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lundi 30 septembre 2024

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Quand Harris symbolise le succès de la démocratie, Trump étale son échec


Au-delà de leurs personnalités, de leur affiliations partisanes et de leurs programmes Kamala Harris et Donald Trump sont les deux faces de la réalisation du projet démocratique.

Le succès, du côté de la démocrate et l’échec de celui de Trump.

Le succès ce sont des citoyens éveillés et responsables qui ont bénéficié du fonctionnement de la démocratie et de sa volonté émancipatrice de l’individu.

L’échec ce sont des personnes incapables de conceptualiser et de formaliser leur intérêt et irresponsables parce qu’ils n’ont pas bénéficié des bienfaits du projet démocratique.

Pour tous les esprits chagrins, évidemment que tout n’est pas aussi simple, que des mélanges à la marge peuvent exister et qu’il y a, par exemple, chez ceux qui soutiennent Trump des gens qui, ayant bénéficié des bienfaits du projet démocratique, savent très bien pour quoi et pour qui ils votent, un projet à relents totalitaires et un dictateur dans l’âme.

Et vice versa.

La thèse défendue ici c’est que si le projet démocratique avait réellement été un succès pour l’ensemble d’un peuple vivant sous un régime démocratique, alors n’existerait pas dans la sphère politique des personnages comme Trump et, surtout, n’existeraient pas de fan(atique)s et électeurs qui les soutiendraient.

Cette distinction, par ailleurs, vaut également pour d’autres oppositions entre des partisans et des ennemis de la démocratie dans d’autres pays du monde.

En France on peut ainsi opposer les partisans d’Emmanuel Macron à ceux de Marine Le Pen.

Il ne s’agit pas ici de dire qu’il y a des intelligents face à des crétins, ni même de stigmatiser ceux qui soutiennent des extrémistes et des populistes.

Là n’est pas le propos

Il est de faire un état des lieux de la promesse démocratique.

Quelle était-elle au moment où se sont fondés les États-Unis puis lorsque s’est déroulée la Révolution française?

Il s’agissait de mettre en place un régime de personnes égales, bénéficiant de la liberté et capables de prendre des décisions responsables pour leur existence afin de bâtir leur projet de vie tout en vivant dans une communauté où le respect de la dignité de l’individu serait la règle d’or.

Pour cela, il fallait mettre en place toute une organisation dont l’architecture reposait sur des institutions capables de créer une personne à qui l’on procurerait lors de sa jeunesse la sécurité et l’enseignement nécessaires afin d’en faire un citoyen responsable à l’âge adulte où il aurait à sa disposition les outils et les droits ainsi que les devoirs pour exercer sa citoyenneté.

Or si une partie de la population d’un pays démocratique a pu bénéficier de cet environnement, tel n’est pas le cas d’une autre partie qui n’est pas capable de prendre en main sa vie en utilisant ses droits et remplir ses devoirs parce qu’elle n’a pas bénéficié de ce même environnement.

Ce n’est pas seulement une question de richesse et de statut social ou d’intelligence, bien que cela entre en compte, mais aussi de l’incapacité des institutions démocratiques à remplir leur rôle convenablement soit par des défauts structurels, soit par un manque de moyens matériels d’y parvenir.

L’échec du projet démocratique c’est aussi l’échec de la société qui n’a pas été à la hauteur de l’objectif émancipateur de l’individu.

C’est également la faillite d’une partie des gouvernants qui ont agi plus pour des motifs clientélistes que pour le bien commun, plus pour une ligne partisane égoïste que pour le bien de chaque individu.

Car la démocratie aurait du être le socle sur lequel les visions divergentes peuvent s’exprimer, ce qui signifie que la mise en place de son projet aurait dû être et devrait être la première des priorités, ce qui n’a jamais été le cas.

L’exemple de la formation du citoyen est à ce titre emblématique avec une école chargée de la transmission du savoir et de l’enseignement de l’individu qui jamais n’a bénéficié des moyens notamment matériels pour réussir sa mission pour tout le monde.

Elle a bien sûr permis l’excellence mais aussi produit la marginalisation et le fiasco.

Sans parler de l’information disponible pour éclairer le citoyen du monde dans lequel il vit et qui est complètement phagocytée par des intérêts commerciaux et/ou idéologiques avec un service public totalement en déshérence ou noyauté par des organisations partisanes.

Est-on alors surpris que ce soient les moins diplômés et les laissés pour compte de l’école ainsi que ceux qui se gavent de fake news et croient dur comme fer aux thèses élucubrationistes (complotistes) qui votent majoritairement pour Trump?

En ce début de troisième millénaire, force est de reconnaître qu’à côté d’une réussite certaine, le projet démocratique a échoué à bâtir une société de liberté, d’égalité et de dignité pour tous.

Et c’est ce qui déstabilise l’ensemble des démocraties de la planète parce que celles-ci en n’ayant pas réussi à émanciper l’individu, ont assis leur légitimité sur une offre des moyens d’un confort matériel alors que celle-ci concerne le système économique et financier.

Et, dès lors qu’elles ne parviennent plus ou moins bien à contenter les besoins et les désirs matériels de la population, celle-ci estime que c’est la démocratie qui faillit alors même que ce n’est pas son objectif premier.

Peu importe, d’ailleurs, pour cette population que les substituts à la démocratie, les régimes autocratiques et totalitaires, y réussissent encore moins bien sur la durée.

En se retrouvant dans les difficultés matérielles, un individu, qui plus est, est un laissé pour compte du projet démocratique, est alors prêt à écouter tout bonimenteur populiste et démagogue qui lui promet le paradis sur terre et la destruction d’un régime qu’il associe faussement à sa condition.

Peut-on encore espérer une victoire de la démocratie moderne au bout de près de 250 ans de fonctionnement parfois chaotique?

La réponse à cette question est loin d’être simple.

Car la démocratie semble à un moment-clé de son existence.

Ou elle parvient à mettre le moyens nécessaires pour réaliser effectivement son projet pour le plus grand nombre, ou elle sera menacée constamment de disparition avec le risque réel de vraiment disparaître.

Mais cela nécessite une véritable révolution des institutions de la démocratie républicaine puis, ensuite, du temps que prendra la réelle mise en œuvre du projet démocratique pour tous.

Si le premier acte est possible, plus le temps sera long pour émanciper l’individu et en faire un citoyen responsable, plus la démocratie sera à la merci de ses ennemis.

Un deuxième mandat de Trump et la défaite d’Harris serait une nouvelle étape vers la catastrophe démocratique.

 

 

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