Pour lui «le risque est trop grand» «les républicains, les démocrates doivent prendre leurs responsabilités» afin de bâtir une «union républicaine», une «union pour le salut public», une «union pour reconstruire».
Celle-ci, selon lui, doit aller des sociaux-démocrates aux gaullistes en passant par les centristes.
Et, précise-t-il, gouverner avec LFI «n’est pas imaginable».
► Voici les
dernières déclarations de François Bayrou au cours de cette campagne des
législatives dont le deuxième tour à lieu le 7 juillet.
> Tout est possible. Ça dépend
uniquement de l'expression des Français. Ce que je crois, c'est que quelque
chose est en train de se passer dans le pays. Quelque chose qui ressemble à un
éveil, à une prise de conscience parce que tout indique, aux yeux de tous, que
les solutions, en tout cas les orientations qui sont celles du Rassemblement
national, sont pour le pays, gravissime.
Les électrices et électeurs sont libres.
Mais ce mouvement de centaines de personnes qui ne s'apprécient pas
traditionnellement dans la vie politique française, qui sont réellement
différentes, et parfois divergentes, et parfois opposées dans la vie politique
française, et les électeurs et citoyens qui disent « Là, le risque est
trop grand » et qui en parle autour d'eux, et qui se forcent ou se font
une raison à dire « C'est un barrage, il y a des choses que, dans notre
pays, nous ne pouvons pas accepter ». (…)
Je n'aime pas le mot de
« front ». Le mot de « front » signifie une agressivité
systématique. Ce que je vois, c'est un ensemble, en effet républicain réunissant des gens très différents, dont
certains ne peuvent absolument pas gouverner ensemble, ne l'accepteraient pas.
> Coalition, ça
veut dire les partis qui s'entendent entre eux. Et le régime des partis, la
France a déjà essayé ça, ce n’est pas la situation, c'est que des responsables
politiques issus de traditions différentes acceptent de travailler ensemble, de
se parler pour la première fois depuis 50 ans ou 60 ans.
Parce que la tradition en France, elle
est très simple. C'est, on est « pour » ou on est
« contre ». Et quand on est contre, on est contre tout. Qu'importe au
fond ce qu'on pense du sujet présenté par le gouvernement ou la majorité. On
est contre. Or, cette époque du « contre » est en train de prendre
fin.
> Je pense qu'il y a deux caractéristiques possibles. La première de ces caractéristiques, c'est qu’on se réunit pour dire qu’on fait un barrage et qu'on n'accepte pas. Il y a une deuxième orientation, c'est, « Est-ce qu'on peut, un jour, gouverner ensemble ? ». Et ce qui est clair, dans les propos de la France insoumise et dans les nôtres, c'est que gouverner ensemble, ce n'est pas du tout à l'ordre du jour. Mais le salut public qui consiste à dire, et c'est un mot que j'emploie naturellement en sachant ce qu'il veut dire, « il y a le feu à la maison, il ne faut pas que le feu continue à s'étende. Les Français se sont exprimés largement en faveur du Front national, est-ce qu'on leur donne la majorité absolue ? », la réponse pour beaucoup de Français, est non. Et je trouve que c'est salutaire. Ça veut dire quelque chose du tréfonds de l'âme française.
> Gouverner avec LFI n'est pas imaginable. J’ai déjà eu l'occasion de dire que je ne mets pas tout le monde dans le même sac et que je vois des nuances et des différences. Mais le parti-pris de Jean Luc Mélenchon qui a un jour expliqué très clairement quelle était sa stratégie, il a dit, « Il s'agit de tout conflictualiser pour passer de la révolte à la révolution », je cite ses propres mots, « pour passer de la révolte à la révolution » et pour moi, la révolution, c'est quelque chose qui a dans notre histoire, un sens particulier et assez souvent redoutable. Pour passer de la révolte à la révolution, il faut a-t-il dit, je cite ses propres termes, « tout conflictualiser », c'est à dire faire de tout sujet une guerre. Et moi, je ne veux pas que la France soit perpétuellement en guerre, les uns contre les autres, les sensibilités les unes contre les autres. Et je ne veux pas de la dictature qu'une révolution représente. Et donc je vous dis clairement non. Ce n'est pas à l'ordre du jour et ce n'est pas imaginable. En revanche, parmi tous ceux qui sont dans cette alliance, pour moi contre-nature, une alliance qui avait été annoncée comme impossible par Monsieur Glucksmann quand il conduisait sa liste aux élections européennes il y a à peine 3 semaines, il y a des gens qui sont, pour moi, de vrais républicains. Je ne suis pas d'accord avec eux surtout. Et ils ne sont pas d'accord avec moi sur tout.
> Il n'y a plus que 2 hypothèses devant nous. La première hypothèse, et ce serait un malheur pour le pays, et je crois que beaucoup de Français le savent, c’est que le Rassemblement national ait la majorité absolue. C'est ce qu’il faut à mes yeux éviter. Il y a une deuxième hypothèse. C'est qu'il n'y ait pas de majorité du tout. Et s'il n'y a pas de majorité du tout, alors il faudra que les femmes et les hommes qui sont responsables, c'est-à-dire qui se sentent en charge du destin du pays, et pas de leur propre avenir, pas de leur propre intérêt, pas de leurs intérêts partisans, mais du fait simplement qu’on ne peut pas regarder ses propres enfants, si on n'est pas capable de dire « Non, je ne laisserai pas le pays tomber dans cette espèce de dégradation ». Simplement parce qu'il ne serait pas gouverné.
> Union
républicaine, union pour le salut
public, union pour reconstruire.
(…) Elle comprendrait tous ceux qui
seraient en situation et avec l'expérience nécessaire de partager un idéal.
(…)
Je ferai tout ce que je peux pour aider à
une solution de manière sérieuse, tout ce que je peux pour qu'on sorte du
marasme dans lequel on est enfermé depuis des décennies pour une raison
évidente, c'est que des gens qui, grosso modo, partagent la même vision de
l'avenir et grosso modo les mêmes options d'idéal pour la France, au lieu de
s'affronter perpétuellement, acceptent un jour de s'asseoir autour de la même
table et de partager les responsabilités. (…)
Si cette solution advient, si elle
devient possible, il faudra nécessairement de grands axes de gouvernement.
> Ce n'est pas
possible de dire a priori que la formation politique qui serait arrivée en tête
serait exclue du pouvoir, ça serait quelque chose qui ne ressemblerait pas à
nos institutions. Nos institutions, elles disent quoi ? Le général De
Gaulle a dit ça sublimement, magnifiquement dans un discours célèbre, bien
avant de prendre le pouvoir et après qu'il ait abandonné en 1945. Ce discours
est de 46, c'est le discours de Bayeux, il a été fait sur la place de Bayeux et
il y a un enregistrement absolument formidable, si vous pouvez le retrouver
parce qu’il y a la voix du général De Gaulle à cette époque. C'est une voix un
peu plus haute que celle qu'il a eu après. Et il y a un petit oiseau qui fait
le contrepoint au discours du général De Gaulle. En tout cas, j'imagine que
c'est un petit oiseau, c'est un chant d'oiseau.
Et il dit quelque chose de simple, il
dit, « Le régime des partis, c'est pour la France un malheur ». Nous
ne pouvons pas vivre dans les tambouilles de parti, c'est-à-dire les
combinaisons perpétuelles qui font que les gouvernements tombaient tous les 3
ou 4 mois. (…)
Je suis persuadé que le président de la
République offrira la possibilité de gouverner au parti politique qui sera
arrivé en tête, comme il l'a fait les deux dernières années. Nous n'avions pas
la majorité. La majorité de l'époque n'avait pas la majorité numérique et cette
majorité s'est vue offrir la possibilité de gouverner. Elle a essayé, ça a été
très difficile. Élisabeth Borne, Gabriel Attal, ça a été très difficile. Je
suis persuadé qu'il le proposera aux partis arrivés en tête. C'est ça, l'esprit
des institutions.
Et deuxième étape, le parti arrivé en
tête refuse de gouverner. Je ne sais pas si vous voyez ce que ça veut dire pour
les Français que vous citez et dont vous vous faites le porte-parole. Ça veut
dire que beaucoup de gens se sont mobilisés pour voter pour cette formation politique
et elle dirait « Non, je ne veux pas et je ne peux pas ».
Donc je pense qu'il est tout à fait
possible que ce parti politique, avec un contingent de sièges importants,
accepte de gouverner et forme un gouvernement. C'est dans la logique des
choses. Ce qui n'est pas dans la logique, c'est qu'on soit arrivé en tête et
qu'on dise « Non, je m'en lave les mains parce que ça ne me suffit
pas ». Alors ça, c'est une étape très importante parce qu’elle est, je
crois, la condition psychologique et morale de ce qui va se passer ensuite. Si
le responsable de cette formation dit « Non, je n'ai pas assez de
sièges », je crois que d'abord dans le pays, il y aura quelque chose comme
des interrogations ou une incompréhension. Dans ce cas-là, il reviendra à ceux
qui portent les sensibilités différentes du pays de réfléchir ensemble à la
seule solution possible, c'est-à-dire une union des grandes sensibilités
politiques du pays qui pour sortir de cette impasse qui durera nécessairement
jusqu'au 8 juillet 2025.
> Après un épisode ou une séquence comme celle-là, le rôle du président de la République sera nécessairement central. On a déjà vécu ça avec Jacques Chirac, on a déjà vécu ça avec François Mitterrand, j'étais moi-même au gouvernement, j'ai une petite idée de la manière dont ça se passe. Le rôle du président de la République est central parce que les décisions essentielles ne peuvent se prendre que dans un dialogue, un accord, au bout du compte un compromis entre les deux, puisque le président de la République, comme vous savez, doit signer les nominations les plus importantes. « Il nomme aux emplois civils et militaires de l'État », dit la Constitution. Ça, c'est le premier rôle. Son 2e rôle, dans le cas que je crois possible et souhaitable, on entrerait dans cette nouvelle époque de responsabilité républicaine. Dans ce cas-là, le président de la République a aussi un rôle absolument éminent parce que c'est dans un échange que les orientations et les décisions se prendront. La Ve République, c'est non pas le régime des partis, mais le pluralisme régulé par un président de la République qui a des responsabilités et notamment la responsabilité de faire respecter les grands principes.
> Le Président de la république voulait une clarification. Je pense qu'il avait conscience, comme nous
avons conscience aujourd'hui vous et moi, qu’il y avait un abcès qui était en
train de se développer, une inflammation perpétuellement croissante, qu’il y
avait une fermentation dans le pays, quelque chose qui faisait monter la
température et qu'il fallait qu'on y mette un terme. Cet abcès-là, il fallait
l'inciser et il a été incisé. (…)
Je pense que c'est un choc, pour lui,
comme pour l'ensemble des citoyens français. Je pense que c'est un choc et un
choc plus important pour lui encore parce qu'il l'a suscité. Je pense que
c'est, pour lui, une occasion de remettre en question un grand nombre des
repères sur lesquels avaient été construits les 7 premières années. Et c'est
tant mieux, parce que vous voyez bien que c'est exactement ce que le pays
voulait obtenir. Et je pense qu'il est décidé, comme c'est son devoir, à
favoriser l'entrée de notre vie démocratique dans une nouvelle époque qui soit
une époque, non seulement de respect entre les grandes forces politiques, mais
de compréhension réciproque.
> Mettons les choses au point. Toutes les décisions de
désistement, chaque fois que le Rassemblement national était en ou est en
situation d'être élu sont faites, en tout cas pour le MoDem et pour l'immense
majorité des candidats Ensemble pour la République. (…)
Chaque fois qu'il y a danger d'une élection du Rassemblement national, chaque
fois la décision a été prise sur l'ensemble du territoire national. C'est dire
que ce sont des efforts. Je veux d'ailleurs dire aussi que symétriquement, un
certain nombre de forces socialistes écologistes ont fait les mêmes efforts.
Donc pour moi, c'est encourageant, ça veut dire qu'il y a une prise de
conscience nationale. De gens qui ne sont pas toujours d'accord entre eux, qui
ont des approches différentes, Dieu sait, mais qui disent « Là c'est trop
grave ». C'est un risque que pour le pays nous ne voulons pas
prendre.
> Il faut naturellement indiquer que dans la France insoumise, dans LFI, il y a des attitudes, des propos, des provocations qui durent depuis 2 ans et qui ont été ressenties extrêmement douloureusement par un très grand nombre de Français.
> Il suffit que vous sortiez dans la rue, que vous regardiez les mots qui sont utilisés par un certain nombre de ceux qui croient qu'à partir de dimanche prochain, on pourra tout dire et tout faire. Et pourquoi croient-ils qu'on pourra tout dire et tout faire ? Parce qu’on a favorisé ce type d'attitude, ce type de de rejet, on cible. Vous avez diffusé sur vos écrans des dizaines d'exemples, alors ne faisons pas semblant de ne pas voir les choses.
> Il y a aujourd'hui des millions de Français par exemple, des Français qui sont de 2 ou 3 ou 4 générations « d'origine étrangère », qui ont le sentiment qu'on va les regarder de travers, que la manière dont on se comportera avec eux ne sera pas la même.
> Je pense que l'ADN des formations politiques est plus fort que les mots qu'ils utilisent pour se faire de la publicité, pour rassurer, pour pouvoir passer les obstacles. Je ne crois pas du tout que la radicalité du RN ait disparu.
> Je me suis battu toute ma vie pour que tous les courants de la démocratie puissent s'exprimer. Je me suis battu, j'ai pris des risques pour ça. Souvenez-vous la proposition de la Banque de la démocratie, toutes ces choses qui ont été faites parce que je pense que les Français ont besoin d'être assurés, qu'il n'y a pas de trucage de la vie politique. Donc je me suis battu pour ça, toute ma vie, mais me battant pour la liberté d'expression et de participation à la vie publique, pour autant je n'exonère pas ces formations politiques des responsabilités graves qu'elles peuvent avoir. Et est-ce que je souhaite que qu'on se réunisse entre républicains pour faire barrage ou pour faire que le Rassemblement national n'ait pas la majorité ? Ma réponse est oui, sans aucune ambiguïté.
> Si le Rassemblement national n'a pas la majorité absolue, il a annoncé qu'il refuserait de gouverner. Je ne sais pas si c'est vrai, mais il a annoncé ça de la manière la plus explicite encore dimanche 3 ou 4 fois. Donc on se trouve dans une situation très difficilement gérable. À cette situation, il faut trouver des réponses inédites. Pourquoi inédites ? Parce que le président de la République a fait publiquement et de manière discrète, pendant toutes les 2 années précédentes, des offres d'ouverture de la majorité du gouvernement.
> Des ouvertures pendant cette période de 2 ans, entre 2022 et 2024. Elles ont été toutes refusées et refusées dans des termes sans ambiguïté et un peu agressifs. Cette période est finie. Aujourd'hui, tous ceux qui ont le souci de la démocratie et le souci de la société française, tout ceux-là vont devoir prendre leurs responsabilités. Car si le Rassemblement national n'a pas la majorité, ça signifiera que se sont mobilisés toutes les forces politiques qui refusaient ce scénario.
> Lorsque vous êtes devant un pays qui a prononcé son malaise aussi fortement et qui se retrouve avec des institutions qui ne fonctionnent pas, les républicains, les démocrates doivent prendre leurs responsabilités.
> Ma certitude est que tous ceux qui ont des sentiments réellement démocratiques, démocrates et républicains, tous ceux-là devront, d'une certaine manière, s'asseoir autour d'une table et réfléchir à la manière dont ils sont capables d'assumer des responsabilités que d'autres auraient refusées.
> Est-ce que la situation aujourd'hui est aussi grave ? Oui, elle est aussi grave, plus grave, parce que le contexte international est devenu une menace perpétuelle de chaque instant, parce qu'il y a la guerre sur le continent européen et qu'un certain nombre des forces que nous évoquons ne veulent pas réagir en face de cette guerre au fond. Plus grave parce que le contexte économique et commercial mondial est terrible parce que la volonté de domination des très grands États s'affiche ou s'affirme désormais sans complexe et de plus en plus. Pour ces raisons-là, il faut que les responsables, les personnes qui prétendent être animées d'esprit de responsabilité acceptent, si cette circonstance se présente, de faire face à leurs responsabilités.
> Je n'ai aucune intention de donner des leçons à qui que ce soit. Je sais que s’il manque à une majorité qui vient de gagner les élections, 2 ou 3 sièges, il n’y a aucun mal à les trouver. Même s’il y en a 10, il les trouve. Et donc c'est la raison pour laquelle, la mobilisation des forces qui refusent cette hypothèse est très importante. Donc en effet, il ne s’agit pas d’1 ou 2 sièges, c'est une mobilisation beaucoup plus large des citoyens qui est nécessaire.
> La vie politique française, qui, jusqu'à maintenant, a été faite de pour et de contre, et les contres étaient systématiquement contre toute mesure annoncée par les pour et réciproquement, cet état de fait, cette banquise-là, a sauté, a fondu. On est entré dans un autre monde dans lequel on ne peut pas continuer à faire semblant et on ne peut pas continuer à faire comme auparavant.
> Mais on peut être jobard et croire ce qu'on vous dit
quand l'évidence c'est que c'est faux. Je prends un seul exemple, le RN dit
« Nous on ne veut plus la sortie de l'Union européenne ». D’abord
« On veut plus la sortie », ça veut dire qu'on l'a beaucoup voulu.
Mais il dit, « Nous ne paierons plus la contribution française à l'Union
européenne. C'est même là que nous allons trouver l'argent pour les sommes que
nous avons annoncées vouloir dépenser ». (…)
Si vous n'assumez plus les charges que vous avez prises au sein de l'Union
européenne, les autres pays vont vous dire « Nous on les assume plus non
plus et en tout cas vous n'aurez aucun droit aux politiques européennes, aux
aides que nous avons ».
> Il ne peut pas y avoir d'Union européenne si ses membres ne respectent pas les obligations qu'ils ont prises.
> Je pense que cette élection, en effet, comme d'autres en Europe, parce que nous ne sommes pas les seuls, présage, ouvre la porte à des crises, à une crise profonde au sein de l'Europe. Songez, par exemple, à l'aide que l'Union européenne apporte à l'Ukraine. Vous voyez bien que cette élection remet en cause, parce qu’ils n'ont plus de cesse, le Rassemblement national de faire la propagande de Poutine et d'être en réticence ou en résistance ou en refus face à ces aides-là. Et ce n’est pas le seul sujet. L'Union européenne, c'est un bloc. Si vous commencez à fissurer ce bloc, il s'effondrera. Et donc heureusement que le mouvement de conscience des Européens existe, par exemple sur ce sujet, pour se rassembler.
> Je pense qu'il y a une majorité de Français, des millions et des millions de Français qui considèrent désormais que oui, France et Europe, ce sont 2 faces de la même médaille pour résister aux tourmentes du monde. Il n'existe aucune autre possibilité, aucune autre construction politique que cette entité qui n'avait jamais eu d'exemple de pays libres qui s'associent pour avoir la même monnaie par exemple. Que croyez-vous que serait une monnaie française aujourd'hui avec l'annonce du Front national et de toutes les menaces qui pèsent sur l'unité du pays ? Heureusement que nous avons cela, qu’ils n’ont pas voulu, qu'ils ont combattu de toutes leurs forces. Et donc vous voyez aujourd'hui que c'est infiniment précieux.
> Une cohabitation c'est inscrit dans les textes fondamentaux qui organisent notre République. Il y a une Constitution, le président a des droits qui sont très importants. Et le principal de ces droits ou de ses devoirs, c'est d'être le garant du vivre-ensemble dans notre pays, d'être le garant des institutions, d'être le garant de l'utilisation de l'armée. Ce sont nos institutions et il suffit de les respecter. Alors ce n’est pas simple. Mais j'ai vu vivre François Mitterrand en cohabitation. J'ai vu vivre Jacques Chirac en cohabitation. Et parfois j'ai vu des cohabitations à l'intérieur du même camp, de gens qui ne s'aimaient pas beaucoup, je pense à Mitterrand et à Rocard par exemple. Les institutions sont là pour être respectées. Elles résisteront à tout, elles résistent depuis 75 ans, elles résisteront à tout. Je pense que le général De Gaulle avait le génie des situations historiques, il avait vécu le pire c'est-à-dire l'effondrement d'un pays, de ses institutions. Et il a, en isolant le Parlement de la figure du président de la République, en donnant au président de la République des droits qui fassent que ça puisse marcher même quand les partis se déchirent et se divisent, donné un socle qui nous permet de regarder l'avenir sans crainte. On peut avoir des inquiétudes, on peut considérer que la situation est critique, mais les institutions résisteront à tout ça.
> Il y avait un abcès. Et il fallait crever cet abcès.
(…)
Je pense que quand s'expriment des sentiments, des jugements, des attentes,
c'est mieux que quand ça bouillonne dans les profondeurs, c'est mieux que quand
ça fermente. Alors je pense que c'était inscrit dans l'équilibre des forces ou
le déséquilibre des forces parlementaires. Vous le savez bien, on était arrivé
dans la situation dans laquelle aucun texte important ne pouvait passer sans le
49.3. Et vous, à longueur de commentaires, d'éditoriaux, d'interviews, vous
disiez « Mais le 49.3, Monsieur, c'est pas démocratique ? ».
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