mardi 5 novembre 2024

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. De la cobelligérance qui unit les extrémistes en vue de détruire la démocratie républicaine


Mais d’où vient cet improbable rapprochement entre des «chrétiens» et des «païens» qui forment cette coalition extrémiste et populiste – parfois appelée majorité morale – qui a pris le contrôle du Parti républicain et menace la démocratie américaine?

De 1970 et de la théorie de la cobelligérance d‘un certain Francis Schaeffer, un évangéliste extrémiste.

Celui-ci demandait: «Dieu a utilisé les païens pour faire son travail dans l’Ancien Testament, alors pourquoi nous ne les utiliserions maintenant pas pour faire notre travail?»

Une sorte de compagnonnage de route avec impies face au diable!

Et c’est cette cobelligérance avec des gens qui ne partagent guère leur foi et non une alliance développées par ces chrétiens fondamentalistes que l’on retrouve dans les propos actuels des évangéliques les plus radicaux qui avouent sans difficultés que Trump n’est pas de leur bord et est un pêcheur voué à l’enfer mais qu’il a été désigné par Dieu pour accomplir son travail en luttant contre toutes les lois et les décisions libérales adoptées depuis les années 1960, allant du droit à l’avortement à la suppression de l’obligation de la prière dans les écoles publiques.

Mais cette cobelligérance théorisée pour permettre des combats communs entre fondamentalistes religieux et mécréants aux États-Unis a été élargie et récupérée.

Élargie avec, par exemple, son utilisation pour justifier l’alliance entre ces fondamentalistes chrétiens américains et les juifs orthodoxes, notamment ceux d’Israël, avec comme raison la lutte commune contre l’Islam, sachant que cela n’évitera pas, in fine, selon ces chrétiens l’obligation pour les Juifs de se convertir avant le jugement dernier pour ne pas se retrouver pour l’éternité à rôtir dans les flammes de l’enfer…

Récupérée parce qu’elle sert aujourd’hui de stratégie à des forces politiques opposées dans leur combat contre la démocratie républicaine.

Ainsi, on la voit en œuvre en France lorsque l’extrême-gauche et l’extrême-droite votent de concert à l’Assemblée nationale comme ce fut le cas, par exemple, pour plusieurs motions de censure contre un gouvernement d’axe central.

De même, l’alliance improbable mais bien réelle entre LFI et l’islamisme dans ce que l’on appelle l’islamo-gauchisme procède de la même idée d’une lutte commune contre les valeurs de la démocratie républicaine.

On peut également retrouver ce concept dans le rapprochement des totalitarismes de la planète qui se réclament pourtant d’idéologies complètement opposées comme le nationalisme d’extrême-droite du régime de Poutine en Russie, le communisme du régime de Xi en Chine et l’islamisme du régime des mollah en Iran, rapprochement tourné avant tout contre la démocratie républicaine et mû par leur volonté commune de l’éradiquer de la planète.

On l’a compris, le seul ennemi commun dans toutes ces ententes est cette démocratie républicaine, ses valeurs humanistes et sa volonté d’émancipation de l’individu dans un régime de liberté et d’égalité où chacun peut vivre son individualité dans la dignité et être le responsable de son projet de vie tout en respectant les autres.

Mais, bien évidemment, cette cobelligérance contient en elle-même une lutte à mort entre ceux qui, par stratégie conjoncturelle, la pratiquent de concert.

Ainsi du rapprochement entre les fondamentalistes chrétiens et l’extrême-droite athée aux États-Unis, des votes communs de l’extrême-gauche et de l’extrême-droite en France et de l’entente des dictatures aux régimes antagonistes.

Car, in fine, dans ces couples voire plus, il faudra un vainqueur qui ne pourra laisser de place à l’autre.

Reste qu’avant d’en arriver à la lutte finale, cette cobelligérance est une réalité bien décidée à faire la peau à la démocratie.

 

 

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