mercredi 12 juin 2024

Législatives 2024. Bayrou: : Faire barrage aux extrémismes qui menacent des 2 côtés


Dans un entretien à BFMTV, François Bayrou a estimé que l’essentiel lors des législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, était de «Faire barrage aux extrémismes qui menacent des deux côtés».

Pour le président du MoDem, «ce qui est en train de se passer [l’alliance entre LR et le RN] est un tremblement de terre» qui certes «était prévisible» mais «qu’on attendait pas à ce niveau là».

Le responsable centriste estime que pour ces élections il n’y a que trois choix:
«Vous avez un bloc de droite dominé par l'extrême droite, un bloc de gauche dominé par l'extrême gauche. Et puis un choix central qui va être, ou qui est, en situation d'offrir aux Français un choix, une réponse très simple: ‘Nous ne voulons ni des uns ni des autres’. L'extrémisme d'un côté, l'extrémisme de l'autre avec ce que ça suppose de mise en cause des valeurs fondamentales du pays, sont inacceptables.»

 

Voici l’essentiel des propos de François Bayrou

- Cette alliance entre le président des républicains et le Rassemblement national vous inquiète-t-elle? 

Inquiéter est un mot faible pour ce qui est en train de se passer. C'est un tremblement de terre, qui était prévisible depuis longtemps, dont on sentait depuis longtemps qu'il pouvait venir, qu'on n'attendait pas à ce niveau-là. Et ce tremblement de terre a une conséquence politique très importante, c'est que désormais pour les électeurs, et on va le voir dans les 15 jours ou 18 jours qui viennent, en fait il n'y a que 3 choix.
Vous avez un bloc de droite dominé par l'extrême droite, un bloc de gauche dominé par l'extrême gauche. Et puis un choix central qui va être, ou qui est, en situation d'offrir aux Français un choix, une réponse très simple: « Nous ne voulons ni des uns ni des autres». L'extrémisme d'un côté, l'extrémisme de l'autre avec ce que ça suppose de mise en cause des valeurs fondamentales du pays, sont inacceptables. Et je crois que de plus en plus de citoyens et de responsables politiques vont le dire.

 

- Un tremblement avec une reconfiguration totale de notre vie politique en 3 familles?
Mais c'est exactement ce qui a été annoncé aujourd'hui. On sentait bien depuis longtemps que c'était en train de mûrir, qu’il y avait des gens qui tournaient autour. On n'imaginait pas que ce serait au plus haut niveau des républicains que ce choix serait fait. 
C'est très révélateur et ça appelle tout le monde à ses responsabilités. 
Vous avez entendu les dirigeants de droite qui disent non et des dirigeants de gauche, Monsieur Glucksmann l'a dit, je crois si j'ai bien compris ce qu'il a dit, disent non. On ne on ne peut pas. Ce nouvel espace, que je n'appelle pas majorité, cet espace de résistance, cet espace de de refus de l'inacceptable, je suis persuadé qu'un très grand nombre de Français, pour eux-mêmes, comme citoyennes, comme citoyens, pour leurs familles, ne peuvent pas accepter ça. 

 

- Vous parlez d'esprit de responsabilité. Est-ce que ça veut dire que ce soir, en vue de ces élections législatives, vous tendez la main? Non seulement à ceux qui, chez les Républicains, refusent ce qui est proposé par Éric Ciotti, mais aussi donc à ceux, social démocrates, autour de Raphaël Glucksmann qui n'acceptent pas ce qui est en train de devenir ce qu'ils appellent un front populaire. Est-ce que vous leur dites, il faut nous rejoindre?
Non. Je ne veux pas utiliser cette expression parce qu’un très grand nombre de ces responsables ont été engagés depuis longtemps, ont émis des critiques et ils ne veulent pas apparaître comme dans une récupération. Leur engagement personnel dans les heures les plus graves, on ne demande pas aux responsables ou aux élus de renoncer à ce qu'ils pensent ou à ce qu'ils croient. Je ne crois pas qu'il faille imaginer ralliement ou récupération. Je sais des responsables politiques de très haut niveau, non pas politique, mais moral, qui sont infiniment troublés par ce qui se passe et qui, je crois, l'exprimeront ; qui ont exercé les plus grandes responsabilités et qui disent « Mais on ne peut pas se taire devant ce qui est en train de se passer ». 

 

- Éric Ciotti décrit quand même un décalage majeur entre ce que veulent les militants de droite, j'allais dire les militants de base, c'est pas un gros mot, et ce que défendent la plupart des dirigeants républicains. Est ce qu'il a vraiment tort ? 

Ça dépend si vous considérez que la politique, ça consiste à aller dans le sens de ceux qui font des choix inacceptables parce qu'ils sont plus nombreux. Il y a des gens qui pensent ça. Ça s'appelle, au sens étymologique du terme, de la démagogie. 

 

- Éric Ciotti est-il en train d'enterrer la droite gaulliste ? 

C'est fait. Je ne dis pas qu’elle n’existe plus. Je suis absolument certain qu'il y a des responsables gaullistes, on a vu Michel Barnier tout à l'heure, de cette famille politique-là, qui ne vont pas se laisser entraîner et c'est ça qui est le plus important. Est en train de se lever et de se former dans le pays,  un mouvement, un courant qui dit non à l'extrême droite et non à l'extrême gauche, qui ne veulent pas être entraînés dans cette déchirure du pays. 

 

- Les militants de droite sont toujours plus à droite que leur que la direction de leur parti

Ça n'est pas ça la question. C’est probablement une question pour Ciotti et c'est probablement l'explication de la forfaiture qui a été son choix. Et c'est en train de se passer dans tout le pays. Je recevais des coups de téléphone de LR qui allait devenir suppléants de candidats RN et réciproquement, des annonces qu'il n'y aurait pas de candidat. C'est un tremblement de terre et c'est un tremblement de terre qui menace le plus précieux, le plus profond de ce que nous sommes. Ce choix là, dont je ne crois pas tout à fait qu'il soit un choix individuel comme vous le dites, c'est un choix qui porte atteinte au contrat civique du pays. Il y a 75 ans que, à la suite du général De Gaulle, au fond, les grands courants philosophiques du pays se sont entendus sur des points intangibles : que nous n'acceptions pas cette espèce de guerre civile, nous n'acceptions pas le soupçon porté sur une partie de la population, que nous avions bien l'intention de donner corps à cette définition qui est presque un slogan et qui est plus importante encore que ça. Nous croyons à la liberté, nous croyons à l'égalité. Et nous croyons à la fraternité. 
La fraternité, elle est spécifiquement visée par ceux qui déchirent le pays au nom des origines des religions, des relations internationales. Pour moi, c'est exactement le plus précieux de ce que nous sommes qui est en jeu. 

 

- Emmanuel Macron dit: «J'y vais pour gagner» . Est-ce qu’il n’y a pas un peu de déni de la part du président de la République après la claque électorale prise par votre majorité dimanche soir au moment des européennes? Est-ce qu’il n’y a pas un décalage total avec le message envoyé par les Français?
Je comprends bien que vous n'ayez pas entendu ce que j'ai dit. J'ai clairement découplé le sens de cette élection des questions de majorité électorale, de majorité gouvernementale, de majorité présidentielle. C'est bien au-delà de gouverner.  

 

- Il faut pouvoir gouverner le 8 juillet François Bayrou?
D'abord, le 8 juillet, il faut éviter le pire. 

 

- Donc faire barrage au Rassemblement national?
Faire barrage aux extrémismes qui menacent des 2 côtés. Je trouve que c'est devenu incroyablement éclairant. 

 

- Emmanuel Macron reste l'homme de la situation pour être confronté à ces vagues que vous décrivez ?
Je ne sais pas ce que vous dites « l'homme de la situation ». Je sais une chose, c'est qu'il est président de la République et c'est pas le président de la République qui va mener cette campagne. Ce sont les responsables politiques, les partis. Il va s'exprimer. Ce n’est pas la première fois qu'un président de la République s'exprime. 

 

 

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