Ici, il ne s’agit pas de discuter si Renaissance, ex-La République en marche (issu d’En marche) disparaîtra lorsqu’Emmanuel Macron ne sera plus au pouvoir parce que sa greffe n’a pas pris dans le paysage politique français mais si le macronisme qu’il représente n’était pas, par essence, éphémère.
Et cette réflexion n’a rien à voir avec la récente dissolution, ni les résultats du deuxième tour des législatives qui viennent de montrer que Renaissance a sans doute un avenir après 2027.
En outre, si macronisme il y a dans le temps, il pourra vivre comme fait majoritaire ou minoritaire.
On compare souvent le mouvement macroniste au mouvement gaulliste, c’est-à-dire que ces deux créations étaient uniquement centrées sur le soutien à une personnalité, Emmanuel Macron, d’un côté, Charles de Gaulle de l’autre.
De même, ces deux mouvements sont nés d’un moment historique particulier.
Le gaullisme lors de la Deuxième guerre mondiale comme résistance au nazisme et refus de la défaite.
Le macronisme en 2017 alors que l’extrême-droite était aux portes du pouvoir et que rien ne semblait pouvoir l’arrêter tandis que la Droite, archi-favorite de la présidentielle, était plombée par l’affaire de détournements de fonds publics qui touchait son candidat, François Fillon.
Ils répondaient ainsi à une urgence et, sans que leur idées ne deviennent obsolètes, étaient donc historiquement datés à la différence des dénominations «gauche», «centre» et «droite», «démocratie», «autocratie» et «dictature».
Tous deux ont souhaité «dépasser» les clivages politiques et avaient la vocation affirmée d’être holistes, d’être tout «en même temps», «et de gauche, et du centre, et de droite».
Et ce fut bien le cas au départ où, tant pour le gaullisme que le macronisme, des personnalités de gauche, du centre et de droite se rassemblèrent autour de Charles de Gaulle et d’Emmanuel Macron.
Ce ne fut plus le cas à la fin pour le gaullisme et il semble que ce sera de même pour le macronisme.
De plus, aujourd’hui ceux qui se prétendent gaullistes le sont plus par une sorte de fidélité à une image d’Epinal de Charles de Gaulle qu’à la mise en place d’une véritable politique gaulliste (celle-ci n’étant d’ailleurs plus pertinente sur bien des points).
Et l’on peut penser que ce sera le cas avec des fidèles du macronisme quelques années après son passage à l’Elysée ou, même, qu’il ne sera plus qu’un simple «isme» d’une présidence ordinaire comme le sont devenus le giscardisme, le mitterrandisme ou le chiraquisme, voué à s’éteindre petit à petit.
Mais l’on peut aussi se dire que les valeurs du macronisme font que, même si le mouvement est historiquement daté, il gardera une certaine pérennité dans le temps tout autant que le mouvement gaulliste qui fut une référence d’abord pour le RPF (et quelques avatars) puis l’UNR (et UD-V°), puis l’UDR, puis le RPR voire l’UMP et LR.
Sauf que de gaulliste, LR n’a plus rien à voir.
Et c’était déjà le cas pour l’UMP et même le RPR qui étaient devenus de simples partis de droite.
De ce fait, si formation post-Macron il y a qui se réclamera encore du macronisme, elle fera avant tout partie de la galaxie centriste.
Ajoutons que le macronisme ne s’appuie pas sur la même légitimité puissante qui a permis au mouvement gaulliste de perdurer, même fortement dénaturé, à la disparition politique puis à la mort de son incarnation et au gaullisme de demeurer une référence qui est toujours utilisée dans les débats politiques.
Ainsi, le macronisme demeurera essentiellement un projet centriste avec ses quelques spécificités propres notamment celui d’avoir voulu conjuguer gaullisme et libéralisme dans une union centrale, ce qui a d’ailleurs, parfois, été un élément de confusion.
Mais il aura montré que le Centrisme, par son réformisme, son pragmatisme et sa recherche du consensus, est capable d’obtenir des résultats bien plus probants que la Gauche et la Droite.
Et de cela, il faut en être gré à Emmanuel Macron.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
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