Le Président de la république française a centré son intervention sur la nécessité de retrouver la confiance dans la communauté internationale afin de pouvoir régler les nombreux défis que celle-ci doit affronter, de l’agression de Poutine contre l’Ukraine au réchauffement climatique en passant, entre autres, par la crise au Moyen-Orient, la situation au Congo, en Arménie et dans l’Indo-Pacifique ainsi que les relations entre le Nord et le Sud.
Et la résolution de toutes ces crises, a-t-il précisé doit se faire dans le respect des peuples.
Pour ce faire, c’est le multilatéralisme qui doit être employé, seul capable de créer l’unité nécessaire par l’acceptation volontaire de tous des solutions à mettre en place.
► Voici
le discours d’Emmanuel Macron à l'Assemblée générale des Nations unies.
Je m'exprime ici au nom d'un pays qui n'oubliera jamais ce dont les nations
sont capables quand elles sont unies : la liberté. La France vient de
rendre hommage cette année aux peuples d'Amérique, d'Europe, d'Afrique, d'Asie
et d'Océanie qui lui ont permis de se libérer de l'emprise nazie voilà huit
décennies. Le progrès et la paix.
Libérée, la France a fondé avec ces peuples une communauté d'États libres et
souverains, capables de s'engager les uns envers les autres et de s'entendre
sur l'essentiel.
L'espoir, comme celui que nous avons encore vu ces derniers temps lors de Jeux
olympiques et paralympiques, accueillis cet été par la France dans la beauté,
l'enthousiasme et la concorde des peuples.
Pourtant, malgré cette liesse, la trêve olympique, unanimement voulue ici même,
est restée lettre morte. Pourtant, le danger d'une parole sans effet et d'une
diplomatie impuissante sont là chaque jour devant nous. Pourtant, notre
organisation affronte la plus grande convergence de crises qu'elle ait sans
doute connue après ces huit décennies d'existence. Le sentiment d'une perte de
contrôle grandit face aux guerres, aux changements climatiques, à
l'accroissement des inégalités, des injustices. Et chaque jour l'humanité
semble se fragmenter davantage alors que les circonstances exigeraient de
trouver des réponses communes, fortes, efficaces.
Pour redonner à ces deux mots, nations unies, leurs puissances d’espérance,
nous devons nous retrouver, comme jadis, sur un socle essentiel. Et c'est de
cela dont je voudrais dire quelques mots.
D'abord et avant tout, il faut restaurer les termes de la confiance et du
respect entre les peuples, et je les vois s'estomper dans les débats qui sont
les nôtres. Pour ce faire, nous devons en effet montrer une égale attention à
ceux qui souffrent.
Je l'évoquais ici même il y a deux ans, en conjurant la possibilité d'un double
standard, une vie égale une vie. La protection des civils est une norme
impérative et doit rester notre boussole, alors même que nous célébrons cette
année le 75ème anniversaire des conventions de Genève. Ne laissons pas
s'installer l'idée, un seul instant, que les morts de l'Ukraine sont ceux du
nord, que les morts de Gaza sont ceux du sud, et que les morts des conflits au
Soudan, dans la région des Grands Lacs, ou en Birmanie, seraient ceux des
consciences qui, trop seules, s'en indigneraient.
Reprendre le contrôle et restaurer cette confiance implique donc de partout
chercher la paix, de n'accepter aucune différence à chaque fois que la dignité
de la vie humaine est en jeu, de n'accepter aucune différence à chaque fois que
l'intégrité territoriale, la souveraineté des États est en jeu. Ces conflits
aujourd'hui interrogent notre capacité même à faire respecter notre Charte des
Nations Unies. Et quand je vois certains vouloir proposer la paix en demandant
la capitulation, je m'étonne qu'on puisse même soutenir une telle idée.
Je veux ici redire combien la protection des civils, de l'ensemble des
travailleurs humanitaires, de toutes celles et ceux qui œuvrent à nos valeurs
communes est indispensable dans chacun de ces conflits.
Ensuite, nous devons apporter une réponse commune aux grands défis que sont les
deux guerres qui touchent l'Europe et le Proche-Orient. La Russie, en effet,
mène en Ukraine une guerre de conquête territoriale au mépris des principes les
plus fondamentaux de la vie internationale. Elle est coupable de graves
manquements au droit, à l'éthique, à l'honneur même. Rien dans ce qu'elle fait
ne correspond à l'intérêt commun des nations, ni aux responsabilités
particulières qu’elle assume dans cette organisation. Le sort de l'Ukraine
engage la paix et la sécurité en Europe et dans le monde. Car qui pourra encore
se croire protégé de ses voisins les plus forts, les plus violents, les plus
avides, si nous laissions la Russie l'emporter comme si de rien n'était ? Personne.
C'est donc bien notre intérêt commun, l'intérêt commun des nations que
l'Ukraine soit restaurée au plus vite dans ses droits légitimes et qu'une paix
juste et durable soit bâtie. La France continuera de faire tout ce qui est en
son pouvoir pour que l'Ukraine tienne bon, se mette hors de danger et obtienne
justice. Elle continuera de lui fournir des équipements indispensables à sa
défense et avec ses alliés et partenaires les plus proches, la France
soutiendra la remarquable résistance du peuple ukrainien et s'engagera pour
qu'il obtienne une sécurité durable. Cherchons la paix. La France saura joindre
ses forces à celles de tous les partenaires sincères pour construire une paix
solide pour l'Ukraine et pour l'Europe.
Je sais que pour beaucoup d'entre vous, l'essentiel est toutefois ailleurs ;
dans la trop longue liste des guerres oubliées, des victoires injustes, des
résolutions mal négociées ou parfois jamais mises en œuvre. Je n'en oublie
aucune, même si je ne peux ici les évoquer toutes. Le président Tshisekedi me
précédait à cette tribune il y a quelques instants et la situation des Grands
Lacs — j’y reviendrai avec lui, et le président Kagame dans quelques jours —
nous préoccupe. Et en Arménie, Monsieur le Premier ministre, aux côtés de
laquelle la France se tient fermement face aux pressions de l'Azerbaïdjan et
des territoires, la communauté internationale doit être là pour que les
négociations de paix aboutissent et que les frontières internationalement
reconnues soient préservées.
Mais je sais que pour beaucoup d'entre vous, l'essentiel, au-delà de ces
guerres, est aussi aujourd'hui, et il l'est pour nous également, à Gaza, là où
le destin du peuple palestinien est présent, et pèse sur chacun de nos débats.
Je voudrais, sur ce sujet aussi complexe, redire avec la plus grande clarté la
position de la France depuis le premier jour. Nous condamnons avec fermeté
l'attaque terroriste terrible et sans précédent décidée et menée par le Hamas
contre Israël le 7 octobre. Le terrorisme est inacceptable, quelles qu'en
soient les causes, et nous pleurons ici les victimes de l'attaque du Hamas du 7
octobre dernier, parmi lesquels 48 citoyens français. J'adresse mes pensées de
compassion, d'amitié à toutes les familles qui vivent dans la douleur d'avoir
perdu des enfants, des parents, des amis le 7 octobre. Nous demandons également
à nouveau et solennellement que les otages soient libérés. Parmi eux, plusieurs
de nos compatriotes français demeurent. Et je veux ici saluer les efforts des
États-Unis d'Amérique, de l'Égypte et du Qatar pour y parvenir. Cela demeure
une priorité pour nous tous.
Israël, face à cette attaque terroriste, a le droit légitime de protéger les
siens et d'enlever au Hamas les moyens de l'attaquer à nouveau. Et aucun
d'entre nous n'aurait subi les coups reçus le 7 octobre sans en tirer des
conséquences. Pour autant, la guerre qu'Israël mène à Gaza n'a que trop duré.
Les dizaines de milliers de victimes civiles palestiniennes n'ont aucune
justification, aucune explication. Trop d'innocents sont morts, et nous portons
aussi leur deuil. Et ces morts sont, eux aussi, un scandale pour l'humanité et
une source dangereuse de haine, de ressentiment qui menace et qui menacera la
sécurité de tous, dont celle d'Israël demain.
Il faut donc que cette guerre cesse et que le cessez-le-feu intervienne au plus
vite en même temps que les otages soient libérés et que l’aide humanitaire
arrive massivement à Gaza. Cette position, nous la tenons depuis octobre 2023
poussant des résolutions avec nombre d’entre vous tenant la première conférence
humanitaire pour Gaza dès novembre à Paris. C'est aujourd'hui une question de
volonté politique au vu de la destruction des capacités militaires du Hamas. Il
est impératif qu'une nouvelle phase s'ouvre à Gaza, que les armes se taisent,
que les humanitaires reviennent, que les populations civiles enfin soient
protégées. La France participera à toute initiative qui sauvera des vies et qui
permettra d'assurer la sécurité de tous. Le déploiement d'une mission
internationale doit ouvrir la voie à la mise en œuvre de la solution des deux
États. Il revient au Conseil de sécurité des Nations Unies de se prononcer à
cet égard et il faut aussi que soient prises sans plus attendre les
dispositions nécessaires pour préserver le lien entre Gaza et la Cisjordanie,
pour restaurer l'Autorité palestinienne dans ses fonctions et pour assurer la
reconstruction du territoire et rendre à nouveau possible la vie, tout
simplement.
La France s'engagera pour que tout soit fait afin que les Palestiniens
disposent enfin d'un État vivant côte-à-côte avec Israël. Les conditions d'une
paix juste et durable sont connues. Il reste à en ouvrir le chemin. Il doit
être le plus court possible. La France tirera donc les conséquences de son
engagement pour la solution des deux États et renouvellera son action pour
qu'elle advienne enfin au bénéfice des peuples, pour répondre à leurs
aspirations légitimes, faire advenir un État palestinien, donner toutes les
garanties nécessaires à Israël pour sa sécurité, bâtir des reconnaissances
réciproques et des garanties de sécurité communes pour tous dans la région.
Nous y travaillerons au cours des prochaines semaines avec Israéliens et
Palestiniens, comme avec tous nos partenaires régionaux et internationaux.
Dans l'immédiat, au moment où nous nous parlons, le risque principal est celui
de l'escalade. Mes pensées fraternelles vont au Liban et au peuple libanais. Le
Hezbollah prend depuis trop longtemps le risque insoutenable d'entraîner le
Liban dans la guerre. Israël, quant à lui, ne peut, sans conséquences, étendre
ses opérations au Liban. La France exige le respect par chacun de ses
obligations le long de la ligne bleue. Nous agirons donc pour faire émerger une
voie diplomatique indispensable afin d'épargner les populations civiles et
empêcher une explosion régionale. Il ne doit pas, il ne peut pas y avoir de
guerre au Liban.
C'est pourquoi nous appelons avec force Israël à cesser l'escalade au Liban et
le Hezbollah à cesser les tirs vers Israël. Nous appelons avec force tous ceux
qui leur en fournissent les moyens à cesser de le faire. Nous avons demandé que
le Conseil de sécurité puisse se réunir dès aujourd'hui à cette fin et je m'en
félicite. Et le ministre français se rendra en cette fin de semaine au Liban.
C'est la même unité dont nous devons faire preuve face aux grands défis
régionaux et aux défis mondiaux qui sont les nôtres. Car au-delà des conflits
que nous connaissons et que je viens d'évoquer, il nous faut ensemble continuer
d'assurer le respect de la souveraineté de chacun, de bâtir des solutions
régionales et internationales face aux défis. C'est tout le sens de la relation
que nous voulons avec l'Afrique, un nouveau partenariat, et c'est ce que depuis
deux ans, nous œuvrons à faire. La France a beaucoup fait ces dernières années
pour le continent africain, elle a beaucoup fait ces dernières décennies, mais
tout particulièrement au Sahel, où les armées françaises ont combattu avec
succès le terrorisme, côte à côte avec leurs partenaires régionaux et
internationaux.
Toutefois, les coups d'État militaire dans la région nous ont conduits à en
tirer les conclusions légitimes. Mais l'Europe et l'Afrique ont devant elles un
destin commun, qui exige un partenariat large. Partenariat de paix et de
sécurité qui suppose d'en renouveler les termes : plus de formation, plus
d'équipement, plus de respect réciproque. Partenariat également reposant sur
l'économie, l'énergie, le sport, la culture, la mémoire.
C'est ce qu'avec le Bénin, le Sénégal, le Cameroun, l'Algérie, le Maroc et
beaucoup d'autres pays, nous avons patiemment construit ces dernières années et
que nous continuerons de mettre en œuvre. C'est la même philosophie qui, depuis
6 ans maintenant, nous conduit à bâtir un partenariat inédit avec
l'Indo-Pacifique, où la France a pour ambition de contribuer au respect du
droit international sans lequel il ne saurait y avoir de prospérité.
Dans cette région qui a connu un essor exceptionnel au cours des dernières
décennies, certains ont la tentation de s'affranchir des règles, voire
d'imposer leur volonté par la force. La France propose une alternative, non pas
pour se substituer à quiconque, mais pour redonner aux États de la région la
possibilité de choisir leur partenaire, projet par projet.
Les territoires français de l'Indo-Pacifique disposent d'une expertise unique
dans la lutte contre le changement climatique, la protection de la
biodiversité, le développement des énergies propres ou la lutte contre les
menaces transnationales. Notre vocation à cet égard dans la région est de
coopérer davantage avec tous, dans leur environnement. Vous l'avez compris,
cette logique partenariale, c'est celle qui vise à bâtir de nouveaux
équilibres, à refuser la fragmentation du monde ou les grammaires anciennes,
mais à chercher, dans un respect réciproque, à bâtir les chemins de stabilité
et de paix.
Au-delà de cela, le défi qui est le nôtre, percuté par, les conflits que
j'évoquais à l'instant, serait de perdre le fil de notre agenda multilatéral,
de perdre l'efficacité à laquelle nous sommes attachés. Et après avoir vécu la
pandémie, qui nous avait rappelé, avec tant de force, l'importance de certains
de ces défis communs, d'oublier qu'il nous faut poursuivre ce fil. Je crois
profondément que le multilatéralisme efficace n'a jamais été aussi nécessaire
qu'aujourd'hui et doit conduire à des résultats en matière de développement et
de lutte contre les inégalités d'éducation, de santé, de climat et de
biodiversité et de technologie. Sur chacun de ces piliers, nous avons besoin
d'unité. Et nous avons besoin, là aussi, de tout faire pour éviter la fracture
entre le Nord et le Sud. C'est exactement la philosophie que nous avons
développée dans le Pacte de Paris pour les peuples et la planète que plus de 60
États ont désormais rejoint.
D'abord, s'assurer que jamais, nous ne poussons un État à choisir entre ses
objectifs. Pourquoi des États du Nord iraient donner la leçon à des États du
Sud en leur expliquant qu'ils devraient respecter le climat et donc renoncer à
des opportunités économiques ? Ils devraient faire ce que certains d'entre eux,
au Nord, n'ont pas fait il y a 20, 30 ou 40 ans. C'est irrecevable et
inaudible. Il nous faut donc bâtir un agenda qui permette tout en même temps
d'avancer dans la lutte contre les inégalités et le développement économique
pour l'éducation, le climat et la biodiversité et la santé mondiale.
Ensuite, les solutions doivent se faire et être basées par des propositions des
États eux-mêmes. C'est ce que nous avons, par exemple, commencé à bâtir avec
nos partenariats pour les transitions énergétiques justes. Ne pas avoir une
seule solution pour tous ou des leçons données depuis nos capitales où, en
quelque sorte, on vient inspecter des pays en leur demandant de tous suivre la
même recette. Il y a un chemin singulier pour chaque pays. C'est la clé de la
souveraineté.
Et ensuite, il faut un choc financier, public et un effet de levier privé
supplémentaire. C'est ce qui nous a ainsi permis, il y a 3 ans, d'œuvrer à
l'augmentation des droits de tirage spéciaux du FMI et d'obtenir la
réallocation effective de près de 100 milliards de droits de tirage spéciaux au
profit des pays qui en ont le plus besoin, tout particulièrement en Afrique.
Révolution silencieuse mais indispensable.
C'est pourquoi aussi, forts de ce pacte, et nous étions avec plusieurs des
membres à l'instant, sous l'autorité efficace du président Macky Sall et avec
le concours des Nations Unies, de l'OCDE et des organisations concernées, nous
voulons poursuivre ce cycle de réformes et mener une réforme profonde des
banques multilatérales de nos institutions financières.
Nous avons lancé cet objectif de finances en commun, réunissant les banques de
développement de toute la planète, y compris de ceux dont les agendas ne sont
pas alignés. Il nous faut œuvrer sur cet agenda de finances en commun pour
pouvoir tenir les objectifs que j'évoquais. Et il nous faut, ensemble, je
l'espère dans les mois qui viennent, réformer en profondeur la Banque Mondiale
et le Fonds Monétaire International, d'abord pour en renouveler les membres,
ces institutions ayant été conçues à une époque où tant d'entre vous ici
n'étiez pas indépendants.
Il faut en renouveler la structure du capital pour lui donner plus de force. La
Banque mondiale et le Fonds Monétaire International ont été conçus, pensés,
calibrés, à une époque où les défis n'étaient pas les mêmes, où l'économie
mondiale n'avait pas cette taille, où la démographie n'avait rien à voir. Il
nous faut lever les tabous absurdes. Des blocages posés parfois par les plus
grands qui empêchent les autres de remettre de l'argent de peur d'être dilués.
Il nous faut donner les capacités d'agir à ses institutions pour financer les
projets dont les pays du Sud ont besoin. Et cette réforme est impérieuse pour
notre crédibilité collective.
Je le dis aux États les plus riches et à ceux qui, aux côtés de la France, sont
autour de la table. Décidez de ne pas le faire et vous verrez dans les années
qui viennent émerger un ordre alternatif. Il viendra d'autres qui n'ont pas
votre agenda. Décidez de ne pas le faire et vous serez voués aux gémonies,
accusés de cynisme et peut-être pas à tort.
Cette réforme du multilatéralisme financier est indispensable pour relever ces
défis. Il nous faut aussi poursuivre notre agenda en matière de climat et de
biodiversité. Les COP à venir sont des rendez-vous importants et la France, y
jouera tout son rôle, en particulier en organisant avec le Costa Rica pour les
Nations Unies une réunion importante pour les océans.
Nice, en effet, en juin 2025 accueillera la Conférence des Nations Unies sur
l'océan et nous poursuivrons ce faisant notre travail. Et j'espère que nombre
d'entre vous pourront ratifier à cet égard les acquis des derniers mois, en
particulier le Traité sur la protection de la haute mer, indispensable. Et nous
continuons à avancer aussi sur la question de l'eau, si indispensable, avec le
nouveau sommet One Planet sur l'eau aux côtés du Kazakhstan et de l'Arabie
Saoudite. Je n’égrènerai pas ici tous les sujets nécessaires, indispensables.
Mais je veux aussi rappeler combien l'intelligence Artificielle suppose que
dans notre enceinte, tous les États ici présents se coordonnent. Nous avons
besoin de favoriser l'innovation. Nous avons besoin de nous assurer que
l'innovation de l'Intelligence Artificielle sera accessible à tous les pays et
les peuples de la planète et qu'elle ne vienne pas nourrir de nouvelles
fractures et de nouvelles inégalités. Mais nous avons besoin que tout ceci se
développe dans un cadre éthique, démocratique, pensé par les peuples de la
planète.
Nous ne pouvons pas laisser quelques-uns, a fortiori des acteurs privés, qui
sont aujourd'hui à la pointe de ces innovations, penser pour nous et pour nos
peuples l'avenir de celles-ci. C'est pourquoi la France organisera en février
2025 le prochain Sommet d'action pour l'Intelligence Artificielle.
Mais vous l'avez compris, l'objectif est de construire ce cadre commun et je me
félicite des travaux qui ont été conduits et coordonnés par le Secrétaire
général et du Pacte numérique mondial, bâti avec les meilleurs experts, qui
porte totalement cette philosophie dans laquelle nous nous inscrivons.
Pour finir mon propos, Mesdames et Messieurs, et ayant conscience que j’ai
oublié là tant de situations difficiles, du Venezuela au cœur de l’Afrique, en
passant par tant de tensions océaniennes, je voudrais conclure en parlant de
nos Institutions.
J'entends beaucoup de voix s'élever pour dire qu'au fond, les Nations Unies
seraient à mettre à la poubelle ; ça ne sert plus à rien ; vous voyez bien, on
n'arrive pas à régler les conflits.
Ayons en la matière une impatience constructive. Ayons de l'impatience, je l'ai
avec vous, on ne peut pas se satisfaire de ne pas savoir régler les choses.
Mais soyons clairs, les responsables sont là. Tant que nous aurons un Conseil
de sécurité qui est bloqué, je dirais, de manière réciproque selon les intérêts
par les uns et les autres, on aura du mal à avancer.
Est-ce qu'il y a un meilleur système ? Je ne le crois pas. Donc rendons
simplement ces Nations Unies plus efficaces, d'abord en les rendant peut-être
plus représentatives. C'est pourquoi la France, et je le redis ici, est
favorable à ce que le Conseil de sécurité soit élargi.
L'Allemagne, le Japon, l'Inde, le Brésil devraient en être des membres
permanents, de même que deux pays que l'Afrique désignerait pour la
représenter. De nouveaux membres élus devraient aussi être admis en son sein.
Mais la réforme de la composition du Conseil de sécurité ne suffirait pas à
elle seule à lui rendre son efficacité. Et je souhaite donc que cette réforme
permette aussi de changer les méthodes de travail, de limiter le droit de veto
en cas de crime de masse et de se concentrer sur les décisions opérationnelles
que nécessite le maintien de la paix et de la sécurité internationale. C'est
cela que nous devons avoir le courage et l'audace de faire et qu'avec les
membres permanents actuels, nous devons porter.
Près de 25 ans après le Sommet du millénaire, le moment est venu de retrouver
de l'efficacité pour mieux agir sur le terrain auprès des États comme de la
société civile. Et au-delà des Nations Unies, nous devons ouvrir une nouvelle
ère dans chacune de nos institutions multilatérales, comme je viens de
l'évoquer.
Voilà, Mesdames et Messieurs, les quelques mots que je voulais avoir ici devant
vous, aujourd'hui. Dans un moment grave de notre ordre international, là où
tant de conflits semblent ne pas se résoudre, je veux dire que la France
continuera d'essayer de porter cette voie exigeante, fidèle à ses valeurs, qui
refuse les simplifications du moment et qui continuera de se battre pour les
principes simples qui nous ont toujours portés : la dignité humaine, le respect
des principes de la charte, et qui, au-delà de conflits et de l'actualité, a
vocation à continuer à bâtir avec vous un ordre international plus juste et
plus efficace. Telle sera notre voix, toujours singulière, aux côtés de
nos amis, nos alliés. Mais libre aussi parfois de dire non, quelquefois de
refuser le cynisme du moment ou les évidences qui n'en sont pas.
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