samedi 29 juin 2024

Vues du Centre. Présidentielle américaine: suffit-il de mentir pour gagner un débat?

Par Aris de Hesselin & Alexandre Vatimbella


Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste. 
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste. 
Alexandre Vatimbella est Editorialiste au CREC 

C’est vrai que la performance de Joe Biden lors du premier débat présidentiel face à Donald Trump n’a pas été bonne et que l’homme, victime d’un refroidissement, a paru hésitant et peu combatif sur la forme.

Mais cela ne justifie nullement cette campagne de dénigrement indécente et mensongère concernant l’actuel président des États-Unis.

Cette hargne, voire cette haine, contre le centriste par de nombreux politiciens et commentateurs médiatiques, vient évidemment du camp républicain mais aussi, très largement du camp démocrate, plus particulièrement de son aile gauche et de tout ce qui se trouve à gauche de cette gauche.

Cette campagne, orchestrée donc par la gauche américaine et relayée par les médias qui lui sont favorables, comme le New York Times, au-delà de la personne de Joe Biden, est menée en grande partie parce qu’il est un centriste.

En 2020, lors des primaires, cette même gauche et ses mêmes médias avaient poussé la candidature du socialiste et sénateur du Vermont non-membre du Parti démocrate, Bernie Sanders, contre Joe Biden, déjà durement attaqué.

Et ils sont en grande partie responsable de la défaite d’Hillary Clinton en 2016 face à Donald Trump, la haine qu’ils portent à la centriste avait conduit nombre d’entre eux à ne pas choisir entre un extrémiste populiste démagogue dont on a vu le mal qu’il a fait à son pays et au monde libre, certains ayant même fait le parallèle entre elle et lui, dans le style bonnet blanc et blanc bonnet.

Du coup, nombre d’électeurs de gauche n’avaient pas été voter ce qui avait fait la différence dans des États-clés alors même que la candidate démocrate a remporté le vote populaire par plus de trois millions de voix d’écart.

Cette infâmie a déréglé la démocratie américaine et cette gauche portera pendant longtemps une écrasante responsabilité dans le chaos induit par la présidence de Trump, responsabilité à laquelle on doit absolument associer des grands médias comme CNN ou, encore lui, le New York Times.

La leçon n’a donc pas été retenue et les flots de critiques qui se sont abattus sur Joe Biden ainsi qu’une campagne réactivée pour lui trouver un remplaçant, montre, à la fois, que c’est encore cette gauche qui risque de lui faire perdre l’élection en novembre prochain mais aussi une dérive des plus préoccupantes de la démocratie américaine mais aussi mondiale.

Parce que, qu’est que l’on a vu au cours de ce débat.

Certes un Joe Biden pas au meilleur de sa forme mais ne disant que des choses sensées, rappelant des faits et des résultats réels et inattaquables alors qu’en face on a vu un Trump, certes capable de ne pas hurler et insulter à chaque fois qu’il ouvrait la bouche (sic!) mais qui, en revanche, a aligné les mensonges et les propos extravagants beaucoup, beaucoup, beaucoup plus inquiétants que le phrasé hésitant de son opposant.

Oui, Joe Biden a gagné le débat sur le fond.

Et n’est-ce pas cela le plus important dans une démocratie qui n’est pas le plateau d’une émission de télé-réalité?

Comment les médias et les commentateurs dans toutes les démocraties peuvent dire que Biden a perdu et Trump gagné alors même que c’est exactement contraire sur la teneur des propos tenus?

En sommes-nous arrivés aujourd’hui où, comme sur les réseaux sociaux, peu importe la qualité de la parole, c’est la qualité du look qui prédomine?

Suffit-il donc de mentir pour gagner un débat politique?

Suffit-il seulement de ne pas «présenter bien» pour le perdre?

Ce qui signifie, que dire la vérité n’a aucune importance et qu’il suffit d’une meilleure apparence pour être déclaré vainqueur?

Si tel est le cas, et on le voit pas seulement aux États-Unis – en France, le succès de Bardella vient beaucoup de ce qu’il «présente bien» alors que son discours est d’une inanité fascinante et ses promesses irréalisables –, alors la démocratie du 21e siècle a définitivement franchi un pas supplémentaire vers sa future destruction.

Décidément, nous sommes en train de perdre le sens des valeurs.

Aris de Hesselin
Alexandre Vatimbella

 

 

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