Et oui, il a raison de ne pas baisser les bras et de continuer les réformes alors que tous ses prédécesseurs, qu’ils aient fait un ou deux mandats, ont, plus ou moins, rapidement abandonné leurs promesses en la matière pour gérer le pays dans l’immobilisme et lui faire perdre un temps précieux.

Agir, toujours agir parce que le monde n’est pas immobile et qu’il faut constamment, pour tout homme d’Etat digne de ce nom, d’une grande, d’une moyenne ou d’une petite puissances, adapter son pays aux défis présents et à venir.

Tel est le projet de Macron mais aussi du Centre, du Centrisme et des centristes.

Nicolas Levé

 

 

L’Humeur du Centriste. La télécommande responsable des dérives de l’information?!


Loin de moi l’idée de prétendre qu’il y a eu un âge d’or de l’information où les médias et les journalistes étaient tous parfaits, professionnels et respectueux d’une déontologie stricte au profit d’un lecteur-citoyen. 

Ce serait même plutôt le contraire! 

La presse, dès son origine – avant l’apparition des démocraties – a pour objectif de défendre un point de vue à partir ou non de faits. 

C’est une presse d’opinion pas d’information. 

Ce n’est que petit à petit, en particulier avec l’établissement et le développement de la démocratie, que les médias deviennent des organisations dont l’objet est d’abord d’informer, certains tentant même de ne pas être trop partisans en privilégiant les faits sur les commentaires. 

Reste que l’âge d’or d’une information citoyenne est à atteindre et non à retrouver. 

Donc, point de nostalgie stupide qui ne s’appuie sur rien. 

Néanmoins, nous devons constater qu’aujourd’hui au lieu d’aller vers le but de l’excellence et surtout celui d’être un des outils essentiels de l’émancipation citoyenne en étant des réels médiateurs et transmetteurs entre les faits et les lecteurs, les médias s’enfoncent dans une logique commerciale où la mise en scène de l’information-spectacle (voire du spectacle informatif!) et/ou dans une logique idéologique où l’instrumentalisation de l’information à des fins partisanes, sont leurs réels objectifs. 

La qualité éditoriale des médias est aussi en cause mais c’est une question plus générale sur la médiocrité humaine qui est posée… 

Si la situation s’est détériorée c’est en partie par la multiplication de l’offre avec l’apparition d’un nombre conséquent de médias audiovisuels et de sites internet (sans parler des réseaux sociaux). 

Et, cela remonte peut-être, à l’apparition de la… télécommande! 

Inventée à la fin des années 1950, elle s’introduit petit à petit dans les foyers avant d’être généralisée par les fabricants dans les années 1980. 

Aujourd’hui, pas de téléviseurs sans télécommandes. 

Or la télécommande permet de changer de chaine sans se déplacer de son fauteuil ou de son canapé. 

Les plus vieux se rappellerons sans doute leurs allers-retours du téléviseur au fauteuil et de l’importance d’avoir un magazine des programmes à ses côtés… 

Nous avons donc conquis cette liberté de pouvoir zapper constamment ce qui induit, à la fois, la possibilité de tomber sur de multiples programmes sur lesquels on ne serait jamais allé s’il avait fallu se lever à chaque fois pour changer de chaîne sur le téléviseur mais aussi une offre qui se multiplie et des médias qui doivent agir de manière à ce que le téléspectateur ne devienne pas un zappeur compulsif donc de tout tenter pour retenir son attention. 

De nombreuses études ont été réalisées pour savoir comment le téléspectateur utilise cet outil et sur sa nouvelle manière de regarder la télévision et quelles en sont les conséquences pour les chaînes, leurs programmes, leurs taux d’audience et leurs rentrées publicitaires. 

L’invention et la généralisation de la télécommande ont eu évidemment un impact sur la manière de s’informer à la télévision, sachant qu’auparavant un téléspectateur demeurait fidèle au journal télévisé d’une chaine (de 13h ou de 20h en France) pour toute sa durée. 

D’autant que très rapidement après la début de sa généralisation apparurent les chaines d’information en continu (c’est le 1er juin 1980 que la pionnière d’entre elles, CNN, commença à émettre depuis Atlanta, aux Etats-Unis). 

Celles-ci impliquent d’ailleurs à l’origine le zapping puisque leurs programmes quotidien ne variaient guère avec le rappel constant des nouvelles qui sont souvent identiques l’entière journée et la diffusion de reportages et de talk-shows en boucle. 

Leur programmation a quelque peu changé depuis avec une grille de diverses émissions qui tentent de retenir le spectateur plus longtemps voire l’entière journée avec l’utilisation jusqu’à plus soif de talk-shows avec invités plus ou moins récurrents, rémunérés ou non. 

Actuellement, en France et en français, on trouve quatre chaînes nationales généralistes d’information en continu principales (BFMTV, Cnews, LCI, franceinfo) ainsi que France24, Euronews, i24news, sachant que l’on trouve de l’information sur les grandes chaînes généralistes comme TF1, France2, France3, M6, Arte ainsi que sur LCP, Public Sénat, RMC ou TV5-Monde ou des chaînes spécialisées comme BFM business, BSmartTV, L’Equipe, Infosport ou Eurosport. 

Puis il y a les chaînes étrangères comme CNN, BBC, Sky news, Fox news, etc. 

Pas besoin de vous faire un dessein: il y a pléthore d’offre accessible en appuyant sur des boutons qui sont disponibles dans votre main. 

Et la marchandise à vendre est uniquement ou en partie l’information. 

Il y a donc concurrence effrénée entre ces chaines mais aussi entre celles-ci et les sites internet dont les réseaux sociaux (ainsi qu’avec, de manière moins prégnante, avec les radios et la presse écrite qui, en revanche, elles, doivent lutter pour ne pas être ringardisé par l’offre télévisuelle et du web). 

Il faut donc se distinguer et utiliser tous les outils du marketing pour attirer le chaland et lui vendre sa version du traitement de l’information. 

Et ce traitement est très (trop) souvent sujet à caution. 

Parce que tout semble permis pour exister c’est-à-dire que l’information n’est en réalité qu’une matière première pour fabriquer d’autres produits qui ressemble à de l’information, ont le goût de l’information mais ne sont pas de l’information. 

C’est dans ce cadre que l’on connait une explosion des fake news, de l’élucubrationisme (complotisme) mais aussi le montage de controverses, la mise en avant de faits qui peuvent faire le buzz un ou plusieurs jours mais sans rapport avec leur réelle importance ainsi que d’autres procédés pour le moins contestables. 

Résultat, nous ne sommes même plus trop informés mais tout simplement trop désinformés. 

Y a-t-il une solution? 

D’abord, il n’est évidemment pas question de revenir une chaine de télévision unique comme au «bon» vieux temps de l’ORTF. 

Même les régimes totalitaires, à l’instar de la Chine ou de la Russie, proposent désormais une pléthore de chaînes faisant croire à leurs peuples qu’il s’agit d’une pluralité alors que toutes sont au service d’un même pouvoir et d’une même idéologie. 

Ensuite, la suppression de la télécommande à l’époque où l’on peut contrôler ses appareils électroniques par la voix serait d’un ridicule sans nom. 

Enfin, demander aux opérateurs et diffuseurs de respecter strictement des codes de déontologie seraient un coup d’épée dans l’eau d’autant qu’il serait impossible dans une démocratie d’empêcher le commentaire partisan qui découle de la liberté de penser, d’opinion et d’expression. 

En revanche, il pourrait y avoir un contrepoids ou, tout le moins, une offre alternative qui n’existe pas actuellement malgré ce que disent les Etats, c’est le service public de l’information que nous avons déjà, à de nombreuses reprises, défendu et justifié ici.

Centristement votre.

Le Centrisme