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mardi 22 octobre 2024

Propos centristes. France – Présentation du Budget 2025 à l’Assemblée / Finances publiques / Sobriété énergétique / Soutien à l’Ukraine / La Moldavie dit oui à l’Europe…


Voici une sélection, ce 22 octobre 2024, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France. 

► Emmanuel Macron (Président de la République)
> Les manœuvres de désinformation n’ont pas ébranlé la détermination des Moldaves, dont l’aspiration à rejoindre la famille européenne s’est révélée plus forte. Maia Sandu incarne cette volonté. La Moldavie peut compter sur notre soutien pour accomplir son destin européen.

 

► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, désormais dirigé par Michel Barnier, nous ne reprenons que les propos des membres centristes de celui-ci, c’est-à-dire de 13 d’entre eux; Le parti Renaissance compte 12 de ses membres dans cette équipe gouvernementale mais trois d’entre eux sont des personnalités qui se revendiquent de droite dont nous ne reportons donc pas les propos puisque la ligne politique de ce gouvernement n’est plus centriste mais essentiellement droitiste]

Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> La France se situe et se situera toujours du côté du droit international et de la justice.

> Avec Maia Sandu, la Moldavie a confirmé par son vote son choix souverain pour un destin européen, libre et démocratique, au bénéfice de tous les citoyens.

> De ce premier déplacement en Ukraine, avec les présidents de commission Bruno Fuchs et Cédric Perrin, je retiens les profondes blessures de la guerre, l’importance vitale du soutien français et la résilience remarquable du peuple ukrainien.

> Soumy est le symbole de la résistance des Ukrainiens, de leur combat pour la liberté. C’est ici qu’ils ont repoussé les chars russes en 2022. C’est d’ici qu’ils ont lancé leur offensive sur Koursk. La France les soutient et continuera de le faire. Slava Ukraini!

> Mutilés en défendant héroïquement leur pays. J’ai rendu visite à des soldats ukrainiens, victimes de la guerre, soignés à Kiev. Profondément touché par leur résilience et leur courage !

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des risques)
> La sobriété énergétique est l’un des 4 piliers de la transition écologique et énergétique. Les résultats sont là: -12,7 % de consommation d’énergie pour l'hiver 2023-2024 (par rapport à 2018-2019). C’est moins d’émissions de CO2 et plus de pouvoir d’achat.
La sobriété est toujours d’actualité même si la crise énergétique est derrière nous. Elle repose sur une mobilisation forte de l’Etat, des collectivités locales et des entreprises… mais chacun peut y contribuer à son niveau ! Parce que cette dynamique positive doit se poursuivre, cet hiver je baisse, j’éteins et je décale à chaque fois que c’est possible. Pour la planète, chaque geste compte !

 

Antoine Armand (ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie)
> [Présentation du Budget 2025 à l’Assemblée] J’ai l’honneur de vous présenter le projet de loi de finances (PLF) pour l’année 2025, premier budget de cette 17e législature, qui intervient, vous le savez, dans un contexte politique exceptionnel. Je tiens, à cet égard, à remercier les services du ministère de l’économie, des finances et de l’industrie, ainsi que de celui chargé du budget et des comptes publics, pour leur réactivité dans un calendrier particulièrement contraint.
Je ne reviens pas sur le contexte économique, national et international, que nous avons déjà évoqué cet après-midi, ni sur la croissance de la France, qui, en valeur relative, est supérieure à la moyenne de la zone euro, ni sur l’inflation, repassée sous la barre des 2 %, ni sur le taux de chômage qui atteint son niveau le plus bas depuis quarante ans.
Je ne reviens pas non plus sur les ouvertures d’usines, plus nombreuses que les fermetures, ni sur les créations d’emplois industriels partout dans le territoire, ni sur le fait que les exportations augmentent.  Je le dis avec beaucoup de calme à celles et à ceux qui sont incapables de se réjouir pour le pays, de reconnaître que le taux de chômage baisse et que des emplois sont créés. Je le dis à celles et à ceux qui sont incapables de reconnaître qu’une plus grande attractivité de la France est bénéfique à tous les Français. Tant pis pour eux. Les Français, eux, s’en réjouissent et vous regardent de travers.
Cet environnement économique doit nous permettre de prendre les décisions qui s’imposent sur le plan financier. Car, oui, en la matière, notre situation est très préoccupante. En 2024, la dette publique devrait s’établir à 3 300 milliards d’euros, soit plus de 113 % du PIB – c’est colossal. Cette situation résulte des déficits successifs. Dois-je vous rappeler que la dernière fois que notre pays a adopté un budget à l’équilibre, c’était en 1974? Depuis cette date, la dette française a augmenté de près de 100 points de PIB. Entre 1991 et 1996, après la crise du système monétaire, elle a crû de 23 points de PIB. Entre 2008 et 2013, pendant la crise financière, elle a augmenté de près de 25 points. Entre 2019 et 2024, après les crises du covid et de l’énergie, elle a encore progressé de 15 points de PIB.
Ce niveau de dette affecte notre souveraineté, notre crédibilité et notre capacité à aborder l’avenir. La façon dont nous avons toujours considéré la dette est presque une exception française qui a un impact très concret : nous paierons plus de 50 milliards d’intérêts par an ; autrement dit, nous y consacrerons 1 euro sur 8 euros dépensés par l’État. Et ce coût augmente. Notre taux d’emprunt, qui était supérieur de 0,5 % environ à celui de l’Allemagne en début d’année, a augmenté de 0,3 %, ce qui représentera, à une échéance de dix ans, 10 milliards supplémentaires de charge de la dette.
Ce sont 10 milliards que nous ne consacrerons pas aux dépenses prioritaires en faveur des services publics, des investissements dans la transition écologique ou de notre souveraineté. Le Portugal se finance désormais à un taux inférieur au nôtre. Une agence de notation, qui a récemment souligné la diversité et la force de notre économie, a cependant considéré que notre trajectoire des finances publiques devait être placée sous perspective négative. Si nous ne faisons rien, les intérêts de la dette deviendront le premier poste de dépenses de l’État.
Si cela se produit, la couleur politique du gouvernement en place aura bien peu d’importance. Que ce soit pour maintenir le niveau de nos services publics, réindustrialiser le pays, investir dans l’éducation ou dans la lutte contre le dérèglement climatique, les pouvoirs publics auront les mains, si ce n’est liées, du moins largement entravées.
Ces choix récents, nous les avons faits ensemble, indépendamment de notre appartenance politique. Même ceux qui n’étaient pas aux responsabilités ont maintes fois eu l’occasion de soutenir l’augmentation des dépenses publiques, souvent à raison, parfois à tort, au cours des dernières années. Jamais aucun groupe de cet hémicycle ne s’est opposé au soutien et à la protection apportés aux Français ces dernières années. Ce soutien était nécessaire et a fait l’objet d’un consensus national alors que notre pays connaissait une pandémie parmi les plus importantes de son histoire. Je me souviens de ceux qui voulaient nationaliser les autoroutes, de ceux qui voulaient accroître, en une nuit, les 25 milliards de dépenses consacrées à la rénovation énergétique ou encore de ceux qui ont présenté un déficit aggravé de plus de 60 milliards.
Bref, je le dis sans mauvais esprit, il y a toujours de bonnes raisons d’accroître la dépense et il y en a peu de faire des économies. Pourtant, la situation à laquelle nous faisons face aujourd’hui est suffisamment grave pour nous arrêter un instant sur cette nécessité. De deux choses l’une, soit nous faisons collectivement, au-delà des étiquettes partisanes, le choix de réduire nos déficits et cela prendra du temps – ce sera difficile et cela exigera des efforts structurels en matière de dépense publique, sur le train de vie de l’État et la manière dont il est géré. Soit nous repoussons de nouveau cette nécessité et décidons collectivement de la reporter à l’année prochaine, voire à plus tard, considérant qu’il faut, cette année encore, compte tenu de l’urgence, faire des efforts en faveur de tel ou tel investissement et alors nous en paierons les conséquences plus vite et plus fort.
Au-delà des débats éclairants qui ont eu lieu en commission des finances et de ceux que nous aurons cette semaine dans l’hémicycle, nous pouvons et nous devons partager l’objectif de redresser les comptes et de ramener le déficit public à 5 % du PIB en 2025. Nous le devons pour notre pays, pour le financement de notre économie et vis-à-vis de nos partenaires européens, qui nous observent. Cette trajectoire est indispensable pour repasser en 2029 sous la barre des 3 %, celle qui, je le rappelle, permet d’engager un horizon de désendettement pour notre pays et de renforcer notre souveraineté nationale.
Pour y parvenir, conformément à la méthode que le Premier ministre Michel Barnier vous a présentée, nous continuerons de défendre un discours de vérité avec tous ceux qui le souhaitent. Nous continuerons de travailler avec l’ensemble des sensibilités représentées dans cet hémicycle et au Sénat afin de construire le budget. Nous assumons qu’il est perfectible. Nous ne prétendons pas détenir la vérité ni que nous avons tout compris avec ce budget à l’équilibre, élaboré en quelques semaines. Mais nous devons partager un objectif nécessaire celui du redressement des comptes publics dès l’année prochaine et d’un déficit de 5 % en 2025.
Notre dépense publique est devenue la plus importante d’Europe. Ce budget doit donc reposer en priorité sur des baisses de dépenses, lesquelles constituent les deux tiers de l’effort – mais vous pourrez modifier cet équilibre. Nous vous proposerons également, dans les prochaines semaines – nous avons eu l’occasion de l’évoquer au cours du débat d’orientation et de programmation des finances publiques cet après-midi –, de maîtriser la dépense et l’emploi public, de simplifier le fonctionnement de l’État, de réduire son train de vie et de commencer à supprimer les doublons inutiles – même si cela prend du temps et cela constitue un travail de longue haleine.
Chacun devra prendre sa part : l’État, les collectivités et la sphère sociale, non pas parce qu’il y aurait des bons et des mauvais gestionnaires, non pas parce qu’il y aurait ceux qui ont réussi à bien dépenser et les autres, mais parce que, face à l’effort nécessaire, chacun doit s’investir.
Les baisses de dépenses que Laurent Saint-Martin vous proposera ont été ciblées dans le but d’affecter le moins possible la croissance. Oui, ce sera difficile. Dire le contraire ne serait ni honnête ni en adéquation avec notre objectif de redressement pour 2025. Mais, de grâce, dans un débat aussi important, ne sombrons pas dans la caricature !
J’ai entendu certains d’entre vous parler de budget d’austérité. Faut-il rappeler que, dans ce budget, la dépense publique augmente de 0,4 % en volume ? Un budget d’austérité dans lequel la dépense augmente, ce serait extraordinairement nouveau ! Je ne doute pas que certains sur ces bancs soient capables d’inventer le concept d’une austérité doublée de dépenses en hausse, mais ce n’est pas possible. Ce budget n’est pas un budget d’austérité, mais un budget visant précisément à éviter l’austérité. Tournez-vous vers les pays qui connaissent l’austérité, ceux qui ont dû réduire de 25 % les salaires des fonctionnaires et qui ont dû couper dans les pensions de retraite. Nous avons, au contraire, revalorisé de 5 % l’ensemble des retraites l’année dernière. Nous avons soutenu l’activité et l’emploi et nous continuerons de le faire.
Nous proposons des efforts ciblés et proportionnés afin de contenir – Laurent Saint-Martin y reviendra – la croissance spontanée de nos dépenses. Ces mesures ne peuvent pas être pour solde de tout compte. Ce sont les premières d’une série de réformes de fond, de réformes structurelles, qui auront pour but de réduire durablement la dépense publique partout où nous devons le faire. Ces réformes permettront aussi de soutenir l’activité, l’emploi, l’industrie et la création de richesses partout en France, comme de nombreux groupes le souhaitent, depuis des années, dans cet hémicycle.
Par transparence et par souci d’exactitude, nous améliorerons aussi la qualité des prévisions économiques. J’ai entendu les interrogations, que je partage, concernant les écarts de prévisions. Je sais que la commission des finances a prévu de se pencher sur cette question. Les ministères économiques et financiers en tirent les conséquences dès à présent, en engageant un plan d’amélioration des prévisions et de suivi des dépenses. La représentation nationale sera associée à cet effort de transparence autant qu’elle le souhaitera, parce que nous n’avons rien à cacher.
Nous lancerons également, avec Laurent Saint-Martin, des revues de dépenses régulières afin d’améliorer d’au moins 5 milliards, dans les prochaines années, l’efficacité de nos dépenses publiques. Toutes les administrations seront mobilisées et mises à contribution.
La baisse des dépenses de l’État constitue la condition sine qua non à l’instauration de prélèvements exceptionnels, temporaires et ciblés que nous devons proposer pour atteindre un déficit de seulement 5 % en 2025, dans un pays qui est malheureusement déjà champion en matière de prélèvements obligatoires. Sans cet effort sur les dépenses publiques, il serait impensable de demander un effort à certains de nos concitoyens et aux grandes entreprises.
Ces prélèvements, vous avez eu l’occasion d’en débattre en commission des finances, ont été conçus pour ne pas affecter durablement la croissance et pour contribuer à la décarbonation de notre économie, qui a commencé depuis plusieurs années. Nous ciblons ainsi les entreprises qui ont la plus forte capacité contributive, celles dont le chiffre d’affaires dépasse 1 milliard et qui sont bénéficiaires. Ces prélèvements devraient représenter 8 milliards en 2025 et 4 milliards en 2026, et concerner plus de 400 groupes. Nous leur demandons un effort important et je salue les représentants des entreprises qui s’y disent prêts, dans un esprit de responsabilité, à condition que ces prélèvements soient temporaires et ciblés.
Nous proposons également de décaler la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), initialement prévue. Cette suppression aura bien lieu puisque nous nous sommes engagés à réduire les impôts de production qui affectent les entreprises et leurs décisions. Toutefois, force est de constater que nous ne pouvons pas nous le permettre dès l’année prochaine.
Pour appuyer la transition écologique, nous poursuivrons le soutien à la décarbonation de notre industrie en encourageant les projets industriels. Nous serons ouverts au renforcement des crédits en la matière au cours du débat parlementaire.
C’est un sujet important pour la plupart des groupes parlementaires et je partage votre préoccupation. Dans ce même objectif de verdissement, nous avons déposé un amendement qui augmente la taxe sur les billets d’avion et les jets privés. Cette augmentation, nécessaire pour renforcer la contribution collective aux investissements dans la transition écologique, sera mesurée et nous serons attentifs à son impact sur nos compatriotes ultramarins.
En revanche, je le confesse, il y a des choses que nous ne proposerons pas. Nous ne proposerons pas d’imposer toujours plus les Françaises et les Français qui travaillent ou ceux qui transmettent le fruit de leur travail à leurs enfants.
Nous ne proposerons pas d’entraver la mobilité de nos concitoyens lorsqu’ils cèdent leur résidence principale, ni de taxer les entreprises à l’infini, comme certains ici en rêvent – nous savons que derrière chaque entreprise, il y a des entrepreneurs, des salariés, des emplois, des fournisseurs, un tissu économique et social. Bref, nous ne proposerons pas d’affaiblir la France et les Français.
Nous vous présentons un budget de redressement, inscrit dans une trajectoire de rétablissement de nos comptes, qui s’appuiera essentiellement sur la baisse de la dépense. Pour cela, je le dis avec humilité, nous aurons besoin d’un esprit de responsabilité collective. Laurent Saint-Martin et moi-même ferons preuve de tout l’esprit d’ouverture qui nous incombe dans la période que nous traversons.
Nous avons pris l’engagement de soutenir toutes les propositions parlementaires qui permettront de remplacer 1 euro de fiscalité par 1 euro d’économie. Ce sera fait. Nous y sommes prêts parce que, oui, nous devons baisser la dépense publique plutôt qu’augmenter les impôts. Nous serons au rendez-vous de cet exercice. Les Français le demandent.
Ceux que je croise dans la circonscription où j’ai l’honneur d’être élu nous demandent de réduire le train de vie de l’État, de réduire les dépenses, de faire un effort d’abord avant de leur demander un effort. C’est cet esprit de responsabilité qui doit nous guider, en respectant nos engagements, en continuant de soutenir l’activité, la croissance et l’emploi, comme nous l’avons fait ces dernières années. N’ayons pas peur de ce que nous avons fait et ayons le courage de faire mieux demain.

> [Intervention à l’Assemblée sur les finances publiques] J’ai l’honneur d’ouvrir, au nom du Gouvernement, le débat sur les orientations économiques et financières de notre pays. C’est la suite du dialogue que nous avons engagé avec vous, mesdames et messieurs les députés : trois jours après notre nomination, nous étions, avec Laurent Saint-Martin, devant vous en commission des finances. Quelques jours plus tard, je vous ai présenté, dans des conditions contraintes – dont nous avons tous conscience et dont nous partageons les difficultés –, l’évolution de notre endettement.
Quelques éléments de contexte pour entamer ce débat. Dans un contexte mondial encore instable, marqué par la sortie de crises, la France résiste. Après une succession de chocs – de l’apparition du covid à l’invasion de l’Ukraine –, l’activité mondiale voit l’effet des crises se dissiper, quoique très progressivement. La croissance mondiale devrait s’élever à 3,2 % en 2024 et à 3,4 % en 2025, notamment sous l’effet de l’assouplissement monétaire engagé par les banques centrales américaine et européenne ces derniers mois, ainsi que du ralentissement de l’inflation. Cependant, malgré ce début de retour à la normale, les disparités demeurent. Ainsi, la croissance de la zone euro restera modérée – à 0,8 % en 2024 –, même si elle devrait se montrer plus franche en 2025, notamment grâce à la baisse de l’inflation et au dynamisme du commerce extérieur, en particulier des exportations françaises. En revanche, la croissance américaine restera dynamique et celle des économies émergentes, même si elle devrait ralentir, se maintiendra à un rythme soutenu : la compétition que se livrent ces puissances fait peser un risque majeur sur notre continent, notamment en matière industrielle, ce qui exige un effort à la fois d’investissement et de compétitivité dans une Europe dont la simplification réglementaire doit être menée avec beaucoup plus d’énergie qu’auparavant.
Dans ce contexte contrarié, les perspectives économiques de la France demeurent bien orientées. Au deuxième trimestre 2024, l’acquis de croissance était de 0,9 % et nous prévoyons qu’il s’élève, à la fin de l’année, à 1,1 %. Pour 2025, nous prévoyons un niveau de croissance identique, même si sa composition devrait évoluer : la baisse de l’inflation et des taux d’intérêt entraînera une augmentation de la consommation des ménages et de l’investissement des entreprises, ainsi qu’une amélioration des marges des entreprises non financières et de l’investissement global. Le pouvoir d’achat des ménages devrait augmenter de 2 % en 2024, ce qui nous conduit à anticiper, dans le plan structurel de moyen terme, une hausse de la consommation de 1,3 % en 2025. Elle devrait s’accompagner, la même année, de la création nette de 100 000 emplois, notamment du fait de l’augmentation des exportations, de 3,4 % en 2025, même si le déséquilibre persistant de notre balance commerciale demeure préoccupant.
À moyen terme, l’assouplissement du crédit, le retour à la normale de l’inflation – dont le taux pour la France est estimé à 1,8 % en 2025 – et le soutien public à l’économie devraient conduire à une augmentation de la croissance française de 1,4 % en 2026, puis de 1,5 % en 2027 et en 2028. Cette trajectoire reflète l’amélioration à la fois du taux d’activité et du taux d’emploi, soutenue – selon les différents instituts – par la réforme de l’assurance chômage, le soutien à l’apprentissage et la réforme des retraites, qui ont permis de créer 1,3 million d’emplois depuis 2019. Soulignons la progression du taux d’emploi – qui n’a jamais été aussi élevé depuis qu’il a été mesuré pour la première fois par l’Insee, en 1975 – sous l’effet de différents leviers, du logement à la garde d’enfants, favorisant une plus grande participation au marché du travail. Ces résultats montrent que nous progressons : nous sommes plus attractifs, plus compétitifs, et l’inflation – qui a tant affecté nos compatriotes ces dernières années – continue de baisser. Bref, notre économie tient bon, bien qu’elle se trouve fragilisée par la situation de nos finances publiques.
Le budget pour 2025, que vous commencerez à examiner ce soir, est la première pierre d’une stratégie visant à soutenir le dynamisme économique tout en réduisant les déficits, afin de dégager un horizon de désendettement. Certaines des mesures que comprend cette stratégie ont déjà été annoncées par le Premier ministre dans sa déclaration de politique générale et d’autres viendront la compléter. Tel est le sens du présent plan budgétaire et structurel de moyen terme : redresser les comptes publics tout en soutenant la croissance.
Il faudra, avant toute chose, améliorer l’efficacité de la dépense publique. Dans un pays où elle représente 57 % de la richesse nationale, c’est là que doit d’abord se concentrer l’effort de redressement. La dépense publique sera réduite dès l’année prochaine, en fusionnant des opérateurs publics, en modernisant notre système de santé, en renforçant la lutte contre la fraude – et je ne doute pas que vous ferez, mesdames et messieurs les députés, de nombreuses propositions, précises et étayées, pour engager la réduction des dépenses. Car il faut le reconnaître : la baisse de la dépense publique prend du temps.
Outre sa réduction, la dépense publique doit devenir plus efficace – et je sais l’importance que l’Assemblée, et en particulier la commission des finances, accorde à l’évaluation des dépenses publiques. Nous l’avons annoncé avec Laurent Saint-Martin : nous lancerons une revue complète des dépenses pour supprimer, entre 2025 et 2027, au moins 5 milliards d’euros de dépenses non prioritaires. Cette revue portera également sur les niches fiscales et sociales : nous savons que certaines d’entre elles sont soit injustifiées, soit incompatibles avec nos objectifs de soutien à l’emploi ou de décarbonation. Pour ce faire, les administrations publiques dans leur ensemble seront mobilisées : chaque année, elles devront présenter un rapport détaillant les résultats et l’impact budgétaire de leurs actions. Avec le ministre chargé du budget et des comptes publics, nous associerons les parlementaires à cet effort de transparence et d’efficacité de la dépense publique. Chacun sait combien il est difficile de la réduire ; mais chacun mesure la nécessité d’agir sans attendre pour le bien de notre économie et pour la crédibilité internationale de la France.
Le deuxième pilier du plan consiste à réduire notre dette écologique et à faire de la France l’un des chefs de file de l’économie bas-carbone en Europe. L’atténuation et l’adaptation au changement climatique doivent demeurer des priorités politiques, budgétaires et financières, en tenant compte des caractéristiques de notre territoire. Je ne rappelle pas les progrès réalisés : les émissions françaises de CO2 ont été réduites de 25 % entre 1990 et 2022 ; en 2023, elles ont de nouveau baissé de 5,8 %. Nous devrons poursuivre la planification écologique, grâce au plan France 2030 et à l’entrée en vigueur de la loi du 23 octobre 2023 relative à l’industrie verte, au verdissement de la commande publique, au renforcement du conditionnement des aides publiques et à l’amélioration du financement des projets industriels qui le réclament – en France comme en Europe.
Nous poursuivrons également le développement du nucléaire et notamment de nouveaux réacteurs, pour disposer d’une énergie abondante, décarbonée et compétitive. Dans le même temps, nous développerons les énergies renouvelables – électriques comme thermiques –, qui sont indispensables à la création d’un mix énergétique français souverain et décarboné. Nous devrons aussi maîtriser nos besoins en énergie, en accentuant les efforts à la fois de sobriété et de rénovation énergétique dans tous les secteurs – y compris au sein des bâtiments appartenant à l’État. Outre un objectif de décarbonation, ce programme de réformes vise à renforcer notre économie, en fournissant aux entreprises une énergie décarbonée propice à la poursuite de la réindustrialisation.
La réindustrialisation, c’est le troisième pilier de cette stratégie de moyen terme : réindustrialiser l’ensemble du territoire, simplifier la vie des entreprises, investir dans l’innovation. Pour continuer à ouvrir des usines et pour créer des emplois industriels, nous voulons donner à tous les Français les moyens de contribuer à ce projet national.
C’est en ce sens que le Premier ministre a annoncé sa volonté de mobiliser l’épargne de nos compatriotes en la fléchant mieux, vers des projets industriels, afin que tous les Français puissent directement soutenir notre industrie. Je donnerai prochainement des précisions sur le livret d’épargne dédié à l’industrie qui a été souhaité par le Premier ministre et qui pourra être déployé dans les tout prochains mois.
L’État devra, de son côté, continuer à soutenir la recherche, l’innovation et le développement industriel. J’ai déjà parlé du plan France 2030 et je voudrais également souligner la nécessité d’accélérer nos progrès en matière d’intelligence artificielle. C’est un projet au long cours qui a été soutenu depuis plusieurs années, aussi bien sur ces bancs que par le Gouvernement, en particulier pour mettre l’intelligence artificielle au service des professionnels de santé.
Il faudra, enfin et surtout, simplifier la vie des entreprises pour leur permettre de devenir plus compétitives et de créer plus d’emplois. Nous relancerons le projet de loi de simplification présenté par le précédent gouvernement. Nous lancerons également un plan de simplification réglementaire drastique tendant à supprimer des normes et à réduire la charge administrative. Les droits des très petites, petites et moyennes entreprises (TPE et PME) en matière d’assurance et de gestion bancaire quotidienne, qui freinent régulièrement l’activité et la création d’emplois, pourront ainsi être rapprochés de ceux des particuliers.
Ce soutien au dynamisme de l’économie doit nous permettre de soutenir l’emploi et le niveau de vie des Français. Nous continuerons à investir dans les compétences et à soutenir massivement l’apprentissage, pour toutes les entreprises sans discrimination de taille, même si les contraintes budgétaires nous ont conduits à recentrer un dispositif qui faisait l’objet d’un certain nombre d’effets d’aubaine.
Nous devons aussi faire en sorte que le travail paye mieux. Il est anormal que certains Français qui travaillent soient encore rémunérés en dessous du Smic. Il n’est pas acceptable que certains de nos compatriotes n’aient pas connu d’augmentation de salaire depuis plusieurs années, en dépit de leur évolution au sein de leur entreprise.
Je poursuivrai le combat, commencé sur ces bancs, pour une juste rémunération de travail, en collaboration avec les partenaires sociaux. Nous nous pencherons sur les ajustements d’allégements généraux de cotisations sociales, nous accompagnerons les négociations de branche et nous développerons encore davantage l’actionnariat salarié, les dispositifs d’intéressement et de participation.
Nous devons consentir ces efforts afin de libérer l’investissement, d’encourager l’emploi et les entreprises, mais aussi de retrouver – c’est une priorité non seulement budgétaire, mais aussi politique – un niveau de déficit satisfaisant, qui ne rende pas vulnérable notre économie, qui nous permette de passer sous le seuil des 3 % en 2029 et d’engager le désendettement du pays à partir de 2028. C’est ainsi que nous renforcerons notre crédibilité en Europe et partout dans le monde mais nous devons, pour cela, nous faire confiance et avoir confiance en notre économie.
Nous défendrons cette stratégie avec le ministre du budget et des comptes publics et sous l’autorité du Premier ministre, afin de faire de la France une nation qui travaille et qui produit davantage.

> [Doliprane] L'accord conclu aujourd'hui est très exigeant. Il prouve notre détermination à défendre nos intérêts, sans naïveté et sans perdre en attractivité. Nos conditions sont claires et précises : maintien de l'emploi, des usines et de la production en France. Le strict respect de ces engagements sera assuré par notre présence, au conseil d'administration d'Opella et par des pénalités financières sans précédent en cas de manquement. Ce qui a guidé mon action, tout au long de la semaine, c'est de trouver des réponses durables et concrètes pour protéger les salariés d'Opella et rassurer nos compatriotes quant à la production du doliprane.

 

Astrid Panosyan-Bouvet (ministre du Travail et de l’Emploi)
> Présentation du projet d’extraction et de valorisation du lithium par l’équipe de l’entreprise Imerys, des parties prenantes du projet et des élus locaux à la Préfecture de l’Allier. Un intérêt pour
- la souveraineté française dans la production de batteries pour véhicules électrique
- la réindustrialisation et la localisation de savoir faire de pointe
- l’emploi dans l’Allier et en France.
Il est nécessaire que ce projet prenne en compte les enjeux environnementaux, se transport et de santé des travailleurs.

 

Guillaume Kasbarian (ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action publique)
> Débureaucratiser à tous les étages pour simplifier la vie des Français, des usagers et des agents publics, c’est l’objectif du projet de loi de simplification de la vie économique.

 

Laurent Saint-Martin (ministre auprès du Premier ministre, chargé du Budget et des Comptes publics)
> [Présentation du Budget 2025 à l’Assemblée] Une fois n’est pas coutume, je tiens, avant la présentation du texte, à revenir sur son examen en commission. Je tire de l’issue de vos débats un motif de préoccupation. Même si le texte a été rejeté – cela ne m’a pas échappé –, les amendements adoptés en commission représenteraient le tour de vis fiscal le plus brutal dans l’histoire de notre pays. Il n’y a certes pas eu de majorité pour choisir ce chemin. D’ailleurs, le vote de rejet exprimé par la commission n’est pas neutre. Croyez-moi, je regrette profondément de devoir m’en réjouir. Mais si le chemin que vous nous proposez est celui du matraquage fiscal, ne comptez pas sur le Gouvernement pour le cautionner.
Je ne peux qu’inciter à la plus grande prudence lorsque l’on modifie le code général des impôts, surtout quand c’est pour y ajouter des pages, voire des chapitres entiers. Derrière chaque taxe supplémentaire, ce sont les Français que vous visez. C’est leur épargne, leur résidence, leur entreprise que vous voulez accabler d’impôts nouveaux. Si les amendements de la commission étaient repris dans l’hémicycle, nous n’aurions pas l’année prochaine une vingtaine de milliards d’euros de contributions supplémentaires comme le prévoit le texte du Gouvernement, mais des dizaines de milliards d’impôts – 40, 50, 60 milliards selon les chiffrages –, qui n’auraient rien de temporaire ni d’exceptionnel.
Contrairement à ceux qui voudraient s’en prendre aux économies de toute une vie en ajoutant plusieurs milliards de prélèvements supplémentaires sur les successions et sur l’épargne, le Gouvernement s’engage à protéger le pouvoir d’achat des Français. C’est la raison pour laquelle nous indexons le barème de l’impôt sur le revenu sur l’inflation nous sortons du bouclier tarifaire tout en garantissant une baisse de la facture d’électricité pour les Français qui bénéficient du tarif réglementé. C’est aussi la raison pour laquelle nous refusons d’augmenter les taxes sur le gaz.
Contrairement à ce qui a été proposé en commission – des taxes supplémentaires sur les résidences principales, les résidences secondaires, la construction et même le logement social –, ce projet de loi de finances refuse de renchérir le coût du logement. Nous agissons pour aider concrètement les Français à se loger. Comme s’y est engagé le Premier ministre, je donnerai un avis favorable à l’extension du prêt à taux zéro (PTZ) défendue par le socle majoritaire.
J’ai également relevé plusieurs initiatives intéressantes en commission de la part de députés de tous bords : par exemple sur la facilitation des dons familiaux, en particulier des dons des parents qui souhaitent aider leurs enfants à construire une résidence principale ou l’initiative visant à consolider le dispositif Loc’Avantages, sur lequel nous aurons l’occasion de revenir au cours de la discussion parlementaire. Voilà des mesures concrètes pour aider nos concitoyens à se loger à des prix abordables.
Contrairement à ceux qui voudraient ponctionner des dizaines de milliards d’euros sur les petites entreprises, les fournisseurs d’électricité, les fleurons nationaux et les entreprises familiales, ce projet de loi de finances s’engage à protéger l’activité économique et la compétitivité. Le Premier ministre mettait en garde ce week-end contre un « concours Lépine fiscal » lors de l’examen du budget : nous y sommes. Quant à nous, nous refusons un budget qui signifierait moins de pouvoir d’achat, moins de compétitivité, moins de croissance et moins d’emplois. Il n’y aurait pas de moyen plus sûr pour engager notre pays sur la voie de la récession et compromettre l’effort de redressement de nos finances publiques. Trop d’impôts tue l’impôt: sans activité économique, sans création d’emploi, sans consommation, il n’y a pas de recettes fiscales. Nous ne redresserons pas nos recettes et nos finances sans croissance. Les contribuables ne sont pas des porte-monnaie en libre-service. Rétablir les comptes, ce n’est pas confisquer l’argent des Français. Si nous taxons trop, nous briserons le consentement à l’impôt. Ce n’est ni responsable, ni raisonnable, ni acceptable. Le Gouvernement propose un budget qui est une ligne de crête entre, d’une part, la nécessité de renouer avec une trajectoire soutenable et, d’autre part, l’exigence de protéger le pouvoir d’achat des Français et de préserver ce qui marche : une croissance robuste attendue à 1,1 % l’an prochain, un taux de chômage à son niveau le plus bas, qui tutoie les 7 %, une inflation contenue qui a diminué plus rapidement que chez nos voisins, des usines qui rouvrent partout dans nos territoires.
Nous ne pouvons pas nous permettre de renoncer à ces résultats positifs. Nous n’en avons tout simplement pas les moyens. Certes, ce projet de loi de finances pour 2025 est perfectible, je le reconnais, tout comme l’a fait le ministre de l’économie, mais c’est un texte nécessaire dans son ambition : il prévoit un effort inédit de 60 milliards d’euros pour redresser les comptes et vise à ramener le déficit sous la barre des 3 % du PIB à l’horizon 2029. Pour y parvenir, il est impératif de le contenir à 5 % dès 2025.
L’objectif de 5 % en 2025 n’est ni une lubie, ni un totem : c’est la condition sine qua non pour financer demain nos services publics, continuer à investir dans notre avenir et retrouver la capacité à protéger notre nation face aux crises futures.
Ce budget est aussi nécessaire par l’équilibre qu’il propose entre économies budgétaires et contributions fiscales. Faire porter l’ensemble de l’effort de redressement de nos finances publiques sur la seule maîtrise des dépenses aurait été excessif et déraisonnable. Dans ce contexte, j’assume le recours à la fiscalité, mais à trois conditions.
Première condition : la fiscalité doit représenter une part minoritaire de l’effort de redressement de nos finances publiques. C’est précisément pour cette raison que nous nous sommes imposés une règle pour bâtir ce budget : pour 1 euro de recette supplémentaire, 2 euros d’économies.
Deuxième condition : le recours à la fiscalité doit être ciblé, c’est-à-dire limité pour l’essentiel aux contribuables auxquels il est juste de demander un effort de solidarité. Il est juste et responsable de demander d’abord aux ménages fortunés de contribuer au redressement, comme nous le proposons avec la contribution minimale sur les hauts revenus, il est juste et responsable de demander d’abord à quelques centaines de grandes entreprises de faire un effort temporaire. Il est juste et responsable de taxer les entreprises qui pratiquent le rachat d’actions à la seule fin de gonfler artificiellement la rémunération de leurs actionnaires.
Une fiscalité ciblée, c’est aussi une fiscalité qui contribue à réduire notre dette écologique autant que notre dette financière. Consolider le malus écologique comme nous le proposons ne doit pas être un gros mot : c’est la contrepartie fiscale des dispositifs d’aide, que nous maintenons. Il en est de même lorsque nous proposons de faire contribuer les personnes qui se déplacent en avion, en faisant payer davantage les voyageurs en classe affaires sur les vols long-courriers et les jets privés que les voyageurs en classe économique.
J’ajoute que, du côté des dépenses, il n’y a jamais eu de budget aussi vert que celui que nous proposons pour 2025! Je suppose que vous applaudissez le budget vert dont la publication est attendue demain matin ! Les dépenses favorables à l’environnement, qui figurent dans le document annexé au PLF – dont vous avez sûrement déjà pris connaissance, d’où vos applaudissements –, s’élèvent à 47 milliards, soit près de 3 milliards de plus qu’en 2024 – ce sont les chiffres.
Avec ce budget, nous marchons sur nos deux jambes pour réduire la dette écologique : la fiscalité pour inciter, jamais pour punir ; la dépense et l’investissement pour accompagner. Je précise que les recettes de la fiscalité à visée environnementale sont nettement inférieures aux dépenses que nous consacrons à la protection de l’environnement.
Troisième condition : le recours à la fiscalité doit être temporaire. Notre horizon doit rester celui de la prévisibilité fiscale. C’est la condition d’une politique économique efficace. Nous l’avons inscrit clairement dans le texte, qu’il s’agisse des contributions exceptionnelles sur les ménages et les entreprises ou du report de la suppression définitive de la CVAE. Dans un pays qui est déjà champion d’Europe des prélèvements obligatoires, on ne peut pas demander aux contribuables davantage qu’un effort ponctuel, limité dans son ampleur et dans sa durée.
En revanche, dans un pays qui est champion d’Europe de la dépense publique, on peut et on doit agir fortement sur la dépense, qui représente près de 57 % de notre PIB. Faire des économies après des années de hausse de la dépense, ce n’est pas un tabou. Rappelons-le, c’est en raison de la hausse de la dépense que nos finances publiques se sont dégradées. Nous avons fait ce choix collectivement – un choix nécessaire et juste –, dans cet hémicycle, pour protéger nos concitoyens et notre économie. Face à la crise sanitaire, à l’inflation, à la hausse des prix de l’énergie, nous avons été au rendez-vous – vous avez été au rendez-vous.
Notre faute n’est pas d’avoir pris les décisions que nous avons prises, ni d’avoir déployé des filets de sécurité. Nous pouvons en être fiers –– j’insiste, vous pouvez en être fiers. Mais aujourd’hui, on ne peut plus attendre. Il faut dès maintenant tout faire pour redresser la barre et renouer avec une trajectoire budgétaire soutenable. Alors oui, nous proposons un effort qui passe d’abord et prioritairement par la maîtrise des dépenses.
Cet effort est partagé entre toutes les administrations publiques. Nous proposons des économies aux administrations de sécurité sociale, dont le déficit risque de déraper plus encore. Nous proposons donc, dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, en cours d’examen par la commission des affaires sociales, un coup de frein réel, mais responsable, en limitant à 2,8 % l’évolution de la dépense sociale, ce qui nous permettra de financer nos priorités et d’ouvrir de nouveaux droits.
Nous proposons aux collectivités locales de construire un effort de 5 milliards d’euros. Nous y travaillerons avec elles, toujours dans la concertation et le partenariat. Enfin, nous proposons que l’État et ses opérateurs prennent à leur charge la moitié des économies nécessaires, soit 21,5 milliards d’euros : 15 milliards grâce à la stabilisation en valeur des crédits par rapport au budget voté pour 2024 – c’était d’ailleurs l’objet des lettres-plafonds signées par le précédent Premier ministre Gabriel Attal ; 1,5 milliard sur les opérateurs de l’État ; enfin, 5 milliards d’économies supplémentaires sur les administrations d’État et les opérateurs de l’État par voie d’amendements du Gouvernement lors de l’examen de la seconde partie du PLF, conformément aux engagements pris.
Cela, nous le ferons tout en augmentant les budgets des armées, de l’intérieur, de la justice et de la recherche, qui font l’objet de lois de programmation. Le budget du ministère de la recherche est en hausse. S’agissant du ministère de la justice, comme je l’ai annoncé, nous compléterons les moyens prévus dans le texte initial par voie d’amendement gouvernemental. Nous ne transigerons pas avec la sécurité des Français, qui est également une priorité de l’action du Gouvernement.
J’entends parler d’austérité. Permettez-moi de répéter ce qu’a dit mon collègue Antoine Armand : de quelle austérité parlons-nous ? Quand les dépenses de l’État restent supérieures de 91 milliards à leur niveau de 2019, même après 20 milliards d’économies, ce n’est pas de l’austérité.
Oui, je dis qu’il est possible et nécessaire de proposer aux Français un meilleur service public pour moins cher. Il est possible de faire mieux avec moins d’effectifs, mieux avec moins de moyens, à condition de mieux employer les effectifs et les moyens dont nous disposons. Il s’agit tout simplement de bien gérer l’argent des contribuables, c’est-à-dire de bien gérer l’argent des Français.
Nos concitoyens ne nous demandent pas autre chose. Nous pouvons baisser les effectifs de l’éducation nationale – ce ne doit pas être un tabou – tout en améliorant le taux d’encadrement dans les classes, dès lors que nous acceptons de regarder la réalité démographique en face : entre juin 2024 et septembre 2025, l’école accueillera 170 000 élèves en moins. Assumons de mettre les justes moyens en face des besoins réels du pays.
Nous pouvons revoir les politiques de soutien à l’emploi, dès lors que le chômage est au plus bas depuis quarante ans. Dès lors qu’il y a moins de chômeurs et donc de dossiers à traiter, nous pouvons diminuer les effectifs de France Travail tout en consolidant la qualité du service public d’aide à l’emploi. Nous pouvons baisser les aides à l’apprentissage, dont le coût a triplé depuis 2017, sans pour autant casser la dynamique de ce dispositif qui est désormais au cœur des pratiques des entreprises.
Je pourrais multiplier les exemples qui illustrent la nécessité d’ajuster les moyens publics à la hauteur des besoins réels, surtout après avoir tant dépensé pour protéger à juste titre notre pays. Que les choses soient claires : nous n’avons pas l’intention de casser l’apprentissage, pas plus que tous les dispositifs qui fonctionnent. La réduction du montant des aides aux employeurs d’apprentis que nous proposons représente une économie de 250 millions en 2025 et de 1 milliard en 2026, sur 16 milliards de soutien public : cela n’a rien d’excessif, c’est simplement de la bonne gestion ! Nos entreprises auront toujours intérêt demain à embaucher des apprentis. J’insiste : nous protégeons ce qui marche.
Nous pouvons aussi rationaliser les aides à l’achat de véhicules électriques dès lors qu’il existe non pas un, ni même deux, mais trois dispositifs de soutien de l’État visant le même objectif, sans compter les aides des collectivités. Nous pouvons réduire de 4 milliards les allègements généraux de cotisations dès lors qu’ils ont progressé de 20 milliards ces dernières années, pour un coût total d’environ 75 milliards en 2023. Nous proposons même une refonte du dispositif actuel – le rapport Bozio-Wasmer a clairement souligné ses effets pervers – pour lutter plus efficacement contre les trappes à bas salaires et la smicardisation. Nous en débattrons lors de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale. Nous pouvons aussi freiner un certain nombre de politiques publiques dont les budgets ont très largement augmenté depuis 2017, sans renoncer à nos ambitions.
Pouvons-nous également demander un effort aux retraités, dès lors qu’ils ont bénéficié en 2024 d’une revalorisation des pensions supérieure à l’inflation et aux augmentations de salaires des actifs ? C’est ma conviction.
Je précise que les pensions resteront bien indexées sur l’inflation en 2025 et que ce lissage ne concernera pas les minima sociaux qui seront bien revalorisés au 1er janvier. Peut-on par ailleurs avoir un débat constructif sur la manière de protéger les petites retraites ? Bien sûr ! J’ai d’ailleurs vu plusieurs propositions en ce sens et j’y donnerai un avis favorable.
Avec les économies ciblées que nous proposons, nous n’avons qu’une seule ambition : faire en sorte, comme l’a dit le Premier ministre dans son discours de vérité, « que les Français en aient pour leurs impôts ». Il y va du consentement à l’impôt. C’est possible, et ça fonctionne ! Mon ministère fait partie de ceux qui ont le plus contribué à la réduction du nombre de fonctionnaires ces dernières années. Je pense en particulier à la direction générale des finances publiques (DGFIP), qui a été particulièrement innovante et dont je veux saluer les agents. Elle a réduit ses effectifs tout en menant à bien des réformes de structure qui ont changé le quotidien des Français, comme le prélèvement à la source, mais aussi en faisant évoluer son maillage territorial. Et elle est restée l’un des services publics de proximité les plus appréciés des Français !
Nous baissons la dépense, oui, mais en veillant toujours à renforcer son efficience : j’y suis particulièrement attaché. La clé de l’efficience de la dépense publique est la poursuite des réformes structurelles. Le Gouvernement fera très prochainement des propositions concrètes en ce sens.
Enfin, le Premier ministre l’a dit, nous renforcerons la lutte contre toutes les fraudes : c’est une question de justice. Je tiens à saluer les propositions formulées par Thomas Cazenave pour renforcer nos outils de lutte contre la fraude fiscale : elles sont pertinentes et vont dans le bon sens. Dans le cadre du PLFSS, nous consoliderons aussi les efforts engagés en ce sens par les précédents gouvernements dans le champ social. Nous serons intraitables dans la lutte contre la fraude aux prestations sociales et aux cotisations sociales.
Mesdames et messieurs les députés, je souhaite que nous trouvions au Parlement un chemin pour ce budget. Refuser le débat serait une faute, morale et politique. Comme j’en ai pris l’engagement devant la commission des finances, ma méthode tient en trois mots : vérité, dialogue et respect. J’ai été parlementaire ; j’ai siégé sur ces bancs en tant que rapporteur du budget. Je tiens à ce que le débat ait lieu, à ce que chaque article du PLF soit disséqué, chaque amendement discuté, chaque mesure débattue. Je tiens à ce que le Parlement puisse présenter les modifications qui lui semblent importantes et qu’il puisse en délibérer. Je tiens à ce que vous puissiez enrichir et améliorer ce texte – j’ai déjà cité quelques-unes des propositions que je m’engage à soutenir.
Ainsi, celle du député Nicolas Metzdorf vise à faciliter les investissements en Nouvelle-Calédonie afin d’aider les efforts de reconstruction. Le Gouvernement sera à ses côtés.
Aujourd’hui, l’urgence, ainsi que notre responsabilité collective, est d’œuvrer au redressement des comptes publics.
J’insiste sur ce point : il y va de notre responsabilité collective. Ce cap, je n’en dévierai pas. Nous n’avons pas d’autre choix que de ramener le déficit à 5 % du PIB, ce qui nécessite bel et bien un effort inédit et urgent de 60 milliards d’euros. Le Parlement disposera des voies et moyens, mais le cadre de notre responsabilité est intangible. Ces dernières semaines, j’ai souvent entendu parler de lignes rouges. Pour ma part, je n’en ai qu’une : c’est le redressement des comptes. Si l’équilibre que nous avons proposé – deux tiers d’économies de dépenses publiques et un tiers de hausses d’impôts – devait évoluer, je souhaite qu’il n’évolue que dans un sens, à savoir plus d’économies et moins d’impôts.
Plus d’impôts serait déraisonnable pour le contribuable, qui en paie déjà bien assez, et pour notre économie, qui ne s’en remettrait pas, nos finances publiques non plus.
Je vous propose cette discipline non pour fermer le débat mais, au contraire, parce que je prends nos échanges très au sérieux. Je prends aussi très au sérieux le fait de construire avec vous un chemin de responsabilité et de redressement, afin de renouer avec une trajectoire de finances publiques soutenable. Il y va tout simplement de notre capacité à investir, à protéger nos concitoyens et nos entreprises face aux crises futures, à consolider les droits sociaux de nos concitoyens, à être aux côtés des collectivités lorsqu’elles ont besoin du soutien de l’État. Le Gouvernement fixe le cadre et propose un chemin : c’est un chemin difficile, mais aussi un chemin d’équilibre. Le Parlement s’en saisira en responsabilité.

> [Intervention à l’Assemblée sur les finances publiques] Mesdames et messieurs les députés, nous nous retrouverons ce soir en séance publique afin de commencer l’examen du projet de loi de finances (PLF) pour 2025.
Cela donne tout son sens au débat sur les perspectives pluriannuelles des finances publiques qui nous occupe à présent. J’ai toujours été profondément attaché à ce débat d’orientation. Je crois sincèrement que c’est un moment utile et même nécessaire pour garantir l’information du Parlement sur les enjeux relatifs à nos finances publiques. J’avais d’ailleurs proposé de renforcer ce débat dans le cadre des travaux de modernisation de la Lolf que nous avions notamment engagés avec Éric Woerth et je suis fier que le Parlement se soit emparé de notre réflexion en adoptant notre proposition de nouvelle Lolf.
Premier constat : il était nécessaire que le Parlement soit pleinement informé et pleinement saisi des programmes de réforme et des trajectoires budgétaires que le Gouvernement transmet à la Commission européenne. De ce point de vue, le fait que le débat d’orientation porte désormais sur le programme de stabilité et sur le PSMT représente un renforcement réel des prérogatives du Parlement.
C’est la première fois que le Gouvernement remet ce document et que celui-ci fait l’objet d’un débat dans cet hémicycle. Ce premier PSMT est, il est vrai, un peu particulier : comme nous vous l’avons indiqué, il est encore incomplet dans sa partie relative aux réformes, et son calendrier est encore imparfait – je vous l’accorde volontiers, madame la présidente.
Deuxième constat, qui vient justifier pleinement ce débat : on ne gère bien les finances publiques que si l’on se projette sur le temps long. Décider d’investir pour l’avenir, transformer nos services publics pour changer le quotidien de nos concitoyens, tout cela prend du temps, tout cela exige de la prévisibilité, de l’anticipation et une certaine forme de continuité. En ce sens, disposer d’une trajectoire pluriannuelle ne remet en rien en cause le principe du vote annuel du budget et permet, bien au contraire, d’éclairer et d’enrichir les débats budgétaires de l’automne.
C’est vrai en temps normal, mais ce l’est encore plus quand l’heure est au redressement des comptes publics.
Vous connaissez la situation de nos finances publiques. Vous connaissez aussi notre objectif, qui est de ramener le déficit public à 5 % du PIB dès 2025, en réalisant un effort inédit de 60 milliards d’euros : 40 milliards d’économies, soit les deux tiers de l’effort, et 20 milliards de contributions fiscales ciblées et temporaires, soit le tiers restant. Cet objectif n’est pas arbitraire et tire son sens ainsi que sa nécessité de la trajectoire pluriannuelle qu’a fixée le Premier ministre et qui vise à ramener le déficit public sous la barre des 3 % à l’horizon 2029.
Pourquoi 3 % ? Tout simplement parce que c’est le niveau de déficit à partir duquel nous sommes en mesure, d’abord de stabiliser – comme l’a dit le ministre de l’économie et des finances –, puis de réduire notre endettement, qui dépasse cette année les 3 220 milliards.
Pourquoi 2029 ? C’est le délai dont nous disposons pour retrouver des finances publiques solides, conformément à nos engagements européens.
Ces engagements ne sont pas des contraintes hors-sol. Ce sont, au fond, des principes de bonne gestion auxquels nous avons collectivement souscrit, aux côtés des autres États membres.
À la lumière de cette trajectoire, vous aurez compris que le projet de loi de finances et le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 constituent – et doivent constituer – une première étape sur le chemin de la responsabilité et du redressement. Disons-le clairement, la première marche sera difficile et exigeante. Si nous voulons tenir nos objectifs, nous devons impérativement faire des efforts dès maintenant. C’est en faisant des choix courageux dès aujourd’hui que nous nous épargnerons des choix douloureux demain.
Des choix courageux, mais qui sont aussi des choix raisonnables. Adopter une trajectoire pluriannuelle nous permet de lisser l’effort sur plusieurs exercices plutôt que d’avoir à procéder, en une seule fois, à un ajustement trop brutal. En étalant ainsi l’effort, nous ne renonçons pas à investir, nous ne renonçons pas à financer nos services publics, nous ne renonçons pas à préserver notre modèle de protection sociale. En aucun cas il ne s’agit là de laxisme budgétaire. C’est au contraire le principe même d’une gestion vertueuse des deniers publics : en produisant un effort réel, mais étalé dans le temps, nous refusons l’austérité et la casse sociale que nous subirions immanquablement demain à défaut d’agir aujourd’hui.
Le chemin du redressement, vous le voyez, est étroit mais, pourvu que nous nous y engagions collectivement, il y a bien un chemin. C’est ce que les Français attendent de nous. Ils ne nous demandent pas autre chose que de bien gérer l’argent public – leur argent – et de leur épargner des lendemains qui déchantent. Ce chemin, je souhaite que nous le tracions ensemble, en en posant les premiers jalons dès l’examen des deux textes financiers pour l’année prochaine.
Je serai bref, puisque nous allons en débattre dans quelques heures, mais je tiens tout de même à vous livrer l’orientation principale qui guidera les travaux à venir du Gouvernement.
Ma conviction est que nous pouvons proposer aux Français un meilleur service public, pour moins cher, en nous posant toujours la question de l’efficience de la dépense publique.
Nous devrons pour cela actionner deux leviers.
Le premier levier est la revue des dépenses et des niches fiscales et sociales. Les gouvernements précédents ont déjà mené un tel exercice, qui a permis de cibler les propositions d’économies – en particulier dans l’apprentissage – et de baisses d’effectifs que nous vous soumettrons dans le cadre du PLF. Je souhaite que nous puissions pérenniser cet exercice. C’est un instrument de transformation très efficace, qui nous permettra d’améliorer la qualité et l’efficacité de nos services publics, tout en en maîtrisant les dépenses.
Le deuxième levier, ce sont les réformes structurelles que le ministre de l’économie et des finances a précisées. Elles s’appuieront justement sur les recommandations des revues de dépenses. Nous ne pourrons faire de véritables progrès, en matière d’efficience, qu’à la condition d’oser repenser un certain nombre de politiques publiques. Le Gouvernement propose déjà des avancées dans le cadre des textes financiers pour l’an prochain – je pense notamment à la réforme des allégements généraux.
Il nous faudra également améliorer l’équilibre général des systèmes de retraites : c’est le sens de la proposition que nous faisons, dans le cadre du PLFSS, sur la CNRACL (Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales), proposition qui vise à rééquilibrer le système de retraite des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers.
Comme l’a dit le Premier ministre, nous pouvons aller plus loin en procédant, par exemple, à des fusions d’opérateurs publics intervenant dans des domaines proches, mais aussi en responsabilisant davantage les gestionnaires publics – c’est là aussi l’esprit de la Lolf – et en les associant davantage aux efforts de maîtrise de la dépense.
Il sera demandé à chaque administration de participer à cet exercice. Comme vous le savez, il y a dans le texte que nous commencerons à examiner ce soir des contributions temporaires.
Il est important de garder à l’esprit que ces mesures seront temporaires et que des réformes structurelles devront prendre leur relais toujours dans ce double objectif d’améliorer la qualité du service public et de diminuer les moyens que nous y consacrons.
Enfin, nous devrons continuer à renforcer notre dispositif de lutte contre la fraude sociale et fiscale. Mon ministère est en première ligne sur cet enjeu, qui est une priorité forte de l’action du Gouvernement.
C’est une question de justice. C’est une nécessité pour garantir d’une part l’efficacité de nos politiques publiques, d’autre part le consentement à l’impôt. Je salue à cet égard la proposition de loi déposée par Thomas Cazenave, tendant à renforcer notre arsenal de lutte contre la fraude aux aides publiques.
Voilà quelles seront nos priorités, et quelle sera notre méthode pour construire, dans la durée, une trajectoire de soutenabilité et de responsabilité qui permette de redresser nos finances publiques. Nous serons à votre disposition, monsieur le rapporteur général du budget, pour enrichir cette présentation d’éléments plus précis dès que les derniers arbitrages auront été rendus. Cela sera fait dès les prochains jours.

> [Intervention à l’Assemblée sur les déficits publics] Pourquoi est-il essentiel de réduire nos déficits publics, donc, à terme, notre endettement ? Si nous nous fixons comme objectif de ramener le déficit sous la barre des 3 %, ce n’est pas par attachement à un totem des années 1980 auquel il faudrait à tout prix s’accrocher, mais parce que c’est le niveau de déficit à partir duquel nous serons en mesure de stabiliser puis de réduire notre endettement.
Permettez-moi de donner un ordre de grandeur, pour que chacun soit conscient des enjeux. Un choc de 1 point sur notre dette, ce sont 3,5 milliards de charge de la dette supplémentaires dès l’année suivante, environ 20 milliards supplémentaires à cinq ans et 30 milliards à neuf ans. Dans les prochains jours et les prochaines semaines, nous allons examiner des amendements tendant à augmenter de quelques centaines de millions ou quelques milliards d’euros les crédits de certaines missions budgétaires. Et là, je vous parle de 30 milliards de dette supplémentaires qui ne pourront pas servir à financer nos politiques publiques, pour chaque point d’augmentation de notre dette ! Or celle-ci va continuer à augmenter si nous n’apportons pas de réponses concrètes et soutenables pour réduire nos déficits.
L’enjeu, cet automne, est d’éviter l’explosion de la charge de la dette, afin de ne pas grever notre capacité de financement, mais de continuer à financer nos priorités collectives et d’être capables de faire face à de nouvelles crises, si elles surviennent.
Ce qu’attendent ceux qui notent et ceux qui refinancent notre dette souveraine, c’est d’abord, à court terme, une réduction de notre déficit, prioritairement par la baisse de la dépense publique, mais aussi, car ce n’est pas tabou, par l’action de quelques leviers fiscaux ; ce sont, ensuite et surtout, des réformes structurelles, qui sont pour l’heure, je l’admets, incomplètes. Il faut absolument que nous ayons un agenda de réformes ambitieux dès les prochains mois pour compléter ce budget, qui vise d’abord à réduire la dépense publique, après des années d’augmentations, où elles étaient nécessaires.
Nous devons respecter la temporalité suivante : d’abord, redresser vite et fort les comptes, afin de gravir la première marche, à savoir passer sous la barre des 5 % de déficit public en 2025 ; puis, parce que cela ne sera suffisant, prévoir des réformes de structure.
Ceux qui refinancent notre dette s’interrogent régulièrement : pourquoi la dépense sociale de la France est-elle de cinq points plus élevée que celle de ses voisins européens ? Pourquoi la part des dépenses de retraite dans le PIB y atteint-elle 15 %, alors qu’elle est inférieure chez nos voisins ? Nous devrons répondre à ces questions. Seules des réformes de structure permettront d’équilibrer le modèle français de protection sociale. Faute de quoi, nous ne serons pas suffisamment crédibles aux yeux des créanciers pour refinancer notre dette dans de bonnes conditions. Tel est l’enjeu auquel nous faisons face, collectivement.
Il ne s’agit pas de savoir si un autre monde est possible. Le monde dans lequel nous vivons refinance la dette de la France qu’on le veuille ou non. Or il la refinance à certaines conditions. D’autres solutions sont possibles mais si le taux d’intérêt de la dette française augmente en conséquence d’un ou deux points, le trou à combler dans les caisses de l’État se creusera de 30 à 60 milliards supplémentaires, ce qui – nous en serons tous d’accord, je le pense – n’est pas souhaitable.

> [Budget] Je souhaite que le débat ait lieu. Il est important pour les Français. Nous proposons un texte d'équilibre dont le Parlement va se saisir pour l’amender, le compléter. Avec une ligne claire : maintenir le cap du déficit à 5% pour 2025 sans matraquage fiscal.

 

Nathalie Delattre (ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée des Relations avec le Parlement, présidente du Parti radical)
> [Budget] Il n’était pas possible de voter un texte dénaturé par des hausses d’impôts intolérables pour nos concitoyens et nos entreprises. À la demande du Premier ministre, je suis en train de bâtir une coalition plus large et surtout responsable. Quand on regarde la situation de la France, il faut que chacun le soit. Chacun sera comptable de son vote.

> [Budget] Les deux tiers de l’effort doivent peser sur la réduction des dépenses. C’est notre cadre. Si on ne rétablit pas la trajectoire, la signature de la France sera engagée. Nous consacrons 51 milliards d’euros au remboursement de la dette. Au sein du socle commun, on a une obligation de responsabilité.

> [Budget] Michel Barnier a été clair : on peut discuter, mais nous devons rester dans les lignes qui s’imposent à nous, à savoir 60 milliards d’euros d’effort. Sans cela, nous serons en incapacité de rassurer l’Europe et d’engager des réformes structurelles. Les mesures sont négociables dans ce cadre-là.

> [Utilisation du 49.3 pour passer le Budget] Nous verrons. Il n’y a pas d’a priori. Depuis le départ, la volonté du Premier ministre est de faire vivre le débat et de pointer du doigt les contradictions de certains. Le socle commun est celui qui réunit le plus de voix. C’est ce compromis qu’il faut protéger. Si on arrive à un texte que le socle commun ne peut pas voter, le 49.3 serait une protection. Ensuite, le texte ira aussi au Sénat. Et celui-ci aura un rôle central.

> Nous devons transposer le pacte sur la migration et l’asile qui a été adopté par l’Union européenne. Il ne faut pas voir la politique du gouvernement à travers les desiderata du RN. Sur l’immigration, tout est une question d’équilibre. Il y aura un débat le moment venu.

 

Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, chargé de l’Industrie)
> La dynamique de réindustrialisation se poursuit. Je ne me fixe pas d'objectifs en termes de part de l'industrie dans le PIB. Notre solde d’usines ouvertes face à celle qui ferment est positif. Nous avons créé 108 000 emplois nouveaux en 2022 dans l’industrie, 30 000 en 2023. L’image de l’industrie a changé. Le tout avec une trajectoire de décarbonation qui mène à réduire les émissions CO2 sans détruire des emplois. Dans les territoires, un emploi industriel induit d’autres emplois dans les services, le maintien des commerces et écoles. L'industrie est un outil extrêmement puissant de lutte contre le déclassement des territoires. Il ne faut pas l’oublier quand il y a des mobilisations contre des implantations d’usines. L'ambition du gouvernement : faire de l'Industrie le cœur battant de nos territoires.

> Notre priorité avec Antoine Armand, qui a été rappelée dans le discours de politique générale du Premier ministre, est le maintien d’une ambition industrielle forte pour la France. Décarbonation, transition numérique, filières d’avenir, compétitivité des entreprises, en particulier les entreprises industrielles, cette politique de l’offre doit être préservée.
Dans le budget, ces trajectoires sont maintenues dans le respect de l’objectif d’économies de 60 milliards d’euros. Des ajustements pourront être faits dans le cadre du débat parlementaire, mais, si l’on revoit certaines mesures fiscales, il faut trouver les économies qui correspondent. Et il faut réduire les dépenses en ciblant celles qui sont les moins efficaces ou génèrent des effets d’aubaine, afin de ne pas ralentir la croissance. Le programme France 2030 est par ailleurs sanctuarisé.

> L'accord tripartite inédit signé entre Sanofi, CDR et le gouvernement pose des exigences fortes, assorties de sanctions, en matière de maintien de l’emploi, de la production, des sièges et de l’investissement de la société Opella. Autre garantie : nous avons annoncé avec le ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie l’entrée de Bpi France au capital.

 

Olga Givernet (ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des risques, chargée de l’Energie)
> Pas de transition écologique et énergétique sans sobriété. On le sait déjà : chaque geste compte. La sobriété n’est pas là seulement pour passer l’hiver, en complément de l’électrification des usages, elle nous permet de réduire notre dépendance aux énergies fossiles.

> Ministères, collectivités, entreprises, particuliers : pour réduire notre consommation d’énergie, nous devons innover ! C’est ainsi que sortirons des énergies fossiles.

> En matière de déchets nucléaires, il s’agit d’être responsable et d’assumer la solution la plus adaptée sur leur gestion. C’est tout l’objet de ma visite du laboratoire souterrain préparant le projet de stockage des déchets nucléaires à Bure. (…)
Aujourd’hui le laboratoire souterrain préparant le projet de stockage de déchets nucléaires à Bure est une fierté :
- Un des laboratoires les plus en pointe au monde
- Le site représente plus de 600 emplois, près de 2 000 en 2030

 

► Assemblée nationale 
Yaël Braun-Pivet (présidente) 
> [Intervention à l’Assemblée sur les finances publiques]  L’ordre du jour appelle le débat d’orientation et de programmation des finances publiques. Cette année, ce débat marque véritablement l’ouverture de la discussion budgétaire. Prévu par la loi organique relative aux lois de finances (Lolf), il a été demandé par le président de la commission des finances et a été inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le 8 octobre, à l’unanimité des membres de la conférence des présidents. Cette unanimité ne doit rien au hasard : en matière budgétaire, le Parlement est au cœur de ses missions. De plus, nous avons tous conscience qu’en ce début de législature, débattre de la trajectoire des finances publiques n’a jamais été aussi important. Les questions qui se posent sont nombreuses et les Français, par l’intermédiaire de leurs élus, ont besoin de réponses.
Néanmoins, je vous rappelle que ce débat n’est pas censé être hors-sol – il ne s’agit pas uniquement d’échanger de bonnes paroles, mais d’examiner le plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT) que le Gouvernement doit transmettre aux institutions de l’Union européenne avant la fin du mois. La date de ce débat est connue depuis deux semaines et le plan devait nous être communiqué le 15 octobre au plus tard. Il ne l’a pas été.
Il a fallu que je m’implique personnellement vendredi pour que ce débat soit maintenu et que les documents nécessaires à sa bonne tenue soient transmis. Nous avons finalement reçu hier un projet de plan.
Je vous remercie, messieurs les ministres, pour cette transmission, qui va permettre à l’Assemblée de débattre des enjeux essentiels que sont les perspectives de rétablissement des finances publiques et la programmation des investissements prioritaires.
Il n’en demeure pas moins que la communication aussi tardive, un dimanche, à la veille du débat, d’un document provisoire, n’est pas satisfaisante. Et cela commence à faire beaucoup! Nous avons déjà rencontré ce problème au sujet d’un rapport sur la dette, qui ne nous a été transmis que le 12 octobre pour un débat prévu le 15. Là encore, il avait fallu insister.
Je demande donc au Gouvernement de veiller à ce que les droits du Parlement soient davantage respectés. La démocratie est un bien précieux et j’invite chacun à ne pas la fragiliser.
Je dis les choses, le Gouvernement le sait. J’ai eu un échange avec M. le ministre hier soir à ce sujet. Il est important de pouvoir, chacun dans son rôle, défendre notre démocratie.

> La Moldavie avance résolument vers l’Europe, malgré les ingérences et les tentatives de déstabilisation. Le courage de Maia Sandu doit tous nous inspirer. Notre avenir européen sera commun, fondé sur la liberté, la démocratie et la prospérité.

 

► Partis politiques 
● Renaissance 
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Elisabeth Borne (députée, ancienne Première ministre)
> Éviter de casser la dynamique qui créé de l'activité et des emplois en France. Ne pas non plus pénaliser ceux qui travaillent par des hausses d'impôts. Et enfin, ne pas sacrifier l'avenir au présent, en continuant à investir dans la sécurité, la transition écologique et la jeunesse.

> Ce qui nous préoccupe tous, c'est la façon dont on revient à un nouveau de déficit acceptable pour notre pays.

> Oui, il y a du sexisme en politique. Vous êtes jugés sur votre tenue ou même sur ce que vous mangez alors que ce qui compte, ce sont bien les actes. (…) Ce n'est pas ça que les Français attendent d'un Premier ministre, et pourtant on est jugé là-dessus.

 

Charles Sitzenstuhl (député)
> [Intervention à l’Assemblée sur les finances publiques] Chers Antoine Armand et Laurent Saint-Martin, le Gouvernement que vous représentez pourra compter sur le soutien du groupe Ensemble pour la République dans les débats budgétaires. Votre volonté de réduire les déficits s’inscrit dans la continuité de la fin du « quoi qu’il en coûte » et des annulations et des gels de crédits réalisés par Gabriel Attal et Bruno Le Maire début 2024 : nous nous en félicitons.
Pourtant, force est de constater et de déplorer que le débat budgétaire actuel tourne principalement autour de la question fiscale. Bien sûr, il n’y a pas de justice sociale sans justice fiscale, mais la justice fiscale, ce n’est pas l’inquisition fiscale.
Hélas, depuis un mois, il ne se passe plus une seconde en France sans qu’on entende parler de création de taxes ou d’explosion des impôts. Ce climat de défiance contre l’entrepreneuriat est consternant et, surtout, très inquiétant. Il faut le rappeler : les entreprises ne sont pas des vaches à lait et les patrons ne sont pas des pigeons.
À cet égard, les débats de la semaine dernière en commission des finances sont édifiants : plus de 60 milliards d’euros d’impôts supplémentaires, votés de manière irresponsable, soit par la gauche, soit par l’extrême droite. Heureusement, la mobilisation des députés du bloc présidentiel a empêché l’adoption de ce texte, mais il faut rester en alerte.
En effet, aujourd’hui commence la semaine de tous les dangers fiscaux, car nous risquons de voir se reproduire ce que nous avons vu la semaine dernière, c’est-à-dire de voir s’abattre un déluge de taxes, d’impôts, de hausses de taux et de contributions exceptionnelles, subitement devenues définitives.
Que chacun prenne garde et se méfie : le ras-le-bol fiscal, jadis dénoncé par un ministre socialiste, reste un sentiment très puissant dans le pays, notamment chez les entrepreneurs, qui sont injustement pointés du doigt par les fantasmes collectivistes de la gauche et par l’habituelle stratégie du bouc émissaire de l’extrême droite, dans la mise en accusation récurrente des « grandes entreprises » et des « grands patrons ».
La grande réforme fiscale de 2017, mise en œuvre par Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, a été un succès. La baisse de l’impôt sur les sociétés à 25 %, le début de la baisse des impôts de production, la suppression de l’ISF ou le prélèvement forfaitaire unique à 30 % ont produit des résultats économiques qu’aucun des gouvernements – de gauche ou de droite – n’avait obtenus au cours des trente dernières années.
Ces mêmes gouvernements avaient d’ailleurs reculé devant les difficiles réformes du marché du travail et des retraites, que nous avons courageusement menées à bien. Et, comme Gabriel Attal l’a souligné, la poursuite de la réforme du marché du travail reste une priorité pour notre groupe : elle pourra utilement, messieurs les ministres, alimenter votre plan de réforme.
Oui, les résultats de la politique de l’offre sont là.
La France est le pays le plus attractif d’Europe depuis 2017. Sortie du chômage de masse ; augmentation du taux d’emploi et du taux d’activité ; croissance cumulée supérieure à celle de l’Allemagne, de l’Italie ou du Royaume-Uni ; relance de l’industrie ; transition énergétique des outils de production ; baisse des émissions de gaz à effet de serre : ces acquis doivent impérativement être protégés.
Écoutons le monde économique : les chefs d’entreprise doutent. Nombre d’industriels, d’artisans, de commerçants, d’investisseurs, de banquiers, de startupeurs s’inquiètent de la furie fiscale qui s’est emparée de la classe politique française.
Je le redis aux collègues de la gauche et de l’extrême droite : votre folie fiscale est irresponsable. L’alerte lancée par Alexandre Saubot, le président de France Industrie, dans Le Monde de cet après-midi devrait être prise au sérieux : « Ne croyez pas que parce que vous ne touchez qu’aux gros cela ne touchera pas les petits car dans les filières industrielles, les commandes des grands groupes vont baisser vers leurs sous-traitants plus petits. » La mise en garde est claire : l’économie française ne sortira pas indemne d’un choc fiscal trop violent.
À chacun de prendre ses responsabilités !

 

● MoDem 
Frédéric Petit (député)
> Non, aucun député Modem n’a voté « l’impôt universel M. Jean-Luc Mélenchon rêve depuis toujours d’un impôt universel basé sur la nationalité. C’est absurde, nous le savons tous. Lors du mandat précédent, M. Éric Coquerel en tant que président de la Commission des Finances, lance une mission pour mettre cette idée en musique. M. Jean Paul Mattei, président du groupe Les Démocrates, se joint à ce travail. La conclusion de cette mission est sans appel, quoique peu relayée par les Insoumis à l’époque : l’impôt universel est impossible à mettre en œuvre. Soucieuse de ne pas revenir bredouille devant le grand chef, la mission se rabat sur une extension de l’exit-tax.
À la suite d’une campagne extrêmement violente de M. Mélenchon à ce sujet (« nous irons les chercher jusqu’au Pôle Nord » – il ne dit pas « dans les toilettes » comme un certain M. Poutine), le président de la Commission des finances a dû lui-même, s’élever contre la reprise de cette idée saugrenue, à nouveau formulée par Mme Lucie Castets au cœur de l’été.
L’amendement présenté la semaine dernière par la France Insoumise est donc tout simplement mensonger et manipulateur : il propose d’étendre l’exit-tax, conformément à la conclusion de la mission, mais reprend l’exposé des motifs et les éléments de langage de M. Mélenchon sur l’impôt universel. Un mensonge honteux et prémédité.
Mon collègue Jean-Paul Mattei et moi-même nous exprimons sur les amendements, alors que tous ou presque, y compris des journalistes, font confiance aveugle aux exposés des motifs. Cette technique de brouillage qui trompe les électeurs, du mensonge par association, est une pratique, hélas courante, de la France Insoumise. Ce passe-temps favori des Insoumis, néfaste à la démocratie, conduit à déresponsabiliser les citoyens (« votez pour nous aveuglément, nous sommes les gentils ! »).
Ce sera sans nous ! Même si les buzz dans cette ambiance délétère, nous sont défavorables.
En tant que Démocrates, nous nous situons dans la tradition de Marc Sangnier, qui affirmait il y a un siècle : « La démocratie c’est (…) le plus haut degré de compréhension et de responsabilité de chaque citoyen ».

 

Sophie Mette (députée)
> [Intervention à l’Assemblée sur les finances publiques] Pour la deuxième fois cette année, nous nous réunissons dans le cadre du débat d’orientation et de programmation des finances publiques. La récente réforme des règles budgétaires européennes nécessite en effet que nous débattions de nouveau, et c’est tant mieux eu égard aux événements politiques et économiques qui se sont produits ces six derniers mois.
Après avoir commenté en avril dernier le programme de stabilité pour la période 2024-2027, nous sommes aujourd’hui invités à échanger avec le Gouvernement sur notre premier plan budgétaire et structurel à moyen terme, qui couvre la période 2025-2028, avant sa transmission à la Commission européenne à la fin du mois.
Ce plan est décisif pour l’avenir de notre pays. Il doit fixer un cap clair et crédible afin de nous permettre de retrouver rapidement le chemin du rétablissement de nos comptes publics.
Depuis deux ans, les mauvais résultats s’accumulent, ce qui a conduit à ce que, coup sur coup, la loi de programmation des finances publiques et le programme de stabilité soient caducs. Nous devons en tirer pleinement les leçons pour les années à venir. La stratégie que nous définissons pour nos finances publiques doit, par défaut, intégrer dans son logiciel une grande dose de prudence : l’instabilité du monde dans lequel nous vivons a des répercussions de plus en plus significatives sur la croissance de notre pays, et nous devons le prendre en compte.
Il était tout d’abord nécessaire de prévoir un retour plus tardif sous les 3 % de déficit public. Pour atteindre cet objectif dès 2027, il aurait fallu, d’après le Trésor, réaliser un total de 110 milliards d’économies en trois ans, effort difficilement atteignable sans entraver la croissance économique ni affaiblir les missions régaliennes de l’État.
Le lissage de l’effort sur cinq ans permettra de rétablir les finances publiques tout en continuant à investir et à réformer de manière à muscler notre capacité productive. Une croissance à la fois plus forte, plus verte et plus juste permettra de répondre à l’impératif de rétablissement des comptes publics, tout en augmentant durablement le pouvoir d’achat des Français.
Le plan budgétaire qui nous est soumis affiche une ambition en ce sens avec, d’abord, la poursuite de la politique menée depuis 2017 pour réindustrialiser le pays, en renforçant plus encore notre compétitivité, l’innovation et la recherche et développement ; avec, ensuite, la poursuite des réformes et des investissements déployés en faveur du plein emploi, qui ont permis à notre pays de sortir de la fatalité du chômage ; avec, enfin, l’accélération de la transition écologique et énergétique, afin de réduire la dette écologique.
L’année 2025, à travers notamment le projet de loi de finances, constitue la première étape de cette nouvelle stratégie, et c’est certainement la plus importante. Comme nous l’avons déjà déclaré à plusieurs reprises, le groupe Les Démocrates souscrit aux orientations qui sont données pour l’année qui vient. La situation de nos finances publiques nous impose de prendre des mesures inédites tant en dépenses qu’en recettes, afin de préserver nos marges de manœuvre face à l’avenir, la crédibilité de notre signature et notre souveraineté.
Attention toutefois à ce que ces mesures aboutissent à la réalisation de 60 milliards d’économies, sans quoi le déficit continuerait de s’aggraver. Le débat parlementaire, qui débutera en séance publique ce soir, doit nous conduire à sécuriser cet objectif.
Une fois l’année 2025 passée, nous devrons continuer à bouleverser les pratiques. Dans un pays dopé à la dépense publique et contraint par une fiscalité déjà très lourde, nous devrons faire preuve de méthode et d’ingéniosité pour réduire durablement le poids de la dépense publique. Pour cela, nous appelons à ce que l’évaluation des politiques publiques soit approfondie et renforcée. Un grand nombre d’angles morts subsistent et nuisent à la qualité de la dépense publique, condition pourtant essentielle pour sortir des déficits successifs.
Le travail qui nous attend pour rétablir les comptes publics est inédit. Il demandera du courage politique et un engagement collectif de tous les instants. Le groupe Les Démocrates y est prêt.

 

Jean-Paul Mattei (député)
> [Intervention à l’Assemblée sur le Budget 2025] Nous débutons ce soir en séance publique l’examen du projet de loi de finances pour 2025  alors que la situation de nos finances publiques a rarement été aussi difficile et contrainte.
Les débats en commission ont permis d’exposer des visions politiques très différentes, dans un climat plutôt serein.
Nous regrettons que les ministres n’aient pas assisté à ces travaux, mais c’est la règle, je le sais. Nous sommes heureux de pouvoir débattre avec vous, messieurs les ministres, afin de confronter nos positions et nos propositions. Ce débat avec le Gouvernement est sain.
Nous regrettons aussi de ne pas pouvoir examiner les dépenses avant les recettes, comme nous le faisons s’agissant des budgets des communes. Cette inversion m’a toujours gêné. C’est toutefois la règle depuis un certain nombre d’années.
Nous avons toutefois décidé de voter, en commission, contre la première partie du projet de loi de finances, relatives aux recettes : le texte issu de nos travaux était en effet très éloigné de l’équilibre de la rédaction initiale, dont nous soutenons les grandes orientations. Faire reposer l’essentiel de l’effort budgétaire sur une hausse inconsidérée de la pression fiscale créerait une situation analogue à celle de la période 2010-2014. En raison de la crise des dettes souveraines, la France avait alors procédé à un rééquilibrage budgétaire drastique, notamment par d’importantes hausses des prélèvements obligatoires touchant les entreprises et surtout les ménages, annihilant ainsi la timide reprise de l’économie européenne et renforçant la crise, avec des conséquences dévastatrices pour nos finances publiques. Nous ne voulons pas répéter ces erreurs.
L’effort de 60 milliards devra consister prioritairement en une réduction de la dépense publique. Nous devons apprendre à dépenser moins en dépensant mieux, car cette baisse ne saurait prendre l’aspect d’un coup de rabot affectant aveuglément toutes les administrations et toutes les politiques, mettant en danger celles que nous avons instaurées ces dernières années en matière de formation professionnelle, d’agriculture, de santé, de recherche ou encore de réarmement de nos forces militaires, de la justice et de la police. Ce serait, là encore, une grave erreur. La baisse de la dépense doit au contraire procéder d’un important travail d’évaluation qui doit être amplifié à tous les niveaux, et j’espère, chers collègues, qu’au cours des prochaines semaines nous nous saisirons plus franchement de notre mission constitutionnelle d’évaluation, un peu le parent pauvre de notre assemblée.
D’ores et déjà, les travaux d’évaluation disponibles ont amené le groupe Les Démocrates à identifier des dispositifs à rationaliser : nous y reviendrons au cours du débat budgétaire. Dans le même temps, au vu de la situation exceptionnelle dans laquelle nous nous trouvons, le rétablissement des finances publiques devra également passer par une hausse modérée mais courageuse de nos recettes fiscales.
Il convient que chacun, y compris les plus aisés, participe à cet effort : nous saluons la création d’une taxe sur le rachat d’actions, mesure que notre groupe défend depuis plusieurs années, ou celle d’une contribution minimale sur les hauts revenus. Ces dispositions vont dans le bon sens. Il faut toutefois aller plus loin en matière de justice fiscale ; nous avons fait en commission diverses propositions à cet effet, et nous répéterons cet exercice en séance publique, avec les ajustements que réclameront nos débats – ainsi que les commentaires dont nous avons pris connaissance depuis l’étape de l’examen en commission.
Quant à la contribution différentielle sur les hauts revenus, son caractère provisoire nous inspire la plus grande prudence. Dans le cadre du débat parlementaire, nous devons réussir à sécuriser le rendement escompté, sans quoi nous nous exposerions une nouvelle fois à un dérapage du déficit : il faudrait la laisser perdurer au moins jusqu’à un rétablissement raisonnable des finances publiques. J’avoue ne pas beaucoup apprécier que les textes financiers prévoient des échéances, car elles sont rarement respectées – l’expérience nous incite à faire preuve de prudence dans ce domaine.
Après analyse et tentative de modélisation, il apparaît que cette contribution n’est pas neutre. En revanche, à l’issue de nos débats et de nos échanges avec vous, monsieur le ministre chargé du budget, nous verrons s’il est pertinent d’augmenter le taux de la flat tax, laquelle peut aussi concerner les petits épargnants, même s’ils ont la possibilité d’opter pour l’impôt sur le revenu – cela n’est pas toujours neutre, s’agissant de distribution de dividendes pour des montants raisonnables.
Entre la contribution au budget de l’État du revenu du travail, toutes charges confondues, et celle du revenu du capital, le débat reste entier. Comme en commission, nous proposerons également d’augmenter le taux de la quote-part pour frais et charges (QPFC) de la niche Copé, dont le taux est passé de 4 % à 3 % par suite de la baisse à 25 % de l’impôt sur les sociétés (IS). Enfin, concernant l’assurance vie, il n’est pas question d’en révolutionner la fiscalité attractive, contrairement à ce que certains ont laissé entendre, mais de rapprocher les nouveaux contrats – et eux seuls – du droit commun une fois dépassé l’abattement maintenu de 152 500 euros pour les droits de succession, en appliquant les taux applicables aux successions en ligne directe. La seule véritable novation consisterait à porter le taux marginal maximal de 31,25 % à 45 % – cela concernerait les montants dépassant 1,8 million d’euros : nous sommes très loin d’une modification majeure.
Comme je le disais en préambule, la hausse de la fiscalité doit être mesurée sous peine de nuire à l’attractivité économique et à la croissance, aggravant encore notre situation. Si ce projet de loi de finances vise à relever le défi majeur que constitue le rétablissement des finances publiques, il ne nous dispense pas de répondre aux attentes de nos concitoyens. Ainsi, à une crise du logement larvée, déjà ancienne, s’est ajoutée depuis deux ans et demi une composante conjoncturelle, due à la forte hausse des taux d’intérêt et à l’explosion des coûts de la construction, dont nous commençons tout juste à nous remettre.
Au-delà de l’aspect social et des milliers de familles en difficulté, cela peut devenir une catastrophe économique pour tout un secteur. Notre réponse, certes, ne saurait être que fiscale ; toujours est-il que certaines évolutions pourraient être intégrées à ce projet de loi de finances en vue de fluidifier le marché. Je suis certain que cette question mérite un grand texte autonome, doté d’un volet fiscal ambitieux, et qui traiterait du logement social, de l’accession à la propriété – avec le PTZ élargi –, du statut de l’investisseur immobilier – sujet que promeut également le rapporteur général, Charles de Courson –, d’une réforme des plus-values immobilières en protégeant bien sûr la résidence principale, pour répondre aux problèmes de rétention foncière, en particulier dans certaines zones. Bien évidemment, cette réforme systémique ne serait pas immédiate, mais étalée dans le temps et soutenue par la réflexion.
Parce que le rétablissement des finances publiques dépendra de notre capacité à créer de la croissance à long terme, nous devons continuer d’investir dans l’innovation, la formation, le développement et la protection de nos entreprises. Nous voulons également protéger la petite entreprise en portant de 42 500 à 60 000 euros le plafond du taux réduit d’IS pour les PME, sans pour autant toucher au statut juridique et fiscal de l’autoentrepreneur.
Le pacte Dutreil doit être protégé, mais aussi encadré : son encadrement même assurera sa pérennité. Enfin, la crainte suscitée par la dette financière ne doit pas nous faire oublier l’enjeu existentiel que constitue la dette climatique. Comme le montrent les catastrophes qui se succèdent ces derniers mois, le changement climatique est le défi de notre siècle : nous devons essayer de réduire le plus possible ses causes, notamment en investissant dans le nucléaire ou les énergies renouvelables, mais aussi de nous adapter à ses conséquences en accompagnant ceux qui en souffrent le plus directement comme nos agriculteurs.
Monsieur le ministre, chers collègues, le budget de l’année qui vient, autant par le fond que par la forme, sera historique. Nous devrons à la fois fixer un cap clair et crédible en vue du rétablissement de nos finances publiques, tout en continuant à investir, et réformer afin de répondre aux attentes des Français. Le groupe Les Démocrates est prêt à entreprendre ce travail dans un esprit de dialogue, de compromis et de responsabilité. Le moment est venu, chers collègues, de nous serrer les coudes en pensant aux générations futures !

 

● Parti radical 
Véronique Guillotin (sénatrice)
> En tant que Présidente du GIA France-Moldavie, je me réjouis de la victoire du oui au référendum pour l’adhésion à l’UE. Je connais la détermination de Maia Sandu qui, en dépit des ingérences étrangères, travaille pour faire progresser son pays et aider ses concitoyens.

 

► Autres 
● Organisations centristes 
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen) 
Valérie Hayer (députée ,présidente)
> Les Moldaves ont confirmé que leur avenir est européen. En dépit de semaines d’échos au sujet d’ingérences russes et d’achats présumés de votes, la démocratie l’a emporté. Le continent européen est la cible d'une guerre hybride contre nos démocraties, mais la volonté populaire est plus forte que tout.

> [Tribune coécrite avec la député européenne Fabienne Keller: «Immigration: La solution ne se trouve pas dans de simples mesures nationales de surface»]
A la suite de l’annonce par l’exécutif de la préparation d’une nouvelle loi sur l’immigration prévue pour 2025, les eurodéputées Renew Valérie Hayer et Fabienne Keller appellent, dans une tribune au « Monde », à privilégier les actions à l’échelle de l’UE, et notamment la mise en œuvre du pacte européen sur la migration et l’asile.
Pas une semaine sans une nouvelle salve de déclarations et de propositions controversées sur l’immigration. Depuis son entrée au gouvernement de Michel Barnier, les positions du ministre de l’intérieur relèvent trop souvent de la seule idéologie au prix de l’utilité de l’action publique. De son avis sur l’aide médicale d’Etat (AME), qui défie la logique sanitaire, à sa fascination pour les solutions dites «innovantes» que portent les dirigeants d’extrême droite en Europe, force est de s’interroger sur la proximité des positions de Bruno Retailleau avec certains argumentaires du Rassemblement national et de ses alliés européens. Au détriment, hélas, des intérêts des Français.
Le président de la République l’a rappelé à l’issue du sommet européen du 17 octobre, les migrations sont un défi européen exigeant une réponse européenne. Il est vain de considérer que la seule échelle nationale offrirait à notre pays la pleine maîtrise de ses frontières. Il en va de même en Italie, où le ministre de l’intérieur s’est rendu avec le premier ministre et où Giorgia Meloni vient de lancer une politique d’externalisation migratoire… qui connaît déjà des déboires, avec l’invalidation par la justice italienne du placement en rétention des tout premiers migrants transférés en Albanie.
La solution au défi migratoire est européenne. C’est pourquoi, depuis 2019, au Parlement, nous travaillons à des réponses concrètes, efficaces et durables. L’adoption du pacte sur la migration et l’asile au printemps dernier est une étape historique, inédite par son ampleur. Car avec le pacte, ce sont dix ans de négociations qui ont abouti à des outils inédits et communs entre les Vingt-Sept pour lutter contre l’immigration irrégulière, mieux contrôler les arrivées aux frontières extérieures de l’Union, accélérer les procédures d’asile et assurer la protection de ceux qui sont persécutés.
Parlons concrètement. Le pacte prévoit une nouvelle procédure aux frontières de l’Europe, pour traiter plus vite les demandes d’asile des personnes qui arrivent de manière irrégulière sur notre sol et qui ont peu de chances de recevoir l’asile ou sont considérées comme dangereuses. C’est une véritable révolution. Car, à leur arrivée, elles seront maintenues à la frontière, dans des centres sous contrôle, et recevront une décision d’asile en quelques semaines. L’Europe s’apprête enfin à décourager les flux irréguliers qui ne relèvent pas de l’asile.
Mais ce pacte n’est pas encore en place. La loi demande qu’il le soit d’ici à l’été 2026. Nous appelons à ce que les Etats membres mettent tout en œuvre pour l’appliquer le plus tôt possible. Nous en sommes à dix-neuf lois françaises sur l’immigration en l’espace de vingt ans. Avant de se lancer dans une énième loi, mettons en place ces outils, qui viennent d’être adoptés après un travail commun mené par notre famille Renew Europe avec la gauche et la droite européenne, malgré l’opposition incompréhensible de tous les députés socialistes et Les Républicains français.
En 2023, seules 23 % des personnes ayant reçu une décision de retour dans l’Union étaient effectivement reconduites vers un pays tiers. Si ce constat d’échec est sans appel, l’enjeu se situe aussi dans la meilleure coordination des personnels et le renforcement de l’action européenne. La solution ne se trouve pas dans de simples mesures nationales de surface.
Nous ne serons jamais du côté de ceux qui veulent externaliser la politique des retours dans des « hubs » loin de chez nous. De tels centres sont inefficaces, coûtent une fortune au contribuable et nous rendraient vulnérables au chantage de pays tiers, sans pour autant régler le délicat sujet de l’obtention des laissez-passer. Les unes après les autres, les tentatives des gouvernements de créer de tels systèmes se révèlent être des impasses.
Nous défendons la révision de la directive européenne de 2008 sur les retours, afin de simplifier les procédures de retour, et d’assurer la reconnaissance mutuelle des décisions de retour entre Etats membres pour lutter contre les flux irréguliers de ressortissants étrangers sous le coup d’une obligation de quitter le territoire. Plus que jamais, pensons et agissons en Européens.
Nous défendons une action européenne et internationale résolue pour casser le business lucratif des réseaux criminels de passeurs et prévenir les départs avec le soutien du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et de l’Organisation internationale pour les migrations, tout en bâtissant des solutions européennes robustes face aux menaces hybrides de la Russie et de la Biélorussie qui instrumentalisent les flux de migrants pour déstabiliser l’Europe.
Cessons aussi de mêler tous les types d’immigration dans le débat public. Combien de secteurs dits « en tension » s’effondreraient sans la main-d’œuvre étrangère ? Si la restauration et le bâtiment sont bien connus, on parle moins de services publics-clés comme nos hôpitaux. L’absence d’une politique européenne de migration de travail est l’une des causes principales des flux irréguliers qui font la fortune des réseaux.
Renforcer ces politiques à l’échelle de l’Europe permettrait aussi d’améliorer la coopération des pays tiers concernés en matière de réadmission de leurs ressortissants nationaux qui n’ont pas le droit de séjour en Europe. Bref, bâtissons des partenariats globaux mutuellement bénéfiques, dans tous les domaines de coopération. Cherchons à obtenir des résultats concrets plutôt que des dépêches de presse. Voilà notre priorité au Parlement européen, avec pour seule boussole l’efficacité. Les Français et les Européens veulent des résultats. Soyons à la hauteur.

 

 

 

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