Il a fort à propos rappeler qu’il avait élu par les Français pour cinq ans en 2022 et qu’il remplirait son mandat jusqu’à son terme en 2027.
Mais l’essentiel de son intervention avant la nomination d’un nouveau premier ministre dans les jours qui viennent a consisté dans le rappel de tous les défis que la France doit affronter dans le présent et le futur proche.
Des défis qui nécessitent que les forces démocratiques et républicaines s’unissent pour que le pays soit gouverné et puisse avancer au moins dans les mois qui viennent puisqu’aucune dissolution de l’Assemblée n’est possible avant neuf mois.
Emmanuel Macron a également reconnu que beaucoup de Français n’ont pas compris sa décision de dissoudre et que la désinformation a été grande sur le sujet.
Il a rappelé que les élections européennes avaient donné une majorité aux extrêmes et qu'une censure du gouvernement Attal était dans les tuyaux à la rentrée notamment à propos du Budget.
Il a ainsi décidé de clarifier la situation en donnant la parole aux Français et ceux-ci ont choisi.
La composition de l’Assemblée nationale est de leur responsabilité a-t-il indiqué justement et que les députés devaient prendre en compte qu’il fallait gouverner le pays avec cette nouvelle composition du paysage politique.
► Voici l’intervention
d’Emmanuel Macron:
Françaises, Français. Mes
chers compatriotes,
Hier l’Assemblée nationale a voté
à la majorité absolue le rejet du budget de la sécurité sociale et ce faisant
la censure du gouvernement de Michel Barnier. Aujourd’hui, le Premier ministre
m’a remis sa démission et celle de son gouvernement et j’en ai pris acte. Je
veux ici remercier Michel Barnier pour le travail qu’il a accompli pour le
pays, pour son dévouement et pour sa pugnacité. Lui comme ses ministres se sont
montrés à la hauteur du moment quand tant d’autres ne l’ont pas été.
Le 9 juin dernier, je me suis
adressé à vous pour annoncer la dissolution de l’Assemblée Nationale. Cette
décision était à mes yeux en effet inéluctable. D’abord car le vote aux
élections européennes avait donné une large avance au Rassemblement national et
plaçait les extrêmes en tête. Ensuite, car de nombreux responsables politiques
annonçaient déjà la censure pour cet automne. Cependant, je dois bien le
reconnaitre cette décision n’a pas été comprise. Beaucoup me l’ont reprochée et
je sais beaucoup continuent de me le reprocher. C’est un fait et c’est ma
responsabilité. Cependant, nul ne peut dire qu’en faisant cela, je ne vous ai
pas redonné la parole. Je crois que c’était nécessaire.
Vous avez pris vous-même votre
responsabilité en allant massivement voter aux élections législatives en juin
et juillet dernier. Et ce vote ainsi que les désistements réciproques décidés
par plusieurs partis ont composé une Assemblée Nationale sans majorité. Aucun
parti, aucune coalition présentée aux électeurs en effet ne peut prétendre
avoir seul la majorité. et cette situation exige une nouvelle organisation
politique. C’est inédit mais c’est ainsi. Alors durant cet été, j’ai
largement consulté, d’abord pour tenter de convaincre les forces politiques de
travailler ensemble, comme cela se fait chez beaucoup de nos voisins, puis pour
choisir un Premier ministre qui ne soit pas censuré dès sa nomination.
C’est pourquoi en septembre, mon
choix s’est porté sur Michel Barnier, un responsable d’expérience jusqu’alors
dans l’opposition. Parce qu’il était en effet susceptible de rassembler la
majorité la plus large à l’Assemblée et au Sénat, de la droite républicaine au
centre, en passant par les radicaux et les forces indépendantes et des
territoires.
J’ai laissé le Premier ministre
gouverner, le Parlement légiférer.
Hier donc, le gouvernement a été
censuré, et cela malgré les concessions faites par Michel Barnier à l’ensemble
des groupes parlementaires. Il a été censuré, ce qui est inédit depuis 60 ans,
parce que l’extrême droite et l’extrême gauche se sont unies dans un front
anti-républicain et parce que des forces qui hier encore gouvernaient la France
ont choisi de les aider.
Je sais bien que certains sont
tentés de me rendre responsable de cette situation, c’est beaucoup plus
confortable. Mais si j’ai toujours assumé toutes mes responsabilités, une bonne
chose comme parfois les erreurs que j’ai pu faire, je n’assumerai jamais
l’irresponsabilité des autres, et notamment des parlementaires qui ont choisi
en conscience de faire tomber le budget et le gouvernement de la France, à
quelques jours des fêtes de Noël.
Les députés du Rassemblement
national ont choisi de voter une motion de censure qui disait le contraire de
leur programme, qui insultait leurs propres électeurs. Ce faisant ils ont
simplement choisi le désordre, qui est le seul projet qui les unit à l’extrême
gauche. Et cela avec la complicité du reste du Nouveau Front Populaire. Non pas
pour faire, mais pour défaire, pour créer le désordre.
Pourquoi tous ces députés ont-ils
agi ainsi ?
Ils ne pensent pas à vous, à vos
vies, à vos difficultés, à vos fins de mois, à vos projets. Soyons honnêtes.
Ils ne pensent qu’à une seule chose : à l’élection présidentielle. Pour la
préparer, pour la provoquer, pour la précipiter. Et cela avec le cynisme, si
c’est nécessaire, et un certain sens du chaos.
Mais ce faisant, d’abord ils se
gardent bien de vous rappeler la réalité de notre Constitution, quoiqu’il
advienne, il ne peut pas y avoir de nouvelles élections législatives avant dix
mois. Et dans ces conditions, l’Assemblée a le devoir de faire ce pour quoi
vous l’avez élue : travailler ensemble, au service de la France et des
Français.
Ensuite, personne, ne peut en fait
se permettre d’attendre, pour agir pour être utile. Le monde, l’Europe avancent
et nous avons besoin d’un gouvernement qui puisse décider et trancher.
Enfin le mandat que vous m’avez
démocratiquement confié est un mandat de cinq ans, et je l’exercerai pleinement
jusqu’à son terme. Ma responsabilité exige de veiller à la continuité de
l’Etat, au bon fonctionnement de nos institutions, à l’indépendance de notre
pays, et à votre protection à tous. Je le fais depuis le début, à vos côtés, à
travers les crises sociales, l’épidémie de Covid 19, le retour de la guerre,
l’inflation et tant d’épreuves que nous avons partagé.
A partir d’aujourd’hui, c’est une
époque nouvelle qui doit commencer où tous devront agir pour la France et où il
faudra bâtir des compromis nouveaux. Parce que la planète avance, parce que les
défis sont nombreux et parce que nous devons être ambitieux pour la France.
Nous ne pouvons nous permettre ni les divisions ni l’immobilisme.
C’est pourquoi je nommerai donc
dans les prochains jours un Premier ministre. Je le chargerai de former un
gouvernement d’intérêt général représentant toutes les forces politiques d’un
arc de gouvernement, qui puissent y participer ou à tout le moins qui
s’engagent à ne pas le censurer. Le Premier ministre aura à mener ces
consultations et former un gouvernement resserré à votre service.
Sa priorité sera le budget. Une
loi spéciale sera déposée avant la mi-décembre au Parlement et cette loi
temporaire permettra comme c’est prévu d’ailleurs par notre Constitution, la
continuité des services publics et de la vie du pays : elle appliquera
pour 2025 les choix de 2024. Et je compte bien qu’une majorité puisse se
dégager pour l’adopter au Parlement. Les services publics fonctionneront, les
entreprises pourront travailler, nos obligations seront tenues, nos maires
pourront évidemment là aussi continuer de fonctionner, je les remercie encore
de leur dévouement pour la Nation.
Puis, en début d’année, ce
gouvernement préparera un nouveau budget. C’est nécessaire pour en effet
protéger les Français des hausses d’impôts mécaniques liées à l’inflation car
je refuse que les Français paient la facture de cette censure. Et c’est aussi
nécessaire d’avoir ce budget au tout début d’année pour permettre au pays
d’investir comme c’était prévu, pour nos armées, notre justice nos forces de
l’ordre, mais aussi aider nos agriculteurs en difficultés qui attendaient ce
budget ou venir en soutien de la Nouvelle-Calédonie
Vous le savez, je ne pourrai pas
me représenter en 2027. C’est pourquoi le seul calendrier qui m’importe n’est
pas celui des ambitions, c’est celui de notre Nation, au fond celui qui compte
pour vous, pour nous.
Nous avons devant nous trente
mois, trente mois jusqu’au terme du mandat que vous m’avez confié. Trente mois
pour que le gouvernement puisse agir. Agir pour faire de la France un pays plus
fort et plus juste : innover, produire, investir dans les transitions
technologiques et environnementales, instruire nos enfants et nos jeunes,
prévenir et soigner, protéger. Au moment où les guerres en Europe et au
Moyen-Orient nous déstabilisent, continuer de préparer nos armées mais aussi
toute la société, et agir pour la paix. Avoir une France plus forte dans une
Europe plus forte, plus indépendante et prête peut être à de nouveaux conflits
et à résister à toutes les pressions.
Oui les trente mois que nous avons
devant nous doivent être trente mois d’actions utiles pour le pays. Et pour
cela le gouvernement devra partir du réel et non pas des fantasmes ni des
contre-vérités. Je ne crois pas pour ma part que l’avenir de la France puisse
se faire avec plus d’impôts, plus des normes, ou avec quelque laxisme face au
narcotrafic ou dans la multiplication des divisions, ou dans l’abandon de notre
ambition climatique. Il faudra que le gouvernement rassemble pour agir
concrètement, au cours de ces trente mois, pour nous et nos enfants.
Regardez, samedi, devant le monde
entier, nous allons célébrer la réouverture au public de Notre-Dame-de-Paris.
La cathédrale sera rendue aux Parisiennes et aux Parisiens, à nous tous, aux
catholiques du monde entier et aux cultes. Et ce chantier qu’on croyait
impossible, rappelez-vous, nous tous, ce soir d’avril 2019. Et bien nous
l’avons fait. Comme nous avons réussi nos Jeux Olympiques et paralympiques.
Nous l’avons fait car il y a eu un cap clair, une volonté et parce que chaque
femme et chaque homme ont travaillé dur : responsables publics,
fonctionnaires, salariés, compagnons, bénévoles… chacun a eu un rôle essentiel
pour une cause plus grande que nous tous. C’est la preuve que nous savons faire
de grandes choses, que nous savons faire l’impossible Et d’ailleurs le monde
entier, à deux reprises cette année nous admire pour cela.
Et bien c’est la même chose qu’il
faut pour la Nation : avoir un cap clair pour ces trente mois : l’école,
la santé, la sécurité, le travail, le progrès, le climat, l’Europe. Des actes
clairs, qu’un gouvernement devra prendre, au service du pays, un Parlement qui
saura trouver les compromis, un sens des responsabilités et du
respect. Partout où elle est fragilisée, rebâtir la Nation ; partout où il
y a des emportements de l’insulte, remettre de la sagesse et partout où il y a
de la division vouloir l’unité ; partout où les uns cèdent à l’angoisse,
vouloir l’espérance.
Nous l’avons fait, nous allons le
montrer au monde entier, nous en sommes donc capables, nous allons donc le
faire pour notre pays et notre République.
Vive la République. Vive la
France.
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