Selon lui, les Français, qui avaient placé en tête le RN au premier tour, ont refusé au second de lui donner les clés du pouvoir grâce au «front républicain».
Un front qui s’est manifesté chez les électeurs – après l’appel des partis politiques de gauche, du centre et de droite – et qu’Emmanuel Macron demande aux députés élus de mettre en œuvre.
Constatant qu’aucun bloc n’a, et de loin, la majorité en sièges à l’Assemblée nationale, il appele de ses vœux une coalition majoritaire des partis «républicains» – ceux qui se positionnent sur l’axe centrale et qui défendent la démocratie républicaine libérale –, ce qui était son espoir en 2017 avec son «en même temps», le Président de la république indique que celle-ci devra répondre à certaines conditions (se reconnaitre dans les institutions républicaines, défendre l’Etat de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et l’indépendance française) et proposer un projet programmatique «pragmatique et lisible».
► La
lettre aux Français d'Emmanuel Macron
Chères Françaises, chers Français,
Les 30 juin et 7 juillet derniers, vous vous êtes rendus aux urnes en nombre
pour choisir vos députés. Je salue cette mobilisation, signe de la vitalité de
notre République dont nous pouvons, me semble-t-il, tirer quelques conclusions.
D’abord, il existe dans le pays un besoin d’expression démocratique. Ensuite,
si l’extrême-droite est arrivée en tête au premier tour avec près de 11
millions de voix, vous avez clairement refusé qu’elle accède au Gouvernement.
Enfin, personne ne l’a emporté. Aucune force politique n’obtient seule une
majorité suffisante et les blocs ou coalitions qui ressortent de ces élections
sont tous minoritaires. Divisées au premier tour, unies par les désistements
réciproques au second, élues grâce aux voix des électeurs de leurs anciens
adversaires, seules les forces républicaines représentent une majorité absolue.
La nature de ces élections, marquées par une demande claire de changement et de
partage du pouvoir, les oblige à bâtir un large rassemblement.
Président de la République, je suis à la fois protecteur de l’intérêt supérieur
de la Nation et garant des institutions et du respect de votre choix.
C’est à ce titre que je demande à l’ensemble des forces politiques se
reconnaissant dans les institutions républicaines, l’Etat de droit, le
parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance
française, d’engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité
solide, nécessairement plurielle, pour le pays. Les idées et les programmes
avant les postes et les personnalités : ce rassemblement devra se
construire autour de quelques grands principes pour le pays, de valeurs républicaines
claires et partagées, d’un projet pragmatique et lisible et prendre en compte
les préoccupations que vous avez exprimées au moment des élections. Elle devra
garantir la plus grande stabilité institutionnelle possible. Elle rassemblera
des femmes et des hommes qui, dans la tradition de la Vème République, placent
leur pays au-dessus de leur parti, la Nation au-dessus de leur ambition. Ce que
les Français ont choisi par les urnes – le front républicain, les forces
politiques doivent le concrétiser par leurs actes.
C’est à la lumière de ces principes que je déciderai de la nomination du
Premier ministre. Cela suppose de laisser un peu de temps aux forces politiques
pour bâtir ces compromis avec sérénité et respect de chacun. D’ici là, le
Gouvernement actuel continuera d’exercer ses responsabilités puis sera en
charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine.
Plaçons notre espérance dans la capacité de nos responsables politiques à faire
preuve de sens de la concorde et de l’apaisement dans votre intérêt et dans
celui du pays. Notre pays doit pouvoir faire vivre, comme le font tant de nos
voisins européens, cet esprit de dépassement que j’ai toujours appelé de mes
vœux.
Votre vote impose à tous d’être à la hauteur du moment. De travailler ensemble.
Dimanche dernier, vous avez appelé à l’invention d’une
nouvelle culture politique française. Pour vous, j’y veillerai. En votre nom,
j’en serai le garant.
En confiance.
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