Néanmoins dans ce déferlement d’agressivité qui semble être désormais ce que les journalistes estiment être leur droit mais aussi leur gloire ainsi que la consécration de leur vie professionnelle, François Bayrou a donné quelques informations utiles aux citoyens que nous reproduisons ci-dessous.
> Il y a quelque chose de tout à fait essentiel, dans ce gouvernement, c'est l'ordre des ministères. (…) Quel est le premier ministère d'État confié à une personnalité très expérimentée, qui a dû relever le défi, elle-même, de chef du gouvernement. Et ce premier ministère, c'est l'Éducation nationale, l'Enseignement supérieur, la Recherche et l'Enseignement professionnel.
> Quel est le premier défi du pays ? C'est l'éducation. Et ce que vous n'avez pas vu, parce qu'on passe trop vite, c'est la personnalité du ministre auprès de Mme Borne : c'est Philippe Baptiste, c'est-à-dire le patron du CNES, le patron du Centre national des études spatiales. Il a été enseignant et c'est un chercheur et il porte avec lui les ambitions du pays.
> [Nomination de Manuel Valls comme ministre d’Etat] Manuel
Valls, ancien Premier ministre. Et on n'a pas souvent vu ça, n'est-ce pas ? Et
Manuel Valls, ancien Premier ministre de gauche. Naturellement, en conflit avec
la gauche sur des sujets qui sont très importants, très difficiles. Alors,
Manuel Valls est une personnalité un peu kamikaze par moments. J'aime bien ces
personnalités audacieuses ou qui acceptent de prendre des risques. Manuel
Valls, c'est une personnalité pour qui j'ai de l'estime. Mais surtout, je
considère que l'une des questions les plus lourdes pour notre pays, ce sont ces
Outre-mer.
Ce sont des sociétés qui sont très fragiles, très fracturées souvent, très
déstabilisées souvent, et qui ont le sentiment qu'on ne s'occupe pas d'elles.
C'est d'ailleurs un sentiment assez répandu dans la société française. C'est la
première fois dans l'histoire, jamais ça ne s’est produit. Alors ça, je suis
sûr que jamais ça ne s'est produit d'avoir un ministère d'État, deuxième de la
liste du gouvernement, qui va s'occuper des questions de l'outre-mer. (…)
Qu'un ancien Premier ministre accepte de prendre la situation si difficile des
Outre-mer, que nos compatriotes d'Outre-mer sachent que c'est à ce degré
d'urgence que l'on met la situation. Est-ce que la réponse va être facile ?
Non. On le sait tous. On ne le dit pas, mais on le sait tous. Les Outre-mer, on
en traite comme ça au détour d'un incident quand il y a un incident. Autrement,
on n'y pense jamais à nos compatriotes de l'océan Atlantique, de l'océan
Indien, de l'océan Pacifique, de l'océan Atlantique Nord et Sud, on n'en parle
jamais. Les journaux n'en parlent jamais. Et d'ailleurs, c'est le cas aussi de
toute une partie de la société française.
> D'abord, il n'est pas vrai que quelque influence que ce soit, se soit exercée sur moi. (…) J'ai vu des journaux écrire que Mme Le Pen m'avait appelé au téléphone. Ce n'est pas vrai.
> J'ai proposé à Xavier Bertrand d'entrer au
gouvernement. Et d'entrer au gouvernement dans un ministère très important. Je
lui ai proposé et il m'a dit « je ne veux que la justice ». Et
pour moi, cette question pouvait se poser. J'ai reçu Xavier Bertrand. Et il m'a
exposé ses vues sur le ministère de la Justice, et je ne me suis pas reconnu
dans ses vues. Et donc je lui ai dit, en réfléchissant, « on va
essayer », c'est la formule que j'ai utilisée. Et en réfléchissant, je me
suis rendu compte où étaient les points de divergence avec lui. (…)
Le ministère de la Justice, ça n'est pas un ministère de guerre. Ce n'est pas
un ministère de fracture. Ce n'est pas un ministère d'agression contre les uns
ou les autres. Le ministère de la Justice, c'est un ministère de pacification.
Et c'est un ministère d'équité. (…)
Entre les électeurs de la France insoumise et les électeurs du Rassemblement
national, il y a 16 millions de Français. Et je ne veux pas faire la guerre à
ces 16 millions de Français. (…)
Le ministère de la Justice, ça ne sert pas à faire la guerre aux uns ou aux
autres. Le ministère de la Justice, ça sert à pacifier et ça sert à donner le
sentiment de l'équité. (…)
Mon point de vue, à moi, ce n'est pas de faire la guerre. Mon point de vue, à
moi, c'est que ces dizaines de millions d'électeurs qui se sentent constamment
vilipendés, qu'ils retrouvent un minimum de confiance. (…)
Je lui ai proposé le ministère de l'Agriculture avec tous les sujets qui se
posent autour du ministère de l'Agriculture. Il est président des
Hauts-de-France. Je trouve que c'est un pays qui a, en effet, des problèmes
d'agriculture. Il m'a dit non. Or, permettez-moi de vous dire, il se trouve que
ce ne sont pas les ministres qui choisissent eux-mêmes leur portefeuille. Il
essaie de bâtir quelque chose. Et c'est le Premier ministre et le Président de
la République qui nomment les ministres. Vous avez compris le sujet.
> Oui, je prétends que si nous voulons affronter les problèmes immenses que le pays a devant lui, il faut rassembler les Français. Et pour ma part, ces dizaines de millions de personnes qui votent LFI d'un côté ou qui vote Rassemblement national de l'autre, je ne considère pas qu'ils sont extérieurs au peuple français. Je ne partage aucune de leurs idées. Je suis en désaccord avec Mélenchon, Jean-Luc Mélenchon que je connais bien, je suis en désaccord avec lui sur le fond, parce qu'il a défini une stratégie qu'il a lui-même explicitée qui est « tout conflictualiser », je le cite exactement. C'est-à-dire pour arriver à prendre le pouvoir, pour arriver à faire la révolution, prendre tous les sujets du pays, tous les problèmes du pays, et en faire des guerres. (…) Je veux dire aussi pour l'autre côté. Les électeurs du Rassemblement National, je ne partage aucune des idées qu'on essaie de leur mettre dans la tête et aucune des arrière-pensées qu'on essaie de leur mettre dans la tête. On parlera d'immigration tout à l'heure. Mais ils ont le sentiment qu'ils sont les laissés-pour-compte, pour beaucoup d'entre eux. Et je ferai tout ce que je peux pour qu'ils ne se sentent pas laissés pour compte.
> Je ne connais pas un maire en France qui ne soit troublé et ému parce que les forces de police sur son territoire disent « on arrête quelqu'un, il est pris en flagrant délit et le lendemain matin il est libéré et il vient nous narguer sous les yeux de tout le monde du quartier ». Donc je trouve que tous les Français pensent qu'il y a un problème entre justice et police. Et si, pour une fois, on peut essayer de voir si on peut mobiliser l'effort de la nation pour assurer un peu de paix civile.
> Il y a des millions et millions de Français qui pensent que nous sommes un pays en insécurité. Et ce million et million de Français, profondément troublés, quelles que soient leurs opinions politiques, de gauche et de droite confondues, ils ont le sentiment qu'on ne les protège pas.
> Il y a un problème d'inexécution des peines dans ce pays. Parce qu'on devrait avoir des peines immédiates pour des délinquants, en particulier pour des délinquants jeunes, on devrait pouvoir les juger rapidement. Parce que quand vous obtenez une sentence un an après, et que vous aviez 16 ou 17 ans, quand vous accumulez sur un casier judiciaire 17 inscriptions, 20 inscriptions, 25 inscriptions, et qu'on ne fait pas grand-chose…
> Je suis favorable à ce qu'on puisse avoir des jugements rapides et des peines courtes exécutées, réellement exécutées. Je ne suis pas pour qu'on traîne en prison, parce que la prison, c'est l'école des trafics, des réseaux.
> Chacun doit prendre ses responsabilités. Je pense qu'on
est dans une situation du pays extrêmement difficile, la plus difficile que
nous ayons connue depuis la guerre, avec un pays qui n'a pas de budget, un pays
qui n'a pas de majorité, un pays dans lequel un grand nombre de Français
pensent et croient qu'ils sont laissés de côté, qu'on ne fait pas attention à
eux. Et ce pays-là, j'ai le devoir de lui proposer une ligne qui soit une ligne
compréhensible. Et moi je vous dis, quelles que soient les opinions politiques,
la grande majorité des Français pensent et croient qu'ils sont dans un pays
d'insécurité. (…)
Eh bien que les oppositions politiques prennent les responsabilités ou fassent
les déclarations qu'ils veulent. Moi, ce que je souhaite, ce que je veux et ce
que j'essaierai d'imposer, c'est que ce type de sentiment profond d'inquiétude,
de bouleversement parmi les Français, ça trouve une réponse. Et que cette
réponse soit faite par des personnalités et des sensibilités modérées,
équilibrées et qui croient à l'état de droit.
Modérées, équilibrées et qui croient à l'état de droit. Je suis un responsable
du grand courant du centre du pays. Et je dis qu'il faut sortir de ce constat
d'impuissance qu'on mesure et que vous mesurez. Vous passez votre temps, vous
les chaînes d'info en général, et certaines plus encore que d'autres, à montrer
une France dans laquelle il y a des meurtres, des crimes, des complots, des
trafics.
> Les partis ne sont pas contents, aucun. Je ne connais aucun parti content. Mais ce n'est pas le problème du gouvernement. Franchement, il y a des personnalités majeures, vous venez d'en citer un certain nombre, dont je n'ai pas le sentiment qu'ils soient très éloignés des positions traditionnelles de LR, des Républicains. Mais ce n'est pas ça la question.
> Les gilets jaunes, le Covid, la guerre en Ukraine, l'inflation, je ne connais pas de président de la République qui ait eu à affronter autant de difficultés que celles-là et malgré ça, le chômage a baissé, le nombre d'entreprises créées a augmenté, tout le monde s'en fiche, et moi je considère que c'est essentiel. Je prends un exemple. J'ai, dans des campagnes présidentielles successives, proposé qu'on fasse pour les impôts la retenue à la source. Ça avait beaucoup d'avantages. Tout le monde me disait, y compris sur vos plateaux, « Ça n'est pas possible ». Il l'a fait.
> J'ai toujours pensé qu'on ne me demanderait d'occuper
cette fonction que quand ça irait très mal. (…) Je ne me suis pas imposé [à
Emmanuel Macron]. Nous avons eu une discussion assez franche sur les impératifs
et les priorités qu'il fallait avoir. Et je pense que je l'ai convaincu. Vous
savez, je parle avec le président de la République à peu près trois fois par
semaine depuis le premier jour de notre alliance. C'est une personnalité
courageuse. Et c'est quelqu'un qui affronte les problèmes. Et il a choisi, en
effet, de me confier cette responsabilité. (…)
On aura peut-être des positions divergentes, mais l'idée qu'il faille
nécessairement créer un affrontement entre le président de la République et le
Premier ministre, idée très répandue chez les « observateurs », comme
on dit pudiquement pour parler de vos métiers, cette idée-là n'est pas la
mienne. Et l'idée qui est la mienne, je l'ai formulée depuis longtemps, je veux
la rappeler devant vous, c'est la coresponsabilité. Nous sommes dans des
responsabilités différentes, co-responsables de l'avenir du pays.
> Je suis persuadé que l'action que je définis et l'équipe gouvernementale feront que nous ne serons pas censurés. Et puis je vais ajouter que franchement, on ne peut pas entrer dans les événements que nous vivons avec ce degré d'irresponsabilité. Je n'ai pas aimé la censure. Et les Français ne l'ont pas aimée. Politiquement, des oppositions, et les Français eux-mêmes insatisfaits ont dit « Le gouvernement tombe ? Vous voyez où nous en sommes aujourd'hui ? ». Il y a un fait qui est passé complètement inaperçu, y compris de vos chaînes, ou presque inaperçu. Les organisations syndicales et patronales ont ensemble, ensemble, écrit aux forces politiques pour dire qu'on ne pouvait pas continuer dans cette instabilité. Les organisations patronales et syndicales, ensemble. C'est une lettre qui aurait dû être commentée sur vos plateaux pendant des heures parce que c'est un signal d'alerte. L'économie française, elle était sur le point de perdre son crédit.
> Je n'utiliserai le 49-3 qu'à la dernière extrémité sur
le budget. Alors je vais expliquer pourquoi. Vous savez, nous avons une
constitution, c'est un texte qu'on dit sacré, duquel on ne peut pas s'échapper.
Si on ne vote pas de budget, la constitution ne laisse que deux issues au terme
des débats. La première de ces issues, c'est un 49-3, c'est-à-dire qu’on dit à
l'Assemblée nationale, « le gouvernement est engagé sur ce texte et si
vous votez contre, vous emportez le gouvernement ». C'est ce que l'on
vient de vivre. Et il y a une deuxième issue proposée par la constitution, ce
sont les ordonnances c'est-à-dire « vous ne votez pas de budget, c'est moi
gouvernement qui vais décider tout seul » et je pense qu'il vaut mieux
utiliser, si le climat s'y prête. Et je ne m'engage sur le budget à rien. Il
vaut mieux utiliser le débat parlementaire que de faire des ordonnances. En ça,
je pense qu'il est mieux de passer par un vote de l'Assemblée. Mais allons plus
loin. Et pour répondre précisément à la question que vous posez, pour les
autres textes, je n'ai pas l'intention d'utiliser le 49-3. (…)
Sur le budget, en cas de blocage. Pour les autres textes, j'ai l'intention
d'aller au bout des débats. Il se trouve que je suis quelqu'un qui aime la
démocratie parlementaire. Je suis de ce grand courant qui aime la démocratie au
Parlement. Pourquoi ? Parce que les conflits qui s'exposent au Parlement, ce ne
sont pas des conflits qui éclatent dans la rue. Et donc, je suis pour que le
Parlement fasse son travail et qu'on le respecte.
> Le Parlement je veux qu'il aille au bout des débats. On
lui proposera des textes. Il votera pour, il votera contre. Et s'ils votent
contre, Assemblée nationale et Sénat, alors on continuera avec les textes qu'il
y avait avant. Je ne comprends pas pourquoi on veut transformer tout en
psychodrame. Vous voyez bien, les gens entendent. (…)
La démocratie parlementaire, pourquoi est-ce qu'on est dans ces hurlements
perpétuels ? Pourquoi est-ce qu'on se trouve avec des injures, des cris ? Il
faut que vous sachiez quelque chose. C'est de la faute des médias. Je vais vous
dire pourquoi. C'est parce que quand vous retransmettez les débats
parlementaires, vous coupez le son de l'hémicycle. (…)
C'est une mise en cause des médias en général, et peut-être de l'Assemblée
nationale. Vos micros coupent le son de l'hémicycle. Dans l'hémicycle, on ne
peut pas s'entendre à deux mètres à certains moments. Est-ce que vous trouvez
ça normal ? Moi, je n'ai jamais oublié une jeune femme timide dans une réunion
chez nous, dans les Pyrénées, précisément après une dissolution, qui, dans la
réunion publique, s'est levée et a dit, « s'il vous plaît, ne vous moquez
pas de moi parce que je n'ai jamais pris la parole en public ». Et j'ai
encore ses mots et le son de ses mots dans mon oreille. Et elle a dit,
« vous savez, le mercredi après-midi, les enfants ne sont pas à l'école,
il faut que je les garde, et je repasse. Et en repassant, j'écoute les
questions d'actualité ». Et elle dit, « J'ai deux choses à vous dire.
Ne vous moquez pas », dit-elle. J'ai encore son émotion. « J'ai deux
choses à vous dire. La première, vous vous tenez mal. Si mes enfants à l'école
se tenaient comme vous vous tenez, je serais absolument en colère ». Elle
disait, « les uns dorment, les autres hurlent. Et deuxièmement, très
important, ou au moins aussi important que le premier, je ne comprends rien à
ce que vous dites. Les discours que vous tenez, la langue que vous utilisez,
les statistiques, les PIB, je n'y comprends rien ». C'est intéressant que…
> Il y a tous les compromis possibles, s'ils existent. Je suis prêt, je l'ai dit aux organisations syndicales qui vont avoir un rôle très important à jouer dans cette affaire. Les mêmes organisations syndicales, je le rappelle, qui ont écrit cette lettre incroyable. En demandant de la « stabilité ». Première dans l'histoire : une lettre signée à la fois par le patronat et par les syndicats et les organisations syndicales, sauf la CGT et la CFDT, demandant de la stabilité. Vous vous rendez compte ce que ça veut dire ? Je suis sûr que pas 1% de ceux qui nous écoutent ne le sait. Il faut être attentif. Parce que ce ne sont pas les gros titres, n'est-ce pas ? Or, ça devrait faire la une de tous les journaux. Les organisations syndicales et les organisations patronales, ensemble, qui s'adressent au monde politique en disant « donnez-nous de la stabilité ».
> {Retraites] Que les syndicats, que le patronat, que les
entreprises, que les forces politiques examinent ensemble tous les problèmes
qui se posent et toutes les solutions qu'ils ont. Et si on trouve des
compromis, alors ces compromis remplaceront l'actuelle réforme des
retraites. (…)
Si on trouve une démarche qui permet de répondre à la vraie question des
retraites que je vais formuler dans une seconde, alors moi, je suis tout à fait
prêt à l'examiner. J'étais partisan, je reste partisan intellectuellement de la
retraite à points, qui a été écartée et à mon avis qui propose ou offre des
possibilités de trouver des compromis. Si on trouve des compromis, alors ils
entreront, ces compromis qui feront la base de la réforme. Mais s'ils n'entrent
pas, alors c'est la réforme actuelle qui continuera à s'appliquer. (…)
Le problème principal de la réforme des retraites, problème qu'on n'a jamais
bien expliqué aux Français et qui est un problème pour moi non seulement
économique ou social mais surtout qui est un problème moral est qu'une part
importante des retraites payées chaque mois aux pensionnés, ne sont pas payées
par les gens qui sont au travail. C'était pourtant ça, la retraite par
répartition : le nombre d'actifs par rapport au nombre de retraités. C'est
payé désormais par l'emprunt, c'est-à-dire que ceux qui en assureront la
charge, ce sont les enfants. Vous vous rendez compte ? Une famille, un pays
dans lequel on dit « Bon, on va laisser à la charge des enfants toutes les
dépenses que nous faisons ». (…)
Je pense qu'il y a un équilibre à trouver. Je pense que cet équilibre doit
faire l'objet de travaux avec les groupes du Parlement et les parlementaires
spécialistes de ces sujets. Je pense qu'un équilibre est possible à
trouver.
> [Déficit des finances publiques] L'Union européenne nous avait fixé la règle de 3% : maximum 3%. Ça fait belle lurette que la France les a dépassés. On est aujourd'hui à 6,2%. (…) Je pense qu'il faut trouver autour de 5%, un peu plus de 5%, quelque chose qui nous permette de trouver un accord et un équilibre. Et je complète la question d'Apolline de Malherbe. Et je vais répondre, et que cet équilibre ne cible pas les entreprises, ne cible pas les PME, ne cible pas ceux qui investissent. Je pense qu'il va falloir faire des efforts.
> Je ne suis pas pour qu'on cible l'entreprise. Je suis pour qu'on la protège. Je suis pour que tout le monde se rende compte que là est notre richesse. Je n'ai jamais aimé la mise en accusation des grands groupes. C'est comme si on disait en sport, « les internationaux, on va les cibler, on n'en veut plus ». Moi je pense qu'il faut reconnaître ou penser que les grands groupes, et les PME, et les toutes petites entreprises, c'est une seule économie. Et donc je serai pour qu'on protège les entreprises. Je ne dis pas qu'on ne puisse pas trouver, pour un court temps, des efforts à faire. Mais je pense qu'il est nécessaire que tout le monde sache où est le trésor national. Le trésor national, ce sont les entreprises. Ce sont elles qui créent la richesse. Ce sont elles qui créent l'emploi. Et c'est grâce à elles que nous avons une solidarité nationale.
> J’ai le sentiment que les entreprises ont souvent été ciblées et c’est un sentiment négatif pour l'avenir du pays. Le sentiment que les entrepreneurs ont eu de ne pas être soutenus est un fait négatif pour l'avenir du pays. Comment dire ? C'est là que nous avons le plus précieux. Alors je ne dis pas qu'il n'y ait que l'économie dans la vie. Mais vous savez ce qu'ils disent les grands groupes ? Ils disent cette phrase inouïe : « Investir en France, c'est l'enfer ». La phrase a été prononcée la semaine dernière par le patron d'EDF. Il était aux côtés du patron de Total, qui a même menacé d'aller investir en Allemagne.
> Je dis une chose simple : il n'y a pas de fiscalité acceptée sans justice. Et donc, vous voyez l'équilibre qu'il faut trouver. Il faut une fiscalité qui n'empêche pas l'économie de vivre, de se développer, d'ouvrir de nouveaux chantiers, de trouver des technologies nouvelles, et en même temps, il faut qu'on ait de la justice.
> Si vous investissez dans une usine, si vous investissez dans une part de PME, alors ça, c'est de l'argent utile pour le pays. Ce n'est pas de la rente, vous comprenez ? Ce n'est pas toucher des avantages. Je suis pour l'économie dynamique.
> Priorité à la baisse de la dépense publique improductive. Nous avons construit, je disais, un système labyrinthique. Nous avons construit une administration qui est devenue illisible. On a multiplié. Je crois qu'il y a 1200 agences, dont personne ne sait très bien comment elles fonctionnent, qui ne rendent pas de compte... On leur a transféré l'action publique sans qu'il y ait des comptes à rendre.
> Qui paye les déséquilibres, les déficits et la dette ? Ce sont les ménages. Et les ménages se demandent souvent si ce sera la double peine, c'est-à-dire au fond, subir le déficit et la dette et en plus de ça, voir leurs impôts augmenter.
> Il faut le moins de charge fiscale supplémentaire pour les ménages, parce qu'il faut d'abord qu'on travaille sur la dépense publique, la manière dont elle est organisée et à mon sens désorganisée, la manière dont tout ça glisse. J'étais l'autre jour chez vos confrères de France 2, il y avait une question de Sophie Binet, la patronne de la CGT. Qu'est-ce qu'elle disait ? Elle a dit, « mais vous ne vous rendez pas compte, en France, l'école ça ne va pas, l'hôpital ça ne va pas, les services publics ça ne va pas, et donc il faut trouver des impôts nouveaux ». C'est ce qu'elle laissait entendre. Excusez-moi, nous sommes le pays le plus imposé du monde. Mais dans ces cas-là, ça veut dire que, pourquoi ça ne va pas ? Parce qu'on n'a pas réorganisé l'État comme il fallait. On n'a pas simplifié comme il fallait. On n'a pas réformé l'action publique comme il fallait. Peut-être les rapports entre les collectivités locales et l'État ne sont pas ce qu'ils devraient être. C'est incompréhensible. J'ai presque envie de vous dire que c'est pire. On est déjà le pays qui paye le plus d'impôts. C'est encore pire. Parce qu'être le pays qui paye le plus d'impôts et dans lequel il y a de tels dysfonctionnements, c'est absolument incompréhensible pour ceux qui payent les impôts. Apolline de Malherbe, vous décrivez la situation du pays. Les mots que vous venez de dire, et j'allais presque dire l'émotion que vous avez en les disant, ces mots-là, c'est exactement la description de la situation du pays. Et qui peut s'y attaquer ? Personne, puisqu'on dit que ce n'est pas possible, qu'on ne trouvera jamais un accord avec qui que ce soit, que les gouvernements seront censurés les uns après les autres. Moi, je pense que ça serait un malheur pour le pays.
> Je dis que je ne peux pas fermer les yeux sur les déséquilibres du pays. Si je faisais ça, je serais un lâche et un traître à l'intérêt national. Si je disais, « mesdames et messieurs, c'est simple, j'arrive pour avoir votre soutien ou votre abstention, je suis prêt à lâcher sur tous les efforts qui ont été décidés les dernières années ». Je ne ferai pas ça.
> Je n'ai pas l'intention de tourner le dos à l'intérêt du pays. Je n'ai pas l'intention de me taire sur les déséquilibres qui nous tuent. (…) Ils nous tuent de deux manières. Ils nous tuent parce que nous n'avons pas les services publics qui vont avec. Et ils nous tuent parce qu'ils donnent de la France l'image d'un pays qui n'est pas sûr. Et s'il n'est pas sûr, alors il faut que les taux d'intérêt augmentent. Et donc on ne peut pas acheter de maison. Ça coûte trop cher. On ne peut pas acheter d'appartement ou construire d'appartement. On ne peut pas acheter les objets du quotidien, les voitures. La consommation baisse partout. C'est normal. Parce que la consommation, elle disparaît. Et vous savez pourquoi ? Parce que les Français, ils se disent, « ça va tellement mal, alors il faut faire de l'épargne de précaution ». Eh bien, je suis là pour créer un sentiment, pour rassurer ceux qui sont là.
> [Nouveau ministre de l’Economie] Éric Lombard, c'est quelqu'un qui a fait une très grande carrière dans les entreprises, dans les assurances, dans la banque. Il est respecté, je crois, de tout le monde, et c'est un grand connaisseur des collectivités locales. Pourquoi ? Parce que la Caisse des dépôts et consignations, c'est le trésor du pays. (…) C'est l'argent que le pays économise, qu'il veut rentabiliser. La Caisse des dépôts et consignations, elle n'est pas sous l'autorité du gouvernement, elle est sous l'autorité du Parlement. Pourquoi ? Parce que c'est au nom des Français que la Caisse des dépôts et consignations invente des procédures de financement, aide les collectivités locales et grandes entreprises. Grandes entreprises, et collectivités locales, vous voyez qu'on est exactement au cœur de la difficulté du pays. Et c'est quelqu'un de très respecté et considéré, en effet, vous l'avez dit. Je ne l'aurais pas dit comme ça, comme de gauche. Et qu'on puisse construire la réflexion et le raisonnement sur l'entreprise avec un homme, je crois, respecté de beaucoup de monde, et qu’il soit considéré comme étant plutôt du côté social, y compris par les acteurs principaux, je trouve que ça envoie un message. Ça veut dire que l'économie, ce n'est pas seulement de droite.
> La sécurité, tous les Français veulent qu'il y ait une politique à conduire sur ce sujet.
> Je vais vous dire ce que je pense de l'immigration. Il y a beaucoup de Français qui croient que les immigrés sont responsables des problèmes du pays. Beaucoup. Et moi je crois que ce sont les problèmes du pays qui sont responsables du fait qu'il n'y a plus d'intégration, il n'y a plus d'assimilation, les immigrés demeurent complètement coincés, mis de côté, et que ça crée des désordres épouvantables. Je suis pour qu'on regarde ce problème en face, et notamment qu'on regarde un problème, qui est la question du travail. Je connais, dans ma ville, des centaines de jeunes gens qui sont maintenus dans des hôtels payés par la puissance publique, des Formule 1, vous avez eu des reportages sur vos chaînes sur l'état de ces foyers. Et comment en serait-il autrement ? Vous enfermez 100 ou 150 jeunes en situation irrégulière, à double tour, enfin pas à double tour… Mais dans des établissements, payés par nos impôts, et vous leur interdisez de travailler.
> Je suis moins éloigné de Bruno Retailleau que les gens le croient. C'est quelqu'un que je respecte, que j'estime, et c'est quelqu'un à mes yeux de fiable. Il veut poser les problèmes du pays. Je suis d'accord pour poser les problèmes du pays. Je suis même d'accord, je l'ai dit à Mme Le Pen quand je l'ai reçu dans le cadre des consultations que nous avons eues, pour que chaque courant politique ait le droit de poser la question sur les sujets qui lui paraissent le plus choquants. Tous ! De la gauche, de l'extrême gauche à l'extrême droite. Pourquoi ? Alors je sais bien que ça paraît idéaliste, optimiste, irréaliste, appelez ça comme vous voulez. Mais moi j'accepte que la politique ait une part d'idéalisme. La situation que nous avons devant les yeux, c'est la même où que nous soyons. La droite, la gauche... et même les extrêmes des deux côtés.
> Je suis pour qu’on favorise l'intégration par le travail. Pas seulement par le travail, par trois choses. Le travail, la langue et la transmission des valeurs qui font la France.
> Je pense à tous les drames que nous vivons quasiment
tous les jours, que nous avons vécu et qui désormais sont sur tous les écrans
parce que l'information est instantanée. Je pense que devant ces drames-là, les
Français disent, « c'est pas possible qu'on ait aucune réponse possible
lorsque quelqu'un est en situation irrégulière ». Je vais encore plus
loin. Quelle est la clé de cette question ? C'est ce qu'on appelle les
obligations de quitter le territoire français. On en prononce des milliers par
an. Avec une exécution qui, par rapport à nos voisins européens, est faible.
Combien en exécute-t-on ? Moins de 20%. Moins de 10%. Autour de 7%. On dit 7%,
et en réalité, parce qu'on y intègre les expulsions qui ont lieu à Mayotte, et
qui ont lieu en Guyane, dans lesquelles il suffit de traverser en bateau pour
ramener les personnes en situation irrégulière dans d'autres pays. (…)
Il y en a beaucoup moins que 7%. Il y en a beaucoup moins que 5%. Quelle est la
question ? C'est que les pays d'où viennent ces personnes ne veulent pas
accepter. Est-ce qu'on peut s'arrêter une seconde ? Nous sommes la France,
n'est-ce pas ? La République française. Avec l'État, avec les forces de police,
avec les magistrats qui prononcent, discutent, examinent des recours sur les
obligations de quitter le territoire français. Et quasiment aucune n'est
exécutée ? Et vous trouvez que je serais dans mon rôle, parce que je
voudrais des voix d'un côté ou de l'autre, d'ignorer cette situation-là ?
J'ai dit à Bruno Retailleau, avant même d'être Premier ministre, « ça
c'est le point ». Cette question-là c'est une question première. Alors
vous voyez, ce n’est pas seulement des problèmes de l'immigration. Ce sont les
problèmes de la France.
> Le RN est un parti qui ne respecte pas un certain nombre des valeurs ou des principes, ou plus exactement, dont le message ne respecte pas un certain nombre
> Regardons ce que les mots veulent dire. Est-ce que quelqu'un est ou n'est pas dans l'arc républicain ? Ça a deux sens. Ils sont républicains parce qu'ils respectent les institutions, se présentent aux élections, sont élus. C'est les institutions de la République. Républicains, ça ne s'arrête pas aux institutions. Ça va jusqu'aux valeurs de la République. Et aux valeurs de la République, vous les connaissez toutes, on peut les énumérer, liberté, égalité, fraternité, fraternité. Y compris avec ceux qui ne sont pas de notre nationalité, qui ne sont pas de notre culture, qui ne sont pas de la religion qui était, il y a quelque temps encore, dominante en France. Et je répète que c'est un croyant qui dit ça. Les valeurs de la République, c'est la fraternité. Est-ce qu'on dit fraternité lorsque l'on regarde des gens qui sont dans nos rues comme devant être écartés à tout prix ? Je ne crois pas. Je sais qu'il faut de l'ordre. Quand vous disiez tout à l'heure le délit de séjour irrégulier, bien sûr qu'il faut des réponses légales.
> Marine Le Pen est d'extrême droite politiquement. Il n'y a pas plus à droite sur l'échiquier politique. Pour moi, la question, ce sont les valeurs.
> Depuis le début et même longtemps avant le début, je sais que la tâche est réputée infaisable. J'ai employé l'expression d'«Himalaya», de « problème devant nous ». Et même, je sais plus de difficultés que celles qui apparaissent aujourd'hui. Mais je pense qu'il faut bien que quelqu'un s'y colle.
> Je ferai tout ce que je peux pour qu'on passe de la situation d'un pays divisé, explosé, éclaté, écartelé, à un pays où on peut peut-être se réunir pour résoudre les problèmes du pays. Et je le montre dans le gouvernement. Je le montre, j'espère, dans la manière dont j'aborde les problèmes. Je le montre à l'égard des trois cercles, comme je l'ai dit. Il y a un premier cercle de forces qui sont représentées au gouvernement et qui donc le soutiennent. Il y a un deuxième cercle, que je respecte en tant que tel, de forces d'opposition, mais qui disent on peut peut-être trouver des compromis si vous êtes intelligent, généreux. Par exemple, je pense que ces forces-là disent « comprenez que nous sommes opposants mais on peut peut-être progresser et ça m'intéresse ».
> Je pense que dans la situation où nous sommes, il y a des prudences qui nous paralyseraient. Il y a des prudences qui nous permettent d'aller plus loin. Vous voyez, c'est le même mot, c'est les mêmes attitudes. Moi, je crois à la prudence qui permet d'aller plus loin, et je ne crois pas, et je n'accepte pas la prudence qui fait qu'on ne traite pas les questions.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.