Il tentait de le faire depuis 2017 et son bref passage au ministère de la Justice, dans le commentaire de la vie politique tout en essayant d’instituer une différence entre lui et les autres notamment Emmanuel Macron dont il devra pourtant porter l’héritage s’il veut avoir ses chances à la présidentielle de 2027 qui demeure son grand et dernier objectif.
Sa nomination au poste de Premier ministre par le même Macron lui donne donc l’occasion de revenir sur le devant de la scène politique et de démontrer son savoir-faire.
Bien sûr, les conditions ne sont pas optimums pour reprendre du service actif!
Mais tel n’est pas le propos ici.
Ainsi, quelques soient les circonstances, on peut questionner la capacité du maire de Pau à occuper un poste aussi important.
Si l’on ne peut douter de ses capacités intellectuelles, en tout cas pas moindre que nombre de ses prédécesseurs, c’est de ses capacités politiques dont il s’agit.
Car, François Bayrou se doit de rassembler au-delà de son camp pour pouvoir prétendre s’installer à l’Elysée.
Et cela l’oblige à réussir son expérience à Matignon.
Une réussite qui passe nécessairement par un large rassemblement de diverses forces politiques plus ou moins antagonistes.
Or, comment rassembler quand on a, certes, parlé d’union nationale pendant des années mais qu’on a surtout cultivé les inimitiés à gauche, à droite et au centre?
Comment rassembler quand tout le monde sait que l’ambition personnelle est le principal moteur de cette volonté et qu’elle s’entrechoque avec celles d’autres qui n’ont pas de cadeau à lui faire, bien au contraire?
Et comment convaincre les Français qui ne l’ont jamais été, selon les sondages, qu’on a les qualités d’être leur président?
La tâche semble prométhéenne avec peu de chances de succès malgré le discours tenu.
D’autant que François Bayrou n’a pas l’air d’y croire lui-même en témoigne ses débuts hésitants et la multiplication de ses propos, parfois polémiques ou vagues, dans les médias comme s’il devait convaincre qu’il est bien à sa place.
Afin de se donner du cœur à l’ouvrage, il vient de convoquer Jacques Delors, l’ancien président de la Commission européenne, ancien ministre de l’économie et François Mitterrand et favori des sondages pour l’élection présidentielle de 1995 à laquelle il ne se présenta pas!
Un homme qu’il a toujours admiré.
«Il y a un an, Jacques Delors nous quittait. Son héritage demeure, porté par sa vision d’une Europe sociale, d’une économie au service de l’intérêt général et d’une société bâtie sur le dialogue et la confiance. Son absence nous rappelle plus que jamais l'actualité de ses combats.»
Voilà ce qu’il écrit sur le réseau X.
Et cela ressemble fort aux lignes directrices de la politique qu’il veut suivre.
Jacques Delors, qui était une personnalité de la gauche modérée et catholique pratiquant comme Bayrou, avait pour devise de ne jamais laisser l’idéologie supplantée le réel.
Cette posture hautement digne et responsable lui a attiré de très nombreux ennemis de la gauche sectaire à la droite nationaliste sans parler évidemment des extrêmes.
Mais l’homme est demeuré droit dans ses bottes jusqu’au bout.
C’est la raison pour laquelle il n’a jamais été nommé Premier ministre, une erreur de Mitterrand, et qu’il a refusé de se présenter à la présidentielle estimant qu’il n’aurait jamais une majorité pour la politique qu’il estimait que la France devait suivre.
Pour François Bayrou, se mettre dans les pas de Jacques Delors est, certes, estimable mais également extrêmement casse-gueule!
Car les oppositions qui empêchèrent ce dernier d’avoir le destin politique national qu’il méritait sont toujours aussi présentes, voire plus.
Dès lors, suivre un agenda «delorien», c’est probablement aller politiquement dans le mur.
Cependant, Bayrou peut aussi opter pour une politique «au centre» et non «du Centre».
Il s’agira alors de faire des cadeaux à sa gauche et à sa droite pour tenter de contenter tout le monde et avoir l’espoir de durer.
Il semble déjà que cette option, au-delà des propos comme ceux sur Delors, soit celle qui est retenue.
On ne peut évidemment en faire totalement le grief au président du MoDem et maire de Pau au vu de la configuration partisane de l’Assemblée nationale.
Reste que dans le climat politique du moment, cela amène irrémédiablement à décevoir la Gauche et la Droite sans pour autant contenter le Centre, donc à avoir une durée de vie très courte.
D’où cette marche qui risque d’être trop haute et rendre celle de l’Elysée inatteignable…
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