Pour le président du MoDem, «ce qui est en train de se passer [l’alliance entre LR et le RN] est un tremblement de terre» qui certes «était prévisible» mais «qu’on attendait pas à ce niveau là».
Le responsable
centriste estime que pour ces élections il n’y a que trois choix:
«Vous avez un bloc de droite dominé par l'extrême droite, un bloc de
gauche dominé par l'extrême gauche. Et puis un choix central qui va être, ou
qui est, en situation d'offrir aux Français un choix, une réponse très simple: ‘Nous
ne voulons ni des uns ni des autres’. L'extrémisme d'un côté, l'extrémisme de
l'autre avec ce que ça suppose de mise en cause des valeurs fondamentales du
pays, sont inacceptables.»
► Voici l’essentiel des propos de François Bayrou
- Cette alliance entre le président des républicains et le Rassemblement national vous inquiète-t-elle?
Inquiéter est un mot
faible pour ce qui est en train de se passer. C'est un tremblement de terre,
qui était prévisible depuis longtemps, dont on sentait depuis longtemps qu'il
pouvait venir, qu'on n'attendait pas à ce niveau-là. Et ce tremblement de terre
a une conséquence politique très importante, c'est que désormais pour les
électeurs, et on va le voir dans les 15 jours ou 18 jours qui viennent, en fait
il n'y a que 3 choix.
Vous avez un bloc de droite dominé par l'extrême droite, un bloc de gauche
dominé par l'extrême gauche. Et puis un choix central qui va être, ou qui est,
en situation d'offrir aux Français un choix, une réponse très simple:
« Nous ne voulons ni des uns ni des autres». L'extrémisme d'un côté,
l'extrémisme de l'autre avec ce que ça suppose de mise en cause des valeurs
fondamentales du pays, sont inacceptables. Et je crois que de plus en plus de
citoyens et de responsables politiques vont le dire.
- Un tremblement
avec une reconfiguration totale de notre vie politique en 3 familles?
Mais c'est exactement ce qui a
été annoncé aujourd'hui. On sentait bien depuis longtemps que c'était en train
de mûrir, qu’il y avait des gens qui tournaient autour. On n'imaginait pas que
ce serait au plus haut niveau des républicains que ce choix serait fait.
C'est très révélateur et ça appelle tout le monde à ses responsabilités.
Vous avez entendu les dirigeants de droite qui disent non et des dirigeants de
gauche, Monsieur Glucksmann l'a dit, je crois si j'ai bien compris ce qu'il a
dit, disent non. On ne on ne peut pas. Ce nouvel espace, que je n'appelle pas
majorité, cet espace de résistance, cet espace de de refus de l'inacceptable,
je suis persuadé qu'un très grand nombre de Français, pour eux-mêmes, comme
citoyennes, comme citoyens, pour leurs familles, ne peuvent pas accepter
ça.
- Vous parlez
d'esprit de responsabilité. Est-ce que ça veut dire que ce soir, en vue de ces
élections législatives, vous tendez la main? Non seulement à ceux qui, chez les
Républicains, refusent ce qui est proposé par Éric Ciotti, mais aussi donc à
ceux, social démocrates, autour de Raphaël Glucksmann qui n'acceptent pas ce
qui est en train de devenir ce qu'ils appellent un front populaire. Est-ce que
vous leur dites, il faut nous rejoindre?
Non. Je ne veux pas utiliser
cette expression parce qu’un très grand nombre de ces responsables ont été
engagés depuis longtemps, ont émis des critiques et ils ne veulent pas
apparaître comme dans une récupération. Leur engagement personnel dans les
heures les plus graves, on ne demande pas aux responsables ou aux élus de
renoncer à ce qu'ils pensent ou à ce qu'ils croient. Je ne crois pas qu'il
faille imaginer ralliement ou récupération. Je sais des responsables politiques
de très haut niveau, non pas politique, mais moral, qui sont infiniment troublés
par ce qui se passe et qui, je crois, l'exprimeront ; qui ont exercé les
plus grandes responsabilités et qui disent « Mais on ne peut pas se taire
devant ce qui est en train de se passer ».
- Éric Ciotti décrit quand même un décalage majeur entre ce que veulent les militants de droite, j'allais dire les militants de base, c'est pas un gros mot, et ce que défendent la plupart des dirigeants républicains. Est ce qu'il a vraiment tort ?
Ça dépend si vous considérez que la politique, ça consiste à aller dans le sens de ceux qui font des choix inacceptables parce qu'ils sont plus nombreux. Il y a des gens qui pensent ça. Ça s'appelle, au sens étymologique du terme, de la démagogie.
- Éric Ciotti est-il en train d'enterrer la droite gaulliste ?
C'est fait. Je ne dis pas qu’elle n’existe plus. Je suis absolument certain qu'il y a des responsables gaullistes, on a vu Michel Barnier tout à l'heure, de cette famille politique-là, qui ne vont pas se laisser entraîner et c'est ça qui est le plus important. Est en train de se lever et de se former dans le pays, un mouvement, un courant qui dit non à l'extrême droite et non à l'extrême gauche, qui ne veulent pas être entraînés dans cette déchirure du pays.
- Les militants de droite sont toujours plus à droite que leur que la direction de leur parti
Ça n'est pas ça la
question. C’est probablement une question pour Ciotti et c'est probablement
l'explication de la forfaiture qui a été son choix. Et c'est en train de se
passer dans tout le pays. Je recevais des coups de téléphone de LR qui allait
devenir suppléants de candidats RN et réciproquement, des annonces qu'il n'y
aurait pas de candidat. C'est un tremblement de terre et c'est un tremblement
de terre qui menace le plus précieux, le plus profond de ce que nous sommes. Ce
choix là, dont je ne crois pas tout à fait qu'il soit un choix individuel comme
vous le dites, c'est un choix qui porte atteinte au contrat civique du pays. Il
y a 75 ans que, à la suite du général De Gaulle, au fond, les grands
courants philosophiques du pays se sont entendus sur des points intangibles :
que nous n'acceptions pas cette espèce de guerre civile, nous n'acceptions pas
le soupçon porté sur une partie de la population, que nous avions bien
l'intention de donner corps à cette définition qui est presque un slogan et qui
est plus importante encore que ça. Nous croyons à la liberté, nous croyons à
l'égalité. Et nous croyons à la fraternité.
La fraternité, elle est spécifiquement visée par ceux qui déchirent le pays au
nom des origines des religions, des relations internationales. Pour moi, c'est
exactement le plus précieux de ce que nous sommes qui est en jeu.
- Emmanuel Macron
dit: «J'y vais pour gagner» . Est-ce qu’il n’y a pas un peu de déni de la part
du président de la République après la claque électorale prise par votre
majorité dimanche soir au moment des européennes? Est-ce qu’il n’y a pas un
décalage total avec le message envoyé par les Français?
Je comprends bien que vous
n'ayez pas entendu ce que j'ai dit. J'ai clairement découplé le sens de cette
élection des questions de majorité électorale, de majorité
gouvernementale, de majorité présidentielle. C'est bien au-delà de
gouverner.
- Il faut pouvoir
gouverner le 8 juillet François Bayrou?
D'abord, le 8 juillet, il faut
éviter le pire.
- Donc faire
barrage au Rassemblement national?
Faire barrage aux extrémismes
qui menacent des 2 côtés. Je trouve que c'est devenu incroyablement
éclairant.
- Emmanuel Macron
reste l'homme de la situation pour être confronté à ces vagues que vous
décrivez ?
Je ne sais pas ce que vous
dites « l'homme de la situation ». Je sais une chose, c'est
qu'il est président de la République et c'est pas le président de la République
qui va mener cette campagne. Ce sont les responsables politiques, les partis.
Il va s'exprimer. Ce n’est pas la première fois qu'un président de la République
s'exprime.
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