► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement,
désormais dirigé par Michel Barnier, nous ne reprenons que les propos des
membres centristes de celui-ci, c’est-à-dire de 13 d’entre eux; Le parti
Renaissance compte 12 de ses membres dans cette équipe gouvernementale mais
quatre d’entre eux sont des personnalités qui se revendiquent depuis toujours
de droite – Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Guillaume Kasbarian et Benjamin
Haddad – dont nous ne reportons donc pas les propos puisque la ligne politique
de ce gouvernement n’est plus centriste mais essentiellement droitiste]
Anne Genetet (ministre de l’Education nationale)
> On passe par des moments un peu difficiles mais la France a toujours
su se relever. Et elle se relèvera. Ça va être compliqué. Je souhaite que ça ne
soit pas sur le dos des Français les plus fragiles.
> Madame Le Pen a un agenda. Si elle a voté la censure avec LFI, c’est parce qu’elle se sait en sursis.
Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires
étrangères)
> Le pire n’est pas certain. L’intérêt supérieur de la France peut et
doit primer sur les calculs politiques et ambitions personnelles. Dans le
moment difficile que le pays traverse, notre devoir civique est de préserver sa
stabilité, sa crédibilité et son rang.
Antoine Armand (ministre de l’Economie, des Finances et
de l’Industrie)
> Dans un acte à l’opposé du patriotisme, le RN et le NFP ont mêlé leurs
voix pour déstabiliser le pays. C’est un immense honneur d’avoir servi sous
l’autorité du Premier ministre Michel Barnier, un homme de dialogue et de
compromis. Un homme d’État. Merci aux parlementaires responsables qui ont
soutenu le Gouvernement et travaillé dans l’intérêt général à un moment
crucial.
> [Avec la censure] tous les secteurs seront perdants
parce que dans une économie où les taux d'intérêt augmentent, dans une économie
où un pays n'a pas de budget, dans une économie qui plonge dans l'incertitude,
il n'y a pas de secteurs qui gagnent. Il n'y a pas de Français qui gagnent, il
n'y a pas d'entreprises qui gagnent. (…)
Ce qu'il faut expliquer, c'est ce qui se passera, ce sont les effets. Les
effets d'abord pour les ménages, les effets pour les urgences que nous avons à
traiter, les effets pour tout le pays : l'impôt sur le revenu qui augmente, les
agriculteurs et les territoires d'outre-mer qui ne seront pas soutenus. (…)
Parce que ce n'est pas le budget qu'on censure, ce n'est pas le Gouvernement
qu'on censure ; derrière, c'est le pays qu'on met en danger, c'est le pays
qu'on abîme. Et cela, je le dis sans aucune dramatisation.
> Il y a des procédures qui permettent à un Gouvernement, si la censure a été votée, de tenir évidemment. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que les conséquences, elles sont directes, elles sont immédiates et elles sont importantes. Personne ne peut prétendre, aujourd'hui, qu'il n'y aurait pas un impact considérable. Je vous donne trois éléments. Le premier, c'est directement pour les ménages. 380 000 ménages qui ne payaient pas d'impôts sur le revenu, qui en paieront ; 18 millions de foyers qui paieront davantage d'impôts. Vous avez, aujourd'hui - deuxième conséquence - des personnes qui vivent dans des situations d'urgence et de détresse importante : les agriculteurs, nos compatriotes dans les Outre-mer. Et puis, troisième conséquence, c'est l'incertitude économique et financière d'un pays qui est tout simplement dépourvu de budget.
Geneviève Darrieussecq (ministre de la Santé et de l’Accès
aux soins)
> C’est un immense honneur d’avoir servi sous l’autorité du Premier
ministre. Je veux saluer sa dignité, son engagement désintéressé pour les
Français, son sens du dialogue et des responsabilités dans des circonstances
d’une exceptionnelle gravité. Ce soir, je pense à nos soignants et à tous nos
concitoyens. Ils méritent calme et stabilité. Je continuerai à combattre
inlassablement les ingénieurs du chaos.
> Cette irresponsabilité collective, où chacun ne pense qu'à son agenda politique personnel, est néfaste pour la France. Je crois en notre pays. C'est ce qui doit guider notre action et c'est ce que je veux rappeler aux acteurs du chaos.
> Le budget de la Sécurité sociale, c'est 9 milliards de plus pour l'Assurance maladie, 3 milliards de plus pour l'hôpital. Ce n'est pas faire peur que de le rappeler. C'est parler avec lucidité et penser à nos concitoyens, à nos soignants et leurs patients qui seront les premières victimes de cette motion de censure.
> On me parle sans arrêt de Le Pen, mais la responsabilité, ou l’irresponsabilité, est aussi à gauche. Je ne comprends pas qu’Hollande, qu'un parti de gouvernement, puissent voter la motion de censure.
Astrid Panosyan-Bouvet (ministre du Travail et de l’Emploi)
> Gravité et tristesse : on ne réussit toujours pas en France à
instaurer une culture du compromis, qui est toujours vue comme de la
compromission, de la concession, de l’ultimatum et du chantage.
> Voter la censure, ce n’est pas priver la France d’un gouvernement mais d’un budget dans un contexte économique déjà tendu. C’est ajouter de l’instabilité et de l’imprévisibilité à une situation déjà instable et imprévisible.
> On ne peut pas simplement dire « voici les
gagnants et voici les perdants ». La France est comme un organisme vivant.
Si une partie va mal, c’est tout le reste qui en pâtit. Un budget qui n’est pas
voté c’est :
- des taux d’intérêt qui augmentent. Un point de plus de taux d’intérêt, c’est
3 milliards d’euros de gâchés en plus, un tiersdu budget de la Justice qui part
en intérêts supplémentaires
- des augmentations de moyens pour la police, la justice, les prisons, la
défense nationale qui partent à la poubelle.
> Voter la censure n’est pas voter pour ou contre le gouvernement, c’est voter pour ou contre le budget. Un budget par définition imparfait pour chacun - puisqu’il est le fruit d’un compromis et non l’idéal d’un seul parti – mais un budget qui existe. C’est ce budget qui permettra, par exemple, de nouvelles mesures de soutien aux salariés impactés par les plans sociaux qui se multiplient. C’est son adoption qui préservera la capacité de financement de l’investissement des entreprises. Inversement, l’absence de ce budget les empêchera. Organisations syndicales et patronales et représentants du monde économique sont unanimes : l'absence de ce budget est dangereuse dans le contexte économique actuel. Voter ou non une censure, et donc pour ou contre ce budget de compromis, doit se faire en connaissance de cause et, naturellement, avec l’intérêt général plutôt que l’intérêt partisan en tête.
Laurent Saint-Martin (ministre auprès du Premier
ministre, chargé du Budget et des Comptes publics)
> L’alliance du NFP et du RN a choisi de censurer le Gouvernement sans
alternative. Je souhaite que l’esprit de responsabilité redevienne la chose la
mieux partagée du paysage politique. Pour les Français.
> L’absence de budget sera source d’instabilité. Tous les secteurs économiques seront impactés. Si vous ne le faites pas pour le Gouvernement, faites-le pour les représentants des PME, faites-le pour les agriculteurs, faites-le pour les Français.
Nathalie Delattre (ministre déléguée auprès du Premier
ministre, chargée des Relations avec le Parlement, présidente du Parti radical)
> Je déplore que la motion de censure LFI aboutisse grâce à une alliance
des contraires avec le RN.
Maud Bregeon (porte-parole du Gouvernement)
> Un front antirépublicain inédit a réuni ce soir les forces
d’extrême-droite, d’extrême-gauche et d’un parti qui gouvernait hier. Face à
ceux qui spéculent sur l’instabilité, notre boussole reste l’intérêt général.
> Dans quelques heures, nous assisterons à une convergence des luttes entre le RN et le NFP. L’union des ingénieurs du chaos, faisant courir le risque au pays d’un affaiblissement durable qu’ils devront assumer face aux français.
Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre de l’Economie,
des Finances et de l’Industrie, chargé de l’Industrie)
> Ce soir une alliance entre le RN et LFI, cimentée par une gauche qui
se veut républicaine, a fait tomber le gouvernement de notre pays. Je veux dire
mon respect et ma gratitude à Michel Barnier pour avoir défendu l’intérêt
général contre les manœuvres partisanes et les calculs personnels. Et aussi
pour avoir montré que combativité et dignité pouvaient rimer. Ce soir je suis
inquiet pour la France et pour les Français, qui aspirent à la concorde et à la
stabilité. Mais je sais aussi que nous serons nombreux dès demain à défendre
une certaine idée de notre nation. Prospère, audacieuse et fraternelle.
« Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent », disait Hugo. Demain
nous serons au travail. Et nous n’abandonnerons rien à ceux qui ne veulent pour
notre pays que l’immobilisme et le rabougrissement.
Marina Ferrari (ministre déléguée auprès du ministre de
l’Economie chargée de l’Economie du tourisme)
> Cher Michel Barnier, servir la France à tes côtés a été un immense
honneur. Si ton sens de l'État, ta dignité et ton engagement républicain n'ont
pas pu empêcher cette incestueuse coalition des contraires, ils resteront une
fierté et un exemple pour tous ceux qui ont avancé à tes côtés. Cette morale de
l'action ne nous quittera pas, au Parlement, comme en Savoie.
Olga Givernet (ministre déléguée auprès de la ministre de
la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des
risques, chargée de l’Energie)
> Face au dérèglement climatique,
des décisions courageuses sont indispensables. Assumerez-vous de refuser les
mesures pour décarboner notre industrie ? Assumerez-vous de freiner le
développement des énergies renouvelables ? Assumerez-vous de compromettre notre
avenir économique et climatique ? Assumerez-vous la censure ?
► Assemblée
nationale
Yaël Braun-Pivet (présidente)
> Je salue le courage et l’engagement de Michel Barnier, un républicain
qui a toujours exercé ses responsabilités avec dignité et sérieux. Son parcours
témoigne d’un attachement sincère à nos institutions et aux valeurs qui fondent
notre République.
> C'est un échec collectif : nous n’avons pas assez dialogué. Les Français nous demandent de travailler ensemble. Alors mettons-nous autour de la table, car l'Assemblée est telle qu'elle est, nous ne la changerons pas.
> Je veux rassurer les Français : nos institutions sont solides et tiennent bon. L'Assemblée nationale fonctionne pleinement et continuera de le faire, jusqu'au bout, au service de tous.
> J'appelle de mes vœux un gouvernement d'union républicaine, excluant les extrêmes. Un gouvernement à l'écoute des préoccupations des Français et qui y répondra. Il y a urgence.
► Partis
politiques
● Renaissance
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Gabriel Attal (député, président du
groupe Ensemble pour la république à l’Assemblée nationale)
> [Motions de censure contre le Gouvernement – intervention à l’Assemblée]
Dans pareille situation, il y a tant à dire sur la situation de notre pays,
tant à dire sur le quotidien des Français qui sont déboussolés par tout ce qui
se passe et qui doivent rester notre seule obsession, tant à dire sur le
spectacle désolant auquel les extrêmes de cet hémicycle se livrent depuis
quelques semaines, quelques mois et même quelques années maintenant
Il y a tant à dire sur l’alliance entre LFI et le RN qui est en train de se
nouer, conformément à l’analyse de Tocqueville qui écrivait qu’« en
politique, la communauté des haines fait presque toujours le fond des
amitiés ».
Il y a vraiment tant à dire, mais je crois que l’essentiel pourrait tenir en
une phrase : nous en sommes au point où les Français n’écoutent plus les
politiques. En effet, tout cela tourne désormais à vide, la politique française
est malade et nous venons d’avoir la confirmation dans les interventions
précédentes que ce n’est ni à l’extrême gauche ni à l’extrême droite que les
Français pourront trouver l’antidote.
Ils nous demandent une chose et une seule : cesser le bruit de fond des
postures et des oppositions stériles.
Non pas pour se donner bonne conscience, mais pour avoir des résultats ;
non pas à la recherche de son intérêt particulier dans un agenda caché, mais
pour agir dans l’intérêt général, le seul qui compte, et changer la vie des
Français.
Je vais le dire sans détour : je crois que ce que demandent les Français,
c’est en somme moins de bruit et plus d’actions, se taire quand on n’a rien à
dire et agir quand on a la chance de pouvoir le faire
C’est à une aventure inédite que les Français nous ont appelés cet été et c’est
précisément le projet que cherche à mettre en œuvre Michel Barnier sans
esbroufe, sans faux-semblants, avec le sens de l’État et un projet clair :
agir et avancer. Je le dis d’autant plus librement que le premier ministre
n’est pas issu de notre famille politique, mais que malgré nos différences,
malgré les débats que nous avons eus, malgré les difficultés de cette situation
nouvelle, nous avons fait le choix de le soutenir parce que c’est l’intérêt du
pays !
Il semble aujourd’hui que l’extrême droite et l’extrême gauche aient décidé de
baisser ensemble le pouce, comme naguère à Rome lorsqu’il fallait condamner un
gladiateur après le combat. En agissant ainsi, la responsabilité de ces
députés est immense, car qui vont-ils condamner ? La France !
Quel Français pourra se dire que grâce à la chute du gouvernement et à
l’instabilité que cela provoquera, son quotidien s’améliorera ?
Aucun ! La vérité, c’est que l’adoption de cette motion de censure ne
ferait que des perdants, au premier rang desquels les plus modestes, les
classes moyennes, les travailleurs. Parce que quand la crise frappe, quand
l’instabilité s’installe, quand le chaos rôde, ce sont toujours ceux qui
triment qui payent les pots cassés.
Mais le Rassemblement national s’en moque. Malgré des années d’efforts pour
tenter de faire croire aux Français que vous seriez responsables, prêts à
gouverner, ce que nous confirme le moment que nous vivons, c’est que tout cela
n’était que du vent. Chassez le naturel, il revient au chaos ! Oui, les
députés lepénistes mentent quand ils font croire aux Français que c’est pour
les défendre, eux, et défendre leur pouvoir d’achat qu’ils votent la motion de
censure. Il n’en est rien ! Les députés lepénistes mentent quand ils
tentent de faire croire que le chaos qu’ils sèment ne serait pas de leur faute.
Je crois que vous le sentez déjà : pour vous faire du bien, vous faites
mal au pays et mal aux Français. Je crois que vous êtes déjà en train de sentir
que les Français sont inquiets de cette censure annoncée. Vous sentez qu’ils
aspirent à la stabilité et à la sérénité. Vous sentez déjà que vous faites une
erreur devant l’Histoire. Mais vous ne pouvez pas vous en empêcher, c’est plus
fort que vous, c’est votre nature. Alors vous cherchez à rejeter sur d’autres
la responsabilité que vous prenez, seuls, de faire tomber le gouvernement de la
France. Auriez-vous déjà la censure honteuse ? Est-ce pour cela que matin,
midi et soir, vous courez les plateaux de télévision pour vous évertuer à faire
croire que vous ne seriez pas les responsables et que même si les quatre
groupes du socle commun soutiennent le gouvernement, qu’il n’a jamais été
question pour aucun d’entre nous d’appuyer sur le bouton de la censure, le
coupable serait le socle commun/ Pas un Français ne croit à ce mensonge, pas
un !
La politique, c’est prendre des décisions et surtout, je crois, les assumer.
Alors, mesdames, messieurs les députés lepénistes, assumez votre décision,
assumez le désordre, assumez l’alliance avec LFI, assumez l’instabilité,
assumez l’affaiblissement de la France, assumez votre irresponsabilité !
Madame Le Pen, je vous ai écoutée attentivement dans votre tentative
désespérée de vous exonérer de vos responsabilités. Vous avez essayé de dresser
la liste des engagements que nous avions pris avant la dissolution ou pendant
la campagne et qui ne sont pas tenus dans ce budget. Je vous confirme que nous
avons dû faire des efforts et faire des compromis pour aider le gouvernement et
garantir la stabilité du pays. Oui, nous avons accepté certains projets avec
lesquels nous n’étions pas d’accord, précisément pour aider le premier ministre
et aider le pays à garder des institutions stables. Mais cela ne m’étonne pas
que vous en soyez choquée, parce que vous êtes incapable du moindre compromis. Comment
être ouvert au compromis quand on est fasciné par les régimes
dictatoriaux ? Comment être ouvert au compromis avec d’autres groupes que
le sien quand on est incapable d’être d’accord avec soi-même sur l’Europe, sur
l’euro, sur la retraite, sur les binationaux et sur l’économie de notre
pays ? Votre seule constante, c’est l’irresponsabilité à tous les étages.
Nous, nous avons fait des compromis pour aider le gouvernement et nous
l’assumons. Car les députés de mon groupe savent où ils habitent ; les
députés de mon groupe ne font pas tomber un gouvernement à la première
contrariété ; les députés de mon groupe ont su faire des compromis. Ils
sont responsables, respectueux, ne précipiteront jamais notre pays dans
l’inconnu.
Ouvrons les yeux sur le monde dans lequel nous vivons : la France a besoin
de stabilité et le monde a besoin d’une France stable. Le Proche-Orient semble
s’embraser chaque jour un peu plus et la France n’aurait pas de gouvernement
stable ? L’Ukraine accumule les difficultés, nous savons combien une
victoire de la Russie déstabiliserait le monde, l’Europe et la France jusqu’au
quotidien de nos concitoyens, et la France n’aurait pas de gouvernement
stable ? Aux États-Unis, le retour de Donald Trump nous a tous conduits à
dire une nouvelle fois qu’il faut sortir de la naïveté et renforcer plus que
jamais l’Europe, et la France n’aurait pas de gouvernement stable ?
En Chine, le pouvoir injecte des milliards de dollars dans l’économie pour
relancer la croissance, dans une stratégie économique agressive, et la France
n’aurait pas de gouvernement stable ? L’Union européenne négocie toujours
l’accord sur le Mercosur que nous sommes parvenus, avec les gouvernements
précédents, à empêcher, et la France n’aurait pas de gouvernement stable ?
Qu’iriez-vous dire, madame Le Pen, à nos agriculteurs et aux Français si
dans les prochains jours ou dans les prochaines semaines, l’Union européenne
signait le Mercosur faute de gouvernement en place en France, à cause de vous, pour
continuer à le bloquer et à défendre nos intérêts ? Qu’irez-vous dire à
nos pêcheurs qui attendent en ce moment la négociation des quotas de pêche à
Bruxelles et qui ont un besoin réellement vital que la France ait un
gouvernement pour défendre leurs intérêts ? Le monde change. Le monde
bouge. Tout devient tout à la fois plus menaçant, mais aussi à certains égards
plus enthousiasmant que jamais.
Dans ce contexte, l’Europe et la France veulent-elles s’effacer ou au contraire
s’affirmer ? Les bouleversements du monde modifient profondément la vie
des familles et des travailleurs, et notre classe politique, elle, voudrait
garder ses vieilles habitudes et ses confrontations artificielles ? Bien
sûr, tout n’a pas été parfait, mais là n’est plus l’essentiel, car
aujourd’hui nous avons un choix à faire. Au moment de choisir dans quelques
minutes le destin de notre pays, nous tous, députés, aurons le même choix à
faire, la même décision à prendre.
De quel côté de l’histoire voulons-nous être, du côté de ceux qui affaiblissent
la France, déstabilisent les plus fragiles et menacent nos entreprises, ou du
côté de ceux qui se retroussent les manches ? Nous, nous ne serons jamais
du côté de ceux qui veulent affaiblir la France, jamais dans le camp du
désordre, celui des lepénistes et des mélenchonistes !
Car oui, dans le camp du désordre, le Rassemblement national n’est pas seul, il
le partage avec l’extrême gauche qui y a déjà ses habitudes. Motion de censure
après motion de censure, outrance après outrance, hurlement après hurlement,
l’alliance de la gauche emmenée par Jean-Luc Mélenchon ne poursuit qu’un seul
projet : tout piétiner, tout gâcher et tout taxer.
Et puis il y a ceux, je le crois profondément, pour qui il est encore temps de
se ressaisir : je pense à ceux qui, il y a sept ans à peine, gouvernaient
encore la France, ceux qui comptent dans leurs rangs des élus sincères,
convaincus que la laïcité n’est pas un gros mot, que la compétitivité est
nécessaire et que la stabilité est indispensable, ceux qui, depuis le congrès
d’Épinay, unissaient la gauche autour de leurs valeurs et ne se soumettaient
pas comme aujourd’hui à celles de l’extrême gauche. À ceux-là, nous disons
qu’on peut s’opposer sans tout gâcher, qu’on peut s’opposer sans censurer…
Affranchissez-vous !
Nous préférons voir le courage de ces quelques députés de gauche qui ont fait
preuve d’indépendance en refusant de signer et d’apporter leurs voix à la
motion de censure signée par Jean-Luc Mélenchon.
Nous préférons voir qu’au sein de la gauche et des députés indépendants, des
voix responsables se sont élevées pour dénoncer la politique du pire – des
voix certes encore trop rares, mais qui existent.
Nous préférons porter l’espoir qu’un jour – et le plus tôt sera le
mieux –, la gauche républicaine, la gauche de gouvernement, celle qui a eu
l’honneur par deux fois de donner un président à la France, se ressaisisse et
se mette autour de la table avec nous pour, enfin, agir vraiment pour les
Français.
Chers collègues socialistes, au début de la séance, M. Mélenchon était
dans les tribunes pour assister à nos débats. Il a écouté religieusement
l’orateur de la France insoumise et Mme Le Pen, puis il s’est levé et
est parti au moment où Boris Vallaud prenait la parole. Il la respecte plus
qu’il ne vous respecte ! Que faites-vous encore avec son parti ? L’heure
est venue de dire quel avenir nous voulons pour notre pays. L’heure est venue
de mettre de côté ce qui nous divise.
L’heure est venue pour tous les députés de se hisser à la hauteur de l’instant
et de leurs responsabilités. L’heure est venue de dire si nous préférons que
les années qui viennent soient rythmées par les crises, les censures et les
divisions ou si nous voulons, au contraire, qu’elles soient des années de
stabilité, de réconciliation et de sérénité.
J’en appelle à toutes les bonnes volontés, d’où qu’elles viennent, pour
qu’elles s’unissent enfin, non pour effacer nos différences mais pour défendre
ce que nous avons de plus cher : la France – notre pays – et les
Français. J’en appelle à tous ceux qui aiment vraiment la France, à tous
ceux qui sont convaincus qu’être Français, c’est ne jamais renoncer, ne jamais
capituler, mais toujours croire dans cet esprit tricolore qui mêle l’audace et
le génie, la controverse et la concorde, le goût de l’avenir et l’amour du
passé.
Il n’est pas trop tard, pas trop tard pour le sursaut, pas trop tard pour
démontrer qu’un autre chemin est possible, pas trop tard pour montrer aux
Français que nous avons entendu leur besoin de stabilité, leur quête de
sérénité, leur aspiration à la sobriété.
Alors, je vous le demande avec force, au nom des députés de mon groupe, au nom
des millions de Français qui ne disent rien mais n’en pensent pas moins :
n’œuvrez pas contre les intérêts de notre pays, n’affaiblissez pas la France,
ne censurez pas ce gouvernement
Aurore Bergé
(députée)
> Il y a 2 options pour ceux qui
ont voté la censure : le mensonge ou l'incompétence. Soit ils ont voté sachant
les conséquences économiques et ils ont menti, soit ils ne le savaient pas et
ils sont incompétents.
> Pour la première fois, le RN va devoir rendre des comptes aux Français. Avant, ils n'étaient responsables de rien, comptables de rien. Ce temps est fini ce soir. Les Français sauront s'en souvenir.
> Pendant des semaines, des jours, des députés ont menti aux Français sur les conséquences de la censure. Ceux qui sont responsables du chaos ce soir sont ceux qui ont voté la censure. Les Français jugeront.
Thomas Cazenave
(député)
> Après l’alliance des contraires qui jette le pays dans l’inconnu, seul
un sursaut collectif nous permettra de sortir de l’ornière. Sans cela, le pays
est condamné à l’instabilité et à l’immobilisme.
> Ceux qui veulent voter la motion de censure ne veulent pas gouverner ensemble. Ils risquent de plonger le pays dans une incertitude radicale au moment même où nous avons besoin de stabilité.
Sylvain Maillard (député)
> Face à une coalition des irresponsables, il faut que le sens de
l’intérêt général prime. C’est une nécessité pour le pays et pour les Français.
> Le pays a besoin de stabilité. Il a besoin d’un gouvernement et d’un budget. Nous le devons aux Français qui seraient les premiers à souffrir du désordre et de l’incertitude provoquée par une censure.
Jean-René Cazeneuve
(député)
> Avec la censure, notre pays entre dans une phase d'incertitude, et ce
sont les Français qui en subiront les conséquences. Je suis triste pour mon
pays : ce budget, malgré ses limites, offrait une base pour agir en
responsabilité.
> Le RN et les socialistes appuient sur le bouton de la censure sans avoir un plan B. Je suis évidemment très inquiet.
> RN et LFI ont terminé leur motion de censure de la même manière : un appel au départ du Président de la République. Pour ceux qui avaient un doute, c'est bien l'agenda électoral de Le Pen et Mélenchon qui guide leur choix, pas l'intérêt de notre pays.
> Je ne céderai pas au jeu dangereux des oppositions irresponsables qui tentent de faire tomber le gouvernement Barnier. Leur motion de censure n’est qu’un coup politique pour ajouter du chaos à l'incertitude. Nous, nous défendons la stabilité et l’intérêt des Français !
> Ils votent ensemble la censure
- le RN pour un premier ministre qui reprend une partie de leur programme
- LFI pour avoir Castets et le programme NFP
- le PS pour un accord de non censure avec le bloc central
Unis pour sauter dans l'inconnu, désunis pour trouver une solution pour notre
pays.
> Dans la catégorie «je n'assume ni mon vote, ni ses conséquences...» Après la censure, vous voyez qui comme premier ministre? Lucie Castets ? Votre copain Mélenchon ? Une écolo ? Xavier Bertrand ?... Vous jetez la France dans l'inconnu pour satisfaire votre agenda personnel.
Pierre Cazeneuve
(député)
> Les socialistes tentent de se planquer et d'échapper à leurs
responsabilités du vote de la censure avec le RN en disant qu'ils n'auraient
pas été écoutés. Mais c'est Olivier Fayre qui a refusé l'invitation de Michel
Barnier à venir discuter dès les premiers jours de son mandat.
Olivia Grégoire
(députée)
> Inquiète et attristée devant tant de cynisme et d’irresponsabilité.
Quand les extrêmes marchent ensemble, dans une alliance de circonstances, la
France ne peut plus avancer.
> Les députés Ensemble pour la république ont été responsables. Nous avions des désaccords, qui persistent, avec Michel Barnier mais nous avons réussi à faire des compromis car c’est l’intérêt du pays qui prime. Faire croire que c’est dans l’intérêt des Français de censurer, c’est un mensonge.
> Ce parlement a beau être très divisé, il y a en réalité deux blocs. D’un côté un bloc central et de l’autre un Rassemblement National et une extrême gauche qui se donnent la politesse. Dans un bloc central élargi, il nous faut trouver tous ceux qui combattent les extrêmes.
Prisca Thevenot
(députée)
> Députés LFI et RN, après aujourd’hui, n’osez plus nous dire que vous
voulez protéger les Français ! Ce sont les agriculteurs, les fonctionnaires,
les enseignants, les policiers et les 18 millions de Français pour qui les
impôts vont augmenter … qui subiront votre censure.
> Empêcher notre pays d'avoir un budget, c'est un mensonge de dire que ça va aider les Français.
> Nous n’avons pas le droit de nous résigner. Nous ferons tout notre possible pour éviter que les Français paient l’addition des magouilles politiques des extrêmes.
Pieyre-Alexandre
Anglade (député)
> L’alliance des populistes du RN et de LFI a renversé le gouvernement.
Cette décision est grave et fragilise la stabilité de la France. Il apparaît
encore plus clairement qu’une coalition des forces républicaines est
nécessaire.
> Nous le disions en juillet dernier, mais il est encore plus clair désormais qu’une entente des forces républicaines est urgente. C’est la seule voie viable. Autrement la tyrannie des extrêmes et des populistes continuera de peser sur le parlement.
> Ce qui se joue à l’Assemblée nationale est grave. À travers cette motion de censure les artisans du chaos que sont le RN et LFI se mettent en action pour affaiblir le pays. La responsabilité de ceux qui apporteront leur vote à ces motions sera immense.
● MoDem
Marc Fesneau (député, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale)
> [Motions de censure contre le Gouvernement – intervention à l’Assemblée]
Je n’ai nulle intention en ces moments
de crise si graves de participer d’un énième échange caricatural et théâtral
quand les Françaises et les Français s’inquiètent ou s’interrogent légitimement
sur leur avenir et celui du pays.
Et je n’ai pas davantage l’intention, par des invectives, de creuser un peu
plus le fossé entre ceux qui, dans cette assemblée, devraient se comprendre, se
parler et échanger pour bâtir au service du pays.
On ne peut pas, en même temps, vouloir rassembler et
s’employer à diviser les démocrates. J’ai juste l’intention de dire ce que je
vois de la vérité du moment et de notre devoir.
Monsieur le Premier Ministre, dans ma réponse à votre discours de politique
générale, je soulignais la principale vérité du résultat des urnes du scrutin
de juillet dernier : personne n’avait gagné les élections législatives. Et à
entendre certains, cet après-midi, il n’est pas inutile de le rappeler.
Aucun bloc n’a obtenu de majorité absolue pour mettre en œuvre son programme
seul et aucun bloc n’a acquis de mandat ni de pouvoir absolu.
Nous n’avons et nous n’avions qu’un impératif : celui du dialogue. Et peut-être
plus encore celui de l’humilité et du sens de l’intérêt général.
Et les Français nous ont demandé de nous extraire des contingences politiques
et partisanes, pour travailler ensemble, sur l’essentiel et à leur service.
Et c’est le choix que nous avons fait en conscience, monsieur le Premier
ministre, en vous soutenant avec exigence mais aussi - c’est tout aussi
important pour moi - avec loyauté.
Nous avions espéré - sans doute comme beaucoup de Français - qu’il en soit de
même pour toutes les forces parlementaires, qui comme nous étaient le produit
d’une élection sans vainqueur et refusaient les extrêmes.
Cette situation n’autorisait donc personne à vouloir prétendre appliquer son
seul programme, rien que son programme et tout son programme.
Nous étions prêts à œuvrer au service de l’intérêt général et je peux témoigner
que le Premier ministre, et ses équipes, s’y est tenu, lui qui assume sa
mission avec sens du devoir, avec lucidité et responsabilité et avec pour seul
cap l’intérêt du pays…
Mais force est de reconnaître que le débat que nous sommes en train de tenir,
et les votes annoncés, montrent que malheureusement nous n’y sommes pas
parvenus. Certains ont manifestement préféré la facilité du cynisme et du
sectarisme, et pire encore du laisser faire ! - plutôt que l’exigence de
l’esprit de responsabilité et de la recherche du compromis.
Je le dis devant vous : tout engagement - s’il se veut sincère et s’il se veut
utile - nécessite des compromis, et je sais combien il est évidemment beaucoup
plus facile de rester soi-même en ne faisant rien. « Vous avez les mains
propres, mais vous n’avez plus de mains », voilà ce que je serais tenté de dire
en paraphrasant Charles Péguy.
Pire : certains renient le sens même du vote des Français en scellant
aujourd’hui, on l’a bien vu, une alliance des contraires.
Et pourtant, le texte qui nous est aujourd’hui soumis, à savoir le projet de
loi de financement de la sécurité sociale, mais aussi plus largement les textes
budgétaires dont nous discutons depuis plus de deux mois et que nous devons
considérer comme un tout, ont été remaniés et sont précisément le fruit d’un
compromis.
Jamais, sans doute, des textes budgétaires n’auront été autant remaniés et
modifiés à l’aune des débats parlementaires.
Le plus évident, bien sûr, c’est le compromis entre le Sénat et l’Assemblée
nationale sur le budget de la Sécurité sociale, fait suffisamment rare pour
être souligné.
Et en dépit de ce que certains voudraient faire croire, ce texte est bien le
fruit d’un travail entre les différents blocs des différentes assemblées !
Et je voudrais devant vous, pardon pour ceux que ça gêne, citer quelques-unes
des avancées nées de ce compromis…
Je pense à la protection des petites retraites que nous étions ici nombreux à
porter !
Je pense à la fiscalité incitative sur les sodas !
Je pense à la réforme des allégements généraux de cotisations sociales et
patronales, que pour la première fois nous avons su envisager, sur laquelle
nous avons su collectivement aboutir à un équilibre entre soutien à l’emploi et
efficacité de la dépense publique !
Mais ce texte conduit surtout à des avancées concrètes pour nos concitoyens,
plus perceptibles encore.
Sans ce budget de la Sécurité sociale, pas de renforcement des mesures de
prévention ou d’accès aux soins, pas d’investissements supplémentaires dans
notre système de santé, pas de lutte contre la pénurie de médicaments.
Sans ce budget, pas d’augmentation des moyens de la prise en charge de la perte
d’autonomie : c’est plus de 6 500 postes d’aides dont nous priverions nos
aînés.
Sans ce budget, pas de réforme des retraites pour nos agriculteurs, ni
d’allègements de charge pourtant cruciales pour la compétitivité de leurs
exploitations.
Je ne cherche pas à faire peur. On ne gouverne pas avec la peur.
Mais que ceux qui prétendraient ce soir que le vote d’une motion de censure
serait sans conséquence, je dis qu’ils devront rendre des comptes devant les
Français.
Et le résultat de votre œuvre sera tout aussi nocif si vous entendez également
rejeter le Budget. Là encore, il faudra prendre vos responsabilités !
Sans Budget, pas de hausse des moyens de nos ministères régaliens, notamment
pour notre défense, ou pour la sécurité quotidienne des Français, qu’il
s’agisse de la justice ou des moyens des forces de l’ordre.
Sans Budget, c’est la trahison assurée, garantie, des engagements faits à nos
agriculteurs en pleine crise agricole, que ce soit sur l’accompagnement des
éleveurs, l’aide à la transmission des exploitations ou l’installation des
jeunes agriculteurs. Les mêmes qui poussent ou soutiennent les manifestations
s’apprêtent à priver les agriculteurs des réponses pourtant tant attendues !
Sans Budget, pas de contribution exceptionnelle pour les plus hauts revenus et
pas de justice fiscale que pourtant vous réclamiez sur ces deux bancs !
Bien sûr, ces textes ne sont pas parfaits. Et j’entends ceux qui disent
toujours « ce n’est pas assez, il faut plus ». Mais ils sont le fruit de
compromis. Et vous choisissez la rupture contre le compromis et le confort du statu
quo contre les avancées.
Mais en balayant d’un revers de main ce compromis, vous ne faites pas que cela.
Non, vous vous dessaisissez aussi de ce qui fait le rôle du législateur : sa
capacité à proposer, à améliorer, à débattre et à se mettre d’accord.
Vous choisissez, au fond, de vous en remettre aux lois spéciales, à la gestion
des affaires courantes, aux hasards du désordre. Et ce faisant, vous
affaiblissez le Parlement dans son rôle et aux yeux des Français.
Et puis évidemment, vous faites prendre un risque important au pays : nos
partenaires et nos créanciers nous regardent, voient notre incapacité à valider
le compromis et, comme nous pouvons le constater ces derniers jours, le coût de
financement de notre dette publique augmentera, diminuant d’autant notre
capacité à financer nos autres politiques publiques.
À terme, vous faites prendre un risque d’une perte de confiance dans notre
capacité à rembourser cette dette – et c’est donc la porte ouverte à une crise
comme ont pu en connaître d’autres pays européens.
Ces risques, vous devez les assumer. Et vous ne pourrez pas vous en défausser !
À nos collègues de gauche, je voudrais dire qu’en juillet, vous avez
malheureusement fait le choix de l’immobilisme et du renoncement. En ce mois de
décembre, vous vous apprêtez à faire le choix pire de l’irresponsabilité et de
l’inconnu.
Et à nos collègues du RN, face au désarroi de nos agriculteurs, de nos
soignants et de nos forces de l’ordre, dont vous prétendez être les
porte-étendards, face aux difficultés que ce chaos produirait pour les plus
modestes, vous vous apprêtez à trahir vos électeurs, les vôtres, ceux pour
lesquels vous demandiez pourtant du respect !
Et au fond, à part sur l’organisation du chaos, au NFP et au RN, vous n’êtes
d’accord sur rien.
Vous n’êtes pas d’accord sur les économies qu’il faut faire : les uns imaginent
des économies irréalisables et contre-productives sur les aides aux
entreprises, les autres pensent qu’en transformant simplement l’aide médicale
d’État, nous allons régler tous nos sujets de déficits et de finances
publiques.
Vous n’êtes pas d’accord sur les perspectives politiques futures : d’un côté,
les uns veulent supprimer le délit d’apologie du terrorisme ; de l’autre, vous
dites que la priorité est la sécurité des Français.
Vous n’êtes pas d’accord sur le cadre de nos politiques : quand les uns, enfin
certains, à gauche, défendent encore l’Europe ; les autres, veulent la mise en
place d’une priorité nationale factice qui serait évidemment contraire à cet
engagement et surtout à nos intérêts.
Chers collègues de gauche, vous reprochez au Premier ministre d’être sous la
tutelle du Rassemblement national, mais c’est vous qui allez vous allier avec
eux, pour précipiter la France dans l’inconnu et le chaos.
Les Allemands ont dans leur Constitution la motion de censure constructive. Ils
sont obligés de dire en renversant un gouvernement quelle sera la majorité
alternative proposée. Sinon la censure est impossible.
Et vous savez pourquoi ils l’ont fait ? Parce que tirant leçon de l’histoire,
ils ont vu les conséquences des extrêmes – à gauche comme à droite - renversant
semaines après semaines les gouvernements, sans alternative possible et
enfonçant, au final, leur pays jusqu’au pire.
Ici en France, vous vous faites les champions de la motion de censure
destructrice. Vous n’êtes pas fichus de dire aux Français l’alternative
possible et vous aggravez la crise !
Et pourtant mes chers collègues, tout cela n’est pas irrévocable.
Il y a une voie pour, enfin, répondre aux résultats des élections de juillet
dernier : le meilleur moyen de ne pas être sous la menace – et donc sous la
tutelle – des extrêmes, des deux extrêmes, c’est d’enfin accepter le dialogue
et le compromis. Car la censure ne produira rien.
Ce dialogue n’est pas simple.
Ni à mettre en place, ni à maintenir dans la durée et il demande d’importants
efforts. Que chacun fasse des pas vers les autres. Que personne ne joue pour
lui-même dans cette période. Que cessent les arrière-pensées ou les calculs
d’arrière-boutiques.
Et plusieurs perspectives peuvent permettre d’en jeter des bases saines.
Il faut que tous, autant que nous sommes, nous admettions
que la politique n’est pas un combat entre un système qui tournerait sur
lui-même et contre son peuple, mais qu’elle est une opposition pacifique entre
différentes opinions en vue de trouver des solutions aux problèmes de nos
concitoyens.
Cela commence par nos attitudes et nos discours :
- en respectant nos adversaires,
- en nous abstenant de dramatiser les conséquences de certaines politiques,
- en arrêtant de mettre en scène artificiellement des affrontements qui n’en
sont pas,
- en assumant nos divergences.
Ça, c’est facile.
Mais en assumant aussi nos convergences. Et cela, c’est peut-être cela le pas
qu’il faut faire.
Cela passe également par un système institutionnel qui favorise le compromis.
Il s’agit, je le dis avec une forme de gravité, d’une question de survie pour
notre démocratie.
Cela passe par un mode de scrutin qui puisse libérer les différentes familles
politiques des logiques de bloc tout en respectant les identités de chacun.
Cela passe aussi par une discussion sans tabou sur les sujets auxquels nous
faisons face et qui continuent de diviser.
C’est le cas des retraites par exemple – et de la révision de la réforme de
2023 qui n’a pas permis le compromis.
Nous ne parviendrons pas à rétablir nos comptes publics sans s’y pencher sans
démagogie.
Enfin, parce que nous devons être honnêtes avec nos concitoyens : ce compromis,
ces compromis ne devront pas être conclus contre nos finances publiques, sauf à
brader l’avenir de nos enfants. Et de fait à renoncer à notre souveraineté.
Il faut pour cela sortir de l’ornière et de l’urgence, et redonner du sens et
du temps long dans la manière dont nous définissons collectivement nos
priorités politiques et nos investissements pour l’avenir.
Monsieur le Premier ministre, mes chers collègues, je relisais ces jours les
discours de Pierre Mendes-France, grande figure non seulement de la gauche,
mais grande figure française.
« Gouverner, c’est choisir » disait-il et ce, « si difficiles que soient ces
choix ». Et il ajoutait que certains assureront que pour faire face aux défis
du pays, il faudrait emprunter les sentiers ombragés et faciles. Que dans une
politique gouvernementale, il faudrait laisser de côté ce qui est dur pour ne
retenir que ce qui est agréable.
Déjà à l’époque, la tentation de la facilité contre laquelle il se battait et
contre laquelle nous nous battons.
Et pour nous, démocrates, gouverner c’est d’abord s’interdire de faire des
promesses que l’on ne peut tenir. C’est refuser la facilité et le pessimisme
par le choix de la vérité et du courage. C’est une question de respect des
électeurs, de tous les électeurs. Et le premier des respects que l’on doit aux
Français est de ne pas leur mentir.
Pour nous gouverner, c’est rechercher sans cesse avec les Français - pas contre
eux ni sans eux - les voies des réformes nécessaires.
Pour nous gouverner, ce n’est pas chercher son avantage immédiat et personnel,
c’est penser que la victoire de tous par le compromis, c’est la victoire de
chacun. Que nous gagnerons ensemble ou sinon que nous perdrons tous.
Enfin, pour nous gouverner, ce n’est pas livrer les esprits et le pays aux
puissances de la division et du désordre. C’est rassembler les Français autour
d’un cap, d’un projet et, j’ose le mot, d’un idéal.
Il y a un chemin et une majorité pour cela. Dans cette assemblée il y a un
chemin. Dans le pays, il y a un chemin. À elle de se lever, à elle de
l’exprimer dès cet après-midi.
Les Français ne nous demandent au fond qu’une chose : faire, en conscience,
notre devoir. C’est ce que le Premier ministre et son gouvernement font.
Et c’est ce que nous devons faire en rejetant cette motion de censure.
> Ceux qui portent la responsabilité d'une motion de censure devront en rendre compte devant les Français. Ils feront tomber le gouvernement dans le vide.
> L'alliance RN-NFP est une alliance des contres et contre-nature. Que vont-ils faire pour le pays, pour les Français ? Ils ne proposent rien d'autre que de renverser le gouvernement !
Philippe Vigier
(député)
> Voter la censure :
- C’est renoncer aux 7 milliards d’euros supplémentaires pour nos hôpitaux et
un meilleur accès aux soins partout !
- C’est renoncer aux 2 milliards d’euros pour nos EPHAD et à la revalorisation
des aides-soignants qui en ont tant besoin !
- C’est renoncer à de nouveaux moyens pour lutter contre la fraude sociale !
- C’est renoncer à l’accès direct sans ordonnance au dispositif « Mon soutien
Psy » alors que la santé mentale est une priorité !
- C’est renoncer à la réforme de la « taxe soda », meilleure outil de
prévention puissant de lutte contre le diabète les maladies cardiovasculaires
chez les jeunes !
- C’est renoncer aux dispositifs de cumul emploi-retraite pour les médecins
dont on a tant besoin dans les déserts médicaux !
- C’est renoncer à la revalorisation des petites retraites agricoles !
- C’est renoncer au déploiement des soins palliatifs dans les départements qui
en sont dépourvus !
Lorsque l’essentiel est en jeu, lorsque le pays est en jeu, peu importe les
manœuvres politiciennes, peu importe les marchés financiers. Ce qui importe
c’est l’avenir du pays. En votant ensemble la censure, vous aurez établi un
trait d’union entre vous qui s’appelle le renoncement national. Vous êtes le
renoncement national !
Maud Petit (députée)
> Deux motions de censure, présentées par le bloc NFP et par le RN,
seront mises au vote à l’Assemblée nationale. Si elles venaient à être
adoptées, elles entraineraient automatiquement la chute du gouvernement et donc
la démission du Premier ministre, Michel Barnier. Ce ne serait pas une première
dans l’histoire de la Ve République puisqu’en 1962, Georges Pompidou, alors
Premier ministre, avait été contraint de démissionner à la suite de l’adoption
d’une motion de censure. Mais le contexte, alors, était totalement différent.
Aujourd’hui, l’adoption d’une motion de censure aurait des conséquences lourdes
pour le budget de l’Etat et des millions de français. Une censure aurait par
exemple pour conséquences immédiates :
- Une hausse des impôts: 17 millions de foyers verraient leurs impôts augmenter;
. 380 000 foyers supplémentaires devraient payer l'impôt sur le revenu parce le
barême n’aura pas suivi l’inflation.
- Hôpital: moins 7 milliards € de budget ;
- Autonomie : moins 2 milliards d'€ ;
- EHPAD : 2 600 recrutements compromis ;
- Agriculture : zéro modification des modalités de calcul des retraites ;
- Aides à domicile : moins 100 millions d’€ pour le soutien à ces aides ;
- Soins palliatifs : moins 100 millions d’euros pour leur développement, rien
que ça !
Voter ces motions de censure serait totalement irresponsable et loin de
l'intérêt des Français ! Mais certains considèrent cette censure comme une
"broutille", confirmant que leur seul intérêt est politique !
► Autres
● Organisations centristes
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen)
Valérie Hayer (députée, présidente)
> Ce soir, la gauche de gouvernement vient de mêler ses voix à celles de
l’extrême-droite au nom de sa coalition avec l’extrême-gauche. Cette motion de
censure ouvre la porte à une situation d’une précarité et d’une instabilité
sans précédent. Le sens des responsabilités impose de sortir des postures et de
travailler dans l’intérêt de nos compatriotes. Je pense aux milliers de
Français, employés, entrepreneurs, agriculteurs, qui pâtissent de ce triste
spectacle. Il est urgent que revienne la gauche de Jacques Delors et de Lionel
Jospin, celle qui est force de proposition constructive, celle qui défend coûte
que coûte nos valeurs européennes et progressistes. Il faut dès à présent bâtir
une nouvelle initiative politique de toutes les forces républicaines autour des
projets prioritaires pour les Français.
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